Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LE SAMOURAI

Publié le par Miss Comédie

LE SAMOURAI

« Il n’est  pas de plus grande solitude que celle du samouraï, sauf peut- être celle du tigre dans la jungle ».

 

J’ai revu ce film hier soir. J’avais envie de revoir Alain Delon, il me manque.  Ce film est un standard, comme on dit dans le monde de la musique.  Le premier que Melville tourne avec Delon.

J’ai encore été scotchée.

 

Alain Delon est  ce samouraï   -  et il l’est resté.  Seul rescapé d’un monde où  les stars faisaient rêver les foules.

Dans ce film  sorti en 1967, Alain Delon a déjà le visage d’une icône, murée dans  quelque forteresse intérieure où nul ne peut pénétrer.

Lui, qui a le cœur tendre et la larme facile, il est Jeff Costello,  le tueur qui est devenu l’homme à abattre. Personne ne peut l’aider et il ne veut l’aide de personne. 

Seul, il lutte pour survivre à travers les rues de Paris sans  précipitation, sans crainte  apparente. Impénétrable.

Où est-il allé chercher ce suprême détachement ?  On l’a vu plus frémissant, plus agressif, plus convulsif.   Voilà qu’il est de marbre. C’est un acteur illimité.

 

Le film est un chef-d’œuvre d’esthétique, de mesure, d’efficacité.  Pur et dur, dépouillé de toute violence complaisante, avare de dialogues.

Quelle scène choisir pour l’éternité ?

Celle où Jeff Costello ajuste sur sa tête le chapeau qui est son insigne, sa rosette, son  panache blanc ? (Cette marque de reconnaissance il la gardera durant toute sa traque,  provocation ultime.)

Celle où , debout sur l’estrade dans la file des suspects, il enlève son chapeau et répond laconiquement aux questions du commissaire ?

Celle de l’adieu à sa fiancée ?  – si belle Nathalie son épouse  dans la vie – où la concision  du dialogue nous serre la gorge « Que puis-je faire pour toi ? » « Rien. J’ai tout arrangé. »   Il sait que ses minutes sont comptées. C’est fini.   Un simple geste : sa tête contre la tête de Nathalie, rapidement,  on a compris qu’il l’aimait.

Non, la scène-clé, la voilà :

 

LE SAMOURAI

Devant le flingue, il ne bronche pas, bien sûr. L’autre lui parle il le regarde sans répondre.  On lui propose un nouveau contrat.

On sent quelque chose derrière son regard transparent.

« Vous ne dites rien ?

« Je ne parle jamais à quelqu’un qui a un revolver dans la main.

Touché. L’autre baisse son arme. A peine une demi-seconde, d’un bond Jeff Costello l’a mis à terre.  La balle est dans son camp.

Il va quitter les lieux  sans hâte,    sans un regard pour l’homme qui a voulu le tuer.

La scène dure à peine trois minutes.

C’est une décharge d’adrénaline dans les veines des spectateurs.

 

En vérité, LE  SAMOURAI est  l’ un des  films les plus impressionnants  de Jean-Pierre Melville.  Mais que serait ce film sans la présence d’Alain Delon ?  Un polar, juste un polar comme les autres.

 

Miss Comédie

Commenter cet article