Imaginons une scène (qui vient de m’arriver) qui pourrait se terminer de plusieurs façons selon le tempérament du personnage.
Une fille normale (ni un boudin ni une bombe) marche dans la rue. Sur le trottoir est assis un mendiant look routard, bien crado, l’œil glauque, avec en face de lui un acolyte du même acabit mais debout. Ils regardent passer les gens tout en causant et distribuent les commentaires selon qu’il y a piècette ou non. Evidemment, vu l’allure du duo, personne ne donne. Au moment où la fille passe, le gars debout lance « t’as vu le cul ? » La fille reçoit ça sans broncher et à peine dépassé, le mec ajoute « elle a un string ! ».
Je pose la question : combien de réactions possibles ? (Donc, combien de chutes à la scène filmée ou jouée ?) Je vous en propose quatre.
1 - La fille, qui a du sang-froid, passe raide, comme si elle avait rien entendu. C’est la bonne réaction mais la scène n’est tombe à plat.
2 - La fille, qui a fait du karaté, se retourne et file une tarte au mec qui s’y attend pas. Mais il se rebiffe illico et lui renvoie la tarte. Elle se met à hurler, les passants s’arrêtent et prennent le parti de la fille. Le mendiant assis se met à insulter la fille très grossièrement. Un type le menace de lui casser la gueule. Le mec debout sort un canif. C’est la bagarre générale. Les flics débarquent et les mendiants se tirent ailleurs.
3 - La fille, qui a de la répartie ne se retourne pas et lance très fort : « Tu sais même pas à quoi ça ressemble, un string ! » Le mec a la chique coupée et l’autre se met à rigoler et gueule : « Viens lui montrer, salope ! » Ca tourne court mais la scène a du chien.
4 - La fille, qui a un humour fou, s’arrête net, et se met à fouiller dans son sac. Les deux, saisis, s’imaginent qu’elle cherche de la monnaie. Ils n’osent même plus respirer. Ils attendent avec respect. Et là, elle referme le sac et dit « Dommage, j’avais des pièces pour vous mais là… » et elle repart d’un pas léger. Les deux sont comme deux ronds de flan.
Moi je trouve la dernière la meilleure. Mais, hélas, ce n’est pas celle que j’ai vécue, puisque peureuse comme je suis, j’ai choisi la première qui, en fait, n’est pas une réaction de sang-froid mais bien une preuve de lâcheté. Votre avis ?
(Qu’est-ce que je n’aurai pas fait pour provoquer un commentaire….) `VOUS AVEZ DIT COCO ? Quel dommage d’avoir défiguré la mémoire de Coco Chanel !
Il faut entendre
Claude DELAY, sa biographe, sa confidente, qui a recueilli ses dernières paroles, qui l’a aimée et respectée, et qui porte le jugement sévère entre tous sur le film d’Anne Fontaine. COCO AVANT CHANEL : " Un déploiement de vulgarité »…
On imagine. La petite ? « Elle n’a pas le format »… On s’en doutait. Il ne suffit pas d’avoir le visage triangulaire et le regard dur. L’âme est absente.
A entendre Claude DELAY, l'invitée de Olivier BELLAMY sur Radio Classique, hier soir, Coco CHANEL n’est pas facile à incarner… C’était une personnalité hors du commun, une femme comme on n’en fait plus.
Elle aurait choisi la 2ème fin pour ma scène de rue. Ou peut-être la première ? On imagine sa démarche et son dédain.
Ce ne serait pas la lâcheté, ni le sang-froid, ce serait l’indifférence.