Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LE PORTEUR D'HISTOIRES

Publié le par Miss Comédie

 

 

MA PIECE COUP DE COEUR Affiche.jpg

 

 

C’est une pièce qui nous emporte loin du réel – et pourtant nous sommes dans la vie d’un homme et de deux femmes, mais…

Cet homme, qui va raconter son histoire à deux femmes intriguées, n’en finira pas de nous  perdre dans les dédales de l’Histoire, de la Littérature, pourquoi ? Pour arriver où ?  Il est question d’un mystérieux calice, de trois carnets manuscrits qui donnent peu à peu des clés, d’un Alexandre Dumas persécuté, paralysé, amoureux d’une Adélaïde de Saxe de Bourville dont le nom est tabou, d’un héritage fabuleux découvert dans une tombe au pied d’un arbre… mais pourquoi essayer de raconter cette histoire ?

Nous sommes dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, dans Da Vinci Code, mais la poésie du texte nous charme avant tout, et aussi la flamme des acteurs qui nous entraînent avec eux dans le mystère.

 alexis-michalik-615_paul-lapierre.jpgDéconseillé aux cartésiens, à ceux qui cherchent la logique ou la gaudriole.    On ne comprend rien à cette pièce.  D’ailleurs, il n’y a rien à comprendre.   C’est un labyrinthe, quatre histoires qui n’en font qu’une, une histoire qui finit par une disparition, celle du début… La boucle est-elle bouclée ?  Peut-être.

Le décor est triste à mourir, les costumes à transformation sont de couleurs sourdes, rien n’est fait pour séduire l’œil, seul ce texte dense, vivant, drôle ou émouvant, nous charme par la voix d’une poignée d’acteurs formidables dont la passion est servie par une diction impeccable.

Les gens ont applaudi debout lors de la première, paraît-il, et hier soir la salle pleine à craquer leur a fait un bruyant hommage.

 

L’auteur et metteur en scène,  ce jeune          Alexis Michalik est un érudit qui ne se prend pas au sérieux.  C’est un conteur né qui nimbe ses récits d’une aura de mystère, nous donnant presque envie de ne pas savoir la fin de l’histoire.

Il signe une autre mise en scène à Paris, celle de sa deuxième pièce « Le Cercle des Illusionnistes » qui se joue actuellement au

Théâtre des Béliers Parisiens, dans le 18ème arrondissement.

 

Miss Comédie -

 

PS   Je n’ai pas résisté à l’envie d’ insérer la photo de l’auteur, on comprendra pourquoi…

 

Le Porteur d’histoires, au Studio des Champs-Elysées à Paris, jusqu’au 30 novembre et en tournée.

 

Voir les commentaires

VOUS DISIEZ, LUIS BUNUEL ?

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

  bunuel-.jpgIl est temps de se demander ce que cet obscur objet du désir des surréalistes et cinéphiles des années soixante et soixante dix avait vraiment à nous dire.

On s’en est beaucoup servi comme balai-brosse pour balayer les idées reçues, mais qu’avait-il à nous dire  vraiment ?    Là je parle de l’homme Bunuel, celui  qui disait bonjour à sa concierge, qui achètait ses cigares.  Etait-il capable de  délivrer un message qui tienne debout  ?

 

.  Comme son copain Dali, il naviguait dans l’abstrait et leurs conversations ne devaient pas être celles des consommateurs du café du Commerce. 

Donc ce ne devait pas être facile de communiquer avec lui, comme avec certains réalisateurs qui quittent volontiers leur univers fantasmagorique  pour vous demander comment vont les choses.*

 

le-fantome-de-la-liberte-32532.jpgSi je me pose toutes ces questions, c’est en revoyant ce film Le Fantôme de la Liberté dont je garde un souvenir particulier.

 

 

Cet homme, ce génie dont je me flatte d’avoir traversé l’œuvre (oui, même l’autruche qui figure dans la séquence Brialy, peut elle aussi se flatter d’avoir traversé l’œuvre de Bunuel) cet homme, qui ne m’a pas engagée, qui ne m’a pas dirigée, qui ne m’a même pas regardée,  j’aurais pu ne garder de lui que le souvenir d’un tournage azimuté puis d’un film abscons. Mais le destin malicieux  m’a accordé une toute petite pièce jointe au dossier que je venais de boucler.

Un  face-à-face si fugitif que je pourrais croire que j’ai rêvé. Mais non, c’est bien noté dans mon carnet de bord de cette année-là. 

Et cette scène  peut être tournée seule, en épilogue, c’est la scène de l’absence du personnage Bunuel.

 

Dans un tournage, Bunuel ne s’intéresse qu’à ses personnages. Entendons-nous : ses personnages ce ne sont pas les acteurs. Ce sont les êtres inventés qu’il a créés pour le film.  Il a mis dans chacun d’eux un zeste de sa folie.  Il les raconte comme des gens qu’il a connus, comme des êtres de chair et d’os.  Il ne parle jamais des comédiens qui les ont interprétés.

J’ai lu qu’il admirait plus que tout chez Jeanne Moreau sa façon de marcher.  Parlant de son rôle dans   Le Journal d’une Femme de chambre, il dit  “C’est un régal de voir Jeanne Moreau marcher ainsi, la façon dLe ont elle fléchit sensuellement la cheville... Mais il y avait déjà le film de Louis Malle Ascenseur pour l’Echafaud. Là aussi elle marchait très bien, et longtemps.”

De son talent, de la façon  dont elle a fixé pour l’éternité  son fantasme de fétichiste, rien. Non, il n’en a rien dit.  Jeanne Moreau avait disparu derrière Célestine, le personnage qu’il avait en tête.

 

 

Lorsque  je suis sortie du décor après avoir tourné ma scène, toutes lumières éteintes, je l’ai vu : assis dans son fauteuil roulant  dans un coin reculé du plateau,  mâchonnant son cigare, il attendait, lui aussi. Autour de lui tous s’agitaient.  Il était calme, il attendait.  Que l’on mette en place la scène suivante.  Que l’on règle les éclairages.  Que l’on appelle les acteurs.  Que sur l’écran video devant ses yeux apparaisse la reconstitution exacte de son monde intérieur, un monde absurde.

Sans réfléchir, je me suis dirigée vers lui et personne à cette minute ne s’interposa entre lui et moi, et ce fut comme prémédité, répété, même, ce bref salut plein de respect  et cette phrase que je murmurai : “don Luis, je garderai ce poème toute ma vie”.   J’avais à la main ces quelques lignes qu’il avait griffonnées rien que pour moi. Pour que mon rôle ne soit pas un rôle muet.  A cette minute, tout était possible, j’avais la parole, je pouvais l’interroger, il pouvait me répondre, m’apprendre des choses…

 Luis Bunuel   ne m’a pas entendue.  Il m’a regardée et a dit simplement  “je vous remercie mademoiselle” en roulant effroyablement les « r ».

“Ce fleuve, dont les eaux passent devant mes yeux le long des rives immobiles qui retiennent sa fuite, le verrai-je revenir ?”

Tout ce qu’il aurait pu me dire était dans ce petit texte, et était fait pour le film, pas pour la vie  ordinaire.  Lui, l’objet Bunuel, était absent, inutile.

.

Je quittai les studios un peu après 18h. La lourde porte en fer s ‘est refermée sur un monde qui n’existait pas,

 

Miss Comédie - * ‘Commrnt vont  les choses » est un spectacle tiré d’un livre de  Roger-Pol Droit, philosophe-poète qui se produit au théâtre du Rond-Point à Paris jusqu’au  31 octobre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voir les commentaires

LA PHOTO-MYSTÈRE D'OCTOBRE

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

Louisa

 

Reconnaissez-vous  cette actrice ?

Cette photo a été prise alors qu’elle se produisait dans un théâtre parisien en 1966.

 

 

 

 

 

 

certains-l-aiment-froide-20-g Réponse de la photo-mystère de septembre :

 

Louis de Fenès, Noël Roquevert et Léonce Corne

Dans «  Certains l’aiment froide »,

Film de Jean Bastia sorti en 1-959

 

A bientôt !

 

Miss Comédie – Octobre 2014 

Voir les commentaires

MODIANO, NOBLE NOBEL !

Publié le par Miss Comédie

 

imagesLE SACRE D’UN PRINCE   DU PAVÉ DE PARI

 

Quand j’évoquais, il y a à peine quatre jours, la sortie du  nouveau roman de cet éternel promeneur,  j’avais hâte de replonger dans son univers étrange et familier mais je ne soupçonnais pas qu’il serait notre nouveau Nobel, après Camus, après Le Clézio…

Il l’a eu enfin !   J’ai déjà partagé ma joie avec ma libraire,  et une poignée de clients émus.

 

J’avais lu des pronostics : un écrivain africain était favori …..

Quelle voix clairvoyante s’est élevée pour rappeler aux membres du Comité que Modiano existait ?

Et depuis si longtemps, avec sa trentaine de romans, tous marqués par ce frémissement qui n’appartient qu’à lui, celui d’un homme à la poursuite de lui-même et de son passé, un passé qu’il ne cessa de réinventer, nous rendant chaque fois plus impatients de percer son mystère.

Peu à peu il nous a fait partager sa blessure secrète, celle que nous portons tous sans le savoir, juif ou non, depuis la nuit des temps.  Cette blessure, personne ne l’a évoquée avec autant de charme, sans pathos, juste des personnages qui échappent au temps et au bonheur.

Inutile de parler davantage de ce que représente Patrick Modiano pour ses lecteurs, chacun le porte dans son cœur comme un  parent  éloigné et si proche,  complice et tellement discret.

Ce magicien des mots qui fait surgir en nous des interrogations secrètes, aura soixante-dix ans dans neuf mois.

Que Dieu lui prête vie encore longtemps.

 

 

 


Voir les commentaires

MODIANO, TOUJOURS

Publié le par Miss Comédie

 

 

  Modiano.jpgJe viens de lire dans le JDD d’aujourd’hui  un article magnifique.

Il est signé Marie-Laure Delorme et il parle du nouveau roman de Patrick Modiano, « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ».

Quand on connaît, et qu’on aime ce romancier hors normes, lire cet article donne une émotion telle que l’on se croit déjà dans le livre.

C’est ce qu’on pourrait appeler  « une bonne  critique ».  Mais  le mot ne convient pas !  Pourquoi appeler « critique », un texte qui fait tout le contraire ?   C’est une apologie, une louange, une immersion totale dans l’œuvre choisie.

 

Ah, si je ne connaissais pas Modiano, avec quelle hâte j’irais acheter le livre pour retrouver au fil des lignes les sensations subtiles que Marie-Laure Delorme décrit avec un talent presque modianiesque !

Alors, si je ne connaissais pas Modiano, je saurais déjà avant de le lire  que j’allais adorer cet écrivain.  Au risque d’encourir les foudres de ceux qui jugent sur pièces, qui nient l’espèce de prémonition qui vous saisit devant  certains signes, commme une critique de ce genre.

Certes, je suis dans le camp de son auteur, je sais d’avance que le livre me passionnera comme les autres, et que l’univers de Modiano me rassure sur la nature humaine.  Mais la façon de s’y plonger, le choix des mots pour le décrire,  sont si convaincants qu’ils peuvent ¨« vendre » le livre aux lecteurs les plus indifférents.

 

Sur la photo qui accompagne l’article, Patrick Modiano est « tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change » :  auteur devenu éternel, il  subit malgré tout la lente métamorphose du temps.

Le regard seul atteste de la profondeur immuable de son âme.

Il ne sourit pas au photographe, il ne cherche pas à illustrer l’événement, il se prête simplement à la boulimie de notre  époque pour l’image de la star.

 

Le texte et l’image sont formidables. C’est tout.

Maintenant, après cette pub pour la journaliste du JDD, j'attends d'avoir lu le livre pour vous  dire... ce que j'en pense !

Miss Comédie  -  oct.14

Voir les commentaires