Bonjour ! Demain, adieu Février, c'est pas trop tôt. Ce soir, bonjour les récompenses, les inconnus ont une chance de devenir connus. Au souper qui va suivre au Fouquet's, il va y avoir quelques larmes, de joie ou de dépit mais l'essentiel est de participer, hein ? Mais vous trouvez peut-être que je parle trop de cinéma et pas assez de théâtre ? Mais si, voici la scène de ma pièce où YANN et CHRIS sont à la croisée des chemins. Ce pauvre CHRIS qui se sent en marge, abandonnera-t-il l'espoir de faire partie du sérail ? A mon avis, il n'est pas assez sûr de lui.
….. je ne sais pas à qui !!!! Je vous explique. Il y a un spot de pub télé que j’adore, c’est celui qui montre un papa demandant à son adorable bambin blond de dire « papa », à quoi le joli bébé répond « maman » invariablement. Le jeu des deux est époustouflant de justesse. La papa est visiblement désespéré, j’adore sa mimique, l’enfant est trop chouette, on voit bien qu’il fait exprès de taquiner son père, jusqu’à ce qu’il lance son biberon par terre juste au moment où la maman arrive pour constater les dégâts, qu’elle demande « Qui a fait ça ? » et que le trésor articule « papa » ! C’est à mourir. Et alors, voilà, j’ai vu ce spot au moins six fois et JE NE SAIS PAS CE QU’IL VEND ! Je n’ai pas retenu le nom de la marque annonceur. Voilà un exemple du piratage d’un message marketing par la créativité de son exécution ! Je vous demande instamment à vous qui me lisez de me laisser un commentaire : QUELLE est la marque qui communique si bien ?
Ce soir a lieu la Cérémonie des Césars 2009. L’occasion de se souvenir de deux grands disparus : Georges CRAVENNE, l’initiateur des Césars et de bien d’autres réjouissances, et Claude BERRI, un producteur comme il n’y en aura plus. Pour JEAN DE FLORETTE, il avait fait pousser des milliers d’œillets rouges dans la campagne provençale et fait taire je ne sais plus par quel moyen, les cigales dont la cacophonie brouillait les prises de son…Qui produira encore des films de cette envergure ? Dans la grande parade de ce soir, les meilleurs films de l’anné vont défiler. Leurs qualités ne sont plus à comparer avec ceux que nous avons tant aimés. Les goûts changent, les techniques aussi, et le monde s’invente de nouveaux critères de jugement. Mes pronostics ? Je n’en fais pas. Il y a des surprises si souvent. (voir SLUMDOG MILLIONNAIRE aux Oscars…) J’aimerais que Sylvie TESTUD soit élue meilleure actrice pour SAGAN. Je pense quand même que Vincent CASSEL peut être élu meilleur acteur. Et aussi je voudrais quelquechose pour l’angélique Guillaume DEPARDIEU, qui souffrait dans l’ombre . Que la lumière soit sur lui, enfin ! Et puis le reste… alea jacta est.
Dans LE BAL DES ACTRICES, ROMANE BOHRINGER Je fais des essais on me dit tu es trop connue, je fais d’autres essais on me dit tu n’es pas assez connue, alors…
Connu, inconnu, l'éternel problème du show business. Ce soir vous avez rendez-vous avec tous les connus de la planète cinéma. Ave César ! Et bon week-end à vous tous ! A lundi pour un mois de Mars tout neuf. Miss Comédie.
Bonjour ! La grande nouvelle du jour, et qui me touche spécialement, c'est l'annonce du mariage prochain de Vanessa PARADIS et de Johnny DEPP ! L'actrice chère à mon coeur pour qui j'avais écrit cette pièce, ROSE AUTOUR DE MINUIT, après onze ans de bonheur avec son beau NAT - pardon, Johnny - va quitter le Paradis terrestre pour une promesse d'éternité ! C'est à la fois merveilleux et un peu triste, comme toutes les choses qui marquent la fin d'un cycle, c'est une page qui se tourne et on ne connait pas la fin de l'histoire. Aujourd'hui, Vanessa - pardon, ROSE - a déjà son rôle dans le film de YANN, il en a trop envie, mais NAT ? Qui va jouer le rôle de NAT ?
… aux directeurs de théâtre qui lisent les pièces que les jeunes auteurs leur envoient. Oui parce que les directeurs de théâtre vous disent « on manque de jeunes auteur, nous cherchons à promouvoir le théâtre contemporain… » tu parles Charles, ils ont la trouille de monter du théâtre contemporain. Si, dans le théâtre public, on leur donne de quoi monter des auteurs inconnus et sans têtes d’afficher. Si la pièce ne marche pas on passe à une autre. Mais dans le privé ? Qui viendra rembourser le cachet des vedettes, le prix des décors, le fonctionnement du théâtre si les fauteuils restent vides ? Alors évidemment dans le privé on préfère la sécurité d’un bon auteur qui a fait ses preuves. Il faut remplir, voyez-vous. Pourtant je vais leur répondre, moi, qu’ils pourraient donner leur chance à un jeune auteur en faisant jouer sa pièce par des acteurs bankables, et le tour serait joué (aussi) ! Mais pour ça, il faudrait qu’ils lisent les pièces qu’on leur envoie. J’ai écrit cinq pièces de théâtre, dont celle que vous lisez aujourd’hui, et j’ai envoyé le manuscrit à quelques directeurs de salle. Un seul m’a répondu, c’est Frédéric Franck du théâtre de la Madeleine. Mon manuscrit lui était recommandé par Micheline Rozan, une amie commune. Les autres ne m’ont même pas accusé réception. Je dis bravo à Frédéric Franck - même s’il n’a pas voulu de ma pièce.
(En fait c’est un souvenir parce que je l’ai beaucoup pratiqué, mais le rite est toujours et plus que jamais en vigueur au théâtre !)
Après une représentation, il faut passer par la case « félicitations dans les loges ». C’est un calvaire aussi bien du côté des loges que du côté des spectateurs. Deux cas de figure : ou bien la pièce a été un succès, et il y a la queue à la porte de chaque comédien pour une surenchère de flatteries exagérées auxquelles l’acteur doit répondre par le même merci avec sourire modeste répété indéfiniment. Ou bien c’est un four, et ceux qui ont eu le courage de monter ne savent plus quoi inventer pour transformer leur déception en éloges. L’acteur, lui, n’est pas dupe et encaisse avec un « merci » sans sourire. Conclusion, ces démonstrations qui sont devenues un passage obligé sous peine de grave lèse-protocole, sont comme les condoléances à un enterrement : un sommet d’ennui pour les deux camps.
Le monde a soif d’amour, tu viendras l’apaiser. Arthur Rimbaud
Oui, Vanessa, c'est ce que t'a dit Johnny pour te convaincre, peut-être, et vous allez devenir les nouveaux archétypes du bonheur ! A demain les tourtereaux, lots of love. Miss Comédie
Bonjour ! Vous saviez qu'il existait un saint Roméo? Et bien c'est aujourd'hui. Il méritait bien sa canonisation, celui-là. Vous voici de nouveau dans ce bar où YANN et CHRIS se retrouvent encore une fois pour confronter leurs idées de scénario. Aujourd'hui, YANN a une idée lumineuse pour le rôle de ROSE et pour l'instant, CHRIS se montre très coopératif. Pour l'instant seulement...
(Scène X de la version originale)- Résumé des épisodes précédents : Dans ce bar tranquille où ils ont choisi de se retrouver une fois par semaine pour travailler à leur prochain scénario, YANN et CHRIS découvrent que l’intrigue de leur film est peut-être là, sur l’estrade des musiciens. Mais leurs deux héros, ROSE la chanteuse et NAT le pianiste, ne se laissent pas si facilement apprivoiser. Tout en essayant de percer leur secret ils s’éloignent peu à peu l’un de l’autre, entraînés chacun par leurs propres rêves.
Le bar de jour. Le barman est déjà là et s’active derrière le bar. YANN et CHRIS sont assis à leur table.
CHRIS Tu voulais me voir ? Ca ne pouvait pas attendre ce soir ?
YANN Non, parce que je pense sans arrêt à notre histoire. J’ai beaucoup aimé ce que tu as écrit depuis l’autre soir. Le film prend forme. L’intrigue se déroule bien. Il m’est venu une idée.
CHRIS Je t’écoute.
YANN La scène où Rose auditionne pour le patron du bar, à La Nouvelle Orléans.
CHRIS Oui ?
YANN Tu pourrais me la réécrire ?
CHRIS Bien sûr, je peux tout réécrire.
YANN Voilà. Je voudrais que tout à coup, elle mette tout sur la table.
CHRIS ...
YANN Oui, je m’explique. Elle, que l’on croyait réservée, presque coincée, juste bonne à taper à la machine et à tâter de l’espionnage pour se faire du fric...
CHRIS Oui ? C’est-à-dire pas vraiment nette, mais le contraire d’une exhibitionniste, c’est ça ?
YANN C’est ça. Et bien lorsqu’il s’agit de décrocher ce contrat de chanteuse dans le bar, on la découvre sous un autre jour.
CHRIS Racoleuse ?
YANN Non ! Pas racoleuse du tout !
CHRIS Alors ?
YANN L’étoffe d’une vraie bête de cabaret !
CHRIS Elle se met à danser ?
YANN Elle s’empare du micro et elle fait un véritable show. Claquettes, tout !
CHRIS le regarde tout en réfléchissant.
YANN Voilà. Vas-y, fonce là-dessus, vieux.
CHRIS, tout en feuilletant le manuscrit C’est ce qui va la mener à la gloire...
…. à une voix angélique qui nous plonge dans le ravissement, celle de Philippe JAROUSSKY. Je suis sûre que vous êtes comme moi, yeux fermés et des frissons partout quand il chante cet aria de Vivaldi que nous ne connaissions pas. Je le découvre comme un Invité claissique ordinaire dans l’émission de Olivier Belamy, et je l’entends parler des choses de la vie d’une voix virile et vibrante, je ne me doute pas de ce qu’il est, et puis on nous dit qu’il va chanter le prochain morceau programmé, et je m’attend à entendre un ténor et puis les premières notes s’élèvent et je suis scotchée dans mon fauteuil. C’est un jeune homme comme vous et moi, plein d’humour et de malice, doté d’une culture musicale incroyable, et qui parle de lui-même comme d’un être binaire, aux deux facettes interchangeables dont l’une est un miracle de la nature qu’il a soigneusement cultivé pour nous rappeler les voix célestes. Il chante avec une facilité et un plaisir qui enchantent l’auditoire, on ne sent pas l’effort, on monte avec lui à des hauteurs vertigineuses, on voit son visage inspiré et son corps de jeune homme en costume noir. Pour moi, c’est une révélation mais si vous allez l’écouter sur YOU TUBE, vous constaterez que depuis le 28 Février 2007 jour des Victoires de la Musique où il a été élu meilleur artiste lyrique de l’année, sa video a été regardée par 599605 fans …
L’assistant est revenu avec un papier à la main. Il me l’a tendu. « Voilà, Bunuel t’a écrit une dictée. Tu n’as même pas besoin de l’apprendre par coeur, tu la liras aux élèves. Sur le papier, griffonné à la hâte, il y avait quelques lignes qui me parurent aussi belles qu’un poème de Rimbaud. « Ce fleuve dont les eaux passent devant nos yeux le long des rives immobiles qui retiennent sa fuite, le verrons-nous revenir ? » J’ai lu ce texte à haute voix devant mes trois partenaires. Pascale Audret a soupiré sans mot dire, Agnès Capri a eu un sourire entendu. Jean Rochefort m’a lancé « C’est de l’extra-dry ». Inutile de dire que lorsqu’il s’est agi de jouer la scène, je n’ai pas mâché mes mots, je les ai distillés comme du nectar. Si vous regardez le DVD vous n’en entendrez que la moitié, hélas. Ils ont une manie, au cinéma, c’est couper au
Et le désir s’accroit quand l’effet se recule RACINE (Polyeucte).
Moi je dirais plutôt "quand l'objet se recule", c'est la carotte, quoi, comme pour YANN qui rêve de ROSE car elle paraît inaccessible. A demain, mes très chers. Miss Comédie.
Bonjour ! C'est Mardi Gras. On va croiser des petites fées et des Zorro tout excités dans les rues, ça surprend quand on est pas très attentif au calendrier. C'est aussi la période des carnavals par exemple celui de Dunkerque qui, je vous l'assure, est hallucinant. J'ai vu des images du maire à son balcon, jetant des harengs à la foule qui se bat pour les attraper et les manger dans une atmosphère fantasmagorique. On se croit dans un film susr le Moyen-Age. Bref. Ce sont les bons vieux rites de notre beau pays. Ici au théâtre, c'est beaucoup plus calme aujourd'hui, CHRIS est sous électrochoc. Il prend conscience de sa détresse sous le regard indifférent des amoureux. Sortez vos mouchoirs.
Il y a un silence. CHRIS se laisse tomber sur une chaise et semble soudain très las. On sent que ROSE a visé juste.
CHRIS, en petits bouts de phrases débités comme à regret Oh... Pourquoi me dites-vous tout cela. Je me suis si souvent demandé... Ne croyez pas que je ne me sois jamais demandé... pourquoi je continuais... à me laisser dépouiller... J’aime écrire, voyez-vous. Mais le pire, sachez-le, n’est pas de voir le succès attribué à un autre, non... Le nom sur l’affiche, c’est pure vanité, vous savez... Non... Le pire... C’est de voir ma feuille raturée, mes mots bafoués, rayés, remplacés par des mots médiocres, mes personnages trahis, compromis... et ensuite, devoir signer de mon nom une oeuvre qui n’est plus la mienne... (Il relève la tête et les regarde, et soudain son attitude change, il devient combatif et se lève) Mais tout cela peut changer. Laissez-moi écrire un scénario en béton, du genre que les producteurs s’arrachent, vous savez pas ça, vous n’êtes pas initiés, vous ne savez pas qu’il existe des scénaristes illustrissimes, mais oui, devant qui les réalisateurs se traînent à genoux pour qu’ils leur écrive une belle histoire, ça existe, ça, vous savez ? Et l’ultime gloire d’un scénariste, c’est qu’on ne parle pas de lui dans les potins mondains ! (Pointant le doigt vers ROSE) Avant de faire étalage de vos idées reçues vous devriez vous renseigner sur les réalités de notre métier, espèce de...
Entre le barman. Il allume les lumières et considère les trois personnages avec curiosité. Mais il ne dit rien et passe derrière le bar. On entend les premières notes de Billie Holliday chantant “My solitude”, en sourdine.
ROSE Bon, écoutez, vos réalités nous on s’en fout. (Elle va vers NAT et lui met les bras autour du cou.) On va se détendre, dans les loges ?
NAT, fondant Tu es fatiguée ?
ROSE Un peu...
Ils sortent enlacés, par le fond, côté estrade. CHRIS se lève et d’un pas lourd va vers le bar.
CHRIS, au barman Ils s’aiment. Donnez-moi un double scotch.
LE BARMAN, sobre Tout de suite, monsieur. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres...
….. à l’Institut LUMIERE à LYON, pour sa vocation de cinémathèque qui nous invite à redécouvrir des chefs-d’œuvre oubliés ou jamais vus, dans une salle immense aux fauteuils confortables, chacun portant sa plaque de cuivre gravée du nom d’une star. Ce soir j’ai vu LES TONTONS FLINGUEURS, de Georges LAUTNER, avec une brochette d’acteurs uniques : Lino VENTURA, Bernard BLIER, Francis BLANCHE, Jean LEFEBVRE, Paul MERCEY et j’en oublie. Tous, absolument fantastiques dans la démonstration de leur pouvoir comique. Ils ne font rien. Ils ne jouent pas, ne grimacent pas, n’en rajoutent pas, ils ne sourient même pas, à peine, mais leur vue provoque le rire le plus fou qui soit. Il y a une scène où ils dégustent un certain scotch hors d’âge, tous les quatre assis autour d’une table de cuisine, et la première gorgée de chacun est un morceau d’anthologie. Les dialogues d’Audiard sont la pincée de sel dans leur bouche : « c’est du brutal. » Ou bien « Laisse tomber cent sacs pour le toubib ». C’est du noir et blanc haut en couleurs, je vous le dis. On sort de là tout guilleret, le sourire bloqué sur les lèvres, mais au fond un peu tristes qu’ils soient tous morts.
LE FANTÔME DE LA LIBERTE (suite) Il m’a prise par le bras et m’a dit « On va àux costumes » et nous avons suivi un couloir qui menait à une immense salle parcourue par des rangée de cintres chargés de costumes. Il y avait des panneaux (historique - années folles - musicals. Certains costumes portaient une étiquette avec un nom d’acteur et le titre du film. On m’a choisi une veste en tricot marquée « Bulle Ogier » et on m’a dit de garder ma jupe, elle était très bien mais il fallait une veste beige. Incidemment, en allant ensuite au maquillage, j’ai demandé à l’assistant : « Qu’est-ce que je dois jouer ? Il m’a regardée : - Tu ne sais pas ? La maîtresse d’école. Tu es dans la classe et tu lis une dictée à des petites filles. - Ah. Je réfléchis. - Et la dictée ? - Quoi la dictée ? - Et ben, où elle est ? L’assistat s’est arrêté net de marcher. - Oui, bonne question. Je vais voir don Luis. La suite est un grand millésime... vous la lirez demain.
Bonjour ! Huit Oscars pour SLUMDOG MILLIONNAIRE, dont celui du meilleur film ! Comme quoi l'industrie cinématographique a ses mystères, toujours insondables. Un film qui a failli ne pas être distribué ! Sans gros budget, sans vedettes, juste une histoire genre conte de fée dans un décor où la misère fait claquer des dents... Les foules ont toujours adoré les extrêmes, il faut rêver mais en même temps avoir peur, et puis le succès d'un film tient aussi à quelque petit souffle d'air venu d'on ne sait où et qui fait exploser les statistiques... Et bien, ça rassure, ce genre de surprise, on se dit que peut-être tout n'est pas arrangé d'avance, hein ? Mais revenons au théâtre : dans cette scène de ROSE AUTOUR DE MINUIT, le scénariste est mis en position de grande faiblesse face au couple d'amoureux qu'il a surpris dans leurs épanchements...
CHRIS Vous m’avez bien eu. Cette deuxième version est meilleure que la première. Quelle belle histoire ! Je me demande si j’aurais pu l’inventer.
NAT se précipite vers lui et le saisit par le col.
NAT Salaud ! Casse-toi. Sors d’ici ou je te bute. Bon dieu, j’ai envie de te tuer.
ROSE, s’interposant Laisse-le. On va s’expliquer.
NAT, hors de lui Il n’a rien à expliquer. C’est une ordure. Un bouffeur de vie privée, un paparazzi, un débile du cerveau, incapable d’écrire une histoire à lui, un prédateur, un monstre !
CHRIS Je vous ai déjà dit que vous n’avez rien à voir avec notre film. Rien...
NAT, id Essaie un peu de parler de nous dans ton film. Les dommages et intérêts, tu vas savoir ce que c’est ! Et mon poing sur la gueule en supplément ! Ah tu croyais pouvoir te servir de nous, comme ça....
ROSE Arrête, c’est un pauvre pigeon comme nous.
La phrase tombe comme une pierre et les deux hommes se figent, attendant la suite.
ROSE, calmement Mais oui, c’est un scénariste. (voyant qu’ils ne réagissaient pas) Un scé-na-riste ! La profession pigeon par excellence !
CHRIS Bon. Alors là, je ne vous permets pas. Je vous ai agressée, moi ?
ROSE Je ne vous agresse pas, je vous plains. Je suis sincère. A quoi servira votre histoire, si vous arrivez à l’écrire ?
CHRIS A faire le sujet d’un film.
ROSE, éclate de rire Ah oui ? Le sujet du film, c’est le metteur en scène qui le trouve et qui le filme. Accessoirement, il vous appelle pour la syntaxe. Et au final, qui est-ce qui gagne le gros lot ? Le metteur en scène. Qui est-ce qu’on voit dans les journaux, sur les affiches, dans les critiques ? Le réalisateur. (Mutine :) C’est le même. (A Nat) Tu peux me citer un nom de scénariste ?
NAT .... ROSE Vous voyez... Rien. Vous n’êtes rien. Vous êtes un larbin. Nous, encore, nous sommes des êtres de fiction, il nous suffit d’exister, nous n’avons rien à faire d’autre. C’est noble. Vous, vous êtes une ombre laborieuse, rien de plus. (à suivre)
…..aux acteurs qui dansent dans les films ! Vendredi je vous parlais de Patrick CHESNAY et Pierre ARDITI dansant un rock endiablé dans le film « LE CODE A CHANGE » de Danielle THOMPSON. Ca me rappelle d’autres morceaux de bravoure, des scènes dansées par des acteurs en plein délire, comma ça, sur une impulsion subite semble-t-il, mais d’une façon inoubliable. C’est Jean Rochefort dansant sur une musique berbère dans LE MARI DE LA COIFFEUSE, de Patrice LECONTE. Epoustouflant ! C’est Nathalie BAYE se lançant avec la frénésie du désespoir dans une improvisation échevelée, magnifique, dans le film de Noémie LVOVSKY « LES SENTIMENTS ». C’est Fabrice LUCHINI complètement décomplexé par l’amour, nous faisant un numéro à la Fred Astaire de plus de trois minutes inouïes, dans « CONFIDENCES TROP INTIMES » de Patrice LECONTE. Il y a aussi Emmanuelle SEIGNER, (tiens, elle est aussi dans LE CODE A CHANGE, elle est épatante) qui fait une danse des sept voiles dans LUNE DE FIEL de Roman POLANSKI. Je suis sûre qu’il y en a d’autres. Mais ceux-là on est pas près de les oublier.
Dans le film de Bunuel LE FANTÔME DE LA LIBERTE, je l’ai dit, j’étais dans le sketch de La Petite Fille disparue. On ne m’avait pas donné de brochure, je n’avais donc rien à dire. logiquement, mais dans ce film on ne disait rien à personne, aucune indication de jeu, rien. Bunuel surveillait les prises depuis son fauteuil roulant devant un videoscope et c’est l’assistant qui réglait les places. Tout était une question de place. Il y avait des marques à la craie sur le sol pour chaque comédien, départ - fin- stop. Il faut pas croire, tourner avec Bunuel n’avait rien de glorifiant. Même des acteur connus comme Rochefort ou Pascale Audret étaient traités comme des figurants. Il ne savait pas nos noms. Il ne devait connaître aucun nom de comédien à part peut-être celui de Jeanne Moreau qui ne tournait pas dans ce film. Il parlait aux stars, seulement aux stars. Les autres avaient à faire avec l’assistant.
Nous ne savions pas exactement ce qui se passait dans cette scène. Rochefort devait avoir une idée, il avait un script avec ses répliques marquées en rouge. Mais moi j’avais rien, je ne savais pas ce que j’allais jouer - et visiblement, Pascale Audret et Agnès Capri non plus. On attendait l’assistant. A un moment il est apparu et nous a considérés l’un après l’autre. « Vous, monsieur Rochefort, vous tournez avec votre costume, n’est-ce pas ? - C’est ce qu’on m’a dit. Costume sombre. - OK. Vous deux, (Pascale Audret et Agnès Capri) ça va… Mais vous, (moi) vous devez être neutre. Il faut du beige, là. La jupe ça va, mais la veste non. J’avais mis une veste rouge. J’ai eu la trouille qu’il me vire mais non. Je vous raconte demain la suite de l’histoire parce que ça fait long.
Dans l'ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON : Benjamin M’aimeras-tu encore quand tu devras changer mes couches ? Daisy Tu sais, nous porterons tous à nouveau des couches !
En attendant ce jour funeste, je vous dis à demain, et ne vous inquiétez pas si je vous parle beaucoup de cinéma en ce moment, je reviendrai bientôt au théâtre, c'est ma vie ! Miss Comédie
Bonjour les amoureux ! C'est aujourd'hui qu'enfin ils vont se déclarer. ROSE et NAT arrêtent leur petit jeu de faux-fuyants et se tombent dans les bras. Vous croyez que c'est une fin heureuse ? Ah s'il n'y avait pas ces faiseurs d'histoires qui veulent à tout prix en faire des héros de cinéma... Leur amour est en danger, vous verrez.
Bon, à part ça, l'anti-cyclone est toujours au-dessus de nous et ça donne des envies de printemps...
ROSE La vie, oui, d’un mari et d’une femme - ou même d’un couple comme ça, vivant ensemble continuellement… (elle a une expression de dégoût) jour et nuit, nuit et jour.... Où est la magie ?
NAT, soudain intéressé La magie ? ...
ROSE va se placer derrière lui et pose ses mains sur ses épaules.
A ce moment, entre CHRIS qui, apercevant les deux personnages, reste en retrait dans un coin d’ombre et assiste à la suite du dialogue sans qu’ils le voient.
ROSE, d’une voix assourdie par l’émotion, soudain transformée, humaine Je partage avec toi ce que j’ai de meilleur.
NAT Avec moi !....Mais tu ne me connais pas. Que suis-je pour toi...
ROSE Tu es celui qui rend tout possible.
NAT De loin ?
ROSE Il faut être loin, pour avoir envie de se rapprocher.
(Ils restent un moment silencieux, immobiles.)
Depuis que le patron de ce bar m’a engagée pour être ta partenaire, je vis pour ces quelques heures que nous passons ici, toi et moi, dans la musique.
I ROSE s’éloigne doucement de lui et se tient droite, les yeux fermés, lui tournant le dos.
ROSE C’est une déclaration. Mais autre chose que la tienne.
NAT se lève, va vers elle et l’oblige à le regarder en face. Ils se contemplent pendant quelques secondes. Puis il l’enlace et la serre contre lui. Il faut qu’on sente que c’est la première fois.
Le couple reste ainsi sans bouger et les répliques suivantes sont dites sans se regarder, par-dessus l’épaule de l’autre.
NAT Moi, mon bonheur serait de tout partager, toi quelques heures te suffisent.
ROSE Autour de minuit, le temps s’arrête. Ce sont les plus belles heures. Je t’épargne le pire, pour te donner le meilleur.
NAT Il faut que je réfléchisse à ma chance. Tu me donnes quelques jours ?
Elle rit et s’écarte de lui.
C’est à ce moment qu’ils découvrent CHRIS, qui est sorti de l’ombre et s’est avancé vers eux. Ils restent figés (A suivre)
..... au duo ARDITI-CHESNAY dans le film de DANIELE THOMPSON "LE CODE A CHANGE". Ca va de l'émotion la plus troublante, comme s'ils étaient en pleine improvisation, soudés par la constatation d'un parcours achevé, d'une vieillesse ennemie, tout en écoutant l'un de leurs tubes de jeunesse, reflet absolu de la nostalgie universelle : LES PLATTERS. Et ça tourne à la scène d'anthologie quand ils se lancent dans un rock effréné à deux toujours sur une musique des années 60, interrompu par l'arrivée de la fille de l'un qui est aussi la fiancée de l'autre... Ils forment dans ce film un duo un peu à part, un peu absent, comme soustrait à l'ambiance survoltée qui règne dans ce diner puisqu'ils ont atteint un âge où l'idéal ne représente plus grand-chose.
Il y a quelque chose dans une pièce de théâtre qui compte autant que le décor, la lumière et le jeu des acteurs : ce sont les saluts. Oui, les saluts ! Tous les metteurs en scène n’en font pas un morceau de bravoure, comme l’a fait Jean-Louis Thamin pour Les Fourberies de Scapin on répétait les saluts comme on répétait les scènes, au millimètre. Ca donnait un final chorégraphié sur une musique sicilienne, ce devait être superbe à voir, nous formions un défilé dansant qui faisait halte devant le public puis repartait en coulisses pour revenir faire encore quelques figures et dans mon souvenir il n’y avait pas de distinction de rôles, chacun à son tour se détachait du groupe et venait saluer seul, très rapidement, avant de reprendre sa place dans la ronde. C’était étudié pour durer le temps des applaudissements, les figures se reproduisaient à l’infini. Ce perfectionnisme m’a marquée. Depuis, chaque fois que j’assiste à une pièce de théâtre, j’attends les saluts avec impatience. Est-ce qu’ils signeront une œuvre parfaite ? c’est souvent non, hélas. Les comédiens arrivent en trombe du fond du plateau, ils se mettent en ligne en se donnant la main, ils respectent la préséance des rôles principaux à qui ils laissent les places du centre, et ils se cassent en deux en cadence, ils repartent en courant vers les coulisses, et ils ressortent dans un ordre différent, en riant et se poussant, c’est un beau désordre.. Les saluts les plus chiadés font revenir les comédiens deux par deux en commençant par les moins importants, pour laisser le triomphe aux deux derniers qui plongent en révérence avec plus ou moins de grâce mais toujours une vraie allégresse, même s’ils ont été médiocrement applaudis. Ouf, la pièce est finie.
Bonjour ! Le soleil est au rendez-vous pour illuminer la scène d'amour entre ROSE la chanteuse et NAT le pianiste, son pianiste... Il trouve enfin le courage de lui dire, d'une façon détournée mais si éloquente, qu'il voudrait bien que la nuit ne s'arrête jamais...
ROSE Lui ne te demandait rien, que je sache ! Leur histoire, ils peuvent l’écrire sans qu’on leur dise un mot ! Qu’est-ce que tu es allé t’impliquer là-dedans ? Et m’impliquer par la même occasion ?
NAT, sans la regarder J’aime l’idée que nous soyons impliqués, toi et moi, dans quelque chose.
ROSE, esquissant un sourire Ah oui ?
NAT Oui.
ROSE Je me demande pourquoi.
NAT, très ému et la gorge serrée Pourquoi... ? (Il respire un grand coup) Je bénis ces mecs. Je les adore. Pourquoi ? Parceque tout d’un coup, j’y vois clair. ils me montrent le chemin.
ROSE, la voix tremblante Quel chemin ?
NAT Ils me donnent les moyens de briser le mur.
ROSE Quel mur ? Parle, parle...
NAT, enflammé Ce mur qui nous sépare, toi et moi. quand le jour arrive et que tu as fini de chanter sur mes notes de musique, et que tu t’en vas. Et que je me mets à attendre, attendre, seul, perdu, attendre le soir qui te ramènera.
ROSE, sans le regarder, dans un souffle Tu es perdu ?
NAT, sur sa lancée, enchaîne Ils écrivent une histoire sur nous... Tu te rends compte ? L’aubaine ? Je leur dis ce que je veux : tu es ma femme... ma femme... (Il se tourne vers elle) Oh, Rose, c’est très difficile. Tu m’as poussé à bout, je n’aurais pas dû te dire...
ROSE l'a écouté sans manifester d’émotion. Elle se lève et face à la scène : ROSE C’est une déclaration ?
NAT, implorant Pourquoi sommes-nous si proches dans ce bar, le soir, et pourquoi devenons-nous deux étrangers lorsque le jour se lève ?
ROSE Tu ne réfléchis à rien. Tu ne connais donc pas la vie ?
Moi qui étais faite pour la comédie, j’ai quand même joué CINNA au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, mis en scène par Pierre Vielhescase. Bon, c’était encore le rôle d’une confidente, les confidentes sont dans les tragédies ce que les soubrettes sont dans les comédies. Je m’appelais Fulvie et j’essayais de faire entendre raison à cette exaltée d’ Emilie qui voulait à tout prix que CINNA tue AUGUSTE. J’avais un texte d’une gravité profonde, presque abyssale, et je me demande encore par quel miracle le public n’a pas explosé de rire à chacune de mes interventions. Par exemple, je devais dire à Emilie, avec une mine de circonstance : « …. Mais encore une fois, souffrez que je vous die « Qu’une si juste ardeur devrait être attiédie ; « Auguste chaque jour, à force de bienfaits, « Semble assez réparer les maux qu’il vous a faits ; « Sa faveur envers vous paraît si déclarée « Que vous êtes chez lui la plus considérée « Et que des courtisans parfois les plus heureux « Vous pressent à genoux de lui parler pour eux." C’est un rôle pour une confidente sexagénaire! !Heureusement le rôle de Fulvie se borne à une scène parlée, le reste du temps elle se contente de suivre Emilie sans mot dire. Si j’avais eu une scène avec Cinna ou Maxime, qui étaient joués respectivement par Gérard Ortega et Alexandre Arcady, deux parfaits déconneurs, ça aurait tourné au fou rire chaque soir. C’est drôle, je ne me souviens pas des autres : qui jouait Emilie ? Mystère. Auguste ? Mystère. Si : Jacqueline Jefford jouait l’impératrice Livie. Avec elle comme avec le duo Ortega-Arcady, j’ai passé des moments fugaces mais assez loufoques, hors théâtre.
Bonjour ! Ste Bernadette, faites quelque chose pour les Antilles ! Je sais, je suis hors sujet mais ça me fend le coeur. Ensuite, j'aime pas Février. Je n'ai pas trouvé de photos pour égayer la page d'aujourd'hui. Mon bloc-notes est toujours bloqué sur mon bouquin. Je constate un manque notoire de commentaires sur mon blog. Et dans la scène 39 de ROSE AUTOUR DE MINUIT, ROSE a pris un look rock star et NAT perd le contrôle. Ca va nous mener où, tout ça ?
Le bar de jour. NAT est seul, assis à une table, l’air abattu. Il est vêtu pour la première fois d’un smoking blanc. Il regarde sa montre comme s’il attendait quelqu’un. Entre ROSE. Elle est méconnaissable, vêtue d’un jean délavé, de baskets aux lacets défaits, d’un petit pull trop court sur lequel elle a jeté un blouson de garçon. Ses cheveux sont défaits. Elle se dirige droit vers la table du pianiste, écarte un fauteuil et s’assied en face de lui.
ROSE Il arrive à quelle heure ?
NAT Qui, le barman ? Oh... vers huit heures.
ROSE Nous avons un peu de temps devant nous.
NAT, très guindé, évitant de la regarder Mais qu’est-ce qui se passe ? Je ne te vois jamais dans les parages à cette heure-ci... Tu t’es engueulée avec ton mec ?
ROSE Non... (réagissant soudain et sur un ton anodin comme entre parenthèses) Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai un mec... J’avais des choses à voir avec toi.
NAT, tics nerveux Ca a à voir avec le boulot ?
ROSE Non, pas vraiment. Ca a à voir avec les deux mecs qui traînent dans ce bar, soi-disant pour écrire un scénario de film.
NAT Àh ! Oh, tu sais, moi... Je n’en sais pas plus que toi.
ROSE Avec ce que tu sais et avec ce que moi je sais, on va peut-être en savoir plus.
NAT Quel intérêt ?
ROSE, penchée vers lui et le scrutant Pourquoi tu fais croire à ce type que je suis ta femme ? NAT, secoué de tics .... ROSE Explique.
NAT C’est pour le mener en bateau.
ROSE Arrête ! Qu’est-ce que ça peut lui faire à lui, que je sois ou non ta femme ?
NAT, bredouillant C’est pour... brouiller les pistes...
ROSE Quelles pistes ?
NAT Parce qu’ils n’ont pas besoin de savoir la vérité !
…… du bout des lèvres au film de Maiween qui nous montre le vrai ( ?) visage de quelques actrices un peu connues. Quel intérêt de savoir que ces filles qui peuvent être géniales dès qu’on leur donne un rôle, sont dans la « vraie vie » des chochottes capricieuses, jalouses et aigries dont l’ego est aussi gros que le Ritz (elles en ont plein la bouche de leur ego) ? Les quelques minutes de vérité qui révèlent de vraies natures, ne sauvent pas le film de l’autodérision stérile. Il y a Charlotte Rampling, bien sûr, toujours impeccable mais pas très émouvante, il y a Romane Bohringer, oui d’accord, il y a surtout Muriel Robin qui a la vocation d’une tragédienne n’en déplaise à cet Auguste Jacques Weber (Auguste, c’est l’un des deux clowns, celui qui n’est pas blanc). C’est ordurier comme langage, mais ça c’est la mode. Ces jeunes filles ont l’injure au bord des lèvres entre deux castings. Un docu réservé aux professionnels qui se régalent de ce strip tease entre amis. Moi j’ai pas aimé mais vous pouvez me donner des arguments pour me faire revoir ma copie. _____________________________________________
Moi qui étais faite pour la comédie, j’ai quand même joué CINNA au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, mis en scène par Pierre Vielhescase. Bon, c’était encore le rôle d’une confidente, les confidentes sont dans les tragédies ce que les soubrettes sont dans les comédies. Je m’appelais Fulvie et j’essayais de faire entendre raison à cette exaltée d’ Emilie qui voulait à tout prix que CINNA tue AUGUSTE. J’avais un texte d’une gravité profonde, presque abyssale, et je me demande encore par quel miracle le public n’a pas explosé de rire à chacune de mes interventions. Par exemple, je devais dire à Emilie, avec une mine de circonstance : « …. Mais encore une fois, souffrez que je vous die « Qu’une si juste ardeur devrait être attiédie ; « Auguste chaque jour, à force de bienfaits, « Semble assez réparer les maux qu’il vous a faits ; « Sa faveur envers vous paraît si déclarée « Que vous êtes chez lui la plus considérée « Et que des courtisans parfois les plus heureux « Vous pressent à genoux de lui parler pour eux."
C’est un rôle pour une confidente sexagénaire ! Heureusement le rôle de Fulvie se borne à unescène parlée, le reste du temps elle se contente de suivre Emilie sans mot dire. Si j’avais eu une scène avec Cinna ou Maxime, qui étaient joués respectivement par Gérard Ortega et Alexandre Arcady, deux parfaits déconneurs, ça aurait tourné au fou rire chaque soir. C’est drôle, je ne me souviens pas des autres : qui jouait Emilie ? Mystère. Auguste ? Mystère. Si : Jacqueline Jefford jouait l’impératrice Livie. Avec elle comme avec le duo Ortega-Arcady, j’ai passé des moments fugaces mais assez loufoques, hors théâtre.
Bonjour ! Les évadés ont été arrêtés. Tant mieux, ils auraient pris froid dehors, avec cette température. Toujours la glaciation, c'est bon pour les stations de sport d'hiver qui sont pleines à craquer, c'est pas bon pour les rapports entre CHRIS et NAT qui manquent de plus en plus de chaleur. La musique de Bach ne tempère plus le caractère emporté de ce beau ténébreux de NAT...
NAT ne répond plus et se lance dans le fameux prélude N°1 du Clavier bien Tempéré. A la fin du morceau, il referme le couvercle du piano, se lève et traverse la scène sans un mot au scénariste. Il va lentement vers le bar et fait signe au barman.
NAT Tiens, donne-moi un scotch. Ca va m’aider à chasser les idées noires.
Le barman lui sert un scotch. NAT saisit le verre, boit le scotch d’un trait, puis soudain lance le verre en direction de CHRIS, qui l’évite de justesse. Le verre va se briser au pied du piano. CHRIS se lève affolé.
CHRIS Vous êtes fou ?
NAT, en ricanant J’essayais de chasser une idée noire. Mais ça n’a pas marché. (Changeant de ton, brusquement sérieux) Oui, je suis fou. Vous ne saviez pas ? C’est pour ça que ma femme me fuit. Parce qu’elle me rend encore plus fou. Vous, elle ne vous rend pas fou ? (voyant que le scénariste ne répond pas) Non ? C’est pas comme votre copain.... Lui, on dirait qu’elle le rend vraiment cinglé. J’exagère ? (prenant le barman à témoin) Dis-lui : est-ce que j’exagère ?
CHRIS, au barman Il est alcoolique ?
LE BARMAN, l’ignorant et s’adressant à NAT Tu vas me ramasser ça. (Il lui tend une balayette et une pelle)
NAT, s’exécute D’accord. Et moi, quand je serai en miettes... qui viendra ramasser les morceaux ? Qui ? Qui ?
(Il se met à quatre pattes et tout en balayant les débris de verre, il répète avec la voix qui se brise ) Qui viendra ramasser les morceaux ? Personne... Personne... (le dernier mot est inaudible tandis que le noir se fait.)
….. à Philippe Bouvard qui répond à une question dans le Figaro Magazine : - Quelle mode vous horripile en ce moment ? - Celle qui évoque en claquant des dents le réchauffement de la planète.
Je me souviens d’avoir passé la main dans les cheveux de Jean-Pierre Aumont. C’était pour un téléfilm qui s’appelait JOYEUX CHAGRINS, tiré d ’une comédie de Noël Coward. Il n’a pas apprécié du tout. Il jouait mon vieux mari et le metteur en scène voulait que j’aie l’air amoureuse. Evidemment, ses cheveux étaient clairsemés, et il les avait coiffés soigneusement de part et d’autre d’une raie sur le côté. Il s’est levé du fauteuil où il était assis et m’a regardée, l’air furieux. « Ne me touchez pas ! il a dit à mi-voix, comme s’il voulait que la scène passe inaperçue du reste de l’équipe. Le metteur en scène s’est approché de lui. « C’est juste un jeu de scène… « Oui, et bien trouvez autre chose. Je ne veux pas qu’on touche à mes cheveux. Pourtant, c’était bien les siens, j’aurais compris s’il s’était agi d’une moumoutte, mais là, il y en avait très peu, d’accord, mais… J’ai perçu quelques rires étouffés. « On reprend ! dit le metteur en scène. Le grand, l’immense acteur qu’était Jean-Pierre AUMONT se rassit dans son fauteuil, l’air misérable. Ses pommettes étaient rouges. Je mis ma main sur son épaule. Il tressaillit, mais enchaîna sur son texte. On répéta la scène jusqu’au bout et la première prise fut la bonne. A peine entendit-il le mot « coupez ! » qu’il se leva comme un ressort et fila dans sa loge. Je fus pleine de compassion pour lui, qui subissais son déclin sans résignation, avec la sale révolte qui amplifie le mal.
Bientôt les Césars ! voici encore une très belle de Rochefort : - Quel est votre dernier coup de cafard ? - Mon César d’honneur. Bon, à demain mes jeunes agneaux, portez-vous bien. Miss Comédie. PS Vous êtes un peu paresseux pour les commentaires... Allez, réagissez, quoi !
Bonjour ! C'est lundi. Exit St-Valentin, on va pouvoir s'aimer en silence. Pendant mon absence j'ai vu une très belle pièce de théâtre et je vous en parle brièvement mais il vaudrait mieux que vous y alliez, c'est à la Comédie des Champs-Elysées à Paris. Ma pièce à moi, ROSE AUTOUR DE MINUIT, continue à mêler le vrai au faux - un peu comme dans Pinter - et à nous faire douter de la bonne foi de ses personnages. En scène, CHRIS le scénariste et NAT le pianiste. Ils ne sont pas vraiment copains.
(Entre le scénariste et le pianiste, ça devient inquiétant.)
CHRIS Àrrêtez de me parler de vous et de votre femme.
NAT Ca ne vous intéresse plus ?
CHRIS Ca ne m’a intéressé que par politesse. Je vous ai écouté par politesse. Mais aujourd’hui, j’ai besoin de travailler. Je n’ai pas envie de parler.
NAT OK, OK... (il murmure comme pour lui-même) Par politesse... Il est en train de me rouler dans la farine, le mec... Qu’est-ce que je lui ai fait ? Pourquoi il me raconte un bobard ?
CHRIS, qui a entendu Ca n’est pas un bobard, excusez-moi, mais votre vie ne m’intéresse pas. Pourquoi m’intéresserait-elle ?
NAT Parce que vous allez en faire un film.
CHRIS, agacé Non, non, et non ! Arrêtez de vous faire des idées ! Arrêtez de croire ce que vous a dit ce tordu de barman !.... Nous écrivons une histoire de pianiste et de chanteuse, mais ça n’est pas VOTRE histoire !... Compris ?
NAT, agité de tics Du calme. Ne vous énervez pas. Il pourrait y avoir des similitudes.
CHRIS S’il y en a, ce sera PURE COINCIDENCE. C’est une mention légale. Vous connaissez ? “Toute ressemblance avec... etc etc... serait pure coïncidence”. Voilà.
NAT C’est pour ne pas avoir à nous payer ?
CHRIS, figé Non mais, alors là, j’aurai tout entendu !
NAT Oui, comme ça, on prend des idées, on écrit un film, et puis on engage un autre pianiste, et une autre chanteuse, soi-disant que ce ne sont pas le même pianiste, ni la même chanteuse, n’empêche que nous, on se reconnaît, et au final... (il fait un signe des doigts) le pacson pour l’équipe, et nous autres le vrai pianiste et la vraie chanteuse… du vent ! (menaçant) Hein ?
……à MICHEL FAGADAU et à sa vision de l’ANNIVERSAIRE de Pinter. Les Français ont du mal avec Pinter. Ils ne savent pas très bien dans quelle catégorie le classer. Ils croient que c’est un auteur comique. Dès les premières répliques, j’entendais les rires fuser alors que c’était pas drôle du tout, comme pour montrer qu’ils avaient compris, eux, que c’était comique. Par la suite ils se sont calmés et ont admis qu’il devait y avoir dans ce texte quelque chose de menaçant. « Le théâtre de la menace », disait Pinter lui-même. J’ai tout de suite adhéré au choix des acteurs. Je ne vais pas en rajouter une louche sur Lorant Deutsch, qui est magnifique comme toujours, pour ne pas minimiser le talent des autres, Nicolas Vaude en particulier, ils sont parfaits. Mais quand même, Lorant Deutsch, dans le rôle de Stanley ! Qui es-tu, Stanley ? Je te croyais un sale gosse vainement rebelle, un peu perdu dans tes souvenirs mais… caches-tu quelques ombres louches dans ton passé ? Ou bien es-tu seulement une victime ? Un pantin dans les mains de deux malfrats ? Rien n’est sûr, rien n’est dit, rien n’est clair et l’on s’enfonce dans la méprise de cette soirée d’anniversaire dingue. Bravo pour cette mise en scène si alerte, à ces miroirs qui créent la confusion et accentuent le trouble, à ces petites notes de musique ironiques et grinçantes qui font monter la tension. La pièce nous montre des apparences qui sont peut-être la réalité, avec des mots simples et drôles parfois, des mots qui ne veulent rien dire. L’important c’est le ton. Ce ton dénué de toute fioriture caractérielle, et qui flirte avec l’absurde. C’est le ton Pinter. C’est une musique un peu sophrologique pour le spectateur et qui l’entraîne vers le mystère. Voilà. (La photo qui montre Michel Fagadau donnant des indications à Lorant Deutsch est de Pascal Victor).
Dans Le Fantôme de la Liberté de Bunuel, Jean Rochefort et moi faisions partie de la même histoire, celle de La petite fille disparue, avec Pascale Audret et Agnès Capri. Comme toujours, une fois maquillés, habillés, prêts à tourner, on attendait. Nous étions tous les quatre, là, assis dans une loge étroite, et personne ne venait. Moi, je ne savais même pas ce que jallais devoir faire. Je n’avais pas de brochure. Rochefort et Pascale Audret, si. Agnès Capri avait sorti son tricot et tricotait sans rien dire, un sourire énigmatique aux lèvres. Ca durait, ça durait. Rochefort commençait à s’agiter. Il ouvrait la porte de la loge, regardait à l’extérieur, revenait « personne, personne », murmurait-il. A un moment il a éclaté « C’est insupportable à la fin ! Moi je vais quitter cet endroit, je vais partir ! Non ? (il nous regarda l’une après l’autre, cherchant un encouragement, mais nous ne disions mot, un peu inquiètes) On nous traite comme du bétail, ici ! Moi je suis mieux à la ferme, avec mes chevaux, je n’ai pas besoin de me faire traiter par-dessus la jambe par des … tout ça pour deux lignes de texte ! » Je traduis approximativement son monologue, ce ne sont pas exactement ses mots, c’est loin tout ça mais enfin, il était de plus en plus remonté et c’est à ce moment-là que l’assistant est arrivé pour nous appeler sur le plateau. Tout-à-coup, Rochefort s’est calmé. Il a fait un sourire charmeur à l’assistant qui l’avait appelé « monsieur Rochefort » et nous a précédées impérial, comme attiré par la lumière et par la caméra.
- Qu’est-ce qui vous séduit chez Pinter ? - L’évidence. Prenons par exemple, « La Collection ». Il est écrit : « Harry descend l’escalier, trébuche sur la tringle de l’escalier et dit : « J’ai trébuché sur la tringle de l’escalier. Merveilleux ! (Jean Rochefort)
Ce théâtre lui va comme un gant. Mais il faudrait qu'il s'arrête de vieillir, Jean Rochefort. Et demain sera un autre jour pour nous tous. A demain... Miss Comédie