PEOPLE IN THE SUN (Edward Hopper)
« … Plate ?
« Oui, rien à l’horizon… C’est un peu inquiétant…
« Nos hôtes ont disparu.
« Et puis ils nous laissent seuls, là, qu’est-ce qu’ils font, tous les deux ?
« Il l’aide à préparer les apéritifs, je crois.
« Bon, on n’est pas mal, on prend le soleil…
…………..
« Vous voyez, cette perspective, là, devant nous ?
« Oui ?
« Et bien, avec nous en face, c’est les Etres et le Néant.
« Bien dit !
Ils rient tous ensemble. Puis dressent l’oreille.
« Vous entendez ?
« Oui… quelqu’un joue du piano.
« Qui cela peut-il être ?
« Un de leurs enfants ?
« Oui, parce que qui préparerait le dîner ?
« C’est la Sonate au Clair de Lune.
« C’est vrai que si ça continue, nous serons encore là au clair de lune.
« Mais enfin, qu’est-ce qu’ils font !
« Attendez, c’est peut-être un diner trois étoiles…
(Rires)
« Vous savez, elle, c’est un vrai cordon bleu, on m’a dit.
« Mais vous avez vu une table dressée, vous ?
« Non, ils nous ont fait passer par le jardin.
« Vous croyez qu’il n’y aura pas de dîner ?
« « Ils nous ont peut-être conviés à un concert ?
« Regardez, le soleil est prêt à passer derrière la colline.
« On est bien, on se détend, vous ne trouvez pas ?
« Et bien moi, je commence à avoir faim...
« Tiens, la musique s’est arrêtée.
On entend un cri horrible dans la maison puis des pas précipités et une voix leur parvient sur un ton brutal :
« Ne bougez pas, vous autres ou vous êtes morts !
Tétanisés, ils restent figés, immobiles. Ils ne se retournent pas.
L’un d’eux chuchote :
« Je vous l’avais dit, ce paysage avait quelque chose d’inquiétant.
4 mars 2015
Miss Comédie "Conversations imaginaires"