Bonjour ! La poupée BARBIE aux oubliettes, HERGE trahi par la règlementation, tous nos vieux jouets sont hors circuit.. Aujourd'hui place au WEB, toutes générations confondues. Ma nièce de 11 ans qui me dit "j'ai créé un blog, nananère !" et moi à son âge je jouais encore à la poupée. Déstabilisant. Heureusement il va se passer du temps avant qu'elle soit capable d'écrire une pièce de théâtre pour en faire profiter les internautes, hein ? Alors dans ma pièce de théâtre, là, et bien surgit aujourd'hui un élément de décor qui va créer des divergences !
La salle d’attente. Il y a maintenant dans un coin de la pièce un poste de télévision qui passe une bande enregistrée de publicités ou de documentaires. LUI est assis contre la fenêtre, le dos tourné au poste TV, les bras croisés. La porte s’ouvre doucement. La tête de LA DAME apparaît puis elle entre sans bruit et va s’asseoir face au poste, qu’elle regarde avec curiosité. Elle jette un regard à Maxime, qui fait comme s’il ne l’avait pas vue entrer.
LA DAME Ils ont acheté une télé... (elle le regarde en souriant) c’est une bonne idée... C’est rigolo, non ? LUI (sans tourner la tête) Hmm. LA DAME Oui, c’est vivant... C’est mieux que des vieux magazines, non ? (Il ne daigne pas répondre.) Vous ne regardez pas ? LUI Non. Je reste dans mes pensées. LA DAME Elles sont plus drôles, vos pensées ? LUI Non. Elles sont extrêmement morbides, et c’est ça qui me plait. Je préfère mes pensées morbides à leurs émissions marrantes. LA DAME Ah, bon. Vous voulez peut-être que l’on éteigne ? LUI Je m’en fous. LA DAME Madame Aufray va bien ? LUI Oui. LA DAME Elle n’est pas venue avec vous ? LUI Elle est au ski. LA DAME Ah ! (un temps) Elle a de la chance. LUI, distraitement Òui, elle a de la chance. LA DAME Vous allez la retrouver ? LUI Non. (un temps) Je... j’ai du travail. Ecoutez, je dois préparer dans ma tête ce que je vais dire au docteur, je n’ai pas envie de parler. LA DAME Oh, excusez-moi. Je me tais. Elle s’absorbe dans la contemplation du poste TV. (A suivre) ____________________________________________________
VIEUX JEU ! Voilà que la poupée BARBIE a 50 ans ! Elle a un vrai nom : Barbara Caylah Millicent Roberts (tout ça !) qui n’est même pas celui de sa créatrice : Ruth Handler. C’est un phénomène plantaire ! Imaginez qu’elle est à l’origine d’un marché estimé à un milliard de dollars US en l’an 2000… Et pourtant aujourd’hui je ne vois plus aucune petite fille jouer avec une poupée BARBIE… Elles sont toutes reléguées dans les placards, avec leurs appart luxueusement kitsch, leur garde-robe de star, leurs chaussures Louboutin. Mais voilà : l’ordinateur et les jeux vidéo accaparent maintenant les petites filles… Elles ne sont plus du tout romantiques ! Elles jouent comme les garçons, créent leur blog et son sur Face Book. Exit BARBIE ! Tu es bonne pour le Musée Grévin ! Pourtant tu n’as pas cessé d’évoluer : tu as d’abord eu les cheveux blonds, la peau blanche et les traits européens, puis tu as pris toutes les couleurs de peau, toutes les natures de cheveux, toujours sur un corps de femme. Tous les groupes ethniques ont eu leur poupée BARBIE. Tu as évolué avec la condition des femmes : d’abord mannequin au regard en biais, tu as bientôt exercé tous les métiers et tes yeux ont regardé droit devant eux. Tu as été accusée de rendre les petites filles anorexiques, à cause de ton charme filiforme mais - comble d’un destin injuste - tu es interdite à la vente en Arabie Saooudite, car tu es censée représenter le vice occidental. Et enfin, toujours la sempiternelle obsession, les groupes islamistes te traitent de « poupée juive » à cause des origines de ta créatrice… Mais bientôt, tu ne seras plus qu’un souvenir à classer parmi les témoins d’un passé lointain, comme la poupée BLEUETTE qui reposait encore dans les armoires de nos grand-mères, les yeux fermés, couchée sur des chiffons soyeux. Mais les collectionneurs pourront aussi t’acheter en édition limitée dans des magasins spécialisés, habillées par Dior ou Versace…
ENFANTILLAGES On ne peut plus ouvrir un journal sans tomber sur le mot « polémique ». Celle-ci est vraiment désolante, autour d’un événement qui réjouit les enfants « de 7 à 77 ans » : l’ouverture le 2 juin du MUSEE HERGE, à LOUVAIN en Belgique. Interdite de photo et de film à l’intérieur, elle a été boycottée par la plupart des journalistes convoqués. Ce Musée est une construction magnifique signée Christian de PORTZAMPARC, qui respecte « la ligne claire » chère à HERGE et qui élève ses lignes pures dans un esprit zen très contemporain. Huit salles sur 2000m2 contiennent des trésors qui méritaient bien d’être filmées ou photographiées pour le plus grand bonheur des amateurs de TINTIN, mais aussi de la femme d’HERGE, Fanny Roddwell qui a engagé des frais énormes à titre personnel pour abriter les œuvres de son mari… Il y a la responsable de l’idée première, il y a les responsables de la mise en œuvre, et une fois que tout est fini, interviennent les responsables de la gestion et de la REGLEMENTATION, un mal dont périra notre société.
RIEN A VOIR … Je ne sais pas pourquoi, SHARON STONE ne m’intéresse pas. Isabelle ADJANI, oui, Charlotte GAINSBOURG oui, mais SHARON STONE ne m’intéresse pas.
« Comment se fait-il que les enfants étant si intelligents, la plupart des hommes sont bêtes ? Cela doit tenir à l’éfucation. » Alexandre DUMAS père
Sur cette interrogation à peu près sans réponse, je vous quitte joyeusement jusqu’à lundi. A propos, qui a écrit LES TROIS MOUSQUETAIRES, DUMAS Père ou DUMAS Fils ? J’ai la mémoire qui flanche je ne me souviens plus très bien… Miss Comédie
Bonjour ! La voix de la raison, la voix d'un revenant, les voix des gens de théâtre, aujourd'hui j'entends des voix. Il y a aussi sur scène mes AMOUREUX qui n'en finissent pas de se chercher des petites bêtes pour ne pas s'avouer qu'ils sont fous d'amour, c'est comme dans le Tartuffe de Molière, les jeunes ados Valère et Marianne qui se déchirent pour finalement se tomber dans les bras... C'est bête, l'amour !
ELLE Je veux retrouver ma santé. LUI Va la chercher, elle ne doit pas être très loin.
Ils restent silencieux un long moment. Elle n’a pas bougé de sa place. Lui n’a pas changé d’attitude.
ELLE Bon, je vais partir. LUI Pourquoi es-tu venue ? ELLE C’est toujours cette attirance, cet aimant... LUI La salle d’attente ? ELLE La salle d’attente... ou toi dans la salle d’attente. LUI Finalement, il nous est arrivé quoi, au juste ? ELLE Une hallucination commune. LUI Joli. ELLE Favorisée par le contexte débilitant de ce cabinet médical. LUI hochant la tête Oui... bien sûr... Et donc, maintenant qu’on sait, on arrête. ELLE On arrête d’être bêtement mené par le destin, on se reprend en mains. On prend du recul. LUI OK, OK... Et on vient voir de temps en temps, si la salle d’attente est, quand même ! toujours à la même place, avec lui assis dedans. ELLE Voilà. Comme dans un tableau de Hopper. Les choses, les gens, ne sont jamais aussi désirables que lorsque leur mystère est entier. LUI Alors tu es déjà allé trop loin dans le tableau. ELLE J’ai seulement tendu la main et je t’ai touché. Maintenant j’attends. LUI Que l’homme sorte du tableau ? ELLE Que l’homme sorte du tableau.
MERCI CLAIRE CHAZAL Non, je n’en ai pas fini avec Cannes, puisque Claire CHAZAL me fait la grâce de prêter sa plume qui a autorité sur bien d’autres plumes - pour rendre justice à Johnny HALLYDAY dans le film VENGEANCE. Ce film, démoli méchamment par l’un de ses confrères du même journal, n’a évidemment reçu aucune récompense. Claire CHAZAL a le mérite de rendre justice au talent de Johnny qui est indiscutable. « A l’aise dans l’atmosphère noire malgré l’étrangeté du lieu de tournage, cette Asie qu’il ne connaît pas, il joue à l’instinct, comme il mène sa vie, sincère, profondément sympathique. » Justice est faite.
UN REVENANT Il a 60 ans. Il s’appelle Stevens Demetre Georgiou, alias YUSSUF. C’est lui, le Cat STEVENS de « My Lady d’Arbanville », qui a convoqué la presse pour la sortie de son nouvel album « Roadsinger ». Alors ils sont allé à Londres le retrouver dans son ancienne chambre de jeune homme au-dessus du magasin de son père, dans un quartier musulman de Londres (tiens, déjà ?) Il a un grande barbe grise, on dirait un barde dans le film Astérix. C’est un fantôme. Où est passé Cat Stevens ? Il a encore cette voix douce, paraît-il, et ses nouvelles chansons ont gardé un charme bucolique. Il aime l’amour, l’amour universel, bien sûr. Il a changé les paroles de MY LADY D’ARBANVILLE, c’est sa femme qui le lui a demandé. Maintenant ça s’appelle ANGEL OF THE WAR et c’est un jeune soldat qui parle à l’ange de la guerre. Je m’en fous, j’écoute la première version, et je pleure.
THEATRE A LYON : DU BONHEUR EN PERSPECTIVE Mardi soir avait lieu la soirée de présentation de la saison théâtrale aux CELESTINS. Claudia STAVISKY a déroulé son programme, expliqué ses choix, animé le tout par des projections d’extraits. Ce sera très varié et très intéressant. Entre autres, LE MENTEUR de Goldoni, L’AMANTE ANGLAISE de Marguerite Duras (quel casting discutable, avec Ludmilla Michaël dans le rôle de la sœur criminelle…), FIN DE PARTIE de Beckett monté et joué par Charles Berling, etc… Je me réjouis à l’avance de toutes ces critiques et impressions que je jetterai sur mon blog ! Mais il faudra être patient : le premier spectacle est en octobre ! Entretemps je vous parlerai d’Avignon et de tous ces festivals qui fleurissent l’été, comme les tournesols…
Bonjour ! On se sent un peu seulsans les nouvelles de Cannes. Mais l'actualité nous apporte des brassées d'évènements, roses, noirs - surtout noirs. La crise est l'épicentre de cette actu. Je m'aperçois que le peuple est partagé en deux camps : les optimistes et les pessimistes. On se déchire dans les dîners. "C'est pas si grave que ça" et "c'est plus grave qu'on ne croit". Même les AMOUREUX sont victimes d'une crise de découragement. Mais au théâtre, ça s'arrange toujours !
Il est assis, seul. Il y a des bribes de musique qui nous parviennent des profondeurs de l’appartement. Il semble plongé dans des réflexions amères. La musique s’arrête. Le silence est meublé par le bruit de la pluie qui tombe dans la rue. Le décor doit dégager une impression de solitude et de tristesse. La porte donnant sur la sortie s’ouvre doucement et Sonia apparaît. Elle porte un béret noir et un imperméable ruisselant. Sur le pas de la porte elle s’arrête en voyant que Maxime est là. Il a senti une présence et se retourne.
LUI Tu as les clefs du cabinet, maintenant ? ELLE La porte était entrouverte.
Il s’est remis dans sa position première, penché en avant les coudes sur ses genoux, le cou rentré dans les épaules.
ELLE reste debout à le regarder. ELLE Pour quelqu’un qui n’aime pas les toubibs il me semble que tu viens souvent consulter. LUI Je déteste tousser. (Un temps) Et toi ? ELLE, regardant autour d’elle Je déteste cette salle d’attente. LUI Ca devait arriver. ELLE Certains lieux sont propices aux erreurs. On y perd tout contrôle de soi-même, on s’y découvre de faux besoins, de faux désirs. LUI Fausses attirances, faux aimants. ELLE Faux amants. LUI Microbes...
COMPET EN SALLES Les paris sont ouverts : quel film fera le plus d’entrées : ANGES ET DEMONS ou MILLENIUM ? Tout ça parce qu’ils sont tous les deux adaptés de deux bestissimes sellers, enfin le premier joue sur le succès financier de DA VINCI CODE qui a fait un beau bide côté critique. Tom HANKS reprend du service, mais pas Audrey TAUTOU qui franchement n’a pas les épaules pour porter les Cariatides. Le second, MILLENIUM, tout le monde connaît… et tout le monde aime. Le film s’inspire du premier tome seulement, et croyez-vous qu’il y aura une suite ? Les acteurs sont paraît-il, la crème des comédiens suédois, et les décors à couper le souffle. Les deux racontent une histoire hallucinante, entre science-fiction et conte ésotérique, tout ce qu’on aime. Mais comment font les cinémas pour partager la Salle 1 en deux ?
SHE’S GOT TALENT ! Je croyais être la seule à avoir remarqué cette petite bonne femme sans glamour qui avait éberlué le public de GOT TALENTS et fait un triomphe très inattendu ? Et bien voilà qu’elle vient de passer en finale et du coup, elle est à la une de ma page d’accueil Orange. Il paraît qu’elle n’a déjà plus du tout la même allure, quelqu’un (un coach !) l’a prise en mains pour lui donner l’apparente de toutes les autres nouvelles stars. Un raté, je suppose. Pourquoi est-ce qu’on veut mettre tout le monde dans le même moule ?
POURQUOI TANT DE HAINE ? Si vous avez la curiosité de lire les commentaires que les gens ajoutent aux videos sur You Tube ou aux critiques des films, vous êtes effondrés : Les artistes qui ont réussi ? c’est la baraka, ils sont nuls. Ceux qui ont raté ? normal, ils sont nuls. Johnny passe au cinéma ? Il est forcément nul. Marceau+Belluci deux icônes ? Non, deux connes. Pas un commentaire positif. Du coup, on se sent un peu seul avec notre phrase de vive solidarité. Le web ne serait-il qu’un sordide exutoire de la vraie nature des hommes ? Et encore, il y a filtrage ! Imaginez un peu ce qu’on lirait, si toutes les cochonneries n’étaient pas exclues !
« Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. » ST LUC (Evangile)
Il y a bien aussi « Aimez-vous les uns les autres », mais il ne faut pas trop en demander. S’abstenir de cracher sur celui qui ne vous a rien fait, c’est déjà pas mal. Miss Comédie
Bonjour ! Oui, j'avais encore quelques réflexions sur les films présentés mais cette fois c'est fini, j'arrete sur Cannes. Le cinéma c'est bien, mais moi la théâtreuse je préfèrerais vous parler de... théâtre, et ça ne saurait tarder. En attendant, lisez la scène des AMOUREUX où décidément, ça ne tourne pas rond...
La salle d’attente. LUI, ELLE, puis LE PETIT HOMME
LA LOGIQUE FEMININE
ELLE Mais non ! Pas plus que maintenant je ne pourrai dire ça ! Personne ne peut être sincère en disant ça ! Comment peut-on s’engager ainsi à la légère ? Ceux qui le font n’ont pas le respect de l’autre. (voyant son visage changer de couleur) Préfèrerais-tu que je te fasse mille serments de fidélité pour ensuite disparaître et te laisser avec une immense frustration ? LUI Tout ça c’est trop compliqué. Tu m’aimes, oui ou non ? ELLE Déjà, le terme “je t’aime” est définitif. Je suis attirée par toi mais je ne sais pas si c’est de l’amour. LUI Tu m’énerves à la fin avec ta psychologie. Moi je ne demande qu’une chose, c’est que mon amour ne soit pas à sens unique. Voilà. ELLE Et moi je demande que tu respectes mon désir de ne pas m’engager à la légère. LUI On a un couple dont l’un donne et l’autre se contente de promesses. Joli partage ! ELLE On ne se comprend pas. LUI Je commence à m’en inquiéter sérieusement. (Il va vers la porte) Mais qu’est-ce qu’il fout, à la fin, ce toubib ! Tu délires de plus en plus ... Allez, arrêtons ces conneries, j’en perds les pédales. ELLE Ce qui arrive, c’est que tu réalises que je ne suis pas bien pour toi, tu comprends aujourd’hui que je suis la cause de tout ! LUI Ecoute, c’est moi seul qui suis juge, tu entends ? Je te conjure de te taire et de te calmer. (à la cantonnade) Ces retards sont insupportables, à chaque fois c’est pareil. Il y a quelqu’un chez lui ou il s’est endormi, cet abruti !
Il ouvre la porte du couloir menant au cabinet.
LUI Il y a quelqu’un ? Mademoiselle ! (à la cantonnade) Madame est très mal, elle a de la fièvre, au moins quarante, et il serait souhaitable que le docteur la reçoive d’urgence, ou bien nous repartons dans la minute qui suit ! VOIX DE L’ASSISTANTE Le docteur est avec un grand malade, monsieur. Nous ne sommes pas au dispensaire, ici. Les visites durent longtemps, c’est pour le bien de chacun. LUI, furieux Et bien dites au docteur...
(on entend des bruits de voix et entre le petit homme) LE PETIT HOMME, enfilant ses gants Oui, le problème c’est l’antidote... Les microbes se transmettent l’antidote... Il y a pourtant une solution... mais personne n’en aura le courage... L’extermination... totale... de la Femme !
(Il prononce ces derniers mots en passant la porte, on ne distingue que vaguement le mot “femme”).
Quelques mots encore : Le film d’ALMODOVAR est déjà en salle et déjà les avis sont partagés. Les uns le traitent de roman-photo, les autres adorent ses excès qui sont sa marque de fabrique.
Le film de LARS VON TRIERS pareil. (William DAFOE n’at-t-il pas une gueule d’ANTICHRIST ?) Les uns trouvent son parti-pris de violence insupportable, les autres s’inclinent devant un talent tellement audacieux. Faut-il penser que les uns sont des petits frileux et les autres de vrais cinéphiles ? Moi je déteste la violence a priori. Je trouve qu’on peut dire des choses hyper fortes sans en mettre plein les yeux. Je crois qu’il y a chez von Triers, derrière ce visage lisse de bureaucrate, un sournois désir de provocation. Mais lui, on ne l’accusera jamais de faire des nanars. Il ne fait pas de nanars, il fait dans le scandale. Et la pauvre Charlotte GAINSBOURG en a fait les frais. « Jamais je ne referai ça », a-t-elle dit. Heureusement le jeu en valait la chandelle : prix d’interprétation. Le cauchemar est derrière elle et le rameau d’or sur sa cheminée.
Le film de RESNAIS semble un peu égaré dans cette sélection survoltée. Il doit être doux et sympa à regarder, si l’on oublie la voix éraillée et les chichis de Sabine Azéma. Mais ce que j’en sais de l’histoire qu’il raconte me donne envie de voir. Ca parle de hasards et coïncidences, il y a une ambiance un peu étrange. C’est bien, de lui avoir donné un Prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. A 89 ans, il en a alignés, des film, grands ou moyens…
Le film de jane CAMPION qui fait figure, comme ça, d’un joli poème d’amour, ne donne pas du tout dans le rigolo. C’est un amour tragique qu’il raconte, et la fin est plus poignante que celle de Roméo et Juliette. Le poison, c’est propre et rapide, au moins. Elle n’a rien eu, je crois, en tout cas pas de récompense de premier plan. Injustement ? Alors là, il faut voir.
Des histoires insolites, des images chooquantes, c’est ce qu’il nous faut aujourd’hui. Même les enfants, regardent sans broncher leurs héros s’entretuer.
Ah, j’oubliais : le film présenté en clôture : COCO CHANEL ET IGOR STRAVINSKY est-il passé inaperçu ? Je n’ai rien lu ni vu et pourtant, toujours a priori (j’ai un ami très cher qui déteste les a priori) je trouve déjà qu’Anna MOUGLALIS a une autre classe que la petite grignette Audrey TAUTOU, et puis ce n’est pas vraiment un biopic, c’est un épisode de sa vie et s’il est bien traité, ce doit être intéressant.
« Deux grands mobiles font agir les hommes : la peur et la nouveauté. » Nicolas MACHIAVEL (Le Prince)
Il oublie l’argent, mais peut-être que c’est un sous-produit des deux autres. Voilà, le sujet Cannes est épuisé, mais tous ces films lâchés dans les salles vont encore faire parler… Bonne journée ! Je vous retrouve demain, peut-être… Miss Comédie
Bonjour ! Si j'en juge par l'autoroute hier soir, il ne devait pas y avoir beaucoup de monde sur mon blog. Ni, d'ailleurs, pendant ces quatre jours caniculaires... Ils étaient tous au Festival, pardi, ou bien au Grand Prix de Monaco. Ou bien sur la mer à caboter. Mais attention, ça repart ! Mes conclusions sur le Festival sont le fruit d'un savant mélange entre intuition et infos protéiformes et flabelliformes glanées ça et là dans les médias. Un tri difficile. Cette année le Festival a fait couler beaucoup d'encre. Mais tout est bien qui finit bien : tout le monde doit être à peu près content. Et mes AMOUREUX ? Pas encore complètement satisfaits de leur relation ? Allez, ça va s'arranger.
LUI Réfléchissons. Voilà presque un an que nous nous connaissons, que nous croyons nous aimer, et je te vois perdre chaque jour un peu de ta joie de vivre. Tu deviens fébrile, inquiète, méfiante... Est-ce là l’effet que l’on attend généralement de l’amour ? ELLE ET... je ne guéris pas de mes boutons. On ne sait où chercher la cause de mon allergie. LUI C’est troublant, je l’avoue. Mais bon dieu il y a quand même un truc tout simple à savoir d’urgence : est-ce que tu m’aimes ? ELLE en grelottant Je ne sais pas. Je ne sais pas. LUI C’est pourtant ça l’important, non ? Le reste n’est que suppositions, foutaises... du v... ELLE, le coupant Et toi ? Cette toux qui devient chronique et t’empêche de dormir, qui est apparue un beau jour alors que tu fumes depuis trente ans, et qui ne guérit pas non plus, que je sache ? LUI Ma toux je m’en fous. ELLE Tu dis que tu t’en fous mais inconsiemment, je dis bien inconsciemment, tu me soupçonnes et tu voudrais que je m’éloigne. LUI, la regardant fixement Tu crois ça sincèrement ? ELLE, grelottant Oui, sincèrement je le crois.
LUI Alors il faut faire quelque chose.
Ils restent silencieux. LUI se met à marcher comme un ours en cage ou peut-être, selon la nature de l’acteur, préfèrera-t-il se tasser sur une chaise, dans l’attente des mots qui vont suivre.
ELLE , d’une petite voix Arrêtons de nous voir ? LUI s’arrête brusquement de marcher - ou relève brusquement la tête C’est toi qui l’auras dit. Je suis mortellement triste. ELLE Tu n’as pas eu le courage de le dire avant moi mais tu sais très bien que c’est la seule solution. LUI C’est une tentative de solution. Il faudra avoir le courage de tenir pendant une période donnée. (après un temps) Mais c’est vrai que c’est le seul moyen de savoir si nous sommes allergiques l”un à l’autre. Et s’il s’avère que ça n’est pas le cas, tu seras enfin libre de me dire “je t’aimerai toujours!”
Vingt grands films, plein de stars, des montées de marches étourdissantes, et une mobilisation générale, cette année le Festival de Cannes a tenu ses promesses (omme ils disent tous dans la presse). Avec en plus, un temps estival pour arborer les robes du soir les plus aériennes. Et le Jury ? A-t-il été à la hauteur ?
LA PALME D’OR POUR DU TRES NOIR. Nous pensions que le Festival avait changé de ton, qu’il allait enfin nous donner une Palme d’Or réjouissante, qu’enfin peut-être il s’agirait d’une comédie, qu’on allait rire, oublier nos soucis, rêver même !!!! Et bien c’est raté. Le film le plus noir sur la noirceur humaine malgré son titre : LE RUBAN BLANC, a eu la Palme d’Or. Un retour aux sources du mal, paraît-il. Une leçon de morale, quoi. Isabelle Huppert a donc utilisé sa voix de Présidente pour élire son choucou, Michael HANNEKE, deux fois déjà primé à Cannes. (J’ai l’air un peu pincée ? oui, c’est mon côté Ziegfried Follies qui est un peu frustré… )
MOI J’AURAIS PREFERE… Evidemment, je n’ai rien vu, je n’ai fait que glaner quelques échos sur ces grands films qui se succédaient et dont il se dégageait toujours un pressentiment ; horreur, fascination, poésie, mysticisme, tendresse ou simple curiosité. J’ai eu envie de voir Jane CAMPION récompensée. Et puis, j’ai aimé l’esprit des HERBES FOLLES de Resnais - mais avait-il la stature d’une Palme d’Or ? Non, bien sûr. Sa récompense a lui est très juste : Prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. L’histoire du PROPHETE de Jacques AUDIARD m’a fait penser qu’il pouvait être élu. Et puis, c’était un Français, jamais primé encore… Mais non. Il a eu le Grand Prix, c’est pas mal. ELLE A EU LA PALME : Notre Charlotte GAINSBOURG, toute timide, pour son rôle sûrement très éprouvant dans ANTICHRIST de Lars von TRIERS. L’autre film luciférien du Festival qui doit faire grincer des dents lui aussi.
IL A EU LA PALME : Pauvre Taarentino, il doit se contenter du Prix d’Interprétation accorder à son interprète Christopher WALTZ pour son r ôle d’officier nazi pas gentil du tout. Tarentino est le seul réalisateur du Festival a avoir visionné tous les films de ses rivaux. C’est un vrai cinéphile, et en plus son film doit être formidable.
ET LA PALME DES ENTREES ? Moi je la vois bien au film d’ALMODOVAR, « Etreintes Brisées », et à celui de TARENTINO « Inglorious Bastards ». Le premier nous apporte un peu de couleur et d’humour, le second une fresque historique très personnelle avec aussi un certain humour tarentinien. Mais AUDIARD aura sûrement un gros succès en salle, même si les spectateurs ne seront pas écroulés de rire.
LA PALME DES FESTIVALS Cette 62ème édition est une vraie réussite. Bravo aux sélectionneurs, Gilles JACOB et Thierry FREMAUX qui ont choisi des films de tous horizons et de tous genres, mais toujours de grande facture. Surtout, à la différence des précédentes éditions, ils nous ont donné envie de nous précipiter dans les salles, pour VOIR.
LA PALME AU PHOTOGRAPHE
Ma dernière photo signée Gilles TRAVERSO pour le Festival. C’est la couverture de l’album qu’il a édité avec à l’intérieur des trésors en noir et blanc. Je ne sais pas s’il était encore au pied des marches cette année ?
« Un homme, par la réputation dont il jouit, donne plus souvent la mesure de ses partisans que la sienne. » DANTE (LEnfer)
Bon. C’est clair et sous-entendu mais je ne veux pas dire que l’homme en question est tout blanc non plus, hein ? A demain, mes amis cinéphiles, on va parler d’autre chose. Miss Comédie
Bonjour ! Encore une semaine flabelliforme, encore un pont sur des fleuves de vacanciers heureux de l'aubaine. Ici le rideau tombe sur mes amoureux à peine retrouvés et dont l'humeur n'est pas au beau fixe... A Cannes, il y aura encore des projections-choc, et dimanche, après le film de clôture hors compétition COCO CHANEL ET IGOR STRAVINSKY de Jan Kounen (Chanel for ever !) nous aurons la Surprise. Qui aura la Palme d'Or ? Suspense.
LES AMOUREUX TRANSIS La salle d’attente. On entend la pluie tomber au dehors. ELLE est assise, recroquevillée dans son manteau. LUI est près de la fenêtre, regardant dans la rue.
LUI C’est quand même incroyable, non seulement il ne t’a pas guérie de tes boutons, mais voilà maintenant que tu as de la fièvre. ELLE Je dormirai chez moi ce soir. LUI Pourquoi ? Si ton allergie est contagieuse, et bien le mal est fait ! ELLE C’est vrai que nous n’arrivons pas à guérir, ni toi ni moi... Et si c’était la même allergie ? LUI après un silence Moi allergique à toi, et toi allergique à moi ? ELLE Oui. C’est le diagnostic du docteur, rappelle-toi.
Ils restent silencieux un moment. Il regarde toujours dans la rue, elle grelotte. Il va vers la table basse, prend un magazine, le feuillette rapidement, le remet. Il sort son paquet de cigarettes, en allume une et se plante devant ELLE.
LUI Ca voudrait dire que tant que nous resterons ensemble, je tousserai et tu auras des boutons ? ELLE Exactement. LUI Voilà un bel avenir qui se dessine. ELLE Parce que toi, tu acceptes cette éventualité sans broncher. LUI Elle ne m’empêche pas de t’aimer. Je ne peux rien contre ça.
ELLE reste silencieuse. Puis : Alors d’où vient cette... réticence, ce refus que je sens en toi ? LUI, réfléchissant Peut-être que tu me communiques tes doutes... ELLE Mes doutes... Et si cette... manifestation pathologique était un signe, une alerte, pour me dire “attention danger, cet homme-là n’est pas pour toi !” LUI C’est sûr que si je te donne des boutons, c’est pas la peine d’aller plus loin. ELLE Il faut écouter son corps ! LUI Avant son coeur ?
* INGLORIOUS BASTARDS de Quentin TARANTINO * LES HERBES FOLLES d’Alain RESNAIS
En piste, un jeune palmé en 1994 pour PULP FICTION et un très vieil habitué du Festival (neuf films présentés !) mais non palmé. Je ne sais rien du premier, mais le film de RESNAIS, avec l’éternelle sabine AZEMA, l’éternel André DUSSOLIER et le très en vogue Mathieu AMALRIC, me semble alléchant. L’histoire est troublante, un enchaînements de hasards, j’aime ça.
ALORS ? C’est fou ce que les visages peuvent être trompeurs. Lars von TRIERS a un physique de mathématicien ou de bureaucrate aux mœurs tranquilles. On ne peut pas se douter des tempêtes qui sévissent sous son crâne. La mystique, le trauma, le sexe, les hallucinations, la paranoïa, le sadisme, tout ça l’inspire. Son film ANTICHRIST est peut-être un concentré de tout ça ?
Quant au film d'ALMODOVAR, ETREINTES BRISEES (quel titre cucu) comme toujours il a fait un tabac quoique le sujet soit encore une fois très délicat. Mais ce réalisateur jouit d'une cote en béton auprès des cinéphiles. Palme d'Or ou pas, le film fera des entrées en masse, c'est sûr.
CA NE SE FAIT PAS ! Il paraît que Nicole KIDMAN fait faux bond à Woody ALLEN qui l’avait engagée pour son prochain film. Pas de prétexte invoqué. L’idée de côtoyer quotidiennement Antonio BANDERAS l’aurait-elle effrayée ? Le feu et la glace ne font pas bon ménage.
C’ETAIT HIER :
Donc, TARENTINO en 1994 pour PULP FICTION. Quel film étonnant ! Fabuleux. Uma THURMAN ! Prodigieuse. `Travolta ! Grandiose. Gilles TRAVERSO a dû prendre la photo (la Palme sous le bras !). Le dernier de la famille a pris la relève en beauté. Il a même ouvert au public les archives de la famille, des photos souvent inédites et des moments pris sur le vif qui marquent une époque.
« Le cinéma est un art beaucoup plus périssable que les pyramides. » ISABELLE HUPPER Ca dépend du film et de la pyramide. En tant que présidente du Jury de Cannes elle devrait croire un peu plus en la pérennité du cinéma ! Je vous laisse dans la grande kermesse et je vous retrouve lundi avec tous les résultats et toutes les polémiques. Bon week-end ! Balades, vélo, expos et parachute ascensionnel… !. Miss Comédie
Bonjour ! Quand même ça me fait drôle de ne parler que de cinéma et plus beaucoup de théâtre, à part ma pièce flabelliiforme qui continue, bien sûr, car enfin le théâtre a un côté magique qui manque un peu au cinéma. Surtout à Cannes, où le mercantilisme porte ombrage à la beauté des oeuvres présentées. C'est pourtant une belle fête des images, et s'il n'existait pas il faudrait l'inventer !
THOMAS Le passé, personne ne nous l’enlèvera, ça c’est sûr, mais l’avenir... LUI Quoi, l’avenir ?... Tu le vois comment, l’avenir ? Vieux garçon vivant encore sous le toit de ton vieux papa ? Allez.... (il se lève et arpente la scène) L’avenir c’est demain... C’est demain que tu vas trouver bien plus excitant d’aller rouler ta bosse ailleurs. Et alors, moi, comment tu me vois, hein ? Je te demande un peu, quand tu seras parti, comment tu me vois ? THOMAS On n’en est pas là...
LUI Ca vient plus vite que tu crois. Je me demande comment je peux encore plaire à une femme, avec cette brioche, ces cheveux gris, j’étais mince et droit et j’avais l’oeil vif et le rire facile, et voilà... c’est venu, c’est là. THOMAS T’as un super style, papa. T’es sapé comme il faut, tu dégages quelque chose, ton âge on s’en fout. LUI, lui jetant un oeil noir Tout ça nous dit pas pourquoi tu es enrhumé. THOMAS On va bientôt le savoir. LUI Peut-on avoir deux allergies en même temps ? THOMAS éclate de rire On va peut-être se faire jeter !
La porte s’ouvre.
VOIX DE L’ASSISTANTE Monsieur Thomas Sévère.
Ils se lèvent et entrent dans le cabinet bras dessus b ras dessous.
* LOS ABRAZOS RATOS de Pedro ALMODOVAR * VINCERE de Marco BELLOCHIO
Encore un film d’ALMODOVAR qui arrive précédé d’un grand frisson de curiosité. On sait qu’il y aura du sexe, de l’humour, la sublime Penelope CRUZ, et un côté morbide qui lui plait bien. Nous verrons demain.
ALORS ? Premieres rumeurs de polémique autour du film de Lars von Triers, comme c’était à prévoir. « Film romantique ou provoc ? Les avis varieront d’un extrême à l’autre. L’auteur dit qu’il se veut proche de l’univers d’Edgar Poë. Finalement, ça donne envie de voir. Rien lu sur le film de Ken Loach, en fait qui s’intéresse à Eric CANTONA dans le cinéma ?
C’EST LE KING ! Il a beau dire, le gros journaliste, JOHNNY reste le seul vrai agitateur de passions dans un stade ou dans la rue. Sur la Croisette, il a fait hurler de joie les minettes et les rombières, sans distinction de culture. Son film est peut-être raté, on devient ridicule quand on en déduit que Johnny est KO.
HORS FESTIVAL Stéphane FREISS incarnerait Albert CAMUS dans un téléfilm que diffusera France 2 à l’occasion du 50ème anniversaire de sa mort. Adapté du PREMIER HOMME, récit posthume d’Albert Camus par Laurent JAOUI. Y en a marre de ces « biopics » à la noix, qui compensent l’absence d’imagination par des revivals plus ou moins bidons.
… C’ETAIT HIER…
1963. Anna KARINA et Jean-Luc GODARD sont là pour leur film A BOUT DE SOUFFLE. Non sélectionné pour la course à la Pallme d’Or, il fut présenté hors compétition dans un cinéma de la rue d’Antibes et fit un tabac, comme chacun sait. Pour cette photo, cette année-la Henri TRAVERSO avait déjà pris la succession de son grand-père et se préparait à transmettre sa passion à son fils Gilles.
« Il y a le visible et l’invisible. Si vous ne filmez que le visible, c’est un téléfilm que vous faites. » Jean-Luc GODARD
Ca c’est comme l’histoire du tableau sous le tableau, de Picasso. Mais l’invisible de Godard n’est peut-être pas celui que je vois, moi. Et si l’invisible n’existait pas ? Et s’il n’y avait pas de tableau sous le tableau ? Allez ne cherchez pas, faites ce que vous avez à faire et passez une bonne journée. Miss Comédie.
Bonjour ! Du côté de CANNES, vous avez dû en avoir plein les mirettes ce week-end. Mais attention, aujourd'hui nous avons deux réalisateurs qui n'ont pas froid aux yeux, et demain, ALMODOVAR ! Dans ma pièce, je reconnais aujourd'hui c'est pas spécialement drôle entre le père et le fils. Mais bientôt la comédie reprend ses droits. Vous savez que ce que vous entendez depuis mercredi dernier sur mon blog, c'est le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns, adapté pour devenir le jingle du FESTIVAL DE CANNES depuis des années ?
THOMAS On peut toujours ? LUI Oui. THOMAS Alors... LUI Alors quoi ? THOMAS Et bien, supprimons-la. LUI Quoi ? THOMAS La cause... LUI, se prenant la tête dans les mains Thomas, tu joues avec mes nerfs... THOMAS Papa. On tourne en rond. Qui parlera le premier ? LUI Pas ici. THOMAS Où tu veux. Quand tu veux. J’ai besoin de parler de mon allergie. LUI Que vas-tu dire au docteur ? THOMAS Des mensonges. LUI Pourquoi ne pas lui dire, à lui, la vérité ? Je n’entrerai pas avec toi. THOMAS, se levant, furieux A quoi ça sert, de ne pas entrer avec moi ? Pour ne pas entendre ce que tu ne veux pas entendre depuis des mois ? Toujours jouer l’autruche ? (il tourne sur lui-même, fait les cent pas) Ah, je ne m’en sortirai pas. LUI Et moi. Comment je vais m’en sortir.
Silence. Thomas se poste devant la fenêtre, respire un grand coup.
THOMAS Oui, je sais, c’est toi qui en souffres, de mon allergie. Je te plains, papa, je te plains. Je fais des efforts, tu sais, je fais des efforts. (Il revient s’asseoir) LUI, d’une voix brisée Et tu crois que ça ne s’arrangera jamais ? THOMAS Je sais pas, papa. Peut-être... (un temps) Quand maman est partie, j’ai mis longtemps à comprendre qu’il fallait qu’on se débrouille tous les deux tous seuls. Je chialais dans mon lit, parce que je te voyais si malheureux, et puis parce que moi il me manquait quelque chose .... d’énorme !... tu vois... Et puis... petit à petit... ça a marché. On s’est débrouillés tous seuls et je me suis senti bien avec toi, papa. Vraiment bien.
Ils ne se regardent pas.
LUI Personne ne nous enlèvera jamais ça. Personne.
(A suivre) ____________________________________________________________
LOOKING FOR ERIC, de Ken LOACH ANTICHRIST de Lars von TRIERS
Avec ces deux-là il faut s’attendre à tout. Mais ils ont la faveur des érudits de la culture alors on va leur pardonner beaucoup. C’est pas comme ce pauvre Johnnie To, qui s’est vu lapider vite fait. Son film VENGEANCE est peut-être médiocre mais la façon dont LE FIGARO en parle, par la voix de son gros journaliste Eric NEUHOFF, est honteuse. Un tel mépris, une telle arrogance, un tel manque de respect pour le travail des gens, une telle vanité dans les propos de ce porte-parole est indigne de la profession.
Respirons un grand coup et parlons de cette BRIGHT STAR qui a ébloui les festivaliers. Jane CAMPION a apparemment réussi son come back à Cannes. L’histoire est belle et émouvante, et l’on jugera de l’image dès sa sortie que l’on attend avec impatience. Un film de poète qui n’exclue pas la brutalité du tragique. Les propos de Jane CAMPION sont empreints de simplicité et de franchise. Elle ne parle pas le langage de ceux qui sont un peu las de la célébrité. Son actrice, la jeune Abbie CORNISH, a la beauté fracassante d’une Scarlett JOHANSSEN d’il y a dix ans. On ne montre pas assez l’acteur qui joue le poète Keats, il est beau comme un dieu lui aussi.
Vous avez vu la montée des marches des deux stars ex-aequo dans le glamour, MARCEAU-BELLUCI main dans la main (avec avantage pour la première qui a dix points d’avance pour le naturel et la french touch qui nous touche !…) Leur film dont l’histoire me fait penser à MULHOILLAND DRIVE de David LYNCH, mais attention, là il y avait chef-d’œuvre - est sûrement intéressant.
On tire un trait sur ce week-end trop riche en évènements, et on repart à zéro avec la semaine qui commence - et qui sera courte pour moi, hélas, because ascension de Jésus au ciel qui est un événement hors normes mais pas du tout médiatique. Mais on attend demain avec impatience : ALMODOVAR monte les marches !
… C’ETAIT HIER :
1965. Elles posaient encore ensemble. Les sœurs DORLEAC étaient aussi belles l’une que l’autre. Deux ans plus tard, Françoise se tuait sur l’autoroute. La photo est toujours de TRAVERSO. Cette année-là Auguste TRAVERSO et son fils Henri s’étaient adjoint le petit-fils, Gilles, pris de la même passion. Le team était au complet.
« Un sot n’a pas assez d’étoffe pour être bon. » La ROCHEFOUCAULT
Souvent l’intelligence est bouffée par la vanité. Ca, c’est moi qui le dis. Cannes est un grand réservoir de vanités. Les artistes doivent en passer par là, c’est une sorte de bizutage. A demain, mes chéris. Miss Comédie.
Bonjout ! Vous savez que mon théâtre fait relâche le week-end ? Même pendant le Festival. C'est dommage, mais il y a une telle surabondance de médiatisation autour de cet évènement que vous ne perdrez pas une miette du festin cannois. Dans la scène d'aujourd'hui, toujours dans la SALLE D'ATTENTE, Maxime et son fils tentent de deviner le diagnostic du docteur. Un rhume est peut-être une allergie, mais à quoi ou à qui ?
La salle d’attente. Maxime est assis avec Thomas. Ils sont plongés dans des magazines. Thomas éternue plusieurs fois de suite et se mouche.
RHUME DES FOINS OU… ?
LUI, levant le nez de son journal On aurait pu y penser plus tôt. THOMAS A quoi ? LUI A l’allergie. Un rhume, ça ne dure pas trois mois. THOMAS (replongé dans son journal) Ouais. LUI On est le 5 septembre, Thomas, et tu traînes ça depuis début juillet. Tu étais encore à Paris. Donc, l’allergie est ici. Soit chez nous, soit au lycée. THOMAS Ouais. LUI En juillet les arbres sont en feuilles, il n’y a pas de pollen dans l’air... Tu ne te souviens pas d’avoir respiré, ou mangé, ou approché quelque chose qui... le docteur va te le demander. THOMAS Non. LUI L’allergie, ça peut être invisible, impalpable, imprévisible... Ca peut entrer par la fenêtre, la nuit, pendant que tu dors... Ca peut être aussi provoqué par un dégoût, une répulsion à un environnement, à un aliment... à une vision... à un devoir... à... THOMAS A une personne. LUI, marquant un temps A une personne, oui...
On les sent tendus, ils évitent de se regarder.
THOMAS d’une voix douce Ca met longtemps à se déclencher ? Un mois ? Deux mois ? LUI Je ne sais pas. Tu penses à quoi ?
THOMAS, brutalement On pourrait pas parler d’autre chose ? Dans un moment on saura tout. On aura l’explication. LUI Peutêtre qu’on pourrait la trouver tout seuls... THOMAS Et le remède ? Y a qu’un toubib qui puisse trouver le remède. LUI Oh, c’est simple. Le remède, c’est de supprimer la cause de l’allergie. THOMAS Ouais. Quand on peut. LUI, la voix sourde On peut toujours.
Enfin elle revient à Cannes ! En 1993 elle avait été la première femme réalisatrice à recevoir la Palme d’Or. C’était pour LA LECON DE PIANO, film terrible avec les géniaux Holly HUNTER et Harvey KEITEL. Je subodore que Isabelle HUPPERT, la Présidente du Jury, aura une petite faiblesse pour ce film. Mais n’anticipons pas.
Sur la Croisette, on se refile l’anecdote : Isabelle HUPPERT aurait été snobée par TARENTINO pour le casting du film en compétition : « INGLORIOUS BASTARDS. Soit-disant qu’elle serait arrivée en retard à deux rendez-vous… Alors, là, elle doit se lécher les doigts de gourmandise. Les rôles sont renversés. Mais elle doit se réglaler doublement : 1 parce que Tarentino doit être dans ses petits souliers, et 2, parce qu’elle est capable de voter pour lui et de niquer tous les bavards ! C’est comme ça dans la vie. Il faut se méfier des retours d’ascensueurs.
….. C’ETAIT MARDI DERNIER…
Roger nous quittait. Dans le théâtre, tout le monde l’appelait Roger. PLANCHON, le maître, le défricheur, le créateur du TNP de VILLEURBANNE dans ma ville, l’acteur génial. Je pourrais remplir ce blog de toutes les pièces que j’ai vues de lui, avec lui, et des films… Ce film magnifique, de 1993 lui aussi : L’ENFANT ROI », racontant la naissance d’un royaume, les premiers pas de Louis XIV dans la vie et dans le pouvoir. Mais Planchon c’est surtout le théâtre, l’action pour le théâtre. C’était un homme qui faisait l’unanimité. Il forçait le respect. Il avait un regard triste. Pourquoi ? Il y a encore une semaine il jouait au SYLVIA MONTFORT, avec sa femme Colette Dompietrini, « AMEDEE OU COMMENT S’EN DEBARRASSER » de IONESCO. Il est parti un manuscrit à la main, il avait toujours un manuscrit à la main.
… C’ETAIT HIER :
Mais que faisait GERARD PHILIPE à Cannes ? C’était en 1956 et il présentait son film TILL L’ESPIEGLE. Il en était à la fois le réalisateur et l’espiègle. Je ne crois pas qu’il ait été récompensé. (Si oui, dites-le moi) . Il était auréolé de gloire, il était beau, il n’avait plus que trois ans à vivre. Il était seul sur la photo, parce que ce n’était pas quelqu’un qui s’affichait avec des stars. Sa femme Anne avait dû rester chez elle car elle ddétestait les mondanités, et il lui était fidèle. C’était un ange, tout le monde l’a dit et je le redis.
La photo est encore de TRAVERSO. En 1956, Auguste TRAVERSO travaillait depuis dix ans avec son fils Henri et avait abandonné les plaques pour le Rolleiflex. Ensemble, ils ont pris sur le vif quelques it stars au pied des marches…
« J’ai fait du théâtre pour des gens comme mes parents, qui étaient des illétrés ». ROGER PLANCHON
Il a ouvert toutes grandes les portes du rêve à tous ceux qui croyaient que le théâtre était réservé aux initiés. Avec son copain Jean VILAR ils se prenaient pas pour des initiés. Chers amis je vous quitte jusqu’à lundi, mes copains de la presse écrite sauront vous raconter les hauts faits du week-end…. Miss Comédie.
Bonjour ! Je ne sais pas quel temps il fait sur la Croisette, mais ici c'est pas grisant. Heureusement un bel imper sur des jambes nues c'est très glamour aussi. Il y en a qui ont du mal à déchiffrer mes tartines. J'essaie des caractères plus gros mais ça risque de faire bizarre. Ne vous affolez pas, c'est un test. Restez bien branchés sur la compétition, hein ?
LA MERE Tu te sentais seule ? ELLE Oui, bien sûr !
LA MERE Tu adores ton métier.
ELLE Oui, oui, mon métier, mon métier... Un gagne-pain pas trop abrutissant, c’est tout... LA MERE Bon, écoute, arrêtons de pleurnicher, pour l’instant tout est bien dans le meilleur des mondes, Maxime t’aime, tu l’aimes, et ça va durer longtemps, et vous aurez beaucoup d’enfants.
ELLE, sursautant Ah ! Arrête... ne prononce pas des mots... “un enfant” ! Un enfant de lui mon dieu, le ciel me tomberait sur la tête, ce serait inimaginable, féérique... le bonheur sur terre...
LA MERE Reprends-toi ma chérie. Un enfant c’est le plus gros emmerdemment que la femme puisse imaginer, en dehors de quelques guiliguilis qui sont très vite ridicules.
ELLE regardant sa mère en face Merci pour moi.
LA MERE Oh, quand on l’a, on fait avec, il faut bien, ça vous suit toute votre vie et un jour on se demande si cette créature en face de vous est bien restée recroquevillée neuf mois dans votre ventre...
ELLE, horrifiée Maman ! Tu dis ces énormités pour la première fois ? LA MERE Oui, je ne sais pas ce qui m’arrive. C’est pourtant bien le fond de ma pensée.
ELLE Moi, si j’avais un enfant avec Maxime, je n’arrêterais pas de m’émerveiller à le regarder grandir…..
LA MERE Arrête ces niaiseries, je te croyais intelligente, évoluée. Tu es comme ces femelles qui ne savent rien faire d’autre que mettre bas.
ELLE Mais tu es horrible ! Je dis ce qu’ont toujours dit les femmes depuis que le monde est monde ! C’est un sentiment qui reste encore vénérable dans notre société de merde !
LA MERE Oui, bon d’accord. Je ne te suivrai pas sur ce terrain. Nous en reparlerons dans trente ans, si tu as réalisé ton rêve
La porte s’ouvre. VOIX DU MEDECIN Madame Aufray et madame Aufray !
Elles sursautent toutes les deix. LA MERE Crois-tu qu’il a tout entendu ? ELLE S’il te demande combien tu as eu d’enfants, c’est peut-être qu’il aura tout entendu. Elles sortent ensemble.
....C’EST AUJOURD’HUI : FISH TANK, d’Andréa Arnold NUIT D’IVRESSE PRINTANIERE de Lou Ye.
Je ne sais rien de rien de ces deux réalisateurs, mais nous lirons la presse. (Les films chinois sont souvent sulfureux. Qui sait ce qui se cache derrière ce titre romantique…) En tout cas, il faut qu’ils soient remarquables pour avoir été choisis parmi les quelque 1600 copies envoyées pour lecture. Dans les années soixante ils en recevaient 700. C’est comme pour l’édition : le nombre de prétendants à la couronne augmente chaque année. Le métier de directeur du Festival devient de plus en plus difficile. Gilles Jacob, Thierry Frémont et leurs acolytes se tapent aujourd’hui le visionnage de six à sept longs métrages par jour. Autant pour ceux qui visionnent les courts… C’est dire si les lauréats doivent avoir du coffre pour chanter plus haut que toute la basse-cour.
Côté affiches, on a l’impression qu’il s’agit d’une rétrospective ! Tarentino, Almodovar, Lars von Tries… Alain Resnais, Gaspard Noe, Michaël Hanneke, Jacques Audiard …. Il semble que les goûts de Gilles Jacob, toujours prêt à innover, aient eu le dessous dans cette sélection qui favorise les talents confirmés.
Hier soir, c’est Charles AZNAVOUR qui a monté le premier les marches du Palais des Festival. Il prêtait sa voix au héros du film d’animation « UP » qui faisait l’ouverture.
…. C’ETAIT HIER :
Alain DELON, Romy SCHNEIDER et Sofia LOREN saisis par l’objectif d’Auguste TRAVERSO en 1962. C’est lui, Auguste, qui créa en 1919 le petit studio de la rue de Bône, à deux pas de la rue Paradis à Cannes. Il travaillait alors sur les « clichés » et ses photos nous révèlent, tout comme celles de LARTIGUE, l’épanouissement de la Côte d’Azur dans les années 20 et 30 . Mais TRAVERSO, lui, s’est spécialisé dans l’aventure du FESTIVAL. Demain, la suite de la saga TRAVERSO…
Bonjour, amis du théâtre et recueillez-vous, un grand homme est mort. ROGER PLANCHON était en train de lire une pièce à une amie quand soudain il s'est senti fatigué, il s'est allongé et son âme s'est envolée. Il laisse une oeuvre immense et le souvenir d'un t alent démultiplié. Il nous reste le FESTIVAL DE CANNES et ses enjeux, artistiques et commerciaux... on hésite à trouver cela primordial. Mais, comme on dit : the show must go on...
La salle d’attente est plongée dans la pénombre, tous stores baissés. On sent que dehors le soleil tape. Sonia est assise en compagnie d’une dame plus âgée, visiblement sa mère. Elles portent des tenues d’été et la mère s’évente avec un journal. SONIA, SA MERE.
LA MERE Il n’y a pas la climatisation chez ton médecin ? ELLE Non maman. Pas pour un mois par an ... LA MERE Deux... parfois trois. Enfin. L’essentiel est que ce docteur trouve la cause de mes insomnies. ELLE Tu sais, il ne fait pas de miracles. Si ça se trouve, tes insomnies ont une tout autre cause que l’allergie. Allergie à quoi ? LA MERE Ben, je sais pas, moi, la plume, la poussière, le noir, le Duphalac... c’est à lui de voir. ELLE Je te préviens, c’est long à trouver. Il n’a pas encore trouvé la mienne... ni celle de Maxime. LA MERE Je croyais qu’il était guéri. ELLE D’une crise d’urticaire causée par les crustacés qu’il avait mangé à Noël. LA MERE Ca me rappelle ce film terrifiant sur le type qui était allergique aux méduses... ELLE Il y laissait sa peau... C’était cette garce de fille jalouse de sa mère... LA MERE A propos... tu t’entends mieux avec le fils de Maxime ? ELLE Oh oui... Il m’a adoptee. Surtout depuis notre dernière rupture. Il a pris mon parti, figure-toi !
LA MERE Il est sûrement amoureux de toi.
ELLE Tu plaisantes ? Je suis une vieille, pour lui !
LA MERE Ils en rêvent, des vieilles. Surtout une vieille comme toi, regarde-toi. Et Maxime, là-dedans ? ELLE Il est un peu jaloux ! (Elle rit). L’autre jour Thomas et moi avons déjeuné ensemble, il paraît qu’il a fait une tête …
LA MERE Tu as déjeûné seule avec Thomas ?
ELLE Oui... La brouille avait assez duré. Il fallait trouver un terrain d’entente. Thomas a été un parfait entremetteur.
LA MERE Quand meme…. Vous vous disputez souvent !
ELLE Oui, mais ça ne veut rien dire ! Je l’aime de plus en plus. Je sens que je m’attache. Et en même temps, je sens en moi une réticence étrange.
LA MERE Une réticence ? ELLE Oui, comme si une force en moi m’éloignait de lui. Et je sens la même réticence chez lui !
LA MERE Et si vous étiez allergiques l’un à l’autre ? ELLE Ben voilà, c’est bien la théorie de ce docteur.
LA MERE Tiens, d’ailleurs, tu ne devais plus revenir le voir ?
ELLE Oui, il m’avait sérieusement gonflée. Mais je crois qu’il a raison. Maxime supporte mal mon intrusion dans sa vie.
LA MERE D’habitude, les hommes ne supportent pas de vivre seuls.
ELLE Lui, oui ! Il s’est arrangé un petit célibat cocon, avec tout le fric qu’il gagne c’est facile, tu sais, de faire repasser ses chemises et livrer un dîner tout prêt. Maxime est un homme libre.
LA MERE, songeuse Toi aussi, tu étais une femme libre... mais aujourd’hui, s’il te quittait... ELLE Je n’étais pas une femme libre, j’étais une femme seule.
LA MERE La différence ?
ELLE La différence, c’est qu’une femme libre ne se sent jamais seule.
(A suivre) _________________________________________________________
Encore un coup d’envoi. Mais ce soir, rien d’extraordinaire après la Cérémonie d’Ouverture que l’on pourra savourer sur Canal +. Il faudra attendre vendredi pour retrouver Jane CAMPION, de retour à Cannes après sa magistrale LECON DE PIANO. Ensuite, cela ira crescendo mais le spectacle, à Cannes, n’est pas seulement au Palais, il est sur la Croisette, sur la plage, sur les plateaux de télé, et plus encore que les films ce sont les potins, les photos et les surprises qui foisonnent. La présidente du jury, Isabelle HUPPERT, a déjà fait son travail en amont. Interviews, photos couture, souvenirs…. C’est une vieille routière, malgré son visage toujours juvénile. Apercevra-t-on la Grande Catherine ? Elle se fait de plus en plus rare, hélas, sa beauté s’évanouit doucement et elle doit souffrir en silence. Nous saurons au jour le jour qui seront les gagnants de cette foire aux TALENTS... et aux vanités.
Il ne l’a peut-être pas fait exprès, mais Gilles JACOB, le presque octogénaire Président du FESTIVAL DE CANNES, a écrit un livre de souvenirs qui sort cette semaine en librairie. Ca s’appelle « LA VIE PASSERA COMME UN REVE ». Très beau titre… Sa vie à lui, a dû passer entre rêve et cauchemar ! Mais son livre doit être une vraie malle aux trésors, pour peu qu’on aime le cinéma.
C’ETAIT HIER…
La galerie de portraits que je vous offre cette semaine est signée TRAVERSO. L’illustre famille de photographes cannois qui ont couvert le Festival de Cannes depuis sa création. Aujourd’hui, Martine CAROL dans son bain de foule, en 1958. C’était pour quel film ? LOLA MONTES ? (si vous le savez, vous pouvez répondre !)
Ce qui est révoltant dans la guerre, c’est qu’elle prive l’homme de son combat individuel. François TRUFFAUT (dans JULES ET JIM)
Ca paraît étonnant que cette citation soit de TRUFFAUT. Elle pourrait être signée TolstoÏ… TRUFFAUT a mené son combat individuel de main de maître : il a fomenté la Nouvelle Vague. Il a peut-être refusé de faire la guerre. A demain, chers cinéphiles. Miss Comédie
Bonjour ! Vous êtes en train de vous demander si l'histoire d'amour des AMOUREUX DE LA SALLE D'ATTENTE n'est pas en train de capoter ? Minute, papillon, MAXIME n'est pas au bout des surprises. Pour JOHNNY, il faudra vous y faire, j'en parlerai encore sûrement, on n'a pas tous les jours un sujet pareil à développer... Mais demain s'ouvre le Festival de CANNES et là aussi, il y aura de quoi écrire...
LA CONFESSION DE MAXIME LUI se lève, contourne son bureau, se plante devant son fils, les bras ballants. Elle t’a dit ça ? THOMAS Oui. LUI Elle bluffe. THOMAS Arrête ton char, tu sais très bien qu’elle dit la vérité. C’est d’ailleurs la seule chose à faire, dans sa situation. LUI Mais elle aurait pu m’en parler ! THOMAS Tu ne voulais plus lui parler, rappelle-toi, rappelle-toi... LUI Ah, ça suffit ! (Il parle en marchant de long en large) Alors cette pauvre idiote a cru que je tenais absolument à guérir ma toux, comme un papy, une toux que je traîne depuis dix ans et qui vient du tabac, c’est notoire ! Je le vois bien, maintenant, qu’elle vient du tabac, ma toux, et je continuais à aller chez ce... conn... ce salaud de médecin pour faire comme elle, pour arpenter encore cette salle d’attente où je l’avais vue pour la première fois. Et j’étais en train de me faire manipuler. Et je continuais à aligner mes chèques pour le seul plaisir de retourner m’asseoir dans cette pièce grise et sale, avec ce demi fou allergique aux microbes et cette allumée du sac à main... (Il retourne vers son fils) Elle a cru que j’étais assez bête pour me faire avoir par un docteur de mes deux ! Elle n’a pas compris que je venais pour elle, parce que je l’aimais comme un fou ! Aachhh….. (Il tousse) Et tu crois que je vais avoir le coeur à aller à Megève faire le clown sur les pistes, tout seul comme un con ? Autrefois j’y allais pour toi, mon fils, mon Thomas, je t’emmenais à l’école de ski, et puis je te faisais faire la descente de Princesse, tout ému de te voir si petit sur tes petits skis, et nous n’en finissions pas de reprendre le tire-fesse l’un derrière l’autre, pour descendre cette petite pente qui te mettait en joie, tu riais au éclats, souviens-toi, quand tu tombais du haut de tes trois pommes sur ton derrière... J’étais heureux, à l’époque, j’avais perdu ma femme mais j’avais un but : c’était toi, te rendre heureux. Maintenant... THOMAS Maintenant je suis toujours là, papa. LUI Les jours sont comptés. Déjà tu t’échappes, Megève pour toi ce n’est plus le ski avec ton vieux père, c’est la planche avec tes copains. C’est normal, j’aurais dû le voir venir.... THOMAS Maintenant tu as Sonia. LUI C’est trop tard. Elle m’a vu comme j’étais : un vieux con. Elle a raison de partir. Je lui aurais rendu la vie impossible. Je l’oublierai. THOMAS Tu ne veux pas faire un petit geste ? LUI Quel geste ? Un vieux con bêlant c’est pire que tout. Faire un geste... pfff. THOMAS Elle n’attend que ça.
Je n’en ai pas fini avec Johnny. Personne n’en a fini avec lui. Les journalistes sont sur les dents. Pour ce concert, ils affûtent leurs opinels. Un exemple d’interview à la limite du supportable, je ne vous cite que les premières questions : « - Qu’avez-vous fait de votre 1e mai, Johnny Hallyday ? - Accordé des interviews. - Vous n’avez pas eu envie de défiler avec les travailleurs en colère ? A sa manière, votre patron Jean-Claude Camus vous exploite depuis des années, non ? - Vous avez peut-être raison. D’ailleurs, je ne l’ai pas vu aujourd’hui. »
Et pan dans le citron, coco. Johnny est peut-être simple d’esprit, mais on ne la lui fait pas. Il est de bon ton quand on est journaliste, donc d’une espèce supérieure, de traiter Johnny Hallyday comme un sous-développé. Et lui, le Grand, l’Immense pourvoyeur de « papiers », de scoops, d’images volées, lui il encaisse calmement, impérialement. Il ne s’en fout pas, non. Sa chanson « MARIE », le plus gros succès de son répertoire, le dit clairement. Mais il ne rend pas les coups. Comment le pourrait-il ? Les médias sont tout-puissants. Pourquoi ce mec qui a attiré dans sa carrière 26 millions de spectateurs (chiffre officiel) accorde-t-il encore des interviews ? Pourquoi ne s’enferme-t-il pas dans sa maison gardée, dans un caisson d’oxygène, ou dans sa caravane blindée, pour n’apparaître qu’à ses fans, et à eux seuls, qui ont pour lui le même respect qu’il a pour eux ? Johnny est un homme simple et bon. Regardez ce visage illuminé de bonheur à l’idée de remonter sur scène. Pas l’ombre d’un orgueil, d’une arrogance ou d’un calcul dans son regard clair. (photo F.Barson Wireimage.com)
...... LES MUSEES AUSSI !
Ce fut un succès l’an dernier, cette année ils remettent ça : 1060 musées en France resteront ouverts samedi prochain jusqu’à minuit et même davantage. L’art n’est plus soporifique ! La fièvre du samedi soir passe aussi par le musée. Les expositions fleurissent à tous les coins de rues et elles attirent un monde fou Celle d’Andy WARHOL a déjà vu défiler 5 500 visiteurs depuis le 4 mars ! Et « UNE IMAGE PEUT EN CACHER UNE AUTRE », toujours au Grand Palais, 3 200 ! Si vous n’en êtes pas, vous avez bien fait d’attendre, car pour l’occasion la musique est de la partie. Au Musée d’Art Moderne, à l’Orangerie et dans d’autres musées encore on se promènera entre les collections en écoutant Debussy, Ravel ou Chausson. (Je ne pense pas que cette initiative soit du goût de mon cher Pascal QUIGNARD… qui lui, préfère peut-être se recueillir en silence devant une œuvre sublime.) Mais ne soyons pas grincheux. C’est une idée merveilleuse, reprise dans chaque ville de province qui ouvrira toutes grandes les portes de ses musées aux flâneurs de la nuit.
Bonjour ! Et de deux (ponts) ! Nous avons encore l'Ascension en perspective et le mois de Mai sera presque expédié sans trop d'effort. J'ai deux stars avec moi aujourd'hui, c'est tellement jubilatoire de parler de JOHNNY et de l'un parce que tout le monde en parle, l'autre parce qu'on n'en parle pas assez. Dans mon théâtre, vous retrouver l'Amoureux transi en train de se confesser à son fils, sans se doutque le petit lui réserve une surprise.
LUI, très tendu Depuis quand tu déjeûnes avec Sonia ? THOMAS C’est elle qui me l’a demandé. LUI Tiens donc. THOMAS (éclatant de rire) Mais ma parole, c’est qu’il est jaloux, le paternel ! LUI Jaloux, moi ? Et de toi ? Mais ça va pas ! THOMAS Oh, je t’en prie, ne me traite pas comme un demeuré. Toujours est-il que j’ai appris des choses bien tristes, si tu veux savoir. LUI Oui, je veux savoir. Quelles choses tristes ? THOMAS Sonia est en dépression nerveuse. LUI Ah bon, voilà autre chose. THOMAS A cause de toi.
LUI De mieux en mieux. THOMAS Pourquoi tu refuses de la voir ? LUI Parce que j’ai besoin de réfléchir. THOMAS A ce que t’a dit ton connard de toubib ? LUI Oui... entre autres choses. Mon connard de toubib, comme tu dis si joliment, m’a amené à me poser des questions. Il est toujours bon de se poser des questions, à mon âge. THOMAS Il l’a amenée, elle aussi, à se poser des questions. Et de questions en questions, on en perd le ciboulot. Parce que tu crois, toi, que Sonia est la “cause” de ton allergie ? LUI Je ne le crois pas, je le refuse. Mais je l’envisage. THOMAS Faut-il te rappeler que d’après ton connard de toubib, Sonia était la “cause” de MON allergie ? LUI Oui, c’est vrai. THOMAS Et où elle en est, mon allergie ? Il y a belle lurette que je suis guéri. Et Sonia est toujours dans les parages. LUI Oui... c’est vrai. THOMAS “Oui, c’est vrai”.... A ça, tu n’avais pas réfléchi, hein ? Et maintenant je vais te faire réfléchir sur quelque chose de bien embêtant. Tu as eu l’air tellement froid et distant au téléphone, chaque fois qu’elle t’appelait, qu’elle est maintenant persuadée que tu appliques le traitement de ton connard de toubib. Et donc, qu’il faut qu’elle dégage. Donc, elle va dégager. LUI Elle va dégager ? THOMAS Oui, c’est décidé, elle déménage le 24 et elle part s’installer en province, elle n’a pas voulu me dire où. Elle se retire de ta vie, pour te laisser guérir en paix ! Voilà, tu es content ?