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HYMNE A L'AMOUR

Publié le par Miss Comédie

HYMNE A L'AMOUR

HYMNE À L’AMOUR.

Je sais , je sais, quatre mois ont passé…
Mais je ne peux effacer de ma mémoire le coup d’envoi magistral qui a débuté la cérémonie d’ouverture des J.O. 2024 .
Qui a eu cette idée de génie ? Neutraliser la foule indisciplinée en lui balançant le morceau qui tue .
Accrochée à la Tour Eiffel la voix de Céline Dion hurlait  l’amour comme personne n’oserait le faire sous un balcon…
Les paroles, même une femme sous l’emprise d’une folle passion, n’oserait les lancer à la figure de son amant.
Pourtant, la foule a sorti les mouchoirs.
Les gens se sont regardés, bouleversés. Mon dieu, je n’ai jamais aimé à ce point-là !
Bien sûr, l’amour tel qu’elle le chante a disparu de notre planète perturbée peut être par la guerre des sexes . Une caresse anodine devient un délit .
On drague . On harcèle . On viole . On divorce. On fait un don à l’Armée du Salut. On est solidaire mais en vérité solitaire . On se rassemble pour combattre . On s’engage pour une cause, même si elle divise.
L’amour n’a plus le temps de s’éterniser. Il faut faire vite avant de s’endormir épuisé. Mais pourquoi la voix et la chanson de Céline Dion nous donne-t-elle envie de pleurer ?
C’est que l’amour a disparu je vous dis.
Comme dans la complainte de Rutebeuf , poète moyenâgeux :

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenu
Et tant aimé  
Ils ont été trop clairsemés
Je sais le vent les a ôtés,
 l’amour est morte

S’il n’a pas ressuscité depuis le Moyen Âge, il y a du souci à se faire mais il peut faire quelques brèves apparitions, comme ce soir-là, sous la pluie, devant la Tour Eiffel…

Miss Comédie

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PARIS TOUJOURS

Publié le par Miss Comédie

PARIS TOUJOURS

Paris toujours

 

C’est loin déjà mais la réussite inattendue des J.O. a été un choc pour beaucoup d’entre nous .

L’émotion d’abord , cette succession d’exploits qui donnait le frisson , cette chasse au trésor qui nous rendait tous solidaires ,    l’enchaînement de journées qui semblait ne jamais devoir finir

Et surtout la découverte d'une ville dont on avait oublié la beauté .

 

Il faut avoir dépassé la soixantaine pour se replonger dans le souvenir d’un paradis perdu .

Des détails, pas grand-chose, le son de l’accordéon, dans un couloir de métro désert, ou la traversée des Guichets du Louvre, par l’autobus 27, sur la plate-forme arrière, les cheveux au vent à une allure folle.  Et le bruit des pas qui raisonnaient dans le silence du passage Choiseul car à l’époque on pouvait trouver le silence dans beaucoup d’endroits à Paris .

 

En regardant les J.O. on aurait pu croire que rien n’avait changé, on ne voyait pas la foule. 

Paris, ressuscité en majesté dans toute sa splendeur vénérable et nous étions tous très fiers d’être parisiens ou de l’avoir été un jour.

Merci à tous ceux qui ont ignoré les mauvais présages et qui ont tenu tête à l’opposition pour créer cet endroit magique et ses évènements

inoubliables .

 

Mention spéciale à Thomas Joly qui a fait de notre capitale le décor d’une mise en scène éblouissante .

 

Vous venez de lire un nouveau champ d’amour à ces olympiades, comme vous avez pu en lire dans chaque éditorial de la presse unanime .

 

Maintenant, le rideau est tombé et Paris a repris ses habits de tous les jours. Les autos sont doublées par les vélos sur le périphérique, le gouvernement a perdu la tête et les Français ont peur de leur ombre.

La vie a repris son cours normal.

 

Miss Comédie

  

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ETE 2024 : PLACE AUX JO !

Publié le par Miss Comédie

ETE 2024 : PLACE AUX JO !

ÉTÉ 2024 PLACE AUX J.O. !

 

Quoi déjà ? Les jeux de l’IA avaient à peine commencé que les J.O. arrivent !

Je m’incline donc devant cet évènement majeur, et je m’en vais prendre mes quartiers d’été comme tout le monde tout en surveillant les performances des athlètes et en comptant les médailles d’or.

MISS COMEDIE, toujours sur le qui-vive, vous fera peut-être un petit clin d’œil au cours de l’été si jamais un coup de théâtre du genre  démission, dissolution ou nomination inattendues lui inspirait un commentaire toujours réjouissant sur ce blog .

C’est pourtant le calme plat que je vous souhaite pour des vacance sereines et optimistes. En attendant la rentrée et les aventures foldingues de

 

MISS COMEDIE

 

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L’INTELLIGENCE EN QUESTION : Jeu No2

Publié le par Miss Comédie

L’INTELLIGENCE EN QUESTION : Jeu No2

Apparemment, ce jeu vous a passionné ! Vous avez été plus nombreux à choisir le texte 1 , qui était celui de Miss Comédie, plutôt que le texte 2 qui était celui de l’IA… Bravo, ça me donne envie de continuer, et je vous ai concocté un nouveau jeu de rivalité littéraire à étudier de près , car conçu selon le même brief.

 

LE BRIEF : Paris. Un homme fait une rencontre inattendue. Le choc du passé, la rupture.  Écrire un texte de 20 lignes maximum à la manière de Patrick Modiano.

Voilà. À votre avis, quel est le texte le plus conforme à ce brief ?

Texte 1

Nous avions tous fini la soirée à la Rhumerie et je me sentais gagné par une légère ivresse lorsqu’un homme fit son entrée dans le bar et vint s’assoir à notre table.

C’était un grand blond aux yeux d'un bleu délavé aux traits durs, au menton volontaire.

Quelque chose me disait que l'homme était dangereux. Pourtant Liza lui jetait des regards langoureux et je fus pris d'un sentiment de jalousie qui m’étonna.

Je me demandais si Liza n’avait pas de raison cachée pour inviter l’inconnu à se joindre à nous.

Les autres l’accueillaient avec bonhommie, nullement surpris de sa présence mais sans trop d’empressement. J’étais le seul à rester sur la défensive.

Cet homme me rappelait quelqu’un, dans un passé lointain, que j’avais enfoui au plus profond de ma mémoire. Mais qui ?

Liza l’avait connu elle aussi, mais elle en gardait un souvenir plaisant, semblait-il.

Lorsque nous nous retrouvâmes sur le trottoir luisant de pluie, je lui demandais d’une voix tremblante :

« Qui est-ce ? »

Elle se mit à rire : « Tu ne te souviens pas l’Allemand ? »

Oui, bien sûr je me souvenais soudain.

C’était dans la rue de la Huchette, un soir de printemps. Nous nous étions empoignés, l’insulte aux lèvres.  Liza nous avait séparés.

Ce soir-là elle n’était pas venu me retrouver dans ma chambre sous les toits.

Je compris alors qu’elle n’avait cessé de le fréquenter. « De loin en loin » avait-elle précisé à mi-voix.

De loin en loin.  Oui lorsque le téléphone sonnait indéfiniment dans le vide de son appartement, désert, les soirs où je l’attendais en vain…

Les autres s’étaient dispersés dans la nuit et l’Allemand se rapprocha de nous. Liza alla vers lui et lui pris la main dans un geste tout naturel.

Je pressai le pas et quittai le boulevard Saint Germain, pour m’enfoncer dans la rue St-Guillaume, une rue sans histoire où je pouvais m’aventurer sans crainte d’éveiller quelque fantôme surgit de mon passé. Mais je ne suis sûr de rien.

Texte 2

La pluie fine s’insinuait dans les rues de Paris, effaçant les contours des immeubles et des passants. C’était un jour comme tant d’autres, un jour où les souvenirs se mêlaient au présent, où les ombres du passé surgissaient sans prévenir.

Il l’avait aperçue au coin de la rue, une silhouette familière qui avait traversé les années. Ses cheveux noirs, son regard mélancolique, tout en elle évoquait un temps révolu. Elle s’était arrêtée devant la vitrine d’une librairie, comme si elle cherchait quelque chose.

Il s’était approché, hésitant. Leurs regards s’étaient croisés, et dans cet instant suspendu, il avait revu les ruelles étroites de Montmartre, les cafés enfumés, les mots échangés à la lueur des bougies.

Elle avait souri, un sourire triste qui disait tout et rien à la fois. “Tu te souviens ?”, avait-elle murmuré. Il avait hoché la tête, incapable de prononcer un mot.

Les années avaient passé, mais le choc du passé était intact. Ils avaient été amants, complices, perdus dans les méandres de la ville lumière. Puis la rupture, brutale, sans explication.

Elle avait disparu du jour au lendemain, laissant derrière elle un vide immense. Il avait cherché des réponses, fouillé les archives, mais elle s’était volatilisée.

Et maintenant, elle était là, devant lui, comme un fantôme qui refusait de s’évanouir. “Je suis désolée”, avait-elle murmuré. “Je n’ai jamais cessé de t’aimer.”

Il avait voulu la prendre dans ses bras, lui dire qu’il la pardonnait, mais les mots étaient restés coincés dans sa gorge. Le choc du passé était trop fort, trop douloureux.

Elle avait tourné les talons, s’éloignant dans la brume. Il l’avait regardée s’éloigner, impuissant. Peut-être était-ce mieux ainsi, pensa-t-il. Peut-être fallait-il laisser les souvenirs là où ils étaient.

 

À vous de jouer…

 

Mais cette fois la partie sera plus difficile car les deux textes se ressemblent étrangement.

Décidément l’IA continue de nous bluffer. Rappelons-nous : ce n’est quand même qu’un moteur de recherche qui rassemble des mots sans les comprendre.

L’intelligence, la vraie, ne sera jamais à sa portée. Alors, ne vous laissez pas impressionner même si vous faites le mauvais choix , vous serez encore plus intelligent que l’IA .

La réponse sera dans mon prochain article avec un nouveau duel qui n’en finira pas, avec cette intelligence qui n’en est pas une.

A bientôt,

Miss Comédie

 

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QUESTION D'INTELLIGENCE

Publié le par Miss Comédie

QUESTION D'INTELLIGENCE

 Il est temps de jouer avec ce mystérieux rédacteur surgi du néant.

Nous allons confronter nos deux textes écrits selon le même brief .

Le brief : un été, un bord de mer , un coup de foudre...

Maximum 20 lignes à la manière de Marcel Proust.

A votre avis , quel est le texte rédigé par Miss Comédie et lequel des deux textes est rédigé par l’IA ? Enfin selon vous lequel est le plus conforme au brief ?

 

 

Texte 1 :

 

Il  s’était arrêté en haut des marches avant de sortir de l’hôtel, il contemplait cette Promenade si souvent arpentée  lorsqu’il était enfant, la main dans la main de sa grand mère chérie, et voilà qu’il était un jeune homme, à présent , qu’il allait emprunter cette Promenade seul, sans sa grand-mère disparue et pourquoi, se demandait-il, pourquoi les choses changent-elles si vite ?

Il traversa l’avenue et s’approcha de la jetée, ébloui par l’immensité de l’océan qui s’offrait à lui , dans son éternelle splendeur.

Il s’accouda au parapet est ferma les yeux , respirant à plein poumons l’air marin, lorsque un groupe de jeunes filles le dépassa turbulentes et  joyeuses , bousculant sa rêverie.

L’une d’elle s’arrêta confuse. Elle avait la grâce d’une ondine blonde et menue et murmura quelques excuses  en cherchant  son regard. Le trouble l’envahit lorsque ses yeux  plongèrent dans ceux de la jeune fille.

Ils restaient  figés immobiles comme soudés l’un  à l’autre par cette étreinte visuelle . Ils étaient  seuls , soudain , face à l’océan et vivaient cet instant irrévocable où l’on peut engager sa vie entière pour un être qui  bientôt  ne sera qu’un merveilleux souvenir.

 

 

Texte 2 :

 

Dans la lumière dorée d’un après-midi d’été, où le soleil jouait sur les vagues en une symphonie de reflets scintillants, je me trouvais là, sur ce bord de mer, témoin de la grandeur éphémère de l’instant. L’air était chargé du parfum salin de la mer, mêlé aux effluves sucrées des glaces fondantes et des peaux réchauffées par le soleil.

C’est alors que, dans cette toile vivante où chaque cri d’enfant, chaque rire, chaque vague venait broder son propre fil, mes yeux se posèrent sur une silhouette qui semblait échappée d’une toile impressionniste. Elle avait la grâce des grandes héroïnes romanesques, une présence qui semblait défier le temps lui-même.

Le coup de foudre fut un frisson qui parcourut l’échine de l’été, un murmure qui se fit entendre au-delà du chant des vagues, une certitude qui s’imposa avec la douceur d’une brise marine. Nos regards s’entrelacèrent, et dans ce labyrinthe de sensations, je me perdis avec délice.

Nous échangeâmes quelques mots, des banalités qui, sous le poids de l’émotion, prirent l’allure de confidences précieuses. Chaque phrase, chaque pause, chaque souffle semblait chargé d’un sens nouveau, d’une promesse de jours ensoleillés à venir.

Ainsi commença notre été, sur ce bord de mer, sous le signe d’un coup de foudre, dans l’ombre bienveillante de Proust, où chaque moment vécu promettait l’éternité d’un souvenir à naître.

Mais  j’ai pensé : certains d’entre vous ne sont jamais parti à la « recherche du temps perdu.... »

Alors dites-moi simplement quel est le texte que vous préférez et qui en est l’auteur ?

Vous aurez la réponse dans le prochain article de ce blog avec ma nouvelle question d’intelligence…

À bientôt !

 

Miss Comédie

 

 

 

 

   

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JEU D'ARTIFICE

Publié le par Miss Comédie

JEU D'ARTIFICE

Bon maintenant tout le monde sait que je n’y vois plus rien alors pourquoi m’acharner à reprendre le cours de mon blog ? C’est juste que je ne sais plus quoi faire de toutes ces idées qui s’entrechoquent dans ma tête et qui ne mènent à rien ....

 

Mais j’ai de la chance voilà que l’IA vient à mon secours au moment où j’allais abandonner.

J’ai tenté un coup d’essais et je vous laisse juge du résultat.

Lisez ce texte rédigé par l’IA (Intelligence Artificielle) à partir du thème suivant :

"Un homme chante une chanson de Joe Dassin à sa fiancée et celle-ci porte plainte" :

C'était un soir d'automne, dans un petit café de la rue Mouffetard. Paul, un jeune musicien, avait décidé de faire une surprise à sa petite amie, Julie, qui travaillait comme serveuse dans cet établissement. Il avait apporté sa guitare et s'était installé à une table près de la scène, attendant le moment propice pour monter sur les planches et lui déclarer sa flamme en chanson.  Il avait choisi L'été indien, la chanson préférée de Julie, qu'elle lui avait fait découvrir lors de leur premier voyage ensemble, sur une plage de Normandie. Il se souvenait de leurs baisers sous le soleil couchant, de leurs promenades main dans la main, de leurs rires et de leurs confidences. Il voulait lui rappeler ces moments magiques et lui dire qu'il l'aimait plus que tout.  Quand il vit Julie sortir de la cuisine avec un plateau chargé de verres, il se leva et se dirigea vers la scène, sous les applaudissements des clients habitués, qui connaissaient son talent et son projet. Il prit le micro, sourit à Julie, qui le regardait avec étonnement et curiosité, et commença à jouer les premiers accords de la chanson.  Mais à peine avait-il entonné les premières paroles, qu'une voix furieuse se fit entendre dans la salle :  - Arrêtez ! Arrêtez tout de suite ! C'est une honte ! C'est du plagiat !  Tous les regards se tournèrent vers la source du vacarme. C'était une femme d'une quarantaine d'années, vêtue d'un tailleur strict et d'un chapeau à voilette. Elle tenait à la main un sac à main en cuir, qu'elle agitait avec véhémence.  - Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? demanda Paul, interloqué.  - Je suis Maître Dupont, l'avocate de la succession de Joe Dassin, le créateur de cette chanson, répondit la femme. Et je suis venue vous signifier que vous n'avez pas le droit de chanter cette œuvre sans avoir obtenu l'autorisation préalable des ayants droit. Vous violez la propriété intellectuelle et vous portez atteinte à la mémoire de l'artiste.

Je vais porter plainte contre vous et contre ce café, qui se rend complice de votre forfaiture !  - Mais c'est absurde ! s'exclama Paul. C'est une chanson populaire, qui appartient à tout le monde ! C'est un hommage, pas un vol !  - Ne jouez pas les innocents ! rétorqua la femme. Vous savez très bien que cette chanson est protégée par le droit d'auteur, et que vous devez payer des royalties pour l'utiliser. Vous profitez de la notoriété de Joe Dassin pour vous faire de la publicité et séduire cette jeune fille, qui n'est sûrement pas dupe de vos manœuvres !  - Mais de quoi vous parlez ? intervint Julie, qui avait posé son plateau et s'était approchée de la scène. Paul est mon petit ami, il m'a chanté cette chanson pour me faire plaisir, pas pour me manipuler ! C'est vous qui êtes folle, de venir nous agresser comme ça !  - Taisez-vous, mademoiselle ! lança la femme. Vous n'êtes qu'une complice, une profiteuse, une sans-cœur ! Vous n'avez aucun respect pour le génie de Joe Dassin, qui a écrit cette chanson avec son âme, avec son sang, avec ses larmes !  - Mais c'est n'importe quoi ! s'indigna Julie. Joe Dassin n'a même pas écrit cette chanson, il l'a adaptée d'une chanson italienne, qui s'appelle Africa ! C'est Toto Cutugno qui en est l'auteur !  - Comment osez-vous ? hurla la femme. Vous blasphémez, vous mentez, vous salissez la mémoire de Joe Dassin ! C'est lui qui a fait de cette chanson un chef-d'œuvre, c'est lui qui l'a rendue célèbre, c'est lui qui l'a immortalisée ! Vous n'êtes qu'une ignorante, une inculte, une ingrate !  - Mais c'est vous qui êtes ignorante, inculte et ingrate ! répliqua Julie. Vous ne connaissez rien à la musique, à l'art, à l'amour ! Vous n'êtes qu'une avocate véreuse, qui cherche à se faire de l'argent sur le dos des artistes ! Vous n'avez pas de cœur, pas de sensibilité, pas de goût !  La dispute entre les deux femmes devint de plus en plus violente, tandis que Paul, abasourdi, restait figé sur la scène, tenant sa guitare comme un bouclier. Les clients du café, d'abord amusés, puis agacés, puis inquiets, assistaient à la scène, sans oser intervenir. Le patron du café, qui avait été alerté par le bruit, arriva en courant, et tenta de calmer les esprits.  - Mesdames, mesdames, s'il vous plaît, du calme ! dit-il. Il n'y a pas de quoi se battre pour une chanson ! C'est un malentendu, une erreur, une plaisanterie !  - Ce n'est pas une plaisanterie, c'est une affaire sérieuse ! rétorqua la femme. Je vais porter plainte, je vous le dis ! Et je vais gagner ! Je vais vous faire payer cher, très cher, votre insolence !  - Mais enfin, madame, soyez raisonnable ! supplia le patron. Vous n'allez pas ruiner un jeune homme et un café pour une chanson ! C'est de la folie ! C'est de la cruauté !  - C'est de la justice ! clama la femme. Et je ne reculerai pas ! Je vais appeler la police, et vous verrez !  Elle sortit son téléphone portable de son sac, et composa un numéro. Le patron, désespéré, se tourna vers Paul et Julie, qui se tenaient par la main, et leur dit :  - Je suis désolé, mes enfants, je ne sais pas ce qui lui prend. C'est une folle, une furie, une hystérique ! Ne vous inquiétez pas, je vais tout arranger. Je vais parler à mon avocat, à mon assureur, à mon ami le député. Je vais vous sortir de ce pétrin. Ne perdez pas espoir. Tout va s'arranger.  Mais Paul et Julie n'écoutaient pas. Ils se regardaient dans les yeux, et se souriaient. Ils se sentaient plus proches que jamais, plus amoureux que jamais, plus heureux que jamais. Ils se fichaient de la plainte, de la police, du procès. Ils n'avaient besoin de rien d'autre que de leur amour. Ils se penchèrent l'un vers l'autre, et s'embrassèrent passionnément, sous les applaudissements des clients, qui avaient oublié la femme, la chanson, et le reste.  Ils vivaient leur été indien, et rien ne pouvait les arrêter.  Fin

 

Incroyable non ? Mis à part qu’il s’est trompé de plaignante, je suis bluffée .

Mais d’où vient ce texte ? Surement pas de mon cerveau car je serais au courant.  D’un esprit errant dans le vide spatial à la recherche du temps  perdu ?

C’est de la  magie il faudra s’y faire.

Et pourquoi pas jouer avec ?  Dans mon prochain article je vous demanderai de choisir entre mon texte à moi et celui de L’IA. À votre avis, lequel est le meilleur ?

Le débat qui s’ouvre aujourd’hui a de quoi inquiéter les écrivains…

Miss Comédie

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Publié depuis Overblog

Publié le par Miss Comédie

JOYEUX  NOEL

Enfin un mouvement national qui fait l’unanimité !

Je vous souhaite à tous un Noël chaleureux en attendant cette nouvelle année pleine de mystère

Miss comédie

 

 C C

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MISS COMEDIE EN PLEINE TRANSITION

Publié le par Miss Comédie

MISS COMEDIE EN PLEINE TRANSITION

Ce mot a de quoi faire peur. En ce moment, il peut signifier à peu près n’importe quoi, mais ce n’est jamais très prometteur.

La planète est au bout du rouleau  paraît-il, il faut transiter. Mais vers quoi ? 

En ce qui concerne mon blog, c’est l’inconnu.

Dix ans de dialogue  avec des internautes passionnés de théâtre mais aussi de tout un univers dédié à l’imaginaire,  tout cela n’est que le début d’une histoire sans fin.

Quelle transition pour les trésors du septième ART ou pour la scène finale de ROMEO ET JULIETTE ?  Il n’en existe aucune qui soit à la hauteur.

Faut-t-il chercher l’inspiration dans les traités de botanique ou les espèces animales du quaternaire ?

Faut-il piétiner nos anciennes idoles et tresser des couronnes aux stars du rap ?

 Un mois sera-t-il suffisant pour transformer mon énergie fossile en tonus littéraire engagé et responsable ? Non, j’en ai peur.

Surtout qu’en 2024 je ne suis pas sûre que L’IA ne fera pas le job à ma place...

Et mes fans n’y verront que du feu et je serai obligée de signer Miss Terre...

C’est clair je ne te transigerai pas, mon blog ne transitera pas.

Miss Comédie

 

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RELACHE

Publié le par Miss Comédie

En attendant les nouveaux lendemains de Miss Comédie...

 

 

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COCTEAU ET LA VOIX HUMAINE

Publié le par Miss Comédie

COCTEAU ET LA VOIX HUMAINE

COCTEAU ET LA VOIX HUMAINE

 

Cette voix, dont chaque être humain possède un exemplaire unique inscrit dans l’ADN comme notre empreinte digitale, possède un attrait mystérieux sur certains êtres  et laissent les autres indifférents, comme ces chants d’oiseaux qui ne reçoivent de réponse que des oiseaux de même  famille.  

C’est comme cela que Cocteau eut le cœur chaviré en surprenant la voix d’une femme à travers la cloison d’une chambre  d’hôtel, dit on, et eut l’envie irrésistible de reproduire  cette scène dans une pièce de  théatre.

 

Etrange  entreprise !  Car ce monologue,  entrecoupé de silences,  et qui ne dure que quarante cinq minutes avec un seul personnage et dans un seul décor a de quoi dérouter les habitués de grands déploiements scéniques  en vogue à cette époque.

 

Ce  qui se joue ici, pourtant, et Cocteau l’a bien compris, c’est une tragédie intime qui  remplit l’espace d’une émotion palpable, la voix humaine étant  l’instrument unique de toute une gamme de sensations  chez le spectateur.

 

La femme, qui est allongée sur son lit, dans sa chambre,  le téléphone à la main, est nerveuse.

Elle n’arrive pas à établir la liaison avec celui qu’elle appelle « mon chéri ». La communication est sans cesse coupée, le dialogue s’établit au bout de   quelques minutes et l’on comprend vite qu’il s’agit d’une rupture douloureuse et de la fin d’une histoire d’amour.

Peu à peu s’infiltre dans le cœur du spectateur le souvenir enfoui d’une peine semblable éprouvée un jour, avec l’usure d’une amitié qui s’effrite ou d’un amour déçu, et l’émotion s’installe jusqu’à ce que la main laisse tomber le téléphone, abandonnant la partie.

Il faut à la comédienne beaucoup de talent pour transmettre cette émotion au public avec  un texte aussi succinct . Lors de la première représentation à la Comédie Française, le 17 février 1930, Berthe Bovy était acclamée par le public tandis que Cocteau saluait sous les huées d’un groupe de surréalistes mené par André Breton…  La nouveauté dérange...

 

Pourtant la pièce fut reprise plusieurs fois à la scène, et même adaptée à l’Opéra avec une musique de Francis Poulenc.

Un succès qui eut la vie dure ! Trente ans plus tard le producteur Jacques Canetti contacta Simone Signoret pour enregistrer une version sur disque.

Celle-ci accepta  à condition de l’interpréter chez elle, sur son lit et avec son propre téléphone.

L’actrice parcourut les  soixante pages de texte   et l’enregistrement  fut lancé. Une seule prise fut nécessaire mais Simone Signoret, en larmes, refusa de  l’écouter, elle était bouleversée.

Yves Montand réussit à la convaincre de signer le lancement sur le marché de ce disque unique, que l’on trouve encore sur le catalogue Amazon, comme une relique « collector ».

 

Pour conclure avec la magie de la voix, rappelez-vous que lire un livre n’est pas le seul moyen de le découvrir.

 

Miss Comédie

Août 2023

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PROUST , SOUVENIRS AUDIBLES

Publié le par Miss Comédie

PROUST , SOUVENIRS AUDIBLES

 

 

Lili et Lolita, copines d’enfance, sont allongées dans des transats à l’ombre d’un tilleul.

 

Lili, qui vient de rater son bac, rêvasse. 

 

Lolita les yeux fermés , écoute son smartphone avec ses écouteurs, en plein ravissement semble-t-il.

Lili

Tu écoutes de la musique ?

Lolita

Non, j’écoute un  livre audio

Lili

C’est quoi, ce livre odieux ?

Lolita

A la Recherche du Temps Perdu.

Lili

Ah oui, ce doit être odieux, ça. Et tu cherches quoi, au juste ?

Lolita

Moi, rien, l’auteur de la recherche, c’est Proust.

Lili

Ah ! Oui ?  Gaspard Proust ? J’adore, il est tordant !  Il écrit des livres ?

Lolita

Non, imbécile, pas Gaspard, Marcel Proust.

Lili

Ah bien sûr, Marcel Proust, je vois. Et pourquoi tu l’écoutes, au lieu de le lire, comme tout le monde ?

Lolita

Parce que j’adore l’entendre raconter sa vie, c’est époustouflant !

 

Lili, amusée

C’est  lui qui raconte, d’après toi ?

Lolita

Bien sûr, c’est lui, puisqu’il est l’auteur.

Lili

Tu entends sa voix ?

Lolita

Oh oui, je l’entend, il me touche profondément.

Et  toutes ces voix qui l’entourent... C’est magique...

Lili, inquiète

T’as vu un docteur ?

Lolita, furieuse

Tu peux pas comprendre, c’est trop beau.

Lili

Sept robots ? Ca y est j’ai compris ! On n’arrête pas le progrès ; maintenant, voilà qu’ils parlent ! « 

 

 

Miss Comédie

 

Et je n’en ai pas fini avec Proust !   A la Recherche du Temps Perdu    ne se lit pas entre deux stations de métro, il y a sept volumes et je n’en ai lu encore que la moitié. Mais  la fascination qui se dégage de ce chef-d’œuvre ne se partage pas dans un blog.  Une seule chose que je vous conseille si l’envie vous prend de plonger, c’est de laisser tomber la lecture pour découvrir la magie de l’Audible.

 

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PROUST ET PICASSO , LA RENCONTRE

Publié le par Miss Comédie

PROUST ET PICASSO , LA RENCONTRE

PROUST ET PICASSO , LA RENCONTRE

 

Marcel PROUST avait déjà quitté ce monde lorsque GUERNICA fit une entrée fracassante dans l’univers pictural.

Mais ce jeune homme fragile, avide de toutes les formes d’art , avait pu suivre avec intérêt la prodigieuse ascension du peintre catalan.

Pendant que Picasso imposait peu à peu dans ses tableaux une autre vision du monde avec le cubisme, Proust avait enfin conclu son pacte avec la littérature et son premier roman-fleuve « A la Recherche du temps perdu » l’avait rendu célèbre.

Ils étaient alors, chacun dans sa galaxie, les étoiles montantes d’un Paris en pleine euphorie artistique.

 La Rencontre eut lieu par hasard à l’occasion de la création du Ballet-Opéra « Renard » de Stravinsky par les Ballets Russes, le 18 mai 1922 .

Ce soir-là, un couple de mécènes anglais avait organisé un souper après le spectacle au Majestic, le restaurant à la mode de l’avenue Kleber, pour une quarantaine d’invités triés sur le volet.

A leur table, trônait Stravinsky naturellement, devenu incontournable depuis son scandaleux SACRE DU PRINTEMPS, près de lui , Diaghilev l’ « entraîneur » des Ballets Russes, bien que leur rivalité les rendit souvent   féroces l’un envers l’autre.

Venaient ensuite les quatre solistes de  RENARD

Dont Nijinska, soeur de Nijinsky, qui avait réalisé la chorégraphie.  On dit que Diaghilev l’avait prise en grippe car elle lui rappelait son ex-amant Nijinsky avec qui il était brouillé.

A la même table se trouvait la princesse Edmond de Polignac, commanditaire du ballet , lesbienne discrète dont l’époux, lui, aimait les garçons, et qui avait dû charmer Ravel qui lui dédia sa célèbre « Pavane pour une infante défunte »...

Les heures passaient, et trois places restaient vides tandis que les autres tables se remplissaient du Tout Paris prêt à festoyer.

C’était une soirée comme les autres en ces années folles où l’on ne pensait qu’à retrouver les plaisirs du spectacle et de la table.

 Vint l’heure du café, et l’on vit entrer, chancelant et mal vêtu, visiblement ivre, leur ami James Joyce.  A peine remis de leur embarras, les hôtes anglais  accueillent un petit homme trapu, bronzé et l’air farouche qui salue l’assemblée, le bras levé, et  s’assied à sa place sans un mot.

C’est vers deux heures du matin, alors que la plupart des invités avaient déjà déserté la table, que se présenta le dernier convive, un homme d’aspect juvénile, le visage pâle comme un mort, frêle et élégant dans sa redingote cintrée, ses éternels gants en chevreau à la main.

Marcel Proust s’avance en hésitant, il salue poliment  avant de s’asseoir à la place restée vide à son nom, entre Joyce et Picasso.

Il repousse la carafe de liqueur que lui tend le serveur et retient son souffle.  Il vient de reconnaître James Joyce, le poète qu’il admire depuis son adolescence, dont il connait l’oeuvre par coeur, et son regard s’emplit de stupéfaction.

Les deux hommes, qui ont chacun une profonde estime l’un pour l’autre, qui ne pouvaient qu’espérer se rencontrer un jour, ne savent pas quoi se dire.  Ils échangent quelques mots balbutiés, des propos  ineptes sur leur santé défaillante, et ce fut tout.  Désespéré, honteux, Joyce se leva et  disparut dans la nuit.

Restés seuls, Proust et Picasso ont-ils été plus bavards ? On ne le saura jamais car il était trop tard.

Ils se sont levés, ont échangé un regard

Le temps s’est arrêté sur cette image qui a gardé son secret.

Pourquoi Proust est-il arrivé si tard ? Lui qui se couchait toujours de bonne heure ?  Et pourquoi Picasso qui s’ennuyait ferme dans cette soirée, ne s’est-il pas enfui avant la fin ?

Ce qui est sûr, c’est qu’après cette rencontre ratée, Proust et Picasso ne devaient jamais se revoir.  Proust, qui avait souffert toute sa vie de ses bronches fragiles, allait disparaître en Novembre de la même année, à 51 ans.

 Miss Comédie

 

 

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PICASSO ET LA GUERRE

Publié le par Miss Comédie

PICASSO ET LA GUERRE

PICASSO ET LA GUERRE

 

« La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre offensif et défensif contre l'ennemi. » / Picasso

Le 26 avril 1937, sur le commandement du gouvernement nationaliste  espagnol, le village de Guernica fut la cible d’un bombardement par les troupes nazis, semant la désolation et la mort,  faisant réagir le monde secoué par la folie de la guerre.

C’est en apprenant cette nouvelle que Picasso, qui vivait alors à Paris et cherchait un sujet pour l’exposition Universelle de 1937, donna libre cours à sa révolte et commença à travailler à ce  qui allait être le tableau le plus convaincant contre la Guerre, toutes les guerres.

Ce conquérant au sang chaud qui passait pour un « prédateur » auprès des femmes, amateur de corrida et de sensations fortes : avait donc la violence en horreur ?

En tout cas, cet attentat au coeur de l’Espagne  avait ouvert les vannes de son inspiration.

" La guerre d'Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d'artiste n'a été qu'une lutte continuelle contre la réaction et la mort de l'art. […] Dans le panneau auquel je travaille et que j'appellerai Guernica et dans toutes mes œuvres récentes, j'exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort" /  Picasso mai 1937

 

C’est au 7 de la rue des Grands-Augustins que Picasso entreprit le triptyque qui composent cette toile monumentale.

Avec lui, sa compagne d’alors, la belle Dora Maar qui est chargée de photographier chaque étape du travail pour l’aider à mesurer la profondeur du Noir et Blanc  formant la tonalité de l’oeuvre.

Il réalise 45 études préliminaires qu’il a conservées, numérotées et datées et qui accompagnent le tableau au Musée Reina Sofia à Madrid .

On n’ose imaginer ce tête-à-tête, un Picasso au bord de l’hystérie vindicative, alternant la précision millimétrique et le délire sexuel, et la photographe-modèle prête à tout, fascinée par l’oeuvre naissant sous ses yeux. Comprenait-elle vraiment le sens du message, dans ce désordre à la fois cubiste et surréaliste, qui se voulait représenter l’impensable ?

Pour ma part, je reste perplexe, cette forme d’art étant décidément trop éloignée de la réalité pour m’émouvoir.

Il n’en fut pas de même pour le reste du monde, puisque GUERNICA fit le tour des musées avant de s’installer au MOMA à New-York durant toute la période de la guerre ; avant que Picasso ne reconnaisse l’Espagne digne de le recevoir

Tout le monde connait l’anecdote de l’ambassadeur Nazi, Otto ABETZ  rendant visite à Picasso à Paris alors que GUERNICA était encore au MOMA, et qui, devant une photo de la toile trônant dans l’atelier, demanda à Picasso : « C’est vous qui avez fait ça ? »   

La réponse arriva comme un boomerang :

« Non. C’est vous. »

Admirable répartie que l’autre aurait pu voir venir...

On dit que la composition de cette fresque symbolisant l’ignominie aurait été inspirée à Picasso par le tableau de Nicolas Poussin « Le massacre de la Saint-Barthélémy».

Ah, les exemples ne manquent pas dans l’histoire de l’humanité, de ces poussées de haines vertigineuses des hommes envers leurs

semblables.

Finalement, à force d’en faire des oeuvres d’art,  les peintres ne donnent-ils pas à la guerre ses titres de noblesse ?   Vaste débat !

 

Miss Comédie

 

PS -  Avez-vous remarqué comme moi, que de plus en plus les gens disent « au final » au lieu de «finalement » C’est exactement la même chose en plus vulgaire. Ca m’énerve...

 

 

    

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La Voix de Marcel Proust

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La Voix de Marcel Proust

LA VOIX DE MARCEL PROUST

 

Qui peut se vanter d’avoir lu Marcel Proust ?

Autant que son visage fermé  son oeuvre semble inaccessible .

On ne parle que de Ses phrases si longues

qu’à la fin on ne se souvient pas du début... C’est vrai, c’est vrai... se lancer dans La Recherche du Temps Perdu , c’est avoir du temps à perdre.

Pour ma part,  l’envie ne m’en est jamais venue,  j’étais juste curieuse de savoir pourquoi sa madeleine était devenue impérissable .

 

Jusqu’au jour où j’ai reçu la grâce, comme saint Paul revenu de tout, lassée d’une  littérature vouée aux  victimes du monde entier j’ai suivi sans conviction le conseil d’une amie et j’ai écouté Marcel Proust.

 

Ce fut une révélation. Un vrai choc. Je ne pouvais  plus le lâcher. J’étais ensorcelée.  

 

 La voix de André Dussolier distillait les moindres tonalités de cette symphonie verbale qui raconte les quatre saisons d’une vie.

Les mots deviennent des soupirs, des sourires, des larmes refoulées, les virgules retiennent leur souffle, les accents circonflexes dépassent les bornes de l’émotion, la voix humaine a tout ce qu’il faut pour communiquer ce que l’oeil ne perçoit pas.

 

Marcel Proust n’est pas seulement un écrivain, c’est un auteur dramatique, un acteur inspiré par son époque , un humoriste qui change de registre avec chaque étape de sa vie.

Les dialogues, dans les dîners mondains de la duchesse de Guermantes, sont dignes d’une pièce de Feydeau , où chacun a sa part de ridicule. 

 

Pour un comédien, lire Proust est un exercice de haute voltige, il faut du métier et du talent ; beaucoup de talent .

Pour rendre présent, de façon hallucinante, exactement comme s’il était sur scène, le narrateur Marcel Proust .

... Et quand c’est une femme qui parle, précieuse ridicule ou servante pas maline, on y croit !

Le talent vous dis je le talent !

 

Celui de Dussolier ajouté à celui de Proust fait naître une nouvelle façon d’entrer au plus profond d’une oeuvre et de saisir l’âme de l’auteur.

Justement, vous allez me dire : « Et Proust, dans tout cela ? »

Mais voyons , tout a été dit sur Marcel Proust, et je ne vais pas me lancer dans un éloge qui dépasse mes capacités d’analyse...

L’essentiel était d’ouvrir  la porte à tous ceux qui ne connaissait Marcel Proust que par ouïe-dire...

 

Miss Comédie

 
 
 

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UN CERTAIN MODIANO

Publié le par Miss Comédie

UN CERTAIN MODIANO

UN CERTAIN MODIANO

 

 

Inlassablement, il marche dans les rues de Paris, égrenant ses souvenirs à la recherche du temps perdu.

Inlassablement comme Marcel Proust, il raconte ce qu’il croit avoir vécu, et sa mémoire est un gouffre vertigineux dans lequel il cherche à retrouver des repères.

Et pour les fixer à jamais, il les relate, roman après roman, comme les cailloux que l’on sème pour retrouver son chemin.

Lire Modiano, c’est tenter de démêler le vrai du faux parmi tous les indices accumulés soigneusement, détails insignifiants qui apparaissent comme des preuves et que l’on retrouve de livre en livre.

Ces personnages réels qui côtoient des fantômes, ces numéros de téléphone qui sonnent dans le vide, ces quartiers de Paris qui deviennent les lieux de rencontres hasardeuses, toutes ces amours fugitives qui ne portent jamais le même prénom et qui l’accompagnent dans sa fuite éperdue.

Les gens qui ont les pieds sur terre, les cartésiens, disent que Modiano écrit toujours le même livre et que rabâcher ses souvenirs n’a aucun intérêt.

Les autres, les rêveurs, les âmes sensibles , se plongent avec délices dans cet univers confus où la tragédie de la vie s’éparpille en réminiscences plus ou moins probable.

C’est là où l’imaginaire ajoute sa part de drame ou de volupté.   

 

Je suppose que si les livres de Modiano cessaient de se vendre, Gallimard lui conseillerait amicalement de changer de registre...  

Mais avec son prix Nobel ( l’Art de la Mémoire ) , son Goncourt ( Rue des Boutiques Obscures ) ainsi que ses multiples récompenses  il peut continuer à soigner son amnésie  sans déranger personne et ses romans continueront à s’arracher en librairie.

 

Marcel PROUST,   lui, n’a qu’un seul  best-seller à son actif, même s’il compte sept volumes sous le même titre.  Mais quel titre ! A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU  est  notre credo à tous, comme AUTANT EN EMPORTE LE VENT, le Requiem du temps passé à jamais disparu , titre magnifique qui résume toute l’oeuvre de Marcel Proust.

 

 

Pourquoi le rapprocher de Patrick Modiano ? 

Pour moi, leur point commun ne concerne pas seulement  le récit très minutieux de leur jeunesse envolée, c’est surtout l’obsession du Temps qui passe et qui transforme dans notre mémoire les faits les plus anodins en fantasmes récurrents.

Mais la comparaison s’arrête là.

Car l’écriture de MODIANO possède  l’art de suggérer l’infinie profondeur de la pensée à travers un style d’une ingénuité enfantine.

Dans ses phrases courtes, presque murmurées, se lisent tous degrés de la tristesse, toute l’étendue de sa solitude.

Chacun de ses livres est un carnet intime où il s’amuse à s’inventer une histoire,  comme un scénario dont il reste le personnage principal entouré de figurants insolites, mais nous ne sommes pas dupes, c’est toujours lui le héros, il ne change même pas son nom  et nous suivons ses aventures comme celles d’un ami proche.

 

Modiano, nous savons tout de lui.  Nous connaissons son enfance solitaire privée d’amour, de lycée en collèges, loin de cet appartement du quai Conti où il est indésirable, dans ce Paris encore figé dans l’ambiance sinistre de l’Occupation.

Il  était beau à fendre l’âme, cet enfant qui ne demandait rien à personne,  et qui avait en lui les germes d’une revanche éclatante.

1968, il a 23 ans et publie  LA PLACE DE L’ETOILE, son premier roman.  Je me souviens de l’avoir lu à cette époque, sans vraiment comprendre ce qu’il contenait  d’ironie amère dans ce récit où la fiction se mêle au vécu avec une violence juvénile.

Le roman a un succès fou . Alors MODIANO  comprend qu’il est désormais libre de laisser parler sa mémoire,

qu’il n’y a rien qui soit plus important à écrire.

Livre après livre, il va nous rendre insatiables de ses souvenirs dormants que l’on connait trop bien, ces moments illuminés qui se sont évanouis à jamais et que l’on peut revivre à l’infini.

Nous sommes ses compagnons de route dans ce voyage sans fin.

Le temps passe vite, trop vite. Où en êtes-vous, Patrick Modiano ?

 

 

Miss Comédie

 

 

 

 

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2023, UN MONDE FOU

Publié le par Miss Comédie

2023, UN MONDE FOU

Ne cours pas après le bonheur, il est derrière toi.

 

Où  allons-nous ?  Où sommes-nous ? Vers quoi la Transition va-t-elle nous faire transiter ?

Personne ne sait, en dehors des scientifiques dans leur bulle.  On en a peur, comme les premiers hommes avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête. Le climat de la planète n’est pas normal, c’est vrai. Il va falloir s’adapter...

 

Transition oblige, je change l’apparence de mon blog.

Mais pour le fond, l’âme du contenu, la   marque de fabrique de Miss Comédie, je me fous de la transition, je reste fidèle aux Inoubliables, ces héros de légende qui  vivent à jamais dans notre imaginaire.

 

J’en vois deux qui ont régné sur le cinéma français à peu près en même temps, mais qui n’ont rien en commun si ce n’est le chiffre record de leurs entrées et le nombre  de leurs récompenses, signes de leur popularité égale  à travers le monde.

Ils ont travaillé avec les plus grands noms du cinéma, mais jamais ensemble. Pourtant, on peut les imaginer lors d’une rencontre incognito, un hasard ?

 

Un soir d’été à la Closerie des Lilas,

l’air est doux et les consommateurs se sont plutôt installés à la terrasse, l’intérieur de la salle est vide, à l’exception de la banquette du fond occupée par un homme seul.  Son visage porte les marques d’une beauté qui a dû faire des ravages mais son regard est d’une tristesse infinie. Devant lui, un verre d’eau gazeuse à peine entamé.

Perdu dans  ses pensées, il ne voit pas arriver un homme corpulent, d’aspect  inquiétant, qui fait le tour de la salle du regard  et finit par se laisser tomber lourdement sur la chaise qui fait face à l’homme seul.

« Salut monsieur Klein, murmure-t-il en regardant ailleurs.

L’homme seul le considère, sans expression.

« Tu me reconnais ? demande l’homme corpulent.

« Vous êtes reconnaissable entre mille.  Mais je souhaite être seul, ce soir.

L’homme corpulent  soupire.

« Moi aussi mais avec toi c’est comme si j’étais seul.

« On se tutoie ?  Je suis Alain Delon.

« Aah ! Enchanté, je suis Depardieu,  ça te parle ?

« Vous êtes un grand comédien.

« Et toi, un grand acteur.

« J’apprécie la différence. Vous buvez quelque chose ?

« Note que moi, je peux être les deux  à la fois, toi  non.

« Parce que je préfère vivre mes rôles que les jouer.

« Et le résultat est le même, duconneau !  Pourquoi tu te la joues  Actor Studio avec moi ?  En fait, c’est dans la vie que tu joues la comédie, j’ai  compris !

Il se lève et pointant du doigt vers Delon :

« Mais je t’aime bien, tu sais, tu m’as tellement souvent fait pleurer à l’écran... Tu as un vrai talent, pas moi, moi c’est du bluff.

Il se rassied soudain :

Dis donc, pour toi, Noiret, c’était un acteur ou un comédien ?

Delon hausse un sourcil, surpris :

« Pourquoi vous me demandez ça ?

« Parce que tu es assis exactement à sa place dans la scène de la rencontre dans LE VIEUX FUSIL, un chef-d’oeuvre et son meilleur rôle !

Delon sourit :

« Et pourquoi croyez-vous que je sois venu là, ce soir ? Noiret est un immense acteur, mais dans cette scène  je revois surtout ma chère Romy Schneider, une immense comédienne !

Depardieu reste pensif un instant, puis se frappe le font :

«  Ben voilà, c’est ça l’idée !  Toi et moi ensemble dans un film, c’est le couple idéal !

Ils éclatent de rire tous les deux et Delon se lève pour accompagner Depardieu vers la sortie, bras dessus, bras dessous. »

 

Impossible.  D ‘accord on est dans l’imaginaire, mais là,  on  n’est pas crédible ! Aucun réalisateur ne prendrait ce risque aujourd’hui,  à par  peut-être  Spielberg  pour une Rencontre du 4ème type. 

Il  faut trouver une autre chute pour mon dialogue...    à moins que.....

 

Miss Comédie

 

PS : Vous avez remarqué que personne ne dit plus « Bonne journée », aujourd’hui,  maintenant il faut dire « Belle journée », c’est plus chic.

 

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Finale

Publié le par Miss Comédie

Finale

FINALE

 

Pour finir l’année en fanfare, un math héroïque....

 

 Le finale de la symphonie Héroïque de Beethoven était fait pour accompagner l’issue spectaculaire d’un match légendaire.

Aucun spectacle vivant ne peut être comparé à ce que nous avons vu ce dimanche 18 décembre pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

France-Argentine, un combat de chefs, un enjeu historique, cette coupe en or massif posée comme un défi au milieu de la pelouse.

Deux armées de force égale ?  Pas vraiment.

L’immense clameur qui envahit le stade bien avant le coup d’envoi  venait des supporters argentins, 48000 aficionados survoltés surs  de leur victoire.

Ils n’étaient pas seuls, le monde entier n’avait d’yeux que pour MESSI, le fils spirituel du divin MARADONA disparu il y a deux ans.

MESSI, dépositaire de  tous les espoirs d’un peuple voué au foot.

En  face... la brillante équipe des Bleus paralysée par un mystérieux virus, traumatisée par  l’agressive assurance   de leurs rivaux,  boudée par des supporters muets dans des tribunes presque vides. Les deux premiers buts adverses  arrivent très vite et ce sont comme les banderillas sur la bête blessée attendant le coup mortel.

On peut comparer la tension qui est la nôtre devant ce spectacle à celle que l’on éprouve devant une tragédie de Shakespeare, à ceci près qu’ici, nous ne connaissons pas la fin.

 

Les minutes s’étirent dans le  même tragique deux à zéro.  Les  Argentins exultent, se congratulent, ils ont la Coupe, ils se passent le ballon sans le voir, le ballon s’égare,  il a des ailes, et c’est la 80é minute de jeu, et tout bascule ;  KYLIAN MBAPPE vient de marquer.

Les hurlements des commentateurs ne faiblissent pas, ils s’éternisent, car MBAPPE vient d’égaliser.

 

Les deux buts marqués par MBAPPE, à une minute d’intervalle, dans un sursaut de révolte contre le mauvais sort, geste de la dernière chance que l’on espérait plus, ont galvanisé son équipe et ébranlé les pronostics.

Après l’égalisation, les deux camps jouaient à armes égales et le suspense devenait crucial.

 

Il y eut un troisième but marqué par MBAPPE,  que MESSI s’empressa d’égaliser jusqu’à ce dernier tir au but malchanceux qui ne fit que mettre un terme à l’héroïque retour des Bleus, tout en donnant à l’Argentine la place qu’elle tant attendue derrière son dieu en fin de carrière.

 

Ne pas croire que je suis fan de foot !  En fait, je n’y connais rien. Mais après ce moment d’exaltation intense, j’ai pensé que cela pourrait  mettre un point final(e) à une année qui manqua cruellement de panache...

La victoire des Argentins ?  Une victoire à l’arraché, de justesse,  dont il n’ya pas lieu d’être fiers, victoire salie par leur attitude minable envers leur glorieux rival, MBAPPE Dès leur retour à Buenos Aires.

 

Miss Comédie, qui vous souhaite de belles fêtes de fin d’année et vous donne rendez-vous en 2023.

 

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LA GUERRE DES MONDES

Publié le par Miss Comédie

LA GUERRE DES MONDES

 

LA GUERRE DES MONDES

 

Ne fuis pas le danger, il est devant toi.

 

 

Ce lundi 30 octobre 1938, la nuit tombe sur New-York, le ciel  est clair, sans nuages.  La radio diffuse le concerto N°1 de Tchaikovsky, qui est l’indicatif sonore de la Mercury Theater Company.   Le speaker annonce le début de l’émission intitulée LA GUERRE DES MONDES, et le réalisateur prend la parole. C’est Orson Welles qui s’adresse  aux auditeurs d’une voix lugubre :

« Mesdames, Messieurs, depuis l’aube de notre ère, nous sommes observés sans le savoir par des êtres d’une intelligence supérieure qui projettent l’invasion de notre planète. Des signes avant-coureurs nous font penser que le moment est venu pour leur arrivée sur terre... »

Il est interrompu par un message météo annonçant des perturbations imprévues dans le New JERSEY, puis la musique reprend, interrompue à nouveau par un autre speaker qui passe la parole à un scientifique situé à Princeton .  C’est alors la voix déguisée d’Orson Welles qui décrit un objet lumineux s’abattant sur une voiture, suivi d’un brouhaha de klaxons et de voix humaines affolées .  Les interventions se succèdent alors, de plus en plus alarmantes et provenant des quatre coins des Etats-Unis.

On entend maintenant des sirènes d’alarmes, des klaxons de police et  la voix du présentateur se fait aigüe pour décrire les rues qui commencent à  se remplir de gens paniqués.  L’ émission est devenue cahotique, entrecoupée de bribes de morceaux de musique, de voix lointaines décrivant une lueur suspecte  que le speaker situe à l’autre bout de l’Amérique.

La musique reprend, puis la voix d’un scientifique annonce  avoir identifié l’atterrisage d’engins spaciaux en provenance de la galaxie, suit alors une clameur confuse venant des rues avoisinantes . L’émission s’achève sur la voix du premier speaker qui déclare la ligne interrompue Il semble  que tout le monde ait oublié qu’il s’agissait d’une émission radio très bien jouée....

Finalement,le canular n’en était pas un et quand la presse s’est emparée de l’affaire, elle a exagérée la portée de l’angoisse générale pour en rendre responsable la Radio et son influence néfaste sur la population.

On ne peut pas dire qu’Orson Welles, l’instigateur de cette pièce radiophonique, eût été totalement étonné de la réaction du public.  Le sujet est délibérément anxyogène puisqu’il s’agit d’une invasion des Martiens, chose que l’on redoute depuis la nuit des temps... Mais enfin, la Presse en a rajouté une louche puisqu’il fut reconnu par la chaîne CBS que l’émission, concurrencée par une  une chaîne populaire, n’avait reçu qu’une faible  audience.

Comme quoi la Presse, omniprésente, a toujours le dernier mot.

Ce qu’il n’avait pas prévu non plus, Orson Welles,  jeune comédien de 23 ans, surdoué et né sous une bonne étoile, c’est la subite montée de sa popularité au  cours des quatre années qui suivirent LA GUERRE DES MONDES, avec pour bouquet final la sortie de son premier long métrage Citizen Kane  mais c’est une autre histoire.

L’histoire d’aujourd’hui, cette « guerre des mondes « dont le danger vient du ciel, nous parle de la Peur, maladie contagieuse qui a le pouvoir de rassembler mais aussi d’asservir.

Mes Martiens sont peut-être déjà parmi nous, invisibles.

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA GUERRE DES MONDES

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Les mots de la transition

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Les mots de la transition

 

LES MOTS DE LA TRANSITION

 

Oui cette transition que nous subissons, qu’elle soit énergétique, climatique, ou fantomatique nous pousse (nous force ) à convertir certains mots familiers en incitations formelles à la vertu .C’est la décadence à l’envers...

 

 

RESPONSABLE

 

Ce mot est menaçant.

Il est partout.  On le lit, on l’entend, claquant comme un coup de fouet .

 

Aujourd’hui il devient un critère imposé d’un produit ou d’une marque ce qui le rend acceptable , vous pouvez y aller.

Etre responsable, ça nous concerne tous. Nous devons tous être responsables sans nous poser de questions.

 

Molière en aurait fait une farce et moi j’ai envie d’en faire un morceau choisi à la Raymond Devos :

 

C’est un employeur qui reçoit un candidat .

L’employeur

Je cherche quelqu’un de responsable.

Le candidat

Ah, vous avez eu un vol ?

L’employeur

Non, pourquoi ?  c’est juste mon chef de chantier qui est décédé.

Le candidat

Je suis désolé, mais je ne suis pas responsable.

L’employeur

Non, mais je cherche un remplaçant engagé et responsable, vous voyez ce que je veux dire.

Le candidat se gratte la tête

Pas  vraiment. Parce que moi, si je suis ici, c’est parce que je ne suis pas engagé, sinon, j’aurais pas besoin de vous.

L’employeur

Mais vous êtes responsable ?

Le candidat

Ca dépend de quoi, si c’est pour être chef de chantier, je ne fais pas l’affaire.

L’employeur

Pourquoi ?

Le candidat

Moi j’étais responsable du service neuro-psychiatrie à la prison de Fresnes.

L’employeur

OK j’ai compris. Vous êtes bon pour Pole Emploi. Merci, vous pouvez disposer.

 

Trouvez en d’autres, c’est amusant !

 

Miss Comédie

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Nouvelle Vague

Publié le par Miss Comédie

Nouvelle Vague

NOUVELLE  VAGUE

 

 

Septembre 2022 : une nouvelle vague de disparitions nous prive de quelques têtes d’affiche, dont la tête d’un  mouvement qui a chamboulé la manière de faire du cinéma.

 

A bout de souffle, Jean-Luc Godard gravit les derniers mètres qui le  séparaient de son dernier domicile fixe. Ebloui par une soudaine lumière, il fut saisi d’étonnement.

Devant lui s’étendait à l’infini un jardin extraordinaire qu’il lui sembla reconnaître… Le Luco ?

En effet, sur sa gauche se trouvait l’enclos de la fontaine Médicis et son couple enlacé.

Mais la surface du jardin était démultipliée, les allées se perdaient jusqu’à l’horizon, bordées par une végétation exubérante et des arbres millénaires.

Godard, surpris de la soudaine agilité de ses jambes, fit quelques pas vers le bassin où des enfants faisaient jouer leurs bateaux à voile, comme toujours depuis la création du Jardin.

Plus loin, il remarqua un très vieil homme assis sur un banc le long d’un tas de sable.  L’homme souriait sans raison apparente, l’air heureux.  Godard le reconnu nullement aussitôt, c’était Sempé. Il s’approcha, ravi de la rencontre.

«  Bonjour cher ami !  Si je m’attendais à vous voir  déjà ici !

Sempé :

«  Je viens tous les jours surveiller le petit Nicolas qui fait des pâtés de sable, voyez-vous !

Godard remarqua l’enfant absorbé dans son travail.

« Et vos couvertures ?

« Ils ne m’ont pas remplacé. Je m’en fous.

En effet, Sempé paraissait totalement euphorique mais tellement indifférent que Godard s’éloigna.

Il se sentait léger comme l’air et se félicita d’avoir bravé l’interdit qui bannissait l’euthanasie.  « J’aurais dû faire ça plus tôt quel con. «  Mais il se sentait démuni sans sa caméra. Cela faisait un bail qu’il l’avait mise au rancart  devant la pauvreté de son inspiration, mais là… il y avait de quoi refaire surface…

 

Soudain,  la lumière fut voilée par le passage d’objets non identifiés qu’il crut être de grands oiseaux blancs.  Mais  leur chant était un chœur de voix humaines et il s’aperçut que c’était des anges aux ailes déployées glorifiant l’ascension de la Reine  Elizabeth.

Au centre dette envolée séraphique, un trône aérien portant la souveraine était entraîné vers le ciel par deux archanges coiffés de casques d’or aux armes de la couronne.

« Donc, elle ne va pas rester ici… » pensa Godard, « elle a droit au Paradis, elle, mais elle va se retrouver bien seule, la pauvre ! »

 

Il continua sa découverte de ce qui n’était pas le Paradis mais qui lui convenait très bien.

 

Il y avait un monde fou, dans ce jardin.  Il chercha à reconnaître des amis, des acteurs célèbres.  Justement, dans une encoignure végétale un peu à l’écart, il vit une jeune femme à moitié nue, assise dans un fauteuil d’osier, filmée par un vieil homme agenouillé qui devait être Just Jackin. Jean-Luc Godard avait un profond mépris pour  ce mec qui n’avait pas de prénom et un tout petit nom ! ( il pouffa en lui-même)    Pauvre  Emmanuelle… bof.  Anna était plus classe …  Justement… où était Anna Karina ?  Il eut soudain un regret. Tout ce temps perdu. La femme de ma vie, c’était elle et je l’ai prise pour une passante de longue durée.  Et où est-elle, maintenant ? »

Abattu, il se laissa tomber sur un banc, la larme à l’oeil.  Son chagrin était assez incongru en ce lieu, pour attirer l’attention d’un passant qui le reconnut aussitôt :

« Godard !   Vous pleurez sur vos fautes passées ?

Godard se redressa, furieux :

« Allez vous faire foutre ! ... Ah ! c’est vous, Monsieur Klein ?... Vous êtes rancunier, à ce que je vois...

« Pas du tout ! Ici, c’est le Jardin rédempteur, une réplique du Jardin du Luxembourg où j’ai passé la moitié de ma vie à photographier tout ce qui bouge !...

Sur ce, il braqua l’objectif de son Nikon sur Godard qui hurla :

«  Ah non ! Pas de photo ! Vous pouvez pas faire une pause de temps en temps ??

C’est une habitude... Ici – enfin au Luco – passaient les filles les plus canons de Paris.  Je les ai toutes shootées !

 

« Vous les avez toutes sautées ? Chapeau !

«  Non, shootées, !   Et vous, vous avez consommé pas mal…

«  de pellicule, oui, pas mal !

 

Ils éclatent de rire.  Klein propose alors de boire un verre au bar.

« Au bar ? Quel bar ? Il y a un bar ici ?

« Venez ! Le bar était situé un peu en retrait dans un petit square  au milieu de plantations sauvages .  Il n’y avait qu’une table, en fer forgé, et deux chaises, les deux tabourets du bar étaient vides.  Pas de barman, il fallait probablement se servir soi-même.

William Klein fit la moue.

« Très peu pour moi... Je me tire, et vous ?

Godard hésitait. Quelque chose le retenait là.

« Non, je vais m’asseoir un moment.

Le silence régnait dans ce coin désert.  Il détendit ses jambes, regarda autour de lui, pris d’un pressentiment.

C’est là qu’il vit François Truffaut, assis en retrait sous les ombrages,  les yeux fixés sur lui.

Il se leva d’un bond et le dialogue s’établit comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.

 

« Alors, tu fais bande à part ?

 « J’attendais mon meilleur ami. Tu en as mis, un temps !

« Moi, ton   meilleur ami ?  c’est ridicule !

«  On a quand même fait un sacré tandem, à l’époque !

Pris d’un doute, ils se figent.

« Hé, attend, fait Godard, on serait pas en pleine filmo de Patrice Leconte, là ?

Truffaut s’agite, il n’a pas le sens de l’humour.

« OK, mais c’est du langage courant, non ? Bon, donc tu n’es pas mon meilleur ami ?

« Disons que j’ai été ton meilleur ennemi...

« On a fait les 400 coups ensemble !

« Non, j’étais pas dans le coup, moi !

«  Ah oui, c’est vrai... Mais moi, je m’emmerde ici, tu veux pas qu’on fasse une nouvelle vague ensemble?

« Non, moi je veux retrouver Anna Karina et vivre ma vie avec elle, je sais qu’elle est ici, elle m’attend !

François Truffaut  se marre :

« Trop tard, mon vieux, elle vient d’épouser Pierrot le fou ! »

 

Miss Comédie

 

  

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ECRIRE

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ECRIRE

ECRIRE ...

 

Devant la page blanche je m’interroge.

On me dit d’écrire « léger ».

 

Ecrire léger pour une rentrée sur les chapeaux de roues ?

Il faudrait remonter le temps.

Pourquoi certaines années pèsent-elles plus lourd que d’autres ?

Ce fléau qu’est la pandémie nous a rappelé que nous sommes tous égaux devant l’Imprévisible.

Contre l’Imprévisible on ne peut rien.

Dix ans, que j’écris des choses légères.

C’était quand les choses paraissaient à peu près prévisibles, même le temps qu’il ferait le lendemain.

Ca roulait, bon an mal an.

Et puis soudain, tout a changé comme un ciel d’été assombri lentement par un vent porteur d’orages dévastateurs.

Je sais, tout le monde a remarqué ça mais il faut suivre sa route.  Eviter de se poser des questions car l’homme a toujours subi l’insensible et inévitable mutation de son univers familier.

 

Aujourd’hui, avant de me mettre à écrire léger, je me trouve face d’un monde inconnu.

 

Pourquoi le mot GUERRE a-t-il surgi dans les flashes info ?

Pourquoi la violence a-t-elle la primeur sur les réseaux sociaux ?

Pourquoi les figures emblématiques de l’adoration des foules ont-elles peu à peu disparu ?

Pourquoi ce déclin des grandes villes, soumises à l’invasion des deux roues  et des brigades de la coke ?

Pourquoi les cinéphiles désertent-ils les salles de cinéma ?

Pourquoi  les chansons d’amour n’ont plus droit au Top 50 ?

Pourquoi les femmes sont-elles devenues les ennemies des hommes ?

Nous sommes le 9 Septembre et c’est voilà qu’arrive ma dernière question :

Pourquoi Sa Majesté la reine Elizabeth a-t-elle choisi ce moment de grand désarroi pour quitter ce monde absurde ?

Elle était la souveraine mystérieuse  dont le charisme imposait le respect aux anarchistes de tous bords.

Elle était le symbole d’un monde révolu qui est en train de perdre la boule.

Bientôt, c’est sûr, je trouverai ça drôle….. ou du moins, normal. Je me mettrai alors à écrire léger,

Voire comique, histoire de justifier ma signature...

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

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Le Premier Homme ( Albert Camus )

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Le Premier Homme ( Albert Camus )

L E  PREMIER HOMME

Albert Camus 

 

 

« A toi, qui ne liras jamais ce livre « 

 

 

Il était parti, ce matin du 4 janvier 1960, après avoir passé le jour de l’An avec sa famille et ses amis dans sa maison de Lourmarin.

Francine, sa femme, avait pris le train  pour Paris avec les jumeaux, Catherine et Jean. Lui, avait voulu rentrer en voiture avec Michel Gallimard, sa femme et sa fille Anne, dans la Facel Vega de l’éditeur.

Il était détendu, heureux. Dans sa mallette, il emportait le manuscrit du Premier Homme, qu’il allait re-travailler pour en faire le premier chapitre de sa trilogie.

 

Il avait 46 ans, l’âge de toutes les passions. Il venait de découvrir celle du théâtre, qui le lança   dans l’adaptation et la mise en scène de la pièce monumentale de Dostoievski, LES POSSEDES ;  Une folie qui l’épuisa et lui fit prendre du  recul dans ce qu’il appela « le maquis théâtral ».

 

Plus durable fut sa passion pour Maria Casarès,  « l’Unique « , une déesse de la scène pétrie de trac et de talent avec qui il entretint une correspondance passionnée, lui qui aimait « toutes les femmes « mais fut éternellement   fidèle à son épouse, Francine.

 

Tout cela ne figure pas dans Le Premier Homme  naturellement.  C’est juste un signe de reconnaissance, un flash-back miniature sur un parcours fabuleux.

 

La mallette contenant le manuscrit fut retrouvée à ses pieds, dans ce qu’il restait de la Facel Vega qui mit fin à sa vie.

 

Conservé religieusement par sa fille Catherine, le précieux texte  ne  fut publié qu’en 1994. C’est un monument dédié au père inconnu et au souvenir d’une enfance lointaine dans le temps et dans l’espace,  mais si incroyablement vivante  dans sa mémoire !

 

C’est bien lui , Albert Camus, ce gamin de la rue de Lyon à Bellecour, le quartier pauvre d’Alger.

 

Le décor et les personnages sont ceux d’un roman de Zola transplanté au Maghreb, avec une famille hybride peu encline à la bienveillance, et le recours quotidien d’un instituteur doté de clairvoyance qui fut un éclaireur sans relâche sur la route qui mène au sommet.

 

Ce serait une histoire très banale, en somme, si l’auteur n’était pas celui que l’on sait.

Car le fil conducteur de cette histoire n’est autre que l’éternelle et impuissante recherche de ce père qu’il n’a pas connu,  sur les traces de sa courte vie avant son engagement dans l’armée et sa fin héroïque.   L’ombre de Lucien Camus   plane sur Mondovi, sur la ferme qui l’employait, sur ces terres arides et ces êtres familiers, Arabes ou Espagnols qu’il côtoyait.  Retour aux sources, reportage déchirant  et inutile mais quel témoignage sur l’enfance d’un futur Prix Nobel !

 

Ce premier chapitre  pose aussi  l’énigme de cette trilogie inachevée : qu’allait-on apprendre sur cette moitié de vie d’un homme qui avait déjà fait tant parler de lui ?

Allait-il enfin livrer son sentiment profond sur cette guerre d’Algérie qui l’avait meurtri plus que tout autre ?

Et ce mot  indéfini qui apparaît plus tard dans son œuvre, à tout propos, ABSURDE,  ce  mot si simple à peine teinté de mépris auquel il prête un sens mystérieusement existentiel dans sa Philosophie de l’Absurde….. allait-il  nous en parler plus clairement ?

Car pour nous,  l’absurde était tout entier dans cette brusque décision de revenir à Paris en voiture et non en train, absurde cette route glissante et cette fin brutale  comme  un caprice du destin.

 

Camus disait : « L’absurde ne mène pas à Dieu, mais il ne l’exclut pas. »

Comprenne qui pourra.

Mais enfin, il nous reste ce Premier Homme, ce premier chapitre magnifique et c’est déjà pas mal !

 

 

Miss  Comédie

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MODERATO CANTABILE de Marguerite Duras (1958)

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MODERATO CANTABILE de Marguerite Duras (1958)

MODERATO CANTABILE  de Marguerite Duras (1958)

 

Encore un livre oublié dont la subtile violence nous avait peut-être échappé... Une leçon d’érotisme à mots couverts.

Comment faut-il jouer la sonatine de Diabelli ?

Moderato cantabile.  L’enfant sait mais refuse de répondre. Modéré et chantant.  A la prof impatientée il oppose un front buté. Sa mère sourit, attendrie.

Quelques lignes limpides ouvrent le récit, des phrases lapidaires entrecoupées de silence, une scène de vie quotidienne très banale dans une ambiance « modérée et chantante »,  aucun signe d’une fatalité rampante… même après que l’on eût entendu le Cri.

La suite est beaucoup moins limpide.

Marguerite Duras y déploie déjà superbement son penchant pour la tragédie et surtout pour l’alcool.

La dame au petit garçon va entamer un long cheminement initiatique autour de ce cri,  et du crime passionnel qu’elle va découvrir, dans ce café qui sera le lieu de sa rencontre avec l’Homme.

Qui est cet homme, qu’elle ne connaît pas, mais qui semble la connaître ? Que sait il, lui, sur ce crime impressionnant qui va devenir le motif obsessionnel de leurs rencontres ?

Ces rencontres vont devenir les étapes d’une liaison énigmatique qui se dévoile peu à peu, à coups de verres de vin, toujours plus avidement consommés au rythme d’un désir aussi intense que dissimulé.

La braise sous la cendre !

 

A la première lecture, j’avais adoré. Un charme fou se dégageait de ces questions sans réponse, de ce mystère non élucidé qui s’étire interminablement dans une rencontre sans lendemain.

Plus tard ce suspense purement littéraire m’était apparu comme un procédé et m’avait lassée.

Le dernier chapitre, lui, est un vrai morceau d’anthologie.

L'enfant n’est plus avec sa mère.

L’homme et la femme vivent un moment émotionnel très fort, presque sans parole, laissant le lecteur à bout de souffle, hanté par cette dernière question : pourquoi ce renoncement ?

A chacun sa réponse.

Et si le désir inassouvi était la meilleure et plus voluptueuse réponse à un amour impossible ?

Miss Comédie

 

La photo ci-dessus est tirée du film de Peter Brook sorti en 1960, MODERATO CANTABILE, avec Jeanne Moreau et Jean-Paul Belmondo, scenario et dialogues signés Marguerite Duras.

(Pour le casting, il y avait mieux que Bebel, qui n’est pas vraiment un symbole de refoulé sexuel... à mon avis.)

 

 

 

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RELIQUES A RELIRE

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RELIQUES A RELIRE

RELIQUES A RELIRE

Ces livres que l’on a aimés puis oubliés et qui nous emballent cet été.

 

BONJOUR  TRISTESSE

 

« Sur ce sentiment dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse.

C’est un sentiment si complet, si égoïste, que j’en ai presque honte, alors que la tristesse m’avait toujours paru honorable.

Je ne la connaissais pas, elle, mais l’ennui, le regret, plus rarement le remord.

Aujourd’hui quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, qui me sépare des autres. »

A la première lecture je n’avais pas prêté attention à la beauté de ce premier paragraphe.

Une petite  merveille, inspirée peut-être par le poème d’Eluard dont l’auteur a tiré le titre.

Ah! si les 187  pages qui suivent avaient la même élégance,  je n’aurais pas refermé le livre avec dédain pour revenir à mes bons vieux classiques du siècle dernier, de vrais écrivains, eux.

Des années plus tard, j’ai eu des remords et j’ai voulu voir. Après tout, le roman avait mérité le Prix des Critiques et le succès phénoménal que l’on sait.

Hélas, après la découverte de ce miraculeux premier paragraphe, le reste m’apparut aussi décevant que la première fois.

C’était une autre prose, celle d’une écolière appliquée à relater, étape par étape, une machination sournoise  qui finit mal, dans une   langue où la candeur se mêle au  libertinage.

Les situations sont devinées d’avance, les dialogues d’un autre âge .  Tout est convenu, dépassé, surfait.

On en oublie le vrai sujet du livre qui est l’inconsciente cruauté de la jeunesse et son monstrueux égoïsme .  On est tenté d’interrompre la lecture, agacé, mais il faut aller jusqu’au bout, jusqu’à la dernière page, aux dernières lignes, et l’émotion surgit alors, pure et dure, sans effet de style, jaillie de l’âme même de l’auteur et on en a les larmes aux yeux.

   « Seulement, quand je suis dans mon lit, à l’aube, avec le seul bruit des voitures dans Paris, la mémoire parfois me trahit. L’été  revient.  Et tous ces souvenirs. Anne. Anne. Je répète ce nom très bas, très longtemps dans le noir.

Quelque chose alors monte en moi, que j’appelle par son nom , les yeux fermés  « bonjour tristesse ».

Ces quelques lignes magnifiques suffisent-elles à consacrer le roman comme un objet de culte impérissable ?

On ne peut plus en douter, puisque cela s’est passé ainsi. Mais le Destin a eu son mot à dire cette année-là, et les choses se sont enchaînées comme il fallait , tout simplement.

Nous sommes en 1954 ; Françoise Quoirez a dix-huit ans, elle vient de passer son bac et elle écrit en quelques semaines sur une table de café à St-Germain, le roman que l’on sait.

Est-il inspiré de faits réels vécus durant un été particulièrement tumultueux ?    Peu importe.

Elle le fait lire à son amie Florence Malraux qui fréquente les milieux littéraires et le soumet à quelques éditeurs.

Julliard prend l’affaire en mains, demande une fin plus tragique et  met sous presse, conscient que le côté sulfureux de cette histoire va faire frissonner les medias…  Le style ?  Quoi, le style ?  Le début et la fin d’un texte sont les seuls critères de jugement pour le lecteur lorsque le sujet  est audacieux et tellement dans l’air du temps !

Entre nous, cela n’a pas marché pour les œuvres  suivantes… et si Françoise Sagan est restée célèbre, c’est grâce à l’étourdissante liberté de sa vie privée.

Bonjour tristesse reste son seul titre de gloire .

Un titre pas vraiment optimiste…

Miss Comédie

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LES LARMES D'ARLETTY

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LES LARMES D'ARLETTY

 Un moment imaginaire dans la vie d’Arletty

Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez un jour de Mai 1968

 

Je suis assise dans un fauteuil de cuir face à un tableau de Signac, le fauteuil est placé là pour celui qui voudrait s’abimer dans la contemplation du tableau mais moi, là, j’ai les yeux fermés sur ma douleur.

Moment  imprévisible où la conscience de sa solitude s’abat sur vous comme la foudre et vous submerge.

Mes amis m’ont laissée pour arpenter l’enfilade des salles où s’alignent les toiles sublimes de quelques peintres célébrant la Provence.

J’ai souvent accompli cette visite, ce pèlerinage, devrais-je dire, et admiré ces  paysages transfigurés par  le regard de Vuillard, Bonnard,  mon ami  Marquet ou Signac bien sûr, et Van Dongen dont je fus le modèle….

Aujourd’hui je les revois avec les yeux du souvenir.

Avec la vue, j’ai perdu quelques  bonheurs irremplaçables que je reconnais, tellement amère, chez les autres.  Inconscients, comme je l’étais, au bord de l’ingratitude.

J’ai toujours la même gueule, bien sûr, mais ce n’est plus une gueule d’atmosphère.

 

Ah, ce mot là, il me poursuit encore, il me colle à la peau, ce mot qui est le même dans toutes les langues et dont Henri Jeanson me gratifia dans le dialogue de l’Hôtel du  Nord…

Vingt  ans déjà. Et ça n’a plus arrêté. Quatre films avec mon cher Carné, des films-légendes, sans me vanter. Et puis… les hommes aussi, ont défilé, j’en ai vu de toutes les couleurs, quelques   blonds typés teutons d’ailleurs, comme ma copine Coco Chanel, ce fut notre Occupation favorite…

Le mien, si beau, si blond, m’a suivie longtemps, il voulait m’épouser mais j’ai dit non et il est retourné en Allemagne se marier loin de moi.

Mes larmes coulent à nouveau, se souvenir aussi, ça fait mal.

Comme ce jour à l’Orangerie ou Brialy me trouva en larmes à une table, je venais d’avoir mon coup dur aux yeux et, il m’a  pris la main : « Pleure pas, ma puce… Il te reste la voix ! Tu sais, la voix est un instrument magique, aussi magique que le regard, tu verras… »

Et c’était vrai, en un sens.  Désormais, les voix m’accompagnent et me donnent des sensations multiples, au plus profond des âmes qui me parlent.

Mais que font-ils ?

Des minutes passent, les gens arpentent la salle, ils doivent se demander pourquoi cette femme aux yeux fermés devant ce tableau de Signac ?

Voilà que je reviens à mon idée fixe : « Je ne serai plus jamais la même. » 

Mes larmes coulent dans un curieux mélange de nostalgie et  d’acceptation. 

Le côté inéluctable de notre destinée m’apparait en cet instant comme il le sera à l’heure de ma mort.

Cette immobilité qui se prolonge fait naître des pensées morbides et je trouve le temps long.

Le désespoir a fait place à l’impatience et j’ouvre les yeux sur le tableau de Signac.  Je ne saurai jamais ce qu’il représente...

 Mes amis sont revenus, ils m’entourent, les yeux pleins d’éternité.

Je me lève, retrouve mon rôle d’actrice qui est ma carapace en dehors des plateaux, pour « garder la face », comme on dit.

Mon rire les rassure, le rire, encore un instrument magique contre le désespoir.

Miss Comédie

 

Arletty est toujours Présidente d’Honneur de l’Association des Artistes Aveugles de France

 

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ELOGE DE LA MUSIQUE

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ELOGE DE LA MUSIQUE

 

 

« La  musique est une révélation plus haute que toute sagesse,

que toute philosophie. »  Ludwig van Beethoven.

 

La musique est le sésame ouvre-toi de l’Imaginaire.

Dieu seul  sait dans quels lointains abîmes  de volupté, de mystère ou de nostalgie nous plongent certaines harmonies que nous sommes seuls à décrypter...

Qu’est-ce que la musique, au fond ? Ce n’est pas une invention de l’homme, comme le cinéma ou la peinture, elle nous a été donnée par le Créateur, comme la lumière, au début de la nuit des temps.

A moins qu’elle ne soit née sur le mont Olympe de l’union de la muse Euterpe et du dieu Apollon.....

Ils prenaient du bon temps, là-haut, c’est sûr, et nous ont laissé quelques échos de leurs amours car ensuite, la musique n’a cessé  de se ré-inventer au gré des humeurs et des rites, des modes et des instruments.

Elle est partout, autour de nous, mais seul un être humain doté de  l’oreille absolue est capable de déceler la note qui se cache dans le moindre bruit.  Un musicien, donc, mais tous les musiciens n’ont pas forcément l’oreille absolue, c’est  un  don du Ciel.

Le paradoxe, c’est que tout en étant un art immatériel et  et indéfinissable la musique comporte des  règles que tout musicien doit respecter pour faire entendre ce qui n’existe pas...

A vrai dire, je me suis embarquée dans un sujet bien difficile à traiter...

Difficile, peut-être, mais tellement passionnant.

Que serait la vie sans musique ?

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne, je ne peux vivre sans musique. N’importe laquelle, un concerto de Vivaldi ou une chanson de Souchon, un tango d’Astor Piazzola ou un Nocturne de Chopin, je m’envole dans le meilleur des mondes.  Le décor est parfois celui qu’a imaginé l’auteur et je m’insinue dans son histoire, c’est magique.

Et puis, naturellement, il y a ces morceaux  dont je  ne sais  rien sinon qu’ils me chavirent et  dans lesquelles je me laisse emporter sur les vagues de mes rêves les plus fous.

Mais voilà, c’est inracontable, cela ne regarde que moi et mes fantômes..Chacun est seul avec la musique.

Comment  expliquer que  la voix  de Bourvil   cherchant le nom d’un petit bal perdu sur un air d’accordéon, me tire des larmes  autant  qu’une cantate de Bach… ?

Mystère. 

Vus aurez compris que la musique n’est qu’une énigme  dont chacun a la clé.

Alors à quoi bon  me lancer dans  l’énumération  de quelques morceaux sublimes qui ont traversé les siècles et que nous connaissons tous ?

Ces parcelles d’âme de nos génies disparus n’en finissent pas d’être repris par de nouveaux  interprètes qui les transfigurent  avec  leur propre émotion.

Et là, c’est plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de penser à l’interprétation de la Fantaisie  chromatique et Fugue en ré mineur de J.S. Bach par Alfred Brendel.  Ce qui se passe là-dedans est un pur miracle, une osmose totale entre les deux musiciens, à des siècles de distance. On est dans la Beauté pure pendant dix minutes, en pleine lévitation, si j’ose dire, par la grâce d’un grand interprète.

Mais les deux plus grands interprètes de la Musique sont toujours la Mémoire et l’Imaginaire, n’est-ce pas ?

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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ALBERT CAMUS ET LA FOLIE DU THEATRE

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ALBERT CAMUS ET LA FOLIE DU THEATRE

ELOGE DE LA MEMOIRE

C’était hier.  Bien sûr, puisque nous sommes le lendemain...

Donc, je me souviens de  cette histoire que j’ai vécue  dans ma jeunesse et la sensation que j’éprouve à ce souvenir me remplit d’une exaltation  qui n’était pas la mienne ce jour-là, c’est la ruse du temps qui passe, ce coup de projecteur sur les souvenirs...

Alors je me dis : cette histoire est tellement... n’ai-je pas rêvé tout cela ?

La mémoire est la grande rivale de l’imaginaire quant il nous prend l’envie de nous échapper du réel.

La mémoire nous fait revivre, l’imaginaire nous fait vivre des moments inoubliables, à nous de choisir.

Le soir de ma rencontre avec Camus, je n’arrivais pas à dormir mais ce n’était pas l’évocation de ce moment  fabuleux, incrédule face à cette icône du monde littéraire et théâtral, non, c’était juste le souvenir  cuisant  de sa phrase : « Mais vous n’êtes pas folle ! » qu’il m’avait lancée  et que j’avais  reçue comme une injure.

La tournure qu’avait pris notre conversation, après l’entrée en matière professionnelle qu’il avait conclue sans trop s’y attarder, avait pourtant de quoi  flatter la petite secrétaire  envoyée par son agent.

Lui iI était en pleine folie, plongé dans les âffres de la mise en scène infernale des POSSEDES au Théâtre Antoine, s’intéressait à moi.

Il  posait des questions, il s’intéressait à mon sort, il voulait connaître mes ambitions…

Mais quand je lui confiai , tout de go, que mon ambition était de faire du théâtre, il s’était insurgé :

« Faire du théâtre ? C’est ridicule, il faut vite penser à autre chose ! »

Je m’était rebiffée : «  Ah oui , Et pourquoi, s’il vous plait ? »

J’avais l’insolence d’une élève de terminale face à son prof de philo mais il ne voyait pas ce qui me  choquait et continuait :

« Parce qu’il faut être fou pour faire du théâtre… et que vous n’êtes pas folle ! »

Dans mon lit, ce soir-là, je  fulminais.   Je le traitais de mufle. Qu’est-ce qu’il en sait ?  Et si j’étais folle ?  Il n’en sait rien !

Cette phrase me taraudait.  Tout à coup, je me demandais si je ne manquais pas dramatiquement de folie.  J’étais vaguement inquiète.   Et si je n’étais pas faite pour le théâtre ?  Comment le savoir ? Comment savoir si j’étais folle  de la folie du théâtre ?

Je m’étais endormie sur cette question existentielle, tragique.

Et dans mon rêve, je me suis vue sur scène, dans un halo de lumière, ovationnée et la larme à l’œil, après une démonstration éblouissante de ma folie théâtrale.

Quelques années plus tard, le rêve s’est réalisé mais  Camus  n’était plus là. 

C’est pourtant en pensant à lui que j’ai découvert cette folie qui dormait en moi, comme  en chacun de nous, je suppose, mais il faut un détonateur et Albert Camus, pour moi, fut un prodigieux détonateur.

Ma prestation périlleuse dans le rôle de Zerbinette des FOURBERIES DE SCAPIN avait démontré que j’étais bien folle, comme les autres fous du théâtre ; et j’aurais tant voulu le lui démontrer...

Car j’étais tombée amoureuse de lui, évidemment.

Comment ne pas tomber sous le charme d’Albert Camus ?

Surtout qu’il aimait, lui, toutes les femmes, c’est ce qu’il m’avait confié un jour que lui demandais comment pouvait-il aimer à la fois son épouse Francine, et la comédienne Maria Casarès.

« J’aime toutes les femmes, avait-il répondu, les yeux dans le vague.

Cela m’avait profondément émue.  J’étais donc, moi aussi, l’une d’elles...

Je revois cette scène et je  sais que ce n’est pas une hallucination, cette dédicace sur le livre qu’il m’avait offert,  La Chute, le prouve. Je  passe un doigt sur sa signature et je suis prise de vertige, devant   ce témoignage d’éternité.  Albert Camus n’est pas mort, il est là, devant moi, il a écrit ces lignes devant moi et je peux revivre cette scène, indéfiniment  et l’imaginaire n’a rien à voir là-dedans, la mémoire a été la plus forte ; et c’est tant mieux.

Miss Comédie

 

 

 

 

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ELOGE DE L'IMAGINAIRE

Publié le par Miss Comédie

Les lendemains n’existent qu’après un long sommeil, ou une nuit blanche, ou bien après un épisode inhabituel, enchanteur ou sinistre.

Une fracture, par exemple.

Mais le temps qui passe est anesthésiant et très vite, les lendemains s’imposent.

Des lendemains qui chantent ? Des lendemains qui hantent ?  Aujourd’hui, on balance entre l’espoir et la crainte, mais nos ancêtres n’avaient-ils pas les mêmes problèmes de lendemains ?

Les contes et légendes nous rappellent depuis toujours que l’on peut échapper à la triste réalité grâce à l’imaginaire.

ELOGE DE L'IMAGINAIRE

Oui l’imaginaire est un sixième sens qui nous donne le pouvoir de vivre comme il nous plait, n’en déplaise à un quotidien banal.

Les lendemains de Miss Comédie ne sont que le prolongement de ses rêves hétéroclites, un peu transposés, il faut dire.

 Ils s’inspirent généralement  de personnages mythiques ou de spectacles légendaires.

Écrivains envoûtés, peintres illuminés, comédiens de théâtre, acteurs de cinéma, ils sont tous les dépositaires d’un trésor collectif : l’imaginaire.

Alors, plutôt que l’Express ou la Revue des Deux Mondes, allons chercher l’évasion là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Avec Baudelaire... ou bien avec Modiano,  là où tout n’est qu’ombres du passé, mystères non élucidés,  souvenirs perdus dans un Paris qui garde son secret.

Ou bien avec Mozart et sa Flûte Enchantée, Edgar Poë et son monde halluciné, et puis Dali qui réinvente Gala.

Avec les Surréalistes, bien sûr,

Et aussi Tim Burton avec ses mains d’argent et autres visions magiques...

Le choix est immense, évidemment.

Et puis, chaque salle obscure, chaque théâtre, chaque roman, ne nous emmènent-ils pas hors du réel, émerveillés, prêts à nous enfuir vers un nouveau destin ?

C’est un délit de fuite qui ne peut nous ramener qu’au sein de la prison-réalité... ?

 Avec l’imaginaire tout est possible et chaque lendemain peut être un émerveillement, un éclat de rire, une larme ou une lueur d’espoir, l’espace d’un instant.

A bientôt,

Miss Comédie.

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2022 , A NOUS DEUX

Publié le par Miss Comédie

2022 , A NOUS DEUX

 2022,

A NOUS DEUX !

 

Que s’est-il passé le premier Janvier des années mille, mille dix,  et mille cent ?  Sûrement des choses bizarres, oubliées depuis. Mystère .

Plus près de nous, il y a eu le deux février deux mille, deux mille deux, et dans quelques jours ce sera le vingt deux février deux mille vingt deux… Plus tard il y aura le vingt-deux février deux mille deux cent vingt deux… et ensuite, on passera aux années trois mille .

Cela nous plonge dans des abîmes vertigineux , l’éternel mystère des chiffres .

 

Pour beaucoup d’entre nous, l’arithmétique fut notre bête noire durant nos années de primaire.

On ne nous disait pas assez l’influence  occulte  des chiffres sur la destinée de notre planète et de ses locataires , qui oublient, par exemple, que sous le charme envoûtant d’un concerto de Mozart se cachent de savantes combinaisons de chiffres.
Aujourd’hui , deuxième  mois de cette année au chiffre deux prédominant, je m’interroge : et si ce chiffre marquait soudain la  revanche du DOUBLE sur le SIMPLE, pour répondre aux critères divins de la Création .

 

Les deux premiers êtres humains apparus sur terre, Adam et Eve,  n’étaient-ils pas dotés de deux yeux, deux bras, et deux jambes, ainsi que d’autres paires d’organes internes et externes ?

 

Alors, me direz-vous, il  faut  s’attendre  à quoi ?

Ben, à des trucs imprévisibles , surnaturel, intervention soudaine ou imperceptible de puissances cosmiques venues de lointaines galaxies pour rétablir l’ordre dans l’équilibre arithmétique des êtres humains...

 

Ce qui se passe dans L’ANOMALIE, par exemple, le roman transcendant d’Hervé Letellier, dans lequel  deux avions portant le même numéro de vol font le trajet Paris-New-York à quelques heures d’intervalle avec les mêmes passagers !

Un phénomène qui pourrait bien se produire sur la ligne Paris-Lyon du TGV.... 

Qui sait si les bulletins de vote pour la Présidentielle, ne se dédoubleraient pas pour élire deux Présidents Macron, un de droite et un de gauche.

On peut tout imaginer, dès lors que l’on se plonge dans les arcanes de la science-fiction et des pouvoirs du Prince des ténèbres, maître absolu des chiffres qui modifient  sournoisement le cours de notre vie

 

… c’est bon , n’anticipons  pas  sur ce ton anxyogène (nouveau terme à la mode pour « inquiétant » )….  Regardons plutôt les nouvelles perspectives qui se profilent à l’horizon, comme la sortie, cette semaine, du   MAIGRET réalisé par Patrice Leconte avec Gérard DEPARDIEU, un film qui, d’après la rumeur, apparaît comme le juste renouveau du Septième  Art .

De ces deux-là, on attendait rien moins qu’un coup double,  une toile de maître  à voir plutôt deux fois qu’une.

 

 Miss Comédie .

 

 

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REVEILLONS-NOUS !

Publié le par Miss Comédie

Joyeux Noël  !

REVEILLONS-NOUS !

Miss Comédie vous souhaite de belles fêtes de fin d'année.

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L'amour masqué

Publié le par Miss Comédie

L'amour masqué

 

 

J’ai revu LES VESTIGES DU JOUR et, encore  une fois, à la fin,  j’ai pleuré.

Non que cette fin soit  un drame  sanglant , au contraire, tout se passe dans la dignité mais enfin, on pleure aussi tout simplement quand c’est beau, quoi.

Et là, devant ces deux acteurs qui vivent leur adieu, le coeur brisé mais sans une larme, on  est secoué d’admiration  et de révolte, on ne sait de quel côté se trouve la raison . Peut-on choisir entre le devoir et l’amour ?

 

 Attention, le film sublime de James IVORY ; sorti en 1993,ne se contente pas de décrire  les coulisses d’un amour impossible... Ce n’est que l’un des tableaux de cette Angleterre ancrée dans ses traditions, face à la montée du nazisme,  sous le regard omni-présent d’un majordome obsédé de perfection.

 

Pour ce majordome- là, pouvait-on concilier le devoir et l’amour ? Non, bien sûr...

Il faut se murer dans le silence.

Surtout  éviter le moindre signe de son attirance pour Miss Kenton  au risque de perturber la bonne ordonnance du train de maison.

Son unique but dans la vie était d’atteindre le sommet de la perfection dans l’exercice de ses fonctions .

 

C’était encore une ambition déclarée chez les majordomes de la Vieille Angleterre  :  la poursuite de l’excellence.

Les rivalités étaient grandes dans les demeures les plus cossues   et Stevens avait mis toute son énergie pour acquérir le statut de majordome  sans égal .

 

On  se demande :  Stevens était-il amoureux de Miss Kenton ?

Tout le talent de Anthony HOPKINS est là pour entretenir le doute, tant son attitude tout au long du film semble prouver le contraire.  Et pourtant… Il arrive à donner à son indifférence une sorte d’invraisemblance à peine visible, que l’on s’invente peut-être, pour rendre son personnage plus humain, juste romantique !

Il est tout sauf romantique, Stevens. Il résiste, jusqu’à la fin, aux appels muets de l’amoureuse transie.  Il répond à ses lettres sur le même ton poli , ils se mentent tous les deux, ils résistent à s’avouer vaincus, la distance n’y fait rien, ils vont résister  jusqu’à leur ultime rencontre, celle de la dernière chance , qui va nous faire croire qu’enfin... mais non, ils n’échangent que des badineries, sous la pluie, jusqu’à l’heure du bus qui l’éloigne encore de lui.  Le dernier plan, sur leurs mains qui s’étreignent, nous serre le coeur. C’est donc fini entre Stevens et Miss Kenton, le cinéma en a décidé ainsi.

 

Etrange  coïncidence, Anthony Hopkins et  Emma Thompson  vont devoir se dire adieu après leurs personnages...  Car ils viennent de tourner leur dernière séquence ensemble.

Suivons-les hors du cercle magique dans leur retour vers la vraie vie.

 

Ils sont debout face à face et leur dialogue presque inaudible semble  le prolongement de leur dernière scène.

 

 

  • Well, Anthony, merci... j’ai été heureuse de notre participation à ce film ;  je crois que ce sera une réussite.
  • Anthony Hopkins, immobile, la regarde intensément.

    -    Vous partez ?

  • Oui, j’ai un train pour Londres dans une heure.
  •  Emma...

-   Oui Tony ?

 

Un silence qui s’éternise.  Il la fixe puis lance  brutalement :

  • Je vous aime.

 Emma reste figée.

  • Pardon ?

-  Vous devez le savoir.  Je vous ai aimée comme  un fou depuis le début du film .

Encore un silence assourdissant.  Les yeux  d’Emma se remplissent de larmes.

 

  • Je ne m’en suis vraiment pas aperçue...
  • Ce n’était pas souhaitable pour le tournage... Maintenant que le film est fini...
  • Elle lui tourne le dos, défaite.

-  Maintenant c’est trop tard, Anthony.  La vie  continue.

  • Elle s’éloigne et il reste là, les mains vides, démasqué. » 
  •  

Fin du dialogue imaginaire.

 

 

Miss Comédie 

 

 

 

L'amour masqué

L'amour masquéL'amour masqué

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MA BIODIVERSITE

Publié le par Miss Comédie

MA BIODIVERSITE

 

 

C’est  la grande cause du jour  Et aussi le mot qui revient le plus souvent dans le vocabulaire d’aujourd’hui, avec 

Urgence climatique , transition énergétique,

responsable, durable, équitable,  complotiste, collectif, résilience, mobilité

et tous les dérivés de trans…  mais il y en a plein d’autres qui ont été inventés par quelques progressistes qui veulent changer le monde.

 

Il paraît que nous allons vers la catastrophe si nous ne changeons pas le monde. 

Il paraît que nous sommes responsables de la disparition de la  biodiversité.

A l’école, on m’avait appris que depuis des millénaires, la biodiversité se renouvelle d’elle-même, que des espèces disparaissent pour laisser la place à de nouvelles espèces, et que certaines régions froides deviennent chaudes et vice-versa, au fil du temps.

Mais ces notions étaient certainement puériles et sans fondement, et la cancel culture est là pour remettre les choses à plat.

 

¨Pour l’instant, en tout cas, rien n’a changé, à part l’invasion des vélos et des trottinettes dans les villes et  dans les villages. 

Les  espèces ont quand même tendance à disparaître  au profit de la Carte Bleue, mais c’est une autre histoire.

Les arbres perdent leurs feuilles  en automne et la nature reverdit au printemps, il fait plus ou moins froid en hiver et plus ou moins chaud en été, comme au Moyen-Age.

Finalement, ce nouveau vocabulaire n’a qu’un effet pervers : il installe la peur et le résultat est qu’on ne rit plus dans les dîners. 

Tout le  monde se plaint et les inconnus que l’on croise dans la rue deviennent suspects .

Ajoutons le vocabulaire sanitaire et la peur du Covid, et nous aurons un tableau vivant de l’Enfer de Dante qui n’était, en fait, que le souvenir d’un passé glorieux .

 

Après ce préambule quelque peu  ffrondeur, revenons à mon sujet du jour, la biodiversité.

Quel dialogue dans quel film ?

 

 

J’ai tout d’abord pensé à ces animaux préhistoriques que Spielberg a ressuscité dans JURASSIC PARK. 

Mais après avoir re-visionné le film, (le premier, car il y en a six !) j’ai renoncé à imaginer un dialogue qui ne comporterait que des cris de terreur.

Fausse bonne idée.

Faire simple, voilà la solution.

Derrière ce mot savant et prétentieux de « biodiversité » se cache la Nature, tout simplement, et celui qui en a le mieux parlé, dans mon souvenir, n’est-ce pas Mr. CHANCE, l’apôtre des jardins et de toutes les magies qu’ils contiennent ?

Dans BIENVENUE MR CHANCE, mystérieuse parabole sur le sens caché des mots  le réalisateur Hal ASHBY nous montre un,  Peter SELLERS  habité par  son personnage, insaisissable,  réfugié au fond de lui-même comme s’il savait que ce serait son dernier rôle.

Et les phrases qu’il prononce sur les infinies vertus de la Nature,  sont comprises comme  des conseils par l’entourage du Président des Etats-Unis pour mener à bien la gestion du pays.

 

 

Shirley McLaine , sa protectrice et faire-valoir, à la fois très loin et très proche de lui,  est là pour teinter de romantisme cette histoire surréaliste.

 

 

Que peuvent-ils trouver à se dire entre deux prises, ces deux-là ?

J’imagine que Peter SELLERS  s’enfuit loin du plateau pour être seul...  mais sa partenaire, elle, a envie de bavarder.

 

Shirley McLaine le rattrape dans sa fuite :

  • Hey, come on Peter, assied-toi un peu, il faut reprendre des forces !  Veux-tu boire quelque chose ?
  • Peter Sellers, poli :

-  Non non, merci.

  • Viens t’asseoir à l’ombre... Je voulais te demander...
  •  Oui ?  Quoi donc ?
  • J’ai lu dans le script que sur la tombe de Ben il va y  avoir une inscription...
  • Oui, et alors ?
  •  Il y aura écrit : « La vie est un état d’esprit ».
  • «  Ah oui, j’ai lu ça dans le script.  Et alors ?
  •  Et bien, je ne comprends pas ce que cette phrase signifie ! Ca veut rien dire, c’est nul !

Peter Sellers se gratte le menton et reste un moment silencieux, puis :

 Ben c’est clair, non ?  Ca veut dire que nous vivons tous avec une idée personnelle de la vie... enfin ... en gros, on a la vie qu’on mérite, voilà.

«  Ah, ben c’est nébuleux, ton explication, je suis pas plus avancée...

Et ben moi, je trouve cette phrase inouïe, c’est la pure vérité... il lève les yeux au ciel, pousse un grand soupir et dit à mi-voix :

  •  Cette phrase, je la ferai inscrire sur ma tombe, ça résume tout.
  • Shirley McLaine se lève, l’air assez perturbée :
  • Tu es sinistre, Peter.  Tu étais plus drôle dans LA PANTHERE ROSE, je vais me reposer dans ma loge, ciao... »

Le dialogue tourne court sur cette idée macabre de Peter SELLERS ;

Pourtant, il exécuta à la lettre ce projet dont l’idée lui vint en jouant le jardinier heureux de ce film prémonitoire....  En effet, la dernière image du film le montre marchant sur l’eau avant de se laisser engloutir dans  le lac.

 

Miss Comédie

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ITINERAIRE DU MAGNIFIQUE

Publié le par Miss Comédie

ITINERAIRE DU MAGNIFIQUE

1988 : Vingt- six ans ont passé. Belmondo, à 55 ans, règne  sur les écrans mais son itinéraire est en train  de marquer le pas. Celui que lui propose Claude Lelouch va le remettre sur le chemin du succès.

 

Richard Anconina, le nouveau venu, n’est pas vraiment un gamin, il a déjà 35 ans mais en paraît dix de moins.  Lelouch l’a remarqué dans le film de Claude Berri TCHAO PANTIN, où il a récolté le César du meilleur espoir masculin.

Voilà un face à face qui rappelle quelque chose !

Sur le plateau de ITINERAIRE D’UN ENFANT GATE,  ils viennent de régaler l’équipe du film avec la scène d’apprentissage qui est devenue une scène culte.

L’apparente aisance de leur jeu leur a demandé un gros effort de concentration et la pause est la bienvenue.

Les deux compères se sont éloignés vers un endroit tranquille, hors du temps.

Anconina sort une cigarette et tend le paquet à Belmondo, qui refuse.

 

« Merci, je fume plus.

« Ah bon, pourquoi ?

« Je fais du yoga.

 

Anconina allume sa cigarette en riant :

« Ah, c’est bien, ça.  Vous avez arrêté les cascades ?

 

 Belmondo sursaute :

« Mais pas du tout ! Quel rapport !

Anconina, tranquillement :

« Ben, le yoga, c’est moins casse-gueule que les cascades, non ?

Belmondo affiche un large sourire :

« Ca, c’est sûr ! Mais il y a deux choses que tu dois savoir. Primo, je fais pas de yoga, c’était une blague, deuxio , j’adore le casse-gueule, et si tu veux savoir j’adore être en danger, le danger, ça me fait bander ! C’est une confidence que je te fais, pour que tu saches à quoi t’en tenir, mon p’tit.

Anconina est un peu choqué :

« Confidence trop intime… Gardez ça pour vous, ça pourrait vous rendre impuissant (il rit sous cape)

« Très drôle… Mais dis donc toi, mon joli, sais-tu au moins ce que c’est que le danger ? 

Anconina ne rit plus.  Son regard devient dur.

« Oui.

« Ah oui…  Raconte.

Les yeux fermés, Anconina murmure comme pour lui-même :

« Je suis seul, face à la caméra, ils sont tous là, ils attendent… J’ai la trouille... Le moteur tourne, il faut que je sois juste… je suis à la recherche de la vérité. »

 

Très ému, Belmondo se souvient.

«  Oui... oui je sais, mon p’tit, je sais... j’ai été dans cet état  à ton âge, mais j’avais un maitre. Tu es mes vingt ans, me disait Gabin.  Venant de lui, c’était un sacré compliment. A toi de jouer, avec le danger, maintenant ... »

 

Miss Comédie

 

Et si mon corps ne me permet plus de réaliser des cascades, de foncer à bord d'une Ferrari, de courir d'un tournage à un autre, d'une représentation à la suivante, il ne m'empêche pas de tout revivre, comme si c'était hier, comme si c'était aujourd'hui. Je mesure, en vous la racontant, combien j'ai aimé la balade, combien elle a été joyeuse, folle, riche, semée d'amitié et d'amour »

Voici ce qu’écrivait Jean-Paul Belmondo dans son livre Mille vies valent mieux qu’une paru en 2016.

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LES SURPRISES DU DIALOGUE DE SAOULS

Publié le par Miss Comédie

 

Ce fut  la  rencontre choc de l’année.  En ce mois de février 1962, Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo tournent  ensemble  pour la première fois.

Choc  de la Nouvelle Vague contre le cinéma de papa.

La  rencontre a lieu sur le tournage du film d’Henri Verneuil,  UN SINGE EN HIVER.

L’un est un sacré monstre à qui on ne la fait pas.

L’autre, pourtant, a déjà fait  ses griffes : A BOUT DE SOUFFLE, le dernier film de Jean-Luc Godard  l’a placé en haut du box-office deux ans plus tôt.

Ils se valent donc, et leur rencontre a quelque chose de cornélien.

Les deux stars viennent de tourner, sous l’oeil scrutateur de la caméra d’Henri Verneuil, la scène périlleuse d’ivresse où chacun doit surpasser son partenaire dans l’état de saoulographie achevé.

 Cela se fit  avec un fair-play et une complicité qui  laissa tout le monde baba.

C’est la pause :

 Ils reprennent leur souffle  à l’écart, hors de portée des oreilles indiscrètes.

Gabin n’est pas bavard. 

Belmono rompt le silence timidement :

" Heu, vous m’avez trouvé comment ? C’était pas facile, pour moi.

«  Pour moi, tu crois que c’était facile ? Jouer les mecs bourrés avec du jus de pomme en guise de calva, c’est comme faire un casse avec un pistolet à eau... ..

« Attendez, du jus de pomme ???

«  J’t’explique : chuis interdit d’alcool par la production sur ce tournage... Faut  assumer, non ?

 «  Ben moi, j’y ai cru,   ça m’a même  énervé, j’étais pas assez bourré à côté de vous !

« Non non, fiston,   t’étais   au niveau… mais c’était du réel, pas vrai ? Du vingt ans d’âge au moins, vu ton état !

Belmondo se rebiffe :

« Ouais !  J’ai pas encore rôdé le jeu de la ruse ! J’ai juste appris à passer l’arme à gauche c’est pas fastoche non plus !

Un long silence s’installe, Gabin marmoréen, Belmondo frétille puis ne se contient plus.

« Dites…

Gabin les yeux fermés, semble somnoler.

« Hmm ?

«  Mais vous buvez un peu dans la vie  ?

«  Un peu, beaucoup, mon pote. Si je buvais moins je serais un autre homme et j’y tiens pas  !

Belmondo renchérit :

«  Surtout pas, ça ferait chuter les entrées  ! ( il rit )   Moi, j’ai compris, je vais me mettre au scotch, un verre à chaque repas, ça peut donner du Gabin Junior, non ?

Gabin sort de sa réserve habituelle.

«  Mon p’tit gars, t’as ce qu’il faut pour être un senior, sans la bibine, moi j’te le dis, t’as l’étoffe, je vois d’ici ton itinéraire…..

 Ah oui ?  Quel itinéraire ?

Gabin sourit :

«  Celui d’un enfant gâté… »

«   Pourquoi gâté ?

« Parce que tu  as encore la morve au nez  et que  tu démarres dans le cinoche en haut de l’échelle … T’as la baraka, mon pote !

« OK, ça commence bien, mais la chance, ça tourne…

« Pas quand on est un vrai professionnel. »

Sur cette affirmation prémonitoire, on sonne la fin de la pause.  Ils se lèvent  pour rejoindre le plateau. Gabin passe son bras autour des épaules de Belmondo qui sourit, extatique.

Miss Comédie

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LA VALSE SURPRISE DE MISS COMEDIE

Publié le par Miss Comédie

LA VALSE SURPRISE DE MISS COMEDIE

 LA VALSE SURPRISE DE MISS COMEDIE

 

Cette surprise-là, plutôt que la caméra cachée, c’est le micro caché qui nous la propose.

Une idée, comme ça, qui m’est venue : que se disent deux acteurs lorsque leur dialogue est post-enregistré et que personne ne peut les entendre ?

Ecoutons les pendant la valse du GUEPARD :

 

Burt  Lancaster

 «  Tancrède ne nous quitte pas des yeux. Serait-il jaloux ?

 

Claudia Cardinal

Sûrement, mais de qui ?

 

 

Comment, de qui ?  Vous êtes sa fiancée, non ?

 

Un silence.

 

Elle dit : «  Vous parliez des personnages ?

 

Lui hausse un sourcil :

Oui oui, des personnages bien sûr. Les acteurs disparaissent sur un plateau de

cinéma (il rit).

 

« Alors, oui, bien sûr, il est jaloux de moi.

 

Ils tournoient en silence à nouveau, puis se détachant un peu d’elle pour la dévisager :

« Vous aviez un doute sur la personne ?

 

Elle éclate de rire et murmure : « Evidemment. On vous prête une amitié particulière, vous savez...

 

La valse s’achève et tout en lui adressant un salut protocolaire, il dit : « Je vous trouve néanmoins très belle, signorina… »

 

C’est  un dialogue imaginaire, bien sûr, mais tout à fait possible, entre Burt Lancaster et Claudia Cardinale sur le plateau du GUEPARD.   En  arrière-plan, Alain Delon observait cette valse sublime avec une superbe désinvolture. 

 

                       

Dans le genre, j’en ai une autre, imaginaire aussi, entre deux symboles du couple idéal qui peut-être se demandaient ce qu’ils faisaient dans ce film-là !

 

C’était dans LE GRAND SOMMEIL, un film de Howard Hawks qui passe pour un ovni dans le ciel semé d’étoiles de l’époque. Dans cette scène,

 Humphrey Bogart  est en pleine fascination pour une Lauren Bacall sublime.  Il n’en est pas moins plongé dans le désarroi.

 

LUI

Howard vient de m’appeler à l’aide.  Il me demande si le personnage de Matteo doit mourir assassiné ou suicidé.... Mais je n’en sais rien, moi !

ELLE

Il n’a qu’à demander  à William Faulkner, c’est lui le scénariste, non ?

LUI

C’est ce qu’il a fait, mais Faulkner dit qu’il n’en sait rien.  Avoue que c’est aberrant...

 

Lauren Bacall, indifférente au problème,   se gratte le genou négligeament , un jeu de scène très suggestif qui a valu à la scène  d’être classée culte.

Elle tente cependant  une suggestion :

ELLE

Qu’il demande à l’auteur du bouquin, lui, il doit savoir !

LUI, troublé mais prenant sur lui, d’un ton furieux :

Pourquoi crois-tu qu’il m’appelle au secours ?  ( il se calme et ajoute d’un ton théâtral)  , Raymond Chandler lui-même n’en sait rien !   Ou bien il a perdu la mémoire mais en attendant, c’est à nous, les acteurs, à réinventer ce bloody scénario !

Bien que désarmée, Lauren Bacall ne décroise pas les jambes.

Après un silence, elle tente de rassurer son partenaire :

 

ELLE

Si ça peut te rassurer, je  t’avouerai que je ne comprends rien à mon

personnage. Pourquoi suis-je harcelée par des truands ?

 

Il serre les dents et lance sans la regarder :

Ah, tu ne vas pas en rajouter une louche !... Tu veux sans doute  que je ré-écrive ton rôle ? 

Elle est catastrophée mais préfère se taire car il enchaîne au bord des sanglots :

Et moi, je ne sais même pas qui je dois arrêter et pour quel crime... et tout ça parce que une bande de minables a réussi à entuber les majors pour ramasser du fric !

 

Ils se taisent un moment, et il reprend, cette fois en ironisant :

LUI

Sais-tu pourquoi le film s’appelle LE GRAND SOMMEIL ?

ELLE

Ben non, tiens.

LUI, hilare

Un journaliste a posé la question et Howard,  perplexe, a répondu qu’il n’était pas sûr mais que cela devrait avoir quelque chose à voir avec la mort...

Tu sais, l’essentiel est que nous soyons ensemble au générique...

Elle décroise enfin les jambes et c’est à vous d’imaginer la fin de la scène...

 

Miss Comédie

 

 

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CHANGEMENT DE DECOR

Publié le par Miss Comédie

CHANGEMENT DE DECOR

Le changement est dans l’air, c’est un fait accompli, faut il s’en réjouir ou bien se lamenter ? De toute façon, on n’y peut rien, c’est comme ça.

Et si vous remarquez quelque chose de bizarre dans le décor qui encadre mon texte,  cela ne changera pas l’esprit du blog, Miss Comédie est toujours là, toujours pareille et jamais la même, avec ses coups de cœur  imprévus pour les idoles d’avant-hier ou d’avant-garde !

Quelle sera sa prochaine re-découverte ?

Le choix est difficile... Ce sera ma surprise de la rentrée.

A bientôt,

Miss Comédie

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PHOTO GENIES : NICEPHORE NIEPCE, le premier et le dernier

Publié le par Miss Comédie

PHOTO GENIES : NICEPHORE NIEPCE, le premier et le dernier

 

Parce qu’il faut bien en finir avec les PHOTO GENIES, je vais enfin rendre hommage à celui par qui tout a commencé.

 

Cela paraît aller de soi, aujourd’hui, d’appuyer sur un bouton et de recevoir aussitôt une image qui restera ensuite un témoignage éternel, parfaitement restitué, de cet instant tombé dans l’oubli.

 

Comment l’idée folle de reproduire une perception visuelle fugitive sur un support définitif a-t-elle pu germer dans le cerveau de cet ingénieur pragmatique peu enclin aux digressions chimériques ?

Car il est parti de rien, cet homme, une vision banale depuis sa fenêtre, une plaque de métal, à tout hasard, et une chambre noire aléatoire… Quel calcul pouvait-il mener à cette alchimie…?

Aucun calcul, dit-on, mais le hasard, toujours le hasard. 

Le hasard est la providence des chercheurs qui multiplient leurs chances par leur assiduité et surtout leur patience. Ce sont les bienfaiteurs de l’humanité. Qu’ils reposent en paix.

 

Joseph NIEPCE est né en 1765 à Châlons-sur-Saône sous le règne de Louis XV.  Il avait 24 ans lorsque surgit la Révolution mais il garda toute sa tête et put voir défiler les campagnes de Napoléon puis sa chute, belles pages d’histoire, et commence à entrer dans la légende à la suite de l’empereur déchu en 1816.

 

Petit détail amusant, il lui prit l’envie de changer de prénom en 1800, à l’âge de 35 ans… Il choisit le prénom de NICEPHORE en mémoire de Saint Nicéphore, patriarche de Constantinople, qui prit position contre les iconoclastes au moment du concile de Nicée…

Signe probable d’un esprit rebelle, il garda ce surnom jusqu’à sa mort.

 

Toute sa vie fut consacrée à la recherche d’objets non encore identifiés et son parcours n’est qu’un champ d’explorations où l’on s’égare parmi des découvertes qui ne mènent à rien…  sauf à cette première photo, celle qui nous intéresse.

 

Comme l’histoire est très complexe, avec des détails techniques à la Dr Jekyll, je vais tout simplement reproduire l’historique relatif à cette première image.

 

C’est clair, il suffit d’imaginer l’insondable comme l’on imagine un Thomas Pesquet plongeant dans l’espace infini…

« À partir de 1816, Nicéphore Niepce entreprend dans sa maison de Saint-Loup-de-Varennes de multiples recherches sur la photosensibilité des matériaux pour tenter de fixer sur un support l'image du fond d'une chambre noire.

Il parvient finalement à un résultat à l'été 1827 au moyen d'une plaque d'étain recouverte de bitume de Judée (goudron naturel connu depuis l'Antiquité) rincée dans un bain d'essence de lavande. Il réalise depuis la fenêtre du premier étage de l'atelier de son domicile baptisé « Le Gras », la première héliographie / photographie de l'histoire de la photographie baptisée « point de vue du Gras » avec un niveau de netteté surprenant. En 1828, Niepce améliore sa technique et obtient des images d’une qualité supérieure avec des demi-teintes sur un support à base d'argent poli et en faisant agir des vapeurs d'iode sur l'image au bitume. La précision des images est étonnante. « 

Vous suivez ?

Bon, en fait il fallait avoir un bon niveau en physique-chimie.  Aujourd’hui, l’extrait de lavande a d’autres vertus...

Cela  se passait sous Charles X le dernier roi de France car son successeur Louis-Philippe n’eut droit qu’au titre de roi des Français.  Mais Nicephore n’en avait cure.

Il faut s’imaginer cet homme, la cinquantaine, fiévreux, scrutant l’image naissante sur la plaque de métal, à partir d’une chambre noire. 

Qu’appelait-on chambre noire ?  Cette camera obscura qui portera plus tard le nom de NIKON ou de Leica ? Ce fut aussi la cage mystérieuse qui renfermait un petit oiseau que le photographe, caché sous son voile noir, libérait avec un déclic magique.  Premières étapes tâtonnantes d’un phénomène qui allait devenir planétaire!

Il faut imaginer les étapes successives, innombrables, qui ont amené ce premier déclic.

Etait-il conscient, Nicéphore, de l’approximation de sa découverte ? Ou bien savourait-il cette première image  comme un aboutissement ?

Etait-il porté par la volonté irrépressible de transmettre ce qu’il voyait de sa fenêtre ?  Ce n’était pas, pourtant, un spectacle féerique…

Non, pour moi, ce que Nicéphore NIEPCE recherchait avant tout, à la différence des générations qui ont suivi, ce n’était pas la capture d’une vision magique, le souvenir d’un instant pris sur le vif qui allait demeurer intact pour l’éternité… C’était l’ivresse de celui qui a inventé ce qui n’existait pas.

Car NIEPCE n’était pas un poète. C’était un ingénieur et sa passion était plutôt la découverte et l’agencement d’outils destinés à une fonction précise.

Avec son frère Claude, qui avait la même passion et qui oeuvrait en Angleterre pour négocier leurs multiples brevets, il continua à améliorer la technique de sa première photo jusqu’à obtenir un tirage sur papier   -   il  écrit alors à son frère « nous sommes sur la bonne voie ».

Et puis, un jour de juillet 1833, l’inventeur meurt soudainement dans sa maison du Gras  -  arrêt sur image qui faillit couper court a ce beau début si le GENIE de la PHOTO ne s’était mis en tête de le transformer en phénomène planétaire.  …

 

Miss Comédie

 

 

 

 

  

 

 

 

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PHOTO GENIES / IRVING PENN

Publié le par Miss Comédie

PHOTO  GENIES / IRVING PENN

 

Encore, oui encore, des génies de la photo on n’en fait pas le tour, et il suffit d’évoquer un nom pour qu’un flot d’images surgisse qui n’appartiennent qu’à lui, reconnaissables entre mille.

Pour IRVING PENN, le flot n’est pas précisément tumultueux… c’est un homme réservé, réfractaire à toute folie créative… Pourtant, il jouit d’une renommée égale à celle des plus grands photographes novateurs de notre époque.

 

IRVING PENN, pour moi, avant l’inventaire de ses multiples talents, c’est d’abord son inimitable art du portrait. Comme celui de Picasso dont le regard perçant est presque insoutenable.

Et puis tous les autres portraits, aussi impressionnants, de personnages illustrissimes, dont le regard est le point culminant dans un décor réduit à sa plus simple expression.

Les portraits de PENN ne ressemblent à aucun autres.

Pour atteindre au plus profond de l’âme de son modèle, pour abattre la cuirasse de son ego, il connaît les manœuvres d’approche qui créent la complicité et la confiance. Puisant dans l’art du portrait de peintres comme Le CARAVAGE ou GOYA, il réussit à donner à ses photos un relief pictural.

 

Pour moi, malgré sa notoriété imposée par le magazine VOGUE, le vrai rayonnement d’IRVING PENN provient de sa série de portraits.

 

On pourrait  s’arrêter là  et ce serait déjà une belle carrière. Mais le coup d’envoi déterminant de sa notoriété fut cette couverture du VOGUE International d’octobre 1943 réalisée à New-York sur la demande de son directeur artistique qui était un ami.

Cette couverture fut son coup de génie : elle représentait une nature morte, ce qui ne s’était jamais fait.  Mais il avait lancé un style (et il réalisa lui-même par la suite 160 couvertures pour VOGUE, et pas seulement des natures mortes…).

Il n’en faut pas plus pour amorcer un bouche-à-oreille dans la presse ou ailleurs, et le nom d’Irving PENN a fait son chemin.

Lui, il n’est pas pressé et ce n’est qu’en 1950 qu’il répond à l’appel des sirènes de la capitale de la Haute Couture, ce Paris étourdissant qui le réclame, et il traverse l’Atlantique pour affronter le cercle très fermé des grands photographes de mode.

 

Il y avait là, quand même, un Richard AVEDON qui régnait en maître avec quelques autres caïds du genre.

L’univers de la mode, c’est spécial, il faut assumer.

La cohue des défilés, les rivalités des mannequins, le stress des créateurs en mal de reconnaissance,

IRVING PENN n’a pas aimé cette promiscuité.  Les dîners mondains, les collections, le fatiguent.

Il  s’installe dans un petit local rue de Vaugirard, lumière du jour, rideau de théâtre en fond permanent, et il  photographie les top-models à sa manière, c’est-à-dire comme des portraits, pour lui l’essentiel était l’humain avant le vêtement, avant le décor. Il est alors dans un état de grâce, et il réalise une série de photos superbes qui seront publiées dans le VOGUE de septembre-octobre 1950 avec son modèle préférée, Lisa Fonsagrives, une ancienne danseuse qu’il a ramenée avec lui de New-York et qui deviendra sa femme.

 

IRVING PENN est maintenant reconnu comme l’un des plus grands de la photo de mode, avec un style et une manière de procéder qui lui est propre et qu’il n’abandonnera jamais : la prise de vue en studio.

Jamais d’incursion dans la rue ou la nature, jamais de décor construit autour du modèle, tout doit se passer dans l’intimité et la concision d’un fond en arrière-plan et du modèle, seul sujet de contemplation.

Il ira même jusqu’à se faire construire un studio mobile à la manière d’un mobile-home pour l’accompagner dans ses voyages.

 

Parce que PENN est un grand voyageur.  Un an à peine après ses aventures dans les milieux du chiffon, il entame un épisode nouveau qui n’a rien à voir : LES PETITS METIERS.

Voilà qu’il s’est pris d’intérêt pour les métiers manuels, leurs outils, leur quotidien, leurs acteurs, et il sillonne les quartiers populaires des grandes villes pour mettre en lumière cette corporation qui travaille dans l’ombre.

Il ne fait pas les choses à moitié : un triptyque sera réalisé sur les petits métiers de Paris, Londres et Moscou…

 

J’oubliais : il est revenu à New-York, s’est installé dans un nouveau studio toujours aussi sommaire, et entre deux voyages il fait des photos de nus, spécialement des danseurs, il travaille sur de nouvelles techniques de tirage, il continue à faire des photos de mode dans le même esprit spartiate que VOGUE continue à publier jusqu’à la fin de sa vie.

 

Tout cela pêle-mêle, impossible de mettre une logique là-dedans, moi je vous le dis, sa botte secrète c’est le Portrait.

 

Et au fait : Qu’est devenue Lisa FONSAGRIVES ? 

 

Miss  Comédie

 

 

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PHOTO GENIES / WILLIAM KLEIN

Publié le par Miss Comédie

PHOTO GENIES / WILLIAM KLEIN

 

Il habitait à Paris au coin de ma rue et nous avions  la même vue imprenable sur le Jardin du Luxembourg. Nous nous croisions parfois, au hasard d’une promenade autour du bassin, lui avec sa très belle épouse Jeanne et leur fils César, petit diable de 7 ou 8 ans qu’ils rappelaient souvent à l’ordre  lorsqu’il s’échappait  hors de leur vue.

Leur trio attirait l’attention mais ils ne s’en souciaient guère, ils étaient dans leur bulle.

Il portait toujours autour du cou un objectif grand angle dont il se servait pour saisir un enfant au vol, ou quelque étrangeté invisible… c’est comme ça qu’il m’avait mis la puce à l’oreille : « Mais… oui, c’est lui, William Klein ! »

C’était  un beau brun au visage souriant, aux gestes vifs.

Je le revois comme si c’était hier, et aujourd’hui il a 93 ans…

Mais passons.

Nous étions en 1966 et il n’avait que 38 ans, éternel jeune homme avec déjà derrière lui un passé glorieux.

Avoir quitté New-York à vingt ans pour venir s’installer à Paris avait été son premier coup de chance.  Et puis, il avait pris la bonne route, après  la Sorbonne et des études en sociologie, il avait rejoint le clan des artistes et commencé à se faire la main chez Fernand Léger ; il voulait être peintre, apparemment mais il avait trop d’envies, trop de talents pour en rester là.

C’est en 1948 qu’il rencontre l’amour de sa vie, la belle Jeanne, et l’épouse.  Ils ne se sépareront plus,  un demi-siècle de complicité sur tous les tableaux.  Elle est son modèle, son assistante, la mère de son enfant. 

 

William KLEIN  est doué pour tout et a touché à tout : qu’il s’attaque au street-art ou à la peinture, ses travaux sont remarqués, récompensés.

Mais c’est au début des années cinquante, lorsqu’il est invité à publier ses photos de mode dans le VOGUE international, aux côtés de Helmut Newton ou Richard AVEDON, que sa carrière de photographe démarre en fanfare.

Ses photos sont savamment déjantées , il fait descendre les mannequins dans la rue au milieu des embouteillages , il invente des mises en scène et des cadrages pop art, du jamais vu.

 

William klein ne veut pas de modèles  immobiles au sourire figé, d’attitudes règlementaires sur fond de papier glacé.

Ce qu’il veut, c’est capter  la fille dans son élan, dans son univers ludique ou urbain, de la vie, quoi.

 

On est loin des princes du portrait qui traquent l’âme du modèle au plus près, dans le regard ou dans une pose étudiée.

La Beauté est partout n’est-ce pas ?  A chacun de la saisir avec ses propres perceptions, et selon le goût de son époque.

Les temps ont changé et KLEIN fait partie des précurseurs.

 

Il devient le chouchou des rédactrices de mode qui se l’arrachent.

Il est le plus Parisien des Neworkais, comme son ami MAN RAY, amoureux de Paris comme lui et dont les œuvres reflètent le même esprit de rébellion envers les règles de l’art.

Ensemble, ils entreprennent  des travaux de ravalement dans la photographie.

Ils inventent des nouvelles techniques de cadrage, de mise en scène, de tirage, etc... De quoi donner des idées aux jeunes photographes qui vont suivre.

Mais je vais trop vite.

 

Pour l’heure, nous sommes encore en 1966  au Jardin du Luxembourg et William KLEIN  est  en pleine période CINEMA :

On parle beaucoup du film qui vient de sortir, QUI ETES VOUS POLLY MAGOO.  L’affiche est pour le moins attirante  : Dorothy Mac Gowan ,Sami Frei, Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Philippe Noiret, Alice Sapritch, la musique est de Michel Legrand.

Le réalisateur, c’est lui, William KLEIN .

Son premier long métrage après une série de courts très révélateur

C’est une satire du monde de la mode, un peu grand-guignol, qui n’a pas vraiment fait un tabac.

Mais là aussi, Klein avait de l’avance.

Dans la presse, on  rappelle que Louis MALLE avait demandé à William KLEIN d’être son conseiller artistique pour le film ZAZIE DANS LE METRO, d’après le roman de Raymond QUENEAU, et ça remonte à 1960

Ca donne envie de voir…

 

Moi, j’en suis restée à POLLY MAGOO et je n’ai pas aimé le film. Mais aujourd’hui, je reverrais peut-être mon jugement ? les temps changent de goût et d’humeur…

William KLEIN a suivi sa trajectoire, fidèle à ses principes car il n’en avait pas, et toujours en haut de l’affiche, même avec une pochette d’album complètement foutraque, que lui avait demandée Serge GAINSBOURG en 1984 avec ces mots : « Je veux être belle ! »   William KLEIN avait plongé, bien sûr.  La photo est  anthropomorphique.

 

Aujourd’hui, William KLEIN habite t’il toujours le quartier de l’Odéon ?   Fait-il encore sa promenade dans le Jardin du Luco, en solitaire, les mains dans le dos, son fidèle appareil photo au cou ?

 

Miss Comédie

 

PS :  William KLEIN n’est ni le père, ni le fils, ni le frère de Yves KLEIN ; célèbre auteur du bleu Klein, un bleu d’une couleur unique, inimitable, plus bleue que le bleu des mers du Sud.

 

 

  

 

 

 

 

 

 

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PHOTO GENIES / SARAH MOON

Publié le par Miss Comédie

PHOTO GENIES /  SARAH MOON

SARAH MOON

 

Le Musée d’Art Moderne lui consacre une exposition intitulée PASSE, PRESENT, rétrospective d’une carrière  en images saisies au vol, à tire d’ailes entre le réel et l’imaginaire.

Elle est là, l’artiste, à peine 80 ans, face à face avec son  talent  décomposé, reconstitué, illuminé,  affiché, ses photos, ses films, ses livres.  Son passé, quoi…  et elle assume :

 

« Je n’ai rien contre la nostalgie. La photographie m’intéresse pour son rapport au temps, cette allusion constante à la perte, à la mémoire, à la mort. La photographie m’échappe autant qu’elle me saisit. Il y a dans ma démarche une part d’inconscient que je ne cherche pas à analyser. »

 

Ce qu’elle ne verra pas, sur les murs du Musée, ce sont les rues de Londres qu’elle a arpentées, au début des années soixante, son book sous le bras, de studio en studio où elle posait pour les grands photographes, mannequin Junior peut-être, on l’imagine menue et pas très grande, avec une frimousse  toujours  souriante, au regard flou de myope.

Elle en a eu vite assez, et c’est à Paris qu’elle a eu envie de renverser les rôles.

Elle s’est mise à photographier ses anciennes copines mannequins  pour les magazines et ses photos ont été vite remarquées.

Sarah MOON avait l’objectif complice, elle inventait des mises en scène où les modèles semblaient flotter hors du temps,  inspiré par le souvenir de films qui l’avaient marquée,  comme ceux des années 30.

 

La maison CACHAREL a saisi au vol cette inspiration nouvelle, en rupture avec l’érotisme sous-jacent de ses collègues masculins.

Les campagnes CACHAREL ont fait sa gloire durant plus de dix ans, rafraichissantes,  toujours reconnaissables : du Sarah Moon, forcément.

Les commandes ont suivi , Chanel , Armani , Dior ... pour des magazines de luxe . Avec son assistant-gourou,  elle assurait. 

 

Et puis, quand celui-ci l’a quitté pour l’autre monde, inconsolable, elle a pris un autre chemin, celui de la photo artistique.

Elle  a en tête le travail de Guy BOURDIN, celui qu’elle admire et  dont elle envie les audaces presque picturales.

Elle a en elle tout ce qu’il faut pour transformer ses photos en œuvres d’art audacieuses, elle le sent.  Soutenue par l’amour de sa vie, Robert DELPIRE, célèbre éditeur et publicitaire, elle  construit  sa carrière comme un acteur se construit un personnage, éternel dans la mémoire collective,  à travers ses métamorphoses

mêmes.

 

Délaissant la mode et ses contraintes, son inspiration s’est nourrie du spectacle du monde, la rue, la nature, les animaux, le cirque.

Elle adorait le cirque, ce cercle magique, domaine des exploits impossibles, spectacle onirique  entre fascination et angoisse.

Elle aimait photographier l’ambiance des coulisses, les répétitions, les ratés, le travail acharné des funambules comme des animaux dressés, le regard lointain des  créateurs de rêve.

Comme eux, elle cherchait à s’échapper du plat pays de la réalité.

 

 

Aujourd’hui, choisir une seule photo pour rendre hommage à  

Sarah MOON était impossible, c’est pourquoi je me suis résolue à  rappeler cette campagne qui a fait sa notoriété, CACHAREL et ses images émouvantes, vivantes et drôles.

Mais si vous allez faire un tour du côté de son exposition au Musée d’Art Moderne, vous oublierez vite CACHAREL et la mode pour vous plonger dans un monde étrange et disparate où vous irez  de surprise en surprise, enveloppé dans une douce sensation de déjà vu, déjà vécu, souvenirs des années folles.

 

Si  vous la croisez, elle vous dira en riant :

 

« Vous avez dit Chronologie? Je n’ai pas de repères; mes jalons ne sont ni des jours, ni des mois, ni des années. Ce sont des avant et des après…  C’est à la fois pour m’approcher et m’échapper de la réalité qu’instinctivement j’ai

 regardé à travers l’objectif d un appareil photographique…”

 

Confudences  d’une artiste qui se veut hors du temps, alors que

 

mine de rien, Sarah MOON, avec ses Avant et ses Après, a sa place parmi les grands photographes du PASSE et du PRESENT .

 

Miss Comédie

 

Exposition Sarah Moon PASSE PRESENTau Musée d’Art Moderne à Paris, du 18 septembre 2020 au     juillet 2021.

 

 

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PHOTO GENIES : JEAN-FRANCOIS JONVELLE

Publié le par Miss Comédie

PHOTO GENIES : JEAN-FRANCOIS JONVELLE

Ce fut la surprise de la rentrée. On découvrait sur les murs de Paris une belle plante en maillot, dos à la mer, les poings sur les hanches,  qui nous proposait un strip-tease  en 4x3 : « Demain j’enlève le haut »…

Intrigués mais incrédules, on a pensé « il y a une embrouille, là-dessus ! « 

 

En  1981 les campagnes publicitaires utilisaient déjà le « teasing » pour stigmatiser l’attention sur des lancements de nouveaux produits ou de nouvelles marques. Là, le suspense était entier.

Le 2 septembre, donc, on est resté pantois. La souriante jeune fille nous balançait ses seins nus  plein pot, et nous convoquait pour une suite plus hard encore :

«Demain j’enlève le bas » !

La rumeur fit le tour des terrasses de café et dans les dîners on lançait les paris : « Ouais, elle va recouvrir ça avec un chapeau... etc. »

La troisième affiche était superbe.  De dos, elle nous offrait une plongée sur des fesses magnifiques, une bombe.

Et là, le slogan  lui aussi gonflé à bloc : « AVENIR, L’AFFICHEUR QUI TIENT SES PROMESSES »

 

La jeune fille  s’appelait Myriam et le photographe était son ex, Jean-François JONVELLE.

Il était déjà connu  comme  photographe de charme, c’est à dire spécialement doué pour les photos de nus,  avec des modèles qui étaient la plupart du temps ses compagnes, dans des poses surtout pas académiques mais intimistes, nonchalantes et naturelles.

 Maud Marker, une des seules avec qui il ait vécu sans la photographier et qui en est devenu son agent, précise: «Il ne cherche pas la plante de 1,80 m avec la fesse à 1,12 m. Il veut une frimousse, un regard, du piquant. Une sauvageonne spontanée, rigolote, qui ne triche pas.»

 

Comme Myriam, donc, qui fut pour lui une passante parmi tant d’autres, lui laissant au passage de jolis vestiges de leur complicité.

Son book est un florilège de jeunes filles telles qu’elles sont, dans des postures prises sur le vif dans des gestes quotidiens.

Léger ? Frivole ?  Un peu trop « sex »   ?   Pas seulement, JONVELLE est resté aussi comme un maître du N &B dans des portraits aussi percutants que ses nus étaient hédonistes.

Derrière un talent abouti, il y a souvent un maître.

 

JONVELLE fut l’assistant de Richard AVEDON ! qui dit mieux pour se choisir un guide ?  AVEDON, qui débuta à douze ans en faisant le portrait de Serge Rachmaninov, lui enseigna l’art du portrait en Noir et Blanc, et l’élève  égala le maître dans ce parti pris de minimalisme.

 

Les stars se sont succédées devant son objectif  avant que  l’Agence de publicité CLMBBDO  lui confie la photo de l’affiche MYRIAM, pour l’afficheur AVENIR ; main dans la main avec un sacré concepteur rédacteur PIERRE BERVILLE  qui dirigeait l’Agence et qui est à l’origine de cette campagne explosive.

Pour JONVELLE ce n’était pas un coup d’essai, mais ce fut un joli coup de maître…

En fait, il ne s’écartait pas vraiment de son côté photographe de charme, du charme il y en avait plein l’affiche, tel qu’il le voulait, sensuel mais pas  lourdingue, gourmand mais pas indigeste…

Une affiche qui serait censurée, aujourd’hui, pour insulte à la dignité de la Femme.  C’est fou, les musées sont pleins d’insultes à la dignité de la Femme. Que fait la police ?

Miss Comédie

 

 

 

 

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