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PHOTO GENIES : MAN RAY

Publié le par Miss Comédie

PHOTO GENIES   : MAN RAY

Man Ray  ou l'illusionniste

 

 

 Tous les photographes n’ont pas le même objectif. Non, sans jeu de mots, je réalise aujourd’hui que je me penche sur le sujet, que le métier de photographe n’est pas  si simple à cataloguer.

 

 

Au moment où j’envisage MAN RAY  comme le quatrième « génie » de ma liste, et où je me plonge dans son oeuvre pour en choisir la photo symbolique, je suis  devant une évidence  .

Les photos de MAN RAY ne sont plus des instantanés,  ce sont des compositions préméditées, étudiées, des  esquisses  d’oeuvres d’art .  

 

MAN RAY ne se contente pas d’appuyer sur le déclencheur, il s’empare de sa prise de vue et il la travaille, la détourne, l’enjolive, la solarise…   Le résultat, pour nous les observateurs, donne à réfléchir non pas sur l’avant ou l’après-clic, mais sur l’intention du tireur, et bien au-delà, sur ce que l’image éveille en nous de curiosité ou d’émotion.

La photo que j’ai choisie, bien que très ancienne, elle date des années vingt, nous parait tout à fait conforme à l’image de notre vie actuelle, à ce doux désordre qui nous submerge.

Beaucoup plus actuelle, en fait, que celles de DOISNEAU ou de CARTIER_BRESSON qui nous montre un Paris totalement dépassé mais tellement émouvant.

 

A chacun son objectif, l’imaginaire ou le réel et dans ce pari-là il n’y a pas de gagnant.

Le pari de MAN RAY était d’ajouter au réel une part d’imaginaire et l’époque se prêtait à toutes les libertés en matière de création :

 

 

MAN RAY, fraîchement débarqué d’Amérique en 1921  au moment où Paris est  entiché de surréalisme sous toutes ses formes, il  est accueilli par Marcel Duchamp qui l’introduit dans le milieu des artistes qui comptent : Aragon, Eluard, André Breton. 

Lui, qui a toujours refusé la suprématie de la peinture sur la photographie,  pour qui l’appareil-photo  est l’équivalent d’un pinceau ou d’une plume, a trouvé sa voie.

Il va révolutionner l’art de la photographie avec des portraits surtout pas académiques de ses amis qui ne sont pas vraiment des inconnus  : Cocteau, Magritte, Picasso et surtout sa consoeur et amie allemande  Meret Oppenheimer qui fut longtemps une source d’inspiration.

 

Oui, MAN RAY est l’ancêtre des photographes humanistes qui  ont boudé la sophistication pour  privilégier la magie de l’instant .  Et voilà que ses photos restent en place, éternels  paradoxes d’un photographe toujours d’actualité.

Je n’avais pas envisagé de chronologie dans ma liste de génies,  mes choix  se faisaient  sans ligne directrice, juste l’attrait d’un nom, d’une époque,  un peu au hasard.

Je découvre  peu à peu des filiations, des points communs en filigrane, tout ce qui fait le mystère de ce métier si inclassable : MAN RAY a inspiré l’un des photographes de mode superstar des années soixante, GUY BOURDIN,  qui lui-même a inspiré Sarah Moon, et Mondino, Goude, qui ont eux aussi inspiré des futurs génies de notre époque.  Alors. Qu’importe la chronologie ?

Tout cela n’est finalement qu’une manière détournée  de m’adresser à vous, les passants inconnus qui jetez un oeil sur ce blog, une manière dérisoire de faire comme si tout était comme avant.

 

Miss Comédie

 

 

 

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PHOTO GENIE : CARTIER BRESSON

Publié le par Miss Comédie

PHOTO GENIE :  CARTIER BRESSON

L’INSTANT  DECISIF DE CARTIER BRESSON

 

 

 

Oui, parce que ce regard n’a duré qu’une fraction de secondes, bien sûr, il fallait presque prévoir cet instant décisif pour appuyer sur le déclencheur au moment même où le mépris, le dégoût, la désapprobation, l’incompréhension, tout cela allait être fixé à jamais.

Et puis, au premier plan, comme séparé par un mur invisible, ce bloc d’indifférence en flagrant délit de modernité.

 

Ultime cerise sur le gâteau,  elles ont entre  les mains un exemple  palpable  de leur quotidien...  ce qui pourrait  faire croire à un photo montage... mais non n’y pensons pas,  c’est juste  un coup de bol du « tireur ».

 

Cette photo, contrairement à mes deux précédentes, ne pose aucune question, les réponses sont là, date,  lieu, humeur : nous sommes aux Deux Magots à la fin des années soixante, en plein conflit des générations. 

Si, il y a une question que je me pose : le photographe était-il là, posté depuis des heures à une table en face mais hors de leur champ de vision, pour attendre ce qu’il prévoyait peut-être ou plutôt ce qu’il espérait ?

C’est peut être la seule question qui compte pour expliquer cet instant décisif qui semble être pour Cartier Bresson l’équivalent de la « note bleue » pour Chopin – le moment où le doigt obéit à l’âme du tireur en pleine inspiration irrésistible, forcément infaillible. .

A l’entendre, il n’y a pa secret 

« être sensible, essayer de deviner, être intuitif : s'en remettre au « hasard objectif » dont parlait Breton. Et l'appareil photographique est un merveilleux outil pour saisir ce « hasard objectif ». »

Il avait un côté pédagogue qui prétendait tout expliquer, mais comment expliquer son talent ?

Il a dit aussi 

« La photo, c’est la concentration du regard. C’est l’œil qui guette, qui tourne inlassablement, à l’affût, toujours prêt. La photo est un dessin immédiat. Elle est question et réponse. »

La photo ci-dessus  s’appelle « Le regard ».

Il détestait que l’on mette des légendes à ses photos :

«  Laissons les photos parler d’elles même et, pour l’amour de Nadar, ne laissons pas les gens assis derrière des bureaux rajouter ce qu’ils n’ont pas vu ! »....  C’est envoyé !

   

 

L’homme n’était pas commode. Le photographe, pourtant, avait l’œil bienveillant pour les gens de la rue, les scènes d’exode ou de combat, les visages célèbres qu’il tirait à bout portant..

 

Quel parcours !  Quelle longévité !  Quelle diversité dans sa représentation du monde depuis sa période surréaliste qui faillit l’absorber définitivement, jusqu’à la création de la mythique Agence Magnum qui fut sa plateforme vers l’inconnu.

 Et pour finir, nonagénaire, dans la quiétude des paysages alpestres, dans l’écriture, le dessin et la méditation.

Ce regard, il a dû le cueillir dans ses années parisiennes, il devait avoir dans les quarante ans et son œil devait savourer l’humour de la situation plutôt que son amertume – du moins je l’espère !

 

Miss Comédie

 

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