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DÉDIÉ A FRANCOISE SAGAN

Publié le par Miss Comédie

 

 

   SAGAN.jpgqui a si bien écrit sur l’amoralité des jeunes filles.   

 

BONJOUR   TRISTESSE

 

 

Le couple enlacé remonte de la plage par le petit escalier  de bois qui débouche  directement dans le parc.

On les voit marcher en zig-zag dans l’allée de gravier, arriver sur l’esplanade de la villa.  Ils font une pause pour un baiser prolongé avant de pénétrer dans l’immense hall dallé de marbre.

Pieds nus ils se glissent sans bruit le long des couloirs pour arriver plus vite dans la chambre et tomber enfin sur le lit.

La porte est entr’ouverte.  Ils font encore une halte pour un baiser rapide avant d’entrer, histoire de retarder le plaisir.

 

 

Ils entrent en même temps, un seul et même corps pressé de laisser déborder leur désir, ils titubent encore en riant , ils vont entrer dans la chambre de Caroline.

 

Arnaud est allongé sur le lit, il a laissé tomber le livre qu’il lisait et il les a considérés à travers sa mèche blonde.

L’image se fige en plan fixe, le temps s’arrête net.

 

Caroline a réalisé en quelques secondes. Arnaud était venu la rejoindre, sans la prévenir, comme un grand enfant idiot qui ne se méfie de rien.

C’était un immense gâchis qu’elle entrevoyait déjà, avant même qu’un mot fût prononcé.   Les conséquences défilèrent à toute vitesse dans sa tête, imparables : fiançailles rompues, scandale dans la famille.

Elle était découragée.  Tout ça pour une petite amourette avec un garçon de passage qu’elle allait oublier très vite.

 

Elle parla la première.  Elle entendit sa propre voix, ridiculement naturelle.

-  C’est toi ?

Il ne crut pas nécessaire de répondre.  Elle enchaîna :

-  Tu es arrivé quand ?

-  Par le bateau de dix heures.  (Il se leva et entreprit de ramasser quelques affaires)  Je suis désolé, j’aurais dû prévenir… Je vais aller dormir à l’auberge sur la place, j’attendrai le premier bateau demain matin et...

Elle eut un sursaut, un élan.

-  Non... oh, écoute, non... Ah, tu aurais dû me dire....(elle cacha son visage dans ses mains et puis très vite se redressa)  mais tu sais, ce n’est  rien, je t’expliquerai...

 

Elle sentit ce que ces mots avaient de trivial  et s’arrêta net. Elle redescendait de son nuage en chute libre, elle retrouvait brutalement le contact avec la terre. Elle se dit qu’elle était en train de vivre une situation de vaudeville, qu’ils étaient grotesques tous les trois, et en même temps elle avait la conscience de l’irréparable.

Elle avait perdu la confiance d’Arnaud, l’homme qu’elle aimait.

Elle essaya de réfléchir à une solution possible, entre mensonge et arrangement à l’amiable, mais rien ne vint

L’arrêt sur image prit fin lorsqu’elle entendit la voix de l’homme de la plage, sur le pas de la porte :

« Salut ! Je vous laisse.  Tout ça n’est pas bien grave.

Elle le vit s’éloigner dans le couloir, sa serviette enroulée autour de la taille.  Elle le trouva vulgaire et le détesta soudain.

Dérouté, Arnaud s’était immobilisé. A nouveau, la scène se figea en plan fixe. L’incertitude les tenait en haleine.

Qu’allait-il se passer maintenant ?COEUR.jpg

 

 

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