Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

MES IMPRESSIONS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

A l’Odéon Théâtre de l’Europe, Olivier Py présente un cycle HOWARD BARKER.
Qui connaît Howard Barker ?  Né à Dulwich en Angleterre en 1946 , c’est un type qui accumule les fonctions : auteur dramaturge, peintre, théoricien du drame, metteur en scène, il écrit pour le théâtre, l’opéra, la télévision, la radio, le cnéma…
Il doit donc être très connu en Grande-Bretagne.  Nous allons le découvrir ici. 
Pour lui,  « Le théâtre n’est pas la vie décrite mais la vie imaginée, c’est l’ouverture d’un possible et non une reproduction à l’identique ».
Moi je dis bravo à Anne Alvaro qui se lance dans l’aventure de GERTRUD (Le cri) pièce aux accents shakespeariens et dans un rôle tout en outrances lyriques, celui de la mère de Hamlet…
La mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti est, paraît-il, fantastique et le spectacle magnifique de bout en bout.
Bien qu’aux antipodes du théâtre de Pinter,  je ne serai pas sectaire, j’irai voir.


Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Fernandel en tournée  (suite)

GENEVE, LE TRIOMPHE
Robert Thomas nous attendait à 14h pour la répétition au Grand Théâtre.  Il nous parut surexcité. :  les deux mille places étaient  louées.  On refusait  du monde. Il y aura ce soir le directeur d’un théâtre à Montréal qui est intéressé par la pièce.  Il a déjà invité la troupe à souper dans une brasserie, le Mövenpick, rue du Rhône.  Robert Thomas roule des yeux, la mèche en bataille, bourré de tics. Il nous exhorte : “il faut vous défoncer, les enfants.... Et vous les filles, faites-lui du charme après le spectacle, allez-y  à fond...” 






Les Genevois ont fait un triomphe à Freddy.  Les mains enlacées pour le salut, tous en ligne, nous ne pouvions faire un pas en arrière sans que la salle hurle, trépigne.

C’est un moment assez fou car c’est celui où chaque membre de la troupe se prend pour un dieu. Les petits rôles du cirque, la dompteuse, l’équilibriste, qui n’ont qu’une phrase à dire, et même les figurants qui  changent de costume pour le 3ème acte, simples silhouettes, ils reçoivent l’ovation, elle est pour eux seuls.  Qui les croira, lorsqu’ils raconteront plus tard, une fois devenus vieux et
oisifs, que deux mille personnes debout les ont acclamés au Grand Théâtre de Genève ?
Quand Fernandel lâcha ma main et celle de Patricia K., pour s’avancer, seul, sur le devant de la scène, il reçut des fleurs, des mouchoirs, des chapeaux et cela dura un temps infini.  Nous regardions  cette silhouette de dos, un peu tordue comme un arbre sec, plus si droite, plus si conquérante, mais qui faisait encore se lever une tempête d’amour.  Le rideau se fermait,  balayait son visage fatigué, puis s’écartait encore :  il se redressait, il saluait, toutes dents dehors, il absorbait l’énergie bienfaisante venue d’en bas. Il se nourrissait. Il puisait la force de continuer.

Enfin, quand le rideau une fois pour toutes l’enleve à son public, il se tourne vers nous et, le pouce levé : “Comme ça, les enfants !”.  Une bourrade à Rellys, le clown blanc qui le boit des yeux et il regagne sa loge.
De ville en ville, chaque soir, le même rituel.









Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

-  Tu as de la chance, tu sais, d’avoir un mari aussi attentif. Il est un peu rustre, pas très cultivé, un peu beauf même, je dirais…
Mais vous allez tellement bien ensemble !
(Laurent RUQUIER   -  Grosse chaleur)
____________________________________
____________________

A demain mes enfants !

Voir les commentaires

PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  J’étais en train de me dire que peut-être, il faudrait que je vous fasse un petit résumé des scènes précédentes, vu que certains d’entre vous arrivent comme ça, ils tombent sur la scène avec CHRIS et NAT, et ils se demandent ce qui se passe et pourquoi et comment.
Donc voilà, je vous remets le résumé de la pièce et ça vous donnera envie de savoir tout de suite la fin, et ben non, vous aurez la fin après avoir lu les 52 s cènes, là.

Dans  ce bar tranquille où ils ont choisi de se retrouver une fois par semaine pour travailler à leur prochain scénario, YANN et CHRIS découvrent que l’intrigue de leur film est peut-être là, sur l’estrade des musiciens.
Tout en essayant de percer le secret de la chanteuse et du pianiste, ils s’éloignent peu à peu l’un de l’autre, entraînés chacun par leurs propres rêves.
Entre vérité et mensonge, chaque personnage donne de lui-même une image double et déroutante, celle de la nuit et celle du jour.

Voir les commentaires

ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 19

Publié le par Miss Comédie

Tout n'est pas "rose" dans la vie de NAT...

CHRIS
Votre femme c’est... la chanteuse ?  Rose ?

NAT
Rose, oui.  La secrétaire- chanteuse, comme moi le traducteur -pianiste.

CHRIS, se passe la main sur le front
Bon dieu...

(Le décor a sombré peu à peu dans la pénombre.  La porte s’ouvre et entre le barman.  Celui-ci salue à la cantonnade, passe derrière le bar et allume les lumières de la salle.  Le décor s’illumine brusquement.  Le scénariste se lève pour partir.)

Je reviendrai vous écouter, mon vieux.  Là, je dois partir.

(Il s’avance vers la porte et au moment de l’ouvrir, il lance :)

Vous êtes un artiste, n’oubliez pas ça.  Vous avez tous les droits.  Même celui de marcher dans Paris sans but.  Du moment que le soir, vous donnez du bonheur aux gens.  Hein ?  Allez... salut !

NAT, sans le regarder
Salut.

Le scénariste sort et NAT, quittant l’estrade, va vers le bar.  Il serre la main du barman.

NAT
Sers-moi un américano, tiens.  C’est lui ?  Le type dont tu m’avais parlé ?

LE BARMAN
C’est l’un des deux.

NAT
Je m’en doutais.  Je l’ai senti.

LE BARMAN
Il t’ inquiète ?

NAT, l’air songeur
Non.  Il ne me parait pas inquiétant. (Il réfléchit)  Quoique...   Il pose beaucoup de questions.

LE BARMAN
Sur quoi ?

NAT
Sur moi, sur ma vie. (Criant)  Je déteste qu’on s’occupe de mes affaires !

LE BARMAN
Tu as répondu à ses questions ?

NAT, bourré de tics
Oui !  J’ai répondu !  J’en ai trop dit ! Je suis un con.

LE BARMAN, crachant dans un verre avant de l’essuyer
Trop parler nuit.

NAT, éclatant de rire
Je m’en fous ! Je lui ai raconté des bobards.

LE BARMAN
Ben alors, tout va bien...   De toute façon, c’est pas lui qui s’intéresse à ROSE, c’est l’autre.

NAT
Il a qu’à venir me voir.  Je vais lui faire une coupe en règle.

LE BARMAN, tournant le dos
Il y loin de la coupe aux lèvres.
'
(À  suivre)





Voir les commentaires

MES IMPRESSIONS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Certains acteurs sont comme des médecins de campagne : anonymes mais super efficaces.
Dans la pièce de RUQUIER que j’ai vue jeudi au Théâtre Tête d’Or à Lyon « SI C’ÉTAIT A REFAIRE », les comédiens de la création à Paris ont cédé la place à d’autres, inconnus ou presque.  Je n’ai pas vu la pièce avec la distribution d’origine, mais là, j’ai été bluffée par un acteur épatant, Pascal Racan.  Il est parfait.  Il est crédible et en même temps désopilant.  Il ne charge pas, il s’impose.

La pièce est écrite de telle façon que, sauf tempérament comique écrasant, on est obligé de charger pour que l’effet passe.  C’est du Feydau, vous comprenez.  Portes qui claquent, imbroglios, méprises, adultère et compagnie.
Sur un sujet très tendance, l’action est bien ficelée et la chute géniale.  Ca va à un train d’enfer, un peu trop du reste.
Je me suis demandé ce que ce texte donnerait, joué un ton au-dessous ?   Certaines répliques sont tellement surréalistes que l’on pense à Ionesco ou Beckett.
Mais ici le public était aux anges.  La pièce marchera très fort, c’est dans la poche.
De RUQUIER j’avais quand même préféré « GROSSE CHALEUR », dans la mise en scène hypertonique mais subtile de Patrice LECONTE.  Il tenait ses acteurs en laisse courte, ce qui ne les empêchait pas de faire mouche à chaque réplique.  C’était du boulevard pur et dur.

Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THHEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Fernandel  en tournée  (suite)

GENEVE
La tournée remonte vers la grisaille et le froid. Nous devons arriver à Genève vers midi.  La route devient glissante, au pied des longues pentes couvertes de sapins blancs. Les villages de montagne sont endormis sous la neige, des fumées bleues s’élèvent dans le ciel pâle traversé d’oiseaux noirs.  Chambéry.   L’hiver est chez lui, ici, implanté, solennel. Ce n’est pas un incident de parcours, une joyeuse confusion, un badigeon blanc d’un jour.  Ici, point de bonhommes de neige dans la cour des fermes d’alpages. Là-haut, en altitude, tout est silence.
Genève. Le sommeil a gagné tous les occupants du car.  Il faut descendre pour les  vérifications des papiers. Un  vent glacial  s’engouffre sous les tôles des guérites.   Fernandel n’est pas sorti de la Cadillac, son chauffeur a montré les trois passeports.
Incident à la frontière : le camion qui transporte les décors n’est pas en règle.  Il est resté bloqué sur l’aire de stationnement.  Ca a donné un beau chahut à la réception de l’hôtel Bernina. Pourrons-nous jouer ce soir ?  Notre “tourneur”, Gilbert Caucanas, s’arrache les cheveux, lui qui n’en avait presque plus. Il parlemente au téléphone, crie et
tempête,  trépigne, accroché au desk. Fernandel ne s’en mêla pas. Royal, il prit le chemin de sa chambre.










Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

-  Il faut renvoyer ta secrétaire, mon chéri.
- Mais pourquoi, voyons ?
- Elle est amoureuse de toi !
- Et alors, tu es bien amoureuse de moi, et je ne te renvoie pas !

(Laurent  RUQUIER   -  "Si c'étaot ) refaire")

Celle-là, elle doit marcher à tousles coups, tous les soirs !
Et ben au revoir, et à demain j'espère bien !

Voir les commentaires

PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !   J'espère que vous serez 1012 à venir me lire aujourd'hui...  Si vous avez des remarques, dites toujours, ça peut me servir, mon blog est perfectible comme les autres.
Bon, aujourd'hui, NAT va faire une révélation à CHRIS qui n'a rien de surprenant, finalement.
NAT et ROSE, le duo imaginaire du scénariste, est une réalité.  Etonnant, non ?

Voir les commentaires

ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 18

Publié le par Miss Comédie

OU  CHRIS EN APPREND UNE BIEN BONNE.

CHRIS
Et alors ?

NAT, voyant qu’il s’empêtre
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ?  Je ne vous connais pas.  Oubliez cette histoire de deal.  A Philadelphie j’ai retrouvé le goût du piano, je m’y suis remis à corps perdu, voilà.

CHRIS, dubitatif
Ecoutez, ça ne me regarde pas...Quand même... elle est bizarre, votre histoire.

NAT
Ouais, je sais, ça paraît bizarre.  N’empêche que c’est vrai.  Ca nous est vraiment arrivé.

CHRIS
Et vous êtes rentrés en France.

NAT
Il a bien fallu. Mais sans boulot. Après un an d’absence, on reprend pas les gens.

CHRIS
C’est clair.

Silence.

Qu’est ce que vous faites de vos journées ?
NAT
Je marche....  Oh, Paris est grand... (Un temps)
 mais quel gâchis.

Silence.

CHRIS
“Quel gâchis”... Ce n’est pas catastrophique.  Vous jouez du piano, non ?    Vous préféreriez taper à la machine que jouer du piano ?

NAT, lugubre
  Depuis que je n’ai plus de job sérieux, j’ai perdu l’amour de ma femme.

CHRIS, frappé
Allons...

NAT hausse les épaules, comme découragé par la bêtise humaine. Il se lance dans une série d’arpèges échevelés et continue d’une voix tonitruante :

NAT
Elle ne supporte pas... de me voir, dès que le jour se lève, transformé en plume au vent... (il joue “la plume au vent”)  Vous comprenez ?  Voilà comme je suis devenu, un fétu de paille sans importance aucune, un...

CHRIS, le coupant dans son délire
Elle n’a qu’à venir vous écouter, la nuit, quand vous emportez la salle au bout de vos doigts, quand on vous applaudit...

NAT, s’arrête brusquement de jouer et le regarde
Mais...  elle m’écoute !  Elle est bien obligée de m'écouter.

CHRIS
Pourquoi... bien obligée ?

NAT
C'est ma chanteuse.

(à suivre)

Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie


Fernandel en tournée  (suite)

Monaco


Treize ans après, je me suis retrouvée à Monte-Carlo.
Mon père y habitait toujours.
La ville était inchangée, immuable comme une ville peuplée de fantômes qui gardent jalousement les vestiges du passé.
Hôtel Hermitage.
 Quatre chasseurs se sont emparés de nos bagages.  Il me fut alloué la chambre 462.  Durant l’année 1957, lorsque j’étais standardiste dans cet hôtel, je n’avais pas accès aux chambres.
Je croyais tout connaître de Monte-Carlo.  Il me restait à découvrir le théâtre du Casino et sa salle surchargée de dorures, sa loge princière, ses coulisses impeccables.
Mon père assistait au spectacle.  Je l’ai vu, au salut, debout dans sa loge, applaudir frénétiquement.  
La princesse Grace était venue seule. Belle et hiératique, elle applaudissait en souriant.  Fernandel reçut un bouquet de roses rouges lancé du troisième rang d’orchestre.
Moi, debout sous l’ovation, je gardais les yeux fixés sur ce vieil homme qui était fier de moi. Je me sentis soudain ridicule : mes larmes coulaient, comme si le public m’en donnait trop, comme font les stars lorsque le succès les bouleverse.

Le lendemain matin, une pluie fine donnait à la principauté un charme triste de ville autrichienne.  Le voyage fut long et lassant, rythmé par le bruit des essuie-glaces du car.  Chacun gardait le silence. 
Je m’éloignais de cette ville où quelques mois plus tard, mon père abandonnerait la partie.

Voir les commentaires

CRITIQUES D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Publié le par Miss Comédie


BOEING-BOEING  ___
de  Marc CAMOLETTI

Bien que la pièce ne date pas d’aujourd’hui, les amateurs de théâtre se souviendront sûrement de sa carrière  inscrite au livre des Records.
Créée le 10 décembre 1960 à la Comédie-Caumartin, elle fut jouée sans
interruption pendant 19 ans  soit 2000 représentations à Paris et en province…
Pas de doute, ce fut  ce qu’on appelle un succès.
Ce qui est intéressant, c’est de lire l’appréciation des critiques au moment de sa création, quand on ne savait encore rien de sa bonne fortune. Mais la place me manque et j’ai dû faire un choix.
C’est Max Favalelli qui se confesse :

« Voilà, j’ai ri. Oh, je sais qu’il y a quelque chose de honteux. Cependant que le rire me chatouillait sournoisement les amygdales, je me disais :
Voyons, il n’est pas question de la condition de l’Homme. Rien de social là-dedans. Quant aux problèmes métaphysiques, je n’en vois pas l’ombre d’un seul. Ce qui ne manquait pas de m’inquiéter.
J’ai ri.  Et je ferai acte de contrition en relisant quelques pages de Brecht. Mais j’ai ri.  Je m’en confesse. A l’abri de mon programme.
Certes, Boeing-Boeing n’est pas une de ces oeuvres qui bouleverse la littérature universelle. C’est une comédie qui amuse par les moyens les plus classiques, les plus francs, les plus simples. «
                            (Paris-Presse)

C’est curieux, je tenais Max Favalelli pour un homme érudit, maniant la langue française avec une subtilité d’expert, lui qui publie des grilles de mots croisés réservées aux fortiches. Et ben, sa prose, là, elle est vraiment bâclée.

Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

- Excusez-moi, maître, mais j’ai tout de même trente-cinq ans de Comédie Française derrière moi !
-  C’est évidemment un handicap.
(Jean Anouilh     Cher Antoine)

Au revoir, bon week-end, ne cherchez pas :  l'article soldé de vos rêves n'existe pas ! Les soldes sont un leurre, une incitation à la dépense qui encombrera votre placard jusqu'àce que vous l'expédiez à l'Armée du Salut.
A lundi pour la suite des aventures de ROSE AUTOUR DE MINUIT.

Voir les commentaires

PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour ! C’est la glaciation. La France est plongée dans le négatif .
Les effets du réchauffement de la planète sont fantasques.
Et Nat et Chris, ils en sont où, de leurs variations énigmatiques  ?  Et quand est-ce qu’on va faire la connaissance
de ROSE la chanteuse ?   bientôt, bientôt !


  d

Voir les commentaires

ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 17

Publié le par Miss Comédie

NAT raconte, CHRIS écoute.

CHRIS
C’était intéressant ?

NAT
Oui, oui... très intéressant.  Ca traitait de pétrochimie, de choses comme ça.

Un temps. Le scénariste regarde attentivement NAT.

CHRIS
Et un beau jour, vous avez décidé de partir aux USA ?

NAT
Oh, ça ne s’est pas passe comme ça, sur un coup de tête, non...
(Il fixe quelque chose au loin et semble hésiter à raconter)
C’est venu d’elle... (Il regarde à nouveau le scénariste) Elle... la secrétaire.
Une boite américaine lui a proposé un deal... et elle a accepté.

Il s’arrête de parler et baisse la tête.

CHRIS
Un deal ?

NAT
Très gros coup.  Alors, on est parti.

CHRIS
Vous viviez ensemble ?

NAT
Nous nous sommes mariés pour obtenir le visa.  C’était plus simple. (sur un ton péremptoire)  De toute façon, elle ne pouvait pas partir sans moi :  elle ne parlait pas anglais.

CHRIS
Ah... oui... évidemment.  (un temps)  Mais... je ne comprends pas très bien : le deal, c’était dans la musique ?

NAT, se grattant la tête, un peu perdu
Non, pas tout de suite... enfin, si, parce que très vite, on a vu que le deal c’était dangereux.  (il semble chercher dans sa mémoire) Une histoire d’espionnage industriel , vous voyez ?  Vente de documents top secret à la concurrence, ou quelque chose... (il rêve)  Ouais, pas mal...
CHRIS
Quoi donc,?

(à suivre)



Voir les commentaires

MES IMPRESSIONS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Pour en finir avec Nathalie Sarraute et surtout avec sa pièce « POUR UN OUI OU POUR UN NON », pièce déroutante qui force notre admiration sans que l’on sache au juste pourquoi, je citerai Roland BARTHES qui est expert dans l’analyse de toutes les expressions humaines.
Sa vision de l’art, ici, est très rigolote car dans son apparente opacité elle dit bien exactement OU se situe la force de la pièce.
Je dis bien « rigoloe », parce que tout d’un coup, après avoir pensé « ce qu’il dit est incompréhensible », on a brusquement la lumière, on comprend vraiment ce qu’il veut dire, et ça donne envie de rire.

« On entend souvent dire que l’art a pour charge d’exprimer l’inexprimable : c’est le contraire qu’il faut dire (sans nulle intention de paradoxe) : toute la tâche de l’art est d’inexprimer l’exprimable,
d’enlever à la langue du monde, qui est la pauvre et puissante langue des passions, une parole autre, une parole exacte. »

(Roland Barthes,  Essais critiques).

Cet « inexprimer l’exprimable » est inouï, vous ne trouvez pas ?
C’est exactement ce que fait Nathalie SARRAUTE.

Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Fernandel en tournée  (suite)

NICE

Nous avons quitté Toulouse pour Carcassonne, puis Carcassonne pour Montpellier, et nous avons suivi la route interminable qui descend  vers la Côte et puis un matin, ce fut Nice et tout-à-coup le soleil.
Après la pluie, le soleil et après les hôtels minables, le Négresco.

Une meute de photographes attend Fernandel. Il se prête à eux avec son sourire déployé. Privé de photographes depuis des semaines, il renoue avec le panache de la star qu’il a toujours été.  Il exige une photo avec chacun d’entre nous, puis avec la troupe toute entière. Il retrouve ses gestes larges de comique troupier. Il voudrait jouer tout de suite, là, sur les marches de l’hôtel. Il exulte. Nous sommes tous ivres de bonheur.

Nous jouons au Palais de la Méditerrannée, et nous découvrons nos loges, petits salons tapissés de rose,  meubles laqués modern’style, moquette verte, cabinet de toilette attenant.
Nous jouons sur un nuage, un peu trop.
Et le public au diapason, dans une salle dont les effluves parfumées montaient jusqu’à nous, applaudit du bout des doigts.

___________________________________________

Voir les commentaires

CRITIQUES D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Publié le par Miss Comédie

POUR UN OUI OU POUR UN NON
de Nathalie SARRAUTE   (suite et fin)

Douze ans après le succès de la création,  Jacques LASSALLE  donne sa vision personnelle de POUR UN OUI OU POUR UN NON et donne à H2 un caractère plus outrancier, rompant ainsi la parité initiale donnée aux deux personnages dans la version de BENMOUSSA.
Hugues QUESTER joue cet homme à la sensibilité exacerbée, face à Jean-Damien BARBIN, plus retenu.
La pièce reçoit de la presse un accueil tout aussi favorable qu’à sa création.   Le même Michel COURNOT écrit à nouveau dans Le Monde :
« La pièce POUR UN OUI OU POUR UN NON  est si miraculeuse qu’elle s’accommode presque de toute mise en scène.  Celle de J. Lassalle est au fil du rasoir, belle et nette  comme il fait souvent, du cristal dans l’air comme après la pluie. (….)
J.D. Barbin, acteur de souple finesse, nous fait bien toucher l’élégance du dehors et les noirs tréfonds de H.1.
H. Guester est poignant en H2, bien que le metteur en scène lui ait fait, si c’est lui, mettre trop l’accent sur l’aspect « gros balourd » qu’indique, juste en passant, l’auteur. »
(M. Cournot,  Le Monde   15 septembre 7998.)



Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

"Je considère que l’état normal d’un homme est d’être un original.'

Anton TCHEKOV

A demain !

Voir les commentaires

PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour, restez chez vous, les soldes ont envahi la ville.  Lisez donc plutôt le dialoogue un peu loufoque entre le scénariste et le pianiste.  On voit bien que ça ne va pas être facile de bâtir une histoire sur ces deux-là, ROSE et NAT.
Et puis j’enfourche un nouveau cheval de bataille, une autre de mes idoles, Nathalie SARRAUTE et sa pièce atypique POUR UN OUI OU POUR UN NON .

Voir les commentaires

ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 16

Publié le par Miss Comédie

Suite d'un dialogue de sourds...

CHRIS
Vous jouez, ce soir ?

NAT
Oui.

CHRIS
Et... les autres jours, vous faites quoi ? 
(Voyant que NAT ne répond pas et se met à  feuilleter des partitions)  Excusez-moi... je suis indiscret.  D’ailleurs... je dois m’en aller.  (Il se lève)

NAT
Vous pouvez rester, si vous voulez.

Il se met à plaquer quelques accords, à chercher un thème  dans le style de Chopin.  Le scénariste se rassied, allume une cigarette. Il y a un moment de silence.  Puis NAT s’arrête de jouer, et considère le scénariste qui ne le regarde pas.

NAT
Avant de partir en tournée aux Etats-Unis, j’avais un job. 

Le scénariste relève la tête pour l’écouter.

J’étais... (Brusquement :)  Je vous ennuie ?

CHRIS
Non, pas du tout.

.NAT, agité
J’avais un bon job.  J’allais travailler tous les jours et j’aimais ça.

CHRIS, attentif
Oui ?

NAT
Je traduisais des rapports.  Et puis je les tapais à la machine.

CHRIS
Des rapports ?

NAT
Oui, des rapports de production que la secrétaire  de la boite envoyait chaque semaine à la filiale américaine.

    CHRIS
Vous les traduisiez en anglais ?

NAT, légers tics
En anglais, oui.

___________________________________

Voir les commentaires

MES IMPRESSIONS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Je me suis toujours demandé comment Nathalie Sarraute avait pu faire un succès pareil avec 25 pages de dialectique sur un petit
malentendu verbal.
Je viens de relire la pièce et je me rends compte qu’il y a là-dedans beaucoup plus qu’un petit malentendu verbal.
C’est tout le problème des castes et des clans, du fossé qui’il y a entre les gens « arrivés » et … les autres.
S’il fallait donner le mot-clé de la pièce, je dirais « condescendance ». Tout tourne autour de ça.
Et autour du besoin de justification des deux antagonistes.`
Malgré leur désir de perpétuer une amitié tenace, la fracture causée par trois petits mots prononcés d’une certaine façon est irréparable parce qu’ils sont allés au bout de l’explication en puisant jusqu’au fond d’eux mêmes  pour retrouver des traces anciennes d’une
« diffférence » fondamentale. 
L’intelligence de Nathalie Sarraute a été  de leur éviter  les excès de langage,  de les pousser à essayer  de se comprendre, de tortiller et retortiller les mots pour en arriver au constat final  : ils n’appartiennent pas à la même espèce et ne peuvent continuer à se jouer la comédie de l’amitié.
Au boulevard, cela aurait fini en pugilat.  Là, on assiste à un duel au fleuret, silencieux et désabusé, plus attentif au style  que soucieux de la victoire.
Et l’on est muet devant cette fascinante maîtrise de la langue.
Nathalie Sarraute fait ce qu’elle veut avec les mots.
Je cède la parole aux critiques mais demain je vous parlerai encore de cette pièce et de sa carrière.

Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Fernandel en tournée (suite)

Toulouse, le théâtre du Capitole

J’ai frappé à la porte de la loge de Fernandel.  Je voulais voir cet espace clos, ce refuge, repaire des monstres sacrés. Caruso, Mario Lanza, Luis Mariano.  Ici l’idole s’était préparée, recueillie,  avait prié, fait des vocalises, parlé d’amour, fait l’amour.  J’ai vu le parquet sombre, la table encombrée de produits de maquillage, le canapé de velours rouge rapé, j’ai respiré l’odeur de poussière et de fards qui est l’odeur même du théâtre, poussière et fard, splendeur et misère.  La loge était restée immuable, telle que Mariano l’avait habitée. On ne refait pas les loges, chaque occupant la prend comme il la trouve, l’emplit d’une présence légère, le temps d’un dédoublement passager, y laisse l’empreinte de son corps dans les coussins d’un fauteuil,  une photo glissée dans l’encadrement de la glace, un parfum, rien de destructeur. Les loges sont comme des chapelles. Là où souffle l’esprit, le temps s’arrête.

Je me suis regardée dans la glace où Mariano avait guetté la ride d’un soir, le cerne de fatigue, l’approche de la fin.
J’ai vu dans ce miroir ses yeux noirs qui souriaient, ses dents éblouissantes, son charme mélancolique. Sa photo était  là, il habitait toujours sa loge.
Fernandel m’a regardée faire, sans parler.  Il comprenait. 

Voir les commentaires

CRITIQUES D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Publié le par Miss Comédie

POUR UN OUI OU POUR UN NON
de Nathalie Sarraute

Le 13 décembre 1981 la pièce  inaugure sa carrière  sur Radio-France dans une réalisation de René Farabet, avec les voix de Laurent Terzieff et Jean-Claude Jay.
Sa première apparition sur scène eut lieu le 17 février 1986 dabs la petite salle du ROND-POINT à Paris, avec Jean-François BALMER et Sami FREY, mis en scène par Simone BENMOUSSA.
Gros succès. Voici ce que dit de Nathalie SARRAUTE Michel COURNOT  dans Le MONDE :
« A côté d’elle, les autres écrivains sont sourds. Ils manipulent les paroles comme des trucs à jeter dès qu’on s’en est servi, ils sont efficaces et raisonnables.
Mais Nathalie Sarraute, non.  Chaque parole, si passagère soit-elle, elle en fait un drame. ( …)
Aucune oreille, chez nous, n’est aussi susceptible.
La pièce POUR UN OUI OU POUR UN NON est d’un comique gigantesque.  Et en  même temps c’est une tragédie affreuse. ( ….)
C’est un événemt  majeur. »

J’ai sauté des passages, il encense aussi les acteurs, la mise en scène … D’autres, comme Mathieu GALEY dans l’EXPRESS, sont tout aussi enthousiastes.
La carrière de la pièce est loin d’être terminée. Demain je vous parlerai des autres metteurs en scène inspirés par POUR UN OUI OU POUR UN NON.


Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

PINTER, ON NE S'EN LASSE PAS...

Je ne cherche certainement pas l’universalité. J’ai assez à faire
pour écrire une foutue pièce.
Harold Pinter

A demain !

Voir les commentaires

PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  Aujourd'hui c'est l'Epiphanie.  Demain, les soldes.  On n'arrête plus les plaisirs.
Moi, je m'accroche à ma tristesse d'avoir perdu Pinter et j'en remets une petite couche encore aujourd'hui, vous me pardonnerez j'espère, cette entorse à la quotidienneté d'un blog...

Voir les commentaires

ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 15

Publié le par Miss Comédie

Ou CHRIS découvre un personnage qu'il n'aurait même pas osé inventer...

CHRIS
Merci pour qui ?

NAT
Pour Bach.  Je ne suis pour rien dans la magnificence de cette musique.

CHRIS
Il faut encore la jouer.

NAT
Oui... il faut la jouer.

CHRIS
Pour vous, ça semble facile.

NAT
Ca vient de l’intérieur. Parfois, j’ai l’impression que je suis en train de créer la musique de Bach, note après note.

On s’aperçoit que NAT, lorsqu’il ne joue pas du piano, est secoué de tics nerveux

CHRIS
Vous avez la même impression en jouant du jazz ?

NAT
Dans le jazz, on improvise beaucoup.  On ne joue jamais un morceau exactement comme il a étté écrit.
Bach, c’est de l’arithmétique...
(Il fixe CHRIS)
Un et un, deux.

CHRIS
Oui, je vois.

Il y a un silence..

CHRIS, regardant autour de lui
La porte était ouverte... Mais le bar est peut-être fermé ?

NAT

Le barman arrive à six heures.

Voir les commentaires

Mes impressions de théâtre

Publié le par Miss Comédie

J'ai envie de relire ce que je disais hier de cette pièce de Pinter qui fut, entre autres, un exemple de théâtre
absolument pas éphémère, je ne sais pas si vous êtes d'accord.


Je me souviens de sa pièce « C’ÉTAIT HIER », jouée au Théâtre Montparnasse en  1971, qui fut un spectacle enchanteur, destructeur, magique.
J’étais jeune à l’époque mais je naviguais déjà dans le théâtre et mon enchantement se mêla d’une sorte d’amertume .  Oui, c’est ce théâtre-là qui me convenait, j’aurais voulu jouer LA COLLECTION, L’AMANT plutôt que FREDDY ou  CINNA.  Mais je n’avais aucune chance !  Mon emploi n’était pas celui de Delphine Seyrig, et mon réseau n’avait pas l’ampleur voulue pour aborder ce genre de théâtre.  Il me restait l’espoir d’y arriver un jour…
Mais enfin, un spectacle pareil ne se reproduit pas tous les mois, ni toutes les saisons, c’est un événement cosmique comme une éclipse de lune ou la chute d’un météore.
Réunir une mise en scène férocement subtile, celle de Jorge LAVELLI, des acteurs fantasmagoriques comme Delphine SEYRIG, Francoise FABIAN et Jean ROCHEFORT, dans un décor au dépouillement fastueux, celui de PACE,  cela relève du défi.
ELLE bougeait, marchait, ondulait,  modulait sa voix de sirène dans un étourdissant numéro de star à la Garbo, il lui balançait ses doucereuses vacheries avec sa voix unique…  Ah, le pouvoir de leur voix.
Ces deux femmes exquises, dans des costumes de grand couturier, ce gentilhomme plus british que british, et ce texte acéré, affûté qui lançait les  répliques comme autant de pointes de couteau.  Un régal.
Irremplaçable.
Et voilà PINTER est mort.  La nuit de Noël. On ne va pas fêter ça.

Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Fernandel en tournée  (suite

Toulouse, ma ville natale.  Quelle étrange chose que d’y revenir comme une inconnue, après si longtemps.
La mort dans l’âme, j’avais laissé la troupe s’installer au Grand Hôtel de l’Opéra et j’avais pris le chemin de chez ma mère avec un curieux sentiment de trahisonL
 Sans savoir au juste qui je trahissais.  Ma troupe,  mon metteur en scène, Fernandel, ou... ma mère ? Oh bien sûr je trahissais ma mère, avec qui je ne pouvais pas partager ma passion. 
Comment lui dire : plus que toi, ma mère, plus que la rue de mon enfance, l’appartement où j’ai grandi, ma chambre de jeune fille,  ce que j’attends de retrouver ici, c’est le théâtre du Capitole ?  Le théâtre où mon père nous emmenait  ma soeur et moi lorsque nous étions enfants, écouter les opéras de Verdi, les opérettes de Francis Lopez, les comédies de Marcel Achard. Le Capitole, scène mythique ou je n’avais jamais osé rêver que je puisse y jouer un jour.
Cela s’est fait. Mes pieds sur ce plateau, c’était une chose aussi étonnante,  mais en même temps tout aussi normale, que les pieds de Christophe Colomb sur la terre d’Amérique.  La vie est faite de ces choses impossibles et pourtant accomplies.

Voir les commentaires

CRITIQUES D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Publié le par Miss Comédie

Mon petit éloge funèbre à Harold Pinter sera encore aujourd'hui une manière de se souvenir de lui.
Je n'ai pas envie de l'effacer tout de suite.  Relisons donc ensemble le raccourci de ce que fut un
grand homme de théâtre, juste une plume dans le vent.


Pas de critique aujourd’hui mais une apologie, celle du théâtre d’Harold Pinter qui vient de nous quitter.
Après avoir fait l’acteur, Pinter s’est mis à l’écriture et le succès est venu d’abord avec LE GARDIEN, qui a fait le tour du monde.
L’ANNIVERSAIRE a été créé à Londres en 1958 puis repris à Paris dans une mise en scène de Claude REGY (grand complice de Pinter) au Théâtre Antoine avec des acteurs indiscutablement « pinteriens » :  Claude PIEPLU, Jean-Pierre MARIELLE, Bernard FRESSON, Michel BOUQUET et Madeleine BARBULEE.
Le public et la critique ont été un peu éberlués par ce théâtre étrange, fait de faux-semblants et d’humour noir.
(Ca vous intéresse, ce que je vous raconte ?)
Selon le texte de présentation de Gallimard dans la collection du Manteau d’Arlequin, « avec l’ANNIVERSAIRE, Harold PINTER a créé  le modèle de ce qu’on a appelé le théâtre de la menace et qui a suscité de nombreux disciples. (…)
On y voit confrontés deux univers antinomiques : d’une part des personnages apparemment banals qui vivent tant bien que mal dans une sorte de cocon grisâtre, et d’autre part  des inconnus apparemment dangereux, qui font irruption dans ce sanctuaire pour s’emparer d’une victime terrorisée
et, étrangement, presque consentante.
Et pourtant, ce qui pourrait n’être qu’un drame macabre baigne dans un humour de tous les instants. »
Tout ça, beaucoup d’entre vous le savent déjà, mais ça fait  du bien de le rappeler comme une sorte d’éloge funèbre à la mémoire d’un gentleman disparu trop tôt.

Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

"Quand on se sent incapable d’écrire, on se sent  exilé de
soi-même."
Harold Pinter

Et oui, on termine encore sur Pinter. Il a mis un point final, moi je mets des points de suspension.
A demain !

Voir les commentaires

PETIT LEVER DE RIDEAU

Publié le par Miss Comédie

Bonjour !  La vie recommence. Le chariot de 2009 s’ébranle. Tous les espoirs déçus de 2008 peuvent reprendre la route.
Pour ROSE AUTOUR DE MINUIT, après le duo de cinéastes rêvant autour de la chanteuse, va  entrer en scène le duo mystérieux que forment ROSE et son pianiste NAT.
Aujourd’hui c’est NAT qui se raconte à CHRIS  et c’est pas triste…
(Vous pouvez retrouver les scènes précédentes sur le calendrier.
Et puis, pendant qu’on se plongeait dans les agapes des Fêtes, Harold PINTER en a profité pour se tailler, sur la pointe des pieds.  A l'anglaise. Ca va faire un grand vide dans le paysage.

Voir les commentaires

ROSE AUTOUR DE MINUIT - Scène 14

Publié le par Miss Comédie

YANN et CHRIS, le réalisateur et le scénariste, se sont quittés sur une ébauche de scénario avec ROSE la chanteuse comme héroïne encore mal définie.  Aujurd'hui CHRIS revient seul dans le bar pour y chercher l'inspiration.



Avant que le rideau se lève, on entend les premières notes d’ un morceau de musique classique joué au piano.
Le bar est baigné d’une lumière froide qui provient de la baie vitrée, voilée de rideaux blancs qui ont viré au gris.  Le bar apparaît dans toute sa nudité et sa vétusté.
NAT, le pianiste du groupe,  est en train de jouer l’adagio du concerto en ré mineur de Bach.  Il ferme les yeux. Il est seul, jusqu’à ce que la porte du bar s’entr’ouvre et que le scénariste apparaisse.
Au bruit, NAT a ouvert les yeux mais ne s’arrête pas de jouer.  Le scénariste entre d’un pas hésitant et s’assied silencieusement dans un fauteuil .
Il attend la fin du morceau pour parler.

Lorsqu’il s’arrête de jouer, NAT reste immobile, les mains sur les genoux.

CHRIS
C’est magnifique.

NAT
Merci pour lui.

(demain, le dialoue aigre-doux du pianiste et du scénariste.)

Voir les commentaires

MES IMPRESSIONS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Goodbye, mister Pinter...

Je me souviens de sa pièce « C’ÉTAIT HIER », jouée au Théâtre Montparnasse en  1971, qui fut un spectacle enchanteur, destructeur, magique.
J’étais jeune à l’époque mais je naviguais déjà dans le théâtre et mon enchantement se mêla d’une sorte d’amertume .  Oui, c’est ce théâtre-là qui me convenait, j’aurais voulu jouer LA COLLECTION, L’AMANT plutôt que FREDDY ou  CINNA.  Mais je n’avais aucune chance !  Mon emploi n’était pas celui de Delphine Seyrig, et mon réseau n’avait pas l’ampleur voulue pour aborder ce genre de théâtre.  Il me restait l’espoir d’y arriver un jour…
Mais enfin, un spectacle pareil ne se reproduit pas tous les mois, ni toutes les saisons, c’est un événement cosmique comme une éclipse de lune ou la chute d’un météore.
Réunir une mise en scène férocement subtile, celle de Jorge LAVELLI, des acteurs fantasmagoriques comme Delphine SEYRIG, Francoise FABIAN et Jean ROCHEFORT, dans un décor au dépouillement fastueux, celui de PACE,  cela relève du défi.
ELLE bougeait, marchait, ondulait,  modulait sa voix de sirène dans un étourdissant numéro de star à la Garbo, il lui balançait ses doucereuses vacheries avec sa voix unique…  Ah, le pouvoir de leur voix.
Ces deux femmes exquises, dans des costumes de grand couturier, ce gentilhomme plus british que british, et ce texte acéré, affûté qui lançait les  répliques comme autant de pointes de couteau.  Un régal.
Irremplaçable.
Et voilà PINTER est mort.  La nuit de Noël. On ne va pas fêter ça.

Voir les commentaires

MES SOUVENIRS DE THEÂTRE

Publié le par Miss Comédie

Fernandel en tournée (suite)

Le théâtre est un enchaînement de secousses imprrévisibles.
 Dans certaines salles plane un esprit de révolte, un souffle de refus.
Pour Fernandel et moi dans la scène du baiser le miracle s’est reproduit chaque soir. Ils hurlaient de joie, ils applaudissaient.  Simplement le baiser devait durer plus ou moins longtemps.  Certains publics sont  plus gourmands que d’autres.

Les villes défilent dans mon souvenir. Bruxelles, Namur, Liège, Amiens. Les jours de relâche, nous retournions à Paris.
A Caen, la Maison de la Culture, pleine à craquer, était un gouffre à courants d’air. J’avais  eu un voile dans la gorge à la scène du tribunal. Mais le baiser avait très bien marché.
Guy et moi étions ressortis après souper, nous n’avions pas sommeil.  Nous avions marché une heure dans un Caen ruisselant de pluie, affrontant les bourrasques du vent venu de la mer.

Voir les commentaires

CRITIQUES D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Publié le par Miss Comédie

Pas de critique aujourd’hui mais une apologie, celle du théâtre d’Harold Pinter qui vient de nous quitter.
Après avoir fait l’acteur, Pinter s’est mis à l’écriture et le succès est venu d’abord avec LE GARDIEN, qui a fait le tour du monde.
L’ANNIVERSAIRE a été créé à Londres en 1958 puis repris à Paris dans une mise en scène de Claude REGY (grand complice de Pinter) au Théâtre Antoine avec des acteurs indiscutablement « pinteriens » :  Claude PIEPLU, Jean-Pierre MARIELLE, Bernard FRESSON, Michel BOUQUET et Madeleine BARBULEE.
Le public et la critique ont été un peu éberlués par ce théâtre étrange, fait de faux-semblants et d’humour noir.
(Ca vous intéresse, ce que je vous raconte ?)
Selon le texte de présentation de Gallimard dans la collection du Manteau d’Arlequin, « avec l’ANNIVERSAIRE, Harold PINTER a créé  le modèle de ce qu’on a appelé le théâtre de la menace et qui a suscité de nombreux disciples. (…)
On y voit confrontés deux univers antinomiques : d’une part des personnages apparemment banals qui vivent tant bien que mal dans une sorte de cocon grisâtre, et d’autre part  des inconnus apparemment dangereux, qui font irruption dans ce sanctuaire pour s’emparer d’une victime terrorisée
et, étrangement, presque consentante.
Et pourtant, ce qui pourrait n’être qu’un drame macabre baigne dans un humour de tous les instants. »
Tout ça, beaucoup d’entre vous le savent déjà, mais ça fait  du bien de le rappeler comme une sorte d’éloge funèbre à la mémoire d’un gentleman disparu trop tôt.

(Rassurez-vous, je ne ferai pas le prof souvent, mais là, pour Pinter, je ne dois d’en parler, de saluer son départ par
cet éloge un peu scolaire mais plein d’amour.)

Voir les commentaires

LA REPLIQUE DU JOUR

Publié le par Miss Comédie

HAROLD  PINTER
(L'Anniversaire)

Golddberg
Quel est ton métier ?

Stanley
Je joue du piano
.
Goldberg
Avec combien de doigts ?
Stanley
Sans les mains.


Alors, à demain !

Voir les commentaires

<< < 1 2