FRANCOIS CEVERT, NINO FERRER : OH, LES BEAUX JOURS !
Je ne vous demanderai pas d’identifier les personnages, vous n’y arriveriez jamais – à moins d’être fan des seventies…
C’était à Monaco, le dimanche 23 Mai 1971.
Le pilote anglais Jackie Stewart venait de remporter le Grand Prix de Formule 1 et il y eut un grand diner de gala à l’hôtel de Paris.
La soirée était peuplée de stars de tous poils, et présidée par le couple princier, Rainier et Grace.
Mais les invités ont vite oublié le protocole, entraînés par Moustache et son groupe de trublions déjà bien rodés au champagne.
Là, on les voit au début ils sont encore très convenables.
On reconnaît Nino Ferrer tout à droite, à sa droite Jackie Stewart, puis François Cevert au micro, jambe en l’air, puis Graham Hill, Moustache l’instigateur de la dérive et un inconnu.
On raconte que très vite Moustache est monté sur la table et a démarré un French Cancan sur l’air de « Oh when The Saints » joué par ses musiciens et rapidement suivi par Cevert et ses potes. Ce fut à qui lèverait la jambe le plus haut.
Au bout d’un moment la princesse Grace s’est levée et a quitté la table.
Rainier, lui, s’amusait comme un fou et resta jusqu’à la fin- dont on ne sait rien… sinon que Moustache fut interdit de séjour à l’hôtel de Paris, ainsi que Guy Marchand et quelques autres.
Les pilotes, ils ont pas osé les virer.
Comme dit Jacqueline Beltoise, la sœur de François Cevert, qui vient de publier un livre magnifique sur son frère, * « c’était une belle époque… »
Les pilotes se parlaient encore entre eux et les titres ne se jouaient pas à coups de coups bas.
Deux ans plus tard François Cevert tirait sa révérence. Idole des circuits, des femmes et des medias, il commençait à collectionner les trophées.
Il se croyait éternel et ce jour d’octobre 1973 à Mosport aux Etats Unis
ce fut comme un brutal rappel à l’ordre du destin.
Quant à Nino, il traîna encore 27 ans son romantisme désenchanté.
Idole des DJ et des filles, il était déjà auréolé de la gloire de Mirza et autres chansons idiotes qui déchaînaient les foules. En 1975 Le Sud allait le porter aux nues. Il voulait vivre « plus d’un million d’années »… mais il a abrégé, trouvant le temps long.
Ils avaient l’air heureux, sur la photo.
Ils nous manquent
* C’est dans ce livre, qui s’appelle « François Cevert » par Jacqueline Cevert-Beltoise et Johnny Rives, aux Editions de l’Autodrome , que j’ai trouvé cette photo et l’anecdote qui s’y rapporte.