MES SOUVENIRS DE THEÂTRE
Fernandel en tournée (suite)
GENEVE, LE TRIOMPHE
Robert Thomas nous attendait à 14h pour la répétition au Grand Théâtre. Il nous parut surexcité. : les deux mille places étaient louées. On refusait du monde. Il y aura ce soir le directeur d’un théâtre à Montréal qui est intéressé par la pièce. Il a déjà invité la troupe à souper dans une brasserie, le Mövenpick, rue du Rhône. Robert Thomas roule des yeux, la mèche en bataille, bourré de tics. Il nous exhorte : “il faut vous défoncer, les enfants.... Et vous les filles, faites-lui du charme après le spectacle, allez-y à fond...”
Les Genevois ont fait un triomphe à Freddy. Les mains enlacées pour le salut, tous en ligne, nous ne pouvions faire un pas en arrière sans que la salle hurle, trépigne.
C’est un moment assez fou car c’est celui où chaque membre de la troupe se prend pour un dieu. Les petits rôles du cirque, la dompteuse, l’équilibriste, qui n’ont qu’une phrase à dire, et même les figurants qui changent de costume pour le 3ème acte, simples silhouettes, ils reçoivent l’ovation, elle est pour eux seuls. Qui les croira, lorsqu’ils raconteront plus tard, une fois devenus vieux et
oisifs, que deux mille personnes debout les ont acclamés au Grand Théâtre de Genève ?
Quand Fernandel lâcha ma main et celle de Patricia K., pour s’avancer, seul, sur le devant de la scène, il reçut des fleurs, des mouchoirs, des chapeaux et cela dura un temps infini. Nous regardions cette silhouette de dos, un peu tordue comme un arbre sec, plus si droite, plus si conquérante, mais qui faisait encore se lever une tempête d’amour. Le rideau se fermait, balayait son visage fatigué, puis s’écartait encore : il se redressait, il saluait, toutes dents dehors, il absorbait l’énergie bienfaisante venue d’en bas. Il se nourrissait. Il puisait la force de continuer.
Enfin, quand le rideau une fois pour toutes l’enleve à son public, il se tourne vers nous et, le pouce levé : “Comme ça, les enfants !”. Une bourrade à Rellys, le clown blanc qui le boit des yeux et il regagne sa loge.
De ville en ville, chaque soir, le même rituel.
GENEVE, LE TRIOMPHE
Robert Thomas nous attendait à 14h pour la répétition au Grand Théâtre. Il nous parut surexcité. : les deux mille places étaient louées. On refusait du monde. Il y aura ce soir le directeur d’un théâtre à Montréal qui est intéressé par la pièce. Il a déjà invité la troupe à souper dans une brasserie, le Mövenpick, rue du Rhône. Robert Thomas roule des yeux, la mèche en bataille, bourré de tics. Il nous exhorte : “il faut vous défoncer, les enfants.... Et vous les filles, faites-lui du charme après le spectacle, allez-y à fond...”
Les Genevois ont fait un triomphe à Freddy. Les mains enlacées pour le salut, tous en ligne, nous ne pouvions faire un pas en arrière sans que la salle hurle, trépigne.
C’est un moment assez fou car c’est celui où chaque membre de la troupe se prend pour un dieu. Les petits rôles du cirque, la dompteuse, l’équilibriste, qui n’ont qu’une phrase à dire, et même les figurants qui changent de costume pour le 3ème acte, simples silhouettes, ils reçoivent l’ovation, elle est pour eux seuls. Qui les croira, lorsqu’ils raconteront plus tard, une fois devenus vieux et
oisifs, que deux mille personnes debout les ont acclamés au Grand Théâtre de Genève ?
Quand Fernandel lâcha ma main et celle de Patricia K., pour s’avancer, seul, sur le devant de la scène, il reçut des fleurs, des mouchoirs, des chapeaux et cela dura un temps infini. Nous regardions cette silhouette de dos, un peu tordue comme un arbre sec, plus si droite, plus si conquérante, mais qui faisait encore se lever une tempête d’amour. Le rideau se fermait, balayait son visage fatigué, puis s’écartait encore : il se redressait, il saluait, toutes dents dehors, il absorbait l’énergie bienfaisante venue d’en bas. Il se nourrissait. Il puisait la force de continuer.
Enfin, quand le rideau une fois pour toutes l’enleve à son public, il se tourne vers nous et, le pouce levé : “Comme ça, les enfants !”. Une bourrade à Rellys, le clown blanc qui le boit des yeux et il regagne sa loge.
De ville en ville, chaque soir, le même rituel.
Commenter cet article