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LES ANNÉES PUB : LYON S'AFFICHE

Publié le par Miss Comédie

LES ANNÉES PUB : LYON S'AFFICHE

 

C'était hier. A cette époque  les agences fleurissaient  à  Lyon et s’appropriaient de sacrés morceaux de budgets, régionaux et nationaux - dont celui de la Ville de Lyon !

Mais les publicitaires lyonnais ne se prenaient pas au sérieux, c’était avant tout un métier ludique même s’il rapportait gros.

Quand je pense à la manière dont j’ai été embauchée chez RSCG-Ferton-Billière, à cet entretien où je me suis présentée, les mains dans les poches mais pas rassurée quand même, car postuler dans une agence  du clan Séguéla  sur la seule recommandation d’un copain du patron, c’était pas gagné.

De la pub, je ne connaissais que le devant de la caméra de   Jacques Tati et encore, ce n’était pas vraiment un bon souvenir.

Bernard Billière me considérait derrière son bureau,  l’œil froid.  J’avais tout dit, c’est-à-dire pas grand-chose et je pensais qu’il allait me virer gentiment  quand :

« Bon, si je comprends bien, vous savez jouer la comédie, mais à part ça,  qu’et-ce que vous savez faire ?

Perdu pour perdu, j’ai répondu du tac au tac .

« Si vous allumez un cigare, je vous dirai que je sais danser le tango.

Il n’a pas mais il a enchaîné très sérieusement : « Vous allez faire un stage à la  création. Vous êtes plus à l’aise  au dessin ou à l’écriture ? »

«  Euh, à l’écriture…

« Vous commencez demain.

Je n’ai pas signé de papier, je suis arrivée le lendemain et Violaine, la rédactrice, m’a fait une place tout naturellement. Elle m’a enseigné les rudiments du métier et je suis devenue petit à petit conceptrice-rédactrice en titre.   Ca ne se passe plus tout à fait comme ça aujourd’hui. 

Nous avons déménagé de la rue de la République, au cœur de la Presqu’ile, à la rue Sully dans le 6ème arrondissement. Nous quittions le quartier commerçant  pour le quartier chic.

 

Chez RSG-Ferton-Bilière  la journée de travail commençait comme ça :

9h, arrivée de la direction, Bernard Billière et sa compagne Antillia Dufourmantelle dans une voiture discrète, je ne me souviens plus de la marque.

Bernard s’habillait chez Barbour, Antillia chez Madeleine Vergoin, un magasin de mode très select de l’avenue Foch (un nom prédestiné dans la topographie urbaine…).

Antillia était une superbe martiniquaise au port altier et au comportement arrogant, surtout  envers le petit personnel. 

 Elle occupait  le bureau mitoyen du bureau directorial avec les fonctions de directrice de clientèle Elle tutoyait les top models qui posaient pour ses campagnes.  Devernois, Le Chat, Marese étaient ses clients privilégiés.

Son ironie s’exerçait avec jubilation sur les textes de ses annonces qu’elle lisait à haute voix devant la rédactrice mortifiée.

Antillia Dufourmantelle n’était pas l’idole de l’agence.  Les commerciaux la craignaient, mais les créatifs la détestaient ouvertement. Elle trouvai ainsi collé sur la porte de son bureau un panneau affichant son nom : Antillia Dufou ‘mantelle.  C’était la belle écriture de notre DA.

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9h 30 : entrée en trombe de la Toyota du chef de fabrication, Marc Girard,  œil goguenard, moustache et tignasse rousses,éternellement vêtu en broussard.  Réactionnaire par provocation, il adorait  brancher la sono sur des chants nazis, pour écouter les réactions virulentes qui jaillissaient des étages et il se tordait de rire.

Il régnait sur l’étage de la création  en compagnie d’Alain Herry  le chef de studio. Graphistes, maquettistes, tous les auteurs des visuels qui sortiraient de l’Agence, leur obéissaient au doigt et à l’œil.  Nous, les DA et rédactrices, avions un bureau à part.

 

10h : arrivée d’une Cadillac blanche décapotable, intérieur cuir rouge, d’où l’on voyait descendre  une santiag puis  une autre, puis un jean très serré, chemise immaculée, écharpe noire ou blanche selon l’humeur, blouson en jean ou perfecto selon la saison, c’est Michel Trichelieu le  directeur de la Création. Sous lui, il y a les directeurs artistiques (AD)  qui lui soumettent leurs idées géniales.

« Trich »  n’abuse pas de son pouvoir, d’ailleurs il participe à la gestation des campagnes, c’est lui qui a eu l’idée d’engager Serge Gainsbourg pour la marque Bayard, avec l’accroche « Un Bayard, ça vous change un homme, n’est ce pas, monsieur Gainsbourg ? »

Pur produit du star-system prôné par Séguéla, l’affiche a fait un tabac et  Trichelieu enchaîna avec Birkin, un beau doublé pour Trich et pour l'agence.

 

 

LES ANNÉES PUB : LYON S'AFFICHE

Michel Trichelieu était l’âme de l’Agence avec Béatrice  Patrat, la briseuse de coeurs .  Deux stars de la création lyonnaise avec qui j’ai adoré travailler.  

10h30 :  arrivée d’une Jaguar  bleu navy qui se gare dans la dernière place libre de la cour. En descend la conceptrice-rédactrice Barbara Laurent, probablement en Dorothée Bis.

La Jaguar n’était pas forcément au rendez-vous, elle servait aussi à JMO   son compagnon et auteur du piston de la première heure…

La cour ne contenait pas plus de cinq voitures, il fallait laisser une place pour le client éventuel.  Les autres employés venaient à pieds.

Commençait alors une journée travail pleine de rebondissements, ponctuée  de rires ou d’engueulades.

La réunion planning du lundi matin donnait le coup d’envoi. Toute la semaine se construisait là, chacun percevait la notion d’urgence. Tout était toujours en retard.  Les commerciaux déversaient sur les créatifs leurs récriminations et chacun remontait à son étage courbé sous le poids de l’urgence.  Mais  le grand art des artisans de la communication était de ne se mettre à l’ouvrage qu’à la dernière extrémité.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

IR

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ROMEO ET JULIETTE, de Franco ZEFFIRELLI

Publié le par Miss Comédie

ROMEO  ET  JULIETTE, de Franco ZEFFIRELLI

ZOOM SUR UNE SCENE CULTE

La scène du balcon

C’est plus qu’une scène culte, c’est un monument dédié à l’amour que l’on visite encore, des cars entiers de touristes déversent les fidèles dans cette ruelle tranquille  de Vérone, ils pénètrent dans la petite cour, émus, lèvent la tête vers ce balcon où s’est  échangé le fameux baiser  -  mais…

Non, tout cela est du rêve, il n’y a jamais eu de Romeo ni de Juliette dans cette maison, Shakespeare a tout inventé ! D’ailleurs le balcon du film de Zéffirelli n’a rien à voir avec ce petit balcon que les Véronais ont choisi  d’immortaliser.

La demeure des Capulet est une forteresse et le balcon de Juliette domine une haute muraille de pierres cachée  derrière un bosquet d’arbres touffus.

 

Non, rien n’est vrai dans cette histoire  d’amour.

Mais  ces deux adolescents se sont incarnés dans nos esprits comme des créatures d’un autre siècle. 

Donc  Romeo a bien escaladé ce mur de pierre pour arriver au balcon où Juliette se morfondait d’amour en pensant à lui, et ils se sont rejoints dans un élan passionné.  Elan décuplé par l’interdit, l’urgence, le risque,  grands  stimulateurs du désir.

Olivia Hussey et Leonard Whiting sont évidemment d’une beauté archangélique, surtout elle, et leurs épanchements, aussi tumultueux qu’ils soient, paraissent étonnamment chastes.

Ils se sont rencontrés au sortir de l’enfance dans un bal donné par la Maison Capulet, où s’est introduit Romeo l’indésirable fils des Montaigu.  Leurs regards se sont croisés,  quelques mots échangés  et le premier baiser a suivi   tout de suite, déjà incendiaire.

« Qui est cette merveilleuse ? demande Romeo à une servante.

Qui est ce charmant jeune homme ? demande Juliette à sa nourrice.

Ils apprennent alors que leur amour est interdit.

D’où, cette scène du balcon, dangereuse, affolante.

On entend  la voix de la nourrice appelant Juliette mais Romeo n’arrive pas à se décider. Plusieurs fois ils se séparent, pour se ruer à nouveau l’un vers l’autre.

Ils ne savent pas encore que leurs jours sont comptés.

Demain, sur la place de Vérone, les Capulet et les Montaigu vont s’affronter, comme n’importe quelle bande de jeunes, comme dansWestside story, mais avec une haine ancestrale qui va les pousser au crime.

ROMEO  ET  JULIETTE, de Franco ZEFFIRELLI

Zeffirelli a choisi ses acteurs principaux parmi les plus beaux specimens du théâtre anglais.  Mercutio (John McEnery)  l’ami de Romeo, Tybald (Michael York), le cousin de Juliette, un Capulet pur et dur. Ils ont tous l’épée au côté et dégainent à la moindre bravade.   Ca commence avec quelques plaisanteries, provocations qui virent vite à l’affront, et Mercutio est la première victime, sous les coups de Tybald.  Fou de rage Romeo va le venger pour son malheur.

Cette scène est magnifiquement filmée, haletante. C’est le point culminant du film.

La belle histoire bascule alors dans l’horreur.

Les larmes effacent les baisers. Les deux amants deviennent ennemis malgré eux.

Tout le monde connaît cette histoire, bien sûr.

Jusqu’à la fin cruelle, stupide malentendu, le grain de sable qui enraye le stratagème salvateur. L’intrigue est celle d’un polar, avec sa chûte fatale.

ROMEO  ET  JULIETTE, de Franco ZEFFIRELLI

 

UN FILM SUBLIME

Sorti en 1968, c'est l’un des meilleurs films de Franco Zeffirelli, et son plus grand succès.

Tourné en Italie et en décors naturels à Vérone, dont le réalisateur a fait reconstruire la place principale où se déroule le combat, les décors  sont d’une telle opulence qu’on lui a reproché de minimiser le texte… Quelle erreur !  Une si belle langue  ne pouvait être mieux servie que par des images grandioses.

Et l’on retrouve dans les dialogues certains accents shakespeariens au lyrisme  suranné mais tellement  émouvant.

Et la musique ?  On pourrait s’attendre à Monteverdi, mais c’est Nino Rota qui plonge le film dans une atmosphère intemporelle.

 

ZEFFIRELLI, L’ORPHELIN

Enfant de l’amour, peut-être,  le petit Franco fut confié à l’Assistance par sa mère sous le nom de Zeffiretti, un aria de Mozart qu’elle chérissait.

Mais  par une erreur de calligraphie, son nom devint Zeffirelli pour la vie.  Comme toujours, son destin est marqué par des rencontres décisives, celle d’une Anglaise vivant à Florence qui l’adopte, l’instruit et lui inculque l’amour de Shakespeare. 

Ensuite, c’est Luchino Visconti qui l’engage comme assistant et lui communique son goût du raffinement dans des images somptueuses en toiles de fond de tous ses films.  Zeffirelli devient son  disciple,  ils ont les mêmes goûts, ils s’aiment.

Mais… les histoires d’amour finissent mal, en général et  la jalousie s’installe lorsque Zeffirelli s’affirme comme un rival dangereux.    C’est la fin d’une relation  castratrice.

C’est dabord l’opéra qui l’attire puis irrésistiblement,  Shakespeare.    Il monte La Mégère apprivoisée avec Elisabeth Taylor et Richard Burton – gros succès, (qui s’en souvient encore ?

Et puis, en 1968, ce Romeo et Juliette d’anthologie qui lui vaudra deux Oscars.  Il a alors 45 ans.

Sur la demande du pape Paul Vi, il tourne une vie de Jésus, Jésus de Nazareth,  pour la télévision.  Dix ans plus tard il s’oppose violemment à Martin Scorsese qui sort La Dernière Tentation du Christ … Deux artistes italiens, deux visions différentes  de la Foi chrétienne.

 

Son dernier film, Callas forever, avec Fanny Ardant, beau succès pour l’actrice, était sans doute un rappel émouvant pour lui qui avait dirigé la diva dans un opéra à la Scala de Milan…  C’était en 2002.

. Et puis plus rien.  Mais le temps a passé, il a aujourd’hui 93 ans.

 

 

 

 

La scène du balcon est sur YouTube, et le film, incontournable, dans toutes les FNAC ;

 

Miss Comédie

 

 

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LES ANNÉES PUB : JACQUES SEGUELA ET LE STAR-SYSTEM

Publié le par Miss Comédie

LES ANNÉES PUB : JACQUES SEGUELA ET LE STAR-SYSTEM

 

PETIT LEVER DE RIDEAU SUR LE ROI DES ANNÉES PUB

Il a aujourd’hui 80 ans – est-ce possible ?   Il a l’âge de ses campagnes, qui affichent encore une insolente jeunesse.

 Il fonde l’Agence RSCG (Roux-Seguéla-Cayzac et Goudard) en 1970.

Pour moi, avec Bleustein-Blanchet, c’est la figure emblématique des années pub.    Il faut dire que je l’ai bien connu, j’ai travaillé pour lui,          nous étions quelques-uns à le prendre pour un nouveau Copernic.

Je regarde sa photo de maintenant, tout rabougri.  A-t-il gardé cette pêche qui a traversé le monde de la communication   pendant une décennie  ?

Pourquoi ne parle-t-on plus jamais de lui dans les médias ?

Mais n’a-t-il pas raison de se retirer en beauté au lieu de continuer à émettre des messages que l’on jugerait ringards  ?  Il n’est plus dans l’air du temps.

Pourrait-on aujourd’hui faire du  bonheur l’idée-force d’une campagne ?   Celle du Club Med, dans un spot réalisé par Patrice Leconte, nous fait aujourd’hui rêver mais aucune agence de com ne pourrait la revendiquer !

 

LES ANNÉES PUB : JACQUES SEGUELA ET LE STAR-SYSTEM

 

La Com a chassé la Pub, elle a mis Séguéla au placard.

Et pourtant, lorsqu’on revoit ses campagnes, on rêve devant  leur efficacité.   Bon, vous allez me dire, montrer des fesses pour donner envie d’aller au Club Med, c’est un peu facile !

Oui, mais quelles fesses ! Et quelle classe !  Culottée, mais pas vulgaire.  

 

Séguéla adorait les  stars.  L’idée force de sa stratégie publicitaire était Le Star-System.

Mais Séguéla était  lui-même une star.   A l’époque, on le voyait partout. Oh, il n’était pas beau, non !   Il attirait les foules par  ce je ne sais quoi qu’on appelle le charisme.

Il  donnait l’impression d’avoir l’intelligence communicative. Il s’arrangeait pour que son interlocuteur le plus primaire se sente intelligent.

Lorsqu’il venait visiter son agence de Lyon, tous les publicitaires de la ville se pressaient pour l’écouter, le questionner, sous le charme.

Mon tout nouveau compagnon qui s’occupait de la revue Lyon Poche, magazine de loisirs lyonnais, avait déjeûné avec lui et disait à qui voulait l’entendre que si Séguéla lui avait demandé de tout quitter pour le suivre dans la publicité, il l’aurait suivi. C’est le danger des hommes charismatiques, ajoutait-il.

Et puis surtout, il aimait rire.  L’humour débordait de ses créations et donnait envie d’y adhérer illico.   La joie est le premier ingrédient de la réussite, personne n’a envie d’acheter un produit qui donne envie de pleurer.  Un exemple de cet humour complètement déjanté, sa campagne pour la Citroën CX GTI, l’une de ses marques fétiches

LES ANNÉES PUB : JACQUES SEGUELA ET LE STAR-SYSTEM

Encore un coup de Jean-Paul Goude qui photographiait  souvent Grace Jones en état d’hyper activité.

 

En 1979 il publie :  « Ne dites pas à ma mère que je suis dans la publicité… elle me croit pianiste dans un bordel. »

Le livre était sur les bureaux de tous les membres de l’Agence, dédicacé par l’auteur.   Je me suis empressée de l’acheter, mais jamais je n’ai  trouvé un moment propice pour le lui faire signer.

J’avoue qu’en le relisant aujourd’hui, je lui trouve beaucoup moins de saveur qu’à l’époque.   Tout en voulant faire un portrait satirique de la pub, il se met en scène avec complaisance dans un style de potache.

(Je me suis beaucoup plus régalée avec le « 99 francs » de Frédéric B eigbeder écrit vingt ans plus tard)

A chaque époque ses porte-drapeaux !   Séguéla n’est plus à la mode ?

Traitons-le comme Michael Jackson : le roi de la pub vaut bien  le roi de la pop.

 

Miss Comédie

  

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LES ANNÉES PUB; C'ÉTAIT FOU !

Publié le par Miss Comédie

LES ANNÉES PUB; C'ÉTAIT FOU !

Fou comme Perrier, l’une des marques  emblématiques de ces années-là,  celle qui a osé les campagnes les plus insolentes, les plus drôles aussi.  Et d’abord, en 1970, ce slogan impérissable : PERRIER C’EST FOU !

 Lancé  par Jean Davray, le publicitaire  de la marque qui n’avait pas froid aux yeux, ce slogan magique a ouvert la route à toute une génération de créatifs galvanisés par le succès de ce nouveau genre de discours. Cela a donné des campagnes choc, libérées de tous les tabous.  Et les clients  suivaient !

Nous avons vu des pubs insensées, en forme de BD, de contes de fées, de science-fiction,  de comédies musicales,  on allait au cinéma pour voir la Pub !  Les magazines doublaient de volume, boostés par la pub !

C’était une époque où les annonceurs ne se souciaient pas encore de marketing, tout ce qu’ils voulaient c’était que leur marque ait du panache et crève les écrans.

C’est d’ailleurs ce que leur ont reproché leurs héritiers : ils valorisaient la marque mais ne faisaient pas vendre les produits.

La Com a chassé la Pub pour reprendre les rènes de la Rentabilité.

Dommage pour le spectateur.  Le consommateur, lui, s’y retrouve-t-il ?

Faut  voir…

N’empêche, nous nous souvenons tous de Perrier et de ses campagnes mythiques, comme LE LION où La Belle fauche la bouteille au nez de la Bête  en rugissant aussi fort qu’elle , ou La Tour Eiffel qui se penche tendrement vers le goulot pour boire un coup.

Il y avait une vraie surenchère dans l’humour, les agences s’arrachaient les talents créatifs comme les clubs s’arrachent les joueurs fétiches.

Souvenez-vous :  « Ajax vitres ? Quelles vitres ? » ou « Il y a moins bien mais c’est plus cher », ou «C’est doux, c’est neuf ? » ou bien sûr : « Just do it ! »  ou encore « What else ? »

A vous d’en rajouter, il y en a plein d’autres… Quand on se met à les revoir, on regrette cette époque d’insouciance.

Mais celle qui dame le pion à toutes les autres, c’est encore Perrier qui l’a trouvée, c’est toujours fou fou fou, et ce sera la scène du jour.

 

La photo que vous allez voir n'est que vaguement évocatrice de l'esprit pervers de son concepteur et réalisateur, en l'occurrence Serge Gainsbourg.  Mais vous devez avoir un peu d'imagination !

Heureusement il y a YouTube (cela ne vous rappelle pas un slogan célèbre de ses années là, justement ?)

 

 

 

 

 

LA SCENE DU JOUR

PERRIER C'EST FOU !

Campagne "La main".

 

 

 

 

 

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LES ANNÉES PUB; C'ÉTAIT FOU !

 

Dommage, vous ne voyez là que le début. Je vous raconte :

 

Cette main fine et élégante va commencer à caresser la bouteille, légèrement, en prenant son temps, de bas en haut, pendant qu’une voix de soprano module une mélodie langoureuse.

Nous voyons la bouteille grossir, (mais oui !) frémir, tandis que la main continue  son manège, toujours lentement, toujours légèrement… jusqu’à ce que le bouchon se dévisse peu à peu, libérant tout d’un coup un jaillissement de liquide pétillant, joyeux, plein d’une énergie virile longtemps contenue.

C’est une très belle image, filmée par… Serge Gainsbourg.  Un sujet de choix pour ce grand libertin.   Mais qui d’autre eût pu réaliser une telle pub sans tomber dans la vulgarité ?

Le film est délicat, élégant, esthétique, magnifique.

Pourtant,il fut censuré dès sa diffusion à la télévision en 1976, et interdit dans tous les autres medias.  Certains téléspectateurs avaient violemment réagi contre le message sexuel qu’il contenait « à une heure de grande écoute, c’est inadmissible, les enfants regardent la télé !… »

 

Et bien, ces enfants, s’ils ont perçu le message sexuel, c’est qu’ils ont l’esprit bien mal tourné !

 

Je vous reparlerai des années Pub.   En attendant, allez sur YouTube pour voir LA MAIN dans son intégralité.  Tapez <<<Perrier c’est fou LA MAIN>>>

 

Miss Comédie

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PULP FICTION de Quentin Tarentino, la scène du concours de twist

Publié le par Miss Comédie

PULP FICTION de Quentin Tarentino, la scène du concours de twist

 

Isolée du film, cette scène est réjouissante, drôle, sans danger pour les moins de douze ans.

Ce n’est pas le cas du film. Tout Tarentino est déjà là,  c’est un réalisateur dont on reconnaît tout de suite le style.  La violence, d’abord, c’est son dada. Mais il la filme de façon emblématique, ce qui la rend à peu près supportable pour les âmes sensibles.

Ce n’est pas la violence de Scorsese, qui fait frémir d’horreur.  On reste dans le domaine de l’esthétique.  

 Plus tard, dans Kill Bill 1 et 2  on assiste à une marée d’hémoglobine qui finit par amuser tant cette violence est caricaturale.

On n’en est pas là dans Pulp Fiction.   Les dialogues sont très chiadés, c’est du Michel Audiard à l’américaine, c’est vulgaire et incisif.  Travolta est là pour donner de l’humour et de la distance à son personnage de truand. Quant à Uma Turman, elle est d’une beauté violente, renversante.

Les autres, Bruce Willis compris, sont de simples gangsters.

 

Pulp Fiction est devenu un film culte.

 

Sorti en 1994, deux ans après Reservoir Dogs, c’est le deuxième film de Tarentino et il lui apporte son statut de star.

Il faut croire que le monde du cinéma comme le public n’attendaient que lui pour les bousculer dans leur fauteuil.  

Pulp Fiction a eu un succès phénoménal.

Palme d’Or au Festival de Cannes, Oscar du meilleur scénario, et catalogué comme l’un des meilleurs films de gangsters du cinéma américain.

Comme dans  Reservoir Dogs, le scénario se déroule  en plusieurs épisodes non reliés entre eux mais où l’on retrouve les mêmes personnages.

Toujours  des gangsters, inspirés  par des modèles du genre dans ses films préférés :  aussi bien  Le Bon, la Brute et le Truand, que Taxi Driver ou La Grande Evasion.  Ses gangsters à lui ont de la culture, ils causent beaucoup et connaissent leurs classiques, citations à l'appui...

 

 

 

 

PULP FICTION de Quentin Tarentino, la scène du concours de twist

ZOOM SUR UNE SCENE CULTE

LLe concours de twist

Nous sommes dans un restaurant de Los Angeles, style années cinquante. Vincent (Travolta) accompagne Mia (Uma Thurman) que lui a confié son époux, le truand Wallace, et ils dinent tranquillement.

Au cours de la soirée  est organisé un concours de twist pour lequel on demande des volontaires.  Mia lève la main, elle veut participer malgré la désapprobation de Vincent.

Il la suit néammoins  sur la piste, les organisateurs les présentent au public, et la musique commence.

On est attentif, on sent qu’il va se passer quelque chose.

En fait, il ne se passera rien, que le spectacle fascinant de ces deux acteurs concentrés sur les figures improvisées de leur danse, donnant au twist, la danse la plus niaise qui soit, une fantaisie hyper sexy.

Elle est ravissante dans un chemisier blanc sur un pantalon noir, chaussée  de ballerines, face à Vincent un peu gauche, qui a quitté ses pompes pour danser en chaussettes.

Elle se dandine un peu pour s’échauffer, puis prend le rythme et se donne à fond, tandis que lui cherche  ses marques et ne fait encore qu’imiter la gestuelle de Mia.  Il est inénarrable.

Le morceau, « You can never tell » de Chuck Berry, est

un sommet de dancing music, il réveillerait un mort.

Il faut absolument voir la video de cette scène, car ma photo est loin de suggérer le dixième de la  folie  de la scène.

Elle est visiblement en transes, ignorant son partenaire qui se met progressivement dans le rythme, ils sont chacun dans leur bulle, même si Vincent garde un œil sur Mia pour imiter ses mouvements, ce qui donne parfois l’impression d’un numéro bien répété.

La caméra va et vient sur eux, cadrant chaque visage avec son expression : elle, absente, habitée, lui tendu, appliqué, puis descendant jusqu’à leurs pieds qui glissent en saccade dans le swing du twist, sans jamais décoller du sol.

Ils vont remporter le concours, bien sûr.  Nous les retrouverons dans l’appartement de Mia pour une scène aux antipodes de celle-ci, une horreur à la Tarentino.

 

Le concours de twist est sur youtube en tapant « Pulp Fiction – dancing scene ». Repulpez-vous

 

Miss Comédie

 

 

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LA MER d'Edward Bond à la Comédie Française

Publié le par Miss Comédie

LA MER d'Edward Bond à la Comédie Française

 

Le rideau à peine levé, nous sommes saisis d’effroi.

Un violent coup de tonnerre déchire nos tympans, suivi du vacarme d’une mer déchaînée que nous devinons dans l’obscurité zébrée d’éclairs aveuglants.

Les spectateurs des premiers rangs sont durement touchés.    Soudain des cris  s’élèvent dans la tempête, les hurlements d’un homme appelant à l’aide.  Sur la plage, une ombre passe, portant une lanterne. L’homme répond aux appels par des injures.

L’appel se répète, longues plaintes diminuant d’intensité pour se perdre dans le bruit des vagues. Puis c’est  le silence.

L’homme à la lanterne est rentré dans sa cahute, c’est le garde-côte, on se demande pourquoi ce refus d’assistance.

Le rideau retombe.

Nous sommes tétanisés.  La pièce promet d’être shakespearienne (la tempête…)

 

Mais le rideau se lève à nouveau sur une scène digne du Bourgeois Gentilhomme.  Un marchand de tissus volubile s’évertue à vendre ses coupons à une madame Ratti réticente, exigeante, tonitruante (Cécile Brune, épatante) qui n’en voudra pas.

Cela va durer encore dix minutes où nous entendons ce drapier égrener des récriminations  belliqueuses  contre les méfaits des extra-terrestre sur les océans, selon lui à l’origine de tous les naufrages, puis il diverge  sur les difficultés de vivre de son métier.

Sortie impatientée  de madame Ratti.  Rideau.

Surpris, le public est encore dans l’attente d’une montée du suspense.

Mais  la  pièce ne sera  qu’une succession de tableaux alternant l’humour  et le drame, retraçant  l’histoire très banale d’un village vivant au rythme monotone des vagues de la mer du Nord, pour qui ce naufrage est un événement fauteur de troubles.

Je ne suis pas un critique mais une spectatrice naïve qui ne demande qu’à s’émerveiller.  

Mais après ces premières dix minutes étourdissantes, et bien… voilà. On peut appeler cela un pétard mouillé.

 

Les comédiens Français sont à la hauteur de leur réputation. Ils se donnent à fond, ils sont formidables, on reconnaît le style de la Maison à la diction impeccable, à la vérité du jeu où tous les effets sont parfaitement maîtrisés.  Ils sont à la fois détachés et habités, ils ne jouent pas un personnage, ils incarnent le personnage.  Pas seulement les têtes d’affiche, mais jusqu’aux plus petits rôles, ils sont formatés « Comédien Français ».

 

Or, dans LA MER, nous avons vu de la fougue, de l’humour, de la cruauté, de la lâcheté, du chagrin, de l’amour, tout cela parfaitement fidèle au texte d’Edward Bond.

Alors pourquoi rien ne s’est-il passé  dans nos rangs ?

L’émotion n’a pas passé la rampe.   

Cette histoire nous a  laissés  complètement indifférents.

Cela s’est senti à la politesse des saluts, au petit nombre de rappels.

On dit parfois que « les acteurs ont sauvé la pièce ».  Mais on ajoute aussi qu’il « faut leur donner quelque chose à manger », très vulgairement.   Ici  les acteurs, comme Alain Françon le metteur en scène, ont fait un travail magnifique.  Ont-ils sauvé la pièce ?  Les avis divergeront peut-être.

 

Le théâtre est un univers énigmatique.  Chaque représentation est porteuse d’ondes positives ou négatives qui vont de la scène à la salle sans rime ni raison.   Un vrai mystère   transcendental, dirait  Salvador Dali. 

 

C’est à la Comédie Française, salle Richelieu, jusqu’au 15 juin.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

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LA PHOTO MYSTÈRE DE MAI

Publié le par Miss Comédie

LA PHOTO MYSTÈRE DE MAI

LA PHOTO MYSTÈRE DE MAI

Elle a joué dans « Nelly et monsieur Arnaud » de Sautet, il n'y a pas si longtemps.

Ici, elle joue le rôle principal dans un film de 1963, tourné par un

réalisateur-romancier sulfureux mort en 2008.

Qui est cette actrice ?  Et de quel film s’agit il ?

Réponse au mois de juin.

 

)Pour la photo mystère du mois d’avril, il s’agissait de Ava Gardner et Humphrey Bogart  dans « La Comtesse aux pieds nus », film réalisé par Joseph Mankievicz en 1954.

Vous avez tous reconnu les acteurs, mais seuls quelques-uns ont cité le titre du film et le nom du réalisateur.  Google n’est pas l’ami de tout le monde semble-t-il ?

 

A bientôt !

Miss Comédie

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CYRANO DE BERGERAC, le film

Publié le par Miss Comédie

CYRANO DE BERGERAC, le film

Non, ce n’est pas celui de Podalydes, pas celui de Claude Barma surtout pas celui de Pitoizet, mais celui de Rappeneau, avec son Depardieu inégalable.

 Ah, c’est un rôle difficile, Cyrano, tout en contradictions, il faut posséder tous les emplois  à la fois :  comique, tragédien, valet, jeune premier. Mais il faut avoir des bleus à l’âme et des balafres au cœur, savoir manier l’épée aussi bien que la plume. . Il faut avoir du sang de mousquetaire dans les veines. (Brave et voyou à la fois).

On ne peut pas composer le rôle de Cyrano.

 

Et dans quelle langue !  Les alexandrins non plus, ne supportent pas la mécanique.

Monter Cyrano de Bergerac au cinéma en 1990 dans le contexte historique est un vrai  défi.  L’entreprise est téméraire.  Le travail sur le texte est complexe, Jean-Claude Carrière  doit  ramener la durée du film à deux heures et demie, la pièce de Rostand en comptait quatre…

Pari réussi sur toute la ligne, un casting éblouissant, décors et costumes «césarosés »,  il croûle sous les récompenses.

Gérard Depardieu est couronné meilleur acteur de sa génération, avec Cyrano il porte à l’apothéose son talent protéiforme.

Le film, qui a reçu le César du meilleur film,  est un régal pour les yeux, tourné dans des décors naturels ou des lieux historiques et les images de  Pierre Lhomme sont magnifiques.

 Quant à,Cyrano, il  prend souvent l’aspect d’un gnome hieux, chauve, affublé d’un nez monstrueux qui le défigure  – cela n’enlève rien à leur talent, mais…  Depardieu, lui, porte son nez si fièrement qu’on arrive à l’oublier pour ne voir que son regard enflammé et sa chevelure héroïque.

La tirade du nez est une scène d’anthologie, c’est celle que j’ai choisie aujourd’hui.  Mais la scène finale du film ; la mort de Cyrano, est un monument d’émotion.   Les alexandrins ont rarement tiré des larmes dans le répertoire classique. Ici, on sanglote.

 

 

CYRANO DE BERGERAC, le film

ZOOM SIR MA SC!NE CULTE

La tirade du nez

Nous sommes au théâtre, on attend que Cyrano se produise sur scène mais il refuse tant que sa bête noire Montfleury s’y trouve. Il vient de l’apostropher vertement, d’ailleurs, et s’attire les foudres du public.

Dans le brouhaha, on le chahute, quelqu’un l’énerve en lui reprochant de faire scandale. Cyrano se retourne contre lui : « Et dites moi pourquoi vous regardez mon nez ? »   Il voit rouge, s’emporte, tandis que la foule commence à se lasser.

 Le vicomte de Valvert prend l’initiative de la révolte  : « Il commence à nous fatiguer. Je vais lui lancer un de ces traits ! » et voilà le jeune coq qui s’avance vers Cyrano : « Vous ! Vous avez un nez… (Cyrano l’attend de pied ferme)… très … grand ! »

Le HA ! »   de Cyrano n’augure rien de bon.

« C’est tout ?

« Oui.

Valvert n’en mène pas large. Sa boutade, au lieu de le calmer, attise le feu.  Cyrano affûte sa riposte.

« Ah non !  C’est un peu court, jeune homme !

Valvert tourne les talons mais Cyrano le poursuit, lançant ses banderilles.  Chacun de ses traits sera porté face à son jeune écervelé qui n’arrive pas à s’y soustraire (excellent Philippe Volter dans ce rôle ingrat).  

Et c’est parti.

 Les alexandrins s’envolent, les images sont hilarantes, poétiques, truculentes, naïves, tendres, insolentes, où diable Rostand est-il allé puiser ces définitions géniales d’un nez surdimensionné ?.

 

 

 Rappeneau a filmé cette scène comme  un grand mouvement d’ensemble, dans le rythme même de la tirade, chaque trait trouvant son écho dans les rires ou les protestations de la foule, Cyrano donnant le ton, ouvrant la marche toute en élans ponctués par le face à face avec Valvert.

Dans cette scène, on reste confondu par cette somme de talents : Rostand d’abord, Rappeneau ensuite, et Depardieu, tudieu.  Et tous les autres, bien sûr, et ils sont nombreux !

 

 

 

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LA PHOTO MYSTÈRE D'AVRIL

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LA PHOTO MYSTÈRE D'AVRIL

Vous reconnaissez certainement ces deux acteurs.  Mais la photo a été prise dans quel film ?

Ce n'est pas un poisson d'avril et vous trouverez la réponse le mois prochain, joli mois de mai.

 

LA PHOTO MYSTÈRE D'AVRIL

REPONSE DE LA PHOTO MYSTÈRE DE MARS

Vous avez été nombreux à deviner qu’il s’agissait de François Truffaut, moins nombreux à citer LA NUIT AMÉRICAINE, encore moins nombreux à identifier Jean-François Stévenin et Nathalie Baye…,En regardant bien, on aperçoit aussi Jacqueline Bisset, la toute belle, et Jean-Pierre Léaud……

u mois  prochain  pour une nouvelle photo-mystère !

 

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BOHRINGER, LE RETOUR

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BOHRINGER, LE RETOUR

L'INSTANT THÉÂTRE

TRAINE PAS TROP SOUS LA PLUIE

 

Au théâtre de l’Atelier, j’ai vu hier soir Richard Bohringer ressuscité.  Un autre Bohringer… Mais qu’a-t-il de changé ? 

 

On le sait, le sale gosse a reçu une grosse baffe qui l’a mis par terre. Mais il s’est relevé en disant « même pas mal ! ».  C’est tout lui, cette hargne.

N’empêche que ça lui a fait mal. Très très mal.

Aujourd’hui, il raconte.

La performance vaut le détour.  Un comédien de cinéma,  mais aussi de théâtre, très très connu, qui vient, seul sur scène dans une absence de décor qui le montre tel qu’il est.  Il ne bombe pas le torse, il ne redresse pas les épaules, il ne cache pas qu’il a encaissé sévère.  Mais ce soir  il est là, il tourne en rond, il ne tient pas en place.

Il dit « pourquoi je suis là ?  Pour recommencer à vivre. »

 

  Il fallait un  texte, il se l’est écrit tout seul, il ne savait pas au juste ce qu’il voulait dire, il voulait simplement montrer qu’il était vivant, qu’il avait des souvenirs, qu’il se rappelait parfaitement certains épisodes de sa vie.

 Ecrire, il l’a déjà fait,  et avec quel talent !  Mais là… c’était comme  se mettre à nu.

Là, ses mots balancés comme ça, murmurés souvent, à peine audibles, comme s’il s’en voulait de se dévoiler ainsi, ses mots sont magnifiques.

Poète, il l’est sans artifice, sans recherche, sans chichis, le poète de la rue, de la ville si belle la nuit, pas un poète de salon.  Mais son art  est difficile car il évite les pièges de la vulgarité, du facile, du lieu commun.

Dans ces histoires qu’il raconte, à bâtons rompus, il y a  ses personnages favoris, pris sur le vif.  Sa grand-mère, sa fille, son chat, un boxeur, un acteur  disparu,  et ses anecdotes sont tantôt burlesques, tantôt déchirantes.

 

Parfois, il s’adresse à nous, le public, il ne peut pas s’empêcher de franchir la ligne de fuite du comédien, cette barrière qui le sépare des spectateurs, il la refuse, il est avec nous, tout le temps.

Il nous demande  par quel miracle nous sommes  là, car l’inquiétude plane sur la ville, pourquoi nous sommes  là ?

De  la salle une voix de femme lui a répondu : « parce qu’on vous aime ! »

Surpris, il n’a  pas trouvé la réplique, il lui a envoyé un baiser.

 

C’est vrai, il est attachant, le sale gosse. Encore plus qu’avant l’Absence, une aussi longue absence, si longue et si douloureuse qu’il n’a pu s’empêcher de nous la faire partager, dernier épisode de son monologue.  Des instants si longs et si durs à revivre qu’il nous les jette en pâture avec des mots qu’il a du mal à articuler.

Mais voilà, il est là pour les dire.  De sa voix « éraillée par l’alcool, le tabac… et le chagrin », phrase qu’il a relevée dans une critique et qui le fait doucement rigoler.

 

Miss Comédie

 

 

C’est au théâtre de l’Atelier  à 19h  à partir du 8 mars pour 30 représentations exceptionnelles.

 

 

 

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LE GUÉPARD de Luchino Visconti

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LE GUÉPARD de Luchino Visconti

Cette scène a un sens caché. Ce n’est pas seulement un couple mythique qui danse dans un décor de conte de fées.

Pour mieux la comprendre, situons-là dans le contexte du film et de l’époque où il a été tourné.

Visconti, comte de Lonate Pozzolo, avait l’âme et les goûts aristocratiques de son illustre famille.

Après avoir donné dans la mouvance gauchiste des intellectuels de son époque, avec des films poétiquement dédiés au peuple et à ses misères, il fait une reconversion vers ses origines avec ce film, Le Guépard, où il raconte l’union forcée entre l’aristocratie milanaise  désargentée et la nouvelle bourgeoisie affairiste qui s’impose alors. 

Un sujet qu’il traite avec une évidente nostalgie.

« Le Guépard ». Pourquoi ce titre ?

Dans le roman de Giuseppe Tomasi d’où est tiré le film, l’auteur décrit la  fin d’un monde « de lions et de guépards remplacé par un monde de chacals et de hyènes ».

 

Le prince Fabrizzio est le guépard.  A travers son personnage, Visconti nous donne sa vision d’un monde qui s’achemine vers la décadence. C’est  le pouvoir de l’argent contre celui de la tradition.

Il faut pactiser – et le prince pactisera, à contre-cœur mais avec élégance, comme le montre de façon éblouissante la scène du bal, la dernière demie-heure du film.

 

 

Le Guépard fut le plus grand succès de Visconti – un tournant dans sa carrière. 

Il reçut la Palme d’Or au Festival de Cannes 1963.

 Alberto Moravia s’exclame « C’est le film de Visconti le plus pur, le plus équilibré et le plus exact. »

Il aurait pu ajouter : et le plus convaincant.  Car comment ne pas être dans le camp du  prince Fabrizio Corbera di Salina ?  Sa beauté sur le déclin, son charisme, la pureté de ses convictions   prennent vie en la personne d’un Burt Lancaster sublime.

Quant à Alain Delon, son neveu dans le film, qui trahit son oncle et protecteur en se rangeant dans le camp garibaldien, il est à tomber.  

On avait oublié à quel point sa beauté était à multiples facettes, dévastatrice, redoutable. On rêve : Alain Delon, que l’on croyait indestructible, a aujourd’hui quatre-vingts ans.  Comment y croire ?

On accepte plus facilement le déclin de Claudia Cardinale. Pourquoi ?

 

 

LE GUÉPARD de Luchino Visconti

ZOOM SUR UNE SCÈNE CULTE

La scène du bal.

 

Dans cette scène sont réunis tous les protagonistes de  cette société hétéroclite :  aristocrates et bourgeois vont danser sur la même piste, sur la même musique.

On aperçoit  entre autres Paolo Stoppa qui joue le nouveau maire du village de Sicile où se trouve la résidence d’été du prince Fabrizio. 

Il  représente le nouveau pouvoir du peuple.  Il est aussi le père de la belle Angelica, jouée par Claudia Cardinale, un nouveau riche arrogant qui vient d’accorder la main de sa fille au bel aristo  Tancrède Falconeri.  (C’est presque du Molière, le bourgeois gentilhomme est intemporel !)

 

Tout autour de la piste de danse se pressent, entre battements d’éventails et  commentaires aigres-doux, nobles et bourgeois dans une nouvelle fraternité.

Lorsque le prince s’avance vers le jeune couple Angelica-Tancrède et s’incline devant la jeune fille pour l’inviter à cette première valse, chacun comprend que c’est le signe d’une ère nouvelle pour la Sicile – et l’Italie toute entière. 

Le visage de Tancrède  est impénétrable. Sa fine moustache frémit mais l’accord est donné tacitement.  Il ne les quittera pas du regard durant tout le temps de leur danse.

Les premiers accords de la valse de Nino Rota résonnent, et le couple magique, face à face, après un balancement très court,  ( j’adore ce balancement, comme une hésitation, ou une certitude, un avant-goût du plaisir), s’élance sur la piste.

D’autres couples de danseurs  les entourent, les regards furtifs se croisent.

Ils tournent, leurs pas s’accordent avec élégance, la valse les entraîne dans sa mélodie, ils ont l’air heureux  mais ne se parlent pas pendant de longues minutes. 

Gros plan sur Tancrède, qui les fixe toujours d’un œil vaguement inquiet.

 Il faut dire que le prince, malgré son âge, est un sacré rival  pour le jeune homme,  il se dégage de  sa personne un charme dévastateur.

 

Angelica rompt le silence.  Elle  dit qu’elle est heureuse et fière d’être là, elle le remercie car elle lui doit tout, et surtout elle lui doit Tancrède…

Il lui répond que non, « vous devez tout à vous-même », belle phrase socratienne qu’il prolonge par un compliment énorme :

« Belle comme vous êtes…vous pourriez avoir tous les hommes.

Bref, ils se draguent innocemment.

Tout autour, les danseurs peu à peu ont déserté la piste et leur couple évolue  seul, comme suspendu dans l’espace quand la valse s’achève.

 

De retour auprès de Tancrède, ils échangent encore quelques courtoisies tandis que Claudia pose tendrement sa tête sur l’épaule de son fiancé.  Une manière de se faire pardonner… quoi, au juste ?

Tout a été dit dans cette scène, le mélange des genres, le mariage  arrangé,  le cynisme d’un neveu pourtant chéri, l’attrait sexuel à peine ébauché, la jalousie, l’amertume, tout cela dans  un décor fastueux qui évoque les derniers vestiges d’une époque révolue.

¨Plus qu’une scène culte, c’est  un symbole.

 

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UNE JOURNÉE POUR LA FEMME ?

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UNE JOURNÉE POUR LA FEMME ?

 

MON COUP DE COEUR

 

C’est la petite phrase de mon mari à  la boulangère qui lui rappelait qu’aujourd’hui c’est la Journée de la Femme :

« Et bien profitez-en bien, puisque le reste du temps, c’est  tous les jours la Journée de l’Homme !

C’est vrai, si l »on y réfléchit, pour respecter vraiment la PARITÉ, il faudrait soit établir une Journée de l’Homme, soit supprimer la Journée de la Femme.

 

Il n’y a pas de logique, dans nos institutions.

 

Miss Comédie

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BAISERS VOLÉS, de François Truffaut

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BAISERS VOLÉS, de François Truffaut

ZOOM SUR UNE SCÈNE CULTE

L’Apparition, la Femme, la Divine, arrive avec le plateau du café.

« Vous venez ? dit-elle de sa voix surréelle.

Il vient. Il s’assied sur le canapé, les genoux serrés.

Il n’ose pas la regarder.

Elle s’assied en face de lui et entreprend de servir le café, d’abord sa tasse lui, puis la sienne. Ses gestes sont précis, coulés, des gestes de femme du monde mais empreints – ou serait-ce une illusion ? – d’une certaine sensualité.  Pourtant, elle ne fait pas la coquette, elle ne le drague pas, non, elle est dans les limites de la courtoisie.

Pas un mot n’est prononcé, le silence est presque pesant.

Elle tend le sucrier, il prend un sucre, puis deux.  Il remue le café, il ne l’a toujours pas regardée mais lorsqu’elle se lève pour s’activer sur le meuble du magnétophone, il la dévore des yeux.  Son jeu est très subtil, on sent à la fois sa gêne, son émotion, son attente d’il ne sait trop quoi…

Antoine Doisnel est amoureux fou de madame Tabard, sa patronne, depuis le premier jour, depuis qu’elle lui est apparue dans le magasin à une  heure tardive.  Sa beauté, sa douceur, sa voix !

Aujourd’hui il est face à elle, incrédule mais prêt à tout. 

Elle sort un disque de sa pochette et s’apprête à le poser sur la platine.

« Vous aimez la musique, Antoine ?

« Oui monsieur.

Le monde s’écroule. Il est foudroyé par l’énorme lapsus. Il se lève d’un bond, la tasse de café se renverse sur la moquette, il fuit, Antoine, il s’échappe, c’en est trop, il faut disparaître de ce monde, il dévale les escaliers, fait irruption dans le magasin qu’il traverse comme un  fou.

« Où allez-vous Antoine ? lui demande la vendeuse.

« Je suis malade, je rentre chez moi.

La scène culte s’arrête là mais on pourrait bien le suivre et le retrouver chez lui couché dans son lit, les draps jusqu’au menton, et voir la Divine frapper à sa porte et entrer, et lui parler doucement…

 

Une telle situation est  impensable aujourd’hui  -  et encore, François Truffaut l’avait mise au goût  du jour à l’époque,  une histoire d’amour tirée du roman de Balzac Le Lys dans la Vallée !

Jean-Pierre Léaud  incarne à la fois Félix de Vandenesse et Antoine Doisnel avec le plus grand naturel, face à une Delphine Seyrig plus comtesse de Mortsauf  que jamais.

Tout a été dit sur Léaud, sa ressemblance avec Truffaut, et sur son rôle dans cette trilogie un peu désespérée qui va suivre avec Domicile Conjugal et l’Amour en fuite.

 

 

BAISERS VOLÉS, de François Truffaut

J’ai eu envie, à la manière de Modiano, de découvrir ce magasin de chaussures qui avait servi de décor à Baisers Volés. Existait-il toujours ?

Le 63 m’a déposée à la station Pompe (mais oui !) et j’ai marché jusqu’au numéro 1, devant le magasin de chaussures Maralex.

J’ai eu la surprise de me heurter à un camion de déménagement stationnant devant la vitrine. Un va-et-vient de cartons à chaussures et de meubles m’a fait craindre le pire.  Je suis entrée, j’ai vu au milieu d’un espace dévasté, un homme âgé, au visage fatigué, de haute stature, qui observait le déroulement des opérations.

« Pardon monsieur…Vous êtes le directeur du magasin ?

« Oui madame. Pourquoi ?

« Oh… je voulais juste voir le décor de Baisers Volés…

Il a eu un sourire triste, un haussement d’épaules.

« Tout ça c’est du passé… On ferme, vous savez ?  Maralex, c’est fini.

J’ai eu le cœur brisé comme s’il s’agissait de ma famille.

C’est ainsi que j’ai assisté, in extremis, à la disparition d’un rêve.

 

L’appartement où ont été tournées les scènes d’intimité des Tabard était la propriété de Michael Lonsdale, dans le 7ème arrondissement de Paris.

D’ailleurs, dans Baisers Volés, il y a tout un pan d’histoire dont on ne parle pas assez, autour du personnage de Pierre Tabard, joué par Michael Lonsdale.  « ¨Personne ne m’aime et je veux savoir pourquoi. »

Une réplique qui en dit long sur la personnalité secrète de ce patron qui a tout réussi, sauf sa vie.

Truffaut a dit que le cinéma était plus important que la vie.

Il nous a pourtant souvent montré que sans la vie il n’y aurait pas de (bon) cinéma.

 

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LA PHOTO MYSTÈRE

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LA PHOTO MYSTÈRE

LA PHOTO MYSTÈRE

 

Pour clôturer ce mois capricieux, reprenons notre petit jeu.

Qui sont ces acteurs et dans quel film ?.

 

 

Réoonse dans la Photo-Mystère de Mars.

A bientôt !

 

 

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LIBRES SONT LES PAPILLONS au Théâtre Rive Gauche

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LIBRES SONT LES PAPILLONS au Théâtre Rive Gauche

LIBRES SONT LES PAPILLONS au Théâtre Rive Gauche

 

C’est une pièce dont on ne peut pas dévoiler l’intrigue.

Je pourrais d’ailleurs utiliser ce mystère pour vous inciter à aller la voir !

Mais il y a tout le reste.

D’abord ; c’est une histoire d’amour. Compliquée, mais justement, pas banale.  Les dialogues ont été peaufinés par Eric Emmanuel Schmidt – ce n’est pas n’importe qui – qui a déniché cette pièce d’un auteur new-yorkais, Leonard Gershe, écrite dans les années 70.  Vous verrez, rien n’a changé dans les comportements aujourd’hui.

 

La mise en scène est signée Jean-Luc Moreau.

 On reconnaît tout de suite les déplacements comme spontanés, le rythme qui colle à l’action,  et la subtilité du jeu des acteurs.

 

Les acteurs ne sont pas des stars mais quoi, ils sont parfaits. Avec ce mystérieux truc autour duquel tourne  la pièce, ils ont de quoi nourrir leurs personnages, chacun dans son élément.

 

Tout de suite on sent qu’il y a quelque chose qui cloche entre ces deux-là, et c’est un vrai problème mais je ne peux pas en dire plus.

A un moment, le problème n’en est plus un, on respire, l’amour est le plus fort, et puis… non, il y a maldonne, la mère s’en mêle,c’est un désastre... Mais quand le rideau tombe, le sourire est revenu et l’amour n’est plus aveugle.

Anouchka Delon est étourdissante.  Elle est belle, elle bouge bien, elle ne marmonne pas comme la plupart des juniors en scène, elle se régale à balancer ces répliques tellement calquées sur le vocabulaire ado..

Julien Dereims, le jeune homme mystérieux, entretient son mystère avec une sensibilité à fleur de peau. Diction impeccable dans la réserve ou la violence, il est très convaincant.

Enfin Nathalie Roussel, la mère, domine son cruel dilemme avec beaucoup de nuances.  Elle est à la fois infernale, drôle, émouvante…. Elle a du métier, et n’en rajoute pas. Du grand art.

 

LIBRES SONT LES PAPILLONS… joue les prolongations jusqu’au 29 mai, succès oblige !

THÉÂTRE RIVE GAUCHE, 6 rue de la Gaîté 750014 Paris   Tél. 01 43 35 32 31

 

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Le sermon de l'abbé de Villecourt

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Le sermon de l'abbé de Villecourt

RIDICULE

Film de Patrice Leconte

Le sermon de l'abbé de Villecourt

 

Pour moi, RIDICULE est le plus beau film de Patrice Leconte, mais aussi l'un des plus beaux de nos films historiques.

Mais  ce n’est pas seulement un beau film.

C’est un film qui ne datera jamais.  L’auteur ne porte aucun jugement, il décrit seulement ce que nous sommes depuis la nuit des temps.

RIDICULE, je l’affectionne particulièrement car il repose sur  le pouvoir des mots. 

Les mots, les mots… les hommes s’en emparent, s’en drapent, s’en affublent pour se distinguer, s’affirmer, se dissimuler.  Pour porter des coups mortels, à l’occasion.

 

Ici, dans la débauche de richesse de la Cour de Versailles, une poignée d’aristocrates désoeuvrés jouent à se provoquer avec une élégante hypocrisie.  On assiste à des duels où les mots se décochent   comme autant de flèchettes empoisonnées.

 

Jean Rochefort qui fut le premier à lire le scénario de Rémi Waterhouse, le remit à Patrice Leconte avec ce commentaire : « Lis ceci, c’est un western où les mots remplacent les colts. »

  Rémi Waterhouse n’a pas pu se réjouir la mort a mis un point final à son jeune talent.   Patrice Leconte lui a offert, avec la magie de sa caméra,  un chef d’œuvre intemporel.

 

RIDICULE a été un énorme succès en 1996. Ovationné à Cannes, plusieurs fois récompensé aux Césars, il manqua de peu l’Oscar du meilleur film mais qu’importe ?  Il reste un fleuron du cinéma  français. 

 

Le casting n’est pas ridicule, avec les acteurs qu’il fallait :   Rochefort, Giraudeau, Fanny Ardant, et la clique de seconds rôles attitrés qui ne déparent pas dans le décor. Et puis un inconnu  pour trancher sur ce parterre de célébrités :  Charles Berling, héros et victime de ce ces jeux du cirque. Son personnage, le baron Ponceludon de Malavoy, est venu de sa province pour implorer la faveur du Roi.  Ce jeune homme  a de lesprit, ce qui en fait très vite le rival et l’ennemi du beau parleur en titre, l’abbé  de   Villecourt, que joue Bernard Giraudeau avec panache.

C’est lui que j’ai choisi pour ma scène culte, mais j’aurais aussi bien pu en choisir une dizaine d'autres, tout aussi succulentes.

Le sermon de l'abbé de Villecourt

Toute la Cour réunie autour du couple royal, assiste au sermon dominical de l’abbé de Villecourt. Giraudeau s’échauffe peu à peu. Il nous offre  une démonstration héroïque de son éloquence théâtrale, une débauche de citations bibliques, de périphrases incompréhensibles, il se déchaîne, il entre en transes devant un auditoire pantois. 

Pour finir, échevelé, les yeux brillants de fièvre, le front ruisselant, il s’écrie « et voilà comment, mes chers frères, je viens de prouver l’existence de Dieu ! »  Le Roi Louis XVI donne le signal des applaudissements.  C’est un triomphe.  Encouragé, l’abbé enchaîne : « … et je pourrais tout aussi bien  prouver le contraire… s’il plait à sa Majesté ! »

La boulette.  Le Roi, offusqué, se lève, visage fermé, visiblement choqué par le blasphème, et quitte la chapelle, suivi de toute la cour, avec cette phrase ; « La Bastille vous attend, philosophe ! J’y veillerai. »

L’abbé reste planté, bouleversé, fou de regret de sa maladresse, et s’adresse à la comtesse de Blayac sa maîtresse :

« Mais… mais c’était juste un bon mot !   Madame, faites quelque chose ! »

Le Roi n’a pas apprécié le bon mot, il est des boutades qu’il vaut mieux éviter d’adresser aux  souverains de droit divin…

« Je ne peux rien pour vous,  rétorque  la comtesse froidement tout en passant son chemin.

Il n’aura plus accès à sa chambre.  Ni aux faveurs du Roi. L’abbé de Villecourt est « mort ».

 

Une mort parmi quelques autres dans ce film où les aristos s’entretuent tranquillement à coups de pointes assassines, sans savoir que la Terreur allait bientôt  leur faire beaucoup plus mal.

Le grand talent de Patrice Leconte est d’avoir donné aux noirceurs de cette  époque les couleurs d’un univers de magnificence un régal pour les yeux.

 

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La scène de la mouche

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La scène de la mouche

IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST

La scène de la mouche

 

Il était une fois Sergio Leone, le rédempteur du western de papa, l’auteur de ce film mythique qui inaugure un nouveau genre, le western spaghetti.  Passons sur cette étiquette idiote et redécouvrons l’Ouest américain à travers la vision d’un Italien génial.

Ses images stupéfiantes, il les a tournées en Andalousie, mais aussi dans le décor impressionnant de Monument Valley.

Ses acteurs… Des monuments aussi. Mais avant ce film, ils n’étaient que des valeurs sûres du box-office.  Depuis, on les a regardés avec d’autres yeux : Charles Bronson, Henry Fonda, Eli Wallach, Jason Robards… Leone en a fait des brutes sanguinaires, effrayants de vérité.

C’était vraiment ça,  « l’Ouest américain » ?  Des bagarres à n’en plus finir ?   Mais oui, puisque c’est dans le film.

Ah oui, j’oubliais, il y a aussi Jack Elam ; illustre acteur inconnu de nous, à la filmographie impressionnante, qui joue l’homme à la mouche de ma scène culte.  On ne le revoit plus, puisqu’il fait partie des troIs bandits massacrés par l'homme à l'harmonica à la quinzième minute du film.

La scène de la mouche

La scène d’ouverture, c’est un gros plan parfaitement immobile et silencieux de Jack Elam endormi.  Dans ce silence, qui va durer onze minutes, on entend juste le bzzz lancinant d’une mouche qui s’amuse à lui chatouiller la moustache.  Ca l’agace, il remue les lèvres, soupire, souffle, mais la mouche est tenace.  Il finit par se réveiller et d’une détente rapide, coince la mouche dans le canon de son revolver.

Fin de la séquence.

Onze minutes drôlatiques qui ne préfigurent pas la suite de l’histoire…

Quand on regarde ce visage endormi, on se dit qu’on n’aimerait pas le rencontrer au coin d’une rue, la nuit.

Pareil pur tous les autres, surtout ceux qui portent le fameux « cache-poussière », leur signe distinctif.

 

Entre parenthèse, à l’époque de la sortie du film, tous les ados et adultes dans le vent se sont mis à porter ce long manteau de daim plus ou moins griffé, la rue avait pris des allures de décor western ou Directoire. C’était très beau et nos mecs avaient une sacrée dégaine, avec leurs cheveux longs et leurs cigarettes au bout des doigts.

 

Mais je m’égare.  Il s’agissait de l’aspect menaçant des personnages de ce film dont la violence est dans toutes les mémoires. Tuer des enfants !  Même Tarentino n’ose pas.

Un autre coup de génie de Sergio Leone, c’est d’avoir choisi Ennio Morricone pour la musique.  Cette bande-son est devenue le symbole d’un suspense palpitant, et l’harmonica l’instrument légendaire du cow-boy guerrier, le banjo étant celui du cow-boy pacifique.

 

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La scène du duel au piano

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LA LÉGENDE DU PIANISTE SUR L’OCÉAN

La scène du duel au piano

La scène du duel au piano

Nous sommes tous de grands enfants et le cinéma est notre grand pourvoyeur de rêves, avec des histoires à dormir debout que nous écoutons avec ravissement.

Après Edward aux mains d’argent, en voici une tout aussi envoûtante dans son étrangeté. Comme le dit Max, le narrateur, au début du film, « personne ne croira un traitre mot de mon histoire ».

On n’y croit pas, peut-être… mais on s’en souvient, longtemps après, comme on se souvient de Cendrillon ou de Robinson Crusoê.

Le film, sorti en 1998, est tiré d’un roman d’Alessandro Barrico que Giuseppe Tornatore a adapté et mis en scène avec une musique d’Ennio Morricone.

Il raconte l’histoire insensée d’un enfant trouvé dans la salle des machines d’un paquebot et qui grandit dans ce navire sans jamais mettre le pied à terre. Baptisé Noveccento comme l’année en cours, mystérieusement doué pour le piano, il devient célèbre, refuse toutes les propositions de concerts sur la terre ferme. Il tombe amoureux d’une belle passagère jouée par Mélanie Thierry et renonce à l’accompagner lors de son débarquement, pris d’une peur panique de l’inconnu. Qui l’attend au sol. Il refuse même de quitter le navire lorsque celui-ci, trop vétuste, est condamné à être dynamité.

La dernière image, celle du paquebot disparaissant dans les flammes et glissant lentement dans la mer, serre le cœur.

Belle et triste histoire, que raconte son ami Max inconsolable de n’avoir pas su convaincre Noveccento de le rejoindre dans une vie normale.

La scène du duel au piano

La scène du duel au piano

La scène du duel au piano culmine au milieu du film, lorsqu’une star du jazz, Jelly Roll Morton, contrarié de la gloire de Noveccento, vient faire étalage de son talent pianistique devant l’assistance, sûr de sa domination.

Dans ce morceau de bravoure, Tim Roth qui joue Noveccento, dépasse le stade de la naïveté voulue par le rôle, pour frôler la niaiserie. Il a des expressions qui se veulent innocentes mais qui cachent mal la ruse qu’il prépare. Mais cela participe peut être à la note outrancière de la scène.

La scène est pleine d’effets énormes, depuis l’arrivée de Clarence Williams qui joue le musicien provocateur, quand on entend son pas lent résonner sur le parquet avant qu’il n’arrive près du piano et s’adresse à Noveccento sur un ton à peine aimable, on le voit venir, ça continue avec la cigarette qu’il pose ostensiblement sur le clavier avant de se mettre à jouer, et qui s’enflamme à la fin d’un numéro de virtuose magistral, au contact des touches brûlantes….(oui oui !) . La salle exulte … C’est le tour de Noveccento… C’était prévu, il fait une misérable improvisation sur le thème de « Holly night… » C’était prévu, on le hue. « Et alors ??? » on halète, on connaît la fin, mais le suspense est fonctionne.

Il avait bien préparé son coup… Pour sa troisième prestation, il s’assoit lentement, demande une cigarette…. La pose sur le clavier… Aïe, on se doute de la suite. Démonstration fulgurante, ben oui.

La cigarette s’enflamme aussi, et il la plante dans la bouche de Jelly Roll Morton pétrifié sous les flashes des photographes et les vivats de la foule.

Tout çela est gros comme une maison, mais c’est ce que l’on voulait voir, le bon qui corrige le méchant, c’est une fin logique et jubilatoire pour le spectateur lambda.

D’ailleurs, toutes les scènes culte ont un point commun : elles repoussent les limites du crédible.

Et puis, ce n’est qu’une scène, le reste du film n’est que délicatesse, et finit dans la tragédie.

Une légende qui pourrait bien être une histoire vraie.

Miss Comédie

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LA COLÈRE DU TIGRE aux Célestins Théâtre de Lyon

Publié le par Miss Comédie

LA  COLÈRE  DU  TIGRE aux Célestins Théâtre de Lyon

Je reviens au théâtre, après avoir passé sous silence Le Roi Lear défiguré par Olivier Py.

Aujourd’hui, parler de la pièce de Philippe Madral montée par Christophe Lidon est plus facile.

Il n’y a pas de surenchère dans l’avant-gardisme, la mise en scène est sans chichis,  elle se confond avec les dialogues percutants ou émouvants,et les déplacements des personnages qui suivent leurs impulsions.  Tout simplement.

Le décor, lui aussi, est sans artifice, celui d’une  modeste maison de campagne avec vue sur l’océan.

Seul, un grand panneau transparent aux couleurs des Nymphéas descend sur le devant de la scène lorsque Monet vient lire une de ses lettres à Clémenceau.

 

Après sa création à Paris au théâtre Montparnasse l’an dernier, la pièce revient aux Célestins de Lyon.

Claude Brasseur tient toujours le rôle de Clémenceau,Yves Pignot remplace Michel Aumont dans le rôle de Claude Monet.

Je n’ai pas vu Michel Aumont, mais Yves Pignot fait le poids face à l’écrasante présence de Claude Brasseur.   Il incarne un Monet meurtri, diminué par une vue défaillante, incapable de convaincre son ami de son incapacité à peindre. 

J’étais émue de le revoir après avoir été sa partenaire dans une lointaine production pour l’ORTF… Sa carrure  a suivi l’évolution  de sa carrière : imposante !

 

Le duo fonctionne parfaitement, ils sont de stature égale, et dans le conflit qui les oppose ils montrent la même énergie dans leur entêtement, la même ferveur dans leur amitié.

Lequel des deux aura le dernier mot ? Ils ont de brefs affrontements, très violents, durant ce séjour du peintre chez son ami de toujours.  Mais ils reviennent vite à leur complicité, à leurs confidences, à leur amitié qui semble indestructible.

C’est tout ?  Vous dormez déjà ? 

Non, voilà qu’apparaît Sophie Broustal qui joue Marguerite, l’amie, la bien-aimée.

Dans sa correspondance publiée en  2008 Clémenceau révèle son amour platonique pour Marguerite Baldensperger, de 40 ans sa cadette, dont la fille vient de se suicider. « Je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir », lui écrit-il.

 

Dans la pièce, Sophie Broustal incarne avec grâce  cette jeune femme éprise d’un tigre qui, pour elle, a rentré ses griffes.

Cette histoire d’amour improbable, on y croit.  C’est tout le talent de l’une et de l’autre : de l’émotion pure.

 

L’amitié et l’amour se mêlent donc dans cette ambiance équivoque entre la colère et les larmes du tigre, sous les yeux de la servante bretonne,  inénarrable.  Marie-Christine Danède est là pour détendre l’atmosphère et ça marche !

 

Je n’ai rien dit sur Claude Brasseur ?  Et bien, ma foi, il est sans surprise, égal à lui-même, grand professionnel,  surtout quand on sait qu’il y a quelques mois à peine il faisait  au cours du tournage de « L’étudiante et monsieur Henri », ,une chute qui l’immobilisa durant tout l’été...

 

Le spectacle a quitté le théâtre des Célestins le 112 déceùbre dernier

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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BONNE ANNÉE 2016 !

Publié le par Miss Comédie

BONNE ANNÉE  2016 !

Merci à la belle équipe d’Overblog pour leurs vœux pleins d’optimisme pour l’année à venir. Ils nous annoncent d’importants changements  pour le début de l’année et je tremble.  Maintenant que je me suis péniblement (et incomplètement) adaptée aux nouvelles manettes de cette machine interplanétaire, s’il faut encore réviser le code, je renoncerai à passer  le  permis.

Aujourd’hui je peux encore me lancer dans l’espace Over-blog pour vous parler d’une triste nouvelle, la première de l’année, la disparition  de Nathalie Cole, qui nous a quittés le 31 décembre.

J’ai le souvenir d’une  chanteuse en pleine gloire qui était venue chanter au Sporting de Monte-Carlo un été.  Je fêtais mon anniversaire dans la Principauté et nous avions assisté à son récital.  Elle était magnifique, en fourreau noir, et son tube planétaire « Unforgettable » qu’elle chante accompagnée de la voix de son père Nat King cole, avait déchaîné l’enthousiasme.

J’avais écrit un blog sur eux en janvier 2011 que vous pouvez revoir en tapant sur google <<<unesceneparjour.com nat king cole>>>

 

Et puis bien sûr, Michel  Galabru,  lui aussi, a quitté la scène. Pour lui je n’ai pas d’archives personnelles mais les medias se chargent de lui rendre hommage.  C’était une immense figure de notre paysage comique, peut-être la dernière  de la génération des  Bourvil, Fernandel, Raimu, de Funès…

Et puisqu’on parle de de Funes, voici la scène culte d’Oscar, un film fou qui a fait pleurer  six millions de spectateurs en 1967.

 

Dernière minute : voilà que ce matin, Pierre Boulez a lui aussi tiré sa révérence !  Le monde est-il devenu invivable ?  Il y a déjà un raz de marée d'hommages qui fait déjà oublier celui de Galabru.

Lequel des deux aura la priorité au paradis ? 

Prions pour que ce mois de janvier ne devienne pas un record de disparitions...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BONNE ANNÉE  2016 !

ZOOM SUR LA SCENE CULTE QUI DÉBUTE 12016

 

OSCAR,  d’Edouard Molinaro

La scène du nez

 

Cette scène est une tuerie, comme d’ailleurs de nombreuses séquences de ce film qui n’a pas pris une ride.

Elle est inracontable. Il faut la voir.  Et la revoir, on pleure à chaque fois. Enfin, moi.

Le film est adapté d’une pièce de théâtre de Claude Magnier dans laquelle Louis de Funes faisait déjà un numéro étourdissant.

Dans le film, Claude Rich est formidable de rouerie, d’humour et de cynisme. Beau début de carrière, après Les Tontons Flingueurs(1963) !

J’adore aussi  Mario David, hilarant dans son rôle de brute au cœur tendre.

Mais il faut aussi appuyer sur «  pause »à chaque apparition de Paul Préboist.

Ah, Paul Préboist, un monument d’ingénuité, de sincérité,  le bonheur de jouer personnifié, son sourire est une bouffée d’air provençal, c’est un personnage à la Daudet, irremplçable, irremplacé.  Il est mort en 1997, je ne m’en souviens pas, on en a très peu parlé. Il avait seulement 70 ans et il avait confié, peu de temps avant, à la télévision, qu’il était toujours vierge.  On le croit !

 

Paul Préboist n’apparaît pas dans la scène du nez.  Il n’y a que Mario David, Agathe Natanson et Claude Gensac, alignés, bouche bée, qui assistent à l’improvisation très chiadée de de Funès.

Un moment inénarrable, qui se prolonge au-delà du raisonnable, pour finir couché sur le canapé.

L’ énergie de cet homme de 53 ans qui venait à peine de se faire connaître après vingt ans de carrière anonyme, est sidérante.

Cette énergie dévastatrice , il l’emploiera jusqu’à sa mort à crever les écrans et à brûler les planches. Elle lui vaudra quelques infarctus dont il se sortira, boulimique de travail, mais vaincu il s’endormira en janvier 1983.  Sa mort fut un drame national, il faisait partie de notre vie, il nous redonnait le moral dans les moments difficiles, il suffisait d’aller voir un de ses films, et de Rire.

Mais il est toujours là, dans les salons le soir, quand les enfant assis par terre en rang d’oignon partagent la même hilarité que leurs parents devant un comique immortel.

Miss Comédie

 

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Le soir de Noël dans Edward aux Mains d'argent

Publié le par Miss Comédie

Le soir de Noël dans Edward aux Mains d'argent

EDWARD AUX MAINS D'ARGENT

 

C’est une histoire qui nous rend notre âme d’enfant. Une histoire à couper le souffle, qui nous emporte dans un monde imaginaire où l’on retrouve les bons et les méchants du monde réel mais tellement plus poétiques !

C’est une histoire qui tombe à pic, puisqu’elle parle d’un garçon qui pouvait faire tomber la neige le soir de Noël, par la magie de ses mains d’argent.

J’adore Tim BURTON et son monde fantasmagorique  à la fois terrifiant et émouvant.  Je suis, devant ses films, une enfant éblouie qui retrouve ses premières émotions, les plus pures, celles d’un monde étrange que l’on a quitté pour venir sur terre.

D’Edward aux Mains d’argent il dit que c’est son œuvre la plus personnelle, nourrie de ses souvenirs d’enfance dans la banlieue deBurbank en Californie.

Peut-on imaginer un autre acteur que Johnny Depp pour ce rôle de créature artificielle mais tellement humaine ?  Non.  Il est sublime.

Et pourtant, la production avait d’abord approché Tom Cruise.   Puis  Tom Hanks, qui préféra s’engager sur Le Bucher des Vanités.  Puis… Michael Jackson….

Tim Burton et Johnny Depp se rencontrèrent pour la première fois au bar de l’hôtel Bel Age de Beverly Hills en avril 1989 et Burton vit tout de suite dans les yeux de Johnny Depp le regard de sa créature, un regard   d’une fixité extraordinaire,  le regard  idéal pour le personnage quasi muet de son histoire, son seul moyen d’expression.

Ce fut une rencontre décisive dans leur carrière à tous les deux. Après ce premier film ensemble, ils se sont retrouvés plusieurs fois encore pour des films tout aussi ensorcelants.

 

La scène culte de ce conte de fée se passe le soir de Noël.

Tandis que la famille adoptive d’Edward s’occupe de décorer la maison brillamment illuminée, Edward est dans le jardin où le froid a transformé le jet d’eau en bloc de glace.  Soudain inspiré par ce spectacle, Edward entreprend de sculpter ce bloc informe et ses ciseaux d’argent se mettent en action avec une dextérité, une rapidité stupéfiantes, faisant jaillir des milliers de flocons qui semblent venir du ciel.

Kim, la jeune fille dont il est amoureux, attirée par cette magie, offre son visage à la caresse de cette neige que l’on n’attendait plus.

Et le quartier tout entier se réunit autour d’Edward en transes, pour admirer ses sculptures de glace d’où naissent les flocons miraculeux.

 

C’est cette vision céleste que raconte Kim, devenue grand-mère, à sa petite fille qui lui demande « d’où vient la neige, grand-mère ? »

L’histoire se poursuit dans le drame, Kim ne reverra plus Edward,  mais son  souvenir  restera gravé pour la vie dans son coeur.

C’est le début et la fin de ce film merveilleux, baigné d’une musique divine.  Un vrai conte de Noël que vous allez adorer si vous le projetez chez vous devant vos enfants éblouis.

 

Joyeux Noël à tous,

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

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Noiret, Rochefort et Marielle...

Publié le par Miss Comédie

Noiret, Rochefort et Marielle...

LES GRANDS DUCS,   film de PATRICE LECONTE

 

Attention, ce film sera bientôt  un film culte !  

Ereinté par la critique à sa sortie, en février 1996,  boudé par le public, il s’est fait remarquer par un clan de groupies qui se le repassent dans les soirées d’initiés.

Complètement déjanté, tourné à un rythme d’enfer, joué par des acteurs au sommet de leur folie, il multiplie les scènes d’anthologie.

`Difficile de choisir…

 

 

Patrice Leconte est spécialiste  des castings de rêve. En plus, il adore les stars et apparemment c’est réciproque.

Là,  il a fait fort encore une fois : trois des plus grands acteurs du moment : Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Philippe Noiret ensemble dans des rôles de comédiens ringards.  C’était gonflé.  Le scénario l’était plus encore, et quand ils l’ont lu,  les trois ont plongé en chœur.

C’était pourtant un peu risqué. Jouer les ringards quand on est trois têtes d’affiche, c’est jouer sur la corde raide. Un effet de trop et l’on tombe dans le grand guignol.

Dans ce film, les trois acteurs – et leurs partenaires – sont complètements zinzins – mais crédibles. Difficile à expliquer.

 

Chercher une scène fétiche dans Les Grands Ducs c’est chercher une tache noire sur le dos d’un  dalmatien.

Depuis les péripéties de leur casting jusqu’à la pièce de théâtre Scoubidou qu’ils interprètent de ville en ville dans la plus grande confusion, chacun des trois a sa minute de folie.

 

Mais prenons la scène de la scène où Noiret, Rochefort, après avoir décroché leurs rôles grâce à une honteuse remise sur le cachet de base, vont proposer à Marielle d’être leur partenaire dans la tournée.

Ils le trouvent en pleine crise de fureur contre son voisin  avant de le voir démolir une cloison  de son appartement à coups de piolet.

On est d’emblée dans le bain avec les trois personnages bien positionnés sur le terrain.

Noiret l’attaquant , conquérant,  beau parleur, théâtral.

Rochefort, l’ailier gauche, très gauche, simulateur, séducteur, comique  au 38ème degré, impérial.

Marielle, le gardien de but, hyper-buté, parano, belliqueux,  imprévisible et grandiose.

Ensuite, il n’y a qu’à les suivre dans leur tournée à travers la France et traquer les mini scènes-culte.

Nous assistons à une pièce de théâtre dont nous ne voyons que quelques scènes, chaque fois un désastre. Personne n’est à son poste au moment voulu.

Marielle obsédé par l’état de santé de son bébé, pendu au téléphone entre chacune de ses entrées en scène,  (essayez de l’imaginer disant « des cloques ? » d’une voix tremblante)  Rochefort éperdu dans le décolleté de l’actrice principale récalcitrante, Marielle encore, fuyant les avances d’un partenaire gay, Noiret au commissariat,  Rochefort en plein délire sexuel, Marielle jouant les intermittents du spectacle pour solliciter la générosité du public.

Et je ne parle pas de Michel Blanc, inénarrable dans son rôle de « méchant » producteur au bord de la faillite, qui hait les acteurs et  n’a qu’une idée en tête, handicaper l’actrice principale pour saboter la pièce.

 Et enfin cette actrice principale, Catherine Jacob qui joue la diva avec panache, incompréhensible mais pleine de panache, toute en rondeurs pulpeuses.

Je vous le dis, ce film est inénarrable, on ne peut le narrer, il faut le voir, un soir de déprime, et le revoir le lendemain pour être sûr de n’avoir pas rêvé. 

 

Miss Comédie

 

 

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La scène de la cuisine dans les tontons flingueurs

Publié le par Miss Comédie

La scène de la cuisine dans les tontons flingueurs

LES TONTONS FLINGUEURS

LA SCENE DE LA CUISINE

On ne s’en lasse pas, c’est la scène culte par excellence, dans un film qui, dans l’ensemble a un peu vieilli.  Seuls les dialogues sont  restés jeunes, les dialogues vitriolés  d’un Michel Audiard en pleine forme.

On oublie volontiers que  le film est l’adaptation à l’écran du troisième volet de la trilogie d’Albert Simonin : Touchez pas au grisbi, Le Cave se rebiffe et  Grisbi or not grisbi,  intitulé pour le cinéma  Les Tontons flingueurs.

Sorti en 1963, en pleine Nouvelle Vague, il n’eut qu’un petit succès en salle et la critique le fustigea, comme Henri Chapier qui écrivit « Vous pavoisez haut mais vous visez bas… »   Il n’avait pas le don de voir l’avenir….  Georges Lautner, le réalisateur, avait peut-être visé bas, mais il avait visé juste !

La scène est tellement secouée qu’on la dirait improvisée.  Dès qu’ils sont dans la cuisine assis autour de la table et que Francis Blanche sort la fatale  bouteille de « Bizarre », tout va très vite, il faut revoir et revoir  chaque mimique, ré-entendre chaque réplique, car  une seule fois ne suffit pas. 

Ce qui est extraordinaire, et peut-être voulu par Georges Lautner, c’est la différence de tempérament comique entre les trois principaux personnages,    Ventura, Blier et Lefebvre.   J’exclus Francis Blanche qui est moins drôle car il en fait trop.  Mais les trois autres ont chacun un naturel, une intériorité  qui n’appartient qu’à chacun d’eux.  Ils sont eux-mêmes, étourdissants de drôlerie, sans forcer la note.

Ventura est lugubre, Blier est anéanti, Lefebvre est  ahuri, ils ne jouent pas sur le même registre mais leur pouvoir comique est le même.

Robert Dalban le majordome ouvre le bal : « Alors, on a sorti le vitriol ? »  La cérémonie peut commencer, la bouteille de « Bizarre » circule, on remplit les verres.   Le rythme se ralentit un peu, on prend son temps pour arriver au point culminant, l’absorption du breuvage. Gros plan sur chacun des visages en plein suspense.

On trinque,  Blier ose le premier, aussitôt suivi par les autres, il avale une gorgée, on entend le liquide passer dans le gosier Il articule, les yeux dans le vague : « Il faut reconnaître… c’est du brutal ! »   

Cette réplique-là deviendra une sorte de benedicite pour les piliers de bar et les adeptes du pousse-café.

 Jean Lefebvre   essuie une larme. 

 Ventura ébranlé  assène « j’ai connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner… » tout cela ponctué par les glou-glous. Ils sont au bord de l’asphyxie.    Ensuite, évidemment, l’ambiance tombe un peu, mais reste quand même très imbibée, et je suppose que l’improvisation a pris le relais car on dit que la scène s’est prolongée jusqu’à une heure très tardive de la nuit.

On ne peut pas croire que cette bouteille de « bizarre »  ne fût pas du vrai « brutal » ni qu’elle ne fût pas entièrement vidée et suivie de quelques autres jusqu’ à la fin de la scène…

On imagine aussi l’équipe technique autour du cameraman et du réalisateur, se tenant les côtes face à ce spectacle -  mais la question est : y a-il eu plusieurs prises ? 

        Cette scène de la cuisine, Michel Audiard  voulait la supprimer, il la trouvait « inutile » !  Mais Lautner  y tenait absolument et  l’a conservée pour le bien de la postérité.

Quant à Lino Ventura, contacté après les défections successives de Jean Gabin et de Paul Meurisse, il hésita à accepter : « mon personnage  et ceux de mes partenaires sont des personnages comiques. Or moi, dans ce rôle de composition, je ne serai pas crédible. »   Il n’a pas essayé de faire le clown mais tout en restant lui-même, il était au diapason, parfaitement crédible.

Un coup de blues ?   Vite,  installez-vous devant les  Tontons flingueurs et savourez la détente.

Miss Comédie

 

 

 

 

 

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La Dolce Vita et la fontaine de Trévi

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La Dolce Vita et la fontaine de Trévi

 

LA DOLCE VITA    ET LA FONTAINE DE TREVI

 

Ce film, sorti en 1960,  inaugure bien la décennie la plus f oldingue, la plus poétique et la plus novatrice depuis les années trente.

C’est une fresque insensée qui décrit notre monde en douze tableaux évoluant sur la via Veneto. Un monde où les plaisirs ont la part belle au milieu des interrogations mystiques, des préoccupations de l’esprit, de la douloureuse  fuite du temps, thèmes graves dominés par la présence charnelle de la Femme, instigatrice de tous les maux.

Tout cela est quand même très subversif, pessimiste et légèrement pornographique.

Lors de la première projection  du film à Milan, le 5 février 1960,  Fellini et Mastroianni ont été agressés par la foule et à deux doigts d’être  lynchés. 

N’empêche, au Festival de Cannes qui a suivi,  le film  reçut la Palme d’Or.    Les foules sont versatiles.

Au milieu d’une distribution pléthorique, en majorité italienne, Marcello Mastroianni se promène en  Candide  tour à tour émerveillé, perverti ou meurtri en compagnie de partenaires féminines à la beauté pulpeuse – le type féminin de prédilection de Fellini.  Dans la scène qui nous occupe, celle ô combien légendaire de la fontaine de Trevi, Anita Eckberg les surpasse toutes.  Elle est fantastique.

C’est la nuit, la nuit romaine porteuse de tous les envoûtements, obscure et bruissante d’appels, de murmures.

Anita Ekberg erre dans les rues à la recherche de Marcello qui a pu  obtenir un rendez-vous nocturne.    Il est tombé sous le charme de cette star américaine venue en visite à Rome.   Il lui a donné une vague adresse et elle le cherche dans les rues désertes.   Elle a entre les mains  tout contre son cou, un tout petit chat qui miaule de toutes ses forces, elle lui parle doucement tout en criant le nom de Marcello et sa voix résonne sur les murs des ruelles.

Elle sait qu’elle finira par le retrouver, elle savoure les minutes qui passent, sûre de son pouvoir, grisée par la douceur de la nuit romaine.

Lui, à quelques mètres de là, doit éprouver la même sensation.  Peut-être qu’il la voit de loin,  il s’amuse à la suivre sans bruit.

Elle débouche tout à coup sur la place de Trevi, face à la fontaine jaillissante, assourdissante, fantasmagorique.  « Oh my Goodness ! ».

Immobile un instant, elle contemple.    Elle s’avance, le chaton sur la tête, et vacille devant le spectacle.

Elle n’y tient plus,  libère le chaton  qui s’enfuit, marche, vers le bassin et dans un dernier appel à Marcello, s’immerge jusqu’aux cuisses. 

Le visage levé, les yeux fermés, elle se laisse asperger par la cascade et c’est cette image-la que la caméra de Fellini fixa pour l’éternité.

C’est aussi cette image là que contemple Marcello.  On imagine son désarroi.  Mais quoi, elle l’attend, il faut y aller.

Du banc de pierre où il s’est assis, il se dit qu’après tout, la situation n’est pas dénuée de charme.

Au moment où Marcello rejoint Anita en extase au milieu du bassin, voilà que soudain… la fontaine se tait, les eaux cessent de jaillir, c’est le silence.

Ils sont face à face et… et bien, encore une scène qui finit par un baiser, je ne le fais pas exprès mais c’est courant dans  des situations comme celle-ci, même dans la vie.

De nos jours la vision de cette scène nous fait sourire « bien trouvé, le coup de la fontaine… » ou « qu’est-ce qu’elle était  belle Anita Ekberg ! »,

Cette scène est certes d’une grande poésie, mais finalement très chaste.  Pas de quoi lyncher ce pauvre Fellini, encore moins Mastroianni qui n’a fait que faire semblant ! (en tout cas sur le plateau…)

Enfin, quoi qu’il en soit,  il nous reste cette image magnifique, digne du plafond de la Sixtine ! Et une musique, celle de Nino Rota, bien sûr.   Le complément direct de l’image fellinienne.

 

A voir et revoir sur YouTube

 

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La Dolce Vita et la fontaine de Trévi

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DEMONS au Rond-Point : j'aime, moi non plus.

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DEMONS au Rond-Point : j'aime, moi non plus.

Avant de me lancer dans une analyse assez difficile (car qui suis-je pour juger une pièce  choisie par un metteur en scène aussi original et talentueux que Marcial di Fonzo Bo  et qui semble séduire un public très large ?)  je vous livre un extrait savoureux  de la critique du magazine ELLE : « pour mettre en bouche ces dialogues sèchement fouettés, un casting XXXL inédit. » Ouah !  Plus loin, on parle de la mise en scène : « infusé à Alfredo Arias, avant d’essorer son univers au contact de Claude Régy. »   J’ai apprécié le vocabulaire. C’est presque du Audiard (Michel). Il donne des complexes à qui veut écrire quelque chose de fort sur un spectacle. Mais enfin, pas trace de jugement de valeur, juste une description et je vais tenter d’aller plus loin.

 

Au début je me suis crue dans une pièce mineure  de Tennessee Williams. Un couple qui se livre à une sorte de combat rituel que l’on devine fréquent, provocations perverses, reproches lancés en rafale, bref la vraie scène de ménage vue et revue, pas un mot nouveau qui éveille l’attention, pas une réplique canon, mais on écoute et on regarde car les deux acteurs sont prodigieux, Romain Duris en Casanova élégant, Marina Foïs belle et féline, on pense à une Elisabeth Taylor de trente ans dans La Chatte sur un toit Brûlant. Plus la pièce avance, plus elle est  impressionnante.

Mais ça dure, ça dure. On s’ennuie. Tant de violence va mener où ?

Et bien justement, au bout d’une petite heure  arrive le couple de voisins du dessus (ou du dessous ?) également prodigieux dans des seconds rôles qu’ils vont vite survolter : Gaspard Ulliel, surprenant  en époux modèle d’une femme obsédée par sa maternité, une Anaïs Demoustier très mignonne.

Le face à face n’est pas tout de suite évident. L’entreprise de séduction est ardue. Un moment fort, Romain Duris en démon tentateur face à Gaspard Ulliel à peine réticent.  

Mais la scène ne vaut que par leur présence et leur talent.

Le texte est plat, démodé, sans surprise, mais les intentions sont là et les acteurs les font passer avec un naturel étonnant.  Ils sont habités, convaincants, menés par une direction d’acteur « infusée » à la Claude Regy.   Bref, ils sauvent la pièce.

C’est ce que j’ai ressenti, c’est ce qui rend difficile l’analyse : on est bluffé par le jeu des comédiens, on oublie la pièce.

 

Finalement, je me suis mouillée un peu plus que la journaliste de ELLE, quitte à me faire des détracteurs mais j’assume.

 

Miss Comédie

DEMONS, au théâtre du Rond-Point jusqu’au 11 octobre.

 

 

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JEREMY CHARBONNEL, LE RETOUR

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JEREMY  CHARBONNEL, LE RETOUR

 

l’HOMME MODERNE, c’est lui

 

Après un an, le revoilà dans sa ville natale. Il n’a pas changé heureusement !  Toujours joli garçon, sourire charmeur, cabot à mort mais sans se prendre au sérieux – si, c’est possible !

Son public l’attendait, à l’Espace Gerson plein à craquer.

Sa force,  on le savait, c’est d’avoir d’emblée trouvé son positionnement : le jeune homme bien élevé,   Quoi ? Pas marrant  comme type de personnage ?  Détrompez-vous !   On n’imagine pas ce qu’un jeune homme bien élevé peut receler comme turpitudes.

Il se moque de tout avec une élégante cruauté.   De caricature en caricature, il se transforme en « jeune » dépenaillé, en rom vautré, en blonde demeurée, en grand-père gaga, en DRH obsédée sexuelle, c’est inénarrable.

 

Ce qui frappe, c’est sa volonté de traiter le public en partenaire, d’en faire un complice.

A l’inverse de beaucoup de ses confrères qui font leur numéro en solitaires, centrés sur eux-mêmes, Jeremy Charbonnel ne nous quitte pas des yeux, nous prend à témoin, nous interpelle, et c’est un bonheur de lui donner la réplique avec quelques onomatopées sur lesquelles il rebondit allègrement.

A la fois très préparé et structuré, son one-man show  laisse la part belle à l’improvisation et souvent, c’est succulent , ces petites parenthèses entre deux tableaux prémédités.

Un spectacle mené à un train d’enfer. On le sent en pleine possession de ses moyens, sa voix va de la basse à l’alto au gré des vicissitudes de ses personnages.

Son jeu est libre, instinctif et en même temps parfaitement maîtrisé. Surtout, il aime son public et ça se voit.

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Le public, lui,  en redemandait.  Il nous a offert en rappel quelques improvisations comme celle sur  Steve Jobs (très irrévérencieuse !)

Sous les bravos, redevenu lui-même c’est-à-dire simplement séduisant, il prolongeait le spectacle à plaisir,  et quelques-unes des jeunes spectatrices se préparaient probablement à l’attendre la sortie pour lui proposer un dernier rappel en privé…

Beau, bien élevé et foldingue à la fois, c’est pas donné à tous les fils à papa  -  ni à tous les humoristes…

 

A L’Espace Gerson du 1er au 3 octobre et à suivre sur son site :

ww. jeremycharbonnel.com

 

Miss Comédie

 

 

 

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ZOOM SUR LES SCÈNES QUE J'AIME

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ZOOM  SUR  LES  SCÈNES  QUE  J'AIME

L’AFFAIRE THOMAS CROWN : LA PARTIE D’ÉCHECS  

Changement de registre.

Après la partie de cartes drôlatique, voici la partie d’échecs érotique. Restons calme.

Le film,  réalisé par Norman Jewison est sorti en 1968.   En `France cette année-là on découvrait  sous les pavés  la plage.  Les spectateurs du film, eux, découvrent sous l’échiquier, l’orage.

Cet  échiquier est la plaque tournante du film, le « pré » où vont s’affronter un homme et une femme en combat singulier.

L’éternelle guerre des sexes, en somme.

Nous avons ici la victoire de l’homme dans une fin très machiste, c’est pourquoi une deuxième version a été tournée par un John Mc Tiernan qui inversait les rôles en 1999.

 

 

Les acteurs sont deux stars en pleine gloire :

Steve Mc Queen s’empare du rôle que Sean Connery venait de refuser. Il dira plus tard que ce fut son r ôle favori. Evidemment, une scène comme la partie d’échecs ne se retrouve pas souvent dans une carrière…   A la lecture du scénario, il a dû immédiatement flairer la scène d’anthologie, même s’il a sauté la partie elle-même pour ne s’intéresser qu’à la fin.

 Il avait 38 ans et  jouait son rôle de séducteur à la ville comme à l’écran.

Faye Dunaway, elle aussi, se vit offrir le rôle de Vicky Anderson après le refus d’ Anouk Aimée et de…  Brigitte Bardot.  Elle avait le vent en poupe après son succès dans Bonnie and clyde.

Cette année-là, elle débutait une love affair avec Marcello Mastroianni – double  échec pour Thomas Crown !

Regardons maintenant cette scène.

Les amateurs d’échecs, tout à l’observation de la stratégie de chacun des coups,   ne seront sûrement pas   insensibles à la  bouffée d’érotisme qui s’en dégage, et pourtant, à première vue il ne se passe rien. 

Ils sont dans la pénombre, leur visage est impassible.  Ils sont visiblement concentrés sur… l’issue de la partie.

Front plissé pour Thomas Crown, il  évalue, anticipe,  et joue.  Geste précis, regard froidement satisfait de son coup.

Elle, en fait un peu plus.  Elle réfléchit, cela se voit, mais tout en passant négligemment  la main sous le tissu de son décolleté,  geste innocent qui veut dire « voyez, je fais n’importe quoi, sans y penser vraiment » et elle jette un regard rapide sur l’adversaire, et elle prend une pièce noire et elle joue.

Attente. Non, il ne se passe rien, on se dit « mais non, c’est moi qui pense toujours au… » et la caméra tourne autour d’eux, fait des plans impossibles, on voit le feu de cheminée qui brûle, lui, ouvertement, on revient sur les deux adversaires qui se mesurent.

On entend deux mots, murmurés au sujet de la partie ? On ne comprend pas bien ce qu’ils disent.

Encore deux ou trois coups, les pièces avancent vers la fin.  La tension monte. (car après tout, le jeu est passionnant, et puis il faut gagner, ce n’est pas le moment de penser à autre chose…)

Le front de plus en plus plissé, beau à tomber, Thomas Crown a un regard féroce et elle l’ignore, avec un doigt  posé sur sa bouche, qui lisse la pulpe des lèvres. Elle est vraiment garce.  Surtout qu’elle prend son Roi et le place, échec et mat.

A  ce moment du film, la Femme est la plus forte. Mais…ça va changer.

Ils restent un moment immobiles.   Il se lève, fait le tour de la table, l’arrache à son siège et… fin de la bouffée d’érotisme.  On est dans l’acte enfin, et si longtemps retenu le désir est d’une douce violence.  Le baiser aussi restera dans la mémoire collective.

Dans ce genre de scène, la première prise est la bonne, ou alors on tombe dans le film porno.  On imagine donc Mr Jewison après avoir dit « coupez ! », s’avancer vers ses deux acteurs pour leur serrer la main. « Wonderful ! Thank you very much ! ».

C’est marrant, le métier d’acteur...

 

Miss Comédie

 

ZOOM  SUR  LES  SCÈNES  QUE  J'AIME

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ZOOM SUR LES SCÈNES QU' ON AIME

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ZOOM  SUR  LES  SCÈNES  QU'  ON  AIME

 

 En ces temps instables,  nous sommes tous à la recherche des valeurs sûres – au fait, c’est quoi  au juste, les valeurs sûres ?  des idées, des marques de voitures,  des denrées alimentaires, des personnages  célèbres ?  on peut  en tout cas trouver des valeurs sûres au théâtre et au cinéma. Et en particulier dans certaines scènes mythiques qu’on ne se lasse pas de revoir.

Au théâtre, Gérard Philipe fut une valeur sûre, ô combien. Et puis pfffuit ! Disparu.  Personne ne peut plus revoir  Lorenzaccio avec lui dans le rôle titre, puisqu’il est mort.   Les scènes mythiques du théâtre  restent dans nos mémoires, c’est à chacun de restituer dans son souvenir la magie de ce que l’on ne reverra jamais.

Mais au cinéma, les valeurs sûres laissent des traces. Et certaines scènes  ont encore un succès d’enfer sur les grands et petits écrans.

Par quel miracle ?

J ai revu quelques-unes de ces scènes  et après mon instant d’extase j’ai eu envie d’en savoir plus sur leur histoire.   Et c’est  passionnant de voir à quel point l’impact de ces scènes  était imprévisible !  C’est juste le résultat d’une équation réussie entre le savoir-faire et le naturel, l’humeur fusionnelle des acteurs entre eux.

Au fond d’eux-mêmes ils  auraient dû le savoir, au moment où ils la tournaient, que la scène allait faire un tabac.  Mais on n’est sûr de rien et en tout cas le réalisateur, lui,  tout satisfait qu’il put être de la prise, ne se doutait pas qu’elle était plus que parfaite.

Voilà le mystère de ces scènes mythiques qui restent des valeurs sûres à travers le temps.

On  commence par la plus célèbre,  honneur aux anciens : depuis 1931 elle n’a pas pris une ride.

 

LA PARTIE DE CARTES  dans MARIUS

 

LE FILM

Réalisé par Alexandre Korda (1931) mais supervisé par Marcel Pagnol, MARIUS est le premier volet de la « Trilogie Marseillaise » de Pagnol, MARIUS, FANNY et CÉSAR.

Tourné en extérieurs sur le Vieux Port de Marseille, le film est une adaptation de la pièce de Pagnol qui fit un trimphe deux ans plus tôt

S au théâtre de Paris avec Raimu et Orane Demazis.

Sorti en 1931, c’est l’un des premiers films parlants où Raimu put se faire un nom grâce à sa voix tonitruante… et à son accent méridional.

LES ACTEURS

Qui joue quoi dans cette scène ?

César :   Raimu

Panisse :  Fernand Charpin

Escartefigue : Paul Dulac

Monsieur Brun : Robert Vattier 

LA SCENE 

Ils sont quatre autour de la table pour une partie de manille , dans ce  bar de la Marine que dirige César avec sa tonitruante hospitalité.

Ses partenaires, ce sont les habituels : Panisse, maître voilier dans le Vieux Port, Escartefigue, le Capitaine du ferry-boat, et monsieur Brun, l’œil des douanes, un lyonnais pur beurre qui parle pointu.

Ca commence calme, on galège juste comme il faut, mais il y a tout de suite quelque chose qui cloche, une petite malice qui pointe et qui va très vite dégénérer. 

 César  est un tricheur, c’est notoire.  Nous avons droit à un échange de mimiques  inénarrables entre lui et Escartefigue.  Après quelques passes d’armes bien envoyées, Panisse finit par quitter la table.

Les trois autres continuent à jouer en devisant.  Il est question maintenant de Marius et de sa mystérieuse  maîtresse.

Sujet scabreux s’il en est, dont César s’empare allègrement pour faire rebondir la scène qui faisait semblant de s’endormir !

Maintenant, après le « coup » du « Panisse coupe à cœur », on entend une vérité qui fait mal.  César, l’air de rien, balance  que « c’est dans la marine qu’il y a le plus de cocus… »

Escartefigue est marin, et fier de l’être.  Il est aussi cocu et tout le monde le sait… Touché au cœur, il quitte à son tour la table non sans avoir clôt la scène par un magistral « la Marine française te dit merde ! »

Tout cela est à pleurer de rire, on ne se lasse pas d’entendre cette truculence  marseillaise débitée avec un naturel phénoménal  par des acteurs grandioses.

A voir et revoir sur YouTube.

Et à bientôt pour une autre scène de folie.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

AOOM

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LE CLIN D'OEIL DE LA RENTRÉE avec HOPPER

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LE CLIN D'OEIL DE LA RENTRÉE avec HOPPER

AU BUREAU LA NUIT (Office at night, Edward Hopper 1940-)

 

«  Daisy, ne me quittez pas…

«  Mais monsieur, je vais me marier ! J’arrête de travailler !

«  Comment vais-je faire sans vous ?

«  Je ne peux pas me passer de vous !

«  Je vous ai trouvé une remplaçante qui a de bonnes références.

«  Ma préférence c’est vous, Daisy.

«  C’est la secrétaire parfaite sous toutes ses formes.

«  Vos formes sont plus que parfaites, je n’en veux pas d’autres !

«   Elle tape à la machine  aussi vite que moi !

«  Vous, c’est dans l’œil que vous m’avez tapé c’est l’essentiel.

«  Elle parle trois langues !

«   La vôtre me suffit !  Bon, Daisy, je double votre salaire si vous restez.

«   Je vous ai dit que j’épousais un milliardaire !

«  Je vous emmènerai en voyage d’affaires à Paris.

« Monsieur vous me gênez, n’insistez pas, voyons !

«  Bon alors, je me vois obligé d’employer la manière forte.

«  Quoi, vous allez être brutal  ?

«  Non pas brutal, mais convaincant .   Vous n’aimeriez pas que votre futur époux sache à quoi vous occupez vos heures supplémentaires avec moi  ?

«  Monsieur…

«  Oui, je peux lui conseiller d’aller questionner le veilleur de nuit de l’hôtel Bijou, à deux pas d’ici.

«  C’est indigne de vous !

«  L’amour peut conduire à des extrémités regrettables !

«  Mais vous m’aimez  vraiment ?

«  Comme un fou, Daisy.  Alors,  je préfère passer pour un mufle que me passer de vous.

«  Ah oui ?  Et bien vous savez quoi ?   Je  ne me marie pas !

«  Ah, bien.  Je vois que mes arguments ont porté… je suis rav…

«  … non, à vrai dire, ces heures supplémentaires me font horreur.  je vais chercher un job sans heures supplémentaires.

 

Miss comédie

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LA ROQUE D'ANTHERON, PIANO ROI 2

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LA ROQUE D'ANTHERON, PIANO ROI 2

 

CONCERT DU 19 AOUT 2015 ;  ALEXANDRE LE BIEN-AIME

 

THARAUD est notre chouchou à tous.  Pas une place vide sur les gradins hier soir.  Ses adorateurs viennent l’écouter, avant même de connaître son programme. 

Mozart, pour commencer, avec une succession de sonates ingrates  puis cent mille fois entendues qui m’ont plongée dans l’ennui.  Tharaud joua les premières  sans entrain, pour reprendre un peu de nerf à la dernière, la trop célèbre Marche Turque.

Fin de la première partie.   

Je suis triste, Tharaud m’a déçue.  Pourquoi ce choix sans audace  qui semblait l’ennuyer lui-même ?

Le public applaudit cependant, je le trouve bienveillant.

Un public plus abondant chaque année, qui se répand dans le parc à l’entracte, se presse autour du bar pour la rituelle coupe de champagne. L’ambiance est toujours magique dans un mélange coloré d’accoutrements et de dégaines, des bourgeoises en tenue chic, aux artistes un peu débraillés et aux marginaux des concerts, habillés comme au marché.  Mais l’ensemble fait le bonheur des habitués qui viennent aussi pour les rangées de séquoïas et les 365 platanes qui bordent le parc.

 

Tharaud a-t-il lui aussi avalé sa petite gorgée pétillante en coulisses ?

 

Car  la suite me rassure vite.  Passant du classique au romantique, il réveille la flamme de son regard et l’éloquence ses doigts dans la sublime Fantaisie en fa mineur de Chopin. L’euphorie renaît dans le public. On entend enfin crier « bravo » au milieu des applaudissements.

Pour la fin il a choisi Ravel, dans lequel il excelle.  La belle suite « Miroirs », toute en contrastes, nous rappelle l’étendue du talent de l’artiste et de l’interprète. La violence succède à la douceur, les frémissements de l’eau calme puis l’agitation impatiente du vent dans les arbres, toute la folie douce de Ravel dans ces courtes pièces d’inspiration bucolique.

(Pardonnez le lyrisme…)

Oui, le talent de Tharaud est intact.

Il salue, tout frêle dans son smoking noir, son éternel sourire d’enfant sage  aux lèvres.

On le rappelle, il ne se fait pas prier.  Tharaud est généreux, les rappels ne lui font pas peur, quatre fois il est revenu avec des morceaux délicieux tirés de son répertoire éclectique : Scarlatti, Chopin, Rameau et… le voluptueux « The Man I Love » de Gershwin qu’il exécute avec le tempo d’un jazzman de carrière !

Belle soirée- à propos, il  fait toujours beau à La Roque d’Anthéron, je n’ai pas subi d’orage ni même de pluie en trente-cinq ans de concerts !

Belle fin d’été en musique, donc.  Plus de festivals, plus de concerts, plus de canicule, il va falloir affronter la jungle des villes avec au cœur ces souvenirs sans importance mais tellement  bienfaiteurs.

 

Miss Comédie

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LA ROQUE D'ANTHERON, PIANO ROI

Publié le par Miss Comédie

LA ROQUE D'ANTHERON, PIANO ROI

 

 

CONCERT DU 9 aout 2015  . LA SYMPHONIE TESTAMENT

 

ll y a eu  d’abord ce premier choc pianistique, à 18h, avec la toute jeune et frêle Béatrice Rana qui nous a  nous a entraînés dans un récital en forme de crescendo avec une dextérité et une technique infaillibles :   une partita de Bach délicatement allègre suivie d’ une sonate de Chopin où se mêlent   la fougue et la mélancolie, pour finir avec une valse de Ravel étourdissante – les trois temps d’une démonstration de virtuosité qui laissa le public pantois.  Ovation, rappels, on est là devant une  future grande concertiste.

 

 

 Beau début de soirée avant de saluer le talent confirmé d’Anne  Quéffelec, qui partage le plateau avec l’orchestre Sinfonia Varsovia.

Un concerto de Mozart, pas le plus envoûtant, mais la magie de Mozart opère toujours.  Un concerto de Beethoven, le sublime n°4 – comme un défi à Mozart

 

Et puis, Anne Quéffelec s’est retirée après trois rappels très jolis.

Et l’orchestre est resté pour cette Symphonie N° 2 de Beethoven.

Je n’aime pas les symphonies, pas plus celles de Beethoven que les autres.  Mais celle-ci était annoncée dans le programme comme étant la « symphonie- testament » du compositeur.

Comme preuve, un document rare était joint au programme, une lettre de Beethoven à ses frères, formulée comme un testament.  Déchirante.  L’ultime sanglot d’un être privé de son sens le plus précieux depuis déjà de longues années.

Après avoir lu cette lettre, on est prêt à entrer dans cette symphonie avec émotion.  On imagine Beethoven devant sa partition, écrivant chaque note avec le souvenir de cette note, sans pouvoir l ‘ entendre sur le clavier. Comment est-ce possible ?  Il  faut se laisser guider par l’instinct de la Musique, sa main guidée par une force mystérieuse comme l’ écriture automatique des médiums.

Bizarrement, je n’ai pas trouvé poignante l’écoute de cette symphonie. Au contraire, elle contient de nombreux passages empreints d’allégresse au point que l’on se demande si l’écriture du Testament de Helligenstaadt,adressé à ses frères, ne l’a pas  soulagé d’un poids trop longtemps contenu et  ne lui a pas inspiré une œuvre pleine d’espoir.

 

Comme dans un nouvel élan, Beethoven écrivit encore huit symphonies et ce n’est que 25 ans après sa lettre-testament qu’il rendit le dernier soupir, à l’âge de 56 ans.

 

 

 

Il écrit  : « Après ma mort, ne m’oubliez pas… » et il ne se doutait pas que 125 ans  plus tard son œuvre allai lui survivre et résonner sous les séquoIas du Parc de Florans à La Roque d’Anthéron.

 

 

 

 

 

LA ROQUE D'ANTHERON, PIANO ROI

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FEYDEAU A GRIGNAN vu par la petite classe

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FEYDEAU  A  GRIGNAN vu par la petite classe

Je vais avoir neuf  ans ce mois-ci et mes parents m ‘ont emmenée au théâtre en plein air à Grignan voir un spectacle de Feydeau.

C’était magique, quand on s’est installés sur les gradins, il faisait encore jour et nous avions en face de nous l’immense façade du château où la marquise de Sévigné passait ses vacances, paraît-il, il y a très longtemps.

C’était impressionnant,  toutes ces fenêtres fermées et cette grande cour vide où les comédiens allaient jouer.

Je m’attendais à voir des dames en crinoline et des messieurs en culottes de velours se faire des révérences, j’avais hâte que ça commence.

Il y a eu tout d’un coup un coup de canon et une grosse fumée est sortie d’un monticule en bois posé par terre, et j’ai cru qu’un incendie s’était déclaré et qu’on ne verrait pas la pièce.

Mais un homme en noir est venu  annoncer quelque chose, on m’a dit que c’était le Diable et j’ai compris que c’était lui qui avait fait de la fumée  pour nous intriguer.

Le spectacle a commencé  et je me suis crue revenue au jardin du Luxembourg à Paris, devant le théâtre de Guignol, mais avec de vrais gens.

Et puis là, il se passait  des choses qui intéressent surtout les grandes personnes, la femme se tenait le ventre et criait de douleur, le mari essayait de la calmer mais elle le traitait de tous les noms et finalement elle lui a ordonné de se mettre un pot de chambre sur la tête et il l’a fait.   C’était horrible. Ensuite  les parents de la dame sont venus et ils se sont moqués de lui, et puis un homme déguisé en  femme  est arrivée, il faisait le docteur et il a envoyé la dame dans sa chambre, le mari est resté avec son pot de chambre sur la tête et à la fin il l’a planté sur la tête du papa de la dame, exactement comme à Guignol, sauf qu’à Guignol je comprends bien tout ce qui se passe, là non.

J’ai pas trop aimé cette pièce.. Les gens ont applaudi, ils avaient l’air très contents. J’ai regardé mes parents, ils faisaient une tête  d’ enterrement. Je pense qu’ils n’ont pas compris non plus cette histoire de pot de chambre.

 

Après il y avait un lit sur la scène et une dame qui dormait était réveillée par son mari qui rentrait d’une fête déguisé en Roi Soleil. Ca, c’était drôle, elle l’engueulait, c’est normal, ils  ont discutaillé pendant des heures jusqu’à ce qu’il se couche et là, on a sonné et c’était  le Diable  qui venait annoncer que la maman de  la dame était morte.  La dame a fait  une crise et le mari s’est depéché d’écrire  à la Pompe Funèbre de préparer la tombe.  Je me doutais bien qu’il fallait attendre un peu et crac !  voilà qu’on apprend que la morte, c’était pas la maman de la dame mais sa voisine de palier.  Exactement comme à Guignol.

Ca, c’était plus drôle, j’aimais beaucoup le personnage du Diable (ils auraient dû lui mettre des cornes, comme à Guignol).

J’étais un peu inquiète parce que je voyais  mes parents, ils avaient l’air de s’embêter, ils ne riaient pas du tout.    Pourtant,  les acteurs gesticulaient bien et on entendait bien les mots quand ils criaient. 

 

 

La troisième pièce, j’ai vraiment détesté, c’était dégoûtant.  Soi-disant un bébé avait pas fait dans son pot  et la maman voulait le purger. Le père s’en fichait  complètement, vu qu’il essayait de vendre des  pots de chambre incassables à un client.   Là, il y a eu un truc très marrant, quand le père a lancé un pot de chambre à l’autre bout de la cour et qu’il s’est cassé !  La tête qu’ils ont fait, bon, c’était pas fin-fin, mais je riais comme à Guignol, ou à Astérix, mais j’avais un peu honte de rire puisque mes parents ne trouvaient pas ça drôle.

Alors le soi-disant bébé est arrivé,  et  j’ai reconnu le Diable déguisé en bébé  qui arrêtait pas de dire « j’veux pas me purger » et tous ils s’y mettaient pour lui faire avaler sa potion, ça n’en finissait plus. Finalement, il la leur a fait avaler à tous,  ils  sont tous partis en courant  et  le bébé-diable  est resté à rigoler.

Je me demandais ce que je dirais si je tombais sur Feydeau à l’interro de Français, je n’oserais pas citer les sujets de ses pièces.   Je dirais seulement que ce devait être très difficile à jouer pour des acteurs, et très fatigant.

 

C’est sûrement pour ça qu’ils ont été très applaudis,  même par mes parents qui n’ont pas ri du tout.  J’ai entendu ma mère dire à mon père en soupirant « il faut aimer Feydeau .. "       !  ».

J’ai cru comprendre qu’elle conseillait d’aimer Feydeau.  Je veux bien essayer, mais c’est vraiment pas un auteur pour les enfants.

 

Miss Comédie

PS    Bravo au travail des comédiens et de Didier Bezace, le metteur en scène qui, eux, aiment Feydeau et le prouvent !

 

 

 

 

 

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LA BELLE HELLÈNE

Publié le par Miss Comédie

LA BELLE  HELLÈNE

 

Que fait donc Zeus, sur son Olympe,  entouré de ses camarades les dieux et déesses nantis de pouvoirs extra-terrestres, à contempler l’effondrement de son domaine sans bouger le petit doigt ?
Zeus, on le sait,  s’amuse parfois à déclencher des guerres, même s’il ne prend pas parti.   Celle de Troie a duré dix ans mais au bout du compte, Ménélas a récupéré son épouse infidèle et le beau ténébreux Paris en est mort.

Peut-on trouver une similitude avec ce qui se passe aujourd’hui ?

C’est une belle histoire, celle de la belle Hélène, mais il serait fâcheux que la Grèce, cette belle Hellène que le monde entier admire, connaisse une nouvelle guerre, celle de l’Europe.

 

Hélène était la fille de Zeus et de Leda.  Fille illégitime, bien sûr car Zeus était un incorrigible dragueur, malgré la jalousie de sa femme Héra, qui était aussi sa sœur.

Pour séduire Leda, qui était mariée à Tyndare le roi de Sparte, il prit la forme d’un cygne comme chacun sait.

Leda mit donc au monde Hélène, qui fut  adoptée par Tyndare et sacrée plus belle femme du monde après Aphrodite.  .

 

(Dans la mythologie européenne, la Grèce, pays des dieux, est le plus beau pays du monde après la France. )

 

Lorsqu’elle fut en âge de se marier  Hélène ne manquait pas de prétendants…  mais son beau-père Tyndare lui choisit comme époux Ménélas, un prince riche mais sans attrait,  et fit signer un pacte à tous les prétendants évincés où ils s’engageaient à porter secours à  Hélène si elle se trouvait en danger.  Hélène se soumit à la décision paternelle, devenant ainsi reine de Sparte avec une garde rapprochée.

 

Aujourd’hui la Grèce, à qui la Commission Européenne  a imposé un mariage forcé avec l’Europe, a choisi de revenir au célibat -  perdant ainsi  l’appui de sa garde rapprochée, les pays d’Europe ayant pactisé avec l’Euro.  Bon, la belle Hellène a mené une vie de patachon, dissipant la fortune que l’Euro, son époux, lui dispensait sans compter.

Et voilà qu’elle crie famine, implorant sa garde rapprochée qui a d’autres chats à fouetter !

 

Pour Hélène, le destin prit la forme d’un des plus beaux princes troyens, Paris qui profita d’un voyage de Ménélas en Crète pour enlever Hélène sous le charme et l’emmener à Troie, allumant ainsi la violente jalousie de Ménélas qui  déclara ouverte la Guerre de Troie.

 

Ici s’arrête la similitude des mythologies, car l’avenir de la  belle Hélène reste un mystère.   Sera-t-elle sauvée par une puissance étrangère à l’Euro et déclenchera-t-elle alors une Guerre des Trois ?

 

Pourra-t-on encore  naviguer le long de ses côtes  et accéder à ses îles féériques ?  Les dieux  déserteront-ils ces rivages bleutés aux profondeurs mystérieuses ?  Les pêcheurs danseront-ils toujours le sirtaki aux terrasses des cafés au rythme des bouzoukis ?

 En disant non au mariage,  ils se sont coupés les vivres… mais si l’Olympe est toujours habité par les dieux, Hermès, le dieu des voyages, peut leur donner  une nouvelle chance  en faisant  affluer chez eux les humains à la recherche des mythologies perdues.

Mais les dieux ont peut-être changé de résidence ?  

L’Olympe est peut-être redevenue une simple montagne, la plus haute de la Grèce,  lieu de transhumance des troupeaux de chèvres menés par un  berger  du nom d’Euclide. …

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 
 

 

LA BELLE  HELLÈNE

Que fait donc Zeus, sur son Olympe,  entouré de ses camarades les dieux et déesses nantis de pouvoirs extra

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LAURA ANTONELLI, L'ÉTOILE FILANTE

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LAURA ANTONELLI, L'ÉTOILE FILANTE

C’était il y a juste 39 ans.  Belmondo était amoureux d’elle, il l’avait emmenée voir un match de boxe, sa passion à lui.  Elle n’avait pas vraiment aimé ce spectacle.  Il s’en était amusé.   C’était à Monaco, le 26 juin 1976.

Ils s’étaient  rencontés en 1971 sur le tournage des Mariés de l’An II, de Jean-Paul Rappeneau et depuis c’était l’amour fou. Deux stars en pleine gloire.    L’année 1973 ils survolent ensemble l’univers  cinématographique : Laura Antonnelli enflamme les salles avec Malizia.  On la compare à Marlène Diétrich dans l’Ange Bleu, à Rita Hayworth dans Gilda, à Marilyn Monroe dans Sept ans de Réflexion…Tandis que Belmondo tourne Le Magnifique, sans commentaire, le titre dit tout…

 Sur  la photo elle fait toute jeunette, mais elle vient de tourner son  22ème film,  L’Innocent, avec le grand Visconti et ce sera son dernier film avant sa traversée du désert.  Elle a trente deux ans et elle  vit là  une de ses dernières années de bonheur. 
Leurs routes se sont séparées  en 1980 et tandis que Belmondo continuait à tourner succès sur succès, Laura commençait à mal tourner.  A croire qu’il était son porte-bonheur, et que la chance l’a quittée en même temps que lui.
Les ruptures brutales conduisent souvent à des cataclysmes. Le sort n’aime pas être contrarié. 
Que va faire Laura Antonelli des quarante ans qui lui restent à vivre ?     C’est long, quarante ans, mais pour elle tout   va s’ enchaîner  très vite.   Sa rupture avec Belmondo l’a-t-elle traumatisée au point qu’elle se soit réfugiée dans la drogue ?  Ou bien Jean-Paul l’a-t-il quittée parce qu’il désapprouvait sa dépendance ?  Toujours-est-il que dix ans plus tard elle est  condamnée à la prison pour trafic de drogue.  Elle sera réhabilitée plus tard et relaxée.  Mais le coup est donné, très dur pour son mental et pour sa carrière -  même si elle  connaissait déjà la terrible solitude des stars délaissées.

 

Comme une étoile filante dont  la traîne lumineuse perd peu à peu  de son éclat pour se perdre  dans le néant,  l’étoile de Laura s’éteint.

 

En 2000 le réalisateur de Malizia tente de lui redonner sa chance avec Malizia 2000.  Il l’encourage à se soumettre à une opération esthétique qui est un échec, comme le film.

Laura intente  un procès contre le chirurgien,  elle saura seulement treize ans plus tard qu’elle est déboutée.

Le chirurgien a fait valoir  que la substance injectée n’est pas responsable de l’allergie qui l’a défigurée.

Que faire lorsque le sort s’acharne contre vous ?

 

Laura est désormais vouée à la solitude et à l’obscurité.

   Elle  quitte Rome et s’installe dans une banlieue lointaine, à Ladispoli, se réfugie dans la prière.   Elle fréquente la Communauté religieuse de Ladispoli où elle  découvre les bienfaits de l’anonymat.

 

Le monde l’a oubliée. Mais un journaliste du Correre de la Sera tente un jour de l’interviewever par téléphone.  Elle répond :  « Laura Antonelli n’existe plus. » Et elle raccroche.

 

Laura Antonelli n’existe donc plus.  On l’oublie pour de bon.

 Et voilà qu’en ce lundi 22 juin, sa femme de ménage la trouve étendue dans la salle de bains de son modeste appartement.   Crise cardiaque ?  Elle avait 71 ans.  

Rangez vos mouchoirs. Si je vous raconte cette histoire si triste, c’est parce qu’en écoutant le flash d’information annonçant sa mort, j’ai soudain revu son beau visage si pur et j’ai eu envie de savoir à quoi avait ressemblé sa vie.  Et bien, j’étais servie.

Belmondo n’a pas une fin de vie plus belle. Ils n’auraient jamais dû se séparer.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils s’étaient  rencontés en 1971 sur le tournage des Mariés de l’An II, de Jean-Paul Rappeneau et depuis c’était l’amour fou. Deux stars en pleine gloire.    L’année 1973 ils survolent ensemble l’univers  cinématographique : Laura Antonnelli enflamme les salles avec

 

Malizia.  On la compare à Marlène Diétrich dans l’Ange Bleu, à Rita Hayworth dans Gilda, à Marilyn Monroe dans Sept ans de Réflexion…
Tandis que Belmondo tourne Le Magnifique, sans commentaire, le titre dit tout…
 Sur  la photo elle fait toute jeunette, mais elle vient de tourner son  22ème film,  L’Innocent, avec le grand Visconti et ce sera son dernier film avant sa traversée du désert.  Elle a trente deux ans et elle  vit là  une de ses dernières années de bonheur. 
 Leurs routes se sont séparées  en 1980 et tandis que Belmondo continuait à tourner succès sur succès, Laura commençait à mal tourner.  A croire qu’il était son porte-bonheur, et que la chance l’a quittée en même temps que lui.
Les ruptures brutales conduisent souvent à des cataclysmes. Le sort n’aime pas être contrarié. 
Que va faire Laura Antonelli des quarante ans qui lui restent à vivre ?     C’est long, quarante ans, mais pour elle tout   va s’ enchaîner  très vite.   Sa rupture avec Belmondo l’a-t-elle traumatisée au point qu’elle se soit réfugiée dans la drogue ?  Ou bien Jean-Paul l’a-t-il quittée parce qu’il désapprouvait sa dépendance ?  Toujours-est-il que dix ans plus tard elle est  condamnée à la prison pour trafic de drogue.  Elle sera réhabilitée plus tard et relaxée.  Mais le coup est donné, très dur pour son mental et pour sa carrière -  même si elle  connaissait déjà la terrible solitude des stars délaissées.

 

Comme une étoile filante dont  la traîne lumineuse perd peu à peu  de son éclat pour se perdre  dans le néant,  l’étoile de Laura s’éteint.

 

En 2000 le réalisateur de Malizia tente de lui redonner sa chance avec Malizia 2000.  Il l’encourage à se soumettre à une opération esthétique qui est un échec, comme le film.

Laura intente  un procès contre le chirurgien,  elle saura seulement treize ans plus tard qu’elle est déboutée.

Le chirurgien a fait valoir  que la substance injectée n’est pas responsable de l’allergie qui l’a défigurée.

Que faire lorsque le sort s’acharne contre vous ?

 

Laura est désormais vouée à la solitude et à l’obscurité.

   Elle  quitte Rome et s’installe dans une banlieue lointaine, à Ladispoli, se réfugie dans la prière.   Elle fréquente la Communauté religieuse de Ladispoli où elle  découvre les bienfaits de l’anonymat.

 

Le monde l’a oubliée. Mais un journaliste du Correre de la Sera tente un jour de l’interviewever par téléphone.  Elle répond :  « Laura Antonelli n’existe plus. » Et elle raccroche.

 

Laura Antonelli n’existe donc plus.  On l’oublie pour de bon.

 Et voilà qu’en ce lundi 22 juin, sa femme de ménage la trouve étendue dans la salle de bains de son modeste appartement.   Crise cardiaque ?  Elle avait 71 ans.  

Rangez vos mouchoirs. Si je vous raconte cette histoire si triste, c’est parce qu’en écoutant le flash d’information annonçant sa mort, j’ai soudain revu son beau visage si pur et j’ai eu envie de savoir à quoi avait ressemblé sa vie.  Et bien, j’étais servie.

Belmondo n’a pas une fin de vie plus belle. Ils n’auraient jamais dû se séparer.

 

 

 

 

 

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MISS COMÉDIE, LE RETOUR

Publié le par Miss Comédie

MISS COMÉDIE,  LE RETOUR

Coucou, me revoilou ! Au bas de ce texte, vous lirez mon premier article depuis… trois mois, intitulé LA POMME D’ALAN. Depuis ON NE SE MENTIRA JAMAIS , mon article sur la pièce de Jean-Luc Moreau, silence sur le blog. Pourquoi ?

Ce n’était pas une panne d’inspiration mais une panne de transcription. Une « mise à jour » de la mise en forme des textes est venue soudain tout chambouler, tout compliquer.

J’ai dû faire appel à des spécialistes qui restaient perplexes devant ce nouveau procédé, j’ai tâtonné, cherché, essayé, j’ai bien cru que j’allais devoir arrêter de publier chez Over-blog. A force d’obstination j’ai pu trouver les clics nécessaires pour que ma rédaction apparaisse sur mon blog. Il me reste à régler le problème des photos. J’y arriverai.

Une MISE A JOUR est un cauchemar pour tous les internautes. C’est un moyen de faire croire qu’avant c’était moins bien alors que c’est en réalité un moeyn de compliquer les choses.

Si tout va bien, je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouvel article. Une Miss Comédie over-branchée

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LA POMME D'ALAN

Publié le par Miss Comédie

LA POMME D'ALAN

 

 

C’est une belle et triste histoire, que l’histoire d’Alan Turing.

Qui connaît Alan Turing ?

Sûrement tous les amoureux et utilisateurs d’Apple et de sa galaxie élitiste.  Pourquoi ?  Quel rapport entre Alan Turing et Apple ?

Bien sûr, Steve Jobs  reste dans les esprits comme le fondateur de cette marque qui a changé le monde.  C’est donc lui et son associé Wodniak qui ont choisi leur logo : une pomme… mordue.

Pourquoi mordue ?

C’est là qu’on entre dans l’histoire d’Alan Turing.

C’était un mathématicien, informaticien, cryptologue surdoué. Anglais, beau et gay.

C’est lui qui a permis aux Alliés de gagner la  Seconde guerre Mondiale  en décryptant le code secret des nazis contenu dans leur machine Enigma. Un exploit énorme  passé sous silence pour une raison précise liée à son orientation sexuelle.  Un délit, à l’époque. Et puis ? Quel rapport avec la pomme ?

L’histoire vire au drame.

Un jour la maison de Turing à Manchester est cambriolée. Complice de ce vol, un ax-amant de Turing.   La loi est sévère à cette époque envers  les homosexuels. Turing est inculpé et  mis  en demeure de choisir entre deux peines : la prison ou la castration. Le coup dont on ne se remet pas. Il choisit la castration. Même chimique, le traitement a des  effets secondaires dramatiques sur son état psychique.

Un an plus tard il est retrouvé mort dans sa chambre, empoisonné par une pomme imprégnée de cyanure. L’affaire est retentissante, on épilogue sur « accident ou suicide ? ».

La clé de l’énigme est dans un conte de fée que Turing adorait : Blanche-Neige et les sept Nains dont il regardait le film en boucle. Il aimait particulièrement la scène où la sorcière plonge une pomme dans le chaudron pour l’imprégner de poison.  On l’ entendait souvent la chanson de la sorcière.

Ce serait donc un suicide. Il avait 42 ans.

Et l’histoire ajoute qu’il aurait choisi cette forme inattendue  pour que sa mère puisse croire à un accident. En effet, les pépins de pomme contiennent, paraît-il, du cyanure…

L’histoire commence en récit d’espionnage et finit en roman d’Agatha Christie. 

En tous cas c’est en hommage à son prédécesseur méconnu,que Steve Jobs a grignoté un morceau de la Pomme.  Et ça, c’est du sûr.

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Publié le par Miss Comédie

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MISE A JOUR PLOMB

 

Comme on le vérifie souvent, le mieux est l’ennemi du bien.

Voilà comment sous prétexte d’une mise à jour imposée, nous découvrons perplexes, au lieu de nos étapes familières, un parcours inconnu où il faut tenter d’insérer nofre texte.

 

Nous n’avions rien demandé, tout marchait très bien, et voilà que soudain on brouille les cartes et la règle du jeu a changé.

Sans avoir le choix, nous voilà devant le fait accompli.  Des otages payants.

C’est très malsain pour l’ensemble des bloggeurs qui ne sont pas tous informaticiens.

Pour ma part, je vais essayer de rassembler les morceaux du puzzle pour vous poster un nouveal article qui tienne debout.

Je ne garantis rien.  Si je n’y arrive pas c’est que je ne suis pas à la hauteur d’un hébergeur aussi ingénieux. Et j’irai voir ailleurs.

 

A bientôt j’espère,

Miss Comédie 

PS  Il se peut que cette mise à jour comporte certains avantages. Dans ce cas, je serai honnête, je ferai amende honorable mais je maintiens que nous aurions pu être consultés.

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ON NE SE MENTIRA JAMAIS

Publié le par Miss Comédie

V

 

 

 

onnesementira461.jpgAffirmation gratuite, promesse non  tenue, le titre est trompeur, lui aussi !.

Si vous  décidez d’aller voir cette pièce pour passer un bon moment  de rigolade, vous faites fausse route.

Enfin, ça dépend… si vous êtes de ceux qui pleurez de rire devant un type qui glisse sur une peau de banane, alors vous pouvez y aller.   Mais attention : cette histoire-là peut un jour être la vôtre. .. si elle ne l’est pas déjà.

De toute façon vous passerez un moment intense, entre rire et larmes.

 

Le sujet, l’adultère (sujet favori de l’auteur) n’a rien de très original mais il est ici traité avec une intelligence, une finesse, une cruauté qui le rapprochent  d’ une tragédie d’Eschyle.

Mais que serait un tel texte sans ses interprètes ? Une conférence sur la problématique du mensonge.

Or, nous avons devant nous un duo d’acteurs étonnants, aussi percutants l’un que l’autre.  Ils  ne quittent pas le plateau durant 90 minutes, le temps de procéder à  une subtile recherche de la vérité au moyen d’un interrogatoire haletant.

Décrire ici le talent de l’un et de l’autre dans leur duel amoureux serait dévoiler les ressorts de l’intrigue.  Donc je m’abstiens.

Dommage,  j’aurais aimé vous détailler leur virtuosité, leur beauté, leur élégance… Bref, ils sont tous deux un régal à écouter et à voir se démener dans cette situation infernale…

Eric Assous ne donne pas dans le rabâchage sur ce thème éculé. Il nous invente un vrai suspense.

A la moitié de la pièce, on ne sait vraiment pas, du mari ou de la femme,  lequel est la victime, lequel est le bourreau.

 

Fanny Cottençon est tour à tour comique,  révoltante., touchante, frémissante, et en plus elle est belle.

Jean-Luc Moreau nous confond par l’attraction de sa seule présence,   la sobriété de son jeu tout intérieur, dans un personnage  dont on se demande si sa sérénité est feinte ou réelle, si son amour conjugal est sincère ou factice,  jusqu’à la révélation finale.

 

Je dois être honnète.  Cette pièce d’Assous m’a  d’abord agacée par son ambigüité. Que cherche-t’il ? A faire rire de cette situation cocasse ? A faire réfléchir tristement sur la duplicité des deux sexes ?   On  sort  de là  ébranlé  plutôt que réjoui. Mais comment ne pas être sensible à  la justesse de son analyse  et la richesse de son écriture ?    A eux trois, ils m’ont eue.

 

Miss Comédie

 

C’est au théâtre La Bruyère jusqu’au 30 avril

 

 

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LA PHOTO-MYSTERE DE MARS

Publié le par Miss Comédie

 

 

  scan.jpgAu fil des années il gardera ce regard farouche, mais le cigare grossira avec lui. 
Qui est-ce ?

Réponse le mois prochain.

A bientôt !

Miss Comédie

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PEOPLE IN THE SUN (Edward Hopper)

Publié le par Miss Comédie

 

 

hopper.jpg« Quel temps magnifique !
 « Oui, mais on supporte bien  nos vêtements, il y a ce petit vent… 
«  Ils ont une belle vue, mais un peu…

« … Plate ?

« Oui,  rien à l’horizon… C’est un peu inquiétant…

«  Nos hôtes ont disparu.

« Et puis ils nous laissent seuls,  là, qu’est-ce qu’ils font, tous les deux ?

« Il l’aide à préparer les apéritifs,  je crois.

« Bon, on n’est pas mal, on prend le soleil…

…………..

« Vous voyez, cette perspective, là, devant nous ?

« Oui ?

«  Et bien, avec nous en  face, c’est les Etres  et le Néant.

«  Bien dit !

Ils rient tous ensemble. Puis dressent  l’oreille.

« Vous entendez ?

«  Oui… quelqu’un joue du piano.

« Qui cela peut-il être ?

«  Un de leurs enfants ?

«  Oui, parce que  qui préparerait le dîner ?

« C’est la Sonate au Clair de Lune.

« C’est vrai que si ça continue, nous serons encore là au clair de lune.

« Mais enfin, qu’est-ce qu’ils font !

« Attendez, c’est peut-être un diner trois étoiles…

(Rires)

 

« Vous savez, elle,  c’est un vrai cordon bleu, on m’a dit.

« Mais vous avez vu une table dressée, vous ?

« Non, ils nous ont fait passer par le jardin.

« Vous croyez qu’il n’y aura pas de dîner ?

« « Ils nous ont peut-être conviés à un concert ?

« Regardez, le soleil est prêt à passer derrière la colline.

« On est bien, on se détend, vous ne trouvez pas ?

« Et bien moi, je commence à avoir faim...

« Tiens, la musique s’est arrêtée.

On entend un cri horrible dans la maison puis des pas précipités et une voix leur parvient  sur un ton brutal :

«  Ne bougez pas, vous autres ou vous êtes morts !

Tétanisés, ils restent figés, immobiles.  Ils ne se retournent pas.

L’un d’eux chuchote :

« Je vous l’avais dit, ce paysage avait quelque chose d’inquiétant.

 

4 mars 2015

Miss Comédie "Conversations imaginaires"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LE SOUPER, ou la cuisine du pouvoir

Publié le par Miss Comédie

 

 

  Souper 2Evidemment, on ne peut s’empêcher de penser à DIPLOMATIE, autre récente pièce à succès, autre moment  d’Histoire, autre suspense, celui-ci un peu moins haletant que le premier.

Toujours Niels Arestrup, aussi imposant, voix métallique, manières aristocratiques, assurance souveraine, c’est Talleyrand.

Face à lui, Patrick Chesnais, venu du boulevard comme pour illustrer la différence d’origine des deux personnages.  Mais il  n’est pas là pour nous faire rire. Cinglant, exalté, il est un Fouché très crédible.

L’histoire les a-t-ellle réellement réunis pour décider de l’avenir de la France ?  Fouché aurait-il accepté de partager un souper fin arrosé au champagne avec son ennemi juré ? Mais la scène est du gâteau pour un historien.  Après Waterloo, la France se contente d’un gouvernement provisoire, que préside Fouché. Mais ensuite ?L’un veut réinstaller la royauté, l’autre veut donner le pouvoir au peuple.  Vaste débat, éternel débat. On ne va pas juger ici si leur alliance fut bonne pour la France ou non.

Mais Chateaubriant décrit ainsi les deux personnages  venus rencontrer Louis XVIII pour lui  rendre le trône : « Le vice appuyé sur le bras du crime ».   On ne sait lequel des deux tirera le plus d’avantages de la situation.

 

Le texte  de Jean-Claude Brisville est puissant, éloquent, émaillé de pointes d’humour (aigre-doux) et entrecoupé  d’appréciations gustatives, comme on pose son arme entre deux assauts.

 

Les deux adversaires sont de force égale, même si Chesnais, avec sa voix sourde, son ironie défensive et quelques poussées d’humeur bruyante ne donne qu’une petite idée de la férocité de son personnage.   Niels Arestrup a la force tranquille de Talleyrand mais en a- t -il la finesse ? 

N’importe, le texte parle pour eux.  Chacun avec sa technique, ils s’imposent.

 On ne décroche pas une minute de leurs joutes verbales.  Ils ne quittent pas le plateau, allant et venant  autour de la table au rythme de leur querelle, dans un décor sobrement d’époque.

 

C’est une pièce drôle et grave à la fois.   Avec un texte de belle tenue et des comédiens inspirés. Comme j’aimerais qu’il s’en monte davantage dans le privé.   Du boulevard, oui, mais du grand boulevard !.

Le Souper est servi au théâtre de la Madeleine, jusqu’au 29 mars 2015.

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SAINT-LAURENT : DEUX POUR UN CÉSAR

Publié le par Miss Comédie

V

 

   Yves-Saint-Laurent_exact780x1040_p.jpgHeurement  Saint-Laurent portait des lunettes.  Sans quoi il eût été très difficile de lui trouver un clone acceptable.

Là, ils sont deux, et la ressemblance, quoiqu’approximative (il manque la profondeur, l’inquiétude, le détachement du regard) a pu satisfaire quelques centaines (milliers ?)  de spectateurs.

 

PHObd713078-a7ae-11e4-907c-63c3b8306e5f-805x453.jpgIls vont s’affronter lors de la cérémonie des Césars le 20 février prochain.   Enfin, Pierre Niney et Gaspard Ulliel ne s’affronteront pas comme on se bat en duel ou sur un ring… Ils subiront le verdict des jurés de ladite cérémonie qui, eux, vont s’affronter.

Lesquels jurés vont choisir en fonction de quoi ?

De la ressemblance ?  De la reconstitution de  ce personnage insaisissable, inclassable, impénétrable ? Le seul caractère irréfutable de l’homme Saint-Laurent c’est le génie.

Comment interpréter le génie correctement ?  Oh how high is the moon !

 

Oui, incarner Saint-Laurent était un pari  perdu d’avance. 

On pouvait juste imiter sa façon de parler, sa façon de marcher, ses petits manèges avec Pierre Bergé, ses grands moments de création le front penché sur la table à dessin, ses délires sexuels.   Le petit bout de la lorgnette.

  Les deux réalisateurs ont vu tout cela  d’une manière différente, insistant sur telle ou telle facette de son personnage mondain, professionnel ou intime avec des scènes parfois choquantes.  Non ! Il était peut-être lubrique, peut-être capricieux, mais là n’était pas le problème.  Au fond de lui-même il y avait quoi ?  Qui peut le dire ? qui peut l’interpreter ?

 

Ces deux acteurs, très bons acteurs, sont restés l’un comme l’autre à la porte de l’univers intérieur, insondable, de Saint-Laurent.

Et je me demande bien comment le jury va les départager.

 

 

Miss Comédie - 31/01/15

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JEAN-MARIE PÉRIER, C'EST FOU !

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

MONT-BLANC.jpgDans le hall mythique de l’hôtel Mont-Blanc à Megève, il y avait un monde fou.  L’événement : Astrid Maillet- Contoz, décoratrice attitrée  du Tout-Megève,  organisait l’exposition des  photos de son ami Jean-Marie Périer  sur les murs du salon et de la salle à manger baptisée  par Cocteau   Les Enfants Terribles.

Une expo pas ordinaire, car les photos avaient pris  des dimensions fantasmagoriques, ça allait   jusqu’à la photo-affiche  et quand on est devant une Françoise Hardy géante, miraculeuse de majesté, ou d’un Saint-Laurent vous souriant grandeur nature, assis sur un canapé avec Carla Bruni posant dans un de ses modèles, on est bluffé, on veut l’avoir chez soi, tout de suite !

-vernissage.jpgAu-dessus du bar s’étale  une  immense  photo de Stella McCartney  allongée sur un chesterfield, le regard énigmatique. C’est la photo qu’Astrid Maillet-Contoz a choisie pour son invitation au vernissage.

 

Jean-Marie-Perier-souvenirs-souvenirsIl était là, ébouriffé, jovial, un jeune homme de 75 ans qui n’en finit pas de célébrer ses années soixante qui sont les nôtres à tous, les plus belles du siècle  - et les visages  des stars légendaires qui nous fixaient, là,  en étaient la preuve.  Des talents éternellement vivants.

 

Jean-Marie Périer est l’image de cette pérennité avec dans le regard une curiosité, une gourmandise qui promet de beaux lendemains encore.

Assis pour quelques dédicaces, il ne tient pas longtemps en place. 

« Je vais conduire mon épouse  dans ses appartements », dit-il malicieusement.  Son épouse, c’est sa chienne,  complètement étourdie, vacillante  sous le bruit et la bousculade.

Il s’absente donc, pour revenir très vite reprendre le fil de ses souvenirs avec ses fans.    Il  reprend  ses dédicaces – son dernier ouvrage, « LOIN DE PARIS »  raconte sa nouvelle e expérience en Aveyron où il vit désormais et où il s’adonne à la poursuite des visages et des talents de la région pour en publier les portraits dans les colonnes du quotidien régional.  C’est la compilation de ces portraits, mêlés à ceux de ses stars favorites, que l’on retrouve dans ce  livre.

Pourquoi avoir quitté Paris ?  Les premières pages  nous l’expliquent clairement, il n’y a aucune aigreur mais aucun regret non plus dans ce départ.  Seulement une nostalgie du Paris de sa jeunesse.

.  Un besoin  de verdure, de silence sans pour autant  couper les ponts.  La preuve : il nous prépare un spectacle vivant, lui-même  sur  scène entouré de ses idoles… en photos.

Il est heureux dans sa maison près d’une ferme dont la vache est devenue sa copine.  Mais quand il parle de son projet de spectacle dans la capitale, on le sent aussi motivé qu’à trente ans.

Une soirée  légère et réjouissante où le champagne, les rires et l’élégance de ces icônes disparues nous faisaient remonter le temps. 

Félicitations,  Astrid !

 

Miss Comédie-janv.2015

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LA PHOTO-MYSTÈRE DE JANVIER 2015

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

cabu                                Je ne connaissais pas son visage.  Et vous ?

 

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

 

 

 

 

 

HAL-1.jpgRÉPONSE de la photo-mystère de décembre 2014

 

Il s’agissait de HAL, l’ordinateur de bord du vaisseau spatial Discovery 1 dans le film de Stanley Kubrick « 2001 l’Ogyssée de l’espace ».

 A bientôt,

Miss Comédie

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PRESLEY ET FANGIO RACONTENT

Publié le par Miss Comédie

 

elvis-presley-2.jpgDans un au-delà sans concerts de rock ni circuits de Formule 1, Elvis Presley et Juan Manuel Fangio s’ennuient.

Elvis pleure. C’est aujourd’hui le 8 janvier sur la Terre, le jour anniversaire de sa naissance.  Il peut voir la foule se presser dans le Jardin de la Méditation à Graceland, où sa tombe disparaît sous les gerbes de fleurs.

Perdu dans ses pensées, il ne voit pas arriver un bolide casqué qui fonce sur lui et s’arrête pile avant de le percuter.

 

« Hola mec, y a de la place ailleurs  !

 

 

 FANGIOL’homme, confus, retire son casque et formule des excuses d’une voix fluette qui contraste avec son visage taillé au couteau.

Elvis reconnaît Fangio le pilote fétiche d’Enzo Ferrari.

« Pardon, pardon, justement y a trop de place ici. Sur les circuits on est sur des rails  Mais   dis-moi le King, t’as un problème ? Pourquoi tu pleures ?

Elvis désigne la planète Terre, au-dessous d’eux.

 

« Tu les vois, en bas, se prosterner sur ma tombe ?  C’est mon anniversaire et je voudrais être avec eux.

«  Tu te sens seul, ici ?

« Oui, très seul. J’ai envie de me chanter « Are you lonesome tonight » mais là j’aurai pas le fou rire comme à Las Vegas !

 Comme Fangio le regarde sans comprendre Elvis explique.

 

«Il y a une anecdote autour de cette chanson. Tu la connais ?

«  Non,  raconte !

 

«  C’était pendant un gala à Las Vegas,  je chantais cette chanson avec un ton éploré comme il se doit, quand brusquement j’ai été pris d’un fou rire impossible à retenir.

 

Fangio attend la suite, intrigué.

«  Tu te demandes pourquoi, hein ? Voilà. Avant le concert ils avaient engagé une nouvelle choriste qui venait d’un orchestre philarmonique et elle s’est mise à faire des vocalises à la Maria Callas, tu vois le genre, moi j’étais pas au courant, quand j’ai entendu ça j’ai pas pu m’en empêcher, j’ai éclaté… et plus je voulais arrêter de rire, plus sa voix était infernale, j’ai ri comme ça pendant toute la  chanson. images.jpg

 

« Et alors ?

«  Alors, le public a cru que c’était une variante que j’improvisais, et  toute la salle s’est mise à rire en chœur  !

«  Et alors ?

«  Alors les organisateurs ont cru  que j’étais ivre, ils ont voulu me virer !…

Elvis éclate de rire à ce souvenir, imité par Fangio qui trouve l’anecdote poilante.

«  Après ça, l’enregistrement « fou rire » s’est mieux vendu que le premier qui était carrément fleur bleue…

 

Fangio soupire.  « Un grand chanteur ne sait pas seulement chanter, il sait aussi  improviser avec le hasard.

Puis il enchaîne :

 

 

«  Ca me rappelle une anecdote qui m’est arrivée pendant une course à Monaco, en 1950. J’étais en tête, sur mon Alfa Romeo, et devant moi il y a eu un terrible accrochage, 10 voitures se sont rentrées dedans au virage du bureau de tabac.   Je ne pouvais pas les voir, j’arrivais à toute berzingue dans le virage, j’allais gagner, et pourtant… j’ai ralenti, ralenti, inexplicablement  j’ai levé le pied  et quand je suis arrivé sur eux  j’ai pu éviter de les percuter.

 

Elvis le regarde, ébahi. Dans ses yeux il y a une question.

 

« A l’arrivée, ils se sont tous précipités sur moi :  « Fangio, pourquoi tu as ralenti ? »

Ma réponse les a tous bluffés, et l’histoire a fait le tour du monde, et pourtant, c’est tout simple :  j’ai ralenti parce que juste avant d’arriver au virage, j’ai vu la foule qui ne me regardait pas, moi le gagnant, mais qui regardait quelque chose devant moi, et j’ai compris qu’il devait y avoir du grabuge.

Elvis soupire.   « Un grand pilote ne sait pas seulement piloter, il a aussi un sixième sens.fangio_monaco_1950.jpg

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CAMUS, LE RENDEZ-VOUS MANQUÉ

Publié le par Miss Comédie

 

LES SURPRISES D'UN ORDINATEUR

 

 

J’étais devant mon document Word vierge, à hésiter entre un sujet et un autre quand l’écran s’est éteint brusquement. Le temps de m’interroger, il se rallumait aussitôt.

A la place de mon doc vierge il y avait comme une scène de film.

Ca représentait une pièce  envahie de livres,  sur les étagères, sur les chaises, sur le sol, et se faisant face de part et d’autre d’un bureau, un homme et une jeune fille. 

J’ai vu la scène s’animer et la caméra s’est rapprochée des deux personnages.  De face, j’ai reconnu Albert Camus.

 

 

 220px-Albert_Camus-_gagnant_de_prix_Nobel-_portrait_en_bust.jpgIl  est vêtu d’un costume léger bleu marine. Sous la veste, son éternel gilet de laine gris.  Il a l’air fatigué.  Son bureau est encombré de livres, de papiers, de photos d’acteurs.  La fenêtre est fermée.  Il s’adresse à la jeune fille.

 

- Alors, ma chère, nous avons enfin un théâtre...

- Oui, monsieur, enfin !

Il lui parle d’égal à égale. Elle  paraît très jeune, à peine  dix-huit ans. Elle a devant elle une idole. On sent qu’elle prend sur elle pour paraître naturelle, qu’elle a conscience de vivre un moment exceptionnel. Les minutes commencent à filer à un train d’enfer.

Il lui parle encore.

                                                      

  -Je n’aurais jamais cru que ce fût si difficile, soupire-t-il.  Bon, la pièce est longue, lourde... une lourde machine... Et tous ces comédiens.... Mais enfin voilà : c’est encore une femme qui a le courage d’accueillir Les Possédés dans son théâtre…

 

Elle a un sourire qui se veut complice.

 

- C’est elle qui en aura le succès...

- Chut... ne mettons pas les dieux contre nous... Si vous saviez comme je doute... Dans un mois on répète et je ne suis sûr de rien...

                                                     

. «  Ce n’est pas à moi à le réconforter », lit-on sur le visage de la jeune fille. .  Elle ouvre sa serviette  et en sort les documents à signer.  Il tend la main, les pose devant lui tout en suivant le cours de sa pensée.

 A brûle-pourpoint, il demande :

-  Que pensez-vous de Catherine Sellers ?  L’avez-vous déjà vue sur une scène ?

Elle baisse les yeux. « Il me parle comme à son agent. Après tout, oui, je suis la secrétaire de son agent »

 La question semble l’avoir agacée.

- Non, je ne l’ai jamais vue.  Seulement sur des photos...  Je l’imagine bien jouant Maria dans Les Possédés.

   

Il ne  l’écoute pas. Il rêve. Il est vraiment très beau.

- Elle est parfaite.  Et quel métier pour son âge... Une actrice shakespearienne. Elle est passionnée par le théâtre.

 

Comme elle se tait, il demande pour la forme  :

-  Et vous ?

 

Elle hésite, mais l’occasion est trop belle. Les yeux brillants, elle lance :

-  Je vais prendre des cours de comédie.

 

 Il revient sur terre.  Surpris, il l’est forcément, et il ne veut pas le montrer,  mais   la phrase le dérange.  D’un ton sec, il rétorque :

-  Pour quoi faire ?

-  Pour faire du théâtre.

Elle jubile.  Elle croit encore qu’elle va  l’impressionner.

Mais la scène continue et elle va déchanter.

Il regarde la secrétaire qui veut faire du théâtre.  C’est comme si elle avait  enlevé une perruque. La scène tourne à l’échange de balles. Champ, contrechamp.

-  Vous avez tort.

-  Et pourquoi s’il vous plait ?

- Parce que faire du théâtre n’est pas ce que vous croyez.

- Savez-vous seulement ce que je crois ?

Là, elle a une boule dans la gorge.

Il se lève. 

-  Oh oui, je le sais : vous croyez que c’est facile, que ça brille, qu’on n’a qu’à parler et que les gens applaudissent, et que l’on joue tous les rôles qu’on veut, toujours,...

-  Non, vous vous trompez.  Je sais que c’est difficile et long, et frustrant. Mais je veux essayer. Et pourquoi toutes ces comédiennes que vous admirez ont-elles le droit d’en faire et pas moi ?

Il va se planter devant elle et lui parle en se penchant, avec véhémence.

-  Parce qu’elles sont folles !   Oui, il faut avoir la folie en soi pour faire du théâtre, il faut être fou !   Et vous êtes tout ce qu’il y a de plus normale !

 

C’est comme s’il l’avait giflée avec ce mot. Elle rougit violemment.

-  Qu’est-ce que vous en savez ? Est-ce que vous me connaissez?

 

Il  hésite,  retourne s’asseoir à son bureau.

-  Oh, non, bien sûr je ne vous connais pas.  Il y a bien un peu de folie dans chacun de nous.... Mais je vous vois plutôt mariée, avec de beaux enfants, vous êtes si tendre...

«  Normale et tendre.   Je hais cet homme qui ne comprend rien aux apparences. »

Il y a un silence.    A première vue, la scène va finir sur un clash. 

Camus  feuillette les documents  posés devant lui, il les lit à peine et les signe.

Puis il referme le dossier et le lui  tend.  Elle se  lève.  C’est fini.

On lit sur le visage de la jeune fille une sorte de lassitude.

Alors il fait le tour du bureau, vient face à la jeune fille et comme elle  baisse la tête, il lève du doigt son menton, et ses yeux plongent dans les siens.  C’est le moment où ses larmes arrivent malgré elle.

-  Mon petit.  Je vous ai fait de la peine.  Je vous ai dit le fond de ma pensée, je n’avais pas le droit, c’est absurde...

Il essuie la première larme sur  sa joue d’un doigt paternel.

-  Ecoutez-moi.  Nous allons faire un pacte.  Après cette conversation, réfléchissez.  Faites ensuite exactement ce que vous sentez, suivez votre instinct. Je vous donne rendez-vous dans un an. Nous prendrons une soirée entière, je vous emmènerai dîner.   Et  vous me raconterez  ce que vous aurez tenté... ou non tenté... Vous me prouverez peut-être que j’ai eu tort ? 

 

Il la  serre contre lui.

-  Nous voulons tout... Je suis comme vous... Il faudrait plusieurs vies.  Après tout se tromper est encore la meilleure façon de se trouver.  Mais le théâtre est un maquis...   

Elle s’écarte de lui :

- Tous les métiers sont un maquis, monsieur.

- C’est la vérité.  Vous avez le dernier mot.  Maintenant les choses vont se précipiter, je n’aurai plus une minute à moi.  Mais n’oubliez pas : dans un an... le 5 janvier ... Ici, dans ce bureau. Je n’ai qu’une parole.

 

   Son geste de la main s’est fige en même temps que le son de sa voix.

 L’écran redevient noir, puis mon document réapparait.

Machinalemnt mes doigts courent sur le clavier. Les mots vont remplacer les images de cette scène pour la fixer dans le temps.   Scène Imaginaire ? oui, mais souvent, le réel et l’imaginaire se confondent dans notre mémoire.

Il faudra iajouter que la jeune fille, le jour venu,  n’est  pas allée au rendez-vous.  L’accident était déjà dans tous les journaux.

 

Miss Comédie - 25 décembre 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

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LA PHOTO-MYSTÈRE DE DÉCEMBRE

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

 images.jpg                

 

              Dans quel film figure ce décor ?

 

 

 

 

 

 

 

Réponse de la photo-mystère de Novembre ci-dessous :

Belmondo et Bouquet dans La Sirène du Mississipi.

La plupart d’entre vous ont trouvé les acteurs, bien sûr, mais pas le film !la-sirene-1.jpg

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LES ÉNIGMES D'EDWARD HOPPER (suite et fin)

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

Edward-Hopper-Richard-Tuschman-02-copie-1.jpgTous les tableaux de Hopper sont des énigmes. Et il les a peints pour qu’il en soit ainsi.

L’avant-dernier jour du mois de novembre, pour la publication de mon millième article sur Over-blog, j’ai publié une photo censée être la toile de Hopper nommée « Eleven A.M », peinte en 1926.

Il y avait là une double énigme.

La photo ne représentait pas vraiment la toile de Hopper.

Elle était extraite d’une série de clichés qu’un photographe new-yorkais, Richard Tuschman, a exposés sous le titre « Hopper’s meditations ».

Quelques-uns d’entre vous -  des initiés, certes ! –  ne se sont pas laissé avoir.  Mais prise de remords, je veux que tous mes visiteurs sachent ce qu’il en est.


Car c’était une énigme à tiroirs  !   Au mois de septembre dernier,  est sorti en France le film très étrange d’un réalisateur  autrichien, Gustav Deutsch, qui met en scène 13 reproductions de tableaux  de Hopper  sous le titre SHIRLEY – UN VOYAGE DANS LA PEINTURE DE HOPPER.   Un film de fiction où l’on voit les personnages de Hopper s’animer et le résultat est troublant.

  Parmi ces reproductions figure la photo de Richard Tuschman que j’ai choisie pour mon article, car elle était pour moi – ô sacrilège ! – plus belle, plus énigmatique, que l’original de Hopper « Eleven A.M ».

 

Les toiles d’Edward Hopper n’en finissent pas de créer le mystère, avec d’infinies suppositions, de multiples décryptages.

Alors si, en plus, des allumés se mettent à brouiller les pistes  avec  des photos plus vraies que nature, où allons-nous.

 

 

 

En tout cas, dans cette histoire, il faut trancher.  Que s’est-il passé dans cette chambre, pour que la Rousse soit ainsi prostrée devant la fenêtre, seule, à onze heures du matin ?

Et bien, tout est dit dans le texte, sauf les secrètes motivations des deux personnages. Il a très vite flairé que la Rousse n’était pas claire et il l’a suivie dans sa fuite sans trop savoir où cela allait le mener. Et puis,  ce soir-là, il avait surpris une  conversation au téléphone qui lui laissait entendre que la Rousse était  recherchée.

Il avait réuni les quelques objets compromettants dans la valise   et s’était éclipsé  pendant qu’elle dormait, se soustrayant, lui, à l’enquête et la laissant, elle, libre de tout soupçon .  Plus de pièces à conviction, plus de vêtements… pourquoi avait-il emporté les vêtements ?  Une sorte de vengeance, peut-être, pour s’être laissé séduire comme un benêt.  Lâche ?  Certes, il se sentait un peu lâche. Mais avec ce genre de femme, la lâcheté est salvatricee.

Personne ne l’a vu sortir de l’hôtel Bijou.

Il a pris le premier train pour Paris après avoir balancé la valise dans l’eau glauque du port.

 Elle ne  retrouverait jamais sa trace.

C’est peut-être ce à quoi elle pensait, en se laissant rafraîchir par la brise venue de la mer.

Et le concierge ébloui  en sera pour ses frais.

 

Miss Comédie - 

 

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LES ENIGMES D'EDWARD HOPPER

Publié le par Miss Comédie

  Cet article est le millième publié sur "unesceneparjour.com".  La direction me doit une gerbe de roses rouges...

 

 

     Edward-Hopper-Richard-Tuschman-02.jpg Il l’avait rencontrée au  bar de l’hôtel Raphaël,  à Paris. C’était un endroit qu’il fréquentait pour son calme, ses toiles de Turner et son décor grand siècle.

On pouvait y croiser Gainsbourg ou quelques figures féminines intéressantes.

Ce jour-là il fut surpris d’en voir une, rousse flamboyante, assise sur l’un des hauts tabourets du bar.  C’était une attitude  que pratiquaient plutôt les gogo girls de Pigalle.  Celle-ci avait de la classe.   Elle n’avait pas quitté son étole en renard bleu et ses jambes croisées étaient un attentat à la pudeur.

Il avait hésité sur la tactique puis opta pour la tactique de James Bond, un peu risquée mais souvent payante.

« Vous êtes capable de me faire un vrai bloody mary ? »  avait-il lancé au barman  avec un clin d’œil, avant d’aller s’asseoir à une table.

Elle n’avait rien dévoilé du fond de sa pensée.   Elle s’était pourtant retournée pour le repérer, feignant de parcourir des yeux l’ensemble des  tables.

Mais pour lui c’était gagné.    Il ne la quitta plus des yeux.  

C’était le genre de situation qui lui donnait des palpitations.  Un suspense phénoménal.  Comment enchaîner ?

Il la vit  griffonner quelque chose sur un petit calepin sorti de son sac.

Vider son verre, lentement.

Décroiser  les jambes,  et ce fut comme  la fin d’un film d’Ava Gardner. 

 Mais  voilà qu’elle ondulait pour quitter son piédestal  et se dirigeait vers la sortie.    Il crut que c’était râpé lorsque  le barman   lui déposa son bloody mary avec un  billet plié en quatre.  

 

Il  remarqua l’œil à peine goguenard et  se saisit du billet. « Je vous attend dans le taxi. »

Il n’eut pas le temps de juger de la qualité du breuvage, à peine celui de jeter quelques euros sur la table et courut vers la sortie.

L’avenue Kléber était déserte, il vit la Mercedes noire rangée le long du trottoir, la Rousse à l’intérieur.   Le chauffeur lui ouvrit la portière.

Il y eut d’abord un silence prolongé, pendant lequel il se demanda si son physique était vraiment irrésistible, ou bien sa voix, ou bien si la femme était une habituée des bars à putes mais le moment était si  bloody hot  qu’il arrêta là les suppositions.  Wait and see, disent les british.

 

La suite avait été hors de toute attente, hors de  l’imagination la plus romanesque.   Une sorte d’enlèvement de Zeus par Iole la mortelle sublime, sur les ailes  gris métal d’un Cygne qui aurait fait le plein des sens.

 

L’inconnue avait des ressources.    Il avait annulé tous ses rendez-vous pour une semaine foudroyante, d’hôtels en hôtels.

Ils s’amusèrent à mêler le sordide au luxueux, dans un périple amoureux plein d’imprévus.  

 Il était sous le charme, elle semblait vraiment amoureuse. 

« Tu es mon coup de foudre qui dure », disait-elle.

Ils ne savaient rien l’un de l’autre. Elle voulait garder son mystère et cela l’arrangeait, lui, de garder le sien.

Elle déployait ses signes extérieurs de richesse sans aucun complexe dans  les bas-quartiers et entrait naturellement dans le moule des palaces.

Ils parlaient cinéma, théâtre.  Elle en connaissait un rayon sur le sujet.  Le soir, ils jouaient au  gin-rummy en buvant des vodkas-perrier.

 

« Tu as toujours mené cette vie-là ? lui avait-il demandé un jour.

« Je suis une enfant gâtée, j’ai toujours eu ce que je voulais dans la vie, avait-elle répondu en riant, et toi, je t’ai voulu, je t’ai eu ! »

 

Le septième jour,  à l’hôtel Bijou, un  des plus toquards de leur randonnée,  sur le port de Nice,  elle se réveilla seule.    Elle s’étira, sourit.  Il devait  être descendu admirer  les coques bariolées  des bateaux de  pêcheurs.

Elle ferma les yeux, les rouvrit aussitôt, quelque chose n’allait pas.

 Elle bondit hors du lit.   Son sac, ses bijoux, ses vêtements, avaient disparu.

 

A onze heures, intrigué, le concierge de l’hôtel  était monté coller un œil à la serrure de la chambre 7.     OK, c’était un couple illicite, mais quand même. De ce qu’il vit,   il ne put  rien conclure sur la situation.  

Il  crut   distinguer un filet de sang sur le parquet  -  ou  était-ce une hallucination ? et se dit  que le cadavre était peut-être  dans la salle de bains et qu’elle  attendait un complice pour l’aider à s’en débarrasser.  Il se demanda s’il ne devrait pas appeler la police.

 

Miss Comédie

(Il n’est pas interdit de donner sa version de l’histoire.)

 

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VOUS FUMEZ OU VOUS VAPOTEZ ?

Publié le par Miss Comédie

 

 

 fume.jpgA la terrasse du Petit Suisse,  rue de Vaugirard,   les fumeurs bravent la caillante de ce débuut décembre.  Un homme âgé est assis, offrant son visage au soleil.  Il est vêtu d’un épais manteau en drap couleur camel et tient entre le pouce et l’undex un long fume-cigarette dont il aspire de temps en temps de longues bouffées.   Il y a quelque chose d’anachronique dans sa présence ici.  Son âge ?  Sa tenue vestimentaire ?  Surtout ce fume cigarette d’une autre époque.  On le verrait mieux sur la banquette d’un bar chaleureux des Champs-Elysées.
Les yeux fermés, il ne voit pas arriver une jeune fille qui vient s’asseoir à la table voisine.

C’est une jolie blonde aux cheveux courts évoquant Jean Seberg, qui porte sans grelotter un petit blouson de cuir rouge.

Très vite elle sort de son sac une cigarette électronique et un portable.  Elle se met à mâchonner la cigarette électronique et à tapoter sur le portable.  L’image même de la modernité.

Au serveur, elle commande un café.  Cela tire l’homme âgé de sa béatitude.

Premier temps, indifférence courtoise.  Mais… quelque chose l’interpelle, et ce n’est pas la beauté juvénile de la fille d’à côté – qui, elle aussi, s’étonne.

 

« Pardon monsieur, c’est un nouveau modèle ?

Surpris : «  Un nouveau modèle de quoi, mademoiselle ?

« Ben, de vap !

L’homme boit une gorgée de son cognac avant de s’enquérir :

« Mademoiselle, de quoi parlez-vous, enfin ?  Et puis, c’est à mon tour de vous demander… vous fumez ?

La fille hausse les épaules.

«  Non, vous voyez bien, je vapote. vapote.jpg

«  Oui, je vous ai vu tapoter sur votre téléphone. Mais à la bouche, vous avez une cigarette ou quoi ?

«  Cela s’appelle une cigarette électronique et je ne la fume pas, c’est un mot dépassé, on ne fume plus, on vapote, il faut sortir, un peu !

L’homme se sent agressé et se replie sur lui-même, fermé au dialogue.  La  jeune fille insiste.

«  Mais vous, monsieur, vous faites semblant de vapoter mais vous fumez une vraie cigarette !  

 

L’homme tape du poing sur la table.

«  Ah, ça suffit avec ce mot barbare, vapoter, vapoter, vous faites quoi, au juste, avec ce sifflet !

 

La fille : « Et vous, vous faites quoi avec ce… ce…

« … fume-cigarette, voilà ce que c’est ! Un objet élégant qui filtre la nicotine et ne vous laisse pas de papier sur les lèvres !

 

La jeune fille sourit :

« OK, je pige, vous êtes vraiment un has been, vous !    Mais quand même, il faut que je vous explique…  Vous savez que la cigarette est interdite dans les lieux publics, non ?

«  Oui, hélas.  Je suis condamné à fumer dehors, un scandale de notre société castratrice !

«  Bon, enfin c’est comme ça, il faut s’y faire, on s’en porte pas plus mal… mais il existe une cigarette électronique qui nous donne l’illusion de fumer, mais qui n’est pas nocive.  C’est ce que j’ai à la bouche.

«  Et le goût est le même ?

«  Pas tout à fait…  Mais c’est une réalité nouvelle.  Et à « réalité nouvelle », désignation nouvelle… On ne fume plus, on vapote.

« Mais c’est un mot horrible !

«  C’est le mot de l’année, selon le prestigieux Oxford Dictionnary.

Vous n’avez pas fini de l’entendre.

 

L’homme secoua le fume-cigarette dans le cendrier et le rangea dans la poche de son gilet.  Puis il  jeta quelques euros sur la table et se leva.

« Au revoir mademoiselle.  Je vous suis reconnaissant de ce cours de langue vivante.

Elle le vit s’éloigner d’un pas tranquille, le col relevé, enfiler ses gants et écarter d’un coup de sa semelle un papier gras sur le trottoir.  Elle se dit que les anciens avaient  quand même de l’allure. cigarette--1.jpg

 

 

 

 

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