LA ROQUE D'ANTHERON, PIANO ROI
CONCERT DU 9 aout 2015 . LA SYMPHONIE TESTAMENT
ll y a eu d’abord ce premier choc pianistique, à 18h, avec la toute jeune et frêle Béatrice Rana qui nous a nous a entraînés dans un récital en forme de crescendo avec une dextérité et une technique infaillibles : une partita de Bach délicatement allègre suivie d’ une sonate de Chopin où se mêlent la fougue et la mélancolie, pour finir avec une valse de Ravel étourdissante – les trois temps d’une démonstration de virtuosité qui laissa le public pantois. Ovation, rappels, on est là devant une future grande concertiste.
Beau début de soirée avant de saluer le talent confirmé d’Anne Quéffelec, qui partage le plateau avec l’orchestre Sinfonia Varsovia.
Un concerto de Mozart, pas le plus envoûtant, mais la magie de Mozart opère toujours. Un concerto de Beethoven, le sublime n°4 – comme un défi à Mozart
Et puis, Anne Quéffelec s’est retirée après trois rappels très jolis.
Et l’orchestre est resté pour cette Symphonie N° 2 de Beethoven.
Je n’aime pas les symphonies, pas plus celles de Beethoven que les autres. Mais celle-ci était annoncée dans le programme comme étant la « symphonie- testament » du compositeur.
Comme preuve, un document rare était joint au programme, une lettre de Beethoven à ses frères, formulée comme un testament. Déchirante. L’ultime sanglot d’un être privé de son sens le plus précieux depuis déjà de longues années.
Après avoir lu cette lettre, on est prêt à entrer dans cette symphonie avec émotion. On imagine Beethoven devant sa partition, écrivant chaque note avec le souvenir de cette note, sans pouvoir l ‘ entendre sur le clavier. Comment est-ce possible ? Il faut se laisser guider par l’instinct de la Musique, sa main guidée par une force mystérieuse comme l’ écriture automatique des médiums.
Bizarrement, je n’ai pas trouvé poignante l’écoute de cette symphonie. Au contraire, elle contient de nombreux passages empreints d’allégresse au point que l’on se demande si l’écriture du Testament de Helligenstaadt,adressé à ses frères, ne l’a pas soulagé d’un poids trop longtemps contenu et ne lui a pas inspiré une œuvre pleine d’espoir.
Comme dans un nouvel élan, Beethoven écrivit encore huit symphonies et ce n’est que 25 ans après sa lettre-testament qu’il rendit le dernier soupir, à l’âge de 56 ans.
Il écrit : « Après ma mort, ne m’oubliez pas… » et il ne se doutait pas que 125 ans plus tard son œuvre allai lui survivre et résonner sous les séquoIas du Parc de Florans à La Roque d’Anthéron.