MON DERNIER COUP DE COEUR
ENNEAS - NEUF, UN SPECTACLE QUI A DU SOUFFLE
Frédéric CONSTANT est un jeune metteur en scène/acteur du CDN d’Orléans. Inspiré par l’ENEIDE de Virgile, il a imaginé un spectacle retraçant le voyage d’Enée, survivant de la guerre de Troie. Une succession de tableaux, autant de péripéties, d’anecdotes, Ennée est devenu Enneas, champion de boxe, à la recherche d’une terre d’asile, de son père Anchise, d’un sens à sa vie. Ses rencontres nous transportent d’une soirée de Gala à Carthage jusqu’à un café de Buenos-Aires en passant par le Latium. Les comédiens changent d’ambiance avec la même énergie dévastatrice. Ils occupent le plateau avec jouissance, ils sont dans leur monde, une dizaine, garons et filles aussi habités, aussi talentueux.
C’est plein de musiques, de tous horizons, de chansons, de pitreriesr et de larmes. C’est la vie, ce sont les temps de guerre et puis les temps d’après la guerre et d’avant la guerre, nous sommes les habitant d’une planète où doit régner la guerre.
Ce spectacle est un poème épique, spectacle vivant s’il en est.
Je pensais que son auteur l’avait conçu dans le silence d’une retraite solitaire, loin de la ville, dans la lecture approfondie des textes antiques, et ben non.
Frédéric CONSTANT, avec qui j’ai parlé à l’entracte, m’a détrompée : la pièce est une œuvre commune, le fruit de rencontres répétées, d’improvisations autour du thème, d’échanges et de confrontations fraternelles.
Il a ensuite donné l’enchaînement, le bonheur du texte écrit, le rythme, l’humour, à toutes ces étapes du voyage éternel de l’homme à la recherche de son destin.
Le spectacle dure trois heures, mais on ne regarde jamais sa montre.
A la sortie, la grande Halle de la Villette se dresse devant nous, illuminée, gracieuse araignée de métal. Le ciel est encore clair, la nuit est douce. Ces édifices qui nous entourent sont les témoins de notre é poque : des reconstitutions, des copies. On brode sur l’héritage immense de nos ancêtres qui ont tout inventé. Depuis les cathédrales, what else ?