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JOHNNY HALLYDAY, MARLON BRANDO ET TENNESSEE WILLIAMS

Publié le par Miss Comédie

 

250px-Johnny 1 Cannes

 

 

 

Affiche-Paris.jpgSeptembre 2011.  Dans sa loge du théâtre Edouard VII, Johnny HALLYDAY tremble.  Le fauve n’est pas dans son élément. Seul espoir, que « TENNESSEE » lui porte chance, comme sur la scène du Zénith.

Il va falloir parler, et non chanter.   Johnny éteint la lumière et s’étend sur le canapé. Exercices de relaxation, il connaît.

On frappe à la porte.  Qui a pu franchir les barrages  interdisant l’accès à la loge ?  Johnny se redresse, furieux .

La porte s’ouvre, une ombre se glisse dans l’ombre, vient s’asseoir sur le fauteuil  devant la table de maquillage.

« Qui êtes-vous ?

« Take it easy, boy.  I am Marlon BRANDO. I juste come to talk to you.

« Pourquoi ?  Dégage.

« Okay, tu vas jouer Tennessee ?

« Ouais. Et alors ?

«  Ecoute-moi deux minutes. Je suis monté sur scène pour la première fois  à Broadway en 1947.  C’était pour jouer quelque chose de Tennessee WILLIAMS.Brando-Tramway.jpg

 

Johnny se lève, marche vers cette forme massive, assise dans son fauteuil.

 

« Bon alors, comme ça, tu ES Marlon BRANDO  ou tu te fous de ma gueule ?

« I AM Marlon BRANDO, you stupid ass, je me dérange pas souvent pour venir me mêler à vos conneries, mais là… A cause de Tennessee, j’ai voulu voir comment tu allais t’en sortir. 

« Tu jouais quoi ?

« UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR.  Comme toi, trois personnages, une ambiance de folie sur le plateau.  Et le public, en plein orgasme.

Johnny  s’agite.

« N’allume pas la lumière. Ecoute-moi, be good, Johnny.  I love you singing TENNESSEE.   It’s glorious.  But playing TENNESSEE is another fucky  thing.

 

Johnny  s’allonge à nouveau sur le canapé, les coudes derrière la tête.

« Vas-y, partner.  Dis-moi comment il faut faire.  Je meurs deJohnny-trac.jpg trac.

 

Marlon BRANDO éclate d’un rire tonitruant.

 

« Moi aussi, je mourais de trac.  Je ne connaissais rien au théâtre. J’avais fait savoir à Elia KAZAN, le metteur en scène, qui me voulait absolument, que je refusais le rôle.  Il m’a fait signer quand même.

« Et comment ça s’est passé ?

« J’ai joué au feeling.  Tu es chanteur, tu connais la recette pour « avoir » ton public. C’est un atout énorme.  Prends ton public à bras le corps, ne le fuis pas.  Un spectateur de théâtre est aussi sentimental qu’un spectateur de concert. Tu as beaucoup de texte, c’est sûr, chez Tennessee on n’arrête pas de jacter… tu l’as bien en tête ?

« En tête, en tête, ouais et non, je sais pas moi, je l’ai répété des nuits entières, mais voilà, je suis pas à l’abri d’un trou !

«

« Rien à foutre, un trou !  Tu reprends vite pied. Tes partenaires t’aideront.

Moi, j’en ai eu quatre ou cinq, de trousj  j’improvisais, et Jessica TANDY qui jouait Blanche me renvoyait la balle.   Sutout, n’essaie pas de chercher les mots du texte, remplace-les par d’autres, les tiens !  Ton metteur en scène n’est pas trop à cheval  ?

«  Non, Bernard MURAT ça va, mais le public ?  je ne veux pas décevoir mon public . 

 

« Tu ne peux pas le décevoir.  Le public adore les types  qui ont du culot. Tout d’un coup, il va voir un nouveau Johnny HALLYDAY. Ca, ça leur plait. Ils en redemandent.  Fais-leur ton numéro d’acteur !

 

Ils se taisent un moment.  Le haut-parleur annonce : lever de rideau dans quinze minutes…

« Johnny, je vais te laisser.  Je serai dans les coulisses, comme Elia KAZAN était pour moi, à Broadway.  On a eu la victoire, un succès énorme !

Johnny HALLYDAY crie :

« Brando, tu avais 23 ans ! Toute la vie pour te remettre d’un bide ! Moi j’ai soixante balais !

Brando répond sur le même ton :

« Tu as l’âge du rôle, non ?  Tu es  un géant, Johnny, exactement le type que TENNESSEE WILLIAMS réclame pour ses pièces.

 

Johnny HALLYDAY se lève.

  

 « Je suis prêt.  Merci pour les conseils, Parrain.

 

Il rallume la lumière.  Dans le fauteuil, Marlon BRANDO a laissé une fleur de tiaré.

 

 

 

 

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