PULP FICTION de Quentin Tarentino, la scène du concours de twist
Isolée du film, cette scène est réjouissante, drôle, sans danger pour les moins de douze ans.
Ce n’est pas le cas du film. Tout Tarentino est déjà là, c’est un réalisateur dont on reconnaît tout de suite le style. La violence, d’abord, c’est son dada. Mais il la filme de façon emblématique, ce qui la rend à peu près supportable pour les âmes sensibles.
Ce n’est pas la violence de Scorsese, qui fait frémir d’horreur. On reste dans le domaine de l’esthétique.
Plus tard, dans Kill Bill 1 et 2 on assiste à une marée d’hémoglobine qui finit par amuser tant cette violence est caricaturale.
On n’en est pas là dans Pulp Fiction. Les dialogues sont très chiadés, c’est du Michel Audiard à l’américaine, c’est vulgaire et incisif. Travolta est là pour donner de l’humour et de la distance à son personnage de truand. Quant à Uma Turman, elle est d’une beauté violente, renversante.
Les autres, Bruce Willis compris, sont de simples gangsters.
Pulp Fiction est devenu un film culte.
Sorti en 1994, deux ans après Reservoir Dogs, c’est le deuxième film de Tarentino et il lui apporte son statut de star.
Il faut croire que le monde du cinéma comme le public n’attendaient que lui pour les bousculer dans leur fauteuil.
Pulp Fiction a eu un succès phénoménal.
Palme d’Or au Festival de Cannes, Oscar du meilleur scénario, et catalogué comme l’un des meilleurs films de gangsters du cinéma américain.
Comme dans Reservoir Dogs, le scénario se déroule en plusieurs épisodes non reliés entre eux mais où l’on retrouve les mêmes personnages.
Toujours des gangsters, inspirés par des modèles du genre dans ses films préférés : aussi bien Le Bon, la Brute et le Truand, que Taxi Driver ou La Grande Evasion. Ses gangsters à lui ont de la culture, ils causent beaucoup et connaissent leurs classiques, citations à l'appui...
ZOOM SUR UNE SCENE CULTE
LLe concours de twist
Nous sommes dans un restaurant de Los Angeles, style années cinquante. Vincent (Travolta) accompagne Mia (Uma Thurman) que lui a confié son époux, le truand Wallace, et ils dinent tranquillement.
Au cours de la soirée est organisé un concours de twist pour lequel on demande des volontaires. Mia lève la main, elle veut participer malgré la désapprobation de Vincent.
Il la suit néammoins sur la piste, les organisateurs les présentent au public, et la musique commence.
On est attentif, on sent qu’il va se passer quelque chose.
En fait, il ne se passera rien, que le spectacle fascinant de ces deux acteurs concentrés sur les figures improvisées de leur danse, donnant au twist, la danse la plus niaise qui soit, une fantaisie hyper sexy.
Elle est ravissante dans un chemisier blanc sur un pantalon noir, chaussée de ballerines, face à Vincent un peu gauche, qui a quitté ses pompes pour danser en chaussettes.
Elle se dandine un peu pour s’échauffer, puis prend le rythme et se donne à fond, tandis que lui cherche ses marques et ne fait encore qu’imiter la gestuelle de Mia. Il est inénarrable.
Le morceau, « You can never tell » de Chuck Berry, est
un sommet de dancing music, il réveillerait un mort.
Il faut absolument voir la video de cette scène, car ma photo est loin de suggérer le dixième de la folie de la scène.
Elle est visiblement en transes, ignorant son partenaire qui se met progressivement dans le rythme, ils sont chacun dans leur bulle, même si Vincent garde un œil sur Mia pour imiter ses mouvements, ce qui donne parfois l’impression d’un numéro bien répété.
La caméra va et vient sur eux, cadrant chaque visage avec son expression : elle, absente, habitée, lui tendu, appliqué, puis descendant jusqu’à leurs pieds qui glissent en saccade dans le swing du twist, sans jamais décoller du sol.
Ils vont remporter le concours, bien sûr. Nous les retrouverons dans l’appartement de Mia pour une scène aux antipodes de celle-ci, une horreur à la Tarentino.
Le concours de twist est sur youtube en tapant « Pulp Fiction – dancing scene ». Repulpez-vous
Miss Comédie