SAINT-LAURENT : DEUX POUR UN CÉSAR
V
Heurement Saint-Laurent portait des lunettes. Sans quoi il eût été très difficile de lui trouver un clone acceptable. Là, ils sont deux, et la ressemblance, quoiqu’approximative (il manque la profondeur, l’inquiétude, le détachement du regard) a pu satisfaire quelques centaines (milliers ?) de spectateurs.
Ils vont s’affronter lors de la cérémonie des Césars le 20 février prochain. Enfin, Pierre Niney et Gaspard Ulliel ne s’affronteront pas comme on se bat en duel ou sur un ring… Ils subiront le verdict des jurés de ladite cérémonie qui, eux, vont s’affronter.
Lesquels jurés vont choisir en fonction de quoi ?
De la ressemblance ? De la reconstitution de ce personnage insaisissable, inclassable, impénétrable ? Le seul caractère irréfutable de l’homme Saint-Laurent c’est le génie.
Comment interpréter le génie correctement ? Oh how high is the moon !
Oui, incarner Saint-Laurent était un pari perdu d’avance.
On pouvait juste imiter sa façon de parler, sa façon de marcher, ses petits manèges avec Pierre Bergé, ses grands moments de création le front penché sur la table à dessin, ses délires sexuels. Le petit bout de la lorgnette.
Les deux réalisateurs ont vu tout cela d’une manière différente, insistant sur telle ou telle facette de son personnage mondain, professionnel ou intime avec des scènes parfois choquantes. Non ! Il était peut-être lubrique, peut-être capricieux, mais là n’était pas le problème. Au fond de lui-même il y avait quoi ? Qui peut le dire ? qui peut l’interpreter ?
Ces deux acteurs, très bons acteurs, sont restés l’un comme l’autre à la porte de l’univers intérieur, insondable, de Saint-Laurent.
Et je me demande bien comment le jury va les départager.
Miss Comédie - 31/01/15
Dans le hall mythique de l’hôtel Mont-Blanc à Megève, il y avait un monde fou. L’événement : Astrid Maillet- Contoz, décoratrice attitrée du Tout-Megève, organisait l’exposition des photos de son ami Jean-Marie Périer sur les murs du salon et de la salle à manger baptisée par Cocteau Les Enfants Terribles.
Au-dessus du bar s’étale une immense photo de Stella McCartney allongée sur un chesterfield, le regard énigmatique. C’est la photo qu’Astrid Maillet-Contoz a choisie pour son invitation au vernissage.
Il était là, ébouriffé, jovial, un jeune homme de 75 ans qui n’en finit pas de célébrer ses années soixante qui sont les nôtres à tous, les plus belles du siècle - et les visages des stars légendaires qui nous fixaient, là, en étaient la preuve. Des talents éternellement vivants.
Je ne connaissais pas son visage. Et vous ?
RÉPONSE de la photo-mystère de décembre 2014
Dans un au-delà sans concerts de rock ni circuits de Formule 1, Elvis Presley et Juan Manuel Fangio s’ennuient.
L’homme, confus, retire son casque et formule des excuses d’une voix fluette qui contraste avec son visage taillé au couteau.