LE TRÉSOR DE L'HÔTEL DE CRISSIEU
EXT. JOUR
Vu de la rue, un édifice en travaux. C’est un hôtel particulier majestueux en cours de restauration. Le chantier fermé au public laisse entrevoir une cour pavée occupée par des engins, des tas de sable.
Au milieu de la façade XVIIIème s’ouvre le perron à double volée de marches en pierre.
Une grosse BMW noire stoppe devant le chantier et se gare dans une encoignure. En sort un homme en pardessus gris qui pénètre dans la cour par la porte réservée aux entreprises du bâtiment. Son assurance et son comportement indiquent qu’il est le propriétaire de l’hôtel.
EXT. JOUR
la cour de l’hôtel de Crissieu
L’homme traverse la cour tout en inspectant les alentours. Il redresse une brouette renversée, donne un coup de pied dans une canette vide, lève la tête vers les derniers étages avant de gravir les marches du perron et d’ouvrir la porte principale et de pénétrer dans l’hôtel.
INT. JOUR
Rez de chaussée de l’hôtel de Crissieu
A l’intérieur règne une demi-obscurité. Les pas de l’homme résonnent sur le parquet du hall, vaste espace vide sur lequel débouchent les galeries latérales, à droite et à gauche, et l’escalier monumental, en face.
L’homme s’arrête au milieu du hall et écoute : un bruit de musique venant des étages supérieurs le surprend. Il va vers l’escalier et la caméra le suit tandis qu’il arrive au palier du premier étage et qu’il entre dans la première pièce.
INT. JOUR
Premier étage hôtel de Crissieu
La pièce est vide, envahie d’une musique rock endiablée. L’homme fait le tour de la pièce sans pouvoir discerner l’origine de la musique, passe dans la pièce voisine où résonne les mêmes rythmes et s’aperçoit que chaque pièce de l’étage est sonorisée de la même façon.
A un moment la musique se tait, pour repartir aussi forte mais cette fois c’est une symphonie classique qu’il entend, comme si quelqu’un manipulait un poste radio.
Le propriétaire parcourt tout l’étage à la recherche de l’origine du bruit. Pas une âme ne se manifeste durant son inspection, le bâtiment semble absolument désert.
Au bout du couloir, un autre escalier s’envole vers le deuxième étage.
Le propriétaire emprunte cet escalier jusqu’au deuxième palier.
INT. JOUR
Deuxième étage hôtel de Crissieu
Le couloir est plongé dans l’obscurité mais une lueur provenant de l’une des pièces attire l’attention du propriétaire. Il marche dans sa direction.
A ce moment-là, la musique s’arrête brusquement.
Sur le pas de la porte, il s’arrête, interdit.
INT. JOUR
L’appentis.
La pièce est exigüe, c’est un appentis où sont entassés des outils, des vêtements de travail, une petite table avec un réchaud à gaz butane, deux chaises, une échelle…
Assis sur un coffre à outils, un homme en bleu de travail est en train de manger son casse-croûte. Son visage est ridé, mal rasé, une casquette vissée sur le crâne. A l’apparition du propriétaire il ne semble pas étonné et continue à manger sans dire un mot.
LE PROPRIÉTAIRE
Bonjour !
L’HOMME ASSIS, continuant à manger
Bonjour.
LE PROPRIÉTAIRE
D’Où vient cette musique ?
L’HOMME
Chais pas.
LE PROPRIÉTAIRE
Il y a quelqu’un d’autre ici ?
L’HOMME
Non, personne ne travaille le week-end.
LE PROPRIÉTAIRE
Alors d’où vient la musique ?
L’HOMME, hausse les épaules
Elle vient toute seule, comme ça, des murs.
Depuis que j’habite là, je l’entends.
LE PROPRIÉTAIRE
Vous habitez là ?
L’HOMME
Oui, c’est chez moi ici. Je surveille les travaux.
LE PROPRIÉTAIRE, désarçonné
Ah.
(un temps)
Vous savez que la maison a été vendue…
L’HOMME, ricane
Ouais, ils disent ça. Mais moi je veux bien voir le
type qui a acheté ça !
LE PROPRIÉTAIRE
Ben, c’est moi.
L’homme considère le propriétaire, la fourchette en l’air, la tête levée
pour l’examiner attentivement.
L’HOMME
Donc, vous allez me virer.
LE PROPRIETAIRE
Je suis désolé, mais…
L’homme se lève péniblement, pose son assiette sur la table, époussette sa salopette, et se plante devant le propriétaire, qui le dépasse de deux têtes.
L’HOMME
Je partirai. Mais je ne vous dirai pas où est le trésor.
Moi seul, sait où se trouve le trésor.
LE PROPRIETAIRE
D’accord. Je crois en effet, qu’il vous faut partir.
Il tourne les talons et repasse dans le couloir. L’homme attrape son blouson, sa sacoche et lui emboîte le pas, descendant l’escalier derrière lui.
INT. JOUR
Le hall de l’hôtel de Croissieu
Les deux hommes se retrouvent dans le hall et soudain, la musique reprend, aussi forte, dans les pièces du premier étage.
Le propriétaire semble affolé.
LE PROPRIÉTAIRE
Mais enfin, il y a quelqu’un ici !
L’HOMME, l’air goguenard
Si vous trouvez le trésor, vous aurez peut-être
la clé de l'énigme...
Il se dirige vers la porte et sort en faisant un grand signe de la main :
L’HOMME
Ciao ciao ! Bonne chance à l’hôtel de Crissieu !
Le propriétaire reste pétrifié alors que la musique s’arrête brusquement.
Son portable sonne.
LE PROPRIÉTAIRE
Allo, oui, je viens de faire un tour. Non, personne,
à part un vieux cinglé qui traînait…
Oui, c’est déblayé à l’intérieur, mais les
travaux n’ont pas commencé… comment ?
Ils ont installé l’acoustique avant d’entamer la
peinture… oui, c’est normal… qu’est-ce qu’il y a ?
La télécommande générale ? Comment ça disparue…
Attendez… je commence à comprendre…
Je crois savoir où elle est. Rendez-vous lundi à
la réunion de chantier OK ?
Il remet le téléphone dans sa poche et sort de l’hôtel.
On le voit traverser la cour et marcher jusqu’à sa voiture.
GP sur son visage illuminé d’un large sourire. Il monte dans la voiture et démarre.
Le plan suivant, on voit de dos l’homme du chantier qui marche en claudiquant, son sac sur l’épaule, sans se presser.