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AUTOUR DE LA PYRAMIDE

Publié le par Miss Comédie

AUTOUR DE LA PYRAMIDE

Un de ces jours de canicule où l’on reste au frais dans l’ombre d’une chambre aux volets clos, à la recherche de quelque curiosité, je suis tombée  sur une photo représentant la cour  du Louvre, avant sa dernière rénovation.

Vide.  Un désert  entouré par les prestigieux bâtiments du Palais du Louvre.  Une immense piste aux étoiles.

Sur une photo plus ancienne, un bouquet d’arbres occupait le centre de ce désert.

L’ensemble semblait figé dans une éternelle solennité, comme le château de la belle au bois dormant avant le fameux baiser.

Le prince charmant qui réveilla ce décor endormi, ce fut François Mitterrand et la cour fut envahie de marteaux-piqueurs.

Un fameux chahut.

 

 

Maintenant que tout le monde s’accorde pour reconnaître que la pyramide du Louvre est un pur chef-d’œuvre, je me pose une question, qui me paraît fondamentale : pourquoi une  pyramide ?

 

Pourquoi pas  un cube, transparent ou pas, une sphère, un  octogone, un cheval ou un aquarium ?

Ce fut donc une pyramide et  tout de suite, tout le monde a pensé : bien sûr, ça rappelle la Grande Pyramide de  Kéops.  

Le parallèle s’impose :  quelques siècles seulement séparent  Kéops,  deuxième pharaon de la IV ème dynastie de l’Egypte antique,  concepteur de la Grande Pyramide  – et François Mitterrand, président de  Ia Vème république française,  commanditaire de la pyramide du Louvre.

Mitterrand aurait donc demandé à l’architecte Yeoh Ming Pei de lui édifier une pyramide ?  Pour rappeler à la postérité qu’il fut le pharaon des années quatre-vingt ?

 

Vraisemblable mais faux.

Le hasard a pourtant bien servi le président  lorsqu’il engagea Yeoh Ming Pei parmi les architectes les plus doués de l’époque pour orchestrer  la rénovation de la cour du Louvre.

L’architecte lui soumit alors le projet d’une pyramide de verre et là, peut-être bien que Mitterrand eut un battement de cœur : lui, grand amoureux de l’Egypte, allait pouvoir s’offrir une relique du monument le plus cher à son coeur.

Coup de chance.

AUTOUR DE LA PYRAMIDE

 

Voilà, le doute est levé pour ce qui est de François Mitterrand. Pas d’arrière-pensée pharaonique  dans son désir de  rénovation du musée du Louvre.

Mais si l’on se tourne vers l’architecte chinois, on  se pose la même question :   la pyramide de Kéops l’a-t-elle influencé pour concevoir une réplique,   transparente, d’accord, mais géométriquement symbolique ?

Et bien pas du tout.

Si l’on se plonge dans la biographie de l’architecte,  rien ne rappelle l’Egypte dans son parcours, pas un cycle d’études consacrées à l’art antique, pas un voyage au bord du Nil, pas même un penchant pour les fouilles archéologiques.

Et pas une seule réalisation sur le sol égyptien.

Superbement indifférent aux symboles et ornements de l’art antique, son œuvre ne compte que des édifices inspirés par le minimalisme et la modernité.

Chinois, oui, mais américain d’abord.  Fasciné par Frank Lloyd Wright après avoir été fan de Le Corbusier durant ses études à Boston.

Son idée de  la perfection dans l’architecture contemporaine :  rigueur et pureté des lignes..  Sa priorité : faire entrer la lumière à l’intérieur de l’espace habité.

 

« La pyramide est la forme la mieux apte à diffuser la lumière », disait-il.

Evident.  Surtout lorsque ses parois sont faites de losanges et de triangles de verre dont l’aspect vulnérable est trompeur : chaque élément est autonome.  Seule une bombe pourrait détruire l’ensemble, tout comme un édifice de pierre ou de béton.

 

Une œuvre « libre ».   Aucune influence, aucune école derrière cette abstraction très concrète.

Plus tard, peut-être s’est-il rendu compte que la pyramide engageait soudain le dialogue avec l’obélisque de la place de la Concorde, de l’autre côté des Tuileries…

Il s’est peut-être gratté la tête :  tiens, l’Egypte, décidément !

 

 

Miss Comédie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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