PETIT LEVER DE RIDEAU
hermétique. Est-elle complice de NAT le pianiste, pour les mener en bateau, lui et son
scénariste ? Pourtant elle est toujours aussi belle... Vanessa Paradis, je vous dis.
(ROSE, l'énigme.)
YANN, affolé
Vous étiez... au café ?
ROSE, tranquille
Oui.
YANN
Assise ?
ROSE
Assise, à la terrasse. J’étais à deux tables de vous.
Le réalisateur arpente la scène, boit une gorgée de whisky, semble désarçonné.
YANN, s’approchant d’elle
Attendez. Il y avait du monde...
ROSE
Oui, quelques camés, une vieille dame qui buvait un café et qui avait un bichon maltais sur les genoux. Elle lui a donné un sucre...
YANN, dans un état second
Il me semble, oui... Elle lui a donné un sucre.
ROSE
Vous voyez...
YANN, cherchant dans sa mémoire
Il y avait une sorte de créature.aux cheveux gras, avec des lunettes noires, qui portait un jean crasseux et un duffle-coat rouge..
ROSE
.... C’était moi.
YANN
Ca alors... Excusez-moi, mais...
ROSE
Pour un réalisateur, vous n’êtes pas très attentif aux gens.
YANN
Si, au contraire, je regarde toujours très attentivement... (s’apercevant qu’elle le regarde avec un sourire ironique) Oh, écoutez... bon, on a des moments de distraction.
ROSE
Bon, alors, vous m’engagez ou non ?
YANN, gêné
C’est-à-dire...
ROSE
Parce que vous comprenez bien que si vous ne m’engagez pas, je ne vais pas vous raconter ma vie. Quel intérêt ?
(à suivre)
(ROSE, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.)
YANN
Ah. Vous n’êtes peut-être pas mariés, en effet… Le pianiste ... qui joue ici avec vous le jeudi soir a dit…
ROSE
Ah, le pianiste... lui a dit que j’habitais...
YANN
Que vous habitiez ... tous les deux au 17 rue Vieille du Temple.
ROSE
Ca m’étonne, qu’il lui ait dit ça.
YANN
Enfin, il ne le lui a pas dit précisément, il le lui a fait comprendre en parlant d’un café qui se trouve en bas de chez vous. D’après le café, mon ami a trouvé le numéro de la rue.
ROSE, raidie
C’est une enquête de police, il semble ?
YANN, ennuyé
Oh, non, il ne faut pas croire, mademoiselle, écoutez... ça paraît vraiment étrange, en effet, cet acharnement à ... mais... voyez-vous, nous... mon ami scénariste et moi, nous écrivons un scénario de film.
ROSE
Et vous voulez me donner un rôle ?
YANN, encore plus ennuyé
Non... enfin.. pas tout à fait.
ROSE, l’air intéressé
Pas tout à fait ?
YANN
Nous écrivons l’histoire d’un pianiste et d’une chanteuse.
ROSE
Quelle coïncidence !
YANN
Oui...
ROSE
Et alors ?
YANN
Alors... nous étudions un peu les faits et gestes des...
ROSE
Vous avez essayé de sonner chez moi ?
YANN
Et bien... A vrai dire... Oui, je suis passé ce matin vers midi... Quelqu’un m’a renseigné et j’ai sonné, oui...
ROSE se tait un moment, faisant mine de relire ce qu’elle avait écrit, buvant une gorgée de bière.
ROSE
Je n’y étais pas.
YANN
En effet, il n’y avait personne. Je me suis assis au café en bas, dans l’espoir que vous reviendriez déjeûner, que je vous verrais passer...
ROSE
Je vous ai vu. J’étais au café.
Scène VI de la version complète.
RÉSUME DES EPISODES PRECEDENTS
Dans ce bar tranquille où ils ont choisi de se retrouver une fois par semaine pour travailler à leur prochain scénario, YANN et CHRIS découvrent que l’intrigue de leur film est peut-être là, sur l’estrade des musiciens….
Scène 28 -
Le bar de jour. Le barman lit le journal. Assise à une table, ROSE est en train d’écrire. Elle est vêtue d’un imperméable sous lequel on devine sa robe de scène noire. Elle est coiffée et maquillée.
Entre YANN, le réalisateur. Il hésite sur le pas de la porte en voyant la jeune femme de dos et s’avance vers le bar.
YANN, au barman
Bonjour...
LE BARMAN, par-dessus son journal
Bonjour monsieur.
ROSE se retourne et le réalisateur la reconnait. Il parait saisi.
YANN, la saluant
Ah bonjour...
ROSE, se remet à écrire
Bonjour.
Le réalisateur semble embarrassé pour trouver une entrée en matière. Il regarde la jeune femme un moment et ne trouvant rien à lui dire, s’adresse au barman.
YANN
Donnez-moi un scotch, s’il vous plait.
LE BARMAN, repliant son journal avec un soupir
Tout de suite.
Il se retourne vers la rangée de bouteilles et fait les gestes rituels.
ROSE, sans se retourner
Nous sommes dans quel arrondissement, ici ?
LE BARMAN
Huitième.
ROSE
Merci. (Elle continue à écrire tout en buvant de temps en temps une gorgée de bière.)
YANN, son verre à la main, s’approchant de ROSE
Excusez-moi, vous habitez bien 17 rue Vieille-du-Temple ?
ROSE, surprise, sur un ton hésitant
Oui... Vous savez ça ?
YANN
J’ai peut-être été indiscret, mais j’ai eu l’information par... votre mari... enfin, par mon scénariste qui l’a eue de votre mari.
ROSE
Je n’ai pas de mari.
(à suivre)
CHRIS
Vous manipuler, nous ?
NAT, s’arrêtant de jouer
Comment s’appelle ce que fait le marionnettiste avec ses marionnettes ?
CHRIS
Vous devriez être heureux et fiers d’inspirer des histoires, de donner naissance à des personnages de cinéma.
NAT
Trouvez-les où vous voulez, vos personnages, et laissez-nous vivre. Ne nous cuisinez pas pour écouter nos malheurs. Ca suffit ! (sa voix se brise)
CHRIS
Voilà ce qui me prouve que tout ce que vous m’avez confié était la vérité.
NAT, tête baissée, d’une voix étouffée
Mais non !..
CHRIS s’éloigne vers le bar en allumant une cigarette. Derrière lui, NAT se redresse et son visage arbore un léger sourire alors qu’il attaque une Valse de Chopin frénétique.
CHRIS se retourne et constatant le revirement, lui lance du fond de la scène CHRIS
Bien joué, l’artiste ! Nous sommes quitte, non ?
NAT ne répond pas et continue à jouer sur le même rythme.
CHRIS
Bon, je vous laisse, la conversation est bloquée.
(Il s’apprête à sortir et de la porte :)
Comment s’appelle le café en bas de chez vous ?
NAT
Pourquoi ?
CHRIS
Parce que le nom des cafés, ça ne s’invente pas.
NAT
La Civette !
(Et au moment où le scénariste passe la porte il lui crie :)
C’est original, comme nom de café, vous ne trouvez pas ?
FIN DE LA SCENE - A SUIVRE
CHRIS
Comment ça vous me dites ce que vous voulez …
NAT
Votre histoire, c’est mon histoire, OK ?
(et il plaque un accord tonitruant sur le piano)
CHRIS
Attendez. Vous voulez dire que dans ce que vous me racontez il y a du vrai et il y a du faux ?
NAT, avec un sourire
Quelle importance, puisque ça vous intéresse...
Le scénariste se lève et arpente la scène. NAT joue de façon plus suivie une Gymnopédie d’Erik Satie.
`
CHRIS
Depuis quand savez-vous qui je suis ?
NAT
Depuis le début.
CHRIS, entre ses dents
Sacré barman...
NAT
Vous pensiez peut-être qu’il était de votre côté ?
CHRIS
“De votre côté”... mais est-ce que nous sommes en guerre ? Est-ce qu’il s’agit de savoir qui est le plus fort et qui va gagner ?
NAT
Vous voulez nous manipuler.
(à suivre )
CHRIS
Et... elle, elle est chez elle, dans la journée ?
NAT
Quand je pars elle est encore au lit, elle dort. Mais après... (geste évasif) Je ne sais pas ce qu’elle fait. (L’air rêveur :) Est-ce qu’elle reste là, à rêver ? Ou bien est-ce qu’elle va marcher, comme moi, au hasard ? Peut-être qu’un jour on se retrouvera côte à côte, accoudés au parapet du Pont des Arts... Elle me regardera de haut et puis elle partira de son côté, les mains dans les poches.
CHRIS
Et si elle vous trompait ?
NAT
C’est une éventualité.
Un silence. NAT se lève et va s’asseoir au piano. Il relève le couvercle et joue quelques notes.
NAT
Pourquoi est-ce que c’est toujours vous qui posez les questions ?
CHRIS, se levant et allant s’asseoir à une table proche du piano
Parce que c’est moi le plus curieux. Apparemment, vous n’êtes pas curieux.
NAT
Vous êtes scénariste et vous écrivez une histoire entre un pianiste et une chanteuse.
CHRIS, secoué
Qui vous a dit ça ?
NAT
Je ne suis pas curieux, mais j’entends des choses.
CHRIS
Vous entendez des... (il comprend qu’il ne sert à rien de nier) Oui, c’est vrai. Mais, - et vous êtes libre de ne pas me croire - je suis plus intéressé par vous que par mon histoire.
NAT, léger tic
Ah bon ? Vous êtes homosexuel ?
CHRIS
Pourquoi vous dites ça ?
NAT
Ici, les hommes sont intéressés plutôt par ma femme.
CHRIS
Dans mon histoire, vous êtes plus intéressant qu’elle.
NAT
Mais il n’y a pas encore d’histoire ! Vous allez l’écrire avec tout ce que je vais vous dire.
CHRIS, humblement
Ca vous gêne ?
NAT
Non. Ca m’est égal. De toute façon, je vous dis ce que je veux.
(A SUIVRE)
Le bar, de jour. CHRIS et NAT sont assis à une table dans des postures assez avachies, comme s’ils venaient de passer des heures à discuter et qu’ils se soient arrêtés de parler, épuisés physiquement et intellectuellement. Le scénariste fume une cigarette. NAT a les yeux fermés et la tête appuyée au mur derrière lui.
CHRIS, après une bouffée
Le piano vous a manqué parfois ?
NAT semble n’avoir pas entendu et puis au bout d’un moment il répond sans ouvrir les yeux mais le visage parcouru de tics :
NAT
J’ai passé des années sans piano.
CHRIS
Ca vous manquait ?
NAT
Je n’y pensais pas.
CHRIS
Je comprends.
NAT, ouvrant les yeux et se redressant
C’est comme... L’hiver, on ne se dit pas “j’aimerais entendre le cri des hirondelles, oh comme j’aimerais l’entendre, ce long cri, et les voir traverser le ciel comme des flèches noires et brillantes... “ Non, l’hiver il n’y a pas d’hirondelles, on le sait, on n’y pense même pas.
CHRIS
Oui.
NAT
Mais maintenant, le piano...
CHRIS
On ne pourrait plus vous l’enlever...
21
NAT
Et pourtant il faudra bien...
CHRIS
Votre contrat va jusqu’à quelle date ?
NAT
Notre contrat s’arrête le 30 juillet. Ce jour-là, je perdrai le piano et ma femme.
Un silence. Le scénariste écrase sa cigarette dans le cendrier et cherche visiblement une phrase de réconfort. Ne la trouvant pas, il change de tactique.
CHRIS
Vous habitez loin d’ici ?
NAT, surpris, lève la tête et le regarde
Non, pourquoi ?
CHRIS
Pour rien.
NAT
Rue Vieille-du-Temple, au 6ème étage. C’est délabré.... Il y a un bistrot au rez-de-chaussée, bourré de camés. C’est pour ça que je n’y vais pas. Je préfère venir là l’après-midi... Et puis ici il y a le piano...
( Où le barman met son grain de sel… )
- LE BARMAN, comme pour lui-même
Jamais j’aurais cru que ces deux-là feraient un tel tabac même quand ils ne jouent pas !
YANN, qui l’a entendu, pointe le doigt vers lui
Apprenez cher ami, que les gens les plus insignifiants ont leur mystère... Un mystère parfois effrayant... Il suffit de creuser un peu... Il faut se méfier de tout le monde, vous savez ? Des gens normaux surtout... Comme vous... (le barman sursaute)...
Comme moi...
LE BARMAN, haussant les épaules
Vous êtes quand même bizarres, dans le cinéma.
YANN, se tournant vers le scénariste
Il faut que tu te débrouilles pour demander à NAT ce que fait sa femme pendant la journée... Où ils habitent... Tu comprends ? Il faut que je la voie vivre hors de ce bar.
CHRIS
Sans qu’elle le sache ?
YANN
Bien entendu. Sans qu’elle le sache.
LE BARMAN
Eh, dites, vous n’allez pas semer la pagaille, vous !
YANN, agressif
La pagaille ? Qui vous parle de pagaille ?
LE BARMAN
C’est qu’ils ont un contrat, vous savez.
YANN
Oui, et alors ? Je ne les empêche pas de travailler, que je sache ?
Et puis vous, mêlez-vous de vos affaires, hein ? Depuis quand les barmen prennent-ils part à la conversation de leurs clients ? Nous ne sommes pas au café du Commerce, ici... Qu’avez-vous entendu au juste ?
LE BARMAN
Je n’ai rien entendu.
YANN, calmé
C’est bien. Il n’y avait rien à entendre.
(au scénariste :) N’est-ce pas ?
CHRIS, jouant le jeu
Bien entendu. Rien.
YANN, s’écartant du bar et arpentant la scène d’un air excédé
Voilà. Et maintenant, où en sommes-nous ? Nous sommes déconcentrés.
(Se retournant vers les deux hommes et sur un ton rageur)
S’il faut aller travailler ailleurs, nous irons ailleurs ! Ce ne sont pas les bars qui manquent à Paris !
LE BARMAN, faussement détaché
Ni les chanteuses...
YANN, allant vers le scénariste et l’entraînant vers la sortie
Allez viens ! C’est tout pour ce soir.
LE BARMAN, protocolaire
Monsieur n’oublie pas que le manteau de Monsieur est au vestiaire ...
Le réalisateur revient en arrière, prend son manteau et ressort furieux.
Le barman, resté seul, branche le lecteur de CD et on entend la voix de Billie Holliday chantant “My man”.
LE BARMAN
Ils viennent pour elle... Et s’ils venaient pour moi, les clients ? Pourquoi ils viendraient pas pour moi ?
YANN et CHRIS réfléchissent sur l’ambiguité du personnage de NAT le pianiste sous l’œil faussement détaché du barman.
LE BARMAN
C’est bizarre, quand vous êtes là, il n’y a soudain plus aucun client qui entre.
Les deux hommes regardent autour d’eux et se mettent à rire.
YANN
C’est un coup monté. Nous avons affiché “COMPLET” sur la porte. Mais vous savez, à minuit un soir d’hiver... dans ce quartier paumé... c’est un peu normal, non ?
LE BARMAN
J’ai vu plus de clients que ça, même en hiver à minuit. Le champagne coulait à flots. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
CHRIS
Ils viennent surtout le jeudi, non ? Et d’après vous, ils viennent pour le pianiste ou pour la chanteuse ?
LE BARMAN
Ma foi, monsieur, je ne me suis pas posé la question.
YANN
Ils viennent pour elle, c’est clair.
Mais tu n’es pas de cet avis. Je me trompe ?
CHRIS, calmement
Moi je trouve que NAT est plus intéressant.
YANN
Tu ne veux pas la trouver magique. Tu te voiles la face comme devant le démon.
CHRIS
Ecoute, plus j’y pense, plus j’ai du mal à lui construire un destin. Sur scène elle est magnifique, mais elle est derrière une vitre, il ne peut rien lui arriver. En revanche le jour, elle perd toute séduction, ça n’est plus la même femme. Lui, m’inspire beaucoup d’intérêt, il est un et indivisible, le même lorsqu’il erre dans Paris que lorsqu’il joue un blues mélancolique.
`YANN
Et bien moi, ’est cette fracture qui m’attire chez elle. Ce double qu’elle promène de la nuit au jour pour tromper son monde.
(à suivre)
Où l'on avance à tâtons dans un scénario improbable...
yANN
Je voudrais une première scène très réaliste, où on la verrait dans un personnage de femme ordinaire, presque plouc, dans un intérieur modeste. Le téléphone sonne, elle décroche...
CHRIS
Quelqu’un lui donnerait des instructions...
YANN
Elle ne dirait pas grand-chose, deux mots, le lieu et l’heure, elle raccrocherait très vite.
CHRIS
On la verrait marcher dans la rue, aller vers l’endroit du rendez-vous...
YANN
Un café dans une rue déserte... ou aucontraire, à un carrefour très animé...
CHRIS
Oui... On la verrait ensuite remettre des documents à un type. A un moment il y aurait un coup de feu... quelque chose... et...on la verrait courir dans la rue à toute allure... et...
YANN
Démarre le générique sur le pianiste en train de jouer du piano. La caméra s’éloigne et on la voit, elle en combinaison derrière lui, qui lui met les deux mains sur les épaules.
CHRIS
Bon, et maintenant il faut coller les morceaux.
YANN
Voilà.
Ils se regardent. Le barman est accoudé sur le bar et suit leur conversation, l’air extrêmement intéressé.
YANN, songeur, relisant le synopsis.
Il y a quelque chose de troublant là-dedans, c’est qu’on part sur sa culpabilité à elle, son mystère à elle, mais ensuite ton synopsis s’étend sur ses errances à lui, ses marches sans but à travers Paris, et petit à petit on va se demander si ce n’est pas plutôt lui, ou aussi lui, qui a quelque chose à cacher...
CHRIS, enflammé
Mais c’est justement ce que je trouve intéressant. Sous ses airs d’amoureux transi, que dissimule-t-il ? C’est un personnage ambigu. Très ambiigu.
C’est la scène IV de la pièce dans sa version intégrale.
Les deux compères se retrouvent pour continuer l’élaboration de leur scénario.
CHRIS soumet à YANN une ébauche de synopsis.
Le bar. YANN et CHRIS sont assis à une table près du bar et semblent soucieux. Au fond, l’estrade est vide comme les soirs où l’orchestre ne joue pas. Sur la table, deux verres pleins, une bouteille d’eau gazeuse, une soucoupe d’olives et un cendrier. Le réalisateur a en mains un paquet de feuilles dactylographiées qu’il vient semble-t-il, de compulser.
YANN
Ca me semble trop mélodramatique. J’étais d’accord pour abandonner la comédie, mais là...
CHRIS, tassé sur lui-même
C’est juste un synopsis...
YANN
Remarque... Ca ne manque pas de charme. L’histoire de la faute professionnelle est bien amenée.
CHRIS
Et ce couple problématique, lié par un intérêt commun mais aussi, de son côté à lui, par un amour fou qu’il ne lui a jamais avoué...
YANN
C’est là où le bât blesse. C’est déjà un couple en danger. Situation trop classique. Il ne faut pas que l’inégalité soit visible dès le début.
CHRIS
Pourquoi attendre ?
YANN
Pour que le spectateur se pose des questions. Il faut qu’on les croit heureux, ces deux-là, amoureux, sur un nuage, pour que les gens se disent “attention il y a anguille sous roche, il va se passer quelque chose... c’est trop beau pour être vrai...” Tu vois ?
CHRIS
Oui. Tu crois que ROSE amoureuse de son pianiste, c’est crédible ?
YANN
Bien sûr, que c’est crédible ! Ca s’est déjà vu, non ?
CHRIS, rêveur
Je n’y crois pas. Pas de la part de cette femme-là. Elle joue la passion, mais elle ne l’éprouve pas.
YANN, réfléchissant
Tu as réfléchi à son passé ?
CHRIS
C’est une chanteuse de troisième zone, qui faisait les fêtes de village. Un jour, quelqu’un l’a entendue chanter et l’a emmenée à Paris.
YANN
Alors là, c’est du Carné...
CHRIS
En tous cas, avec son physique, son passé ne peut être que trouble.
YANN
Je suis bien d’accord.
‘
"(à suivre)