LES ÉNIGMES D'EDWARD HOPPER (suite et fin)
Tous les tableaux de Hopper sont des énigmes. Et il les a peints pour qu’il en soit ainsi.
L’avant-dernier jour du mois de novembre, pour la publication de mon millième article sur Over-blog, j’ai publié une photo censée être la toile de Hopper nommée « Eleven A.M », peinte en 1926.
Il y avait là une double énigme.
La photo ne représentait pas vraiment la toile de Hopper.
Elle était extraite d’une série de clichés qu’un photographe new-yorkais, Richard Tuschman, a exposés sous le titre « Hopper’s meditations ».
Quelques-uns d’entre vous - des initiés, certes ! – ne se sont pas laissé avoir. Mais prise de remords, je veux que tous mes visiteurs sachent ce qu’il en est.
Car c’était une énigme à tiroirs ! Au mois de septembre dernier, est sorti en France le film très étrange d’un réalisateur autrichien, Gustav Deutsch, qui met en scène 13 reproductions de tableaux de Hopper sous le titre SHIRLEY – UN VOYAGE DANS LA PEINTURE DE HOPPER. Un film de fiction où l’on voit les personnages de Hopper s’animer et le résultat est troublant.
Parmi ces reproductions figure la photo de Richard Tuschman que j’ai choisie pour mon article, car elle était pour moi – ô sacrilège ! – plus belle, plus énigmatique, que l’original de Hopper « Eleven A.M ».
Les toiles d’Edward Hopper n’en finissent pas de créer le mystère, avec d’infinies suppositions, de multiples décryptages.
Alors si, en plus, des allumés se mettent à brouiller les pistes avec des photos plus vraies que nature, où allons-nous.
En tout cas, dans cette histoire, il faut trancher. Que s’est-il passé dans cette chambre, pour que la Rousse soit ainsi prostrée devant la fenêtre, seule, à onze heures du matin ?
Et bien, tout est dit dans le texte, sauf les secrètes motivations des deux personnages. Il a très vite flairé que la Rousse n’était pas claire et il l’a suivie dans sa fuite sans trop savoir où cela allait le mener. Et puis, ce soir-là, il avait surpris une conversation au téléphone qui lui laissait entendre que la Rousse était recherchée.
Il avait réuni les quelques objets compromettants dans la valise et s’était éclipsé pendant qu’elle dormait, se soustrayant, lui, à l’enquête et la laissant, elle, libre de tout soupçon . Plus de pièces à conviction, plus de vêtements… pourquoi avait-il emporté les vêtements ? Une sorte de vengeance, peut-être, pour s’être laissé séduire comme un benêt. Lâche ? Certes, il se sentait un peu lâche. Mais avec ce genre de femme, la lâcheté est salvatricee.
Personne ne l’a vu sortir de l’hôtel Bijou.
Il a pris le premier train pour Paris après avoir balancé la valise dans l’eau glauque du port.
Elle ne retrouverait jamais sa trace.
C’est peut-être ce à quoi elle pensait, en se laissant rafraîchir par la brise venue de la mer.
Et le concierge ébloui en sera pour ses frais.
Miss Comédie -