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LES SEPT PECHES CAPITAUX- L'ORGUEIL

Publié le par Miss Comédie

LES SEPT PECHES CAPITAUX- L'ORGUEIL

    

 

Chacun des sept péchés capitaux a sa définition, qui va du meilleur au pire ou plutôt du pire au moins pire, comme celle de l’orgueil :

  • « Sentiment exagéré de sa propre valeur, estime excessive de soi-même, qui porte à se mettre au-dessus des autres : Être bouffi d'orgueil.
  • Sentiment de dignité, fierté légitime, amour-propre : Cacher sa misère par orgueil.
  • Personne ou chose, sujet de légitime fierté :  Il est l'orgueil de ma famille. » 

Le sujet de notre dissertation étant le péché, restons dans le péché et parlons de l’orgueilleux, celui s’estime au-dessus  les autres.

Là, le modèle est tout trouvé, il est l’emblème de l’orgueil par excellence, et même celui de notre douce France.

Pour une fois l’orgueilleux en question ne sera pas la star d’un long métrage mais celle d’une pièce de théâtre qui fut en son temps l’orgueil de son créateur, Edmond Rostand.

CHANTECLERC,  le coq magnifique qui règne en maître sur la basse-cour, est tellement convaincu de son importance qu’il est persuadé que son chant fait lever le soleil.

Nul n’a  osé contester ce pouvoir car les animaux de la ferme le craignent et l’admirent pour sa prestance et pour l’ordre qu’il fait régner sur la basse-cour.

 Mais voilà qu’il tombe amoureux de la poule faisane et son égarement est tel qu’un matin il oublie de chanter. 

Le soleil, fatalement, apparaît au lever du jour  et Chanteclerc est la risée de la basse-cour...  Il subit alors la tyrannie de certains animaux pervers qui l’obligent à se battre avec un coq de combat ce qui faillit lui coûter la vie.   Il réussit sa reconquête grâce à son côté chevaleresque qui éloigne l’ennemi  chasseur et ramène la paix dans la  basse-cour, et son chant résonne à nouveau haut et fort, hymne à sa vanité glorieuse :

 « C'est que j'ose,
» Avoir peur que sans moi l'Orient se repose !
» Je ne fais pas « Cocorico ! » pour que l'écho
» Répète un peu moins fort, au loin « Cocorico ! »
» Je pense à la lumière et non pas à la gloire.
» Chanter, c'est ma façon de me battre et de croire,
» Et si de tous les chants mon chant est le plus fier,
» C'est que je chante clair, afin qu'il fasse clair ! »

C’est sûr,  et sa chanson le prouve, Chanteclerc est l’exemple parfait de l’orgueilleux mais n’est-il pas en même temps sentimental ? Courageux ? Pacifique ? 

En tout cas, il vole bien au-dessus de la mêlée  dans cette basse-cour peuplée de tous les péchés du monde :

le merle est persifleur, cynique, il tourne en ridicule le chant des autres oiseaux, la pintade est prétentieuse et snob, elle rassemble les sots et les mondains pour se moquer de Chanteclerc , le paon est si vaniteux qu’il cesse de faire la roue lorsqu’il baisse les yeux et aperçoit ses pieds, qui sont horribles... il est aussi médisant  que la pintade...  les nocturnes, hiboux et autres oiseaux de nuit menés par le sinistre grand-duc, sont les ennemis jurés du Jour et veulent éliminer Chanteclerc, son complice. Ils sont cruels, perturbateurs  et  conspirateurs....

Bref, une horde sauvage  dont les bas instincts se libèrent dès que Chanteclerc est en péril.

Autrement dit, l’orgueil n’est qu’une noble attitude qui fait valoir ce qu’il y a de louable dans la nature humaine.

Est-ce bien là le propos de l’auteur de Chanteclerc ?

Et si  l’orgueil avait soudain pris la place de sa légendaire modestie ?

 Le siècle ne fait que commencer et Edmond  Rostand savoure ses deux victoires phénoménales ; CYRANO DE BERGERAC en 1897 et  L’Aiglon en 1900, lorsqu’il tombe malade et part soigner sa pleurésie à Cambo-les-Bains dans les Pyrénées Atlantiques .

C’est à la villa Arnaga, qui sera sa résidence définitive, que germe en lui l’inspiration de sa prochaine pièce, Chanteclerc.

Il y travaille durant plusieurs années, dessinant les décors et les costumes de ce projet fou et la pièce voit le jour le 7 février 1910 au théâtre de la Porte St-Martin  à Paris avec trois têtes d’affiche : Lucien Guitry, Jean Poquelin et madame Simone, entourés de 70 comédiens et figurants portant plumage ou pelage aux couleurs chatoyantes.

Rostand était alors le grand dramaturge français et les Parisiens attendaient sa prochaine pièce avec impatience. Plus le temps passe plus la fièvre monte et lors de la première, c’est  une émeute.

La presse était déchaînée, on ne parlait plus que de cette bande de comédiens déguisés en  animaux qui récitaient des alexandrins et éprouvaient des  sentiments humains. 

Le succès fut immédiat  mais de courte durée et la pièce n’eut pas le retentissement de CYRANO ou même de l’AIGLON.

Après CHANTECLERC, Rostand laissa tomber sa plume et n’écrivit plus pour le théâtre.

Pourquoi ?  Espérait-il un nouveau  triomphe  qui  eût renforcé  sa gloire ?

Son amour-propre en prit-il un coup ?

Et si c’est le cas,  nous voici encore devant une belle preuve d’orgueil, non ?

 

Miss Comédie

 

 

 

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