PLUMES D'OR
PATRICK MODIANO, UN HORIZON SANS LIMITES
Que Patrick MODIANO me pardonne ! C’est lui aui devrait être le Titre du Jour.
Le dernier livre de MODIANO est attendu comme le passage d’une comète dans le ciel. Chaque fois, c’est le même livre et chaque fois le même émerveillement. Pour Patrick MODIANO la vie est un éternel recommencement, et la nostalgie du passé, la fascination pour le bizarre, sont des sujets inépuisables. Chacun de ses livres pourrait s’intituler « J’ai oublié de vous dire », comme celui de Jean-Claude BRIALY.
Il raconte chaque fois sa propre histoire mais il n’est plus sûr de rien. Les lieux se confondent, les gens sont flous, les hasards se multiplient.
Il y a toujours cette recherche, cette femme qu’il a perdue…
Chez lui, l’histoire ne compte plus. Ce qu’on attend, c’est cette musique des mots, cette respiration que l’on perçoit à chaque ligne, cet univers qui se crée sous nos yeux. Il nous fait perdre pied. Tout le monde n’apprécie pas.
Pour moi, il y a aussi son attachement à Paris dont il est l’inlassable promeneur. Chaque immeuble dans chaque rue, avec son numéro, sa station de métro, est le décor d’un pan de sa vie, de notre vie.
Je suis retournée souvent à l’endroit qu’il décrit, pour voir s’il y a toujours cette porte, cette plaque, ce couloir sombre et cet escalier dont il parle. Parfois, il nous égare. La rue de Condé, par exemple. Il n’y a plus le café de la jeunesse perdue. Je l’ai connu pourtant, moi aussi, ce café. Il ne l’a pas inventé. Il n’existe plus. Ou bien l’ai-je rêvé ? Comme lui l’a rêvé ?
Son visage change. Quel choc, devant sa dernière photo. Il vieillit. Pas ses livres. Heureux MODIANO, qui laissera après lui une image intacte.
Je parlerai encore de MODIANO. Après avoir lu L’HORIZON. Encore un titre infini. Sept lettres qui disent tout.
PAUL AUSTER, LE RETOUR
C’est vrai ? On nous l’assure, mais on doute, après ces dernières déceptions. J’adorais Paul AUSTER, je l’avais oublié.
A la description de son dernier roman, INVISIBLE, on pense à MODIANO.
Encore un qui se raconte indéfiniment, mais lui avec des tours et des détours dans l’immense Amérique, des égarements. MODIANO, lui, a toujours gardé son cap.
J’aime l’idée qu’il soit revenu à une vraie plume, sa plume authentique. Mais… 300 pages, ça me rebute.
Et puis… j’ai rencontré l’homme Paul AUSTER, un jour de signature à Lyon, et l’auteur de LEVIATHAN, de La TRILOGIE NEWYORKAISE, de MOON PALACE, du VOYAGE D’ANNA BLUME, a soudain disparu derrière un visage fermé, un regard dur, un geste d’impatience, et l’attitude hautaine de l’homme qui sait ce qu’il vaut.
Le charisme de MODIANO se lit dans son regard avant même qu’il ouvre la bouche ou qu’il écrive une ligne.
Ils ont tous les deux les mêmes racines mais si la fatalité originelle les rapproche, quelque chose fait qu’ils sont aux antipodes l’un de l’autre : l’un connaît son talent et son rayonnement international. L’autre doute, il a l’humilité des très grands.