LES AMOUREUX DE LA SALLE D'ATTENTE - scène 25
La sale d’attente.
LUI, THOMAS
A COEURS OUVERTS
THOMAS
On peut toujours ?
LUI
Oui.
THOMAS
Alors...
LUI
Alors quoi ?
THOMAS
Et bien, supprimons-la.
LUI
Quoi ?
THOMAS
La cause...
LUI, se prenant la tête dans les mains
Thomas, tu joues avec mes nerfs...
THOMAS
Papa. On tourne en rond. Qui parlera le premier ?
LUI
Pas ici.
THOMAS
Où tu veux. Quand tu veux. J’ai besoin de parler de mon allergie.
LUI
Que vas-tu dire au docteur ?
THOMAS
Des mensonges.
LUI
Pourquoi ne pas lui dire, à lui, la vérité ? Je n’entrerai pas avec toi.
THOMAS, se levant, furieux
A quoi ça sert, de ne pas entrer avec moi ? Pour ne pas entendre ce
que tu ne veux pas entendre depuis des mois ? Toujours jouer l’autruche ? (il tourne sur lui-même, fait les cent pas) Ah, je ne m’en
sortirai pas.
LUI
Et moi. Comment je vais m’en sortir.
Silence. Thomas se poste devant la fenêtre, respire un grand coup.
THOMAS
Oui, je sais, c’est toi qui en souffres, de mon allergie. Je te plains, papa,
je te plains. Je fais des efforts, tu sais, je fais des efforts.
(Il revient s’asseoir)
LUI, d’une voix brisée
Et tu crois que ça ne s’arrangera jamais ?
THOMAS
Je sais pas, papa. Peut-être...
(un temps)
Quand maman est partie, j’ai mis longtemps à comprendre qu’il fallait qu’on se débrouille tous les deux tous seuls. Je chialais dans mon lit,
parce que je te voyais si malheureux, et puis parce que moi il me manquait quelque chose .... d’énorme !... tu vois... Et puis... petit à petit... ça a marché. On s’est débrouillés tous seuls et je me suis senti bien avec toi, papa. Vraiment bien.
Ils ne se regardent pas.
LUI
Personne ne nous enlèvera jamais ça. Personne.
(A suivre)
____________________________________________________________