bye bye LOULOU DE LA FALAISE
" Pourquoi tu t'en vas si vite, Loulou ?
« J’en avais marre de la vie, ça ne m’amusait plus de ne plus être muse !
« YVES SAINT_LAURENT te manquait ?
« Oui, terriblement. Les bijoux, c’est bien joli, mais ça ne remplace pas la présence charnelle d’Yves, mon meilleur ami. Il était en perpétuel mouvement et diffusait son énergie créatrice à tout son entourage. Un homme pareil, quand il disparaît, il vous laisse privée de l’essentiel.
« Tu avais bien encore des amis complices avec qui partager tes regrets ?
« Ah, des amis… oui, quelques-uns… Marianne FAITHFULL, la sublime… les anciens rockers, mais plus tellement dans la mode. D’ailleurs, leur vue me terrifiait. Les voir se ratatiner peu à peu alors que je les avais connus si beaux…
« Tu avais encore de belles années devant toi…
« Ah, tu trouves ? Mes plus belles années sont derrière moi, avec Yves et toute la Mode, quand PARIS était flamboyant et joyeux, plein de femmes étincelantes, d’artistes inspirés et de musiques géniales. Aujourd’hui les Français s’habillent de gris, tout le monde se ressemble, on ne fait que repasser les mêmes musiques, qu’admirer les mêmes tableaux, et tous les plaisirs sont interdits, on ne fume plus, on ne roule plus des mécaniques sur les autoroutes, on a honte d’être riche, on cache sa Rolls dans son garage, on ne met plus sa fourrure qu’en Suisse….
Je fuis cette époque de prohibition, ah, je ne regrette rien, je n’ai plus ma place ici.
« C’st affreux de t’entendre, LOULOU, ce monde a encore quelques beaux restes…
« Oui, peut-être. pour ceux qui n’ont pas connu les années glorieuses d’avant Mai 68 ! Nous autres, les vieux hippies, sommes dépassés par votre progrès abrutissant, votre INTERNET. votre FACEBOOK, votre téléphone tactile, tout ça… Je pars en plein marsme, la crise est partout, vous n’aurez bientôt plus un kopek à mettre en banque d’ailleurs, toutes les banques auront fait faillite, alors ciao !
Partie dans son réquisitoire plutôt goguenard, elle s’arrête net, son beau visage pâlit soudain et elle ajoute tristement :
« Et surtout… surtout !… lorsque votre corps vous échappe, pris en main par le PARASITE UNIVERSEL, cette saloperie de crabe qui vous enlève peu à peu à l’attraction terrestre…
Et je la vois toute entière évanescente, lumineuse, s’élever dans le ciel au-dessus de sa maison, de son jardin, se fondre dans la lumière crépusculaire de ce samedi de novembre, un bon mois pour mourir, assurément.
Demain j’irai dans sa boutique rue Cambon m’acheter un de ses bijoux, fleurs de pierres multicolores, un souvenir qui lui ressemblera.