NOUVEAU COUP DE FOUDRE
LORENZACCIO VU PAR CLAUDIA STAVISKY, DU GRAND ART
Deux heures et demie de pur bonheur. Un spectacle beaucoup plus emballant qu’un match de foot. La grandeur et la violence de la langue de MUSSET dans la bouche d’une bande de jeunes comédiens pétant le feu pour raconter le destin malheureux d’un jeune homme épris de justice.
MUSSET avait 24 ans quand il a écrit LORENZACCIO et il n’a jamais vu sa pièce jouée. Elle débordait du cadre traditionnel de la dramaturgie de l’époque et choquait par ses propos subversifs.
Aujourd’hui, elle explose comme un feu d’artifice.
On oublie Gérard PHILIPE en regardant Thibault VINçON jouer le confident fidèle pour arriver à ses fins.
On oublie Daniel IVERNEL en regardant Alexandre ZAMBEAUX manipuler les hommes avec un charme pervers.
ALEXANDRE joue avec LORENZO comme le chat avec la souris, et pourtant c’est lui tombera le premier sous les coups de son faux ami.
La pièce se passe à Florence du temps de François Ier, mais son propos est de tous les temps et la mise en scène de Claudia STAVISKY fait l’amalgame avec finesse. Le texte intégral est respecté. Costumes contemporains, noirs pour les hommes, rouges ou blanc pour les femmes. La même flamme habite les protagonistes d’hier et les acteurs d’aujourd’hui.
On est saisis d’étonnement et d’admiration devant la fluidité de leur langage, pas un savonnage, pas un oubli dans des tirades qui font parfois plus de cinq minutes. Les voix emplissent le chapiteau, circulent entre les gradins, on est sur une place de Florence avec des assauts venant des ruelles, on se bat, on s’affronte, on est dans les banlieues, et puis soudain tout s’arrête et la musique de Chopin fait l’intermède. Pourquoi CHOPIN ? Est-ce pour rappeler son point commun avec MUSSIET ?
Ce spectacle est un tour de force. Un travail fou sur la mémoire, sur la concentration, sur l’énergie. Pas un seul comédien n’est en dessous. Pas de demi-teinte, dans ces affrontements verbaux qui annoncent une fin tragique.
Et la sincérité VRAIE domine l’ensemble.
On se sent éperdu de tristesse à l’annonce de l’assasinat de LORENZO, pris pour cible par la foule manipulée.
L’ovation finale, énorme, sembla étonner les dix-sept comédiens fourbus, et leur sourire s’illumina de reconnaissance. La troupe et le public s’applaudirent de concert, dans un même élan de bonheur.