LES AMOUREUX DE LA SALLE D'ATTENTE - scène 35
La sale d’attente.
LUI, LA DAME
QUAND ON AIME SON ALLERGIE
LA DAME, rêveuse
On croit qu’il faut faire place nette, que le passé est bon à jeter aux orties, que le nouveau est plus beau que l’ancien, que tout ce qui vous était doux et familier n’est plus que vieille dépouille propre à vous donner des boutons....
LUI (pour lui-même)
Le bonheur ça se reconnait du premier coup !
LA DAME (pour elle-même)
On fait l’hypocrite avec son porte-clefs...
LUI (de nouveau s’adressant à elle)
Vous croyez que le bonheur peut rester là à vous attendre, pendant des jours, des mois ?
LA DAME
Oui, je sais j’ai attendu trop longtemps. Mais j’avais peur...
LUI
Peur, peur... Vous, les femmes, n’avez que ce mot à la bouche. Peur de gêner, peur de décevoir, peur de vous tromper... peur d’être allergique !
LA DAME
Alors on reste là, et le bonheur s’en va plus loin.
LUI
Oui. Mais il est malheureux, lui aussi.
LA DAME
Vous croyez ?
LUI
Je le sais.
LA DAME
La solution serait de le retrouver, de repartir à zéro.
LUI
Tout simplement.
La dame semble abîmée dans un rêve merveilleux.
LUI regarde l’écran.
Si seulement les femmes étaient simples.
LA DAME
Qu’est-ce que cela changerait ?
LUI
J’arrêterais de fréquenter ce lieu sinistre.
LA DAME
Et votre allergie ?
LUI
J’aime mon allergie. Vous comprenez ? J’aime mon allergie.
VOIX DE L’ASSISTANTE
Monsieur Maxime Sévère !
Il se lève, salue la dame et passe dans le cabinet.
(A suivre)