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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour les amis, on termine la semaine sur la perplexité de YANN face à une ROSE totalement
hermétique.  Est-elle complice de NAT le pianiste, pour les mener en bateau, lui et son
scénariste ?  Pourtant elle est toujours aussi belle... Vanessa Paradis, je vous dis.

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 30

Publié le par Miss Comédie

(ROSE, l'énigme.)



YANN, affolé
Vous étiez... au café ?

ROSE, tranquille
Oui.
YANN
Assise ?

ROSE
Assise, à la terrasse.  J’étais à deux tables de vous.

Le réalisateur arpente la scène, boit une gorgée de whisky, semble désarçonné.

YANN, s’approchant d’elle
Attendez.  Il y avait du monde...

ROSE
Oui, quelques camés, une vieille dame qui buvait un café et qui avait un bichon maltais sur les genoux.  Elle lui a donné un sucre...

YANN, dans un état second
Il me semble, oui...  Elle lui a donné un sucre.

ROSE
Vous voyez... 

YANN, cherchant dans sa mémoire
Il y avait une sorte de créature.aux  cheveux gras, avec des lunettes noires, qui portait un jean crasseux et un duffle-coat rouge..


ROSE
....  C’était moi.

YANN
Ca alors...  Excusez-moi, mais...

ROSE
Pour un réalisateur, vous n’êtes pas très attentif aux gens.

YANN
Si, au contraire, je regarde toujours très attentivement... (s’apercevant qu’elle le regarde avec un sourire ironique) Oh, écoutez... bon, on a des moments de distraction.

ROSE
Bon, alors, vous m’engagez ou non ?

YANN, gêné
C’est-à-dire...

ROSE
Parce que vous comprenez bien que si vous ne m’engagez pas, je ne vais pas  vous raconter ma vie. Quel intérêt ?

(à suivre)

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MOI JE DIS BRAVO...

Publié le par Miss Comédie



… à Jérôme GARCIN,  dont j’avais adoré le « THEÂTRE INTIME », et qui nous emmène dans l’intimité de quelques écrivains dont, en dehors de leurs œuvres, nous ne savions rien.
« LES LIVRES ONT UN VISAGE » bien  sûr, mais certains visages d’écrivains ne se livrent pas si facilement au grand public.
Jérôme GARCIN a  profité de ses relations privilégiées avec certains d’entre eux pour aller les retrouver au fond de leur retraite et nous dévoiler quelques bribes de leur vie intime.
Ce sont pour la plupart des gens qui fuient le monde et les medias.

J’apprend donc que le grand Julien Gracq dont les livres ont hanté ma jeunesse par leurs mystères, avait la vieillesse incrédule « Jamais je n’ai pensé que je deviendrais nonagénaire, j’ai tant fumé dans ma jeunesse… » et peu de foi dans l’avenir de la littérature.
Jérôme GARCIN  le décrit si bien dans sa robe de chambre à carreaux, avec toujours son air moqueur et son verbe sarcastique mais déjà atteint par la résignation de l’âge.  Il disparut peu de temps après leur dernière rencontre.
  La sensibilité et le don d’écoute de l’auteur  se lisent entre les lignes, comme aussi, dans le portrait  de Le Clézio, qui est l’écrivain le plus éloigné de notre paysage culturel people, le plus désincarné aussi. Jérôme Garcin fait tomber le masque, dévoile la fêlure.  Le Clézio n’est donc pas fait de la pierre des dolmens, il aime écrire face à la mer qu’il qualifie d" »immense terrain vague ».  Je n’irai pas jusqu’à penser qu’il a voulu le jeu de mots.
Il y en a 27  comme ça, certains inconnus de moi, d’autres dont j’ai aimé saisir la face cachée.
J’adore la façon tendre et fine dont Jérôme Garcin  dépeint ses pairs.






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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie


Un jour j’ai joué un tout petit rôle dans une pièce, j’avais une phrase à dire mais pour moi c’était inouï !
C’était la première fois que je montais sur scène dans un grand théâtre,  avec une belle distribution et un grand metteur en scène.
Bref, j’étais hyper fière et j’ai convoqué le ban et l’arrière-ban de mes amis et de ma famille pour venir M’applaudir…
Le soir de la générale il y avait mes trois meilleures copines dans la salle et après le spectacle nous sommes allées ensemble boire un verre.  Dans le taxi,  n’y tenant plus, je me suis adressée à  celle dont l’avis me tenait le plus à coeur. « Alors, tu m’as trouvée comment ? ».
Elle m’a répondu simplement « Je ne t’ai pas vue. »
En effet.  Ca a jeté un froid mais j’ai compris la leçon.  Je l’ai maintes fois remarqué par la suite : les plus grands acteurs sont souvent  les plus humbles.
______________________________________

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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

Craignez, seigneur, craignez que le ciel rigoureux
Ne vous haïsse assez pour exaucer vos vœux.
(Racine  -   Phèdre)

Et moi je vous souhaite de passer un super week-end, et j'espère vous retrouver  lundi.

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  Temps radieux, grêve générale.  On commence à y être habitué, ce n'est pas pour ça qu'on s'y habitue, si vous voyez ce que je veux dire.
Bon, du coup, j'ai dit bravo aux musiques du bonheur avant de lever le rideau sur la scène de ROSE et YANN.
Qu'importe, vous entendrez tout de suite de quoi vous rendre optimiste et certains vont en avoir besoin aujourd'hui.

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MOI JE DIS BRAVO.....

Publié le par Miss Comédie

… à tous ceux qui ont utilisé la musique pour rendre les gens heureux.
Je précise : heureux, et non pas nostalgiques, rêveurs, tristes ou mélancoliques.  Car la musique peut rendre tout cela aussi, tout en restant un moyen d’extase.
Je dis bravo à ceux qui diffusent  la joie de vivre.
Il y a Bach, le premier, l’unique.  Il y a Bing Crosby et son « Singing in the rain » qui soudain vous donne des ailes.
Il y a Louis Armstrong et « What a wonderful world »… on sourit aux anges quand il chante ça, on est d’accord avec lui, mais ça ne dure pas, bien sûr.
Il y a Luis Mariano et son Fandango, son Mexico, sa Belle de Cadix.
Il y a Charles TRENET, évidemment, quel slogan publicitaire a jamais égalé son « Boum ! » ou son  « Y a d’la joie »   ? 
Bien sûr on aime aussi « Ne me quitte pas », « Il n’y a pas d’amour heureux » ou « My solitude » ou les Requiem, ou les Elégies de Fauré ou « La jeune fille et la mort », bien sûr tout ça est sublime.
Mais ça rend triste, si triste, ça nous rappelle nos petites misères et c’est pas bon.
Les musiques du bonheur nous font dire « quand même, je suis mieux dans ma peau que dans celle d’un animal transi, fuyant les prédateurs ou mené à l’abattoir. »

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 29

Publié le par Miss Comédie

(ROSE, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.)


YANN
Ah.  Vous n’êtes peut-être pas mariés, en effet… Le pianiste ... qui joue ici avec vous le jeudi soir a dit…

ROSE
Ah, le pianiste... lui a dit que j’habitais...

YANN
Que vous habitiez ... tous les deux au 17 rue Vieille du Temple.

ROSE
Ca m’étonne, qu’il lui ait dit ça.

YANN
Enfin, il ne le lui a pas dit précisément, il le lui a fait comprendre en parlant d’un café qui se trouve en bas de chez vous.  D’après le café, mon ami a trouvé le numéro de la rue.

ROSE, raidie
C’est une enquête de police, il semble ?

YANN, ennuyé
Oh, non, il ne faut pas croire, mademoiselle, écoutez... ça paraît vraiment étrange, en effet, cet acharnement à ... mais... voyez-vous, nous... mon ami scénariste et moi, nous écrivons un scénario de film.

ROSE
Et vous voulez me donner un rôle ?

YANN, encore plus ennuyé
Non... enfin.. pas tout à fait.

ROSE, l’air intéressé
Pas tout à fait ?

YANN
Nous écrivons l’histoire d’un pianiste et d’une chanteuse.

ROSE
Quelle coïncidence !

YANN
Oui... 

ROSE
Et alors ?

YANN
Alors... nous étudions un peu les faits et gestes des...

ROSE
Vous avez essayé de sonner chez moi ?

YANN
Et bien... A vrai dire...  Oui, je suis passé ce matin vers midi... Quelqu’un m’a renseigné   et j’ai sonné, oui...

ROSE se tait un moment, faisant mine de relire ce qu’elle avait écrit, buvant une gorgée de bière.

ROSE
Je n’y étais pas.

YANN
En effet, il n’y avait personne.  Je me suis assis au café en bas, dans l’espoir que vous reviendriez déjeûner, que je vous verrais passer...

ROSE
Je vous ai vu.  J’étais au café.

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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

On ne peut pas tout avoir, je l’ai souvent remarqué.
(Samuel Beckett -  Molloy)


Oui, c'est clair, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est bien pourtant ce que les gens
attendent.
A demain !

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

 Bonjour, amis de la folle nuit d'hier !  Vous tombez bien, aujourd'hui a lieu  la première rencontre
entre YANN le réalisateur et ROSE, l'objet de son délire imaginati. Celle-ci se révèle bien différente
lorsqu'elle ne chante pas...
En plus, vous avez droit à un résumé pour vous mettre au parfum.  Bon spectacle !

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 28

Publié le par Miss Comédie

Scène VI  de la version complète.

RÉSUME DES EPISODES PRECEDENTS

Dans  ce bar tranquille où ils ont choisi de se retrouver une  fois  par semaine pour travailler à leur prochain scénario, YANN et CHRIS découvrent que l’intrigue de leur film est peut-être là,  sur l’estrade des musiciens….
   

Scène  28 -


Le bar de jour.  Le barman lit le journal.  Assise à une table, ROSE est en train d’écrire.  Elle est vêtue d’un imperméable sous lequel on devine sa robe de scène noire. Elle est coiffée et maquillée.
Entre YANN, le réalisateur.  Il hésite sur le pas de la porte en voyant la jeune femme de dos et s’avance vers le bar.

YANN, au barman
Bonjour... 

LE BARMAN, par-dessus son journal
Bonjour monsieur.

ROSE se retourne et le réalisateur la reconnait.  Il parait saisi.

YANN, la saluant
Ah bonjour...

ROSE, se remet à écrire
Bonjour.

Le réalisateur semble embarrassé pour trouver une entrée en matière.  Il  regarde la jeune femme un moment et ne trouvant rien à lui dire, s’adresse au barman.

YANN
Donnez-moi un scotch, s’il vous plait.

LE BARMAN, repliant son journal avec un soupir
Tout de suite.

Il se retourne vers la rangée de bouteilles et fait les gestes rituels. 

ROSE, sans se retourner
Nous sommes dans quel arrondissement, ici ?

LE BARMAN
Huitième.

ROSE
Merci. (Elle  continue à écrire tout en buvant de temps en temps une gorgée de bière.)

YANN, son verre à la main, s’approchant de ROSE
Excusez-moi, vous habitez bien 17 rue Vieille-du-Temple ?

ROSE, surprise, sur un ton hésitant
Oui... Vous savez ça ?

YANN
J’ai peut-être été indiscret, mais j’ai eu l’information par... votre mari... enfin, par mon scénariste qui l’a eue de votre mari.

ROSE
Je n’ai pas de mari.

(à suivre)

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MOI JE DIS BRAVO....

Publié le par Miss Comédie

  ET  BIS !   à LULU  SUR  LA COLLINE

Si l’on veut bien s’en donner la peine, il y a en province des spectacles réjouissants à voir, sans aller forcément aux Célestins applaudir les créations parisiennes.
Jeudi  soir, j’ai vu quatre phénomènes réunis dans une pièce jubilatoire écrite par l’un d’eux, « C’EST QUAND QU’ON M’AIME ».
LULU SUR LA COLLINE c’est le nom de la Compagnie et aussi celui du théâtre. Tout neuf tout beau, entièrement décoré par les comédiens-propriétaires.   C’est rouge vif, gris acier, poutrelles noires, le bar est ouvert dès 19h30 et on peut s’asseoir pour boire un verre avant le spectacle et même après, les comédiens sont crevés mais ils aiment recueillir les impressions à chaud.
La pièce est enlevée, absolument rocambolesque et les deux couples
qui ne sont pas en ménage,  s’entremêlent joyeusement tout en se balançant leurs vérités premières.  Chacun des quatre est une vraie nature et s’empare de son personnage sans  crise de conscience. C’est très physique, ça paraît complètement déjanté et pourtant c’est réglé au millimètre.
Il y a une guitare, une chanson d’amour, des répliques qui tuent et un public qui marche à fond.  Quelle ambiance !  Lyionnais, achetez Lyon-Poche pour connaître l’adresse et les dates et foncez-y  !







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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

UNE DRAMATIQUE A L’ORTF.


Au début des seventies, à l’ORTF il y avait les dramatiques.
C’était une pièce de thâtre spécialement adaptée pour le petit écran et qui se jouait en direct, sans interruption. Le réalisateur disait « moteur » et les caméras filmaient sans arrêt jusqu’à la fin. Ca durait une heure et demie, deux heures…
Autant dire qu’il valait mieux savoir son texte au rasoir. C’était un exercice périlleux… autant que le plongeon, si vous vous souvenez.
.
Je me suis donc  retrouvée dans une salle de répétition de l’ORTF, rue des Alouettes, pour la lecture de « UN BOUTON DE ROSE », d’Emile Zola.
Le metteur en scène était François Gir (que faites-vous en ce moment, François ? )
Dans la distribution il y avait Pierre ARDITI, Yori BERTIN, qui vivait alors avec Jean LEFEBVRE, une fille très belle dont GIR était amoureux, mais il l’était aussi de ma pomme, il aimait toutes les femmes en fait.
C’était une pièce en costumes au texte précieux, et bavard, impossible à retenir. Une histoire  d’adultère forcé,  un dénouement téléphoné, du vieux théâtre, quoi. J’étais la soubrette Françoise, bien sûr, très joli costume, texte hyper nunuche et minauderies de rigueur, dans un décor d’une richesse inouïe.
Qui avait bien pu choisir LE BOUTON DE ROSE pour être diffusé en prime time sur la Une ?
Six jours de répétition, pas un de plus.
Le jour de l’enregistrement, tout le monde était sur les dents, nerveux à mort. François GIR était systématiquement opposé à toutes les indications du réalisateur  Claude Barma ou Claude Santelli ? je ne sais plus.
Mais au signal tout s’est mis en route et la pièce s’est déroulée sur un nuage sans  trou de mémoire ni savonnage.
Les dramatiques ont disparu du PAF.  Comme, du reste, le théâtre en général.
Dommage.  C’était pour les téléspectateurs, un peu comme regarder un numéro de haute voltige.  A tout moment, il pouvait y avoir la panne, le pied pris dans le tapis, la chaise qui tombe, le micro dans le champ… C’était rigolo et angoissant.
Mais au fond, c’était aller contre la nature même du théâtre, qui est éphémère envers et contre tout.

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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

Un bienfait reproché tient toujours lieu d’offense.
(Racine  -    Iphigénie)

A demain les amis !

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Hello, gens du mardi, bien réveillés (il est neuf heures) moi ça va.
Pour CHRIS et NAT, la conversation s'enlise, HRIS se barre, le rideau tombe.
Demain on fait la connaissance, enfin, de ROSE.  Cette fois, c'est le réalisateur
qui va tomber des nues, car de jour, ROSE est méconnaissable...

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - scène 27

Publié le par Miss Comédie



CHRIS
Vous manipuler, nous ?

NAT, s’arrêtant de jouer
Comment s’appelle ce que fait le marionnettiste avec ses marionnettes ?

CHRIS
Vous devriez être heureux et fiers d’inspirer des histoires, de donner naissance à des personnages de cinéma.

NAT
Trouvez-les où vous voulez, vos personnages, et laissez-nous vivre. Ne nous cuisinez pas pour écouter nos malheurs. Ca suffit ! (sa voix se brise)

CHRIS
Voilà ce qui me prouve que tout ce que vous m’avez confié était la vérité.

NAT, tête baissée, d’une voix étouffée
Mais  non !..

CHRIS s’éloigne vers le bar en allumant une cigarette. Derrière lui, NAT se redresse et son visage arbore un léger sourire alors qu’il attaque une Valse de Chopin frénétique.
CHRIS  se retourne et constatant le revirement, lui lance du fond de la scène CHRIS
Bien joué, l’artiste !  Nous sommes quitte, non ?

NAT ne répond pas et continue à jouer sur le même rythme.

CHRIS
Bon, je vous laisse, la conversation est bloquée. 
(Il s’apprête à sortir et de la porte :)
Comment s’appelle le café en bas de chez vous ?

NAT
Pourquoi ?

CHRIS
Parce que le nom des cafés, ça ne s’invente pas.

NAT
La Civette !
(Et au moment où le scénariste passe la porte il lui crie :)
C’est original, comme nom de café, vous ne trouvez pas ? 

FIN DE LA SCENE -  A SUIVRE



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MOI JE DIS BRAVO...

Publié le par Miss Comédie

… à LULU  SUR  LA COLLINE

Si l’on veut bien s’en donner la peine, il y a en province des spectacles réjouissants à voir, sans aller forcément aux Célestins applaudir les créations parisiennes.
Jeudi  soir, j’ai vu quatre phénomènes réunis dans une pièce jubilatoire écrite par l’un d’eux, « C’EST QUAND QU’ON M’AIME ».
LULU SUR LA COLLINE c’est le nom de la Compagnie et aussi celui du théâtre. Tout neuf tout beau, entièrement décoré par les comédiens-propriétaires.   C’est rouge vif, gris acier, poutrelles noires, le bar est ouvert dès 19h30 et on peut s’asseoir pour boire un verre avant le spectacle et même après, les comédiens sont crevés mais ils aiment recueillir les impressions à chaud.
La pièce est enlevée, absolument rocambolesque et les deux couples (célibataires)  s’entremêlent joyeusement tout en se balançant leurs vérités premières.  Chacun des quatre est une vraie nature et s’empare de son personnage sans  crise de conscience. C’est très physique, ça paraît complètement déjanté et pourtant c’est réglé au millimètre.
Il y a une guitare, une chanson d’amour, des répliques qui tuent et un public qui marche à fond.  Quelle ambiance !  Lyionnais, achetez Lyon-Poche pour connaître l’adresse et les dates et foncez-y  !


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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

LES TROIS SPOTS DE JACQUES TATI

Troisième spot : LA PISCINE   (suite)

Tati rétabli mais très faible donna le signal pour la première victime, qui heureusement pour elle, n’avait droit qu’à une seule prise.
Le plongeoir cassa, elle tomba à l’eau en hurlant et coula à pic. On mit un temps fou à la repêcher.
Après ça il fallait aller vite, on avait perdu assez de temps.
Avec mes rudiments, je montai sur le troisième plongeoir, mes jambes tremblaient.
Je les voyais en bas, figés comme au cirque devant le trapéziste qui tente le saut de la mort.
J’ai fait six sauts, six plats. Chaque fois, le maître-nageur venait me repêcher et me remettre sur la terre ferme. Je repartais, résignée à mourir.
   
Au septième saut, j’implorai le ciel en joignant les mains au bout de mes bras tendus et j’entendis la voix du maître-nageur qui criait quelquechose.  Je voyais Christine Caron, j’étais Christine Carlon.  Je devins Christine Caron l’espace d’un saut dans le vide, et je fis le plongeon de ma vie. Non, sérieux, je me suis vue à l’image, impossible d’avoir fait ça sans une intervention divine.
J’eus droit à une ovation de l’équipe comme au cirque.
Mais ils avaient trois  épaves sur les bras.
Tati, la grosse et moi ne tenions plus sur nos jambes, il fallut nous évacuer d’urgence.
Le plus beau dans ce genre de tournage, c’est que lorsque vous voyez le film, vous avez une impression de détente, cool la fille qui fait craquer le plongeoir, qu’est-ce qu’ils ont dû rigoler ! Et l’autre, chapeau, c’est une nageuse professionnelle ?
Non, c’est Gervais Taille Fine, pardi.

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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie


-   Vous savez, vous, la différence qu’il y a entre un bon mot d’auteur et
     un mauvais ?
-    Oui, l’auteur…
Françoise Dorin  -   Comme au théâtre)

Bye bye, see you to-morrow.

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  Cinq jours sans mon ordi, ça fait une grande relâche pour mon théâtre et un petit relâchement pour
mon blog.... Allez, on reprend, comme on dit dans les filages.
Aujourd'hui le dialogue de CHRIS et NAT confirme le mystère.  Tout en jouant ses Gymnopédies, NAT se joue
de CHRIS, c'est flagrant. Et le barman est complice, on le verra demain.

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 26

Publié le par Miss Comédie

CHRIS
Comment ça vous me dites ce que vous voulez …

NAT
Votre histoire, c’est mon histoire, OK ?
(et il plaque un accord tonitruant sur le piano)

CHRIS
Attendez.  Vous voulez dire que dans ce que vous me racontez il y a du vrai et il y a du faux ?

NAT, avec un sourire
Quelle importance, puisque ça vous intéresse...

Le scénariste se lève et arpente la scène.  NAT joue de façon plus suivie une Gymnopédie d’Erik Satie.
 `
CHRIS
Depuis quand savez-vous qui je suis ?

NAT
Depuis le début.

CHRIS, entre ses dents
Sacré barman...

NAT
Vous pensiez peut-être qu’il était de votre côté ?

CHRIS
“De votre côté”... mais est-ce que nous sommes en guerre ?  Est-ce qu’il s’agit de savoir qui est le plus fort et qui va gagner ?

NAT
Vous voulez nous manipuler.

(à  suivre  )

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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

LES TROIS SPOTS DE JACQUES TATI (suite)

Troisième spot :  la piscine.

Rendez-vous à la piscine de Clichy à 8h.
L’équipe est déjà là, les projo en place, Tati  complote avec son chef opérateur. Il fait un froid glacial.  Nicolas me désigne une cabine.  Un peu inquiète, je me mets en maillot une pièce noir, comme on me l’avait demandé.
Pourvu qu’on ne me fasse pas plonger. Je sais à peine nager alors plonger… Mais on ne m’a rien dit…  La grosse est assise au bord du bassin, en maillot froncé bleu ciel. Elle ne se ddoute pas de ce qui l’attend.
J’abrège :  en gros c’était la mort pour nous deux. Elle, devait s’avancer sur un plongeoir truqué qui se cassait en deux sous son poids.
Moi, il fallait que je plonge du plongeoir olympique, dix mètres.  Un plongeon impeccable,  hein ?  Quand Nicolas vint m’annoncer la chose je l’implorai : pas ça,  je n’ai jamais plongé de ma vie, je ne sais pas plonger.
Horrifié, Nicolas murmura seulement « C’est la cata. » Et il partit en courant.  Je le vis de loin face à Tati et je vis soudain, après une minute d’immobilité totale, l’homme tourner sur lui-même, hurler un début de phrase, s’étrangler et s’écrouler sur le sol.
Bon dieu, je me dis, c’est grave.
Nicolas revenait vers moi.
« Il faut que tu apprennes, me dit-il. On te donne une heure avec le maître-nageur. 
Pendant ce temps on fera une piqure à Tati.
- Qu’est-ce qu’il a ?
-  Une crise de coliques néphretiques.  C’est la cata. »
La suite est digne d’un film d’épouvante.

(Ce sera pour demain…
)

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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

il n’y a rien de plus mystérieux que les gens qui n’ont pas gran-chose à dire.
(Jean Anouilh  -   Cher Antoine-)

,,,, et sur ce, à demain chers spectateurs !

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  Je n'ai pas beaucoup de commentaires en ce moment. Serait-ce que vous êtes tous d'accord sur ce que je vous propose ? 
Pour ce qui est de la pièce, on sent vraiment maintenant que NAT mène CHRIS en bateau. Ce type-là commence à devenir intéressant. (Dans mes rêves, en l'écrivant, je pensais à Johnny DEPP, vous pensez...)

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 25

Publié le par Miss Comédie

CHRIS
Et... elle, elle est chez elle, dans la journée ?

NAT
Quand je pars elle est encore au lit, elle dort.  Mais après... (geste évasif) Je ne sais pas ce qu’elle fait. (L’air rêveur :)  Est-ce qu’elle reste là, à rêver ? Ou bien est-ce qu’elle va marcher, comme moi, au hasard ?   Peut-être qu’un jour on se retrouvera côte à côte, accoudés au parapet du Pont des Arts...  Elle me regardera de haut et puis elle partira de son côté, les mains dans les poches.

CHRIS
Et si elle vous trompait ?

NAT
C’est une éventualité.

Un silence.  NAT se lève et va s’asseoir au piano.  Il relève le couvercle et joue quelques notes.

NAT
Pourquoi est-ce que c’est toujours vous qui posez les questions ?

CHRIS, se levant et allant s’asseoir à une table proche du piano
Parce que c’est moi le plus curieux.  Apparemment, vous n’êtes pas curieux.

NAT
Vous êtes scénariste et vous écrivez une histoire entre un pianiste et une chanteuse.

CHRIS, secoué
Qui vous a dit ça ?

NAT
Je ne suis pas curieux, mais j’entends des choses.

CHRIS
Vous entendez des... (il comprend qu’il ne sert à rien de nier)  Oui, c’est vrai.  Mais, - et vous êtes libre de ne pas me croire - je suis plus intéressé par vous que par mon histoire.

NAT, léger tic
Ah bon ?  Vous êtes homosexuel  ?

CHRIS
Pourquoi vous dites ça ?

NAT
Ici, les hommes sont intéressés plutôt par ma femme.

CHRIS
Dans mon histoire, vous êtes plus intéressant qu’elle.

 NAT
Mais il n’y a pas encore d’histoire !   Vous allez l’écrire avec tout ce que je vais vous dire.

CHRIS, humblement
Ca vous gêne ?

NAT
Non.  Ca m’est égal.  De toute façon, je vous dis ce que je veux.

(A  SUIVRE)

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MOI JE DIS BRAVO...

Publié le par Miss Comédie

à  Patrice LECONTE pour son film « LA GUERRE DES MISS ».
On attend les films de Patrice Leconte comme on attend les livres de MODIANO.  Toujours les mêmes et toujours différents, ils nous donnent  toujours ce qu’on attend. 
Pour « La Guerre des Miss », heureusement qu’il y a longtemps que je ne lis plus les critiques des films français, sachant que ce sont la plupart du temps des règlements de compte.
Le film de Leconte a été ratissé d’office, enlevant aux gens l’envie même de se faire une idée.
Ils ont eu tort.  LA GUERRE DES  MISS est un joyeux poème au monde rural.  Avec son élégance habituelle, Patrice LECONTE nous emmène dans un monde ringard, sur un thème hautement ringard, l’élection d’une Miss, habité par des personnages férocement ringards,  et cela donne un film surréaliste, poétique, rigolo, échevelé et pas le moins du monde ringard.
Pourquoi ?  Parce que Patrice LECONTE montre la ringardise comme une facette sympathique du genre humain, il ne la méprise pas, il l’ennoblit, il en fait un des derniers vestiges du naturel.   Voir « LES BRONZES »,  voir « LES GRANDS DUCS », ils nous font rire, mais on ne les plaint pas, ils sont comme nous finalement. 
Benoit Poelvoorde  est génial, au milieu de ces filles belles comme des fleurs des champs, pas chochottes, hypernature, filmées avec frénésie.  On attend la fin pour le suspense incroyable de ce combat
insensé, comme celui d’Aubry contre Royal… pourquoi l’une plutôt que l’autre ?  Ici,  entre la blonde travelo contre la brune rockeuse gothique, il n’y aura  une finale anthologique …
  Ce film est un vrai bonheur, on en fait plus des comme ça : l’art est en voie de disparition.  Il faut le voir vite.


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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

LES TROIS SPOTS DE JACQUES TATI (suite)

Deuxième spot Gervais Taille Fine :  les vélos.



Rendez-vous à 8h du matin dans un bled perdu en banlieue parisienne.  La production arrive avec le camion contenant les vélos et nous voilà partis à la recherche d’un certain chemin repéré par Tati, idéal pour son plan.
 L’assistant, Nicolas Ribowski, le retrouve illico et on déballe le matériel.
Il avait plu, le décor était sinistre, arbres rabougris,  flaques d’eau, ciel bas et gris.
Après les études préliminaires de la lumière, de l’angle de prise de vue, des costumes, des vélos, s’ensuit un conciliabule interminable avec l’équipe pendant lequel la grosse et moi nous nous caillions les miches au bord du chemin.  Nous comprenons que la grosse n’a droit qu’à une seule prise, son vélo étant fabriqué spécialement pour s’écrouler sous elle au premier tour de pédale.  C’est ce que lui explique Nicolas avec précaution, Tati étant visiblement très tendu. 
Effrayée mais docile, la voilà qui enfourche le vélo et… le spectacle fut atroce, la pauvre fille étalée au milieu de la flaque, son vélo autour d’elle. Un sadique, Tati.
Satisfait de la prise, il presse le mouvement « on enchaîne ! ».
On me tend mon vélo, je monte dessus en rongeant mon frein si je puis dire, écoeurée de ce que j’avais vu.
Je suis partie au galop, on a dû me crier de m’arrêter au porte-voix.  Tati était furieux, il fallut faire une deuxième prise plus calme mais toujours légère et gracieuse, même au milieu de la flaque qui devait m’éclabousser, c’était dans le script.
On remballe, même pas au revoir, le deuxième spot Gervais Taille Fine était dans la boîte.  Le troisième allait faire mal.




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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie


Un sot  qui ne dit mot ne se distingue pas d’un savant qui se tait.
MOLIERE  -  Le dépir amoureux.

Un peu abscons.  Ca voudfrait dire qu'il ne faut pas juger les gens sur la mine mais sur la parole ?
Au revoir les amis, portez-vous bien.


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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour chers lecteurs-spectateurs, je n'ai pas de photo à mettre sur le blog aujourd'hui, je suis désolée.
Evidemment, je pourrais coller une vue de ma fenêtre, ou une reproduction d'un bar de Hopper, dont l'ambiance évoque bien le bar de ROSE AUTOUR DE MINUIT, mais... Voulez-vous une petite musique ?  C'est pas mal non plus.
Allez, le rideau bouge, installez-vous.

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 24

Publié le par Miss Comédie


Le bar, de jour.  CHRIS et NAT sont assis à une table dans des postures assez avachies, comme s’ils venaient de passer des heures à discuter et qu’ils se soient arrêtés de parler, épuisés physiquement et intellectuellement.  Le scénariste fume une cigarette.  NAT a les yeux fermés et la tête appuyée au mur derrière lui.

CHRIS, après une bouffée
Le piano vous a manqué parfois ?

NAT semble n’avoir pas entendu et puis au bout d’un moment il répond sans ouvrir les yeux mais le visage parcouru de tics :

NAT
J’ai passé des années sans piano. 

CHRIS
Ca vous manquait ?

NAT
Je n’y pensais pas.

CHRIS
Je comprends.

NAT, ouvrant les yeux et se redressant
C’est comme...  L’hiver, on ne se dit pas “j’aimerais entendre le cri des hirondelles, oh comme j’aimerais l’entendre, ce long cri, et les voir traverser le ciel comme des flèches noires et brillantes... “ Non, l’hiver il n’y a pas d’hirondelles, on le sait, on n’y pense même pas.

CHRIS
Oui.

NAT
Mais maintenant, le piano...





CHRIS
On ne pourrait plus vous l’enlever...
21
NAT
Et pourtant il faudra bien...

CHRIS
Votre contrat va jusqu’à quelle date ?

NAT
Notre contrat s’arrête le 30 juillet.  Ce jour-là, je perdrai le piano et ma femme.

Un silence.  Le scénariste écrase sa cigarette dans le cendrier et cherche visiblement une phrase de réconfort.  Ne la trouvant pas, il change de tactique.

CHRIS
Vous habitez loin d’ici ?

NAT, surpris, lève la tête et le regarde
Non, pourquoi ?

CHRIS
Pour rien.

NAT
Rue Vieille-du-Temple, au 6ème étage.  C’est délabré.... Il y a un bistrot au rez-de-chaussée, bourré de camés.  C’est pour ça que je n’y vais pas. Je préfère venir là l’après-midi... Et puis ici il y a le piano...

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MOI JE DIS BRAVO...

Publié le par Miss Comédie

… à  Patrice LECONTE pour son film « LA GUERRE DES MISS ».
On attend les films de Patrice Leconte comme on attend les livres de MODIANO.  Toujours les mêmes et toujours différents, ils nous donnent  toujours ce qu’on attend. 
Pour « La Guerre des Miss », heureusement qu’il y a longtemps que je ne lis plus les critiques des films français, sachant que ce sont la plupart du temps des règlements de compte.
Le film de Leconte a été ratissé d’office, enlevant aux gens l’envie même de se faire une idée.
Ils ont eu tort.  LA GUERRE DES  MISS est un joyeux poème au monde rural.  Avec son élégance habituelle, Patrice LECONTE nous emmène dans un monde ringard, sur un thème hautement ringard, l’élection d’une Miss, habité par des personnages férocement ringards,  et cela donne un film surréaliste, poétique, rigolo, échevelé et pas le moins du monde ringard.
Pourquoi ?  Parce que Patrice LECONTE montre la ringardise comme une facette sympathique du genre humain, il ne la méprise pas, il l’ennoblit, il en fait un des derniers vestiges du naturel.   Voir « LES BRONZES »,  voir « LES GRANDS DUCS », ils nous font rire, mais on ne les plaint pas, ils sont comme nous finalement. 
Benoit Poelvoorde  est génial, au milieu de ces filles belles comme des fleurs des champs, pas chochottes, hypernature, filmées avec frénésie.  On attend la fin pour le suspense incroyable de ce combat
insensé, comme celui d’Aubry contre Royal… pourquoi l’une plutôt que l’autre ?  Ici,  entre la blonde travelo contre la brune rockeuse gothique, il n’y aura  une finale anthologique …
  Ce film est un vrai bonheur, on en fait plus des comme ça : l’art est en voie de disparition.  Il faut le voir vite.








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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

LES TROIS SPOTS DE JACQUES TATI
Premier spot :  l’ascenseur.
Ca, ce n’est pas du théâtre mais c’est de la comédie. Quel souvenir !
J’avais été à un casting pour un spot télé filmé par Jacques Tati pour Gervais Taille Fine.  On cherchait une fille maigre.
.  J’étais maigre et c’est pour ça que mon agent m’avait envoyée à ce casting.
On m’avait demandé si je savais faire du vélo, courir,  nager, plonger, faire du cheval et j’avais dit oui à tout.
Je ne me faisais aucune illusion, nous étions cent à passer avec notre book sous le bras devant les responsables du story-board.
Or, j’ai été prise.  Tati avait, paraît-il, flashé sur ma silhouette de brindille.
La joie immense que j’ai éprouvée le premier jour du premier spot allait bientôt se transformer en abomination.
Premier spot : l’ascenseur.  Je devais arriver devant un ascenseur plein à craquer, tout de suite après une très grosse fille qui peinait  pour y pénétrer, les portes refusaient de se fermer.  Moi je me faufilais à l’aise, sourire Colgate, silhouette Gervais Taille Fine.
La scène fut tournée dix fois.  Tati était un perfectionniste.  Les figurants qui occupaient l’ascenseur suffoquaient.  Ils furent autorisés à sortir pour une courte pause et là, l’un d’eux finaud, lance à Tati en passant : « c’est l’enfer là-dedans ! » avec un grand rire de beauf.
Tati le bloque avec son pied. « Vous avez dit ? » et sans attendre la réponse il  hèle son assistant : « Donnez-lui son cachet et qu’il aille prendre l’air ailleurs ».
C’était ça, aussi, Tati.  Demain, le deuxième spot : les vélos.

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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

- Dieu condamne la violence.
- Dieu n’est pas marié, monsieur l’abbé  .
(Jacques Deval   « La Rose de Septembre »-


A demain les amis !


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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !   Aujourd'hui lundi, petit blog engourdi...  J'ai interverti deux articles et mis mon bravo avant la scène de ROSE.
On va croire que ma pièce se joue aux CELESTINS.... 
En attendant ce miracle (et pourquoi pas ?)  je vous invite à écouter (pardon, à lire) la suite du dialogue entre CHRIS et YANN qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur leurs personnages.  Le barman commence à s'inquiéter.

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MOI JE DIS BRAVO...

Publié le par Miss Comédie

...  À CLAUDIA  STAVISKY et PATRICK  PENOT  qui offrent à leurs abonnés et spectateurs en guise de programme un petit livre d'art.  Pour cette saison ils ont choisi pour l'illustrer CHLOE POIZAT, peintre de talent qui donne à chaque spectacle sa vision d'un monde imaginaire dans des pages saisissantes de beauté  qu'on a envie de détacher pour les encadrer...
Le THÉÂTRE DES CELESTINS est un théâtre magnifique, récemment restauré, qui méritait bien un outil de cette qualité.
Ce petit bouquin est une incitation pernicieuse à un abonnement total et sans restriction !

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 23

Publié le par Miss Comédie

Où le barman met son grain de sel… )

- LE BARMAN, comme pour lui-même
Jamais j’aurais cru que ces deux-là feraient un tel tabac même quand ils ne jouent pas !

YANN, qui l’a entendu, pointe le doigt vers lui
Apprenez cher ami, que les gens les plus insignifiants ont leur mystère...  Un mystère parfois effrayant...  Il suffit de creuser un peu... Il faut se méfier de tout le monde, vous savez ?  Des gens normaux surtout... Comme vous... (le barman sursaute)...
Comme moi...

LE BARMAN, haussant les épaules
   
Vous êtes quand même bizarres, dans le cinéma.

YANN, se tournant vers le scénariste
Il faut que tu te débrouilles pour demander à NAT ce que fait sa femme pendant la journée... Où ils habitent... Tu comprends ?  Il faut que je la voie vivre hors de ce bar. 

CHRIS
Sans qu’elle le sache ?

YANN
Bien entendu.  Sans qu’elle le sache.

LE BARMAN
Eh, dites, vous n’allez pas semer la pagaille, vous !

YANN, agressif
La pagaille  ?  Qui vous parle de pagaille ?

LE BARMAN
C’est qu’ils ont un contrat, vous savez.

YANN
Oui, et alors ?  Je ne les empêche pas de travailler, que je sache ?
Et puis vous, mêlez-vous de vos affaires, hein ?  Depuis quand les barmen prennent-ils part à la conversation de leurs clients ?  Nous ne sommes pas au café du Commerce, ici...  Qu’avez-vous entendu  au juste  ?

LE BARMAN
Je n’ai rien entendu.

YANN, calmé
C’est bien.  Il n’y avait rien à entendre.
(au scénariste :) N’est-ce pas ?

CHRIS, jouant le jeu
Bien entendu.  Rien.

YANN, s’écartant du bar et arpentant la scène d’un air excédé
Voilà. Et maintenant, où en sommes-nous ?  Nous sommes déconcentrés.
(Se retournant vers les deux hommes et sur un ton rageur)
S’il faut aller travailler ailleurs, nous irons ailleurs !  Ce ne sont pas les bars qui manquent à Paris !

LE BARMAN, faussement détaché
Ni les chanteuses...

YANN,  allant vers le scénariste et l’entraînant vers la sortie
Allez viens !  C’est tout pour ce soir.

LE BARMAN, protocolaire
Monsieur n’oublie pas que le manteau de Monsieur est au vestiaire ...

Le réalisateur revient en arrière, prend son manteau et ressort furieux.

Le barman, resté seul, branche le lecteur de CD et on entend la voix de Billie Holliday chantant “My man”.
LE BARMAN
Ils viennent pour elle...  Et s’ils venaient pour moi, les clients ?  Pourquoi ils viendraient pas pour moi ?


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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

Un autre souvenir de Festival : celui d’Avignon.
Beaucoup moins drôle que Carpentras.   D’abord parce qu’on était une petite troupe de débutants, à l’époque, et qu’on avait pas d’argent.  On s’était cotisés pour la location de la salle et pour le reste on s’était débrouillés avec les moyens du bord, chacun avait confectionné son costume, et les décors étaient l’œuvre commune.
Nous logions à l’extérieur d’Avignon, dans un appartement vide prêté par un copain. Nous étions cinq, venus de Paris dans l’Ami 6 de Michel tapissée des affiches du spectacle.
Nous jouions « Le Sofa » de Crébillon Fils, une petite farce coquine en costumes d’époque (mais de quelle époque ? On n’aurait pu dire…)  et nous étions mis en scène par Robert Sireyjol qui avait bien voulu nous donner un peu de son temps
 Pendant les deux semaines du Festival chaque journée se passait à arpenter les rues d’Avignon en arborant des banderoles pour faire de la retape.
Il fallait aussi coller des affiches partout, et après le spectacle contrôler si elles n’avaient pas été recouvertes.  Dans ce cas, on en collait d’autres et on en profitait  pour recouvrir celles des copains.
C’était crevant. 
L’humeur s’en ressentit très vite.  Ca grinçait dans le dortoir où l’on réglait nos comptes, histoire de se défouler un peu, chacun s’endormant dans son coin en rongeant son frein.
On aurait pu croire que nous serions brouillés à vie, après cette expérience.  Et bien pas du tout, trenteans après nous sommes toujours en affection.   Ceux-ci sont restés dans mon coeur alors que bien d’autres partenaires  ne sont que des souvenirs brumeux.
Avignon en période festival est une ville-poubelle, je ne vous apprend rien, tout le monde le sait.
Et pourtant chaque année c’est la ruée.  Le Festival Off a volé la vedette au In, on peut encore y faire des découvertes et s’amuser un peu.
A l’époque on ne recensait que quelques centaine   de spectacles Off alors qu’aujourd’hui  on arrive au chiffre ahurissant de mille …
Dans des années-là  les festivaliers pouvaient  entrer, au son des trompettes qui leur donnait le frisson, dans la cour d’honneur du Palais des Papes  pour assister à quelques spectacles magiques où soufflait l'esprit de Jean VILAR.










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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

Ce que vous ne paraissez pas comprendre, c’est que le théâtre de deramin c’est un théâtre d’idées !
-  Oui… Et bien moi, ce qui m’intéresse (…) c’est le théâtre d’aujourd’hui !
(Jean Anouilh -  Le Rendez-vous de Senlis)

A demain pour la suite de mon théâtre d'aujourd'hui !

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  Aujourd'hui je suis dans un mood morose.  Soudain frappée par l'immense solitude de l'être humain.
Ca passera.   Dans la scène d'aujourd'hui YANN et CHRIS continuent de comparer les mérites de leurs deux
héros virtuels, ROSE la chanteuse et NAT le pianiste.   Ces deux-là sont-ils ensemble, oui ou non ?

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 22

Publié le par Miss Comédie

YANN et CHRIS réfléchissent sur l’ambiguité du personnage de NAT le pianiste sous l’œil faussement détaché du barman.

LE BARMAN
C’est bizarre, quand vous êtes là, il n’y a soudain plus aucun client qui entre.

Les deux hommes regardent autour d’eux et se mettent à rire.

YANN
C’est un coup monté.  Nous avons affiché “COMPLET” sur la porte.  Mais vous savez, à minuit un soir d’hiver... dans ce quartier paumé... c’est un peu normal, non ?

LE BARMAN
J’ai vu plus de clients que ça, même en hiver à minuit.  Le champagne coulait à flots.  Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.

CHRIS
Ils viennent surtout le jeudi, non ? Et d’après vous, ils viennent pour le pianiste ou pour la chanteuse   ?

LE BARMAN
Ma foi, monsieur, je ne me suis pas posé la question.

YANN
Ils viennent pour elle, c’est clair.
Mais tu n’es pas de cet avis. Je me trompe ?

CHRIS, calmement
Moi je trouve que NAT est plus intéressant.

YANN
Tu ne veux pas la trouver magique. Tu te voiles la face comme devant le démon.

CHRIS
Ecoute, plus j’y pense, plus j’ai du mal à lui construire un destin.   Sur scène elle est magnifique, mais elle est derrière une vitre, il ne peut rien lui arriver.  En revanche le jour, elle perd toute séduction, ça n’est plus la même femme.   Lui, m’inspire beaucoup d’intérêt, il est un et indivisible, le même lorsqu’il erre dans Paris que lorsqu’il joue un blues mélancolique.

`YANN
Et bien moi, ’est cette fracture qui m’attire chez elle.  Ce double qu’elle promène de la nuit au jour pour tromper son monde.

(à suivre)

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MOI JE DIS BRAVO....

Publié le par Miss Comédie

à  Olivier Belamy, pour son émission L’invité classique   sur Radio Classique.
Depuis qu’elle existe j’ai déjà entendu quelques morceaux de bravoure, il reçoit des gens d’horizons très différents, ils aiment tous la musique classique mais certains n’y connaissent rien, simplement ils aiment,(ça existe aussi pour la peinture)
Les invités font leur programme. Alors on entend leurs morceaux préférés et ça vous renseigne drôlement sur leur moi profond. En plus, ils parlent, et Olivier Belamy, je ne sais pas comment il fait, mais on dirait qu’il les rend intelligents.  En tout cas il les rend sincères. Ils donnent des réflexions qui sortent du fond d’eux-mêmes, ils ne pensent pas à l’impression qu’ils donnent, ça n’est pas du tout du de l’esbrouffe, ils parlent vrai.
En face, si je puis dire, je n’ai pas été les voir en studio, il y a Olivier Belamy qui écoute.  Et jamais je n’ai entendu quelqu’un écouter si bien.  Parfois il fait « hmm » sur un ton pénétré, on sent qu’il est ému.   S’il y a un silence, il est lourd comme un sac de pièces d’or. Et si l’invité a une absence, il pose la question qui relance.
J’aidore sa voix.  C’est peut-être à cause de sa voix que je le préfère à François CASTANG qui présente le même type d’émission sur France Musique.   Il est super aussi, François CASTANG, aussi habile pour faire parler ses invités, aussi cultivé, mais moi j’ai un petit faible pour Olivier BELAMY.  Un nom pareil, avouez…



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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

Un souvenir rigolo, celui du Festival de Carpentras où j’ai joué une fée dans LE SONGE D’UNE NUIT D’ETE, mis en scène par Michel de Ré.

Dans la distribution il y avait sa femme, Martine SARCEY, et Greg GERMAIN et la jeune Diane KURYS qui jouait  Ariel.  Les autres, je ne m’en souviens pas.
On répétait l’après-midi par 40° en plein soleil. Il y a eu des malaises parmi les comédiens, dont Martine qui tomba de tout son long en plein milieu d’une tirade, on a cru qu’elle improvisait un jeu de scène.
La pièce a eu un grand succès, et pourtant question décors, c’était plutôt fait avec des bouts de ficelle…
mais nous avions joué  à l’arraché, dopés par le mistral, l’odeur de pastis et cette impression de liberté que l’on a lorsqu’on quitte ses repères.
Michel de Ré avait fait des coupes sombres dans les tunnels car comme toutes les pièces de Shakespeare, elle aurait  trois heures.
Dans le groupe des fées, il y avait une bonne entente. Moi j’étais  Graine de Moutarde, j’avais quelques répliques piquantes et je tricotais une écharpe.
Après le spectacle c’était cool, les gens restaient encore à boire des coups aux terrasses, on se mêlait à eux et ça durait jusqu’à ce que la lune devienne toute petite et très haut dans le ciel.
 J’ai eu une petite aventure avec un anglais, mais nous les saltimbanques on n’est jamais pris au pièce du « on se revoit quand ?», car on est juste des illusions de personnes, pas des vrais êtres humains. 
Nous avons fait ce songe-là durant trois soirs mais je n’ai pas rêvé, j’ai encore les photos.













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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

- L’Evangile dit : « Lorsqu’in te frappe sur une joue, il faut tendre l’autre ». Et vous savez pourquoi ?
- Non.
- Parce que le temps que votre adversaire s’approche pour la deuxième gifle, on peut lui faire un croche-pied !
(Robert Thomas  -  « Double jeu »)

C’est bien parce que c’est Robert Thomas !…
A lundi mes chéris parce que je pars pour un long week-end pour chercher l'inspiration...
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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !   Vous remarquerez quelques petits changements de titres, c'est pour varier les plaisirs et élargir le débat.
Ce qui ne changera jamais c'est la pièce, ROSE AUTOUR DE MINUIT continue sur sa lancée et elle n'est pas près de s'arrêter.  J'espère que vous aimez suivre les cheminements de ces deux hommes en quête de personnages
pour leur prochain film ?  Vous n'êtes pas au bout de vos surprises.

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 21

Publié le par Miss Comédie

Où  l'on  avance  à tâtons dans un scénario  improbable...


yANN
Je voudrais une première scène très réaliste, où on la verrait dans un personnage de femme ordinaire, presque plouc, dans un intérieur modeste. Le téléphone sonne, elle décroche...

CHRIS
Quelqu’un lui donnerait des instructions...  

YANN
Elle ne dirait pas grand-chose, deux mots, le lieu et l’heure, elle raccrocherait très vite.

CHRIS
On la verrait marcher dans la rue, aller vers l’endroit du rendez-vous...

YANN
Un café dans une rue déserte... ou aucontraire, à un carrefour très animé...

CHRIS
Oui... On la verrait ensuite remettre des documents à un type.  A un moment il y aurait un coup de feu...  quelque chose... et...on la verrait courir dans la rue à toute allure... et...

YANN
Démarre le générique sur le pianiste en train de jouer du piano.  La caméra s’éloigne et on la voit, elle en combinaison derrière lui, qui lui met les deux mains sur les épaules.

CHRIS
Bon, et maintenant il faut coller les morceaux.

YANN
Voilà.

Ils se regardent.   Le barman est accoudé sur le bar et suit leur conversation, l’air extrêmement intéressé.

YANN, songeur, relisant le synopsis.
Il y a quelque chose de troublant là-dedans, c’est qu’on part  sur sa culpabilité à elle, son mystère à elle, mais ensuite ton synopsis s’étend sur  ses errances à lui, ses marches sans but à travers Paris, et petit à petit on va se demander si ce n’est pas plutôt lui, ou aussi lui, qui a quelque chose à cacher...

CHRIS, enflammé
Mais c’est justement ce que je trouve intéressant.  Sous ses airs d’amoureux transi, que dissimule-t-il ?  C’est un personnage ambigu.  Très ambiigu.

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MOI JE DIS BRAVO...

Publié le par Miss Comédie

....à Jean Echenoz, qui nous emmène dans une poursuite effrénée après Zatopek.
Vous dites « oh, Zatopek, d’accord, le coureur le plus rapide du monde, d’accord.  Mais est-ce que ça fait un roman ? »
Et ben oui, ça fait un roman, et  une fois qu’on l’a commencé, on ne le lâche plus.  Moi, le sport… et surtout la course à pieds, merci.
Je l’ai commencé parce que c’était Echenoz et que son Ravel j’avais adoré. 
Mais là, la performance est un record, si je puis dire.
Et attendez, il ne nous raconte pas la vie amoureuse de Zatopek !
Non, ce sont ses courses, son entraînement progressif, ses records, ses embûches, son pays asservi, sa douleur de courir, des choses infiniment rébarbatives, en temps normal.  Et bien… c’est aussi haletant, si je puis dire, qu’Autant en Emporte le Vent.
Alors ? 
Echenoz a le don du style.  On le lit comme on lit Gala, mais sa langue est inventive, sa grammaire impeccable, on a envie de lire le mot suivant, la phrase suivante, parce qu’à un moment, après une longue période classique, il vous balance un mot incongru comme il vous donnerait une tape dans le dos.
Il est élégant, Echenoz.  Il écrit sans effort, semble-t-il, et pas pour la galerie.
Sans avoir l’air d’y toucher, il vous renseigne très précisément sur les dessous de l’entraînement à la course, sur l’ambiance qui règnait à Prague ces années-là.
On a calculé que Zatopek, si on fait l’addition, a fait trois fois le tour de la terre en courant. Ca, Echenoz nous le confie sur le ton de la confidence, comme s’il signalait que Zatopek avait un grain de beauté sur la fesse gauche.
On finit par le connaître très bien, ce bonhomme.  On commence par le plaindre, car il n’est vraiment pas gâté par la vie ni par la nature, et puis on se met à l’admirer, et puis à l’aimer.  Jusqu’à ses grimaces horribles qu’il n’essaie même pas de déguiser en sourire, tant il souffre.  Zatopek aimait souffrir, c’est ce qu’on lit dans ce livre.  Moi, j ‘aime Echenoz.



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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

Fernandel en tournée  (suite et fin)

GENEVE,   fin d'une merveilleuse aventure.

La tournée se termine à Genève. Trois soirs où le spectacle s’est déroulé sur un nuage.
Ce soir c’est la dernière.  Je suis là, en coulisses, attendant d’entrer en scène pour mon morceau de bravoure.
J’entendais les rires dans la salle, Fernandel est en grande forme.  Il fallait me concentrer.  Dans la scène suivante Eva de Berg allait révéler sa véritable nature et menacer tout le monde avec un revolver. Dans le genre casse-gueule, on fait pas mieux. 
  Une tirade grand-guignolesque où je devais passer aux aveux en sanglotant, devant les gens du cirque pétrifiés. Une scène terrible, un pari fou pour la comédienne.  Basculer ainsi du rire aux larmes et rester crédible, pathétique même, c’est plus difficile que de jouer Macbeth.
Robert Thomas ne l’avait probablement pas fait exprès, mais cette scène était un excellent exercice pour me préserver de l’automatisme.  Elle m’obligeait à chercher chaque soir au fond de moi la déroute, la panique et les larmes.  En même temps, il fallait rester dans les limites de ce que réclame la comédie. Pas de grandiloquence, pas de démonstrations incontrôlées,
attention, tout ça  finira  bien, il ne faut pas assombrir la bonne humeur du public, non tout ce qu’on vous demande c’est d’être crédible dans un moment charnière où l’action rebondit - seulement crédible.
Au moment d’entrer en scène, une phrase d’Antonin Artaud me traverse l’esprit  : “quand je vis, je ne me sens pas vivre.  Mais quand je joue, c’est là que je me sens exister.” 
Je fis les quelques pas qui me séparaient de l’ombre et de la lumière.  Le trac me quitta à cette minute, comme chaque soir.
Dernière ovation, et le lendemain matin le car reprend la route de Paris. Ses occupants pensifs, repliés contre la vitre, revivent chaque instant de ce périple comme on revit un rêve impossible.  Un an plus tard, Fernandel quittait la scène pour toujours. Son sourire généreux et son accent ensoleillé resteront longtemps dans les mémoires.










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LA REPLIQUE QUI M'ENCHANTE

Publié le par Miss Comédie

Le silence, au théâtre, c’est encore ce qu’on réussit le plus facilement.
(Jean Anouilh  -  Le rendez-vous de Senlis-)

A demain spectateurs assidus !

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PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour et bienvenue, welcome !
Une pensée et un coup de chapeau aux deux artistes qui nous ont quittés presque ensemble, Georges Cravenne et Claude Berri.  L'un avait inventé les Césars, l'autre en a remporté quelques-uns...
Ici, le scénariste et le réalisateur font ce qu'ils peuvent pour en mériter un.  Toujours pas de ROSE à l'horizon, mais ça ne saurait tarder.

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ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 20

Publié le par Miss Comédie


C’est la scène IV de la pièce dans sa version intégrale.
Les deux compères se retrouvent pour continuer l’élaboration de leur scénario.
CHRIS soumet à YANN une ébauche de synopsis.


Le bar. YANN et CHRIS sont assis à une table près du bar et semblent soucieux.   Au fond, l’estrade est vide comme les soirs où l’orchestre ne joue pas.  Sur la table, deux verres pleins, une bouteille d’eau gazeuse, une soucoupe d’olives et un cendrier.  Le réalisateur a en mains un paquet de feuilles dactylographiées qu’il vient semble-t-il, de compulser.

YANN
Ca me semble  trop mélodramatique.  J’étais d’accord pour abandonner la comédie, mais là...

CHRIS, tassé sur lui-même
C’est juste un synopsis...

YANN
Remarque... Ca ne manque pas de charme.  L’histoire de la faute professionnelle est bien amenée.

CHRIS
Et ce couple problématique, lié par un intérêt commun mais aussi, de son côté à lui, par un amour fou qu’il ne lui a jamais avoué...

YANN
C’est là où le bât blesse. C’est déjà un couple en danger. Situation trop classique.  Il ne faut pas que l’inégalité soit visible dès le début.

CHRIS
Pourquoi attendre ?

YANN
Pour que le spectateur se pose des questions.  Il faut qu’on les croit heureux, ces deux-là, amoureux, sur un nuage, pour que les gens se disent “attention il y a anguille sous roche, il va se passer quelque chose... c’est trop beau pour être vrai...”  Tu vois ?

CHRIS
Oui.  Tu crois que ROSE amoureuse de son pianiste, c’est crédible ?

YANN
Bien sûr, que c’est crédible !  Ca s’est déjà vu, non ?

CHRIS, rêveur
Je n’y crois pas.  Pas de la part de cette femme-là.  Elle joue la passion, mais elle ne l’éprouve pas.

YANN, réfléchissant
Tu as réfléchi à son passé ?

CHRIS
C’est une chanteuse de troisième zone, qui faisait les fêtes de village. Un jour, quelqu’un l’a entendue chanter et l’a emmenée à Paris.

YANN
Alors là, c’est du Carné...

CHRIS
En tous cas, avec son physique, son passé ne peut être que trouble.

YANN
Je suis bien d’accord.  


        "(à suivre)

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