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MARGUERITE DURAS, l'art de la démesure

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

durasecrireLa discothèque Le Bilboquet, rue Saint-Benoît à Paris. Trois heures du matin.

La piste est encore envahie de danseurs dans une obscurité trouée d’étincelles brillantes et par instant, de lumière noire qui donne un aspect fantasmagorique aux visages et aux vêtements de couleur blanche.

 

Dans un coin reculé de ce sous-sol archi-comble, tout contre le bar, la vieille dame est assise.  Elle est très vieille, son visage est sillonné de rides profondes.

 Elle a les yeux fermés. Elle souffre. Elle boit, souvent, de longues gorgées d’alcool.  DURAS, c’est son nom.  Marguerite DURAS.  C’est elle.

Souvent on peut la voir assise, là.   Revivre, dit-elle.

 

 

 

Piste-danse.jpg« Pourquoi revenir ici, Marguerite Duras ? 

 

Ses yeux fermés, cheveux gris, mains tremblantes.  Bien sûr elle m’a entendue.  Elle n’ouvre pas les yeux. Elle soupire. Elle parle, elle a la voix d’une alcoolique, rauque, elle répond :

 


« Ici  je suis venue si souvent.  Je n’avais qu’à descendre mes troiyann.jpgs étages, là, à côté.  Il y avait toujours à boire.  Ils savaient.  Ils m’ont remontée chez moi, le dern ier jour. Avec Yann. J’ai dit adieu au monde.  C’était trop tôt. 

«  Vous vouliez rester vivante ? Mais vous étiez  détruite  dans l’alcool…

«  Et alors ?  Yann m’aimait ainsi, défigurée.  Je lui disais d’écrire à ma place. Il le faisait. 

«  Il ne vient pas vous tenir compagnie ?

«  Il ne sait pas que je suis là.  Personne ne veut le lui dire. Je l’attend.

 

 

Elle boit.  Elle ferme les yeux.  Elle boit encore.

Avec-sa-mere.jpg

 

« Quel  livre de vous préférez-vous ?

 

Elle se tait.  J’attends longtemps sa réponse.

 

« Il y en a deux. Le premier, BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE, l’ode à ma mère adorée.  Ma mère, le courage. Je l’aimais plus que tout. Et puis  L’AMANT , bien sûr.  J’ai été trahie par le cinéma, honteusement trahie. Mais le roman est à moi, c’est ma vie.  Mon souvenir le plus vrai, le moins faux.

 

« Sur qui, sur quoi écririez-vous aujourd’hui ?

«  J’écrirais la vie d’AlexeÏ STAKKHANOV, le sublime mineur russe.

 

Ses paupières palpitent, elle les ouvre.  Elle est éblouie par le noir mouvant de la piste de danse.

 

« Regardez-les gesticuler. Où est la douce langueur des danses d’INDIA SONG ?    La passion de l’amour, qui connaît encore ce pléonasme racinien ?  Les jeunes s’accouplent comme font les chiens. Sans passion.   Les jeunes ne connaissent plus la passion.  C’est leur nouvelle liberté.   « trop cool », ils disent. Cool.  Le mot de la fin. Rien de trop. Service minimum.  Demandez à STAKHANOV ce qu’il pense du service minimum.  102 tonnes de charbon en six heures, extraites de ses mains..  Il l’a fait.

 

 

« Vous portez des jugements.  Vous condamnez ou vous louez avec excès. Cette pauvre Christine VILLEMIN…

« Par amour j’ai accusé Christine V.  Pour la beauté de son geste sublime.

« Vous déraillez complètement.

« Dérailler, dites-vous.  C’est la priorité.     Pas d’écriture sans dérailler.

Pas de chefs-d’œuvre sans dérailler.

 

Touchée.  Je cherche un point faible.

 

« Des livres comme L’APRÈS-MIDI DE M. ANDESMAS, par exemple ?

 

Experte en moquerie, elle encaisse bien.

 

« Ce n’est pas parce que   M. Etienne de MONTETY  a osé  recopier mon roman en changeant le titre et le nom des personnages, et qu’il a a été refusé par des éditeurs, que le livre était mauvais.

« Pourquoi le même roman signé de vous  avait-il été accepté ?

« Et qui vous dit qu’ils n’ont pas flairé la supercherie ?

 

Auriez-vous écrit différemment si vous n’aviez pas été alcoolique ?

« Non. J’aurais déraillé tout aussi magnifiquement.

 

 

Belle.jpg«   Avez-vous regretté de n’être pas belle ?

«    J’étais belle ! Taisez-vous !  J’étais belle.  Personne ne m’a connue quand j’étais belle.  La célébrité est venue trop tard, avec l’alcool. J’ai perdu mon visage d’enfant.   Mais Yann me trouvait belle.  (Elle se dresse, fixe un point dans le noir)  Ce garçon, là… n’est-ce pas Lui ?

 

 

Marguerite DURAS se lève, chancelle, avance d’un pas et va vers la piste de danse.  Elle mêle sa silhouette improbable aux corps vivants qui l’entourent  Pris dans le  faisceau de  lumière noire    son visage  seul émerge, étrangement dissocié de son corps, il flotte un moment avant de replonger dans l’obscurité éternelle.

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SOPHIA LOREN, bellissima

Publié le par Miss Comédie

 

 

   Sophia_Loren_1.jpgPalme-d-or.jpgMai 2011- Cannes, Festival International du Film.

Où se cache-t-elle ?  Elle ne peut pas ne pas être là,  c’est à Cannes que sa carrière a explosé avec son prix d’interprétation  pour LA CIOCCIARA en 1961.

Attention, elle a 77 ans, n’allons pas chercher du côté de la plage du Martinez où Canal + tient chapelle entouré de starlettes.

Je la trouve au bar du Carlton, pas sur la terrasse bien sûr, mais à l’intérieur , dans une longue robe blanche, cachée derrière d’immenses lunettes noires.

Elle boit un verre de chianti, agite distraitement son éventail. Elle s’ennuie. Pas de journalistes, pas de fans,  elle est seule.  A Cannes, haut lieu des gloires ephémères, on a oublié Sophia LOREN.  Je m’assied près d’elle, elle me sourit.

 

 

« Ca doit faire drôle, de se trouver ici sans avoir  à affronter le bain de foule ?

 

Un peu salaud, comme question, mais quoi, on va pas jouer les autruches.  Elle le sait bien.  Elle agite son éventail avec un petit rire et elle ne s’amuse pas à me détromper.

« Si si, ça fait drôle, enfin drôle, vous dites comme ça quand c’est dramatique ?   Je me dis que je suis bien plus tranquille, que je l’ai tellement souhaité !sophia001.jpg

« A quand remonte votre dernière visite en tant qu’invitée ?


« Moi, je ne rappelle que ma merveilleuse aventure de La CIOCCIARA, en 1961, avec votre BELMONDO !  Un prix d’interprétation, c’était  incroyable !

Mais la dernière fois c’était en 2002 avec mon fils Edoardo, nous avons monté les marches ensemble, quel bonheur ! Nous présentions son film Cœurs Inconnus dans lequel je jouais le rôle principal…   C’est déjà loin…

 

Elle pousse un profond soupir qui soulève son opulente poitrine.

 

« Pourquoi revenir à Cannes ?

«  J’ai besoin de revoir cette ville qui appartient au cinéma, c’est comme si j’allais à  la piazza san Pietro à Rome, je me recueille,  je vois de grrrands acteurs, de grrands réalisateurs, ils me font le baise-main, c’est romantique !

« Quels sont les réalisateurs qui vous ont le plus marquée ?

 

Elle s’anime en  passant en revue les monstres sacrés qui l’ont filmée.

 

«  Mamma mia,   Il y a eu tous les Américains !  HATAWWAY, KRAMER, Georges CUKOR ..  (elle rit en ajoutant :)  les mêmes que MARILYN !  Mais c’est le grrrand Vittorio de Sica qui m’a offert La CIOCCIARA, mon plus beau rôle  !

« Et parmi vos partenaires masculins, vous aviez un favori ?

 

Elle sourit et là, on revoit le sourire de La Loren, irrésistible au milieu des rides.

 

«  Marcello Mastroianni  !  Douze films, on a tournés  ensemble !   Je l’adorais et Carlo aussi, l’adorait, c’était notre meilleur ami. 

 

 

Elle se lève, s’étire. Sa robe flotte autour d’elle, on devine  sa corpulence mais elle se tient très droite, avec un joli port de tête. On voit qu’elle n’a rien d’autre à faire la journée que  bronzer, sa peau   est  couleur Banania.  Tout ça est bien triste.  Elle fait un signe au barman et enchaîne :

 

« J’ai vu Dustin HOFMAN, hier. il était entouré d’une foule de photographes, mais vous savez il est à peine plus jeune que moi !  Pour les hommes c’est plus facile de rester une star…

«  C’est parce qu’il présente un film en compétition, KUNG FU PANDA !

« Mais on ne le voit même pas, on n’entend que sa voix !

« Ca suffit pour monter les marches !

 

Coup d’éventail sur le bras du fauteuil où elle se laisse tomber.

«  J’ai été sacrée plus belle femme du monde,  ça suffit pas pour monter les marches ?  Je reste détentrice du titre….

«   Et d’après vous, quelle actrice, aujourd’hui, pourrait revendiquer ce titre ?

«  Oh, il y en a quelques-unes…

«  Parmi celles que vous avez vues ici à Cannes ?

«  Pour moi la plus belle, et de loin, c’est Uma THURMAN, bien sûr.  Une déesse.

 

Le barman lui apporte un nouveau verre de chianti. pirelli2007.jpg

« Il  faut laisser la place aux Américaines, elles ont pris le pouvoir de puis que les Italiennes n’ont plus de films à défendre…  Finalement, même si j’étais encore jeune et belle, je n’aurais plus aucun rôle en Italie.  Je préfère rester chez moi avec le souvenir de mon cher Carlo.

« Carlo PONTI  aurait apprécié que vous posiez pour le calendrier PIR ELLI… à 74 ans ?

 

Elle se cache derrière son éventail.

« Vous savez, on ne voyait rien !  Je n’étais pas nue ! Seulement mon décolleté…

 

 

 

 

Un homme entre dans le bar et vient vers nous,  le visage de Sophia s’illumine..

« Edoardo,  amore mio  ! 

Avec son fils

 Edoardo PONTI se penche pour embrasser sa mère.  Elle demande :

« Tu as vu Bernardo, poverello ?

«  Non, pas si poverello, il a reçu la Palme d’honneur.  L’année prochaine, qui sait, ce sera peut-être pour toi ?

 

SOPHIA  sourit malicieusement :

« Le prix de consolation avant l’éloge funèbre ? Non merci, je me conterai de mes royalties… c’est plus réjouissant !

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FRANCOIS TRUFFAUT, le fétichiste

Publié le par Miss Comédie

 

 

  Truffaut-1.jpgEst-ce parce que ce magasin se situait rue de la Pompe à Paris, que Truffaut en a fait le magasin de chaussures de M. Tabard dans son film  BAISERS VOLES ?  Dans ce magasin Antoine Doinel tombait sous le charme de Mme Tabard, alias Delphine Seyrig. et ça donnait des  scènes d’anthologie que l’on se repasse sur YouTube.

 Seyrig.jpg

chaussure-wolferCe magasin s’appelait MARALEX et il existe toujours.  François TRUFFAUT y fait quelques apparitions, au hasard des clientes de  passage…

Il se cache derrière la glace sans tain où celles-ci font des effets d’escarpins.  Je joue l’apprentie vendeuse.

 

« Vous êtes vraiment l’homme qui aimait les femmes, vDenner.jpg ous !

« Oui, je peux le dire maintenant.  J’aimais tellement les femmes que j’ai fait jouer mon rôle à Charles DENNER et voyez, il en est mort..

« Vous aimiez toutes les femmes ?

« Toutes.  Enfin, les attirantes.  Comme celle-ci, regardez, n’a-t-elle pas le même regard clair que Claude JADE ?

 

-Avec-Claude-Jade.jpg« Vous avez été amoureux de Claude JADE ?

« Evidemment ! J’ai même failli l’épouser, je me suis ressaisi  à temps.

« Vous n’étiez pas fidèle à un type de femme ?

« Oh non, non toutes m’allaient, voyez un peu la différence entre une Claude JADE, angélique, et Fanny ARDANT à la beauté luciférienne… Non je n’étais pas fidèle, loin de là. je tombais amoureux de de toutes mes actrices, systématiquement.

« Toutes ?

« Oui, toutes. Ca a commencé très tôt, avec l’AMOUR A VINGT ANS. J’ai été fou amoureux de Marie-France PISIER, Dieu ait son âme…marie-france-pisier-a-ete-reperee-par-francois-truffaut-qua.jpg

« Mais vous ne pouviez pas être amoureux en même temps de Claude JADE  et de Delphine SEYRIG ?

« Si, quand on aime les femmes on les aime toutes mais pas au même moment, vous voyez ?  Delphine c’était spécial, elle était aussi féministe que moi !

« Vous les engagiez parce que vous étiez amoureux d’elles,  ou l’inverse ?

« Ca dépendait.  Isabelle          ADJANI, par exemple, j’ai eu le choc de ma vie lorsque je l’ai vue au théâtre dans L’ECOLE DES FEMMES.  Elle disait « « le petit chat est mort » avec un ton Adjani.jpgunique, bouleversant. J’ai cherché une histoire pour elle et j’ai écrit « ADELE H. »

« Elle ne vous a pas déçu ?

« Absolument non ! Au montage, je repassais en boucle ses gros plans et je pleurais d’émotion.

« Bon, il y en a sûrement une ou deux qui ont eu moins de pouvoir sur vous ?

« Je ne m’en souviens plus.  Nathalie BAYE, peut-être…  Et Jeanne jeanne-moreau-472046.jpgMOREAU : elle m’effrayait. Mais quelle actrice !

 

« Pourquoi revenez-vous ici ?

« Parce que je retrouve des fétichistes comme moi.  Les femmes ont une relation obsessionnelle avec leurs chaussures.

 

On voyait se succéder dans le miroir des paires de jambes de tous gabarits dans une chorégraphie  pleine d’imprévus.

 

« Vous aimiez aussi les acteurs, quand même ?  Jean-Pierre LEAUD, par exemple…Avec-JP-Leaud.jpg

« Ah, lui, c’était pas pareil, c’était moi.  C’était moi petit, puis moi jeune homme.  Il m’a absolument bluffé dans son imitation involontaire, juste sur quelques indications.  En fait, il me ressemblait vraiment.

« Vous suivez sa carrière ? 

«  Oui… (il ferme les yeux et paraît tout-à-coup triste)  Mais je ne supporte pas de le voir vieillir.  Je trouve inacceptable qu’il vieillisse alors que je suis mort.  Il n’a pas le droit…

 

Tout à coup il semble distrait de sa contemplation, plongé dans la mélancolie, absent.  Je crains qu’il ne m’échappe et je relance : 

 

«  Vous allez faire un tour à Cannes, dans dix jours ?

         « Peut-être, si Godard y va, je veux voir comment un ex-Nouvelle Vague devenu vieux chnoque se comporte devant la nouvelle génération de cinéastes…

« Vous avez saboté ensemble le Festival de Cannes en 68 !

 

Avec-Godard.jpg« Oui mais lui, il avait déjà fait Le MEPRIS et PIERROT LE FOU, il pouvait tout se permettre.  Moi, je suivais. Je l’admirais,   il était beaucoup plus intellectuel que moi.

Moi je faisais des petits films romantiques. Lui, il a détruit toutes les règles du cinéma.  Ce n’est pas moi qui le dis.

le-mepris.jpg

Il reste songeur. 

 

« J’aurais voulu faire Le MEPRIS. 

« Vous seriez peut-être encore avec Brigitte BARDOT ?

 

Là, il revient sur terre et éclate de son petit rire grêle.  Je suis attirée par la vue de deux jambes fines gaînées de noir perchées sur des  talons vertigineux, qui esquisse un pas de danse.  Celle-là va lui taper dans l’œil.  Je me retourne, il n’est plus là. Dommage, il a raté la plus belle cliente de MARALEX.

 

 

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QUI EST SUPERTRAMP ?

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

Supertramp_Tour2010-1.jpg

Madison Square Gardens, New-York, 31 mai 1979.  Le public attend SUPERTRAMP dans une ambiance survoltée. Ils sont déjà chauds, très chauds … Avec BREAKFAST IN AMERICA son dernier album, le groupe  SUPERTRAMP s’est propulsé au top de tous les charts.

  Les deux leaders, Rick DAVIES et Roger HODGSON font chavirer les fouless avec leurs voix d’enfants et leur dégaine :  post-hippie pour Hodgson, petit veston pour Rick Davies.roger-young.jpg

rick-young.jpgRick a 35 ans, Roger 29.   Cheveux longs,  beaux visages allumés, ils prennent le relais des groupes mythiques des années soixante, Pink Floyd, Procol Harum et autres Beach Boys.  Sur scène, ils ont tous les talents : ils chantent et ils jouent chacun d’au moins trois instruments.

 

 

Ils sont si beaux et leur musique si planétaire qu’on ne peut pas imaginer qu’ils deviendront un jour de petits vieux derrière leurs claviers, , répétant inlassablement les mêmes sons stridents, les mêmes musiques usées et pourtant si belles qu’elles deviennent des cantates pour leurs fidèles envoùtés.  supertr

 

 

pochette.jpg Pour l’instant ils sont  déjà un peu en transes, leur manager leur rappelle  les points forts du spectacle. Ils n’écoutent pas, il se disent des petits mots incompréhensibles qui les font marrer.  Là-haut, le groupe occupe déjà le terrain et envoie les premiers accords, déchaînant l’impatience.

Je peux les retenir encore trois minutes, le temps d’une chanson.

 

« Comment voyez-vous l’avenir ?

Ils se regardent, éclatent de rire.  C’est Rick qui parle le premier.

« First, mylady, nous partons en tournée all over the world.   Jusqu’à la fin de l’année.

« Et après ?

« Après, repos ! dit Roger qui a un regard bleu pas fatigué du tout.

«  Nous allons nous arrêter un peu de bouger, dit Rick, nous achevons une tournée et repartons pour une autre, nos musiciens en ont marre d’être loin de leur famille.  On va rester un peu ici, à Los Angeles.

« Mais vous êtes anglais, ?

« Oui, bieen sûr, mais c’est ici qu’on est devenus célèbres, alors on reste là !

« Moi, dit Roger, je me verrais bien vers Nevada City, par exemple, avec mon propre studio d’enregistrement…

«  Vous vous séparez ?Both-in-the-dark.JPG

« Non ! Qui parle de rupture ?  Tout le monde en parle, c’est idiot.

Rick et moi c’est à la vie à la mort  !  Hein, Rick ? 

Ils se tapent dans la main.

« Vous aviez parié avec votre producteur que Breakfast In America serait un bide ?

Rick bondit :

« Oh, j’allais oublier …

Il  va ouvrir une mallette sur sa table de maquillage et en sort un sous-verre contenant un billet de 100 dollars.

« Je vais le lui remettre sur scène, à la fin du concert.   Il m’avait parié 100 dollars que l’album serait numéro un des ventes aux US… Il a gagné, le salaud !

Et il mit le sous-verre dans sa poche.

« Bon, il faut qu’on y aille, dit Rogers, sous pression.

« Encore une question !   Vous êtes pour une retraite anticipée, en pleine gloire, ou bien pour une carrière de vieux rockers ?

 

Ils se regardent, un peu désarçonnés.  Seront-ils d’accord ?

 

Rick-old.jpg« Je  continuerai à chanter jusqu’à ma mort, dit Rick, buté.  Je me fous d’être vieux et moche,  si les gens continuent à venir m’écouter, c’est que  Supertramp sera toujours Supertramp.

« Et vous ?

« Moi aussi… ! vous connaissez des rockers qui s’arrêtent en pleine gloire pour se regarder le nombril ?  Je serai un très joli petit vieux Supertramp !Byblos.jpg

« Et vous pourrez toujours pousser votre cri d’enfant dans Logical Song ?

« Mais oui !  La voix ne s’use pas quand on s’en sert !  Le cri Supertramp ne vieillira jamais !

« Il faut donc que vous restiez ensemble

Rick prit Roger par l’épaule

« Je resterai avec toi si tu arrêtes l’acide.  Je ne veux pas d’un camé dans le groupe. Tu sais, je ne plaisante pas.

Ils m’avaient déjà oubliée. Ils montèrent ensemble l’escalier qui menait au backstage et restèrent un moment à écouter la foule qui les appelait, avant de bondir en scène comme des jeunes félins, soulevés de terre par l’enthousiasme du public.

Il faut les avoir vus alors, dans cet absolu état de grâce, pour refuser l’idée de leur décrépitude.

Il reste un groupe bancal qui s’attribue encore les succès de Roger Hodgson   et les fait chanter par un autre...

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