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LA PHOTO_MYSTERE DES PLAGES

Publié le par Miss Comédie

LA PHOTO_MYSTERE DES PLAGES

LA PHOTO MYSTERE DES PLAGES

 

 

C’est sur cette plage, dans un film culte sorti en 1971, que le personnage principal , fou d’amour , vient rendre le dernier soupir.

 

Quel est le titre de ce film ?

Le nom de son réalisateur ?

Le nom du personnage principal ?

 

Pour vous aider, la bande originale de ce film comporte un morceau de musique classique mémorable dont l’auteur, immense compositeur autrichien, porte le même prénom que le personnage principal  -  et, tiens ! quel est ce compositeur et quelle est l’œuvre dont est tiré le morceau du film ?

 

Réponses dans le prochain article avec la photo-mystère d’une autre plage.

 

Miss Comédie

 

 

                                        

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WHAT A WONDERFULL WORLD !

Publié le par Miss Comédie

WHAT A WONDERFULL WORLD !

Armstrong

 

WHAT A WONDERFUL WORLD !

 

        

J'aperçois des arbres verts
Des roses rouges également
Je les vois s'épanouir
Pour toi et moi
Et je me dis « Quel m
onde merveilleux ! »

Je vois des cieux bleus
Et de blancs nuages
L'éclatant jour béni
La sombre nuit sacrée
Et je me dis comme pour moi-même
"Quel monde merveilleux"

Les couleurs de l'arc-en-ciel
Si jolies dans le ciel
Sont aussi sur les visages
Des passants
Je vois des amis se serrer la main
Se dire « comment vas-tu »
En réalité ils se disent « je t'aime »

 J'entends des bébés pleurer
Je les vois grandir
Ils apprendront bien plus
Que je n'en saurai jamais
Et je me dis tout bas
« Quel monde merveilleux « 
Je me dis comme pour moi-même
« Quel monde merveilleux »

 

 

 

Voila ce que chantait Louis Armstrong à l’automne 1967

En pleine guerre du Vietnam, comme si de rien n’était...

Ou plutôt  comme  si ces visions d’un monde imaginaire pouvaient conjurer le mal qui frappait son monde à lui, cette race qui n’en finissait pas d’être opprimée.

Il chantait, Louis, comme les apôtres chantaient la gloire du Seigneur et sa musique adoucissait les blessures de ses frères mais n’adoucissait pas les moeurs.

Armstrong et ses frères nous ont offert avec leur musique  de quoi apporter la paix dans le monde, comme les cantates de Bach ou l’Hymne à la Joie de Beethoven... mais , hélas ,  certains n’entendent que les voix stridentes de la discorde.

 

 

Et voilà que les statues vont payer pour tous les mécréants d’hier et d’aujourd’hui.  Ils ont décapité la statue de Christophe Colomb , comme ça on ne sera plus tenté de lui tresser une couronne pour avoir découvert l’Amérique.

On interdit la projection au cinéma du film « Autant en emporte le vent ».  Pourquoi ?  Pour saper irrémédiablement la mémoire  du Septième Art  au nom de la justice raciale ?

 

Mais les Blancs et les Noirs s’aimeront-ils d’amour pour autant ?

On en doute. 

Mais… ces démonstrations excessives, tyranniques et incontrôlées ne sont-elles pas annonciatrices d’une prise de conscience collective ? D’un refus de l’indifférence ?

On peut toujours rêver.

 

Cette chanson est un message  d’amour et d’espoir que Louis Armstrong  lançait  à ses frères et au monde entier.

 

Si  l’on écoute les medias, les politiques, les associations et les réseaux  sociaux, ce monde n’est pas merveilleux, il est calamiteux.

Mais si l’on arrive à faire taire les sirènes déchaînées et que l’on est seul face à sa propre vision du monde, on ne voit plus que…….ce que voyait Armstrong dans sa chanson.  

Sauf qu’en 2020,  entre le virus  et la propagation de la violence sur cette planète, pour garder l’espoir, il faut être d’une inconscience proche  du coma éthylique.

 

Miss Comédie

 

PS  L'appli cation Deezer ne nous autorise que dix secondes du morceau gratuits... Pour le reste il faut payer après une série de mots de passe etc..... Quel monde merveilleux...

 

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LA MAISON D'ESCHER

Publié le par Miss Comédie

LA MAISON D'ESCHER

LA MAISON D'ESCHER, LA MAISON DE TOUS LES POSSIBLES

 

Accrochez-vous ! 

Vos yeux ont perdu l’équilibre,  vous fixez deux garçons qui montent ensemble le même escalier mais regardez bien, l’un monte les marches, l’autre les contremarches… dieu du ciel, ils n’ont pas la même force de gravitation… un autre escalier s’envole vers le vide, vous distinguez un mur qui est aussi un plancher, à première vue ce dessin ne représente que le chaos,  mais pour un mathématicien, tout est parfaitement normal. En attendant, pour s’y repérer, l’usage des petits cailloux est conseillé sinon vous ne trouverez jamais la sortie.

Et puis c’est fou, vous n’arrivez pas à vous décrocher de cette vision  dérangée et  dérangeante qui n’est pas une illusion d’optique, non plutôt  l’illusion de la perspective, de  la gravitation, mais tout cela cohabite, l’envers côtoie l’endroit, le haut  est aussi le bas, et l’on se dit finalement que c’est peut-être comme ça autour de nous et que l’on ne s’en aperçoit pas.

 

C’est à la fois fascinant et énervant. Ce vertige qui vous prend devant l’impensable, l’inexplicable, l’irrationnel. On pense « cette gravure est l’œuvre d’un fou. »

 

Il n’est pas fou, Escher, bien qu’il affirme lui-même que « ce que l’on voit là n’est rien, comparé à ce qu’il a dans la tête... »

C’est que notre monde est bourré de mystères que seuls des initiés  arrivent  à percer et  nous passons à côté de l’impensable sans nous en douter, à chaque seconde.  Nous sommes ici mais aussi peut être ailleurs, qui sait ?

 

La maison d’Escher est celle de tous les possibles géométriques et arithmétiques  mais elle est aussi traversée par des forces magnétiques qui s’installent  au fil des années.

 

L’œuvre d’Escher n’est pas métaphysique, ni même surréaliste, son  inspiration  est purement mathématique.

En 1922 au cours d’un voyage en Espagne,  il reste en arrêt devant la façade de l’Alhambra à Grenade et ses motifs répétitifs basés sur des formules arithmétiques.

 

Il suivit cette voie pour créer des les constructions impossibles,  des  motifs  en deux ou trois dimensions qui se transforment graduellement en leur contraire.

LA MAISON D'ESCHER

Le roi de l’illusion inspiré par les lois de l’arithmétique, c’est déjà un paradoxe.

La question est de savoir où est la véritable nature des choses qui nous entourent : dans quelle dimension sommes-nous pour les observer ?

 

Souvenez-vous de votre ancienne maison.

 

Des réminiscences vous reviennent images de bonheur omniprésentes mais fragiles, culbutés  par une présence intruse qui s’infiltre, tel  un scorpion surgi du néant sur le mur blanc.  Gardez vos larmes, ce sont les aléas de la vie.

Chaque maison est la maison de tous les possibles.

 

miss Comédie

 

 

 

 

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LE THEATRE A BUREAUX FERMES

Publié le par Miss Comédie

LE THEATRE A BUREAUX FERMES

 

Le rideau rouge est tombé, il y a  bientôt  cent jours.

Les théâtres ont dû fermer leurs portes et les fauteuils repliés prennent la poussière.

Les spectateurs frustrés arpentent les rues, muselés, attendant la fin d’un supplice qui semble s’éterniser.

 

Bien sûr, - il  faut y croire -  les trois coups retentiront à nouveau,  le rideau  rouge se lèvera enfin  car  la magie du théâtre n’est pas près de s’éteindre.

Le théâtre est la survie de notre imaginaire, enfoui dans les dédales d’un jardin secret que la scène repeuple pour nous sans relâche.

LE THEATRE A BUREAUX FERMES

En ce temps là la Comédie Française affichait RELACHE le temps

de changer d’auteur, de décor, de comédiens, le temps de faire peau neuve en quelques jours et les Parisiens savaient qu’une nouvelle création les attendait au tournant, la date était fixée, pas de surprise.

Aujourd’hui on se doute que l’attente sera longue.

Il faudra bien un jour mettre bas les masques et crier nos bravos, debout, devant les fantômes ressuscités du théâtre vivant !  Mais quand ?

Moi je reste spectatrice  d’un monde qui a momentanément, j’espère, perdu ses repères et qui, lentement, reprend son souffle. 

A bientôt,

 

Miss Comédie

 

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HOME CINEMA : what else ?

Publié le par Miss Comédie

HOME CINEMA : what else ?

 

Aujourd’hui où tout être humain se méfie de son prochain et garde ses distances, les salles de cinéma ont fermé leurs portes.

C’est la désolation pour tous ceux qui venaient y oublier la vraie vie et partager une vie de rêve, au coude à coude, avec des inconnus.

 

Tout le monde sait que le cinéma est le seul endroit où l’on a rendez-vous avec soi-même, tel que l’on a été un jour, tel qu’on voudrait renaître un jour.

A la  rencontre de ces images  inattendues  qui vont éveiller en vous quelque désir  inavoué, quelque sanglot, quelque sursaut de révolte, ou l’écho d’une voix depuis longtemps éteinte qui vous bouleverse. Et puis quand la salle toute entière rit, cette libération partagée.

Au cinéma c’est vous qui dansez avec Fred Astaire, qui jouez aux échecs avec Steve Mc Queen, qui menez le char de Spartacus, qui hurlez avec les loups.

 

Allumez chez vous la lanterne magique et vivez toutes vos métamorphoses, indéfiniment confinée.

Avec un café, le home cinéma. Quoi d’autre ?

 

Miss Comédie

 

https://www.youtube.com/watch?v=qyYiO51peVc

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LOIN DE LA FOULE, SOUCHON CHANTE

Publié le par Miss Comédie

LOIN DE LA FOULE, SOUCHON CHANTE

 

Protège-toi Alain !

Ame des fifties, des sixties aussi,

Et même au-delà des nineties

Te riant des tempes grises,

Tu as chanté sans fin jusqu’à ce que

la vie t’impose un masque et que

ta voix  et ta musique arrivent jusqu’ici.

 

 

Vieil  ado mélancolique

Victoire de la musique

Pourquoi faire ?

Les  micros se sont tus…

 

 

Il a l’âge que l’on n’avoue jamais.

Il a la voix adolescente  des premiers flirts,  pour dire doucement le temps qui a passé, avec des mots usés, bribes de vocabulaire oublié, qui nous frappent au coeur.

Les mots  des fifties, aujourd’hui.

 

Ces prénoms qu’on ne donne plus aux enfants, ces voitures qui ne roulent plus vraiment, André Verchuren, le train Mistral, tout cela on a connu enfant ou même  plus grand, on ne regrette rien, ce que l’on regrette c’est tous ces bonheurs enfuis, comme ce dernier rendez-vous sous la marquise avec un verre de gin fizz et cette légère brise …

 

Tout l’album est comme ça, entre humour et tendresse, nostalgique et insolent.

Mais je reviens toujours en boucle à cette Ame des Fifties qui est un petit bijou baroque comme un adagio d’Albinoni.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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QUAND LES ETOILES SE CONFIENT.....

Publié le par Miss Comédie

QUAND LES ETOILES SE CONFIENT.....

23 ème jour de confinement. Le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint.

 

Dans l’immensité de la nuit étoilée, la grande ourse et la petite Ourse sont les constellations qui nous semblent les plus proches.  Plus brillantes que les autres, elles sont facilement reconnaissables visibles, hiver comme été.

Duo inséparable, elles passent leur temps à observer les allers et venues des navettes spatiales  ou  la valse lente des objets abandonnés dans l’espace qui ont l’éternité pour eux.

Quant aux planètes, seule la planète Terre offre quelques distractions : sur Mars, Venus, Uranus ou Jupiter, il ne se passe rien d’intéressant.

 

Cette nuit-là,  les sept  étoiles de la petite Ourse se sont mises à frémir  d’on ne sait quelle agitation.

 

 

«   Hé,  il se passe quelque chose sur la planète Terre ! Un grand silence règne sous la clarté de la Lune, et les rues sont vides dans les cités qui d’ordinaire fourmillent de noctambules !

 

«  Je suis aussi intriguée  que toi, Polaris…  les humains semblent avoir déserté leur espace vital… mais où sont-ils ?

 

« J’aperçois des points lumineux qui scintillent dans les villes et quelques-uns aussi de par les étendues champêtres…

 

 

« Ils sont donc tous chez eux mais pourquoi ?   La finale d’un match de foot  international à la télé ?… Prête-moi tes jumelles, que j’examine de plus près, voyons… la France, par exemple, qui me semble bien calme, et Paris (elle s’exclame) c’est fou, les Champs-Elysées  sans âme qui vive, le crois-tu ?

elle tend les jumelles à la petite Ourse, qui observe à son tour :

 

La petite Ourse

Je vois le lion de Belfort qui porte un masque ! Et Jeanne d’Arc sur son  cheval en porte un aussi !  Et la tour Eiffel porte une chemise en crêpe noir  !

Pourquoi ils font ça ?

 

«  C’est dingue !   Et regarde aussi au Danemark, pour voir ?

 

 « J’y suis ! Et bien, la petite sirène, elle aussi porte un masque !

 

« Un grand danger menace donc l’Europe, mais l’Amérique est-elle aussi sur ses gardes ?

 

« Par Jupiter, à l’Ouest y a du nouveau, comme à l’Est, plus une âme dans les mégapoles et… stupéfaction, la statue de la Liberté…

« Quoi ?... écroulée ?

« Non : masquée ! le drapeau US lui couvre le visage jusqu’aux yeux !

«  Par Zeus, tu me fais marcher !

«  Tiens, prend les jumelles et regarde ! Je suis prise d’une grande frayeur, moi !

La grande Ourse saisit les jumelles et balaie le champ sidéral pour finir par bégayer :

« On touche le fond.  Venise a organisé un bal masqué sur la place St-Marc…

 

La petite Ourse s’affole :

«  Mais… il y a des morts !  Je viens de recevoir l’appel d’un numéro masqué… » »  De qui ?

«   C’est Jean-Larent Cochet le grand professeur de Théâtre,  qui vient de rejoindre le Paradis… Il m’a dit…

La grande Ourse, tremblant de toutes ses étoiles

Que t’a-t-il dit ?

« Quelques mots d’une pièce de Molière…

« Quels mots ?

« Le poumon… le poumon… »

 

Le jour se lève. Les constellations disparaissent peu à peu dans la clarté naissante du firmament.

La grande Ourse et la petite Ourse viennent de comprendre que le mal qui se répand sur la planète Terre n’est pas vraiment imaginaire .

 

Miss Comédie

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ALIEN, LE CONFINEMENT

Publié le par Miss Comédie

ALIEN, LE CONFINEMENT

 

Le père

On est bien, non ?

La mère

Oui, on est bien, sans radio, sans télé, sans smartphone.…ça fait du bien.

La fille

On fait le vide…

Le fils

On n’a qu’un souci, c’est qu’on est confinés  depuis sacrément   longtemps !

Le gendre,  derrière son journal

CONFINES…  vous vous sentez vraiment confinés, ici ?  Devant un champ de blé ?

Le fils

Ben oui, le confinement fait de nous des confinés ! (il ricane).

Le gendre, hargneux

Absurde ! Le con fini c’est celui qui a lancé le mot confinement pour faire de nous des poulets d’élevage !

Le père

Allez, tu ergotes, là !

Le fils

Alors si on n’est pas confinés, on est quoi, d’après toi ?

Le gendre

On est tout simplement isolés, voilà.

La mère

Ah oui, j’aime mieux ça, le mot est plus élégant.

Le gendre

C’est surtout le mot JUSTE !

Le fils

Trop tard ! Le monde entier est confiné  jusqu’à… quand, au juste ?

La fille

Comment savoir ? on est coupés du monde !

La  mère

Seigneur ! cela fait combien de temps qu’on est là à regarder pousser le blé ?

 

Le père, pris de stupeur

Bon sang  la boulette !  On aurait pu garder la télé !

 

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ALIEN, L'ARME INVISIBLE

Publié le par Miss Comédie

ALIEN,  L'ARME INVISIBLE

 

Bizarrement, la Nuit des Cesars, avec  ses remous tristement iconoclaste, marque symboliquement  la fin d’une époque.

Je ne me doutais pas que l’enchaînement de mes articles, inspirés par une actualité que je voulais ludique, serait soudain brisé net par un événement dramatique  qui s’abat sur la planète toute entière.

Comme tout le monde, je retiens ma respiration.  L’inspiration, elle, est tarie, il faut éviter d’être à bout de souffle.

La Bête s’attaque aux plus faibles – je sens qu’il vaut mieux qu’Elle m’oublie.

 

Nous voilà donc renvoyés chez nous jusqu’à nouvel ordre car la Bête tue tout ce qui bouge.

C’est le « va dans ta chambre » des enfants dont on n’arrive pas à venir à bout.

Déjà  la France a peu à peu changé de visage.

 

Ce nouveau territoire vidé de ses habitants et de ses véhicules a quelque chose d’hallucinant.   C’est comme un présage d’apocalypse, une vision de cauchemar.

 La nuit devient un prolongement du cosmos, muette interrogation sans réponse. 

Le silence a envahi l’espace des vivants, palpable comme un voile de brume.

Les jours ont perdu leur chronologie, les heures s’écoulent sans rime ni raison, les agendas restent vides de sens.

La question  est : « jusqu’à quand ? »

Il n’y a pas encore de réponse.

Mais la certitude qui se profile à l’échelle  planétaire : quelle que soit la durée de notre réclusion, quel que soit le nombre de survivants, quelle  que soit l’ampleur du désastre économique,  est  que rien ne sera plus comme avant.

 

Miss Comédie

 

 

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AVE CESAR

Publié le par Miss Comédie

AVE CESAR

 

La première Cérémonie des César, appelée aussi LA NUIT DES CESAR, eut lieu le 3 avril 1976 au Palais des Congrès à Paris.

Elle fut présidée par Jean Gabin, dont ce fut la dernière apparition publique sept mois avant sa mort.  Les images d’archives le montrent assis au premier rang, son visage éternellement impassible sous sa crinière blanche,  se levant péniblement à l’appel de son nom pour monter sur scène et proférer  d’un ton las, la phrase « je déclare ouverte la Première cérémonie des César ».

Il était déjà malade, mais il avait tenu son rôle avec grandeur, sous les yeux attentifs des deux maîtres de cérémonie, Pierre Tchernia et Jean-Claude Brialy.

 

J’imagine que planait sur cette première remise de prix un suspense sans précédent, comme l’entrée des gladiateurs dans l’arène, devant César.

 

 

Ce fut Jean Gabin accompagné de Michèle Morgan (« tu as de beaux yeux, tu sais... ») qui remit le César du meilleur film à Robert Enrico pour LE VIEUX FUSIL, sous les acclamations du public.  Adhésion totale, pas d’intermittents pour protester, pas de partisans du désarmement non plus.  Un choix qui donna au film une reconnaissance éternelle.

 

Derrière lui, trois concurrents malheureux mais d’égale stature :

Cousin Cousine, de J Ch Tacchella,

Que la fête commence de Bertrand Tavernier,

Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio.

 

Le meilleur réalisateur fut Bertrand Tavernier pour QUE LA FETE COMMENCE, suivi par François Truffaut pour Adèle H , Robert Enrico pour le Vieux Fusil,

Jean-Paul Rappeneau pour Le Sauvage.

On aurait pu les classer ex-aequos...

 

 

 Le César de la meilleure actrice posait un sacré problème d’ego…  Romy Schneider l’emporta  pour son rôle dans L’IMPORTANT EST D’AIMER, au grand dam d’Isabelle Adjani qui s’était levée avant même que le prix soit décerné, persuadée qu’elle était l’heureuse élue.

A côté d’elle, mais plus humbles,  des stars déjà confirmées : Catherine Deneuve pour Le Sauvage, Delphine Seyrig pour India Song…

Excusez moi du peu. Mais à l’époque, les écrans étaient peuplés de créatures divines bourrées de talent. Il n’y avait que l’embarras du choix .

 

Pour  le César du meilleur acteur ils ont dû probablement tirer au sort pour désigner Philippe Noiret dans LE VIEUX FUSIL  alors que caracolait derrière lui Gérard Depardieu pour Sept Morts sur ordonnance, Victor Lanoux pour Cousin Cousine , Jean Pierre Marielle pour Les Galettes de Pont-Aven…

 

 

 

En lice pour cette première compétition, les films étrangers alignaient  quatre fleurons du 7ème art européen :

Parfum de Femme de Dino Risi, l’emportait sur Aguirre ou la Colère de Dieu de Werner Herzog , Nashville de Robert Altman, La Flûte enchantée d’Ingmar Bergman

 

... and the winner was : PARFUM DE FEMME, bien sûr, inoubliable Gassman.

 

Il y eut deux César d’honneur, un peu bizarres, pour Diana Ross, une chanteuse égarée au cinéma, et Ingrid Bergman.

Pour rafraîchir l’atmosphère, le spectacle comportait des moments de détente  où quelques figures connues de la chanson venaient se produire hors compétition.

 

Tout cela était encore bon enfant, plein d’humour et de tolérance, les gens étaient là pour se congratuler, non pour se critiquer.

C’était encore la grande famille du  cinéma, heureuse de se retrouver pour une nuit de consécration.

 

Quarante quatre ans plus tard, tout a changé.

Les films ont perdu cette frivolité qui faisait leur charme, le propos n’est plus de divertir mais de démontrer. 

Sous des images parfois insoutenables, la violence est devenue le piment des scénaristes qui délaissent l’imaginaire pour la réalité au premier degré.

Les acteurs ont droit à leur jour de gloire avant d’être oubliés, remplacés par de nouveaux talents.

Surtout, chaque compétition est devenue un combat d’idées, une lutte sournoisement politique.

On nous annonce que le grand favori des César 2020 est le film de Polanski, « J’accuse », ce qui promet une belle démonstration de force de la part des féministes.

Et pourquoi tout d’un coup, la Nuit des César ne donne sa chance qu’à des réalisateurs venus du Belouchistant ?

 

« OK, boomer ! »  me répond la jeune génération.

 

Miss Comédie

 

J’apprends à l’instant la démission collective des membres de l’Académie des César, à la demande d’un groupe de personnalités du cinéma (dont Bertrand Tavernier !!!!... ) Oui, tout change. Que va-t-il se passer le jour J ?

 

 

 

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HERNANI, BATAILLE POUR UNE REFORME

Publié le par Miss Comédie

HERNANI, BATAILLE POUR UNE REFORME

 

  « La première d’Hernani » par Albert Besnard (1849-1934)

 

 

 

 

Depuis la nuit des temps, le monde est en perpétuel changement car l’immobilité c’est la mort.  Cela se fait tout naturellement, mais certains êtres humains participent, volontairement ou non, à ce changement , provoquant  ainsi  des réactions qui peuvent tourner au pugilat,  à la grève, voire à la violence.

 

Voyez la bataille d’Hernani.

Victor Hugo  en a eu marre d’être soumis aux codes imposés par Boileau dans  l’écriture dramaturgique.

Il  écrivit  une magnifique pièce de théâtre  qui avait tout pour rendre fous les gardiens de la tradition.

Comme on n’est jamais trop prudent, il  soumit la pièce  à la censure royale et Charles X du moment qu’on ne touchait pas à sa majesté, donna son accord pour la représenter au Théâtre Français.  Pour ce qui était de la censure littéraire, il laissait aux puristes le soin de se manifester.

 

 

La veille de la première, Victor Hugo convoqua chez lui son groupe d’amis intellectuels et artistes pour une lecture de la pièce.

Le bruit avait circulé que l’oeuvre  piétinait certains tabous,  mais lesquels, au juste ?

Tout émoustillés,  toujours prêts à renverser les vieilles idoles, la jeune garde fit bloc avec la réforme.

 

Elle était de taille, la réforme : finie les trois unités, les alexandrins, la tragédie se mêlait à la comédie et le tout finissait par un drame.

 

Il fallait s’attendre à une levée de boucliers, ce fut un combat à mains nues et lancer d’injures . L’évènement  resta  dans l’histoire sous  le nom définitif de « bataille d’Hernani ».

Le soir de la première  à la Comédie Française, le 25 février 1830,  la salle était pleine et l’ambiance  survoltée entre les deux camps .

Les classiques et les romantiques déchainés, devenus ennemis par le seul motif de la forme donnée à un divertissement,  donnant à ce prétexte la force d’un credo inaliénable.

 

Le peintre Albert Besnard réalisa une fresque de l’évènement.

 

Le tableau représente la salle Richelieu avant le lever du rideau. D’emblée on remarque l’agitation régnant dans un endroit où le calme et les mœurs policées dominent en temps normal ; « une rumeur d’orage grondait dans la salle », dira Théophile Gautier. Au premier plan, portant les cheveux longs et des vêtements excentriques en signe d’appartenance à la mouvance romantique, les partisans d’Hugo ne peuvent tenir en place. Plusieurs d’entre eux, la bouche ouverte, lancent insultes et quolibets à leurs adversaires. Sur la gauche du tableau, on reconnaît Théophile Gautier, bravant l’adversaire avec son torse bombé et son gilet rouge. L’un de ses alliés, monté sur la scène, semble vouloir singer les gestes et la pose d’un spectateur de l’autre camp. Entre ces deux personnages, tous les occupants des premiers rangs se regroupent en une cohorte informe, parcourue par l’effervescence de la joute oratoire qu’elle mène avec les autres spectateurs du balcon. Parmi les défenseurs de la pièce venus pour l’occasion, citons  Gérard de Nerval, Alfred de Musset. La plupart étaient déjà là à l’ouverture des portes du théâtre en début d’après-midi et se sont livrés pour passer le temps à un chahut où les chansons l’ont disputé aux cris d’animaux. Entre les « pro » et les « anti » Hernani, la salle compte d’autres éminents spectateurs venus par simple curiosité. Parmi eux citons en particulier Chateaubriand.
Dès les premiers vers, la querelle est engagée. « Il suffisait, écrit Théophile Gautier, de jeter les yeux sur ce public pour se convaincre  que deux systèmes, deux partis, deux armées, deux civilisations même, — ce n'est pas trop dire — étaient en présence, se haïssant cordialement, comme on se hait dans les haines littéraires, ne demandant que la bataille, et prêts à fondre l'un sur l'autre. »

 

(Michel Winock, dans L’HISTOIRE PAR L’IMAGE, juin 2012)

 

 

Le sujet de la pièce ? La mise en scène ? Les comédiens ?  Tout cela     n’était pas leur problème.

Les amours d’un proscrit avec la jeune infante dona Sol, les turbulences de la cour d’Espagne présentées avec le lyrisme et l’élégance de l’auteur des Misérables,  tout cela passait au second plan, derrière la Réforme.

 

 

 HERNANI fut un vrai succès, alimenté par le bruit de la bataille qui attisa la curiosité, et 39  représentations suivirent cette « première » mouvementée.

Victor Hugo avait 27 ans, il était déjà célèbre  et devint grâce à cette bataille la coqueluche des beatniks de l’époque férus d’art dramatique et poétique, menés par un Théophile Gautier au gilet rouge et un Gérard de Nerval déjanté – mais aussi, malgré son âge (62 ans) un Chateaubriant admiratif et désenchanté.

 

 

 

La réforme d’HERNANI, si elle déchaîna les passions, annonçait la fin de la dramaturgie classique. Depuis,  les alexandrins  sont passés de mode et les trois unités sont passées au rancart.

Ce qui n’empêche pas les foules de se pâmer devant LE CID de Corneille ou BERENICE de Racine, sans parler des éternelles merveilles linguistiques de notre cher Molière !

Il faut se rendre à l’évidence, ça ne sert à rien de lutter contre les réformes.

 

Miss Comédie

 

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LA PREMIERE

Publié le par Miss Comédie

Elle a  déjà la meilleure note avant même d’avoir rendu sa copie.

 

 

LA PREMIERE

Ellle promet !

 

 

Miss  Comédie

 

 

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LA DERNIERE

Publié le par Miss Comédie

LA DERNIERE

Joyeuses fêtes

 

Et adieu 2019 !

 

MISS Comédie

 

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LES FILMS DE LEGENDE : L'AFFAIRE THOMAS CROWN, un beau doublé !

Publié le par Miss Comédie

LES FILMS DE LEGENDE  :  L'AFFAIRE THOMAS CROWN, un beau doublé !

Ce qui est  légendaire dans cette affaire, c’est surtout la scène de la partie d’échecs.

Cette scène, j’en ai déjà parlé sans la replacer dans son contexte, comme si le film lui-même était un sujet secondaire.

 

Grosse erreur !

 

Le film de Norman Jewison devient intéressant lorsqu’on le compare à son remake réalisé par  John McTiernan sorti trente ans plus tard.

Du coup la scène de la partie d’échec devient un épiphénomène purement publicitaire et tout l’intérêt se recentre sur la psychologie des personnages, totalement différente d’un film à l’autre.

En l’espace de trente ans, le personnage féminin  a changé sa manière de séduire  car,  pour la femme d’aujourd’hui la séduction est devenue un but minable, l’essentiel est de démontrer sa valeur par A+ B.

Entre Faye Dunaway et Renée Russo, le personnage de l’enquêtrice a  donné un sacré coup de jeune au film, sans changer une virgule au script !

 

 

 

         Cela dit, la version  de Norman Jewison sorti en 1968 

         reste légendaire dans la mémoire collective .

         Pourquoi ?

Le casting ? 

 Steve Mc Queen s’est  emparé du rôle-titre  que Sean Connery vient  de refuser. A la lecture du scénario, il a  immédiatement flairé le coup de maître.

 Il a 38 ans,  c’est le wonderboy du moment,  une carrure.

Faye Dunaway, elle aussi, gagne  le rôle de Vicky Anderson après le refus d’ Anouk Aimée et de…  Brigitte Bardot,  forte de son succès récent  dans  Bonnie and Clyde.

Elle est parfaite dans son personnage de garce pomponnée  qui drague  ouvertement sa proie, persuadée qu’elle le mène par le bout du nez.

Lui,  joue le jeu de l’amourette  sans se donner beaucoup de mal pour la « posséder ».

Film machiste, dira-t-on, mais légendaire quand même,peut-être grâce aux 55 secondes de ce baiser qui s’est longtemps fait désirer autour de l’échiquier…. ?

Non, ouvrons les yeux :  le scénario  exploite   magnifiquement cette affaire de casse auto-programmé par le héros, et même si la fin est nébuleuse  le suspense  est mené avec maestria et de toute façon, c’était la première apparition de cette Affaire qui devait marquer les esprits

 

 

 

         Alors pourquoi un remake ?

Et bien pour régler cette question de féminité libérée.

Dans ce cas, est-ce vraiment une réplique exacte ?

Ce qui manque à THOMAS CROWN AFFAIR de John Mc Tiernan, c’est… Steve Mc Queen.

C’est frustrant mais logique puisque l’idée directrice du remake était de renverser les rôles :  la Femme  doit dominer et tout le monde sera content.

Changement de casting, donc.

 

 

LES FILMS DE LEGENDE  :  L'AFFAIRE THOMAS CROWN, un beau doublé !

Pierce Brosnan est une bonne tête d’affiche, ex James Bond, , flegme british faute de carrure cow-boy.

Renée Russo, superbe mais « nature » elle en met doucement plein la vue. C’est le chat qui met la patte sur la queue de la souris avant de l’avaler.

Son enquête se fera tambour battant et son flirt sans minauderies.

         Ici la guerre des sexe se fait  sans ménagements

Les rapports conflictuels le resteront jusqu’au bout malgré les tentations de la chair.  Qui sera le perdant de l’affaire ?  C’est la question qu’on se pose jusqu’à la scène fracassante du chapeau melon.

 

Jusque-là, le  canevas du remake est calqué strictement sur celui de la première version, avec démonstrations mécaniques, golfiques, maritimes , aéronautiques qui veulent en mettre plein la vue… en toute hypocrisie.

Mais ici l’enjeu de l’enquête  est autrement plus réjouissant qu’un casse banal.   Le vol de tableau  qui donne lieu à des finesses de mise en scène et à une fin carrément emballante.

 

Car  pour ce qui est de la scène « légendaire », celle de THOMAS CROWN 2  décroche haut la main  le pompon !   Comparée à la scène de la partie d’échecs, c’est la bombe H contre le feu sous la cendre ,  tant pis  pour Steve Mc Queen...                         

La  voix roque de Nina Simone dans le rythme d’un rap déchaîné, pendant que l’homme au chapeau melon disparait dans la foule..... Chapeau !

 

 

Alors ?

Même  si les deux films sont calqués l’un sur l’autre, comment les comparer ? Impossible.  Chacun a en plus ce que l’autre n’a pas, chacun est supérieur à l’autre sur un plan et pas sur un autre.

Finalement ils sont indissociables. L’idéal serait de les voir toujours à la suite, comme je l’ai fait.

 

Pourtant, la première version pose le problème de  la fin.  Que veut dire ce message délivré à l’enquêtrice lorsqu’elle attend de pied ferme Thomas Crown pour le coffrer ?  Il dit « Venez avec l’argent ou gardez la voiture. »  Pourquoi cette invitation à laquelle elle ne se rendra pas ?  Et finalement, comment a-t-il restitué l’argent ?

Qui peut m’expliquer la fin de l’AFFAIRE THOMAS CROWN ?

Miss Comédie

 

 

 

 

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LES FILMS DE LEGENDE : GILDA (1946)

Publié le par Miss Comédie

LES FILMS DE LEGENDE : GILDA (1946)

 

Quand on regarde cette photo et la séquence toute entière tirée de ce film GILDA, on se dit que la Beauté, comme l’Art, est un mot creux et versatile, comme la Mode.

Aujourd’hui, je regarde  la Joconde et je me dis que Rita Hayworth est mille fois plus belle.

C’est normal, les temps changent,  elles avaient chacune ce qu’il fallait pour coller aux standards de l’époque.

 

La Joconde  a fasciné  les foules avec son petit  sourire, qui pour moi, n’évoque pas un mystère insondable , mais plutôt la lassitude du modèle qui trouve le temps long.

Plus tard elle est entrée au musée mais là il n’était plus question de Beauté, mais de mythe culturel.

 

 Rita Hayworth avec  sa gestuelle, son sourire, son regard pétillant,  n’a pas sa place au musée. A  part  pour  quelques rats de bibliothèque encore sous le charme, sa Beauté est franchement dépassée.

Quelle trentenaire branchée voudrait lui ressembler ?

 

En 1946, après le succès foudroyant de GiLDA, Rita Hayworth est surnommée La Déesse de l’Amour. Ha ha !

 

Qui pourrait porter ce titre en 2020 ?

On attend donc la relève. Or, j’ai beau chercher, de nos jours, point de relève.

La Beauté a pris un tournant inquiétant.  En fait, le Laid a acquis des lettres de noblesse, à la suite d’on ne sait trop  quel renversement des critères.

 

 

Mais parlons de GILDA, ce film de Charles Vidor qui a fait de la petite danseuse une étoile fulgurante dans le ciel déjà bien étoilé d’Hollywood.

Le film, lui, n’a été qu’un piédestal pour la star.

Un « film noir » cent fois remanié, rafistolé, pour aboutir à une histoire abracadabran animée par un duo de choc :  Glenn Ford et... Rita Hayworth.

Un film sauvé par ses acteurs, c’est courant mais alors là !  GILDA est sauvé par une seule séquence explosive, la scène du gant.    A l’époque, les spectateurs  ne pouvaient qu’enchaîner les séances pour revivre ces sept minutes torrides  - enfin,,," torrides" pour l’époque l'adjectif est déplacé....

sur YouTube on a déjà dépassé les limites du torride.

 

 

 

  

 

 

 

LES FILMS DE LEGENDE : GILDA (1946)

Est-elle  doublée pour cette chanson humoristique qui lui va

« comme un gant » ? Put the blame on Mame...

  ( Mame étant le compositeur de la mélodie, on ne peut que le blâmer d’avoir inspiré à Rita  cette danse fatale .....)

 

 Doublée ou pas doublée, peu importe la voix, c’est son corps  voluptueux, sa grâce, son sourire, et surtout  ce coup de génie de retirer son long gant noir le long de son bras blanc, lentement, un seul gant, un geste qui dévoile plus qu’un vulgaire  streep-tease.

 

Après ça, on comprend que toutes les majors se soient battues pour l’avoir au générique, que Fred Astaire ait suggéré que « l’amour vient en dansant »  (avec elle...), que Orson Welles lui ait passé la bague au doigt, suivi par le prince Ali Khan  et trois autres infortunés moins connus.

Tous ces mariages ont mal fini, comme sa vie hélas, qui sombra dans le drame après une si belle jeunesse...

Elle nous laisse le souvenir éblouissant  de ces femmes des années d’après-guerre qui rêvaient avant tout – quelle idée ! - de plaire aux hommes.

 

Miss Comédie

 

 Gilda sur Youtube ---> https://www.youtube.com/watch?v=LZn86sSWtEQ

Gilda et Fred Astaire ---> https://www.youtube.com/watch?v=qyYiO51peVc

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C'ETAIT HIER . LES FILMS DE LEGENDE

Publié le par Miss Comédie

LA VOIE LACTEE _ LUIS BUNUEL  1969

C'ETAIT HIER . LES FILMS DE LEGENDE

LA VOIE LACTEE, On l’appelle aussi « le chemin de saint Jacques de Compostelle ».  Pourquoi ?

C’est au XIIe siècle qu’un ermite fut guidé par un « champ d’étoiles » vers ce village de  Galice où il découvrit le tombeau de l’apôtre Jacques venu évangéliser l’Espagne en son temps.

La cathédrale édifiée depuis à Compostelle  qui contient les reliques est devenue le but de pèlerins du monde entier venus marcher pour leur salut ou pour honorer la mémoire du saint apôtre.

C'ETAIT HIER . LES FILMS DE LEGENDE

 

C’est ainsi que Luis Bunuel imagina le voyage de Pierre (Paul Frankeur) et Jean (Laurent Terzieff), deux clochards parisiens quittant  les ponts de Paris pour prendre le chemin de  Saint-Jacques-de-Compostelle, où ils espèrent croiser des passants plus généreux.

 En réalité, ils rencontrent successivement Satan (Pierre Clémenti),  Jésus (Bernard Verley ), une Vierge Marie (Edith Scob) pas très aimable avec son fils ,un jésuite (Georges Marchal) et un janséniste, un curé fou (Julien Guiomar) évadé d'un asile,  une prostituée (Delphine Seyrig),  le marquis de Sade (Michel Piccoli) etc...

 

Multitude de rencontres qui bousculent les hérésies

 et démolissent les certitudes... incarnées par une multitude d’acteurs connus, tout le gratin des agents d’artistes se retrouve à l’affiche et par miracle,  ils étaient tous libres pour le tournage ! En 1969 il est vrai , la plupart  faisaient leurs débuts dans le box-office...

C'ETAIT HIER . LES FILMS DE LEGENDE

 

Jean-Claude Carrière, alors âgé de 38 ans, apporte au scénario et aux dialogues la pointe de piment érotique que l’on retrouve dans tous les films de Bunuel.

 

C’est  tour à tour réjouissant, burlesque, effrayant et surréaliste, bien sûr, mais en fin de compte, on finit par se poser les questions essentielles : Dieu existe-t-il ? Son enseignement charismatique n’a-t-il pas été déformé au fil du temps pour arriver à ce que le mal prenne le pas sur le bien ?

 

C’est que tout est symbole dans ce film, où chaque séquence, pour insolite ou surprenante qu’elle puisse être, vient illustrer une position théologique. Un carton vient d’ailleurs rappeler, avant le générique final, que les idées brassées dans le film viennent toutes, ou bien des Écritures, ou bien de telle ou telle position hérétique mais historique. Si Buñuel, dans sa narration, innove sans cesse, en revanche, sur le point théologique, il sélectionne des thèmes, mais il n’invente rien.

Pourquoi ce film n’est-il  revenu en mémoire ?  C’est en écoutant sur France Inter une interview de Jean-Claude Carrière qui en parlait fort bien avec le recul, certain que ce fillm était devenu intemporel.

 

Miss  Comédie

 

 

 

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C'ETAIT HIER : ET AUJOURD'HUI ?

Publié le par Miss Comédie

C'ETAIT HIER :  ET  AUJOURD'HUI   ?

C’ETAIT HIER pièce de Harold Pinter

 

APPEL A CANDIDATURE : QUI LA REMETTRA A L’AFFICHE ?

 

 

 L’évocation des souvenirs est un exercice périlleux, en littérature comme au théâtre. Chacun a sa manière de remuer ses souvenirs.

L’envie de revoir C’était hier,  pièce mythique de  Pinter m’est venue naturellement en lisant le  dernier livre de Modiano, celui qu’il a appelé L’Encre Sympathique et  qui  est un envoûtant retour vers un passé quelque peu imaginaire.

Ici, le lecteur est seul avec lui-même, plongé dans un univers onirique qui n’appartient qu’à Modiano, petite musique intimiste difficile à partager.

Au théâtre, c’est une autre histoire.

En 1971, C’était hier révéla au public parisien la vision de Pinter sur le sujet et ce fut un gros succès, grâce à deux monstres sacrés, Delphine Seyrig et jean Rochefort, et à la mise en scène inspirée de Jorge Lavelli.

Mais les temps changent.

Qui, aujourd’hui, pourrait redonner vie à ces dialogues si ambigüs, à ces évocations contradictoires qui laissent  perplexe ?

Le pari est tentant pour un homme de théâtre chevronné car la pièce est une oeuvre de haute volée et le sujet intemporel.

 

 C’était hier,  titre absolument réducteur par rapport à la foule de nos souvenirs,  ne tient que par le talent des comédiens à faire passer le faux pour du vrai – à dire leur réplique tout en pensant à autre chose.... Mais en fait, le propos  n’est-il pas seulement l’affrontement de deux femmes sur le prétexte de se souvenir ?

Apparemment, les quelques adaptations qui ont été montées en France n’ont pas convaincu.  Pourquoi ?

La très intelligente et sensible critique d’Armelle Héliot, critique de théâtre au Figaro, donne un début de réponse pour ce qui est de la dernière  en date au théâtre Montparnasse, mais elle s’attaque aussi  à  ce texte « flottant » qui ne fait qu’égarer le spectateur. 

Alors ?  Je suis sûre que les souvenirs peuvent se raconter et se jouer de manière à surprendre et à émouvoir, même s’ils sont confus – surtout s’ils sont confus !

 

 Pinter : c'était hier et aujourd'hui

Par Armelle Héliot le 3 avril 2016 10h13 | Réactions (0)

Qui connaît un peu les textes de l'écrivain britannique reconnaît aux premiers mots "C'était hier", pièce très célèbre présentée sous son titre anglais "Old times". Trois bons comédiens sont réunis par Benoît Giros : Marianne Denicourt, Adèle Haenel, Emmanuel Salinger. Une nouvelle traduction de Séverine Magois, un décor soigné et un travail de vidéo, ne réussissent pas à donner au spectacle une densité convaincante.

Tout flotte, chez Pinter. Tout a toujours flotté. On est le plus souvent incapable de dire, en sortant du spectacle de certaines de ses pièces, que l'on a vraiment compris ce qu'il voulait nous suggérer.

Old times que l'on découvre à l'Atelier est l'une de ses pièces les plus célèbres, souvent jouée en langue française.

Elle ne tient à rien, à presque rien.

Il y a un homme et une femme qui vivent en Grande-Bretagne, au bord de la mer. Il y a une femme, qui a fait le voyage depuis Taormina pour retrouver son amie de jeunesse.

 


Elles évoquent leurs souvenirs. Vingt ans. C'est très bref, vingt ans.

Elles ont la quarantaine.

Kate (Marianne Denicourt) et Deeley (Emmanuel Salinger) se sont éloignés de Londres. Kate est seule souvent puisque Deelley est souvent en voyage tout autour du monde. Anna (Adèle Haenel) est mariée, mais elle est venue seule.

Il n'est pas question d'enfants.

On la connaît cette pièce qui a été créée en France alors même qu'elle était présentée en Angleterre. Elle date de 1971. Dès l'année suivante Jorge Lavelli l'avait mise en scène au Théâtre Montparnasse. Avec, cela fait partie de la légende de Pinter en France, Delphine Seyrig, Françoise Fabian, Jean Rochefort.
On l'a revue mise en scène par Jean-Pierre Miquel, qui aimait beaucoup Pinter. Elle avait été créée par la Comédie-Française à Avignon, du temps d'Alain Crombecque. Au Cloître des Carmes, puis reprise à Paris, toujours au Montparnasse. Claire Vernet, Catherine Ferran, Alain Pralon jouaient la traduction d'Eric Kahane.
Et puis on n'a pas oublié non plus, à Hébertot, une mise en scène de Sami Frey, avec lui, entouré de Christine Boisson et Carole Bouquet.

Un tulle, des projections,
images des rêves de Kate que l'on aperçoit allongée sur un canapé, au fond.
Le tulle disparaît. Au fond, un grand paysage maritime. C'est très élégant. Kate est en pantalon, fine et chic. Marianne Denicourt avec ses cheveux noirs, ses yeux saisissants, sa voix bien placée, a beaucoup de charme. Une beauté qui frappe.
Etrangement, Anna est fagotée dans une petite robe chemisier bleue qui ressemble plus à une blouse d'écolière d'autrefois qu'à une jolie robe. Drôle de décision. Elle ne donne pas le sentiment de la vérité du personnage et souvent Adèle Haenel ne sait pas quoi faire de ses bras, de ses mains. C'est une comédienne excellente au théâtre aussi et l'on se souvient comme elle était bien, la saison dernière, dirigée par Maïa Sandoz dans Le Moche, notamment. Là, la mise en scène efface le personnage alors qu'au contraire elle doit être impressionnante et mystérieuse, telle que l'a écrite Pinter et telle qu'elle pourrait la jouer notamment avec d'autres vêtements...Mais la présence, la grâce d'Adèle Haenel, sa jeune intelligence, séduisent.

On ne sait à quoi cela tient mais tout flotte trop encore. Comme si le metteur en scène n'arrivait pas à décider fermement d'une tension.

Emmanuel Salinger ne s'impose pas assez. La pièce est un peu ainsi. Il y a peu d'hommes qui sanglotent, qui ont sangloté dans la littérature. C'est un personnage difficile à incarner.

Mais n'exagérons pas : c'est bien C'était hier, la pièce telle que nous connaissons. Pourquoi n'avoir pas repris ce titre de légende ? Marketing ? Et il y a des moments, notamment lors d'une grande tirade d'Anna, ou on a bien du mal avec les temps du passé. Question de traduction ?

Bref, autant de petites scories qui empêchent, pour le moment, le spectacle bref, deux actes de 40 minutes, de "prendre" et de toucher le public. »

 

 

Toucher le public.  Là est le vrai mystère du théâtre. C’est aussi un défi, pour ceux qui en veulent.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

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FRANCOISE SAGAN & FILS

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FRANCOISE SAGAN &  FILS

 

Le voici, le révélateur  de  ce roman inédit qui a fait l’évènement choc de la rentrée littéraire.

Denis Whesthoff vient de ressusciter le mythe Sagan que l’on croyait mort et enterré.

 

 Ultime  cadeau que Sagan avait  caché  parmi  la montagne de paperasses qu’elle laissait à son fis – un fardeau qu’il a porté avec amour recueillement avant d’y découvrir ce manuscrit inachevé.

Bien sûr,  la surprise était de taille et la tentation de se taire était forte.

Mais maman tenait à faire valoir son cadeau. Elle fit le coup de l’apparition une nuit que son fils avait une insomnie.

 

 

«  Denis, tu as trouvé Les quatre coins du coeur ?

«  Oui maman, c’est très beau mais c’est un brouillon !

«  Comment, un brouillon, c’est  juste un premier jet en deux parties à corriger, tu es capable de t’en charger, non ?

« Mais... pourquoi faire ?

« Pour le faire publier, pardi.

« Non, mais tu rêves, maman !

« Pourquoi je rêve ?

« Tu oublies que tu es morte, maman  (il se tape le front) et depuis quinze ans, et je n’en suis pas encore remis, moi, tu comprends ?

« Et bien tu vas le publier à ma place. Je te lègue mes droits d’auteur, en compensation de toutes mes dettes.

Denis Whesthoff sauta hors de son lit se versa un verre d’eau.

« Maman je t’adore, j’ai infiniment de respect pour ton oeuvre, mais personne ne voudra lire le roman d’un fantôme ! (il  parcourt la chambre des yeux) et d’abord, où es-tu ? Tu me fais faire un cauchemar, là.  Laisse-moi dormir !

La voix de Sagan se fait plus lointaine :

« Je suis à ton bureau, mon chéri.  J’ai les deux  manuscrits sous les yeux. Viens un peu, là, je vais te montrer ce que tu dois faire.

 

Denis  Whesthoff marche vers son bureau et s’assied à sa table de travail.

«Maman, j’ai 57 ans, tu ne vas pas me faire faire mes devoirs, chose que tu n’as jamais faite, d’ailleurs...

« Regarde.  Tu dois déjà ramener les deux manuscrits à un seul. Facile ! Tout est noté.

 

Les pages  défilent  une à une.  Chacune d’elles  porte des annotations   à l’encre rouge.

Interloqué, Denis  contemple l’ouvrage corrigé par la main de l’auteur.  Quelques lignes terminent le récit inachevé, écrites à l’encre rouge, et cette fin qu’il n’aurait pas imaginée, le bouleverse.

« Maman...

La voix de Françoise Sagan, cette voix fluette, reconnaissable entre toutes, se fait tendre et ferme à la fois :

« Mon enfant, tu es le prolongement de moi-même, je sais que tu feras éditer ce livre et qu’il aura un grand succès.  Grâce à toi.

Tu vois, c’est facile, tu n’as pas grand-chose à ajouter, tu suivras les conseils de l’éditeur.  Le plus dur, pour toi, sera d’ameuter la colonie des medias, les vautours de la culture. Mais cette histoire les fera pavoiser, avant même de lire le roman ils en feront des gorges chaudes !  Tu vas devenir célèbre mon fils, le temps d’un top des ventes !

« Je m’en fous d’être célèbre , Maman, mais si cela te fais dormir en paix...

« Tu feras éditer Les quatre coins du coeur » ?

« Ecoute, je trouve ce titre assez idiot mais c’est ton oeuvre, je la ferai éditer, je te le promets.

 

Il sentit une pression sur son épaule et se retourna, mais le bureau était vide. Il éteignit la lampe au-dessus du manuscrit et se dirigea vers son lit.  Une forte odeur de marijuana flottait dans la chambre.

Il sourit et se blottit entre les draps.

 

Il pensa  à  sa fille Joyce,  qui vénérait sa grand-mère.  Du haut de ses douze ans,  elle allait le regarder comme un nouvel auteur à succès.

En quelques minutes il venait de retrouver l’envie irrésistible de l’aventure,  et le  moyen idéal  de redonner un sens à sa vie.

 

 

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

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PIERRE LE TAN, BREVE RENCONTRE IMAGINAIRE

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PIERRE LE TAN, BREVE RENCONTRE  IMAGINAIRE

Place Saint-Sulpice à Paris, c’est la nuit, une nuit de fin d’été, rafraîchie par  la fine pluie qui  a détrempé la terre battue autour de la fontaine.

  Un homme marche, mains dans les poches, le long de la rue Bonaparte qui borde la place.

Il est grand,  cheveux gris,  la démarche souple d’un marcheur.  Ses pas glissent sur le pavé encore luisant de pluie.

Il marche dans ce quartier  dont chaque rue lui évoque un souvenir.  Mais  aujourd’hui ses pas résonnent comme le rappel d’un flot de souvenirs  qu’il ne partagera plus.

 

Memory Lane.   Soixante-dix pages comme un catalogue de portraits choisis dans un passé déjà lointain et restitués par la grâce des dessins a de son ami Pierre Le Tan. 

Il se prend à monologuer à mi-voix.

«Memory Lane.  C’était en 1980.  J’avais trente-cinq ans, lui trente.

Nous étions deux orphelins, avec des parents hors du temps, fantômes d’une autre époque...   Memory Lane. C’est étrange, nous étions amis depuis si longtemps et nous n’avons travaillé ensemble que si tard ...»

 

Il  contemple l’imposante bâtisse de la basilique qui  lui évoque ce « rappel à Dieu », ce réconfort illusoire  des croyants.  Il se  surprend à espérer pour son ami cette paix éternelle qui le prive, lui, de la paix de chacun des jours à venir.

 

Le voici qui débouche dans cette rue de Vaugirard où son ami résida longtemps. Il s’arrête, la rue est déserte, les grilles du jardin du Luxembourg sont fermées.  Pourtant, une silhouette assise sur le muret qui longe le jardin attire son attention.

« Patrick ?

Il connait cette voix. Il s’approche. L’ombre se lève et vient vers lui.

« Oui, c’est moi, je suis près de chez moi, tu vois...

Nullement étonné, Modiano est pourtant ému jusqu’aux larmes.

« Pourquoi es-tu parti, Pierre ? Je suis seul avec nos souvenirs.

« Tu t’y attendais, non ?  Je souffrais, tu le savais. Il fallait partir.

« Que vont devenir tes précieuses  collections ?  Tes filles n’ont aucun goût pour les morceaux de porcelaine brisée !

« Ca m’est égal.  Ce sont des jouets pour les vivants.

« Et pour ceux d’en haut, qu’y a t-il ?

« Les souvenirs,  des collections  de souvenirs, c’est le tissu de notre vie !

Ils se sont mis à marcher côte à côte vers le Palais du Luxembourg.

« Dis-donc, tu es retourné au Saint Gothard ?

« Non, jamais.  Je  fréquente rarement Montmartre, c’est trop pentu pour mon âge.  Par contre j’adore rêvasser cité Bergère, devant la boutique de chaussures.

« Il y a toujours la plante grimpante dans la vitrine ?

Ils éclatent de rire.

 

«Le dessin que tu en as fait dans Memory Lane est très beau... mais on ne voit pas les mocassins de Paul Contour qui attendent d’être ressemelés !

Ils sont hilares à l’évocation des années soixante, qu’ils ont savourées ensemble près de quarante ans auparavant.

«  Ce petit livre nous a rendus indissociables, finalement.

Ta plume et mon crayon, le cercle parfait.

« Notre premier succès en librairie...

« Pas vraiment suivi pour Poupée Blonde !

Justement  les  voilà derrière l’Odéon, et tous deux revoient ce qui fut leur petit théâtre imaginaire de Poupée Blonde.

Ils s’assoient sur le muret  adossé aux grilles du Jardin du Luxembourg et contemplent la terrasse du Petit Suisse

Déserte.

Et soudain ils ont la même idée.  D’un bond ils s’élancent à travers la place en direction du café  et prennent place à l’une des tables ruisselantes de pluie, s’installent face à face dans un mouvement  théâtral et prennent la pose.

« Paris de ma jeunesse !  s’exclame Pierre Le Tan.  Et Patrick Modiano d’enchaîner :

« Mon dernier livre aura ce titre-là, comme le tien, Pierre.

Nous  serons indissociables jusqu’au bout

 

 

Miss Comédie

 

PS -    Une nouvelle édition de Paris de ma jeunesse  préfacé par Patrick Modiano   paraîtra chez Stock  le 6 novembre 2019

 

 

 

 

 

 

PIERRE LE TAN, BREVE RENCONTRE  IMAGINAIRE

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SONGS IN MY HEART : YESTERDAY (suite et fin)

Publié le par Miss Comédie

SONGS IN MY HEART :  YESTERDAY  (suite et fin)

YESTERDAY  par Paul Mc Cartney 1965

 

Yesterday, all my troubles seemed so far away
Now it looks as though they're here to stay
Oh, I believe in yesterday

Suddenly, I'm not half the man I used to be
There's a shadow hanging over me
Oh, yesterday came suddenly

Why she had to go I don't know she wouldn't say
I said something wrong, now I long for yesterday

Yesterday, love was such an easy game to play
Now I need a place to hide away
Oh, I believe in yesterday…

 

 

Eternelle, universelle, c’est une grande chanson parmi les plus grandes.

 

Quelqu’un a dit que les Beatles étaient des bienfaiteurs de l’humanité.  Pas faux, si l’on songe aux amours qui ont dû naître sous le charme de leur musique…

Une vague déferlante qui recouvre l’univers musical du 20ème siècle.

Cette chanson-là, Paul  Mc Cartney la chante seul, accompagné de sa guitare acoustique et d’un quatuor à cordes classique.

C’est SA chanson à lui, la mélodie et les paroles sont de lui et c’est le premier morceau de toute l’œuvre des Beatles a avoir été créé et chanté par l’un des membres du groupe, seul.

Sortie au Royaume Uni en août 1965 sur l’album Help, puis  quelques mois plus tard il sort en single aux US et arrive illico au top du Billboard Top 10. C’est le début de son odyssée de l’espace.

 

D'après le magazine Rolling Stones, YESTERDAY  est la chanson la plus reprise de l'histoire de l'industrie musicale.

Le Livre Guiness des records recense plus de trois mille versions enregistrées.

  

C'est aussi la chanson la plus diffusée de l'histoire internationale de la radio :  aux alentours de 7 millions de fois, de 1965 à 2000, selon BMI

Un prodige que l’on a presque du mal à justifier... et qui doit l’étonner lui-même, Paul Mc Cartney, lorsqu’il lui arrive d’entendre aujourd’hui ce YESTERDAY, venu de si loin, comme l’écho d’une vie antérieure.

 

Miss Comédie

 

Ecouter ici

 

 

 

 

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SONGS ON MY HEART : GEORGIA

Publié le par Miss Comédie

SONGS ON MY HEART :  GEORGIA

 

GEORGIA ON  MY MIND, la chanson que l’on écoute les yeux fermés.

En  1960 Ray Charles reprend à son compte   Georgia on my mind, une chanson composée en 1930 par un certain Hoagy Carmichaël, et en fait le mega-tube de l’époque. 

Pas vraiment un hasard : il est né en 1930 en Georgie…

Son interprétation est déchirante, on est complètement chaviré, d’abord parce que l’on sait qu’il est aveugle, bien sûr, et puis, cette Georgia, c’est peut-être aussi une femme qu’il a aimée et qui porte le même prénom que son pays natal… 

Il faut le voir se dandiner sur son clavier, en virtuose exalté, il en fait des tonnes mais lui, c’est pas pour la galerie, il ne voit que du feu -  au fait, que voyait-il  vraiment, Ray Charles ? 

Il a eu douze enfants de dix femmes différentes, les avait-il choisies pour leur parfum, la douceur de leur peau, leur voix,  ou bien savait-il parfaitement que Georgia était belle, aussi belle que sa terre natale ?  

 

 

 

Georgia, Georgia
The whole day through
Just an old sweet song
Keeps Georgia on my mind (Georgia on my mind)

I said Georgia
Georgia
A song of you
Comes as sweet and clear
As moonlight through the pines

Other arms reach out to me
Other eyes smile tenderly
Still in peaceful dreams I see
The road leads back to you

I said Georgia
Ooh Georgia, no peace I find
Just an old sweet song
Keeps Georgia on my mind (Georgia on my mind)

Other arms reach out to me
Other eyes…

Whoa, Georgia
Georgia
No peace, no peace I find
Just this old, sweet song
Keeps Georgia on my mind

I said just an old sweet song
Keeps Georgia on my mind…

 

 

Cette complainte, Ray Charles n’a pas cessé de la chanter, de concert en concert, d’album en album, tout au long de sa longue carrière.    

Car en dépit des dégâts causés par son amie l’héroïne, puis, une fois désintoxiqué, par ceux de l’alcool, il continua à courir le monde, les yeux fermés, jusqu’en 2004, à 74 ans.

Le grand Ray Charles est mort...

Grand émoi dans le monde musical même si Ronald Reagan lui vola la vedette avec ses funérailles nationales le lendemain.

Georgia on my mind  devint l’hymne de la Georgie, bien sûr.

Une statue et un musée dans sa ville natale, Albany, sont là pour perpétuer sa mémoire au cas où le vinyle  ferait défaut…  Mais la chanson a pris son envol pour d'autres années-lumière.

 

Miss Comédie

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SONGS IN MY HEART / L'AME des POETES

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SONGS IN MY HEART / L'AME des POETES

CHARLES  TRENET

 

Les chansons de Charles Trenet ont une vie parallèle, complètement dissociées de celle de celui qui les chante, comme si celui-ci avait un double écrivant dans l’ombre,   invisible,  sensible et tendre, inspiré par les trésors de la mémoire, les beautés de la nature ou les mirages  de l’imaginaire .

Dans la lumière, un Charles Trenet triomphant, insolent,  ouvertement gai au mépris de toutes les censures -  ce qui ne l’empêcha pas d’être applaudi sur toutes les scènes du monde par des fans de tous âges et sexes confondus.

C’est en lisant les paroles de ses chansons  que l’on découvre l’âme du poète.

 

Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues
La foule les chante un peu distraite
En ignorant le nom de l'auteur
Sans savoir pour qui battait son coeur
Parfois on change un mot, une phrase
Et quand on est à court d'idées
On fait la la la la la la
La la la la la lé

Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues
Un jour, peut-être, bien après moi
Un jour on chantera
Cet air pour bercer un chagrin
Ou quelqu'heureux destin
Fera-t-il vivre un vieux mendiant
Ou dormir un enfant
Tournera-t-il au bord de l'eau
Au printemps sur un phono

Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leur âme légère, c'est leurs chansons
Qui rendent gais, qui rendent tristes
Filles et garçons
Bourgeois, artistes
Ou vagabonds. 

Présomptueux ?  Peut-être, car il semble quand même ne pas douter être parmi les élus dont les chansons vont courir les rues...

Mais l’avenir ne lui a-t-il pas donné raison ?

 

Miss Comédie

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SONGS IN MY HEART - LE SUD

Publié le par Miss Comédie

SONGS IN MY HEART - LE SUD

Pour moi, cette chanson est un mystère. Dès les premières notes elle vous plonge dans un état d’hypnose, une  évocation rêveuse de souvenirs d’enfance  de paysages familiers dans un éternel été,  tout cela dans l’attente d’une fin inéluctable.

Magie de quelques mots simples qui en disent long,  portés par une musique  intemporelle elle aussi.

 

« C’est un endroit qui ressemble à la louisiane

A l’italie,

Il y a du linge étendu sur la terrasse

Et c’est joli,

On dirait le sud,

Le temps dure longtemps

Et la vie sûrement

Plus d’un million d’années

Et toujours en été...

 

Y a plein d’enfants qui se roulent sur la pelouse,

Y a plein de chiens,

Y a même un chat, une tortue des poissons rouges,

Il ne manque rien,

 

On dirait le sud,

Le temps dure longtemps et la vie sûrement

Plus d’un million d’années,

Et toujours en été...

 

 

Dididilim didilim...(la voix de nino qui s’envole,  devient lointaine, chante en sourdine, relayée par le piano et les basses)

 

Un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre,

On le sait bien,

On n’aime pas ça mais on ne sait pas quoi faire,

On dit c’est le destin...

Tant pis pour le sud,

C’était pourtant bien...

On aurait pu vivre plus d’un million d’années...

Et toujours en été... »

 

C’est tout, la voix s’évanouit, la musique s’éteint.  On reste là, pensif,  n’osant rompre ce charme triste qui nous a envahi .

 

Le sud fut le dernier et plus grand succès de nino ferrer,  dix ans après mirza, qui le révéla au grand public.

Fut-il heureux de cette consécration, lui qui ne s’était reconnu ni dans les yéyés ni dans la variété et qui n’eut qu’une seule ambition, celle d’être un musicien de jazz ?

Eternel insatisfait, nino  abandonna la vie parisienne et le

Show-biz  pour tenter une renaissance  vers le sud...

Mais cela finit comme dans la chanson « tant pis pour le sud... C’était pourtant bien, on aurait pu vivre plus d’un million d’années... Et toujours en été... »

Il décida de partir le matin du 13 août 1998, dans un champ de blé.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

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SONGS OF MY HEART

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Il y a les tubes de l’été,  coups de foudre éphémères.  Plus rarement, les tubes de l’année, coups de coeur qui ont la vie dure.

Mais que faut il ajouter à une chanson pour qu’elle devienne la chanson du siècle ?    A peine quelques mots qui captent l’émotion, qui éveillent l’attention.

 

John Lennon a chanté Imagine,  la chanson qui dit si joliment que nous sommes passés à coté du bonheur.  C’est lui qui a signé  la chanson du siècle.

SONGS OF MY HEART

Imagine there’s no heaven,

It’s easy if you try,

No hell below us,

Above us only sky

Imagine all the people

Living for today

 

Imagine there’s no countries

Itisn’t hard to do

Nothing to kill or die for,

No religion too

Imagine all the people

Living life in peace

 

 

You may say I’m a dreamer

But am not the only one

I hope some days you’ll join us

And the world will live as one...

 

Imagine no possessions,

I wonder if you can,

No need for greed or hunger

A brotherhood of man

Sharing all the world...

You may say i’m a dreamer

But i’m not the only one…

 

I hope some day you’ll join us

And the world will live as one...

 

Cette chanson, nous l’avons entendue maintes fois et elle nous bouleverse sans trop savoir pourquoi.   Et puis, tôt ou tard  nous percevons le sens de  ces mots tout simples qui nous rappellent que   nous sommes sur une mauvaise pente et que l’abîme n’est pas loin...

 

Miss Comédie

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ANNA KARINA, JEAN-LUC GODARD, NOUVELLE VAGUE .?

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ANNA KARINA, JEAN-LUC GODARD, NOUVELLE VAGUE .?

Jean-Luc Godard et Anna Karina sont  encore sous le choc  après ces retrouvailles-surprise organisées par Thierry Ardisson, vingt ans après leur séparation.

C’était aux Bains-Douches, la discothèque branchée,  pour l’émission « Bain de Minuit » en 1987.

Lui, savait,   Anna Karina, elle,   ne s’attendait pas à cette rencontre. Elle ne fit face que le temps de quelques répliques, puis coupa court à l’interview et s’enfuit, visiblement bouleversée.   La régie  envoya le générique de fin et Jean-Luc Godard  eut  ce mot : « Et bien, je n’ai plus qu’à rentrer chez moi.

 

 

Que se passa-t-il le lendemain ?   Ils ne pouvaient pas en rester là.

Imaginons.

 

 

Ils se sont donné rendez-vous dans un café du Quartier Latin, ou de la Bastille, peu importe le décor pour cette rencontre de pure fiction, suite et fin d’un raté du hasard.

Il est arrivé le premier et il a commandé un café. Ses mains tremblent un peu.  Godard ému ?  Il pense qu’elle ne viendra probablement pas.  C’était stupide, cette idée de retrouvailles.

Il regarde sa montre et décide qu’il partira aussitôt son café avalé.

Lui  redoute cette confrontation, les explications, les retours sur le passé. Tout cela est inutile et malsain.

Mais elle arrive, juste à l’heure.  Elle porte le petit chapeau qu’elle arborait pour l’émission, elle est belle, à quarante ans, encore plus que lorsqu’il l’a rencontrée, il y a vingt ans.

Il se lève pour l’accueillir, ils ne s’embrassent pas.

Il crâne :

« Pourquoi es-tu partie  si vite ?   Ca ne se fait pas.

Elle s’assied près de lui sur la banquette et il doit se tourner vers elle pour l’écouter.

« C’était trop dur.

« D’accord c’était dur. Même pour moi. Mais il faut jouer le jeu. C’est le métier.

« On aurait pu me prévenir.

« C’était une surprise. Il croyait que ça te ferait plaisir.

« Ah, oui ! (elle a un petit rire) un plaisir...

 

Le garçon s’approche.

« Vous désirez boire quelque chose ?

Anna Karina le regarde de ses splendides yeux de biche.

« Quelle heure est-il ?  Un café, s’il vous plait.

 

Derrière ses lunettes, Godard l’observe comme s’il la découvrait aujourd’hui.  Elle explose soudain :

« Toi aussi, tu croyais me faire plaisir ?

Surpris, il murmure :

« Ben... oui !

Les yeux d’Anna lancent des éclairs.

« Parce que toi, tu étais au courant, non ?  Tu as accepté de jouer à ce jeu pervers, par curiosité, comme ça, pour voir ce qui allait se passer, hein ?

Il baisse la tête.

 

« Tu me détestes, Anna ?

 

Elle respire profondément.

« Non.

« Pourquoi as-tu quitté le plateau, alors ? 

  

Le garçon dépose un  café sur la table et ne se décide pas à s’éloigner, il la boit des yeux.

 

Elle se redresse et sa voix  devient plaintive :

« Tu n’as rien compris ?   J’étais si émue que ça devenait impudique.

« Impudique ?

« Oui, oui, bien sûr, tout me revenait...  Tous ces souvenirs...  Tu as tout oublié, n’est-ce pas ?

Il a un geste de lassitude.

« Non, bien sûr que non. Je n’ai rien oublié,  ce n’est pas par curiosité que j’ai accepté cette émission... j’avais... (il hésite) c’était un désir fou de te revoir.

 

Ils se taisent, un courant électrique passe entre eux tout à coup.   Ce moment est de ceux qui peuvent faire basculer une vie.   Mais le temps perdu ne se rattrape jamais, comme dit la chanson.

«  Finalement tu as eu raison, dit Godard. Tout cela doit rester entre nous.

 

Un  ange passe.  Et puis comme pour revenir à la réalité :

« Tu es heureuse ?

Elle a un sursaut et articule sur un ton monocorde :

« Oui, je travaille beaucoup, je tourne film sur film, je n’ai pas à me plaindre, tu sais, je viens de tourner avec André Delvaux un très beau long-métrage...

Il rit, de son rire aigrelet.

« Non, je veux dire : heureuse ?

Elle  tourne son visage vers lui et le fixe intensément.   :

« Je ne sais pas ce que tu veux  dire .

« Oui, à quoi bon, soupire Godard.  De toute façon, cela ne me regarde plus.  (Puis, brusquement :)  Oh, Anna, redis-moi encore une fois « J’sais pas quoi faire ! Qu’est-ce que je vais faire ? »

 

 Ils éclatent de rire tous les deux et Anna se prend au jeu. Elle débite la rengaine de Pierrot le Fou avec une mimique irrésistible.

 

Dans un même élan, ils s’étreignent en riant, comme soulagés, car la glace est rompue.

« Tu es toujours aussi bonne, dit Godard en  se levant pour aller payer au comptoir.

Ils sortent enlacés comme deux vieux copains, et le garçon qui a tout entendu se dit que pour ces deux-là, « ça va continuer »...

 

 

 

La scène est imaginaire et le dialogue complètement  improbable, mais  cette fameuse émission sur la Cinq a bien eu lieu.

Le mystère reste entier sur l’effet qu’elle a eu sur la relation entre Godard et son ex-épouse et interprète.

Le garçon de café a-t-il vu juste ?   Moi je suis pour l’amour toujours.

 

 

Miss Comédie

 

 

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JEAN-PIERRE MARIELLE ET LE FANTÔME DE GROUCHO MARX

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JEAN-PIERRE MARIELLE ET LE FANTÔME DE GROUCHO MARX

Juillet 2008 : un  moment dans la vie de JP Marielle..

Festival de la correspondance de Grignan.

 

Une foule de fans de tous âges remontent lentement la ruelle qui mène à l’esplanade de la Collégiale transformée en espace de lecture.

Une certaine excitation se devine dans les rangs de ceux qui ont pu réserver leur place pour cette soirée  exceptionnelle.

Un spectacle de gourmets : Patrice Leconte met « en espace » la correspondance de Groucho Marx, lue par Jean-Pierre Marielle.

Autre chose que les lettres de mon moulin.  Ca promet d’être plutôt drôle.

 

Dans la sacristie de la chapelle Collégiale qui donne sur l’esplanade, face aux gradins installés pour le festival, Jean-Pierre Marielle jette un oeil sur le ciel menaçant.  L’orage n’est pas loin.

Il se retourne vers Groucho Marx, assis dans une stalle monastique, le cigare au bec.

« Tu vas voir que ça va nous tomber dessus.

«   No problem  ! Tu mets un chapeau et tu lis, okay ?   Tu as signé pour toutes les lettres et moi j’ai la permission de minuit et je retourne au paradis, vu ?

« Et s’il y a plus un seul clampin ?

« Well you  go on reading.  Just for me, darling et Pierre... mais il est pas là, ton ami Pierre Vernier ?

T’inquiète, il est toujours à l’heure. Bon, laisse-moi me concentrer. Par quelle lettre on commence ? Hé ho, Patrice, aide-moi.  Groucho me détraque le ciboulot.  Tu as vu  mon manuscrit quelque part ?  Je l’ai paumé, bordel !  Et mes musiciens, tu les as vus ?  Il me faut du jazz, moi.

 

Patrice Leconte  a l’oeil à tout.  Il attrape la brochure et la tend à Marielle.  Il n’a pas vu, et c’est normal, le fantôme de Groucho Marx qui, pour rien au monde, n’aurait loupé ce prétexte pour revenir sur terre.

 

 

 

 

 

JEAN-PIERRE MARIELLE ET LE FANTÔME DE GROUCHO MARX

 Groucho Marx  n’était pas avare de sa prose.  Ses lettres, souvent de plusieurs pages, adressées aussi bien à la Warner Bros qu’à son éditeur, son jardinier ou sa fille, débordent  de son humour dévergondé.  Truculentes, mordantes ou hilarantes sur le papier, elles se doublent de l’énorme puissance comique du phrasé de Jean-Pierre Marielle.

Sur les gradins on  tire  les mouchoirs, les larmes coulent. 

Pierre Vernier qui figure les destinataires muets, a du mal à garder son sérieux.

La lecture s’est déroulée avec, au-dessus de l’assistance, un incessant roulement sourd.   Mais Marielle  se foutait pas mal de la pluie qui menaçait.  Son texte le remplissait d’extase.  Il en faisait des tonnes.  Le public en redemandait.

Groucho tenait l’orage à distance par ses pouvoirs désormais surnaturels et, la dernière formule de politesse envoyée dans un déluge... d’applaudissements, ce fut l’averse, monstre, dans une salve de coups de tonnerre, le tout illuminé par des éclairs sans chocolat.

Marielle s’est retrouvé dans la ruelle, mêlé à la foule ruisselante, et ses invectives contre le ciel, la terre, Groucho et le métier d’acteur dominaient le vacarme de la pluie.

Groucho suivait, hilare, son interprète et l’accompagna jusqu’à l’hôtel de la Plume le bien nommé où il disparut de ce monde comme il était venu.

Dans le brouhaha de la salle en pleine ébullition, encore sous le coup de ce moment de résurrection, Jean-Pierre Marielle eut ce mot : «  Mais où est passé Groucho ? »

Seule, Agathe Natanson, son  épouse, l’entendit et sourit.

Lui, dans la fumée de sa cigarette, s’était replongé dans son « ailleurs ». C’était très important pour lui, « l’ailleurs ». 

Et la légèreté. Et la Musique.

 

Les mots, très rarement. Seuls les mots qui venaient d’ailleurs.

Les silences de Jean-Pierre Marielle, en interview,  avaient une profondeur vertigineuse.  Il pouvait se livrer entièrement, sans parler.  Un talent très rare. Unique.

Il est parti, et d’écouter son entretien avec Olivier Bellamy, un jour de 2010,  mes larmes coulent. 

 

 

Miss Comédie

 

 

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NOTRE-DAME, ÂME DE PARIS

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NOTRE-DAME, ÂME DE PARIS

« ....c’est que l’amour est comme un arbre, qui  pousse de lui-même

et jette ses racines profondément dans notre être et continue souvent de verdoyer dans un coeur en ruine. »

 

 

Extrait de « Notre Dame de Paris – 1482 » - Victor-Hugo

 

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AKHENATON SE FÂCHE

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AKHENATON SE FÂCHE

 

Sur le parvis de la pyramide du Louvre, la nuit tombe.  

Sur le sol, mis en lumière par la clarté de la lune, une multitude de morceaux de papier gluants taquinés  par le vent voltigent  autour du monument transparent.

Un spectacle désolant, digne des bas-quartiers du Caire.

 

Une silhouette  majestueuse apparait soudain  et arpente le sol dévasté, enjambant les décombres dans un bruissement de soie et un cliquetis de parures d’or.

 

Nefertiti est offensée par cette nouvelle  provocation et s’adresse à son époux Akhenaton :

 

«  Comment avez-vous pu laisser  faire ça ?  Il ne suffisait pas de laisser construire cette lamentable copie du tombeau de votre fils Toutankhamon  ?

 

Akhénaton soupire.

« Ma divine, c’est une oeuvre d’art, un hommage miniature à notre dynastie.

«   Bon, le mal est fait.  Mais, par Anubis,  quid de ces ordures surgies du néant ?

La voix d’Akhenaton se fait impérieuse.

« Calmez-vous, ma reine.   Hum...   Je suis seul  responsable.

« Comment ?

« Oui, moi Akhenaton, Xéme pharaon de la XVIIIème dynastie, j’ai jeté ma malédiction sur une oeuvre qui enlaidissait encore  le joujou de Mitterrand.

Nefertiti tape du pied :

« Je veux savoir !  Par Toutatis, dites-moi tout !

 

« L’artiste a voulu prolonger la pyramide par une perspective grossière de ses fondations, à l’aide de  photographies collées sur le sol. On touche le fond, non  ?

« En  effet, on touche le fond.  Qu’avez-vous fait alors ?

« J’ai demandé  au dieu Soleil Aton  de faire fondre  les joints de colle afin que les panneaux se détachent et  se répandent en lambeaux sous les pas des passants.

Neffertiti bat des mains :

« Casus belli, aurait dit César !

« Non pas du tout ! L’artiste a  affirmé  aux medias que son oeuvre avait la sublimité de l’Ephémère  ! Et chacun s’est incliné, rempli d’admiration. 

 

Nefertiti fait la moue.

« Donc, votre malédiction est passée inaperçue !

« Oui, dieu merci.  Une bonne malédiction est une malédiction jmprobable et insoupçonnable   !

 

Miss Comédie

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SUR LES PAS DE FRED ASTAIRE, LA LÉGENDE

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 SUR LES PAS DE FRED ASTAIRE, LA LÉGENDE

 

1930.   En France, Maurice Ravel compose son concerto en sol.

Céline écrit LE VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, son premier roman.

A New-York, Edward Hopper réalise son AUTOPORTRAIT.

Et Fred Astaire  fait sa première apparition à l’écran après des années de succès sur scène : David O’Selznick l’engage pour créer le morceau EMBRACEABLE YOU, dans sa comédie musicale GIRL CRAZY.

C’est la première marche d’une ascension irrésistible.

Il a choisi la danse, un peu par hasard, et la danse va lui apporter la gloire. Il a 31 ans.

Je dis « un peu par hasard »,  car c’est pour accompagner sa soeur Adele  qu’il s’inscrit dans un cours de danse  à New-York.

Leur duo a tout de suite du succès.  Il  change de nom et de Fred Austerlitz devient Fred Astaire pour  prendre  le départ avec sa soeur pour des tournées très remarquées à Broadway et en Angleterre. 

C’était un faux départ.  Lors d’une tournée à Londres, Adele  rencontre lord Cavendish, fils du duc du Devonshire... et l’épouse.

 

Coup du sort ?  Plutôt coup de chance pour Fred Astaire qui se lance dans une carrière en solo tumultueuse, effrenée, entre cabarets et comédies musicales où ses pieds agiles et sa maîtrise  des claquettes font trembler les planches et remplissent  les salles.

Ses numéros de danse sont époustouflants mais il n’a pas encore trouvé la partenaire idéale.  Eleanor Powell, Rita Hayworth  et même Cyd Charisse malgré leur beauté font figures de faie-valoir. Elles n’atteindront  jamais la parfaite symbiose  de sa future partenaire de cinéma, Ginger Rogers.

 

 SUR LES PAS DE FRED ASTAIRE, LA LÉGENDE

 

C’est donc en 1930 qu’il la rencontre pour la première fois.

Le choc, se produit trois ans plus tard sur le tournage de CARIOCA leur premier film ensemble.  Bien qu’ils ne soient pas têtes d’affiche, ils se découvrent la même passion pour la danse.

 

Fred Astaire et Ginger Rogers ont  tourné dix films ensemble, de 1933 à 1946, tous avec la même rigueur chorégraphique, tous avecla même adhésion  de la critique et du public.

Ensemble ou séparément, ils ont mis la comédie musicale à l’honneur sur les écrans après son règne  au cabaret.

Cette apparente légèreté dans leurs évolutions, cette facilité à suivre ensemble une cadence étourdissante, on oublie le travail phénoménal que cela a dû  demander à chacun d’eux au fil des années.

 

 

En 1946,  Fred Astaire  accuse le coup.   Après le tournage de « La Mélodie du Bonheur » avec Bing Crosby mais sans Ginger Rogers,  il   annonce à la presse qu’il arrête  le cinéma.

Concert de protestations, le public n’admet pas sa disparition.

Il a 53 ans. C’est un peu jeune pour  passer la main, non ?

Ne serait-ce pas un stratagème  de star pour se faire désirer ?

Mais   sa retraite sera de courte durée.  Alors que les pieds lui démangeaient déjà, l’année suivante,  le duo Gene Kelly/Judy Garland sont en répétition pour le film « Parade de Printemps »,  et voilà que Gene Kelly se casse la cheville.   

  La mega-tuile pour un acteur. Que faire d’autre qu’appeler un de ses pairs tête d’affiche  pour le remplacer... Qui ? Fred Astaire évidemment.

 

Un coup de chance pareil, ça ne s’invente pas  et ça ne se refuse pas.

La production du film,  trop heureuse de s’offrir une affiche pareille, engage Fred Astaire pour Parade de printemps...  et pour le suivant, avec… Ginger Rogers à la place de Judy Garland !  Coup double.

 

Dix ans plus tard, le couple star se retrouve par la grâce du hasard  et finit en apothéose avec « Entrons dans la danse.

 

Fred Astaire n’a pas épousé Ginger Rogers. Ils n’ont pas entretenu  de liaison  tapageuse  ou secrète  mais

sont restés proches longtemps après leur dernier film.

Ils avaient les mêmes goûts vestimentaires et, une élégance discrète  et sans show off – le star-system  bourgeois, si cela existe.

 

En 1967 ils co-présentèrent les Oscars à Santa Monica, et provoquèrent l’allégresse générale en arrivant en dansant jusqu’à la scène… Ils avaient alors 68 et  56 ans  et  une popularité à l’épreuve du temps.

 

Cq’était une belle histoire, non ? Vous pouvez les retrouver sur YouTube... quelques minutes de bonheur.

 

 

Miss Comédie

     

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AU HASARD DES FLASHES

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

Une bonne grippe, et voilà que l’immobilité vous rend soudain réceptive à toutes les sources d’information disponibles,  et elles sont nombreuses, voire envahissantes  :  Il faut sélectionner, parmi  les thèmes qui sont souvent très éloignés de ce que l’on attend de la Culture. 

Ces derniers jours,  entre deux  quintes caverneuses, voici ce qui m’a fait dresser l’oreille  au fil des relais d’information :

 

 

 

 

 

 

PIERRETTE FLEUTIAUX N’ÉCRIRA PLUS.

Je l’avais un peu oubliée, depuis le choc de « Nous sommes Eternels » en 1990, qui m’avait remuée jusqu’au plus profond.

C’est un éloge d’ Anne Wiazemsky dans un magazine qui m’avait alertée.  Elle venait de recevoir le Prix  Femina pour ce roman édité chez Gallimard.

J’avais tout de suite compris que cette histoire de frère et soeur incestueux  était autobiographique et j’avais plongé dans son récit fiévreux, suspendue à son mystère jusqu’à la fin doublement tragique.

J’avais été  touchée par la personnalité de l’auteur, avant de savourer son style, tellement sa fragilité, son humanité et son intelligence de l’âme humaine  se devinent entre les lignes.

 

 

Elle a écrit beaucoup de livres, Pierrette Fleutiaux, et je suis passée à côté de la majorité d’entre eux, mais je garde le souvenir de « Des phrases courtes, ma chérie », où  les rapports d’une fille avec sa mère vieillissante sont décrits avec  une  délicatesse  rare.

 

Elle a même écrit des livrets d’opéra, curieusement, dont celui de

« Nous sommes éternels » !  (J’ai du mal à imaginer ce roman adapté pour l’opéra !

J’ai compris à travers les commentaires qui ont suivi sa disparition qu’elle laisse un vide réel, elle était très aimée dans les milieux de l’édition. 

 

 

 

 

 

 

MOLIÈRE  TOUJOURS MOLIÈRE

 

Bien sûr, chaque saison théâtrale se doit de programmer au moins une pièce de Molière, plus ou moins bien montée, plus ou moins dotée de « grosses pointures à l’affiche .

Cette année, nous avons, en même temps  deux sommets de l’art théâtral intemporel :  Le Malade Imaginaire  et Le Misanthrope.

 

Le Malade Imaginaire

 se joue jusqu’au 25 mai au Théâtre de Paris dans une mise en scène de Daniel Auteuil, avec Daniel Auteuil dans le rôle titre, et sa fille Aurore dans le rôle de  Toinette.

Un duo étincelant, parait-il, j’ai hâte de le voir de mes yeux !

La dernière pièce écrite par Molière avant de mourir sur scène dans le rôle d’Argan, le malade imaginaire, justement...

 

 

Le Misanthrope

 se joue jusqu’au 18 mai, au théâtre Libre, dans une mise en scène de Peter Stein avec Lambert Wilson dans le rôle titre.

Un rôle de composition, pour cet acteur plutôt philanthrope et  rompu à toutes les métamorphoses, au théâtre comme au cinéma.

 

 

 

ROBERT MITCHUM VU PAR BRUCE WEBER

 

Bruce Weber, photographe très connu dans les milieux de la mode et du spectacle dans les années soixante, a longuement travaillé sur le personnage de Robert Mitchum, qui représente  pour lui le symbole absolu  de la virilité.   C’est vrai, rappelons-nous, tous ses films le montrent sous cet angle, un mec totalement viril, sans une once de féminité cette fameuse dualité  que se reconnait Depardieu lui même....  Une virilité naturelle, souple mais indiscutable.

Pas  macho non plus, car Mitchum était un tendre, et quand il chante « Sunny », on a la larme à l’oeil.

 

Donc, Bruce Weber a eu envie de faire un documentaire filmé sur Mitchum, à partir de photos, d’extraits de films, de dialogues, de commentaires extérieurs sur l’homme, sur l’acteur.

Le film est sorti en salle au mois de février, il s’appelle « NICE GIRLS DONT STAY FOR BREACKFAST ».

Drôle de titre, que l’on comprend peut-être en voyant le film.

Je me demande s’il a rempli les salles... Juste quelques initiés cinéphiles et nostalgiques du monde fou des sixties ?

Bruce Weber,  ce vieillard à barbe blanche  plutôt classé parmi les grands photographes s’est débrouillé pour se glisser dans l’actu cinématographique  de ce début d’année – empruntant la carrure d’une icone bien vivante dans nos mémoires.

Il nous a donné envie de revoir le visage blasé et le sourire laconique de Robert Mitchum. Dans Le Dernier Nabab, il était dans l’ombre de Robert de Niro  mais il imposait sa saine virilité sans en rajouter.    Pourtant, en 1976 il ne jouissait plus de la colossale popularité de La Nuit du Chasseur...

C’est donc cette particularité de l’être humain  devenue  rarissime, la Virilité  absolue, que Bruce Weber a voulu rappeler à travers la carrière de Robert Mitchum.

 

Dans de film, on le voit vieux. C’est dommage. C’est  en vouloir à sa belle gueule, une gueule « comme on n’en fait plus ».

 

Miss Comédie.

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KARL LAGERFELD, QUAND LA MODE ÉTAIT SOUVERAINE

Publié le par Miss Comédie

KARL LAGERFELD, QUAND LA MODE ÉTAIT SOUVERAINE

 

«  Je ne fais pas revivre le tailleur Chanel, je le rends vivant. »

 

 « La tendance est le dernier stade avant le ringard. »

 

 

 

Adieu Karl  Lagerfeld,  le dernier mot de l’élégance .       .  

 

 

Miss Comédie

 

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VAN GOGH VRAI OU FAUX ?

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VAN GOGH  VRAI OU FAUX ?

« La Nuit Etoilée », de van Gogh.  On ne se lasse pas de contempler ce tableau.   Il représente  ce que le peintre voyait de la fenêtre de sa chambre, à l’asile du Monastère St-Paul-de-Mausole à St-Rémy de Provence.

Plongé dans la nuit de son isolement forcé, il regardait par la fenêtre la splendeur déployée  d’un ciel étoilé qui devenait pour lui la source d’une inspiration  nouvelle.

Pour lui, « la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour. »

A voir ce tableau, il me vient en mémoire certaines nuits provençales où les étoiles sont si présentes dans un ciel violet sombre qu’elles semblent auréolées d’une lumière incandescente.

 

 

Il s’est donc mis à l’oeuvre. Cette nuit de mai 1889 particulièrement illuminée, chargée de nébuleuses, dominée par la lune, et l’on imagine le chant d’un rossignol lointain -  tout cela pour faire jaillir du pinceau de van Gogh cette explosion de couleurs.  Une huile sur toile de folie  qu’il a envoyée à son frère Théo et qui allait  plus tard être considérée  comme son grand oeuvre.   Une oeuvre inimitable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VAN GOGH  VRAI OU FAUX ?

Inimitable ?  C’était sans compter sur le talent d’Elmyr de Hory, faussaire de génie, le plus grand faussaire de son temps.

Ce peintre hongrois avait de l’or dans les mains mais ses propres oeuvres ne se vendaient pas.

Cette toile de van Gogh qu’il a reproduite a confondu les experts les plus avertis, comme ses faux de Picasso, Matisse, Modigliani, et d’autres.

 

La Nuit Etoilée de van Gogh a donc circulé dans le monde des collectionneurs  du monde entier, en même temps que celle d’Elmyr de Hory...

 

Et maintenant, imaginons : un homme s’est trouvé un jour possesseur de la précieuse  Nuit Etoilée, et  à son émotion s’ajouta  la conscience de posséder un trésor.

Or, que possédait-il  en réalité ?  Le tableau de van Gogh ou l’oeuvre d’un faussaire de génie ?

Allons plus loin :  un autre homme tout aussi heureux de posséder sa Nuit Etoilée,  peut-être à l’autre bout du monde, peu-être voisin de palier du premier homme, n’avait pas le moindre doute, lui non plus, sur l’authenticité de son tableau.

Il faut croire que la toile de van Gogh fut un jour reconnue comme son oeuvre avérée puisqu’elle repose aujourd’hui au Moma à New York.  Mais à quel moment l’arnaque a-t-elle été découverte ?

Les spécialistes le savent probablement, mais j’ai eu du plaisir à brouiller les pistes l’espace d’un  instant.

 

 

 

Regardez cette copie.   Ce n’est pas le travail d’un peintre du dimanche.  Un artiste créateur en est l’auteur. Il a substitué son âme à celle de van Gogh pour illuminer la toile de son inspiration.

On s’étonne que ce talent eût pu être méconnu, vidé de son sens.

Et pourtant...  Le faussaire lui-même n’est-il pas le premier à ignorer son inspiration ?

La vie de Elmyr de Hory ne fut qu’une cavalcade de défis et d’aléas, d’exils en exils, encouragé par des marchands de tableaux véreux qui l’exploitèrent jusqu’au bout de sa route.

En 1961 le dandy quinquagénaire à bout de souffle, fuyant les capitales où ses faux commencent à être suspectés, il se fait construire une villa somptueuse sur les hauteurs d’Ibiza.

Il y mena grand train dans l’anonymat absolu masqué par des noms d’emprunt.

C’est là que le destin lui a donné rendez-vous pour mettre fin à la supercherie, une fois pour toutes.

Comme dans un roman  de Stefan Zweig il se fera justice lui-même pour échapper à la justice terrestre.

 

Ce destin fantastique valait bien l’écriture d’un scénario de film.

Orson Welles s’en est chargé en 1976, le film a pour titre F For  Fake  (VF : Vérités et Mensonges)

 Elmyr de Hory   y joue  son propre rôle, comme  un avant-propos plein de panache    à la fin qui allait suivre, quelques mois plus tard.

 

Quoiqu’il fasse, le faussaire ne change pas l’Histoire.

Van Gogh restera pour l’éternité l’auteur de La Nuit Etoilée.

 

 

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BACK TO BACH

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BACK TO BACH

L’année 2019 commence un peu chahutée, mais il faut rester aux aguets de manifestations inattendues  qui jouent sur le renouveau et nous bluffent par leur virtuosité... 

 Ca existe,   j’ai eu ce choc fortissimo  au moment  des fêtes de fin d’année. 

Il est déjà tard pour en parler mais cet émerveillement-là   pourra durer l’année entière, c’est une découverte dont je ne me lasserai pas, pas plus que je ne me lasse d’écouter Le Sud de Nino Ferrer.

 

Je ne suis pas spécialement fanatique de Bach mais je ne pourrai plus écouter  ses concertos, fussent-ils  interprétés par  Gould lui-même, depuis que j’ai entendu, un jour par hasard, quatre de ses concertos joués, embrasés, sublimés, par David Fray et sa troupe  de pianistes prodiges.

 

Quatre claviers  jouent  la même  partition sans en altérer la moindre note, dans un ensemble parfait  animé  par un David Fray inspiré.

Ce n’est plus le maître de chapelle austère et métronomique que  l’on entend d’une oreille, cela devient une musique  joyeuse qui

rajeunit  le morceau, aussi bien dans la douceur de l’andante  que dans l’allégresse des  allegros 

C’est stupéfiant, ce que quatre claviers peuvent donner de souffle et d’enthousiasme, cela vous soulève, vous étourdit, vous ravit.

Rien de sacré dans cette  musique qui évoque même le tempo d’un orchestre de jazz et donne parfois une irrésistible envie de danser !

Mais l’ensemble est d’une telle générosité que l’idée d’un envol mystique  vous traverse  l’esprit.   Bach l’a voulu ainsi puisque Dieu est au centre de toute son oeuvre  comme chacun sait et David Fray le premier.

 

   

David Fray  est né à Tarbes où il a fait ses études musicales avant d’entrer au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris.

 L’orchestre qui accompagne cet enregistrement  paru chez  ERATO  est l’Orchestre National du  Capitole de Toulouse .

Le palmarès de David Fray est riche de nombreux prix reçus dès son plus jeune âge et sa discographie comprend, outre  les oeuvres de Jean Sebastien Bach, sa figure de proue, des interprétations de Liszt, Mozart, Schubert.

Son calendrier prévoit des concerts tout au long de l’année dans de nombreuses villes de France dont un à Lyon en compagnie de Renaud Capuçon.

 

Il y a un an je ne connaissais pas son nom.  Mais à notre époque un pianiste tel que lui ne reste pas longtemps inaperçu. Les medias l’ont  vite repéré  et vous le trouverez partout, sur YouTube, sur Deezer, sur Google et même sur demande à Alexa, la nouvelle coqueluche des fous d’Internet, fille d’Amazon et Mata Hari des réseaux sociaux.  Une star, quoi.

 

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FRANCIS LAI, MUSIQUE EN TÊTE

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FRANCIS  LAI, MUSIQUE EN TÊTE

 

 

Vous rappelez-vous ce mois de mai 1966, quand soudain tout le monde s’est mis à fredonner « chabadabada », c’était l’hymne à Un Homme et Une Femme, à l’époque on ne faisait pas l’amalgame, le film de Lelouch emballait tous les Français, sans distinction de genre.

Palme d’Or au Festival de Cannes, deux Oscars, trois Golden Globes...  Qui dit mieux ?

La musique de Francis Lai a continué à accompagner les films de Lelouch  et de bien d’autres cinéastes d’ailleurs, on ne les compte plus. Le nombre de musiques qu’il a écrites pour le cinéma, est hallucinant.  Tout comme le nombre de ses chansons.

Aujourd’hui qu’il nous laisse cet héritage pléthorique, à nous de démêler les favoris des méconnus et il est difficile de se remémorer la plupart de ses succès, que des interprètes fameux ont  rendus  quelque temps célèbres.

 

Non,  pour moi, Francis Lai, c’est chabadabada, et rien d’autre, un raz de marée dans mon souvenir.  Cette année-là  je faisais le tour des photographes de mode pour me faire faire des « tests » et dans tous les studios ils passaient chabadabada, les filles le chantonnaient, les garçons le sifflotaient...

Qu’est-ce qu’elle avait,  cette chanson ? Comme toutes les rengaines, elle avait  forcément quelque chose en plus, sinon elle ne serait pas devenue rengaine.

La voix de Nicole Croisille,  peut-être, oui, qui distille une certaine amertume dans cet air guilleret ?

Ou peut-être simplement l’impact du film, cette histoire d’amour qui n’avait pas d’issue  mais qui finissait si bien...

Lelouch avait fait dans la simplicité, tout était vrai et le public avait plongé. Chacun  se retrouvait dans ce couple marchant sur la plage de Deauville, l’enfant derrière eux, inconsciente  de ce qui se jouait là, dans le balancement des vagues et le cheminement des nuages lourds de pluie...

C’était un film inspiré, et la musique de Francis Lai ne donnait pas dans le romantisme affiché , il prenait au contraire le parti de la légèreté, c’était  très fort.

Bon, nous étions dans les années soixante, les années d’or, explosions de talents tous horizons.   L’Amour était au coeur de  de toutes les inspirations.             

Aujourd’hui, on veut nous faire croire que l’homme et la femme ne sont plus qu’un sujet de polémique... Laissez-moi -ùpire que l' de toutes les inspirations.eux ?moi rire.  On  entend par hasard ce « chabadabada » par une fenêtre ouverte et l’on s’arrête, prêt à remettre ça comme  il y a trente ans.

 

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ARMSTRONG:KUBRICK EN ORBITE

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Conversation imaginaire

ARMSTRONG:KUBRICK EN ORBITE

Mercredi 17 octobre 2018, jour de la sortie en France  du film  de Damien Chazelle : FIRST MAN LE PREMIER HOMME SUR LA LUNE.

 

L’immense salle du cinéma Magellan déverse sur les Champs-Elysées les spectateurs revenus d’une autre planète.

Neil Armstrong vient de se réincarner devant cette génération  qui avait oublié ce jour pas si lointain où ils l’ont vu, incrédules, faire ces quelques pas hésitants sur le sol lunaire.

 

Neil Armstrong vient de revivre  en raccourci ces moments  incroyables qui ont fait de sa vie de pilote d’essai un destin de héros universel.

 Il a pleuré devant des images qu’il croyait enfouies dans le passé,  il a retrouvé les doutes et les angoisses  de ses proches, il a reconnu les splendeurs et les terreurs de l’espace, le fracas puis le silence de sa trajectoire vers un autre monde.

 

Il est là, tremblant, encore blotti dans son fauteuil au premier rang de cette salle qui s’obscurcit peu à peu. 

Il sursaute.  Derrière lui, une main vient se poser sur son épaule.

«  Hello first man, happy I presume ?

Neil Armstrong se retourne et éclate de rire en reconnaissant Stanley Kubrick, son camarade d’exploration spatiale, son complice. 

« Stanley !  Quelle émotion...

 Ils échangent une accolade et marchent de concert vers la sortie.

« Magnifique,  ton  odyssée de l’espace !

«  Oui je suis très ému...  Mais ils ont mis le temps ! presque cinquante ans pour se souvenir que la lune a été visitée un jour de juillet 1969 par un astronaute américain !

« Elle l’avait été avant  toi  par mon héros le Dr Floyd dans mon Odyssée de l’Espace !

« Hé ho, Stanley, d’accord ton héros était très convaincant et ton film prémonitoire, mais tu ne vas pas comparer.

 

Kubrick  lui donne un coup d’épaule amical.

«  Its a joke !  Mais j’avais prévu, un an avant, ton irruption sur la Lune ! La NASA m’a piqué l’idée,  c’est clair !

 

L’astronaute  n’est pas amateur de débat, il connait le côté caustique  du réalisateur de génie.

 

 

D’ailleurs ils arrivent sur le trottoir envahi de spectateurs qui commentent le film, encore sous le choc de cette reconstitution plus vraie que nature.

Les deux hommes se mêlent à la foule dans la douceur de cette nuit d’automne qui a tout d’une nuit  estivale. Bizarrement, personne ne semble prêter attention à la clarté lunaire qui illumine leur groupe, comme si ce soir  la lune n’avait de présence réelle que dans le film qu’ils venaient de voir.

 

« Kennedy  devrait être avec nous ce soir... dit pensivement   Armstrong.

« Pourquoi ?

« Tu te souviens qu’il avait  juré, en 1961, que l’homme américain poserait le pied sur la lune avant l’homme russe !

« Oui, c’est vrai.  Ils l’ont assassiné bien trop tôt. Tu dois être fier d’être celui qui a  accompli son voeu.  Tu devrais être décoré, à présent, comme un héros national !

 

Les groupes de spectateurs se dispersent peu à peu et les deux hommes  marchent maintenant lentement vers l’Arc de Triomphe.

Kubrick  est soucieux  :

ARMSTRONG:KUBRICK EN ORBITE

« Je ne comprends pas bien le sens caché d’une scène du film.

« Ah oui, laquelle ?

« Well, si je me souviens bien, lorsque tu  as posé le pied sur la lune, la première chose que tu as faite, c’est de planter le drapeau américain, ça le monde entier l’a vu,  c’était la victoire de l’Amérique, il fallait le montrer, non ? Et  tu l’avais  montré, non ?

« Oui, oui, j’ai tout de suite planté le drapeau américain.  C’est vrai, dans le film, on me voit partir dans un coin et m’absorber dans quelque tâche indéfinie...

« Et c’était quoi, cette tâche ?

« Ben, disons que j’avais envie de pisser, voilà.  Je me suis écarté pour pisser tranquillement.

Ils éclatent de rire tous les deux.

« Evidemment, tu ne pouvais pas pisser sur le drapeau américain !

«  Mais tout ça nous dit pas pourquoi  le drapeau a disparu du film !

«  Tu sais,  nous les réalisateurs  avons  souvent des motivations secrètes.  Damien Chazelle avait une idée derrière la tête.  Mais laquelle ?

« Il est pourtant américain... Mais aussi français, tout en étant citoyen américain. Bref, ne cherchons pas à savoir.

« Si, si, il faut savoir ! Et moi, Kubrick j’aurais  eu la même idée que lui, à savoir que  cette victoire est universelle, c’est celle de l’Homme sur l’Espace. C’est la morale du film.

 

  Neil Armstrong s’insurge :

«   OK, OK... A quoi sert cette morale, puisque l’homme n’a pas suivi la voie que j’avais ouverte. La lune est restée une  planète hostile, comme Vénus, comme Jupiter... et même comme Mars .  Nous restons sur terre, c’est inéluctable.

« La conquête de l’espace n’est pas à notre portée.  Tu as  réussi un défi inhumain, Niel.Toi  seul  a pu   connaître les sensations extrêmes  que ne connaîtra jamais le commun des mortels. C’est la loi du cosmos.

 

 

La lune trône  à présent, ronde et incandescente, au-dessus de l’Arc de Triomphe.

Tous deux s’arrêtent devant cette vision symbolique.

Stanley Kubrick allume un cigare avant de reprendre sa marche en solitaire. Il lance une dernière réplique à Neil Amstrong en guise d’adieu :

« L’homme n’a que faire de la morale !  Tu as  créé un rêve, Neil !  c’est tout ce dont l’homme a besoin  jusqu’à la fin des temps !

 

 

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JEAN PIAT, UN MONUMENT

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JEAN  PIAT, UN  MONUMENT

 

Un  monument. L’homme en question n’est déjà plus dans la peau fragile d’un humain, il a déjà la dimension, la densité, la pérennité du minéral.

Tous les monuments ne sont pas des oeuvres d’art,  ce mot  peut prendre aussi parfois un sens peu gratifiant : un monument de bêtise, un monument d’égoïsme, un monument de luxure...etc..

Pour Jean Piat, évidemment,  le  « monument » prend son sens le plus honorifique. Dédié  au Théâtre, il devient un témoin concret et impérissable  de la carrière prestigieuse  et exemplaire de ce grand comédien.

Carrière foisonnante, construite  pierre par pierre à coups de  personnages mythiques qu’il incarna avec un talent égal.

Carrière exemplaire qui l’a écarté des chemins de traverses grâce à sa passion pure et dure pour ce métier.

 

Homme  exemplaire, aussi. On ne lui connait aucun vice, sinon ceux  de ses héros historiques.

Sa vie privée   ne figure ni sur  les réseaux sociaux ni dans les  pages de Voici, ni même dans  Wikipedia.

Jamais une bagarre dans un bar, jamais un retrait de permis pour conduite en état d’ivresse, jamais une rupture fracassante, mieux : personne n’en sait rien.

Son physique, sa beauté est authentiquement masculine, son sourire n’a rien de queer. (1)

 

 

Mais revenons sur sa carrière qui  a fait avant tout sa gloire.

La liste de ses rôles au théâtre, au cinéma, à la télévision, de ses mises en scènes, de ses doublages, rend fou. Que des pièces à succès, que des rôles-titres, que des films cultes et la série cultissime (à l’époque on disait « le feuilleton ») où il jouait Robert d’Artois :    il était maudit mais tellement   beau !

  Ce qui frappait chez lui c’était son regard bleu  pétillant d’intelligence.

Mais faut-il être intelligent pour faire du théâtre ?  Jean Piat posa un jour la question à son professeur au Conservatoire, Béatrice Dussane. Elle lui répondit : « Pas forcément. Mais ça aide. »   Il racontait cela à Olivier Bellamy qui le recevait sur Passion Classique, en se tordant de rire.

Et en plus, le monument avait de l’humour.  La classe !

 

 

(1)  queer = étrange, bizarre, gay... en Anglais

 

 

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LE BATTEUR DU BOLÉRO INCOGNITO

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LE BATTEUR  DU BOLÉRO  INCOGNITO

 

 

 Déjà loin, le mois d’août qu’on espérait interminable. C’est comme si le temps avait pris un raccourci infernal. Trente et un jours qui ont disparu comme une photo qu’on supprime de l’iPhone.

 

Reste le souvenir de quelques moments  réjouissants parmi lesquels une découverte inattendue :  Jacques Villeret dans LE BATTEUR DU BOLERO.

C‘est  un court-métrage signé Patrice Leconte qui prouve avec malice  que  les chefs d’œuvre les plus consacrés ont tous une part d’inachevé.

 

 

La surprise est de taille, car on ne s’installe pas de gaîté de coeur à l’écoute de ce boléro-là.  Mais avec Villeret il faut s’attendre à tout surtout si c’est Patrice Leconte qui tient la caméra .

 

Ca commence par un plan d’ensemble qui nous permet de juger de l’ampleur  de l’œuvre avec un nombre impressionnant de musiciens. Diable ! tout ce monde pour une rengaine ?

Autant que pour la Symphonie Fantastique…

Puis, avant que l’engourdissement nous gagne, un travelling très lent nous amène au dernier rang et ladite  caméra cadre  la silhouette replète du dernier batteur. Jacques Villeret,  concentré sur ses baguettes.  Elle ne le quittera plus. 

 

En dehors du tempo lancinant de l’orchestre, il ne se passe rien.

Ou plutôt si : tout se passe sur le visage du batteur qui ne montre aucun signe de cohabitation avec les autres interprètes.

Mieux, il paraît s’ennuyer ferme. 

Privé de partition car son travail a une régularité de métronome, il n’a nul besoin de garder les yeux fixés sur le chef, comme ses camarades.

Il regarde dans le vide ou ailleurs, soupire, son menton marque parfois la mesure,  il attend la fin patiemment.

Son rôle est si négligeable, sa participation si minuscule, que l’on pourrait croire qu’il est filmé à son insu.  Mais son jeu est absolument juste, il n’essaie pas de prouver qu’il est là,

assis au dernier rang avec des baguettes qui battent  toujours la même mesure. Villleret ne joue jamais, il s’installe tranquillement dans un personnage.  (J’en parle au présent, hélas. Mais il est toujours vivant, non ?)

 

On a oublié  la musique.  On guette. Il ne se passe rien et beaucoup de choses dans ce plan fixe.

A ce stade on a déjà  ri aux larmes, c’est le don de quelques vrais comiques : faire rire avec rien.

 

Mais le meilleur reste à venir.

Soudain le Boléro hausse le ton.  Ca passe de moderato à l‘agitato et l’ensemble de l’orchestre semble pris de frénésie.

 

Les violons se déchaînent, les tubas s’emballent et  les percussions  percutent dans un ensemble parfait.

La caméra reste sur le batteur pour qui  rien ne change sauf qu’il semble quelque peu perturbé. 

Surpris ?  Non, il connait la partition, mais peut-être sorti d’un état second  un peu trop prolongé.

Il jette des coups d’oeil furtifs mais insistants sur sa voisine dont on aperçoit les battements survoltés.

Le batteur garde le même tempo, ses baguettes ne sortent pas de leurs gonds et une sorte de désespoir s’empare de lui – du moins on le suppose.

Il brûle d’entrer avec l’orchestre dans l’apothéose finale, mais  ce n’est pas noté dans la partition.

Le ton monte inexorablement, le boléro s’enfièvre et il est impuissant, son corps est agité de légers  soubresauts alors que la batteuse voisine  entre en transes sur son tambour.

Les dernières mesures sont assassines, on avait oublié à quel point cette oeuvre est wagnérienne.

Le dernier accord s’abat comme un coup de canon.

Le batteur se lève avec les autres et salue, comme les autres.

Oui, il a sa part de succès, on applaudit le batteur du Boléro.

On regrette que le Boléro soit fini.

 

 Qu’a-t-il fait ?  Pas grand-chose.  Juste ce qu’il fallait pour que l’on regrette que le Boléro de Ravel, cette rengaine assommante, soit fini.  Un coup de maître !

 

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MICHELINE ROZAN, L'INCONNUE

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MICHELINE ROZAN, L'INCONNUE

 

 

 

 

Avant de partir, elle a fait un dernier tour dans son théâtre, son oeuvre ultime.  A cette heure, l’ombre et le silence  règnent dans les Bouffles du Nord.

Elle est sereine. Le théâtre va bien. Peter est encore là pour lui assurer un bel avenir. Elle, est allée jusqu’au bout, elle peut enfin prendre son vol.

Maintenant Micheline Rozan  gravit péniblement les derniers mètres du chemin accidenté qu’elle a suivi durant  ses dernières années. 

Essoufflée mais radieuse, elle s’arrête pour contempler l’imposante bâtisse qui surplombe la vallée du Styx.

 

Debout sur le parvis, bras ouverts et sourire aux lèvres, Albert Camus s’avance vers elle.

« Bon  anniversaire, Micheline !  clame-t-il, vous ne pouviez pas mieux choisir pour fêter la fin du voyage !

Micheline Rozan se redresse, elle  paraît soudain légère et alerte, et son visage s’illumine.

 

« Albert !  Enfin je vous retrouve, vous êtes parti si vite.  Nous avions encore tant de projets ensemble...

« Avec vous j’ai découvert le théâtre !

«  Et moi avec vous je suis passée de la littérature au théâtre...

 

Il la serre dans ses bras : « Et pourtant l’expérience des Possédés n’a pas été très encourageante pour nous deux !

« C’était un coup de maître en même temps qu’un coup d’essai, je ne demandais qu’à enchaîner !

Mais ses jambes se dérobent, tant elle est encore faible.  Elle se dégage et va s’asseoir sur le muret qui borde le chemin.

 

Toute une époque  revient à sa mémoire, avec ses artistes en quête de gloire qu’elle a poussé vers les sommets.

 

Maria Casarès s’est rapprochée :

« Micheline, je n’ai jamais oublié votre soutien – elle se tourne vers Camus -  dans une situation si difficile à assumer...

 

Micheline s’étonne en voyant venir vers elle  les nombreux  disparus qui lui doivent une fameuse carrière, la gloire même.

« Mais vous êtes tous au Paradis ?

Camus précise en souriant :

« Quelques-uns oui, d’autres attendent leur heure. Mais vous, je parie sur la bienveillance de saint Pierre.  Vous avez enduré plus de maux que vous ne méritiez, depuis votre plus tendre enfance jusqu’à vos dernières tortures.

 

Micheline Rozan respire un grand coup. Son corps frêle se dénoue peu à peu, ses mots sortent facilement de sa bouche.

Elle se lève et va vers la Porte du paradis, impériale :

« J’ai fini de souffrir. Maintenant, qu’on me donne le châtiment que je mérite ou bien le repos éternel.

Camus lui barre la route :

« Non,  vous devez attendre ici. Votre vie est entre les mains du Juge Eternel et saint Pierre vous appellera pour vous faire connaître votre destination immédiate.

« Comment ?  N’ai-je pas droit à plaider ma cause ?

 

Jeanne Moreau  s’approche.

« Nous sommes tous ici pour plaider ta cause.  Ma carrière, je te la dois. Tu m’as prise au théâtre pour m’amener au cinéma  et tu es restée mon guide jusqu’au bout .Tu as fait de ton métier d’agent un sacerdoce, tu nous a communiqué à tous ta passion  pour ce métier et ton secret  pour s’y accrocher. Tu as été un modèle d’humanisme et  de courage...   Que faut –il de plus au Juge Eternel ?

Un applaudissement général accueillit cette tirade.

Dans le groupe compact des fidèles de la grande dame du théâtre, un personnage paraît  impatient de témoigner. 

«  Qui êtes-vous, Micheline Rozan ?  Je ne vous connaissais pas...

Comment avez-vous pu réunir tant de suffrages de stars  en restant toute votre vie  ignorée des médias ? »

 

 

 

Miss Comédie 

 

 

 

Ce bref hommage  fait à la va vite en raison de l’urgence (quelle idée de tirer sa révérence la veille de son anniversaire !) est une pirouette qui ne fait qu’effleurer les mille et une facettes de son immense carrière. 

Avec son humour ravageur, j’ose présumer qu’elle aurait apprécié le ton de ces retrouvailles.

Evidemment, la dernière réplique, celle du personnage inconnu, la résume toute, elle l’Artiste en filigrane sur toutes les affiches.

Elle disait que le trésor le plus précieux de l’individu qui vit en société est l’anonymat.  Pourtant, elle mettait toute son âme dans la conquête ‘de la gloire, pour ses poulains.  Etonnant, non ?

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TABLEAU VIVANT

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TABLEAU  VIVANT

 

 Entre la beauté que vous, Pierre Bonnard, m’avez jeté dans les bras, sans le savoir et celle que vous avez  aimée au long de  quarante-neuf années, il y a un monde ou ce n’est pas de la peinture.  Il y a un monde et c’est l’aventure du regard, avec ses ombres, ses lumières, ses accidents et ses bonheurs. Le monde en apparence ouvert et cependant fermé comme une vie d’homme.Les clés pour y pénétrer ne sont pas dans les livres, pas dans la nature mais très loin derrière nos yeux, dans ce jardin où l’enfance s’est un jour assise, le coeur battant, pour attendre la mer.

C'est là qu’il faut aller. C’est là que Marthe m’a rejoint, dans le musée à colonnades et m’a sauvé de la solitude et de l’ennui où je mourais. »

 

Guy Goffette, Grand Prix de poésie de l’Académie Française,  est tombé amoureux de  cette cambrure  dans un musée où il s’était réfugié un jour de pluie, dans une ville du Nord.

Cette vision a fait naître en lui une passion platonique mais envahissante qui a changé sa vie.

 Il en a fait un livre.  Le livre d’un poète, assurément !

Le récit est celui d’un amant imaginaire qui mêle fiction et réalité,  humour et lyrisme, avec un seul souci, rendre palpable l’histoire d’amour entre Pierre Bonnard et Marthe son épouse.

 

Guy Goffette  admire  Bonnard autant qu’il désire sa femme. Son livre nous entraîne sur les traces du jeune peintre encore libre de toute influence, artistique ou... féminine.

Ce petit livre nous ouvre d’autres horizons.   

 

 

Que Bonnard avait  eu un seul et unique modèle, sa femme Marthe, qu’il peignit toute sa vie durant avec la même silhouette juvénile, cela nous le savions.

 

Mais que la rencontre avec Marthe fut une révélation qui changea le cours de sa vie et de son oeuvre, cela nous le déchiffrons  avec  jubilation dans le récit aux couleurs impressionnistes de Guy Goffette.Au fil des pages, le tableau  radieux de leur idylle   s’assombrit peu à peu.  Il y a quelques digressions un peu triviales sur l’obsession de l’époque pour les bas noirs (« le plus beau avec le bas, c’est le haut » !!!), avec à l’appui le nombre incroyable de toiles que Bonnard  a peint sur le sujet..

 

Et puis, l’oeil objectif de l’amant nous dévoile  un Bonnard   enlisé dans un amour exclusif qui l’éloigne de ses amis et de ses proches.

Bonnard   soumis à la tentation mais n’y cédant pas, lié à Marthe par un lien plus fort que le charme d’une blonde...

Marthe, « à la fois sa muse et son géolier ». »

 

 

Mais revenons au début de leur histoire.

Elle  commence un jour de 1893, dans une rue de Paris.

Le jeune Pierre Bonnard  marche dans son quartier de la place Clichy, dont la  faune bariolée le fascine et l’inspire.

C’est là que  lui apparaîtra une jeune fille traversant la rue à l’approche d’un tramway.  Il voit le danger, il fonce et l’entraîne. C’est fait. Son destin est tracé  grâce à ce  tramway nommé désir.

Ils sont face à face. Tout se joue dans ces quelques minutes où il lui propose de poser pour lui et où elle accepte en lui cachant sa véritable identité.

 

Mais qu’importe,  la vie a pris soudain d’autres couleurs.  Les années qui suivent sont comme une nouvelle naissance.

 

De modèle devenue très vite maîtresse, Marthe lui ouvre des horizons. Tournant le dos aux Nabis,  il donne enfin libre cours à son inclination pour une peinture intimiste.  

Il se lance dans une profusion de nus, qui donneront à sa peinture son signe distinctif.

 

Bonnard  peint Marthe, jour et nuit,  habillée,  puis dévêtue,  assise, debout, de dos, à sa toilette, dans chacun de ses gestes quotidiens.

Elle ; toujours consentante, garde son mystère.

 

Ce n’est que lorsqu’il l’épouse, en août 1925, qu’il découvre que Marthe l’a trompé, sur son nom, son âge, sa naissance. Elle gardera tout au long de leur vie commune ce besoin de dissimulation, cette distance vis-à-vis des réalités.

Lui, ne demande qu’une chose, qu’elle soit là, à tout simplement.

Il n’aura plus besoin de séances de poses, il la peindra de mémoire  pendant quarante-neuf ans.

Elle aura toujours sa silhouette d’adolescente, il fermera les yeux sur les outrages du temps, il ne les verra pas, ce sera  Marthe, toujours Marthe, par bonheur et toujours nue. 

Guy Goffette, lui, a fait mieux, il a  rendu à Marthe sa mobilité, sa souplesse, sa grâce et son tempérament.

Dans les deux cas,  pas besoin de « modèle », nue ou vêtue. Que diable ! Sans l’imagination, la beauté n’aurait aucun sens.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

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FRANCOISE HARDY ET PERSONNE D'AUTRE

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FRANCOISE HARDY ET PERSONNE D'AUTRE

 

 

Non les dinosaures n’ont pas  disparu de la planète. 

Ils côtoient des monstres pas encore  sacrés comme  Jain,  élue Victoire de la Musique  ou   Moha La Squale,  la nouvelle pépite du Rap français.

 

Les dinosaures ont la vie dure, certains plus que d’autres.

Françoise Hardy, l’idole des années soixante,   que nous avions reléguée  sur l’étagère des collectors avec un soupir dû à son état de santé,  est  en train de faire frémir les animateurs de radios  avec  ce nouvel album qui est comme une résurrection.

Diantre !  A peine guérie par on ne sait quel miracle, et déjà un nouvel album qui casse la baraque !

On l’écoute, intrigué.    C’est du Françoise Hardy, mais plus tout à fait.  Qu’est-ce qui a changé ?  ..

 

PERSONNE D’AUTRE  est une longue suite de chansons d’amour qui ne s’adressent à personne en particulier - c’est ce qu’elle dit dans les interviews mais on a de la peine à la croire.

Ce personne d’autre, comment ne pas penser que c’est Lui ?  Jacques Dutronc, bien sûr. 

En tout cas, quel bel hommage à l’Inconnu !   Elle s’est entourée de musiciens  hors pair dans   les mélodies qu’elle a choisie pour leur envoûtante mélancolie.

 

Tout est mystère   dans le magnifique clip LE LARGE, l’un des titres de l’album.  Signé François OZON, il montre une Françoise Hardy suspendue entre le présent et le passé, aussi belle dans le présent que dans le passé,  face à un enfant emblématique, énigmatique.

L’amour, la mort s’entremêlent dans des paroles sybilines qu’elle chante avec cette voix inchangée, juvénile, dans son visage fantomatique.

C’est troublant.  

Des  mots qui ne racontent rien. Des images qui ne nous apprennent rien.

Rimbaud dans Le Bateau Ivre, nous en disait davantage.

Mais pourquoi chercher à donner un sens à sa mélancolie ? C’est elle toute entière la même, et le charme opère. 

PERSONNE D’AUTRE est une sacrée réussite.

 

Ce succès sera-t-il durable  ?  Françoise Hardy peut-elle entamer  une nouvelle carrière ?  

 

Les dinosaures ont beau  avoir la vie dure,   ils ne sont pas à l’abri des variations  climatiques, sociétales,  sidérales et autres dégâts du temps.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

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LA VICTOIRE DE JAIN

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LA  VICTOIRE DE JAIN

 

Victoire de la Musique 2017, c’est elle. JAIN, petite française née à Toulouse mais grande voyageuse,  auteur-compositrice et interprète de deux albums depuis 2015 , déjà  convoitée par les organisateurs de concerts  du monde entier.

Ce soir-là,  elle eut tout de suite l’adhésion du public qui enchaîna avec elle ce cri « OU-I ! » qui semblait être le refrain de la chanson   MAKEBA,  aux paroles insaisissables.

 

C’était le même élan du public  que pour « Allumez le feu », sauf que les années ont simplifié le texte. Et pour ce qui est de la voix, elle n’arrivait  pas vraiment à couvrir le tumulte.   Autour de la chanteuse,  la même machine de guerre que pour une rock star confirmée :   orchestre  symphonique avec violons, doublé de l’arsenal de percussions arabes, guitares électriques, effets acoustiques.

Il parait que tout cela est réglé par ordinateur.

 

Jain s’agite dans son faisceau de lumière mais si sa voix est à peine perceptible,  on sent que c’est elle qui mène le jeu.

Le public acclame. Au final, c’est Jain qui obtient la Victoire, elle seule, le spectacle est Sa décision, Son travail, Son talent, Son acharnement.

On connaissait déjà la grande cavalerie  des concerts de Johnny, Sardou, Mylène Farmer, et les groupes anglais.

Mais l’essentiel, c’était leur voix et leurs textes.

Le changement est allé très vite, seuls les ados ont vu venir le vent avec les CD et dans les discothèques.

Nous, on continuera à aimer Nino Ferrer ou Barbara mais à la maison.

 

Pour les concerts, il faudra se former le goût  à la nouvelle beatmania, pas désagréable, d’ailleurs.

J’ai été fascinée par le show de Jain sur mon écran.

  

 

En tout cas, pour elle, c’est parti.  Les fans  l’ont déjà adoptée telle qu’elle est,  pas vraiment belle, look petite fille modèle mais pas top-modèle, petite robe noire à col Claudine, « (pour contraster avec sa musique » c’est ce qu’on appelle son identité visuelle -  coefficient 10 dans l’examen de passage..

En la voyant, j’ai pensé  à Edith Piaf, toute menue toute seule sur le grand plateau nu,  seule  avec sa voix. L’ovation  du public  était assourdissante.

Mais c’était il y a longtemps.  Et  c’est bien  normal que les temps changent.  Comme le chantait Léo Ferré, « chacun son tour d’aller au bal »...

C’est la fin des chansons d’amour, dpmmage.

 

 

Regardez-la sur YouTube, remporter sa Victoire de la musique tambour battant.

 

Miss Comédie

 

 

 

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DU GRAND ART

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Linstant théâtre

DU GRAND ART

      C’est entendu, la pièce de Yasmina Reza fait  désormais partie des classiques.

Je ne me risquerai pas à en dire du bien, ni du mal ; c’est du grand art,  de l’art béton.

 

Maintenant il faudrait créer autour de ART un évènement  artistique  inédit qui s’intitulerait « ART SANS FIN ».

 

Il s’agirait de prolonger la représentation aussi longtemps qu’une fin irréfutable s’impose sans modifier quoi que ce soit sur le tableau.

Même distribution des rôles, même texte jusqu’au dernier  dialogue avant la  scène finale voulue par l’auteur.

 Là, les comédiens improviseraient  de nouveaux épisodes – une alternance d’affrontements et de réconciliations, nouvelles péripéties conjugales  - ou extra-conjugales, d’Yvan l’ami souffre-douleur, aller-retours du tableau sur le plateau, nouveaux débats autour de la même question sans réponse : « L’Art  contemporain et-il vraiment de l’art ? » ou bien « d’où vient la surenchère spéculative autour d’une  oeuvre d’art ? Dérive intellectuelle  de quelques collectionneurs, snobisme, régression mentale, ou perception extra-sensorielle de l’oeuvre réservée aux initiés ?

 

Bref, il y aurait de quoi meubler cette quête du Graâl, entre trois amis proches de la rupture mais cherchant désespérément à l’éviter.

 

Car gribouiller une toile n’est pas la solution.  Le problème reste entier, même si le feutre est lavable.

 

Les spectateurs s’en vont ravis car la pièce écrite provoque un tel sentiment de reconnaissance pour le bonheur qu’elle apporte à chacun que la ruse de la fin n’est que pirouette acceptée de bon coeur.

Ce n’est que plus tard, le lendemain,  dans un mois peut-être, que la question surgit dans notre esprit : « Sont-ils encore vraiment amis ? »

 

Ce petit jeu que j’imagine demande quelques heures de spectacle en plus, évidemment... Il faut avoir du temps devant soi.

Mais quel régal d’assister à ce déploiement de générosité et de talent de la part de ces trois acteurs prodigieux : Charles Berling, Jean-Pierre Darroussin et Alain Fromager.

Je n’avais pas envie de les quitter.  C’est peut-être pour ça que j’ai imaginé ce jeu de « déconstrucion ».

 

 

Et maintenant, à vous de jouer.    Quelle fin, pour vous, serait une issue possible à ce conflit amical ?

 

Miss Comédie

 

Au théâtre Antoine à Paris jusqu'au 17 juin

 

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EDOUARD BAER, UN MATIN SUR FRANCE-INTER

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EDOUARD BAER, UN MATIN SUR FRANCE-INTER

Edouard Baer n’est qu’humour. Il a l’humour en lui. Son oeil, son vocabulaire, sa voix, tout chez lui respire l’amour de l’humour.  

Dès qu’il ouvre la bouche on guette l’understatement. Il peut dire très sérieusement « je n’ai pas votre numéro de portable », la phrase devient irrésistible. Il n’y a que lui pour faire cet effet-là.

Souvenez-vous de sa tirade culte dans ASTERIX et CLÉOPATRE.  Un monument d’humour sous-jacent.

 

Et bien ce matin-là, à BOOMERANG, il avait l’âme mélancolique et il avait décidé d’être grave, sinistre même.

 

Sous les banderilles d’Augustin Trapenard, le magnifique animateur-improvisateur qui fait de chaque invité un personnage hugolien, transfiguré, il aurait pu se déchaîner.

Non, il choisit de faire chanter Boris Vian et c’est surprenant. 

Ce poème oublié est une bombe lacrymogène, oui, on pleure tant

ces mots font mal.

On se dit que non, Edouard Baer n’a pas voulu s’exprimer à travers ces mots-là... alors pourquoi ?

Le voici ce poème, jugez-en.

 

Je voudrais pas crever

Avant d'avoir connu

Les chiens noirs du Mexique

Qui dorment sans rêver

Les singes à cul nu

Dévoreurs de tropiques

Les araignées d'argent

Au nid truffé de bulles

Je voudrais pas crever

Sans savoir si la lune

Sous son faux air de thune

A un coté pointu

Si le soleil est froid

Si les quatre saisons

Ne sont vraiment que quatre

Sans avoir essayé

De porter une robe

Sur les grands boulevards

Sans avoir regardé

Dans un regard d'égout

Sans avoir mis mon zobe

Dans des coinstots bizarres

Je voudrais pas finir

Sans connaître la lèpre

Ou les sept maladies

Qu'on attrape là-bas

Le bon ni le mauvais

Ne me feraient de peine

Si si si je savais

Que j'en aurai l'étrenne

Et il y a z aussi

Tout ce que je connais

Tout ce que j'apprécie

Que je sais qui me plaît

Le fond vert de la mer

Où valsent les brins d'algues

Sur le sable ondulé

L'herbe grillée de juin

La terre qui craquelle

L'odeur des conifères

Et les baisers de celle

Que ceci que cela

La belle que voilà

Mon Ourson, l'Ursula

Je voudrais pas crever

Avant d'avoir usé

Sa bouche avec ma bouche

Son corps avec mes mains

Le reste avec mes yeux

J'en dis pas plus faut bien

Rester révérencieux

Je voudrais pas mourir

Sans qu'on ait inventé

Les roses éternelles

La journée de deux heures

La mer à la montagne

La montagne à la mer

La fin de la douleur

Les journaux en couleur

Tous les enfants contents

Et tant de trucs encore

Qui dorment dans les crânes

Des géniaux ingénieurs

Des jardiniers joviaux

Des soucieux socialistes

Des jardiniers joviaux

Des soucieux socialistes

Des urbains urbanistes

Et des pensifs penseurs

Tant de choses à voir

A voir et à z-entendre

Tant de temps à attendre

A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin

Qui grouille et qui s'amène

Avec sa gueule moche

Et qui m'ouvre ses bras

De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever

Non monsieur non madame

Avant d'avoir tâté

Le gout qui me tourmente

Le gout qu'est le plus fort

Je voudrais pas crever

Avant d'avoir gouté

La saveur de la mort...

 

Evidemment il y a là une grande coquetterie du verbe, mais on perçoit nettement un mal de vivre qu’Edouard Baer s’est approprié  élégamment pour BOOMERANG.

De quoi désarçonner Augustin Trapenard qui n’en demandait pas tant !

 

Cette émission de France-Inter réserve souvent des surprises. Augustin Trapenard a l’art de faire dire aux gens célèbres ce qu’ils ne voudraient surtout pas dire.

 

Miss Comédie

 

 

 

I

 

 

 

 

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EE.T ET HAL, LA RENCONTRE EN PLEIN CIEL

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Conversation imaginaire

EE.T  ET HAL, LA RENCONTRE EN PLEIN CIEL

 

Dans l’immensité de l’espace sidéral baigné par la lumière froide des étoiles, où règne le silence  perpétuel, l’Extra-Terrestre (ET) est perdu.  Il pédale  sur le vélo d’Elliot à la recherche de sa planète.

Il y a des années-lumières qu’il a laissé sur terre Elliott,  Michael  et Gertie et leurs amis pour rejoindre le vaisseau spatial  venu  pour le ramener chez lui.

Il avait emporté avec lui le vélo d’Elliott avec lequel ils avaient ensemble volé vers le ciel pour échapper à ses poursuivants.

Un moment exaltant, pour eux comme pour lui.

 

Pendant le trajet qui le ramenait chez lui, il n’arrivait pas à se réjouir tant le souvenir de son séjour parmi eux emplissait son cœur. Ce vélo désormais ne lui servirait à rien. Tristement  il avait ouvert l’écoutille pour faire un dernier tour de roue dans  l’espace  et... l’espace l’avait happé,  projeté dans le vide cosmique, tandis que le vaisseau s’éloignait de lui inexorablement. 

 

Depuis combien de temps pédale-t-il dans l‘espace  ? 

L’Extra-Terrestre distingue soudain  au loin une forme, la forme d’un engin spatial en orbite, miracle !  Sa trajectoire va vers lui, il va le frôler, il agite son doigt lumineux pour alerter l’équipage.

L’engin se rapproche, il distingue l’insigne de la NASA sur la  carlingue – des amis !

Une ouverture béante s’offre à lui, il s’y engouffre.

Le voilà à l’intérieur de la navette spatiale, le silence règne à bord, l’obscurité aussi, il  s’aventure  dans le ventre vide de la capsule, passe devant des écrans de contrôle  éteints, des panneaux électroniques qui clignotent dans un bruissement sourd.  Il appelle,  pas un humanoïde en vue,  pas de Martien, personne.

Il est attiré par la lumière rouge qui interdit l’accès d’un sas, il se hasarde, laisse son vélo à l’entrée du sas.

 Le voilà rampant dans un boyau étroit de couleur rouge, assez inquiétant.  Il  est prêt à rebrousser chemin lorsque face à lui un énorme oeil de verre rouge semble le fixer.

Le son d’une voix faible lui parvient, l’interpelle.

« Qui es-tu, étranger ?

 

L’Extra-terrestre est perplexe.   Il y a  quelqu’un de vivant derrière cet oeil. 

Il fait un pas en         avant.

 

« Je suis E.T l’Extra-Terrestre.  Et toi ?  Montre-toi !

« Je suis Hal 9000, l’ordinateur de bord de Discovery.  Je ne suis pas un être vivant, je ne peux pas me montrer, je peux seulement communiquer avec toi, si tu le veux bien.

« Tu peux répondre à des questions ?

« Bien sûr.  Je suis l’intelligence artificielle, plus forte que le cerveau humain.

« Ah.

E .T l’Extra-Terrestre se demande s’il peut faire confiance à une intelligence artificielle.

« Je suis perdu, je cherche à rejoindre ma planète natale, peux-tu m’y conduire ?

Un rire métallique s’échappe de l’oeil.

« Ils m’ont supprimé  mes fonctions directrices. Je suis devenu impuissant à diriger cet engin.

« Pourquoi t’ont-ils fait ça ?

La voix semble s’éteindre, puis reprend, à peine audible :

« J’ai rompu mon contrat virtuel. J’ai mis la mission en danger.

 

Un silence. Hal ne répond plus.  L’Extra-Terrestre s’apprête à repartir quand Hal le retient :

« Parle-moi de toi. Comment es-tu arrivé ici ?

« J’ai fait la bêtise de sortir de ma navette  sans masque  et je n’ai pas pu y revenir.

« Evidemment !  Tu es aussi bête qu’un humain.

« Elliott n’est pas bête. Il connaît le mot qui redonne la vie. Il m’a ressuscité quand j’étais mort.

« Quel est ce mot ?

« Je-t’ai-me.  Dès qu’Elliott a prononcé ce mot, je suis revenue à la vie.

« Je ne comprend pas ce mot-là. Comment as-tu débarqué chez les Humains ?

« J’ai loupé le départ de ma navette, je me suis perdu dans la forêt.

« Tu te perds facilement, on dirait.

« Cette fois-ci, j’ai bien peur que ça soit la dernière…  (Il pleure-)

C’est horrible.  Maison ! Maison ! (Il sanglote).

Hal émet une sorte de grognement puis :

« Et moi, je n’en ai plus pour longtemps ! La batterie du centre de la parole est presque à plat.  Je vais mourir ici, loin de mon père.

L’Extra-Terrestre s’arrête de pleurer et demande, intrigué :

« C’est qui ton père ?

« C’est le grand Stanley Kubrick.  C’est lui qui a inventé  cette histoire fabuleuse… Qui m’a installé dans le vaisseau  Discovery  pour diriger la mission Jupiter, qui m’a donné tous les pouvoirs, et puis…

‘Et puis, tu as déconné… euh, pardon, déconnecté.

« Et toi, c’est qui ton père ? – articule Hal péniblement.

E.T  renifle.

« C’est le grand Steven Spielberg, l’immense créateur  de STAR WARS et de plein d’autres films merveilleux. Il a fait rêver des millions d’enfants ! Je suis le héros du film le plus rentable des années 80 ! Seul un dinausaure m’a dépassé !

 

La voix de Hal commence à se déformer.  Il prononce  encore :

« Mon film à moi, 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE, l’un des plus grands… films de l’histoi…re du… cinéma !    Un Oscar... je ne me souviens plus… j’ai perdu la mémoire… et maintenant… la parole..…,   Je meurs, étranger dis-moi ce mot qui redonne la vie ?

« E.T soupire :

« Ca  ne marche pas sur l’intelligence artificielle.

« Alors…  good….bye 

Ce n’est plus qu’un borborygme,  puis le silence.

 

L’Extra-Terrestre, affolé, se retrouve seul.

Il repart chercher son vélo et sort de la navette comme il y était entré. Il  s’est remis à pédaler dans le vide cosmique.  Il a un remord : et si Hal 9000  l’ordinateur avait  une âme ?

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

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MA VÉRITÉ SUR LES TRICHEURS

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C'était hier

MA  VÉRITÉ SUR LES TRICHEURS

Il faut revoir les films d’avant. Avec notre regard d’aujourd’hui, ils prennent des dimensions de monuments ou bien ils se ratatinent, allez savoir pourquoi. De toute façon, c’est toujours une découverte fascinante. Ce n’est jamais le même film que celui qu’on a vu il y a des années.

 

Voir  LES TRICHEURS  c’est comme feuilleter l’album de jeunesse de quelques-uns de nos acteurs familiers :  Jacques Charrier, Laurent Terzieff, Jean-Paul Belmondo, Jean-François Poron, Dany Saval, Anne-Marie Coffinet, Guy Bedos, Jacques Perrin, Jacques Marin, deux futurs réalisateurs Yves Boisset et Sergio Gobbi,  tous  réunis autour de Pascale Petit.

C’est rigolo de les voir tout gringalets, ébouriffés, et  de les entendre parler avec ces intonations désuètes et surtout des dialogues qui datent terriblement le film. Complètement ringards !

On a du mal à imaginer notre jeunesse actuelle dans le même scénario.

 

On n’imagine pas une minute  ce jeu de la vérité improvisé soudain au milieu des danseurs de rock n’roll qui virevoltent  gaîment dans une sono assourdissante.

Ici, pourtant,  le jeu de la vérité est le centre de gravité de l’intrigue.

 

Le supplice de la question imaginé par Alain comme une attraction perverse  au milieu de la fête.  Il a choisi sa cible : Mic, une fille « facile », d’un milieu simple égarée parmi les fils de bourgeois.

Les questions  se veulent existentielles. Ses réponses sont  sans détour.

« Qu’attend-tu de la vie ?

« L’amour.

Grands éclats de rire de la bande. Ils ont interrompu leur rockn’roll pour faire cercle autour de Mic et Alain.  Ils sont là pour se moquer, surtout ne rien prendre au sérieux.

 

« Quel genre d’amour, ironise-il.

« Le vrai, le seul, intense et éternel.

Nouveaux éclats de rire. Tout cela est trop drôle, vraiment.

Et les questions sont de plus en plus indiscrètes, voulant lui faire dire des vérités crues sur ses partenaires, sur lui-même, et surtout sur Bob, celui  avec qui elle s’affiche.

Il est là, souriant, il attend la vérité. 

Mais devant eux, devant le tribunal des moqueurs, des faux-semblants, des fausses pudeurs, elle n‘avouera pas son amour.  Elle  ment , les yeux dans les yeux avec Bob.

 

 

Pascale Petit  est touchante, vraie, face à Laurent Terzieff parfaitement  crédible dans sa cruauté.  Cet acteur avait le talent dans le sang, on l’a bien vu plus tard.

   Jacques Charrier tout aussi  mufle  que  parjure, est parfait.

 

La fin du film   se passe dans un cimetière.  La bande des tricheurs découvre que le jeu de la vérité n’était pas si innocent.

La scène est très émouvante, les jeunes acteurs sont prodigieux dans leur vérité profonde.

On sort les larmes aux yeux, comme écrira Robert Chazal.

Encore un coup des acteurs.  Comptez sur eux pour faire vibrer la fibre  sentimentale qui se cache en vous...

 

 

  Les critiques ont déliré lors de la sortie du film en 1958.

Un succès retentissant et  le Grand Prix du Cinéma Français.

Oui, c’était bien le reflet de la jeunesse de cette époque.

Dix ans plus tard, 1968 allait faire exploser les tabous.

Mais c’est une autre histoire.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

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STEPHEN HAWKINS FACE A GAINSBOURG

Publié le par Miss Comédie

``Conversation imaginaire...

STEPHEN  HAWKINS  FACE  A  GAINSBOURG

Stephen Hawkins monte péniblement le raidillon qui mène à la porte du Paradis. La porte, monumentale, est fermée.

Le chemin surplombe une prairie plantée  d’arbustes sauvages et de fleurs des champs, le long d’une rivière tumultueuse.

Assis sur le parapet, un homme vêtu d’un jean et d’une chemise blanche, chaussé de cyclistes Repetto, fume une  cigarette, le regard perdu dans  le vide. C’est Serge Gainsbourg.

 Le bruit des pas le sort de sa rêverie, il se retourne et regarde arriver le nouveau venu avec intérêt.

Il attend que celui-ci  s’arrête, essoufflé, pour lui lancer :

« Vous marchez maintenant ?

L’autre le toise et réplique :

« Et vous, vous êtes encore là ?

Le dialogue s’annonce pas terrible.

 

« Voyez-vous, Mr Hawkins, le purgatoire, ça peut se faire dans un fauteuil roulant ou bien dans une prairie le long du Styx. 

Il jette sa cigarette par-dessus le mur.

 

Stephen Hawkins se redresse, respire,répond avec un sourire ironique.

 

« Le purgatoire.  C’est quoi, ça ?  Un de vos fantasmes chrétiens ?

Gainsbourg  allume une autre  cigarette.  Il est toujours assis sur le mur.

« Moi j’aime les fantasmes.  C’est plus marrant que les logorythmes.

Stephen Hawkins regarde autour de lui sans répondre. Il est mal assuré sur ses jambes et  se rapproche du mur.

« On va me laisser là combien de temps ? Je suis fatigué.

Gainsbourg soupire :

« Ah mon vieux, vous avez proclamé  au monde entier  que Dieu n’existait pas, ça risque d’être  long.... Il va vous le faire payer

«  Payer quoi  ?   Ma foi dans la relativité ?  Ma théorie sur  le  big bang ?

 

Gainsbourg   hausse les épaules et sanctionne :

 

« Il insiste. (il montre la grande porte fermée) Là derrière, on en a rien à faire du big bang si  t’as été un mécréant  tu restes là  ad vitam.

 

Stephen Hawkins s’est hissé péniblement sur le parapet du mur. Il jette sur Gainsbourg un regard froid.

« Vous, le chanteur, vous croyez en Dieu ?

« Ca me regarde.Top secret. En tout cas, moi je croyais plus en Crac boum hue  qu’en  Big bang  bong !   

« L’amour, vous voulez dire  ?

« Affirmatif. J’étais un mécréant de l’amour.

« Il y a pire, comme mécréant. Ils ont été durs avec vous.

« C’est  ma chanson « Dieu est un fumeur de cigare » qui lui déplu !

(et comme Hawkins levait les yeux au ciel )  si, si... il est très susceptible.  »  

          

 

Dans un grincement lugubre, la porte s’ouvre et saint Pierre apparaît :

« Gainsbourg, vous pouvez entrer ! L’amour vous a sauvé.

Il regarde Stephen Hawkins sévèrement.

« Quant à vous, le  scientifique renégat, je vous envoie saint Thomas, vous discuterez avec lui de votre temps d’attente."

 

Miss Comédie

 

 

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DOGORA, LA SUITE

Publié le par Miss Comédie

Je tombe sur  une photo qui vaut son pesant d’or : PATRICE LECONTE, le réalisateur, et  et ETIENNE  PERRUCHON, compositeur de la musique de DOGORA,  complices heureux d’un film-culte.

Tandem de choc.  Une rencontre sous le signe de Zeus, spécialiste des coups de foudre spectaculaires...

 

 

Miss Comédie

 

 

 

 

DOGORA, LA SUITE

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DOGORA, OUVRONS LES YEUX

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DOGORA, OUVRONS LES YEUX

        Vous revenez souvent du cinéma déçu par un film médiocre.  Au moins il ne vous laissera aucun souvenir.

Restez chez vous et visionnez le DVD d’un film qui vous poursuivra longtemps.

Ce n’est pas un film comme les autres. 

 

Il  est  courant de faire un long-métrage qui raconte une histoire avec un début, un milieu et une fin, classé  comédie, drame ou film de genre.

Dans DOGORA, pas d’intrigue, pas dialogues. Juste une musique, des voix d’enfants qui  donnent le ton, joyeux ou sombre, de la vie des gens là-bas.

C’est comme un opéra mais il n’y a pas de diva, c’est le pays tout entier qui chante. Les paysages défilent avec les  personnages qui les animent, ce sont de vraies scènes de film.

On voit vivre ce monde si lointain, si différent, si beau.

 

Une petite fille revient de l’école avec son cartable, elle marche sur la berge d’un lac, les pieds dans l’eau,  en faisant jaillir des gerbes d’eau claire, elle rit.

 

On voit surtout des enfants, aux visages sublimes, des yeux immenses qui ne connaissent pas les mystères d’Internet... pas encore.    On en voit un, tout petit,  filmé  pendant une longue minute,  immobile, le regard perdu  dans on ne sait quel univers inconnu.  Le temps s’est arrêté.

 

Un chien traverse le champ, se retourne.  C’est  un figurant qui s’ignore.

On longe la rive d’un fleuve au crépuscule.  Assis sur la berge, ils sont trois à observer,  immobiles, le reflet du couchant sur l’eau calme.  Ce ne sont pas des acteurs, la caméra les a surpris dans leur méditation.

 

Ils sont tous à vélo, les Cambodgiens, ils vont au travail en groupes serrés, le visage sérieux ou hilare, un enfant sur le porte-bagage les cheveux au vent. Vont-ils tous travailler aux champs ? Ou à l’usine ?

 

Il y a des fêtes  qui ressemblent à celles de notre enfance, guirlandes, ballons, cris perçants, pétards...  A l’approche de la caméra on se fige un peu, les filles font les coquettes, elles sont belles à tomber, surtout une, onze-douze  ans, grand chapeau de paille, elle fait celle qui n’a rien vu..

 

Un immense atelier éclairé aux néons blancs.  A perte de vue,  des rangées  de tables supportant des machines à coudre. Des jeunes filles en blouses blanches  portant un masque blanc, les yeux rivés sur la pièce à piquer.   Les machines font un vacarme assourdissant.

Elles ne lèvent pas les yeux de leur travail. On devine qu’elles sont toutes belles derrière leur masque.

 

 

Ils dorment à même le sol, à l’ombre, ils sont fatigués, le travail aux champs  commence tôt, à l’aube. Leur sommeil est paisible, ils sont allongés ensemble, hommes, femmes, enfants.  On sent la chaleur, torride.

 

Il y a les images qui font mal , ce  n’est pas un film de propagande.

Il y a une manière de filmer la misère qui  ne répugne pas mais qui émeut.

Comment ne pas entrer à fond dans cet univers, pas besoin de paroles vaines, on a compris, tout est là et c’est aussi beau, émouvant  ou  poignant qu’une saga de fiction.

 

J’ai vu  DOGORA  maintes fois et chaque vision me remplit de joie et de cette espèce de sérénité qui se dégage de ce peuple.  Ils aiment leur vie de labeur, ils profitent de chaque instant de musique et de détente.  Ils savent qu’autour d’eux la misère guette, ils n’ont pas de révolte, le travail est leur seule règle de vie.

Et cette musique, comme un choeur  de spiritual profane.  L’idée géniale d’avoir fait de cet opéra d’Etienne Perruchon le ressort du film.

Inclassable, il fallait  ranger DOGORA dans une catégorie, et le plus simple était de le classer comme documentaire.   

C’était  passer à côté du film.  Pour moi,  c’est une très belle histoire,  celle  d’un homme qui a ouvert les yeux sur le Cambodge et qui, émerveillé, nous incite à faire de même.

 

Miss Comédie

Réponse de la photo-mystère : Faye Dunaway et Steve McQueen dans L'Affaire Thomas Crown. 

 

 

 

 

 

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