SPECTATEURS DU PIRE ET DU MEILLEUR
PLEINS FEUX SUR LA COLLÉGIALE A GRIGNAN
Le Festival de la Correspondance à GRIGNAN attire un monde fou. Plutôt du beau monde, venu de la capitale enrichir ses connaissances en matière de correspondances inédites.
Cela se passe sur le parvis de la Collégiale, la chapelle du Château de Grignan. La superbe et monumentale porte latérale de la chapelle s’ouvre sur le parvis, espace scénique idéal face à la grande cour pavée qui disparaît sous les gradins en période de festival.
Ah, ces gradins ! Métalliques, sonores, superposés jusqu’à une hauteur vertigineuse, ils tournent le dos aux derniers rayons du soleil couchant qui les baignrnt du premier jusqu’au dernier rang.
Heureux sont les prévoyants qui ont pensé à apporter un chapeau, un éventail, une bouteille d’au… mais ce ne sont pas les spectateurs les plus malheureux.
Face à eux, comme une victime immolée au dieu Hélios, L’Acteur impassible lit son texte dans un brasier rougeoyant, incapable de regarder son public en face.
Il faudra attendre une bonne heure avant que les rayons disparaissent, rangée après rangée, jusqu’aux murs de pierre blanche devant lesquels le liseur est en train de fondre.
Je souviens de Bernard GIRAUDEAU, il y a trois ans, sous son chapeau de brousse, le visage cramoisi et le sourire narquois, qui défiait l’astre cruel d’une voix pleine de nuances exquises. Il lisait les lettres de Cesare PAVESE à sa sœur et à d’autres gens, lettres d’un rebelle sans avenir.
Cette année, Denise CHALEM nous a joué une sorte de pièce-lecture écrite par elle et probablement autobiographique, « PARIS SEPTIEME, mes plus belles vacances » sur un sujet morbide et rebattu, les durs moments d’une femme atteinte du cancer du sein. Là, ça finit bien, elle a amélioré son bronzage et nous a charmés par son marivaudage avec son infirmier, Alain FROMAGER, épatant.
Il y a souvent des malaises sur ces gradins, nous dit-on. Mais chaque année, on remet les gradins sur le parvis de la Collégiale.
A PLEIN TUBE DANS LA COUR D’HONNEUR EN AVIGNON
Là, j’ai pas vu mais j’ai lu le papier de Philippe CHEVILLEY des ECHOS et j’ai eu des sueurs froides.
Mais à côté, celui de Fabienne PASCAUD dans TELERAMA redresse la barre.
Il souligne l’inacceptable, elle reconnaît l’intelligence.
Il a vu la bouteille à moitié vide, elle a vu la bouteille à demi pleine.
Il s’agit de PAPPERLAPAP, de Christoph MARTHALER, présenté en ouverture du Festival.
La suite de scènes inégales qui forme le propos : désacraliser la cour d’honneur, faire ressurgir ses fantômes, n’a pas été assez travaillée en profondeur. Le metteur en scène suisse n’a pas puisé son inspiration dans l’approche quotidienne et charnelle de ce lieu mythique. C’est très beau, d’écrire sur un monument légendaire pour détruire son mythe. Encore faut-il l’avoir arpenté, touché, admiré, avoir vu son ombre décliner avec le soleil du jour, avoir perçu ses moindres bruits, la nuit, l’avoir vu servir de décor à toutes les fantasmagories, et ressortir chaque fois intact.
C’est d’ailleurs ce qui se passe ici : après le déferlement de violence d’une scène où la cour entière sembla prise dans un cataclysme assourdissant et aveuglant, provoquant le départ d’une partie des spectateurs, le spectable prend fin et la troupe quitte la scène, laissant le mythe invaincu
dans sa splendeur éternelle. Les éléments de décor qui faisaient la nique aux vieux fantômes restent là, dérisoires.
Comme l’écrit Fabienne PASCAUD « on n’ébranle pas comme ça huit siècles, on peut juste leur faire un clin d’œil. »
Et c’est beaucoup de bruit pour rien. Ce spectacle, créé spécialement pour la cour d’honneur du Palais des Papes, ne pourra plus jamais être joué ailleurs.
STEVOE WONDER A MONACO : WONDERFUL !
Au SPORTING d’ETE les gradins sont des fauteuils club et les extravagances sont exclues. On aime le beau mais pas la brute ni le truand. On est très conservateur.
C’est Stevie WONDER qui assure l’événement dans la Principauté, jusqu’au 28 Aôut.
Notoriété intacte. Talent inébranlable. Une voix d’or, mûrie par le temps.
Il fut Little Stevie Wonder, le camarade de Michaël JACKSON lorsqu’ils étaient encore enfants surdoués. L’un aveugle, l’autre qui voulait être blanc.
Ils se soutenaient, s’encourageaient. Stevie WONDER reprend aujourd’hui « Human Nature », un tube de Michaël, en hommage à son pote.
Ceux qui restent ne sont pas forcément les plus heureux.