BOURVIL NOUS MANQUE

Une petite pause dans mes conversations imaginaires pour un hommage discret à cet immense acteur (ce mot s’applique aujourd’hui à pratiquement tous les acteurs vivants` ou morts mais lui, en était vraiment un, d’immense acteur.)
Pourquoi lui ? Né en juillet, mort en septembre, rien n’évoque BOURVIL en ce début d’année.
Pourtant, je suis tombée sur cette chanson bouleversante dans sa simplicite -on ne peut pas faire plus sobre, ni dans les paroles ni dans l’interprétation de BOURVIL, pour parler de la guerre, du temps qui passe, de l’amour enfui, de tout ça qui fait pleurer ou méditer.
J’ai donc eu les larmes aux yeux en écoutant ces derniers mots « et c’était bien », chantés avec l’âme.
J’ai eu envie de lire sa bio et j’ai retrouvé les souvenirs que j’avais gardés de lui à travers sa filmographie. Je me suis dit « il faut que je fasse un portrait de lui, imaginaire ou pas, mais avec qui le faire dialoguer ?
Le mettre en scène où ? quand ? C’était du fabriqué, ça ne pouvait pas coller avec ce personnage si vrai.
On ne lui donnait que des rôles de bêta et ça ne le gênait pas. Il était le « gentil » du cinéma français – sauf dans Le Miroir à deux faces où il martyrise Michèle MORGAN.
Il a fait des cartons avec des chansons idiotes ( La tactique du gendarme) mais il y avait dans sa voix quelque chose qui allait au coeur, c’est mystérieux, le pouvoir de la voix.
Son dernier film, il l’a achevé en sachant qu’il était atteint d’un myélome multiple, une horreur. C’était en 1967 et le film s’appelait Le Cercle Rouge , de Jean-Pierre MELVILLE, avec Alain DELON.
Il y a des titres comme ça, qui vous marquent (comme sur une liste, un nom marqué d’un cercle rouge). Il avait 57 ans.
Sa femme, Jeanne, est allée tous les ans sur sa tombe à MONTAINVILLE, dans les Yvelines, où ils avaient leur maison de campagne. C’est en allant le visiter un jour de 1985 que Jeanne a eu un accident de voiture et qu’elle est morte à son tour.
J’ai aussi voulu savoir pourquoi BOURVIL ? Il s’appelait André RAIMBOURG mais il avait un cousin germain qui faisait déjà du cinéma sous le nom de Lucien RAIMBOURG et pour ne pas créer la confusion il a choisi le nom de son village natal, BOURVILLE.
Il admirait beaucoup FERNANDEL. Deux géants du rire qui gardaient leurs larmes pour eux seuls. Ensemble ils ont tourné La Cuisine au beurre, sorti en 1963, qui a fait 6.300.000 entrées. C’étaient aussi les rois du box-office.
Ce devait être un moment inouï, les voir ensemble dans la vie, les écouter se parler, observer leur complicité. Un moment rare.
Bien sûr, tous ces grands acteurs sont irremplaçables. Mais lui, BOURVIL, il laisse le même vide qu’un être cher. Je ne m’explique pas pourquoi.