ON NE SE MENTIRA JAMAIS
V
Affirmation gratuite, promesse non tenue, le titre est trompeur, lui aussi !.
Si vous décidez d’aller voir cette pièce pour passer un bon moment de rigolade, vous faites fausse route.
Enfin, ça dépend… si vous êtes de ceux qui pleurez de rire devant un type qui glisse sur une peau de banane, alors vous pouvez y aller. Mais attention : cette histoire-là peut un jour être la vôtre. .. si elle ne l’est pas déjà.
De toute façon vous passerez un moment intense, entre rire et larmes.
Le sujet, l’adultère (sujet favori de l’auteur) n’a rien de très original mais il est ici traité avec une intelligence, une finesse, une cruauté qui le rapprochent d’ une tragédie d’Eschyle.
Mais que serait un tel texte sans ses interprètes ? Une conférence sur la problématique du mensonge.
Or, nous avons devant nous un duo d’acteurs étonnants, aussi percutants l’un que l’autre. Ils ne quittent pas le plateau durant 90 minutes, le temps de procéder à une subtile recherche de la vérité au moyen d’un interrogatoire haletant.
Décrire ici le talent de l’un et de l’autre dans leur duel amoureux serait dévoiler les ressorts de l’intrigue. Donc je m’abstiens.
Dommage, j’aurais aimé vous détailler leur virtuosité, leur beauté, leur élégance… Bref, ils sont tous deux un régal à écouter et à voir se démener dans cette situation infernale…
Eric Assous ne donne pas dans le rabâchage sur ce thème éculé. Il nous invente un vrai suspense.
A la moitié de la pièce, on ne sait vraiment pas, du mari ou de la femme, lequel est la victime, lequel est le bourreau.
…
Fanny Cottençon est tour à tour comique, révoltante., touchante, frémissante, et en plus elle est belle.
Jean-Luc Moreau nous confond par l’attraction de sa seule présence, la sobriété de son jeu tout intérieur, dans un personnage dont on se demande si sa sérénité est feinte ou réelle, si son amour conjugal est sincère ou factice, jusqu’à la révélation finale.
Je dois être honnète. Cette pièce d’Assous m’a d’abord agacée par son ambigüité. Que cherche-t’il ? A faire rire de cette situation cocasse ? A faire réfléchir tristement sur la duplicité des deux sexes ? On sort de là ébranlé plutôt que réjoui. Mais comment ne pas être sensible à la justesse de son analyse et la richesse de son écriture ? A eux trois, ils m’ont eue.
Miss Comédie
C’est au théâtre La Bruyère jusqu’au 30 avril