MODIANO, NOBLE NOBEL !
LE SACRE D’UN PRINCE DU PAVÉ DE PARI
Quand j’évoquais, il y a à peine quatre jours, la sortie du nouveau roman de cet éternel promeneur, j’avais hâte de replonger dans son univers étrange et familier mais je ne soupçonnais pas qu’il serait notre nouveau Nobel, après Camus, après Le Clézio…
Il l’a eu enfin ! J’ai déjà partagé ma joie avec ma libraire, et une poignée de clients émus.
J’avais lu des pronostics : un écrivain africain était favori …..
Quelle voix clairvoyante s’est élevée pour rappeler aux membres du Comité que Modiano existait ?
Et depuis si longtemps, avec sa trentaine de romans, tous marqués par ce frémissement qui n’appartient qu’à lui, celui d’un homme à la poursuite de lui-même et de son passé, un passé qu’il ne cessa de réinventer, nous rendant chaque fois plus impatients de percer son mystère.
Peu à peu il nous a fait partager sa blessure secrète, celle que nous portons tous sans le savoir, juif ou non, depuis la nuit des temps. Cette blessure, personne ne l’a évoquée avec autant de charme, sans pathos, juste des personnages qui échappent au temps et au bonheur.
Inutile de parler davantage de ce que représente Patrick Modiano pour ses lecteurs, chacun le porte dans son cœur comme un parent éloigné et si proche, complice et tellement discret.
Ce magicien des mots qui fait surgir en nous des interrogations secrètes, aura soixante-dix ans dans neuf mois.
Que Dieu lui prête vie encore longtemps.