JEAN DUJARDIN and the genuine ARTIST
LOS ANGELES, janvier 2012. Cérémonie des Golden Globes.
Êchappant à la foule qui se presse devant le Beverly –Hilton de Beverly Hills, Jean DUJARDIN fonce vers sa limousine, entraînant par la main sa fiancée Alexandra LAMY. Le chauffeur referme les portières et démarre.
Dans l’habitacle, le couple découvre avec stupeur qu’un troisième passager est assis sur la banquette qui leur fait face.
Alexandra s’exclame : « Mais c’est ton sosie ! »
L’inconnu s’adresse à DUJARDIN : « My name is VALENTINO, Rudolph VALENTINO. »
« Pleased to meet you, répond poliment le lauréat de THE ARTIST, qui est quand même sur la défensive.
« Je parle français, savez-vous ? Ma mère était française. Félicitations pour votre trophée. Je suis fier de mon interprète, qui s’appelle d’ailleurs George VALENTIN dans le film !
DUJARDIN réalise :
« Bon dieu, c’est vrai !
« Vous avez vu tous mes films pour composer votre personnage ?
« Euh, non, à vrai dire… J’ai seulement vu « Le Fils du Cheik » où vous êtes tellement maquillé que…
« Ce film ne pouvait pas vous être utile pour votre rôle. Il fallait voir The Wonderful Chance , où je joue un danseur malchanceux qui rencontre le succès tardivement. Vous auriez été frappé par notre ressemblance.
DUJARDIN éclate de rire.
« Je ne vous ressemble pas du tout ! Je suis viril, moi !
Alexandra LAMY insinue :
« Si, si, il y a quelque chose… Mais toi, tu es un « Valentino qui rit » !
Si tu te maquillais, avec un turban, et que tu prennes un air tragique, tu pourrais tourner un remake du Fils du Cheik !
DUJARDIN n’est pas d’accord.
« Ce n’est pas parce que THE ARTIST raconte l’histoire d’un acteur du cinéma muet, qu’il faut faire l’amalgame ! VALENTINO n’a jamais tourné de film parlant. On ne sait même pas s’il parle juste.
« Son visage est très expressif, comme le tien !
« Sauf qu’il ne rit jamais ! Il a peut-être les dents gâtées.
VALENTINO proteste :
« Moi ? J’ai une dentition splendide, regardez ! (il montre ses dents immaculées) Quant à vous, monsieur DUJARDIN, vous riez tellement que jamais on ne vous confiera de rôles dramatiques, vous êtes un clown !
DUJARDIN le prend très mal.
« Un clown qui a un GOLDEN GLOBE ! Vous avez eu combien de Golden Globes ?
« A mon époque il n’existait pas encore ces mascarades où l’on se congratule tout en se haïssant !
DUJARDIN suffoque.
« Après une cérémonie où tout le monde s’embrassait !
VALENTINO sans ménagement :
« Oui, on embrassait les vainqueurs … Mais cette pauvre Bérénice BEJOT qui était votre exquise partenaire, pas une récompense !
« En tant qu’épouse du réalisateur, on aurait crié au favoritisme …
Alexandra LAMY est sous le charme de Rudolph VALENTINO. Elle lui prend la main :
« Vous êtes mort très jeune, je crois ?
« Oui, à 31 ans. C’était en 1926, alors que le premier film parlant allait me donner une nouvelle chance… ou me condamner à l’oubli. Et voilà que vous reprenez le flambeau.
DUJARDIN a son sourire éclatant :
« Vous auriez été magnifique dans ce rôle !
VALENTINO soupire :
« Oui, c’était un peu mon histoire… mais moi, je n’avais pas de chien !
Ils éclatent de rire. Jean DUJARDIN ému, tend la main mais ne rencontre que le vide.
Le chauffeur stoppe devant l’hôtel, descend de voiture et ouvre les portières.
Le couple DUJARDIN descend le premier et attend VALENTINO, mais le chauffeur remonte dans la limousine sans ouvrir la deuxième portière.
Il démarre avec l’ombre de Rudolph VALENTINO restée sur la banquette arrière.