LES FILMS DE LEGENDE : L'AFFAIRE THOMAS CROWN, un beau doublé !
Ce qui est légendaire dans cette affaire, c’est surtout la scène de la partie d’échecs.
Cette scène, j’en ai déjà parlé sans la replacer dans son contexte, comme si le film lui-même était un sujet secondaire.
Grosse erreur !
Le film de Norman Jewison devient intéressant lorsqu’on le compare à son remake réalisé par John McTiernan sorti trente ans plus tard.
Du coup la scène de la partie d’échec devient un épiphénomène purement publicitaire et tout l’intérêt se recentre sur la psychologie des personnages, totalement différente d’un film à l’autre.
En l’espace de trente ans, le personnage féminin a changé sa manière de séduire car, pour la femme d’aujourd’hui la séduction est devenue un but minable, l’essentiel est de démontrer sa valeur par A+ B.
Entre Faye Dunaway et Renée Russo, le personnage de l’enquêtrice a donné un sacré coup de jeune au film, sans changer une virgule au script !
Cela dit, la version de Norman Jewison sorti en 1968
reste légendaire dans la mémoire collective .
Pourquoi ?
Le casting ?
Steve Mc Queen s’est emparé du rôle-titre que Sean Connery vient de refuser. A la lecture du scénario, il a immédiatement flairé le coup de maître.
Il a 38 ans, c’est le wonderboy du moment, une carrure.
Faye Dunaway, elle aussi, gagne le rôle de Vicky Anderson après le refus d’ Anouk Aimée et de… Brigitte Bardot, forte de son succès récent dans Bonnie and Clyde.
Elle est parfaite dans son personnage de garce pomponnée qui drague ouvertement sa proie, persuadée qu’elle le mène par le bout du nez.
Lui, joue le jeu de l’amourette sans se donner beaucoup de mal pour la « posséder ».
Film machiste, dira-t-on, mais légendaire quand même,peut-être grâce aux 55 secondes de ce baiser qui s’est longtemps fait désirer autour de l’échiquier…. ?
Non, ouvrons les yeux : le scénario exploite magnifiquement cette affaire de casse auto-programmé par le héros, et même si la fin est nébuleuse le suspense est mené avec maestria et de toute façon, c’était la première apparition de cette Affaire qui devait marquer les esprits
Alors pourquoi un remake ?
Et bien pour régler cette question de féminité libérée.
Dans ce cas, est-ce vraiment une réplique exacte ?
Ce qui manque à THOMAS CROWN AFFAIR de John Mc Tiernan, c’est… Steve Mc Queen.
C’est frustrant mais logique puisque l’idée directrice du remake était de renverser les rôles : la Femme doit dominer et tout le monde sera content.
Changement de casting, donc.
Pierce Brosnan est une bonne tête d’affiche, ex James Bond, , flegme british faute de carrure cow-boy.
Renée Russo, superbe mais « nature » elle en met doucement plein la vue. C’est le chat qui met la patte sur la queue de la souris avant de l’avaler.
Son enquête se fera tambour battant et son flirt sans minauderies.
Ici la guerre des sexe se fait sans ménagements
Les rapports conflictuels le resteront jusqu’au bout malgré les tentations de la chair. Qui sera le perdant de l’affaire ? C’est la question qu’on se pose jusqu’à la scène fracassante du chapeau melon.
Jusque-là, le canevas du remake est calqué strictement sur celui de la première version, avec démonstrations mécaniques, golfiques, maritimes , aéronautiques qui veulent en mettre plein la vue… en toute hypocrisie.
Mais ici l’enjeu de l’enquête est autrement plus réjouissant qu’un casse banal. Le vol de tableau qui donne lieu à des finesses de mise en scène et à une fin carrément emballante.
Car pour ce qui est de la scène « légendaire », celle de THOMAS CROWN 2 décroche haut la main le pompon ! Comparée à la scène de la partie d’échecs, c’est la bombe H contre le feu sous la cendre , tant pis pour Steve Mc Queen...
La voix roque de Nina Simone dans le rythme d’un rap déchaîné, pendant que l’homme au chapeau melon disparait dans la foule..... Chapeau !
Alors ?
Même si les deux films sont calqués l’un sur l’autre, comment les comparer ? Impossible. Chacun a en plus ce que l’autre n’a pas, chacun est supérieur à l’autre sur un plan et pas sur un autre.
Finalement ils sont indissociables. L’idéal serait de les voir toujours à la suite, comme je l’ai fait.
Pourtant, la première version pose le problème de la fin. Que veut dire ce message délivré à l’enquêtrice lorsqu’elle attend de pied ferme Thomas Crown pour le coffrer ? Il dit « Venez avec l’argent ou gardez la voiture. » Pourquoi cette invitation à laquelle elle ne se rendra pas ? Et finalement, comment a-t-il restitué l’argent ?
Qui peut m’expliquer la fin de l’AFFAIRE THOMAS CROWN ?
Miss Comédie