SAINT-LAURENT : DEUX POUR UN CÉSAR
V
Là, ils sont deux, et la ressemblance, quoiqu’approximative (il manque la profondeur, l’inquiétude, le détachement du regard) a pu satisfaire quelques centaines (milliers ?) de spectateurs.
Ils vont s’affronter lors de la cérémonie des Césars le 20 février prochain. Enfin, Pierre Niney et Gaspard Ulliel ne s’affronteront pas comme on se bat en duel ou sur un ring… Ils subiront le verdict des jurés de ladite cérémonie qui, eux, vont s’affronter.
Lesquels jurés vont choisir en fonction de quoi ?
De la ressemblance ? De la reconstitution de ce personnage insaisissable, inclassable, impénétrable ? Le seul caractère irréfutable de l’homme Saint-Laurent c’est le génie.
Comment interpréter le génie correctement ? Oh how high is the moon !
Oui, incarner Saint-Laurent était un pari perdu d’avance.
On pouvait juste imiter sa façon de parler, sa façon de marcher, ses petits manèges avec Pierre Bergé, ses grands moments de création le front penché sur la table à dessin, ses délires sexuels. Le petit bout de la lorgnette.
Les deux réalisateurs ont vu tout cela d’une manière différente, insistant sur telle ou telle facette de son personnage mondain, professionnel ou intime avec des scènes parfois choquantes. Non ! Il était peut-être lubrique, peut-être capricieux, mais là n’était pas le problème. Au fond de lui-même il y avait quoi ? Qui peut le dire ? qui peut l’interpreter ?
Ces deux acteurs, très bons acteurs, sont restés l’un comme l’autre à la porte de l’univers intérieur, insondable, de Saint-Laurent.
Et je me demande bien comment le jury va les départager.
Miss Comédie - 31/01/15