La scène de la mouche
IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST
La scène de la mouche
Il était une fois Sergio Leone, le rédempteur du western de papa, l’auteur de ce film mythique qui inaugure un nouveau genre, le western spaghetti. Passons sur cette étiquette idiote et redécouvrons l’Ouest américain à travers la vision d’un Italien génial.
Ses images stupéfiantes, il les a tournées en Andalousie, mais aussi dans le décor impressionnant de Monument Valley.
Ses acteurs… Des monuments aussi. Mais avant ce film, ils n’étaient que des valeurs sûres du box-office. Depuis, on les a regardés avec d’autres yeux : Charles Bronson, Henry Fonda, Eli Wallach, Jason Robards… Leone en a fait des brutes sanguinaires, effrayants de vérité.
C’était vraiment ça, « l’Ouest américain » ? Des bagarres à n’en plus finir ? Mais oui, puisque c’est dans le film.
Ah oui, j’oubliais, il y a aussi Jack Elam ; illustre acteur inconnu de nous, à la filmographie impressionnante, qui joue l’homme à la mouche de ma scène culte. On ne le revoit plus, puisqu’il fait partie des troIs bandits massacrés par l'homme à l'harmonica à la quinzième minute du film.
La scène d’ouverture, c’est un gros plan parfaitement immobile et silencieux de Jack Elam endormi. Dans ce silence, qui va durer onze minutes, on entend juste le bzzz lancinant d’une mouche qui s’amuse à lui chatouiller la moustache. Ca l’agace, il remue les lèvres, soupire, souffle, mais la mouche est tenace. Il finit par se réveiller et d’une détente rapide, coince la mouche dans le canon de son revolver.
Fin de la séquence.
Onze minutes drôlatiques qui ne préfigurent pas la suite de l’histoire…
Quand on regarde ce visage endormi, on se dit qu’on n’aimerait pas le rencontrer au coin d’une rue, la nuit.
Pareil pur tous les autres, surtout ceux qui portent le fameux « cache-poussière », leur signe distinctif.
Entre parenthèse, à l’époque de la sortie du film, tous les ados et adultes dans le vent se sont mis à porter ce long manteau de daim plus ou moins griffé, la rue avait pris des allures de décor western ou Directoire. C’était très beau et nos mecs avaient une sacrée dégaine, avec leurs cheveux longs et leurs cigarettes au bout des doigts.
Mais je m’égare. Il s’agissait de l’aspect menaçant des personnages de ce film dont la violence est dans toutes les mémoires. Tuer des enfants ! Même Tarentino n’ose pas.
Un autre coup de génie de Sergio Leone, c’est d’avoir choisi Ennio Morricone pour la musique. Cette bande-son est devenue le symbole d’un suspense palpitant, et l’harmonica l’instrument légendaire du cow-boy guerrier, le banjo étant celui du cow-boy pacifique.
Miss Comédie