Bonjour ! C'est la saint Médard. S'il pleut aujourd'hui on sera saucés le 18 juillet. A moins que... etc. Je passerai sous silence les hauts faits de l'actualité que vous connaissez. Moi, c'est la fiction qui m'intéresse, au moins je la manipule comme je veux. La question du succès est un sujet qui nous échappe, c'est quand on ne l'attend plus qu'il nous tombe dessus... Si vous avez suivi le traitement de mes AMOUREUX depuis le début, vous allez voir qu'il aura un succès tout aussi aléatoire sur les deux patients.
LUI Non, pas du tout... j’adore cette odeur. LE MEDECIN Et la colle ? LUI Oh, la colle... Oui, c’est dur, l’odeur de colle. On la vaporise et il y a toujours des projections autour... Ca pique le nez... LE MEDECIN Bien. Il faudrait que vous vous isoliez de tout ça. LUI M’isoler ? LE MEDECIN Oui, dans un bureau à part. LUI Mais j’ai, un bureau à part ! Pour passer mes coups de fil, réfléchir à ma reco - ma recommandation, c’est.... Mais le gros du temps je dois être avec mes mecs... on bosse ensemble... la pub c’est un métier de groupe, vous savez... LE MEDECIN Oui oui, il paraît... Et bien ça n’est pas bon pour vous. Plus j’y pense, plus j’ai l’impression que votre problème vient de là. LUI Alors comme ça, brutalement, je deviendrais allergique à la colle ? Depuis vingt ans que je m’y colle... LE MEDECIN Et oui. Un jour les défenses ne répondent plus.
Silence. Maxime se passe la main dans les cheveux.
Il y a une comparaison amusante à faire à l’Odéon, entre les deux spectacles présentés respectivement dans la grande salle et aux Ateliers Berthier. Dans la première, un vaudeville, genre on ne peut grand public, commercial, tout ce que vous voudrez. C’est LA DAME DE CHEZ MAXIM’S. Dans la seconde, un spectacle CULTUREL et on se concentre, s’il vous plait. C’est FAUST, d’après Goethe, adapté par un Lituanien. Son nom m’échappe. Le metteur en scène dont le nom est imprononçable, tout aussi Lituanien je crois, essaie pendant 3h50 de nous faire pénétrer dans la pensée de Goethe à travers la vision de ses compatriotes d’Europe de l’Est. Evidemment, le public affiche sa préférence pour le vaudeville, surtout que la distribution est formidable. La Môme Crevette la première, qui lance la fameuse réplique « Et allez donc, c’est pas mon pèère ! » casse-gueule de première, avec ce qu’il faut de culot et de gouaille pour bluffer son monde… Elle s’appelle NORA KRIEF, elle est inconnue mais pas débutante, loin de là. C’est une étoile de la galaxie SIVADIER, le metteur en scène strasbourgeois. De l’autre côté, une troupe sûrement très bien. D’ailleurs, la réflexion de l’adaptateur est certainement très intéressante. Mais on n’y comprend rien. Ca dure trois heure trente. Mais ça s’arrête le 6 juin, c’est déjà fini.
LA PERCEE D’UN AUTEUR
LADISLAS CHOLLAT, c’est le metteur en scène et l’auteur de « CHERE MATHILDE » qui fait un tabac au Théâtre MARIGNY. En même temps, il a monté MEDEE de Jean Anouilh, au Vingtième Théâtre. Et il va mettre en scène LE MARIAGE DE FIGARO à la Comédie de Picardie. Hier, il était inconnnu. C’est comme ça que ça vient. On a la chance d’intéresser un directeur de théâtre (en l’occurrence Pierre Lescure) qui accepte d’accueillir votre pièce dans son théâtre, avec dans le rôle-titre (autre chance) une tête d’affiche comme Line Renaud. Troisième chance, c’est un succès absolu. Conséquence, toutes les têtes se tournent vers vous. Ironie du sort, c’est lui qui offre un rôle dans MEDEE à Gildas Bourdet, son ex-patron, ex-directeur de salle, ex-metteur en scène, ex-distributeur de chances (il m’a refusé une pièce)… Il a 33 ans et son rêve est de diriger un théâtre. Gageons que ça ne saurait tarder ! Voilà la nouvelle génération qui monte.
LA MONTEE DE FOURVIERE
Sans qu’on s’en rende bien compte, nous les Lyonnais, LES NUITS DE FOURVIERE devenaient un événement incontournable dans la vie estivale. Un site renversant de beauté et chargé d’histoire, en plus, qui en fait l’égal du Palais des Papes d’Avignon, du théâtre antique d’Orange ou du théâtre romain de Vienne (Ardèche). Il faut d’abord un lieu qui fasse rêver. On s’installe sur des coussins, on regarde le soleil descendre lentement derrière la colline, et le spectacle commence. A FOURVIERE, tout est bon : le théâtre, le tour de chant, la danse… Le directeur, Dominique LABORDE, a le sens de ce qui va marcher. D’année en année, les places s’arrachent. C’est un peu dur pour nous, mais il faut maintenant s’y prendre bien à l’avance ! Au programme cette année il y a Julien CLERC, Marianne FAITHFUL, Sylvie GUILLEM, BRECHT, MOZART… Il faudrait tout voir.
« La comédie est bien plus près de la vie que le drame. » Henri BERGSON
Même si l’on est sceptique, il vaut mieux le croire. C’est comme la théorie du verre à moitié plein ou à moitié vide. Ca peut varier selon l’humeur du jour. Soyons bergsoniens cette semaine ! A demain mes très chers. Miss Comédie.
Bonjour ! Ah, je ne voulais pas aborder le sujet, mais je lis ce matin que les débris n'étaient pas les bons débris, alors là on arrive dans une problématique qui va intéresser les ufologues, une histoire digne d'HERGE : mais où est passé cet avion ? Enn attendant la suite, venez assister au face à face entre mon AMOUREUX et son médecin, pour essayer de résoudre un cas lui aussi très mystérieux.
Le cabinet du docteur .. Maxime est assis dans l’un des fauteuils.
LUI, LE MEDECIN
UN BILAN PAS TRES POSITIF
LE MEDECIN Alors comment ça va. LUI Pareil. Je tousse toujours comme un malade. LE MEDECIN (l’air sévère) Vous ETES malade. Vous avez pris ce que je vous ai ordonné ? LUI Oui. LE MEDECIN Bien. Maintenant il va falloir procéder à l’élimination des causes. LUI Oui ? LE MEDECIN Nous avons fait, souvenez-vous, un rapide recensement des éléments suspects de votre environnement. En numéro 1, je mets le tabac, bien entendu. LUI Pas question de me faire arrêter. LE MEDECIN Vous êtes libre. Deuxièmement, vous travaillez dans une agence de publicité comme directeur de la création. je n’ai pas une grande expérience de cette activité mais je crois savoir que ce que vous appelez les “créatifs” travaillent tous dans une même pièce, le “studio de création”, et que certains d’entre eux utilisent sans le savoir des produits toxiques pour dessiner, tracer, coller... Utilisez-vous vous-même des feutres indélébiles, par exemple, pour confectionner vos maquettes ? LUI (haussement d’épaules) Il y a longtemps que je travaille sur ordinateur. LE MEDECIN Et les autres ? LUI Les autres ? Ben, la plupart aussi... Il y a encore des gens qui font des maquettes au feutre, bien sûr...
Bon, Christian LACROIX ne fera plus de prêt-à-porter, ni peut-être même de haute couture, il est en cessation de paiement et attend le verdict des actionnaires. Ses repreneurs américains s’arrachent les cheveux : ses robes délirantes ne se vendent plus, ni à New York, ni à Las Vegas, deux villes frappées par la crise. Peut-on remonter encore la pente ? Peut-être, mais avec un plan de restructuration sévère qui impliquerait beaucoup de licenciements. Alors… Christian LACROIX, qui depuis presque 40 ans fait de la balançoire entre succès créatif et défaites financières, ne sait plus quoi faire de son talent. Mais il est plein de ressources ! Voilà qu’il va reprendre, avec deux compères, la comédie musicale créée en 1986 à Lyon, vous vous souvenez ? c’était à la Maison de la Danse : « ZOOPSIE COMEDI » (oui, sans e). Cera cet automne à SURESNE CITE DANSES, pour le Festival de la Danse. Ce fut un sphénomène de mode pour les néo zazous de l’lépoque et Christian LACROIX veut renouveler l’expérience. Il a repris ses croquis et retravaille les costumes pour leur donner un nouveau look. Il faut saluer sa persévérance et son optimisme, non ? (Ce merveilleux dessin est de lui.)
GALLIANO DANDY, NON ? On est tous étonnés qu’il soit encore en grâce, dans ce milieu où personne n’est plus éphémère qu’un designer, on en perd même le fil, qui dessine pour Lanvin ? et pour Givenchy ? On ne sait plus. Galliano, lui, a réussi son identification à la marque DIOR. Il n’est pas Français et il a repris l’esprit du maître mieux que personne. Avec un tantinet de provoc en plus, mais ça c’est un must à notre époque. La provoc est une partie du succès. C’est un vrai dandy, le raffinement suprême, dans les propos et dans le goût. Il parle des femmes avec un certain détachement, et encore, seulement des femmes qui l’entourent, qui ne sont pas vraiment des boudins. Les autres, il en parle comme d’une communauté acheteuse et sans visage. Il regarde les femmes comme le peintre regarde un bas-relief, comme un sujet d’inspiration mais sans y toucher. Son idole, c’est Marylin, comme tous les homosexuels, on se demande bien pourquoi. On le voit comme ça, très gentleman, demandant s’il peut quitter la veste, buvant de l’eau citronnée avec un regard absent, mais on le devine capable des pires turpitudes sexuelles. En tout cas, chez Dior, ça marche. Galliano dit qu’il ne prend pas la crise à la légère, qu’il a briefé son équipe pour qu’ils prennent en compte la récession dans leurs orientations créatives. Je me demande ce que ça peut vouloir dire. Il va enlever les bling-bling sur les sacs Lady Dior ? Il ne va plus doubler les jupes d’un lamé or ? En même temps, ses acheteuses, elles, se foutent de la crise comme de leur première chemise. Ca doit être compliqué pour lui.
DANS LA PEAU D’UNE BLONDE Cette blonde-là était à la mode dans les années 80. Lady Di faisait la une, dans le monde entier et son destin tragique en a fait un mythe. Une fille brune va l’incarner dans une pièce de théâtre à la rentrée. Le titre est très beau « LAISSEZ MOI SEULE » mais son sens est un peu équivoque. « LEAVE ME ALONE ». Ce serait les dernières paroles que Lady Di a prononcé dans ce monde. Mais leave me alone ne veut pas dire laissez-moi seule, mais : laissez-moi tranquille ! D’ailleurs elle s’adressait à un paparazzi. (A la place du paparazzi, je me serais reconverti en chauffeur de car). Bref, Clotilde Hesme, c’est la jeune comédienne qui a été choisie, sera Lady Di dans cette pièce écrite pour elle par Bruno BAYEN . Ce n’est pas un inconnu, loin de là. Auteur dramatique, romancier, metteur en scène, il a monté une multitude de pièces à Paris, dont - justement ! « UN CHAPEAU DE PAILLE D’Italie » d’Eugène LABICHE, à la Comédie-Française. Je ne résiste pas au plaisir de vous citer une des répliques de la pièce, comme ça le triptyque sera au complet (FEYDEAU, COURTELINE, LABICHE).
« Je lui demande la main de sa fille. - - Qui êtes-vous ? - J’ai vingt et un francs de rentes… - Sortez ! -… par jour ! - Asseyez-vous donc ! » Eugène LABICHE (Un Chapeau de Paille d'Italie)
Comment on glisse doucement des phénomènes de mode au Vaudeville, encore et pour la dernière fois ! Décidément, ça donne envie d’aller au théâtre, non ? Alors à lundi, pour la suite des aventures de : Miss Comédie
Bonjour ! Je vous en ai rajouté une tartine sur le vaudeville, mais c'est un sujet passionnant et si j'avais la place je vous parlerais aussi de LABICHE, un très bon aussi dans le genre... L'actualité ? Non, je n'évoquerai pas l'histoire de l'Avion. Je préfère chercher des sujets plus flabelliformes pour demain. Installez-vous pour assister à la fin du dialogue de sourds entre l'AMOUREUX et LA DAME dans la salle d'attente. Très métaphysique, tout ça.
LA DAME, rêveuse On croit qu’il faut faire place nette, que le passé est bon à jeter aux orties, que le nouveau est plus beau que l’ancien, que tout ce qui vous était doux et familier n’est plus que vieille dépouille propre à vous donner des boutons.... LUI (pour lui-même) Le bonheur ça se reconnait du premier coup ! LA DAME (pour elle-même) On fait l’hypocrite avec son porte-clefs... LUI (de nouveau s’adressant à elle) Vous croyez que le bonheur peut rester là à vous attendre, pendant des jours, des mois ? LA DAME Oui, je sais j’ai attendu trop longtemps. Mais j’avais peur... LUI Peur, peur... Vous, les femmes, n’avez que ce mot à la bouche. Peur de gêner, peur de décevoir, peur de vous tromper... peur d’être allergique ! LA DAME Alors on reste là, et le bonheur s’en va plus loin. LUI Oui. Mais il est malheureux, lui aussi. LA DAME Vous croyez ? LUI Je le sais. LA DAME La solution serait de le retrouver, de repartir à zéro. LUI Tout simplement.
La dame semble abîmée dans un rêve merveilleux. LUI regarde l’écran. Si seulement les femmes étaient simples. LA DAME Qu’est-ce que cela changerait ? LUI J’arrêterais de fréquenter ce lieu sinistre. LA DAME Et votre allergie ? LUI J’aime mon allergie. Vous comprenez ? J’aime mon allergie.
VOIX DE L’ASSISTANTE Monsieur Maxime Sévère !
Il se lève, salue la dame et passe dans le cabinet.
C’est FEYDEAU qui parle : « Comment devient-on vaudevilliste ? Par paresse, tout simplement. Comment, ça vous étonne ? Vous ignorez donc que la paresse est la mère miraculeuse et féconde du travail. Je dis « miraculeuse », parce que le père est totalement inconnu. » Il dit ça mais quand on voit ses pièces on se gratte la tête : paresseux, l’auteur de cette machine réglée comme du papier à musique ? LA DAME DE CHEZ MAXIM’S est irracontable. Comme dit l’écrivain Henri Gidel, « c’est Le Soulier de Satin en vaudeville. » C’est l’histoire d’un chien dans un jeu de quilles. Malgré les apparences, un vaudeville est une mécanique de haute précision. Chez Feydeau, les intrigues sont d’une logique affolante. Les répliques d’une intelligence diabolique. L’ensemble contribue à maintenir la pression de l’atmosphère comique : pas de temps mort, pas de notes mineures, pas de silences, tout doit s’enchaîner avec une précision dont n’est même pas conscient le spectateur ! Le désordre inouï qui règne sur le plateau n’est que le résultat d’une accumulation de gestes réglés au millimètre de chacun des acteurs pour converger vers le tempo infernal de l’ensemble. C’est un match de foot où chaque coup de pied serait calculé à l’avance ! Le vaudeville est un genre qui ne supporte pas l’amateurisme. Pour atteindre cet équilibre dans le désordre, cette minutie dans les effets comiques, il faut énormément de sérieux et de maniaquerie. C’est le paradoxe du vaudeville. Il n’y a pas plus cartésien que ce genre de folie… `
EXERCICE TRES PHYSIQUE !
Et les comédiens ? Ils sont dans quel état après le spectacle ? Epuisés, bien sûr, mais pas autant que l’on croit s’ils ont l’expérience et la nature qui conviennent au vaudeville. Rares sont les têtes d’affiche qui tiennent la distance plus de trente représentation. Ils sont un petit nombre dans le spectacle qui se retrouvent dans la distribution de ces pièces très physiques. A l’Odéon, Nicolas BOUCHAUD et Cécile BOUILLOT dominent une troupe de quinze comédiens dont personne ne connaît le nom.
En 1996, Jean-Paul BELMONDO qui dirigeait alors le Theâtre des Variétés a monté LA PUCE A L’OREILLE avec un immense succès. Pensez : il a eu plus de 200 000 spectateurs depuis la création le 12 octobre 1996 jusqu’au 30 mars 1997 ! Bernard MURAT avait fait une superbe mise en scène (avec des décors de Nicolas Sire et des costumes de Dominique Borde (c’était pas du « dépouillé » !!) Autour de JP BELMONDO il y avait du beau monde : Christiana REALI, Sabine HAUDEPIN et Pierre VERNIER qui sont tous les trois des piliers du vaudeville…
FEYDEAU AU CINEMA ! Figurez-vous qu’il y a eu un HOTEL DU LIBRE ECHANGE au cinéma, réalisé par Marc ALLEGRET, avec des dialogues de Jacques PREVERT ! Et devinez qui faisait Boulot, le garçon d’étage ! Ca devait valoir son pesant de rire, autant qu’au théâtre ! Il y avait aussi Saturnin FABRE, Raymond CORDY, Pierre LARQUET, et la diva c’était Mona LYS !
ET COURTELINE, C’EST PAREIL ? COURTELINE est né un 25 juin et mort un 25 juin. Etonnant, non ? Il était le contemporain de Feydeau et de Labiche. Les trois donnèrent dans le vaudeville mais ils ne se ressemblent pas. Le Théâtre de Feydeau est virevoltant comme une robe à crinoline, dépeint la bourgeoisie riche et frivole et chez lui, on rit à gorge déployée. Chez Courteline, on est chez des petites gens, le comique est grinçant et dépouillé, pas de quiproquos galants, pas de rideaux qui bougent, pas d’intrigues machiavéliques. On rit de la bêtise humaine et de l’orgueil mal placé de gens modestes qui veulent paraître plus forts qu’ils ne sont. Mais on rit parce que ces personnages sont plus naïfs que méchants et que Courteline les aime. Courteline était d’une nature morose et passait le temps dans un café de Montmartre à jouer aux cartes et à boire un « précipité », qui est un mélange de Pernod et d’anisette, à houspiller ses camarades et à ronchonner. Mais ce qu’il écrivait avait du succès. BOUBOUROCHE est entré au répertoire de la Comédie Française en 1910 et il fut lui-même élu à l’Académie Française en 1926. Feydeau est un joyeux drille qui s’amuse à organiser le désordre, Courteline est un grincheux qui dépeint les mœurs en riant. Feydeau est mort de la syphilis, il avait perdu la raison. Courteline est mort de la gangrène, deux ans après son amputation de la jambe gauche. Quelles tristes fins pour deux hommes qui on mis le rire au centre de leur vie !
« On peut battre une femme quand il n’y a pas d’autre moyen de la faire taire. » Georges COURTELINE
C’est peut-être pour ça que le mec anglais a tué sa maîtresse au Bristol : elle criait encore trop fort… Brrr ça me donne le frisson. A demain, mes amis non-violents ! Miss Comédie
Bonjour ! Ah, enfin on reparle de théâtre. Le vaudeville est un genre bien spécial que certains détestent. Démodé, oui, outrancié, bruyant, mais quand c'est bien joué le rire l'emporte car le texte est ciselé pour ça. J'ai encore quelques petites choses à vous dire sur le vaudeville, ce sera pour demain. Ma pièce, elle, n'en est pas, du vaudeville, c'est une comédie grinçante comme on dit, mais certaines répliques DOIVENT vous faire rire. Aujourd'hui, propos sur le bonheur entre l'AMOUREUX et LA DAME...
LA DAME Oh, voyez-vous, des boutons sur tout le corps, ça ne me donne pas spécialement envie de rire. LUI (se tapant le front) Ah, vraiment, les femmes, non vraiment, les femmes !... LA DAME (le regardant férocement) Quoi les femmes.... Est-ce que je vous demande si votre allergie est typiquement masculine, moi ? LUI Non, excusez-moi, mais cette histoire de vieux vêtements, pour moi c’est... cousu de fil blanc... non ? LA DAME Je n’ai pas à m’expliquer de mon allergie avec vous. (A part) Les hommes n’y comprennent rien. LUI Rien. LA DAME Vous spécialement, vous n’avez pas l’air doué. Depuis le temps que je vous vois tourner autour de cette dame et que rien ne se passe... LUI Qu’est-ce que vous en savez ? LA DAME Je vous vois tous les deux, vous êtes sinistres. Vous n’irradiez pas le bonheur. LUI Le bonheur m’apparaît comme l’ennemi juré des femmes. Par tous les moyens elles cherchent à l’éviter. LA DAME C’est qu’il ne faut pas se tromper de bonheur... LUI Se tromper de bonheur... Mais le bonheur c’est tout simple, ça tombe sous le sens, c’est fulgurant, on ne peut pas se tromper, quand il est là il crève les yeux ! Et vous, vous restez là à douter, à vous demander ... “et si ça n’était pas ça le bonheur” et patati et patata..et pendant ce temps-là, le bonheur... il se taille !
En cette période un peu creuse côté théâtre, on reprend FEYDEAU à tout va. Dans l’impérial ODEON, on monte LA DAME DE CHEZ MAXIM’S, et dans le petit théâtre FUNAMBULE, on monte « MAIS N’TE PROMENE DONC PAS TOUTE NUE », une pièce désopilante suivie d’une autre de COURTELINE, "LES BOULINGRIN ». Il faut dire que si l’on veut faire rire à tout prix, on ne trouvera jamais mieux que ces deux « Georges », même s’ils forcent un peu la note. Sur le grand plateau de l’Odéon, la DAME DE CHEZ MAXIMS paraît un peu minable à première vue, car le metteur en scène Jean-François SIVADIER a voulu du « dépouillé ». Quelle idée ! Du dépouillé chez FEYDEAU, c’est comme si on enlevait les cuivres à une symphonie de Haydn. Les comédiens sont habillés de noir, et ils jouent avec des accessoires symboliques au milieu d’éléments hétéroclites. C’est agaçant ! Cette mode crétine qui consiste à enlever aux pièces classiques tous les attributs indissociables de l’intrigue, tout ce qui faisait la vie et les tribulations des personnages, sans lesquels les situations sont vides de sens ! Bref. Pourtant, le texte est ce qu’il est, les comédiens excellents et peu à peu on oublie la vacuité du décor pour rire aux larmes et c’est bien le but recherché. Au Funambule, je suppose que vu l’exiguité du lieu, le metteur en scène a û lui aussi gommer l’exubérance du décor et des costumes. Mais les comédiens, Amar MOSTEFAOUI qui assure aussi la mise en scène, et Béatrice DARMON, sont parfaits et le résultat est paraît-il, très réjouissant.
UBU-ROI COURONNE
La pièce d’Alfred JARRY entre au répertoire de la COMEDIE-FRANCAISE. Certes, elle a un côté vaudeville, mais quand même, le sujet fait grincer des dents et le personnage donne la nausée. Et puis, il s’agit d’un sujet délicat à traiter de nos jours : le pouvoir. La tyrannie. Les monstres dominateurs. Et puis, le texte grossier, ce « merdre » que UBU profère à tout bout de champ. Des versions expurgées ont été montées, par Peter Brook entre autres. Aujourd’hui, Jean-Pierre VINCENT a été choisi pour présenter sa version de la pièce. Elle sera entièrement fidèle à ce qu’avait voulu Alfred JARRY, y compris la fin qui ne coule pas de source… Le personnage de JARRY sera présent sur scène pour imprégner la pièce de sa personnalité ambiguë, suicidaire et détruite par l’absinthe. Le personnage d’UBU avait été inspiré à Alfred JARRY et ses amis par leur professeur de physique, qui devait être un tyran… UBU sera joué par Serge BAGDASSARIAN et Alfred JARRY représenté par Christian GONON.
ELLE N’EN FINIT PAS DE REVENIR…
C’est vaudevillesque !… Cette pauvre belle ADJANI me fait de la peine. Régulièrement elle s’efforce de se propulser sur le devant de la scène. La Dame aux Camélias, La Journée de la Jupe… Chaque fois elle obtient un succès honorable, et puis elle disparaît à nouveau. Elle se met à grossir… A Cannes, elle aurait voulu remettre la Palme d’Or mais Isabelle HUPPERT s’y est opposée tout net. Il y a un contentieux entre elles depuis Les Sœurs Brontë, et c’est pas d’hier. Du coup, on lui a seulement permis de remettre la Caméra d’Or. Pauvre Adjani. Il fut un temps où les photographes se battaient pour lui tirer le portrait. ls posaient leurs appareils par terre en signe de protestation quand elle se refusait à eux. Elle était au top et elle ne l’est plus. Mais pourquoi n’arrive-t-elle pas à faire un vrai come-back ?
«Certains maris ne sont bons qu’à être cocus mais encore faut-il que leur femme les aide. » Georges FEYDEAU
Une réplique comme celle-là fait exploser une salle entière sans exception. Encore faut-il avoir l’idée de l’écrire. S’il y en a une à la minute, on est dans le vaudeville. Miss Comédie
bien le dire : l'allergie aux vieux vêtements. En scène !
Bonjour ! En avant pour le mois de Juin... le plus beau mois de l'année. Tout est encore vert sous le soleil et on découvre nos membres blafards pour les premières bronzettes. Dans la salle d'attente, l'AMOUREUX découvre avec incrédulité une autre allergie que la sienne, très bizarre il faut bien le dire... Et vous lirez quelques échos de cette actualité parrois triomphante, parfois navrante.
LUI (comme pour lui-même) Il neige. Si elle était au ski, elle aurait de la neige. (Après un bref coup d’oeil au poste) Quelle connerie... LA DAME On a l’air idiot, à regarder ça. Mais le temps passe plus vite, non ? (elle rit) Tiens, Claudia Schiffer... c’est un défilé de mode... ça, c’est intéressant. (entre ses dents) Galliano... Elles ont toutes l’air de folles... Oui de folles. Qui peut porter ça ? ... Moi je pourrais, à la rigueur. Ah ! la mariée. Et ben dites donc, les seins nus. N’importe quoi. Il est fou ce mec. Le voilà qui salue. Il me fait penser à Richard III...(à MAXIME) Vous avez vu Richard III ? LUI ( explosant) Ah ça suffit, à la fin, vous allez vous taire ! Arrêtez ce charabia inepte ou bien... allez dehors ! LA DAME (saisie) Oh. Monsieur je vous prie de m’excuser. (La main sur le coeur) Quelle grossièreté... un charabia “inepte” ! LUI, l’air embêté Ecoutez... vous m’avez vraiment poussé à bout. Vous... vous ne comprenez rien... Vous parlez, vous parlez... Vous ne respectez rien... Vous ne voyez pas que la coupe est pleine ? LA DAME Ca veut dire quoi, ça ? LUI (découragé) Rien, une formule. Pour clore le débat. LA DAME N’en parlons plus. Mais je plains votre femme. LUI Je n’ai pas de femme. LA DAME Et la jolie qui était là l’autre jour ? LUI Ce n’est pas ma femme. Oooh .... (il paraît excédé à nouveau) LA DAME D’accord. Je me tais.
Silence. Ils ont tous les deux le regard fixé sur le poste de télé, l’air assez stupide. Un temps assez long se passe.
LUI (sans la regarder) Vous avez une allergie à quoi ? LA DAME (sans le regarder non plus) Aux vieux vêtements. LUI (ahuri, la regardant) Aux vieux vêtements !.... LA DAME (les yeux toujours fixés sur le poste) Quand j’enfile une robe achetée il y a plus d’un an, j’attrape instantanément des boutons. LUI C’est une plaisanterie ?
LA JEUNE FILLE ET LA MORT Commencçons par le plus triste. Jane GORDON avait 29 ans…. Une beauté. Son regard sur la photo vous atteint au coeur. Bien sûr en voyant ce regard on se dit « déjà la mort rôdait autour d’elle » bien sûr, c’est facile, quand on sait. Pourquoi a-t-elle voulu partir si vite… et si brutalement ? Elle venait d’incarner Jane BIRKIN dans le film sur GAINSBOURG (encore un biopic.) Comme Jane elle était Anglaise, et son délicieux accent avait dû emporter le casting, autant que son sourire mutin qui trompait son monde. Jane GORDON n’aura pas monté les marches à Cannes. Là-bas, personne ne s’en est aperçu. Et personne ne parlera plus d’elle dans un blog. Il y a toujours des histoires ténébreuses autour du nom de GAINSBOURG.
LE TRIOMPHE DE JOHNNY Je rabacche, je rabache, mais que voulez-vous, il domine tout et d’abord l’actualité ! Son concert au Stade France, samedi a fait fort. 80 000 spectateurs électrisés. Sylvie est venue, elle a chanté avec lui. David aussi. La Sainte Famille. On ne verra pas ça tous les jours. Tout le monde s’en fout qu’il ait fait un raté à Cannes. Son plus beau rôle, c’est Patrice LECONTE qui le lui a donné, dans L’HOMME DU TRAIN où il rencontre Jean ROCHEFORT l’espace de quelques scènes magistrales, mouvantes, uniques. Dans ce film, chacun envie la vie de l’autre et ils mourront tous les deux sans avoirpu échanger leur destin. Alors, VENGEANCE… c’est un plat qui va refroidir très vite.
LA CROIX DE JOHNNY Cette croix, il ne la quitte jamais. Vous l’avez sûrement remaruée autour de son cou. C’est pas du toc : elle vient de Harry WINSTON et le Christ porte une guitare en bandoulière. My God !
LE SAXO DE BILL CLINTON L’info la plus drôle que j’ai lue sur Cannes, c’est ce détail de la soirée SHARON STONE (qui ne m’intéresse pas) pour l’AMFAR : parmi les lots présentés aux enchères, il y avait le saxo de Bill CLINTON. Comment, il ne joue plus du saxo ? Il s’en est payé un plus beau ? Il atrouve que ce n’est plus de son âge ? Enfin bref, le fameux saxo est parti, tenez-vous bien, à 130 000 euros… L’heureux gagnant peut se féliciter d’avoir encouratgé la recherche et de pouvoir souffler dans un instrument qui a animé les soirées familiales à la Maison Blanche dans les années 90 …
ARSENE LUPIN PLACE VENDOME C’est vrai ! C’est arrivé samedi à 12h 45. Un homme élégant est entré avec nonchalance dans le magasin CHOPARD de la Place Vendôme, a sorti un revolver muni d’un silencieux et très calmement a demandé qu’on lui remette le contenu de quelques vitrines qui se trouvaient là. Les bijoux enfouis dans un sac de voyage, il a rangé son arme et tout aussi tranquillement il est sorti du magasin, a pris la rue St Honoré et s’est perdu dans la foule. Je le crois pas. Cet homme me plat, il est infiniment séduisant, c’est DUJARDIN ! A cette heure on n’a pas encore retrouvé sa trace….
PLUS FORT QUE HANNEKE …. pas plus que celle de l’assassin de la belle Polonaise dans la suite 503 de l’hôtel BRISTOL. Un crime qui ressemble à celui de Marie TRINTIGNANT… Un coup en entraîne un autre et puis…
" Que c’est un dur métier que d’être belle femme… » Charles BAUDELAIRE (Les Fleurs du Mal)
Je dédie cette réplique à Jane Gordon, à Charlotte Gainsbourg et à toutes celles qui ont fait de leur beauté leur outil de travail. Je vous dis à demain mes chers concitoyens. Miss Comédie