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LES SEPT PECHES CAPITAUX / L'ENVIE ET LA LUXURE

Publié le par Miss Comédie

LES SEPT PECHES CAPITAUX / L'ENVIE ET LA LUXURE

 L’ENVIE ET LA LUXURE

 

« J’ai envie de toi. »

C’est clair, l’un ne va pas sans l’autre, sans l’envie il n’y a pas de luxure, c’est pourquoi je les ai réunis, les deux derniers de mes sept péchés capitaux, mais non les moindres.

Dans quel film ?

 

Nombreux sont les réalisateurs qui ont exposé leurs fantasmes érotiques dans un film plus ou moins scandaleux, mais celui dont il est question aujourd’hui a fait exploser les bornes de la censure avec un film carrément  porno. Je sais,  lorsqu’il s’agit d’un artiste reconnu, le porno devient furieusement intéressant.

Or là, ce ne fut  pas l’avis de nos voisins transalpins qui ne plaisantent pas avec ça. Malgré son immense talent  et ses récents succès, le dit réalisateur est trainé en justice,  déchu de ses droits civiques, privé de passeport, condamné à deux ans de prison avec sursis ainsi que les deux acteurs principaux, et son film interdit purement et simplement…     

Ailleurs,  c’est la curée :  indignation, gorges chaudes et rires gras,   soulèvement des féministes déchaînées, mais cela n’a pas empêché le film d’attirer un nombre impressionnant de curieux, avides de contempler ce que l’on ne saurait voir, et même pire. C’est cela, la luxure, le sexe dans tous ses états, même de loin.

Le cas est unique dans les annales … du cinéma, je crois, et vous avez déjà deviné de quel film il s’agit, même si vous ne l’avez pas vu.

 

LE DERNIER TANGO A PARIS, de Bernardo Bertolucci, est sorti en 1972 avec Marlon Brando, Maria Schneider

Catherine Allegret et... Jean-Pierre Léaud, ( qu’allait-il faire dans cette galère ? )

 

Il n’avait que 31 ans, Bertolucci, quand il a écrit ce scénario  inspiré  probablement d’un de ces coups de coeur imprévus  qui surgissent au coin de la rue et accélèrent  votre rythme cardiaque. Une passante, peut-être... ou une passagère dans le métro qui provoque en vous  un sentiment d’urgence...

 

 

Son idée première, a-t-il confié, était de filmer  une aventure amoureuse  dont les deux protagonistes resteraient anonymes tout au long de leurs rencontres, ce qui aurait pour effet de rendre leurs ébats de plus en plus torrides.

L’attrait de  l’inconnue, Truffaut l’a subi aussi, mais son homme qui aimait les femmes était beaucoup plus pudique.

 

L’idée de l’anonymat était amusante, mais l’essentiel était quand même de fixer des limites à l’intensité de leurs ébats.

Il aurait dû penser à la censure, ou même à un jeune public toujours impressionnable.

 

Au lieu de ça, il rêve d’un casting « bankable » et propose le rôle principal à Jean-Louis Trintignant, le conformiste, qui élude poliment.

Belmondo, puis Delon, à leur tour, se défilent.

Brando qui venait de faire LE PARRAIN, a la carrure.

Quant   au personnage de la jeune fille, aucune actrice connue  n’est envisageable.

Maria Schneider, fille adultérine de Daniel Gélin mais inconnue au bataillon des starlettes et un peu paumée, grisée à l’idée de tourner avec le cador américain, elle fonce.

 

Bertolucci installe son décor dans un appartement vide du XVIème arrondissement de Paris – loin de Cinecitta…par précaution ? – C’est la que la jeune actrice, dix-neuf ans à peine,  sera la victime d’un odieux deal entre le réalisateur et sa vedette masculine, dans une scène à peine regardable qui donna tout de suite au film un formidable élan promotionnel.

 

La scène n’était pas précisée dans le scenario – c’est le détail qui tue.  Mais passons.

Qu’il s’agisse là de LUXURE, cela ne fait aucun doute !

 

Avec ou sans envie, c’est de la luxure pure et dure, sans concession au sens le plus propre, si l’on peut dire, du terme.

Cette scène cul…te n’est d’ailleurs pas la seule preuve du péché de luxure, le film en est plein, chacune de leurs rencontres en est une.

Et jusqu’à celle qui pourrait prêter à rire, celle  où le couple se contorsionne sur le dance floor d’une discothèque, en singeant le pas du tango...Brando à contre-emploi ?  Pas vraiment.  Le rire devient vite  sanglot car cette luxure-là va les mener au drame.  La sublime dernière scène fait oublier le scandale car il se dégage de ce film, en toile de fond, une émotion intense.

 

Bertolucci méritait mieux, finalement, que l’anathème et ses acteurs valaient mieux que tous les Oscars d’Hollywood car ils ont donné plus que leur âme à chaque plan du film, pour élever la luxure au rang de tragédie.

 

Avec les autres péchés capitaux, il est rare d’en arriver à ce genre d’extrémité.  Encore  que…

Mais la luxure est un cas particulier, c’est elle qui nous a fait chasser du Paradis !

 

Donc, pour en terminer avec un dernier tango, danse diablement voluptueuse, prometteuse de futures délices,

je dirais simplement que la luxure est comme le piment d’Espelette, il ne faut pas en abuser mais elle donne un piquant délicieux à nos tête-à-tête, avec ou sans beurre.

Et l’envie ?  Ah, l’envie… vaste débat !

 

Miss Comédie

 

 

 

 

  

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