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SOUVENIRS MILLESIMES

Publié le par Miss Comédie

UNE DRAMATIQUE A L’ORTF.


Au début des seventies, à l’ORTF il y avait les dramatiques.
C’était une pièce de thâtre spécialement adaptée pour le petit écran et qui se jouait en direct, sans interruption. Le réalisateur disait « moteur » et les caméras filmaient sans arrêt jusqu’à la fin. Ca durait une heure et demie, deux heures…
Autant dire qu’il valait mieux savoir son texte au rasoir. C’était un exercice périlleux… autant que le plongeon, si vous vous souvenez.
.
Je me suis donc  retrouvée dans une salle de répétition de l’ORTF, rue des Alouettes, pour la lecture de « UN BOUTON DE ROSE », d’Emile Zola.
Le metteur en scène était François Gir (que faites-vous en ce moment, François ? )
Dans la distribution il y avait Pierre ARDITI, Yori BERTIN, qui vivait alors avec Jean LEFEBVRE, une fille très belle dont GIR était amoureux, mais il l’était aussi de ma pomme, il aimait toutes les femmes en fait.
C’était une pièce en costumes au texte précieux, et bavard, impossible à retenir. Une histoire  d’adultère forcé,  un dénouement téléphoné, du vieux théâtre, quoi. J’étais la soubrette Françoise, bien sûr, très joli costume, texte hyper nunuche et minauderies de rigueur, dans un décor d’une richesse inouïe.
Qui avait bien pu choisir LE BOUTON DE ROSE pour être diffusé en prime time sur la Une ?
Six jours de répétition, pas un de plus.
Le jour de l’enregistrement, tout le monde était sur les dents, nerveux à mort. François GIR était systématiquement opposé à toutes les indications du réalisateur  Claude Barma ou Claude Santelli ? je ne sais plus.
Mais au signal tout s’est mis en route et la pièce s’est déroulée sur un nuage sans  trou de mémoire ni savonnage.
Les dramatiques ont disparu du PAF.  Comme, du reste, le théâtre en général.
Dommage.  C’était pour les téléspectateurs, un peu comme regarder un numéro de haute voltige.  A tout moment, il pouvait y avoir la panne, le pied pris dans le tapis, la chaise qui tombe, le micro dans le champ… C’était rigolo et angoissant.
Mais au fond, c’était aller contre la nature même du théâtre, qui est éphémère envers et contre tout.

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