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MES INTERVIEWS IMAGINAIRES : NAT KING COLE

Publié le par Miss Comédie

 

 

NAT  KING  COLE, UNFORGETTABLENat-King-cole-1.jpg

 

 

Hancock Park, quartier résidentiel  à Los Angeles.  Une villa cachée dans les araucarias et les hibiscus.  NAT KING  COLE est allongé sur un transat  sous

l’auvent de l’immense terrasse bordant la piscine de marbre gris. 

Le jardin est à l’abandon.

   On est accueilli par son sourire éclatant dans un visage déjà amaigri par la maladie.  La gorge entourée par un grand foulard bariolé, il parle avec difficulté.    

A  45 ans, il est déjà au bout d’une éblouissante carrière.  Trop d’alcool, trop de tabac… Le cancer de la gorge  l’emportera quelques mois plus tard à l’hôpital de Santa Monica, le 15 février 1965.

Aujourd’hui il a choisi de revenir chez lui, dix ans plus tard, pour revivre avec nous quelques moments de sa  courte vie.

   On entend,  s’échappant de la baie du salon, une musique trépidante de ukulélé.

 

-  Nat, c’est quoi le bonheur, pour vous ?

-  Ah ah ah !!!  Le bonheur c’est la musique, bien sûr ! 

-  Depuis toujours ?

-  Moi et mes quatre frères on chantait à la chorale de ma mère dans

   l’église où notre père était pasteur,  c’est pas un beau début, ça ?  on

   chantait la gloire de Dieu avec l’orgue, pour moi le gospel c’était

   la seule musique au monde !   Mama Cole m’a appris le piano et l’orgue, je n’ai plus jamais arrêté d’en jouer, même quand on m’a déclaré « chanteur », je suis pianiste devant l’Eternel !

-  La gloire, ce n’est pas le bonheur ?

-  Non non, la gloire c’est une épreuve.  Il faudra tout au long de sa vie la justifier vis-à-vis de tous ceux qui ne l’ont pas.  Vous êtes condamné à la mériter à perpétuité.

-  Votre idole ?

-   Le seul et unique :  Armstrong, c’est lui le king !  Je l’écoutais dans ma rue à Chicago avec mes frères, il jouait dans un club de jazz à côté, j’étais en transes !

-   Votre plus grand amour ?

-    Ma première femme Nadine… on s’est connu à 20 ans et on a créé un

      groupe ensemble.   Ca n’a duré que neuf ans… La vie sépare ceux qui s’aiment…, comme  dit Jacques Prévert,  et puis un amour chasse l’autre…

 

-   Pourquoi chantez-vous en Espagnol ?

-  Ah ah !  J’ai un très mauvais accent, non ?  C’est après une tournée en Argentine où j’ai chanté pour m’amuser Mona Lisa en Espagnol, ça a fait un tabac, alors j’ai commencé à écrire des chansons en Espagnol, ça marchait toujours. 

-  Tout a été facile pour vous ?

-  Oh non.  J’ai souffert toute ma vie d’être Noir. Dans ce pays, si vous saviez.

   En 1956 j’ai été attaqué en concert à Birmingham en Alabama, mon pays natal !  par un groupe de Blancs, j’ai dû interrompre le spectacle et fuir, avec mes musiciens… Jamais plus je n’ai chanté en Alabama.

-  Mais vous avez été invité par la reine Elisabeth II ?

-  Oui oui, au palais Victoria.  Et John F. Kennedy était mon ami… un véritable ami, je l’ai pleuré comme un membre de ma famille. Oh, il existe des Blancs qui ne sont pas racistes, heureusement !

 

 

-   Il y a quelques années, au Sporting d’Eté de Monte-Carlo, nathalie.jpg

la nuit la plus belle  fut celle où votre fille Nathalie a chanté

UNFORGETTABLE YOU en fourreau de velours noir  pailleté,  

superbe,  et le finale avec votre voix off  a déchaîné l’enthousiasme

du public…

-   Oui, j’ai vu ça… Un miracle, ma fille  a  chanté divinement.   Elle sentait ma présence. 

 

 

-  Vous avez vu le film « In The Mood for Love », où votre chanson « Aquellos ojos verde » donne à cette histoire d’amour impossible des accents inoubliables ?

-  Oui, je l’ai vu.  Ce film est à l’image de la vie,  la quête d’un idéal qu’il vaut mieux ne pas atteindre car on ne peut être que déçu.  L’idéal n’est pas de ce monde.

-   Vous êtes pessimiste !

-  Oui,  parce que  je vois encore la discrimination partout, partout…  Même OBAMA n’a rien pu faire, les hommes se haïront toujours.

-  Votre dernier souvenir douloureux ?

   Lorsque ma famille et moi sommes arrivés à Los Angeles.  Nous avons

   acheté cette maison, où nous sommes, ici (il fait un geste large pour

    montrer l’ensemble de la propriété)… J’ai reçu des lettres me demandant

    de m’en aller, des menaces… J’ai tenu bon.  Ils ne voulaient pas de nous.

     C’était dur pour moi mais encore plus pour mes enfants… l’école, tout ça.

     Vous savez, c’est une malédiction de naître Noir parmi les Blancs, comme

     de naître Juif dans le monde entier. Il faut attendre le Jugement dernier.

 

-  Vous avez une solution, pour que les hommes s’aiment entre eux . ?piano1.jpg

 

- Oui, remplacer l’argent par la musique.  La musique engendre l’amour, les notes de musique sont de petits germes d’amour.   Mais cela ne se fera jamais.

-  Pourquoi avoir accepté de revenir  ici pour cette interview ? 

 

Nat King Cole boit une gorgée de tequila et respire à pleins poumons.

 -    Tout ça est un monde factice.  L’essentiel, on le découvre après la mort.   Je passe un petit moment sur  terre, cela me fait rire.  Après votre départ je remonterai vite là-haut, dans l’espace où toutes les âmes sont de la même couleur.

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L
Je suis un grand fan de Nat King Cole, et vraiment, je dois avouer que j'adore cette interview fictive que vous avez réalisée!!<br /> Je vous laisse mon email, n'hésitez pas à me faire signe si jamais vous publiez un autre article sur le Jazz.<br /> <br /> Louie Bruyère.
Répondre
M
<br /> <br /> C'est un joli encouragement à en interviewver d'autres !  Merci Louie.<br /> <br /> <br /> <br />