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LES ENIGMES D'EDWARD HOPPER

Publié le par Miss Comédie

  Cet article est le millième publié sur "unesceneparjour.com".  La direction me doit une gerbe de roses rouges...

 

 

     Edward-Hopper-Richard-Tuschman-02.jpg Il l’avait rencontrée au  bar de l’hôtel Raphaël,  à Paris. C’était un endroit qu’il fréquentait pour son calme, ses toiles de Turner et son décor grand siècle.

On pouvait y croiser Gainsbourg ou quelques figures féminines intéressantes.

Ce jour-là il fut surpris d’en voir une, rousse flamboyante, assise sur l’un des hauts tabourets du bar.  C’était une attitude  que pratiquaient plutôt les gogo girls de Pigalle.  Celle-ci avait de la classe.   Elle n’avait pas quitté son étole en renard bleu et ses jambes croisées étaient un attentat à la pudeur.

Il avait hésité sur la tactique puis opta pour la tactique de James Bond, un peu risquée mais souvent payante.

« Vous êtes capable de me faire un vrai bloody mary ? »  avait-il lancé au barman  avec un clin d’œil, avant d’aller s’asseoir à une table.

Elle n’avait rien dévoilé du fond de sa pensée.   Elle s’était pourtant retournée pour le repérer, feignant de parcourir des yeux l’ensemble des  tables.

Mais pour lui c’était gagné.    Il ne la quitta plus des yeux.  

C’était le genre de situation qui lui donnait des palpitations.  Un suspense phénoménal.  Comment enchaîner ?

Il la vit  griffonner quelque chose sur un petit calepin sorti de son sac.

Vider son verre, lentement.

Décroiser  les jambes,  et ce fut comme  la fin d’un film d’Ava Gardner. 

 Mais  voilà qu’elle ondulait pour quitter son piédestal  et se dirigeait vers la sortie.    Il crut que c’était râpé lorsque  le barman   lui déposa son bloody mary avec un  billet plié en quatre.  

 

Il  remarqua l’œil à peine goguenard et  se saisit du billet. « Je vous attend dans le taxi. »

Il n’eut pas le temps de juger de la qualité du breuvage, à peine celui de jeter quelques euros sur la table et courut vers la sortie.

L’avenue Kléber était déserte, il vit la Mercedes noire rangée le long du trottoir, la Rousse à l’intérieur.   Le chauffeur lui ouvrit la portière.

Il y eut d’abord un silence prolongé, pendant lequel il se demanda si son physique était vraiment irrésistible, ou bien sa voix, ou bien si la femme était une habituée des bars à putes mais le moment était si  bloody hot  qu’il arrêta là les suppositions.  Wait and see, disent les british.

 

La suite avait été hors de toute attente, hors de  l’imagination la plus romanesque.   Une sorte d’enlèvement de Zeus par Iole la mortelle sublime, sur les ailes  gris métal d’un Cygne qui aurait fait le plein des sens.

 

L’inconnue avait des ressources.    Il avait annulé tous ses rendez-vous pour une semaine foudroyante, d’hôtels en hôtels.

Ils s’amusèrent à mêler le sordide au luxueux, dans un périple amoureux plein d’imprévus.  

 Il était sous le charme, elle semblait vraiment amoureuse. 

« Tu es mon coup de foudre qui dure », disait-elle.

Ils ne savaient rien l’un de l’autre. Elle voulait garder son mystère et cela l’arrangeait, lui, de garder le sien.

Elle déployait ses signes extérieurs de richesse sans aucun complexe dans  les bas-quartiers et entrait naturellement dans le moule des palaces.

Ils parlaient cinéma, théâtre.  Elle en connaissait un rayon sur le sujet.  Le soir, ils jouaient au  gin-rummy en buvant des vodkas-perrier.

 

« Tu as toujours mené cette vie-là ? lui avait-il demandé un jour.

« Je suis une enfant gâtée, j’ai toujours eu ce que je voulais dans la vie, avait-elle répondu en riant, et toi, je t’ai voulu, je t’ai eu ! »

 

Le septième jour,  à l’hôtel Bijou, un  des plus toquards de leur randonnée,  sur le port de Nice,  elle se réveilla seule.    Elle s’étira, sourit.  Il devait  être descendu admirer  les coques bariolées  des bateaux de  pêcheurs.

Elle ferma les yeux, les rouvrit aussitôt, quelque chose n’allait pas.

 Elle bondit hors du lit.   Son sac, ses bijoux, ses vêtements, avaient disparu.

 

A onze heures, intrigué, le concierge de l’hôtel  était monté coller un œil à la serrure de la chambre 7.     OK, c’était un couple illicite, mais quand même. De ce qu’il vit,   il ne put  rien conclure sur la situation.  

Il  crut   distinguer un filet de sang sur le parquet  -  ou  était-ce une hallucination ? et se dit  que le cadavre était peut-être  dans la salle de bains et qu’elle  attendait un complice pour l’aider à s’en débarrasser.  Il se demanda s’il ne devrait pas appeler la police.

 

Miss Comédie

(Il n’est pas interdit de donner sa version de l’histoire.)

 

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VOUS FUMEZ OU VOUS VAPOTEZ ?

Publié le par Miss Comédie

 

 

 fume.jpgA la terrasse du Petit Suisse,  rue de Vaugirard,   les fumeurs bravent la caillante de ce débuut décembre.  Un homme âgé est assis, offrant son visage au soleil.  Il est vêtu d’un épais manteau en drap couleur camel et tient entre le pouce et l’undex un long fume-cigarette dont il aspire de temps en temps de longues bouffées.   Il y a quelque chose d’anachronique dans sa présence ici.  Son âge ?  Sa tenue vestimentaire ?  Surtout ce fume cigarette d’une autre époque.  On le verrait mieux sur la banquette d’un bar chaleureux des Champs-Elysées.
Les yeux fermés, il ne voit pas arriver une jeune fille qui vient s’asseoir à la table voisine.

C’est une jolie blonde aux cheveux courts évoquant Jean Seberg, qui porte sans grelotter un petit blouson de cuir rouge.

Très vite elle sort de son sac une cigarette électronique et un portable.  Elle se met à mâchonner la cigarette électronique et à tapoter sur le portable.  L’image même de la modernité.

Au serveur, elle commande un café.  Cela tire l’homme âgé de sa béatitude.

Premier temps, indifférence courtoise.  Mais… quelque chose l’interpelle, et ce n’est pas la beauté juvénile de la fille d’à côté – qui, elle aussi, s’étonne.

 

« Pardon monsieur, c’est un nouveau modèle ?

Surpris : «  Un nouveau modèle de quoi, mademoiselle ?

« Ben, de vap !

L’homme boit une gorgée de son cognac avant de s’enquérir :

« Mademoiselle, de quoi parlez-vous, enfin ?  Et puis, c’est à mon tour de vous demander… vous fumez ?

La fille hausse les épaules.

«  Non, vous voyez bien, je vapote. vapote.jpg

«  Oui, je vous ai vu tapoter sur votre téléphone. Mais à la bouche, vous avez une cigarette ou quoi ?

«  Cela s’appelle une cigarette électronique et je ne la fume pas, c’est un mot dépassé, on ne fume plus, on vapote, il faut sortir, un peu !

L’homme se sent agressé et se replie sur lui-même, fermé au dialogue.  La  jeune fille insiste.

«  Mais vous, monsieur, vous faites semblant de vapoter mais vous fumez une vraie cigarette !  

 

L’homme tape du poing sur la table.

«  Ah, ça suffit avec ce mot barbare, vapoter, vapoter, vous faites quoi, au juste, avec ce sifflet !

 

La fille : « Et vous, vous faites quoi avec ce… ce…

« … fume-cigarette, voilà ce que c’est ! Un objet élégant qui filtre la nicotine et ne vous laisse pas de papier sur les lèvres !

 

La jeune fille sourit :

« OK, je pige, vous êtes vraiment un has been, vous !    Mais quand même, il faut que je vous explique…  Vous savez que la cigarette est interdite dans les lieux publics, non ?

«  Oui, hélas.  Je suis condamné à fumer dehors, un scandale de notre société castratrice !

«  Bon, enfin c’est comme ça, il faut s’y faire, on s’en porte pas plus mal… mais il existe une cigarette électronique qui nous donne l’illusion de fumer, mais qui n’est pas nocive.  C’est ce que j’ai à la bouche.

«  Et le goût est le même ?

«  Pas tout à fait…  Mais c’est une réalité nouvelle.  Et à « réalité nouvelle », désignation nouvelle… On ne fume plus, on vapote.

« Mais c’est un mot horrible !

«  C’est le mot de l’année, selon le prestigieux Oxford Dictionnary.

Vous n’avez pas fini de l’entendre.

 

L’homme secoua le fume-cigarette dans le cendrier et le rangea dans la poche de son gilet.  Puis il  jeta quelques euros sur la table et se leva.

« Au revoir mademoiselle.  Je vous suis reconnaissant de ce cours de langue vivante.

Elle le vit s’éloigner d’un pas tranquille, le col relevé, enfiler ses gants et écarter d’un coup de sa semelle un papier gras sur le trottoir.  Elle se dit que les anciens avaient  quand même de l’allure. cigarette--1.jpg

 

 

 

 

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LA PHOTO-MYSTÈRE DE NOVEMBRE

Publié le par Miss Comédie

 

RE

 

 

 

 

  sirene-du-mississippi-69-11-g.jpg                                                          Qui sont ces deux comédiens et dans quel film ?

 

 

 

Rponse de la photo-mystère d’octobre :

 

Dans la foulée de MODIANO Prix Nobel, j’ai choisi de vous faire découvrir le visage de sa mère, Luisa Colpeyn, comédienne, que l’on a pu voir dans quelques rôles peu marquants dans les années soixante.

Ici,   Luisa Colpeyn  dans l’Echarde de Françoise Sagan, représenté en première partie de  Le Cheval Evanoui.

Date : 1966

Théatre du Gymnase

Mise en scène : Jacques Charron

Rôle :  Elisabeth

 

Ca c'était pas facile ! Mais l'occasion était à saisir.  A bientôt pour une prochaine photo-mystère !

 

Miss Comédie

 

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