C'ETAIT HIER . LES FILMS DE LEGENDE
LA VOIE LACTEE _ LUIS BUNUEL 1969
LA VOIE LACTEE, On l’appelle aussi « le chemin de saint Jacques de Compostelle ». Pourquoi ?
C’est au XIIe siècle qu’un ermite fut guidé par un « champ d’étoiles » vers ce village de Galice où il découvrit le tombeau de l’apôtre Jacques venu évangéliser l’Espagne en son temps.
La cathédrale édifiée depuis à Compostelle qui contient les reliques est devenue le but de pèlerins du monde entier venus marcher pour leur salut ou pour honorer la mémoire du saint apôtre.
C’est ainsi que Luis Bunuel imagina le voyage de Pierre (Paul Frankeur) et Jean (Laurent Terzieff), deux clochards parisiens quittant les ponts de Paris pour prendre le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, où ils espèrent croiser des passants plus généreux.
En réalité, ils rencontrent successivement Satan (Pierre Clémenti), Jésus (Bernard Verley ), une Vierge Marie (Edith Scob) pas très aimable avec son fils ,un jésuite (Georges Marchal) et un janséniste, un curé fou (Julien Guiomar) évadé d'un asile, une prostituée (Delphine Seyrig), le marquis de Sade (Michel Piccoli) etc...
Multitude de rencontres qui bousculent les hérésies
et démolissent les certitudes... incarnées par une multitude d’acteurs connus, tout le gratin des agents d’artistes se retrouve à l’affiche et par miracle, ils étaient tous libres pour le tournage ! En 1969 il est vrai , la plupart faisaient leurs débuts dans le box-office...
Jean-Claude Carrière, alors âgé de 38 ans, apporte au scénario et aux dialogues la pointe de piment érotique que l’on retrouve dans tous les films de Bunuel.
C’est tour à tour réjouissant, burlesque, effrayant et surréaliste, bien sûr, mais en fin de compte, on finit par se poser les questions essentielles : Dieu existe-t-il ? Son enseignement charismatique n’a-t-il pas été déformé au fil du temps pour arriver à ce que le mal prenne le pas sur le bien ?
C’est que tout est symbole dans ce film, où chaque séquence, pour insolite ou surprenante qu’elle puisse être, vient illustrer une position théologique. Un carton vient d’ailleurs rappeler, avant le générique final, que les idées brassées dans le film viennent toutes, ou bien des Écritures, ou bien de telle ou telle position hérétique mais historique. Si Buñuel, dans sa narration, innove sans cesse, en revanche, sur le point théologique, il sélectionne des thèmes, mais il n’invente rien.
Pourquoi ce film n’est-il revenu en mémoire ? C’est en écoutant sur France Inter une interview de Jean-Claude Carrière qui en parlait fort bien avec le recul, certain que ce fillm était devenu intemporel.
Miss Comédie