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LA PHOTO-MYSTÈRE

Publié le par Miss Comédie

 


 

 

 sami-frey001.jpgQUI ?.

Sous ce masque de Pierrot triste se cache un immense acteur.

QUAND ?

En décembre 1958.

OU  ?

Au théâtre Edouard VII à Paris.

POURQUOI ?

Pour la pièce L’Année du Bac, de José André Lacour, mise en

scène par Yves Robert.

AVEC QUI ?

Michelle Bardollet, André Valmy, René Lefevre,  Roger Dumas,

Yvette Etiévant, Jacques Rispal, Monique Mélinand, Jacques Perrin, Yori Bertin…

MAIS ENCORE ?

Sur cette photo l’inconnu a vingt-et-un an.

Deux ans plus tard, il tournera  un grand film français avec pour partenaire une illustre séductrice de l’époque, dont il tombera amoureux fou.

Plus tard, il  pédalera seul sur la scène du théâtre de la Madeleine, en souvenir de Georges Perec… mais là, j’en dis trop !

IL A DIT :

« Se réviller tous les matins en se disant qu’on a 75 ans, c’est impossible, irréel… »


Eh oui. ce bel adolescent triste a aujourd’hui 77 ans...

 

 

 

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DEDIE A ROMAN POLANSKI

Publié le par Miss Comédie

 

doc

   polanski.jpgRoman Polanski qui  connaît l’étrange pouvoir des génies de la musique...

 

l

 

L’ESPRIT D’AMADEUS  

 

 mozart_ico05-copie-1.jpg Il est minuit.  Dans le salon de la grande maison, Dolorès laisse tomber son livre et s’étire longuement dans le canapé. Le CD qu’elle avait mis pour accompagner sa lecture vient de s’achever, les dernières notes du concerto N°27 de Mozart qu’elle ne se lasse pas d’écouter en boucle.  Dehors, le vent secoue les jalousies qu’elle laisse toujours  baissées. 

Elle se lève, va à la fenêtre, cherche à percer l’obscurité profonde de cette nuit de septembre.  Pas d’étoiles.  Le vent est annonciateur d’orage.  Des éclairs commencent à illuminer le ciel mais l’orage est encore loin.

Dolorès  n’enlève pas le CD de son socle mais elle éteint le lecteur.

Elle ramasse son livre, éteint les lumières du salon et monte dans sa chambre en baillant, elle est morte de fatigue.

 

Pour rien au monde elle ne serait allé à cette soirée où elle aurait pu rencontrer « plein de gens », où sa copine Mercédes voulait absolument la traîner.  Ce soir, non. La journée a été vraiment dure à l’atelier, le théâtre attendait les costumes pour la générale, ila fallu  mettre les bouchées double.

Et puis cette maison, où elle vient d’aménager, qui est devenue son palais, qu’elle a achetée sur un coup de foudre.  En plein milieu du quartier Sol, à deux minutes de la Puerta del Sol et du kilometro cero  qui est le point de  départ de toutes les routes d’Espagne, et aussi le point de rencontre de tous les Madrilènes.

 

Le jardin qui entoure la demeure est mal entretenu et la maison n’est pas non plus dans un état parfait, mais les pièces gardent encore les vestiges d’un passé fastueux.   Dolorès est tombée amoureuse des frises peintes sur les murs, des grands miroirs baroques, des meubles et des tapis que les anciens propriétaires ont laissés là, depuis si longtemps.

Dolorès monte l’escalier et arrive dans sa chambre où le lit monumental surmonté d’un dais   est toujours ouvert.

Elle passe dans le cabinet de toilette vétuste, se déshabille promptement, fait une rapide toilette et saute avec délice dans ce lit  immense où elle a toutes ses aises.  Calée sur les oreillers, elle ouvre le livre commencé au salon et tente de poursuivre sa lecture.  Mais ses yeux se ferment, elle va s’endormir, elle s’endort

 

 

Dolorès dort depuis longtemps, deux heures ? Trois heures ?  Dans son sommeil, le concerto de Mozart  égrène les notes nostalgiques du mouvement lent.  Elle accueille ce rêve avec bonheur, d’abord, et puis lentement émerge du sommeil.  Ce n’est pas un rêve.  La musique est bien réelle, elle résonne entre les murs de la maison, elle vient du salon.

« Je suis sûre d’avoir éteint le lecteur… »

Dolorès saute hors du lit et dévale l’escalier. « Qui a pu entrer pendant mon sommeil ? »

Le salon est plongé dans l’obscurité. La petite lumière verte du lecteur est allumée  et le son  est au maximum, trop fort, mon dieu, trop fort ! 

Elle allume en tremblant  mais le salon est vide. 

 Aucune fenêtre n’a été fracturée, la porte est verrouillée.

Elle se précipite alors sur le lecteur de CD et l’arrête.

Comme une voix qui se tait, la musique s’évanouit.  

« Un esprit… c’est un esprit.  J’ai acheté une maison hantée… »

Un violent coup de tonnerre la fait sursauter.  Elle croit entendre le vent siffler quelques mots qu’elle perçoit avec terreur  :  « l’esprit d'Amadeus  est là ! ».piano_500x400.jpg

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JE M'AMUSE AVEC MES MUSES

Publié le par Miss Comédie

 

 

AVT Agatha-Christie 5032AGATHA  CHRISTIE

 

 

Elle   en a écrit d’aussi machiavéliques...

 

 

 

 

IUN CRIME PRESQUE PARFAIT

 

La pièce allait s’achever sur le meurtre de son rival.  Ils avaient échangé leurs répliques avec ce qu’il fallait de  froideur pour ménager l’effet de surprise.

C’était deux comédiens de talent, ils se mesuraient pour la première fois sur les planches.  Dans la vie aussi  ils étaient  rivaux puisque Mathieu avait épousé l’ex-femme  de Robert, lequel ne s’en était pas remis.

Pour l’instant, Robert pensait surtout qu’il devait être crédible dans cette scène du meurtre qui, au théâtre, devient facilement du Grand Guignol.

Sa haine devait être à la fois visible et invisible.   Un sentiment qui devait venir de l’intérieur, sans aucun effet de jeu.

« Tu es foutu, Montgoméry.  J’ai  dans ma poche de quoi te faire coffrer. »

« Vraiment ? »

Robert (ou plutôt Montgomery) ouvrit le tiroir de son bureau et dans un seul geste, saisit le revolver et tira.

Mathieu s’écroula en même temps que le rideau tombait sur la fin du premier acte.

On entendit le brouhaha du public qui se levait pour l’entracte.

Derrière le rideau, c’était l’effervescence.  Mathieu ne se relevait pas et un filet de sang s’écoulait de sa poitrine.  Robert, interdit, assistait à la disparition de son rival sans faire un geste, le revolver encore à la main.

Les comédiens faisaient un cercle autour du corps allongé sur le sol, sans un mot.  Le metteur en scène surgit.

« D’où vient ce revolver ?

- Du tiroir, articule Robert toujours immobile derrière son bureau.

-  Qui a pu remplacer l’arme factice par ça ? 

Le metteur en scène  arrache le revolver de la main de Robert.


  revolver-argent.jpg« Mais c’est un revolver de femme !    il prend les autres à témoin : regardez la taille de l’arme  et la crosse en nacre…   Qu’est-ce que c’est que ce bordel… »

Le visage de Robert prit soudain une couleur de cire.   « C’est le revolver d’Irène… »    Son ex-femme ne sortait jamais sans cet objet dans son sac.  Une manie qui le faisait sourire.  Tout son corps  se mit à trembler.  Il y eut un instant de silence.

Il va y avoir une enquête…  C’est forcément un meurtre.  Mais qui est l’assassin, et pourquoi ?

Tous les yeux se tournent vers Robert.

« Je ne pouvais pas savoir que …

-  Naturellement, Robert, tu n’es pas en cause, c’est clair.

On entendait la sonnerie de fin de l’entracte.

-  Bon dieu, il faut faire une annonce !  Le spectacle ne reprendra pas.

Je reviens. 

Le metteur en scène écarta le rideau et prononça les mots qui firent courir un murmure d’horreur dans la salle qui se vida lentement.

Il y eut les formalités, l’enlèvement du corps, la déclaration à la police, l’arrivée des enquêteurs.  Tout cela dura jusqu’au petit jour.

En rentrant chez lui,  Robert alla comme tous les soirs sur la pointe des pieds jusqu’à la chambre de son fils.  C’était son bonheur, contempler le sommeil de l’enfant de sept ans qui était désormais son seul compagnon.   Il en ferait un acteur comme lui, déjà le gamin était un habitué des coulisses, il apprenait des bouts de rôles de son père et les lui récitait comme des poésies. Parfois il pleurait dans son lit en appelant sa mère, c’est la nounou qui avait prévenu Robert, « ces soirs-là, on le sent tellement malheureux. »   Robert haïssait Mathieu doublement : il lui avait pris sa femme et la mère de son enfant.

Ce soir son trouble était si grand qu’il heurta le coffre à jouets. La lumière s’alluma dans la chambre de la nounou qui laissait la porte de communication ouverte.

« C’est vous, Robert ?

-  Oui, c’est moi,  souffla-t-il à mi-voix, vous pouvez éteindre.

Son fils bougea, émit une petite plainte, mais ne se réveilla pas.

Robert   se pencha pour caresser  son front moite.

« Dors, mon ange. Tout va bien. 

Il remonta la couverture sur laquelle était posé un objet noir et luisant, qu’il reconnut aussitôt.   L’enfer allait commencer.

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LEVER DE RIDEAU SUR 2014

Publié le par Miss Comédie

 

 

 

                                             S

irideau-rouge.jpgEnfin  une année nouvelle !    Un plateau de théâtre encore vide, des personnages en quête d’auteur, un auteur en quête d’inspiration devant cette grande page blanche.

Après les fameuses  Rencontres Imaginairese  en  2013,

voici JE M'AMUSE AVEC MES MUSES, dédiés chacun à une grande figure disparue.

 

Vous retrouverez ensuite une nouvelle série de Rencontres Imaginaires car je ne me lasse pas de faire dialoguer ces gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer.

L’imaginaire,  ah, l’imaginaire ! Que de crimes on peut commettre en son nom !

Vous verrez peut-être aussi  se faufiler entre deux shorts, une photo insolite qui m’aura touchée au coeur et que je vous commenterai à ma manière.

 

Bref, en route pour 2014 avec Miss Comédie et ses bizarreries imaginaires.

 

clap.jpg

 

 

 

ie m'amuse avec mes muses
Une histoire  inspirée par  YEHUDI  MENUHIN :

  violon1.jpg MELODIE EN SOUS-SOL

 

 

Sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, le grand violoniste salue son public.  La standing  ovation est interminable.

Ce soir encore il fit un triomphe.  Son violon semblait flotter dans ses mains et l’archet s’envolait, tirant des sons archangéliques de l’instrument.

L’après-concert avait traîné  en longueur.   Les gens n’en finissaient plus de frapper à la porte de sa loge, à la fin la porte resta ouverte et ils venaient lui dire leur joie, les admirateurs anonymes, les confrères, les amis, , le chef et les musiciens de l’orchestre,

 

Ce fut une belle prestation, oui il le sentait, il avait été inspiré, il y a des soirs comme ça où la musique s’empare de votre corps tout entier et c’est ensuite si facile de la restituer aux autres, de déverser ce trop-plein de sons parfaitement agencés par la technique.  Il trouvait souvent cette sensation de plénitude dans le répertoire de Ravel, son ami.

Il réussit enfin à se soustraire à ses admirateurs et à gagner la sortie.  Toute cette agitation lui pesait, toutes ces louanges le gênaient.   Seul, il voulait être seul à présent.

 

Sur le trottoir de l’avenue Montaigne, il respira un grand coup.

A son chauffeur qui l’attendait, il dit de rentrer, il avait envie de marcher. La nuit était douce et  du Théâtre des Champs-Elysées il n’avait que l’avenue Marceau à remonter pour se retrouver dans sa petite rue tranquille.

Il était plein d’un épuisement bienfaisant, son esprit  menait l’équipage de ses membres las.  Il marcha d’abord d’un pas rapide,  finissant d’écouler l’énergie accumulée pour le concert.  Peu à peu son allure prit un rythme plus lent. A chaque pas il laissait derrière lui le bruit, l’effort, la parade, le côté  factice  de cette journée.  Il prit une longue inspiration et se sentit plus léger et aussi plus seul.  Les parures dont la société vous affuble  sont les rubans et les clochettes accrochées aux sapins de Noël.  Une illusion de gloire.

Je suis un sapin de Noël, pensa-t-il.

En lui même, une petite voix chuchota : «   ces parures ne sont que la consécration de  ton talent,  ne l’oublie pas ! »

 

Il marche, il traîne un peu la patte, et soudain voilà qu’il s’arrête net.  Un son qu’il connaît bien, très faible mais il connaît si bien ce son-là, un son très pur, loin dans une rue, le fait dresser l’oreille.

   Le son, intermittent, devient peu à peu perceptible.  C’est du violon.

 

Le  grand violoniste cherche à localiser cette musique solitaire, il oriente ses pas dans sa direction.

Au détour d’une rue, il le voit.

L’homme est debout   sur le trottoir à l’entrée  d’une petite rue fréquentée par  les habitués d’un bar d’hôtel.

Il joue les yeux fermés une sonate  de Liszt. Personne ne l’écoute.

La star du violon  s’approche et regarde le visage du musicien anonyme, une expression de profond bien-être.  Ce n’est pas un amateur, son archet est mû par un talent consommé.  Devant lui il y a une soucoupe avec quelques pièces.

Comment quantifier mon bonheur de jouer par rapport au  sien ?  C’est le même !  Le même bonheur.  Moi j’ai droit aux bravos, aux articles de presse, et lui à une pièce jaune.  Moi je suis lié par contrat, mon emploi du temps est bouclé. Lui est libre d’aller jouer sur le  quai de la Tournelle, par beau temps, pour donner du bonheur aux amoureux fauchés.

Le musicien n’ouvre pas les yeux lorsque le Maître lance une pièce dans la soucoupe.  Cela augmente encore son amertume.  Un moment il reste là, figé,  cherchant à deviner si cette liberté avait été voulue, ou seulement subie par les aléas de la vie. Il eut envie de lui parler.  Mais le violoniste était  derrière un écran infranchissable.

 

Puis il tourna les talons.  Il rentra chez lui d’un pas nerveux.

 

Son chauffleur l’avait suivi,  au ralenti,  habitué aux volte-face de son maître.  Il assista à cette halte insolite devant un pair, il imagina le désarroi, l’étonnement et peut-être aussi  la compassion.

Il ne comprit pas son licenciement, un mois plus tard, pas plus que l’annulation de tous les concerts du Maître « pour raisons de santé » ainsi que l’annonce d’une retraite prématurée,  en pleine gloire.  Mais il ne chercha pas à savoir, ni à garder le contact avec son ancien employeur.

 

Pourtant  un jour, longeant l’un des couloirs interminables de la station Châtelet, il entendit de loin  un son familier qui le fit tressaillir.

Bientôt il fut devant lui : le grand violoniste, debout, les yeux fermés, jouant de son violon avec une expression de bonheur intime.

Devant lui, une soucoupe d’argent avec quelques pièces jaunes.

Pas plus que le violoniste anonyme de la rue de Bassano le Maître n’ouvrit les yeux lorsque la pièce tomba dans la soucoupe.

Et pas plus que lui, le chauffeur n’osa lui adresser la parole.

 

 

 

 

 

 

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