MONSTRES SACRÉS
Pour ces deux-là, le portrait express est quasi impossible ! Leur vie à toutes deux est un véritable roman-fleuve. Quelques moments forts, des images choc, et soudain l’icône apparaît, intacte dans la mémoire collective.
SARAH BERNHARDT, LA PARISIENNE
Enfa nt de la balle vraie de vraie ! Fille d’une courtisane, courtisane elle-même à ses dé buts, née de père inconnu, abandonnée par sa mère et élevée par une nourrice : tout ce qu’il faut pour être libre de choisir son chemin.
Un chemin si bien choisi qu’il l’a portée aux nues : sacrée plus grande tragédienne française du XIXème siècele avec RACHEL, elle fut la première comédienne à avoir franchi les océans pour se produire dans tous les continents.
Et quel fut le déclic qui orienta sa destinée vers le théâtre ?
Une première expérience d’amateur, un petit rôle dans un spectacle monté par son couvent. Elle qui idolâtrait RACHEL, son aînée de 23 ans, allait bientôt prendre la relève.
Elle eut rapidement un protecteur, le duc de MORNY, qui aida bien le destin en la faisant entrer au Conservatoire d’Art Dramatique de Paris. La grande porte pour devenir sociétaire de la COMÉDIE FRANçAISE … d’où elle est renvoyée pour avoir giflé une autre sociétaire, puis rappelée pour jouer les grands premiers rôles.
Mais c’est avec sa propre compagnie créée en 1880, qu’elle prend vraiment son envol et parcourt le monde, de triomphe en triomphe.
Sarah BERNHARDT aimait séjourner dans son blokHaus de BELLE-ILE, où elle entraînait ses amants.
Un nombre étourdissant d’amants ! Des nobles, des acteurs, des écrivains, des femmes… De Lucien GUITRY à MOUNET-SULLY, et même Victor HUGO, et des députés qui la rétribuaient elle n’en rougissait pas, et Gustave DORÉ, et jusqu’au prince de GALLES !
Sarah BERNHARDT eut un mari, un acteur grec morphinomane, qui mourut à 34 ans.
Elle eut un enfant, un fils, d’un noble belge, le prince de Ligne.
Malgré son caractère exécrable, tout semblait lui réussir. Mais un jour, pendant une représentation de TOSCA, elle saute un parapet et chute sur le genou gauche qui la fait souffrir ensuite durant onze ans, jusqu’à l’amputation inévitable en 1914, l’année de sa Légion d’Honneur.
C’est tout elle, un enchaînement de bonheurs et de malheurs qu’elle encaisse superbement.
Elle fut la première à porter le surnom de « monstre sacré » que lui donna Jean COCTEAU.
Et Oscar WILDE écrivit pour elle le rôle fabuleux de SALOMÉ, qui fut son rôle fétiche.
Sarah BERNHARDT joua dans plus de 120 spectacles au théâtre, mais aussi au cinéma, alors muet, dont un film autobiographique, « Sarah Bernhardt à Belle-Ile », en 1912, qui décrit sa vie quotidienne, un peu comme MADONNA, quoi.
Elle mourut à 79 ans dans les bras de son fils… Elle était encore en train de tourner un film pour éponger ses dettes…
Son souhait était d’être enterrée à BELLE-ILE, mais ses proches voulaient pour elle une dernière demeure plus prestigieuse : Le PERE LACHAISE, évidemment !
MARYLIN MONROE, l’AMERICAINE
Elle nait le 1er juin 1926 à Los Angeles.
Vingt ans plus tard, c’est une star internationale.
Encore seize ans, elle n’est plus de ce monde.
Une comète qui a traversé le ciel à la vitesse de la lumière.
De famille d’accueil en établissements spécialisés, sa jeune vie commence sous le signe de la solitude. Sa mère n’est pas en état de s’occuper de ses trois enfants, son père est un inconnu pour elle, divorcé de sa mère deux ans après sa naissance.
A 16 ans, comme une fuite, elle épouse son voisin ouvrier dans une usine aéronautique et quand il part rejoindre les Marines en 1944, MARYLIN travaille à l’usine à ignifuger les avions… On croit rêver.
En 1945 elle rencontre un photographe… aïe aïe aïe, c’est le début de la pelote… elle fait fureur dans une campagne pour maillots de bain, puis les photos de mode, puis un film publicitaire… elle n’est pourtant encore que « mannequin ».
Le cinéma arrive très vite, avec son premier contrat avec la FOX, en 1946. Elle a tout juste 20 ans ! Sa première apparition à l’écran est dans THE SHOCKING MISS PILGRIM, où elle joue une standardiste…
Le reste… va à une allure folle. Ca s’enchaîne avec de plus en plus de frénésie, tout le monde la veut.
Le fameux calendrier où elle est superbement nue, c’est en 1952. Scandale. Rebond de célébrité. Une année faste aussi côté coeur : quand la légende du base-ball rencontre la légende du sex-appeal… JOE DI MAGGIO épouse MARYLIN et elle dit à la presse : « Je veux maintenant me consacrer uniquement à mon mariage… » Elle était sûrement sincère. Quant à lui, avec son physique de brute, il est celui qui ne lui a jamais fait aucun mal.
Mais MARYLIN avait besoin d’autre chose que d’un sportif. Elle admirait les intellectuels et se laissa prendre aux sortilèges de l’esprit.
2 juin 1956 presque le jour de ses 30 ans, elle épouse Arthur MILLER et se retire des écrans. Ils vivent leur amour à LONG ISLAND. MARYLIN se met à lire des livres.
Années soixante : l’apogée. Tous ses films sont des succès. Le monde entier vénère son image… et sa voix ! Quelle voix ensorcelante, avec ses « poum poum pidou » inimitables, jamais égalés !
Mais sa santé se dégrade. Sa santé morale. Elle glisse lentement dans l’engrenage des médicaments, des somnifères, de l’alcool.
Comment éviter cela, quand le monde entier en fait une idole, quand la foule l’entoure, l’injurie et l’invoque en même temps, quand elle se sent au centre d’un nœud d’intrigues et de calculs financiers ? Comment ne pas perdre ses repères, son équilibre, son individualité ?
1960 : Arthur MILLER écrit THE MISFITS pour MARYLIN. Le tournage, sous la direction de John HUSTON, se passe mal. Marylin est souvent malade, absente. Film maudit : Clark GABLE meurt d’une crise cardiaque pendant le tournage. La rumeur accuse le comportement de MARYLIN, ayant créé un désordre fatal.
LES MISFITS est le premier bide de MARYLIN.
Son divorce avec Athur MILLER arrive tout de suite après. Est-il la conséquence immédiate de cet échec ? C’est aussi l’état de dépendance où MARYLIN est tombée, l’influence de l’alcool et des somnifères qui l’obligent à se faire interner pour désintoxication. Ce chéri n’a peut-être pas supporté tout ça…
Ne cherchez pas sur YOU TUBE la Cérémonie des GOLDEN GLOBES du 5 mars 1962 où MARYLIN reçoit son prix en état d’ivresse, titubant et articulant avec peine quelques mots de remerciements… par une extrême délicatesse des organisateurs, la cérémonie n’a pas été diffusée.
Et pourtant, elle s’achète sa première maison, 12305, Fifth Helen Drive, BRENTWOOD, Cal.
Et pourtant, elle accepte encore un film qui porte le titre prémonitoire de SOMETHING GOT TO GIVE.
Et pourtant, elle ose encore quitter le tournage pendant la pause déjeuner pour aller chanter avec quel glamour ! « HAPPY BIRTHDAY MISTER PRESIDENT », à la fête d’anniversaire du Président KENNEDY, provoquant la colère de Jacky qui interdit à MARYLIN l’accès à la fête privée.
Et pourtant, elle s’efforce de continuer à tourner les dernières scènes du film mais elle est au bout du rouleau. La FOX diffuse la rumeur de son renvoi et parle de Kim NOVACK pour la remplacer…
Tout, ensuite, ira très vite. MARYLIN est seule, désespérément seule.
Le samedi 4 août, lorsque son ami Peter LAWFORD lui téléphone à 19h 45, elle l’inquiète par sa voix confuse et triste. Elle est dans sa maison de BRENTWOOD, en compagnie de sa gouvernante, une dame engagée par le docteurGREENSON.
LAWFORD rappelle plusieurs fois, la ligne est occupée. Quand il a enfin la gouvernante, il est 20h30 et celle-ci lui dit que tout va bien.
MARYLIN était déjà probablement morte.
Ce n’est que cinq heures plus tard que le docteur GREENSON (qui se trouvait là par hasard ?) a prévenu la police de la mort de Marylin.
Elle avait 36 ans et elle était belle, tellement belle qu’elle faisait mal aux yeux de certains. Quelle que soit la cause de sa mort, elle lui a évité bien d’autres désillusions.