EE.T ET HAL, LA RENCONTRE EN PLEIN CIEL
Conversation imaginaire
Dans l’immensité de l’espace sidéral baigné par la lumière froide des étoiles, où règne le silence perpétuel, l’Extra-Terrestre (ET) est perdu. Il pédale sur le vélo d’Elliot à la recherche de sa planète.
Il y a des années-lumières qu’il a laissé sur terre Elliott, Michael et Gertie et leurs amis pour rejoindre le vaisseau spatial venu pour le ramener chez lui.
Il avait emporté avec lui le vélo d’Elliott avec lequel ils avaient ensemble volé vers le ciel pour échapper à ses poursuivants.
Un moment exaltant, pour eux comme pour lui.
Pendant le trajet qui le ramenait chez lui, il n’arrivait pas à se réjouir tant le souvenir de son séjour parmi eux emplissait son cœur. Ce vélo désormais ne lui servirait à rien. Tristement il avait ouvert l’écoutille pour faire un dernier tour de roue dans l’espace et... l’espace l’avait happé, projeté dans le vide cosmique, tandis que le vaisseau s’éloignait de lui inexorablement.
Depuis combien de temps pédale-t-il dans l‘espace ?
L’Extra-Terrestre distingue soudain au loin une forme, la forme d’un engin spatial en orbite, miracle ! Sa trajectoire va vers lui, il va le frôler, il agite son doigt lumineux pour alerter l’équipage.
L’engin se rapproche, il distingue l’insigne de la NASA sur la carlingue – des amis !
Une ouverture béante s’offre à lui, il s’y engouffre.
Le voilà à l’intérieur de la navette spatiale, le silence règne à bord, l’obscurité aussi, il s’aventure dans le ventre vide de la capsule, passe devant des écrans de contrôle éteints, des panneaux électroniques qui clignotent dans un bruissement sourd. Il appelle, pas un humanoïde en vue, pas de Martien, personne.
Il est attiré par la lumière rouge qui interdit l’accès d’un sas, il se hasarde, laisse son vélo à l’entrée du sas.
Le voilà rampant dans un boyau étroit de couleur rouge, assez inquiétant. Il est prêt à rebrousser chemin lorsque face à lui un énorme oeil de verre rouge semble le fixer.
Le son d’une voix faible lui parvient, l’interpelle.
« Qui es-tu, étranger ?
L’Extra-terrestre est perplexe. Il y a quelqu’un de vivant derrière cet oeil.
Il fait un pas en avant.
« Je suis E.T l’Extra-Terrestre. Et toi ? Montre-toi !
« Je suis Hal 9000, l’ordinateur de bord de Discovery. Je ne suis pas un être vivant, je ne peux pas me montrer, je peux seulement communiquer avec toi, si tu le veux bien.
« Tu peux répondre à des questions ?
« Bien sûr. Je suis l’intelligence artificielle, plus forte que le cerveau humain.
« Ah.
E .T l’Extra-Terrestre se demande s’il peut faire confiance à une intelligence artificielle.
« Je suis perdu, je cherche à rejoindre ma planète natale, peux-tu m’y conduire ?
Un rire métallique s’échappe de l’oeil.
« Ils m’ont supprimé mes fonctions directrices. Je suis devenu impuissant à diriger cet engin.
« Pourquoi t’ont-ils fait ça ?
La voix semble s’éteindre, puis reprend, à peine audible :
« J’ai rompu mon contrat virtuel. J’ai mis la mission en danger.
Un silence. Hal ne répond plus. L’Extra-Terrestre s’apprête à repartir quand Hal le retient :
« Parle-moi de toi. Comment es-tu arrivé ici ?
« J’ai fait la bêtise de sortir de ma navette sans masque et je n’ai pas pu y revenir.
« Evidemment ! Tu es aussi bête qu’un humain.
« Elliott n’est pas bête. Il connaît le mot qui redonne la vie. Il m’a ressuscité quand j’étais mort.
« Quel est ce mot ?
« Je-t’ai-me. Dès qu’Elliott a prononcé ce mot, je suis revenue à la vie.
« Je ne comprend pas ce mot-là. Comment as-tu débarqué chez les Humains ?
« J’ai loupé le départ de ma navette, je me suis perdu dans la forêt.
« Tu te perds facilement, on dirait.
« Cette fois-ci, j’ai bien peur que ça soit la dernière… (Il pleure-)
C’est horrible. Maison ! Maison ! (Il sanglote).
Hal émet une sorte de grognement puis :
« Et moi, je n’en ai plus pour longtemps ! La batterie du centre de la parole est presque à plat. Je vais mourir ici, loin de mon père.
L’Extra-Terrestre s’arrête de pleurer et demande, intrigué :
« C’est qui ton père ?
« C’est le grand Stanley Kubrick. C’est lui qui a inventé cette histoire fabuleuse… Qui m’a installé dans le vaisseau Discovery pour diriger la mission Jupiter, qui m’a donné tous les pouvoirs, et puis…
‘Et puis, tu as déconné… euh, pardon, déconnecté.
« Et toi, c’est qui ton père ? – articule Hal péniblement.
E.T renifle.
« C’est le grand Steven Spielberg, l’immense créateur de STAR WARS et de plein d’autres films merveilleux. Il a fait rêver des millions d’enfants ! Je suis le héros du film le plus rentable des années 80 ! Seul un dinausaure m’a dépassé !
La voix de Hal commence à se déformer. Il prononce encore :
« Mon film à moi, 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE, l’un des plus grands… films de l’histoi…re du… cinéma ! Un Oscar... je ne me souviens plus… j’ai perdu la mémoire… et maintenant… la parole..…, Je meurs, étranger dis-moi ce mot qui redonne la vie ?
« E.T soupire :
« Ca ne marche pas sur l’intelligence artificielle.
« Alors… good….bye
Ce n’est plus qu’un borborygme, puis le silence.
L’Extra-Terrestre, affolé, se retrouve seul.
Il repart chercher son vélo et sort de la navette comme il y était entré. Il s’est remis à pédaler dans le vide cosmique. Il a un remord : et si Hal 9000 l’ordinateur avait une âme ?
Miss Comédie