COURTS MÉTRAGES POUR L'ÉTÉ
UNE MINUTE DE SILENCE
Elle les suit. Elle ne les lâchera pas. Son coeur cogne dans sa poitrine, la hâte, mais surtout la colère. Sa rage monte. Elle aperçoit la partie inférieure de son sac à main qui dépasse du blouson du voleur. Voir dépasser son sac du blouson du voleur, c’est l’aiguillon, la banderille. Elle se hâte, mais elle attend son moment.
Ils marchent vite, sans se retourner. Ils sont deux. Elle se souvient, ils sont passés très vite dans cette agence de voyages où elle était assise, son sac à ses pieds. Elle discutait avec la fille devant son ordinateur. Quand elle s’est levée, plus de sac, elle a tout de suite compris.
Ils arrivent au bout de la rue, débouchent sur une place très animée. Ils ralentissent le pas, ils se croient hors d’affaire mais ils ne se retourneront pas. Voilà, elle est derrière eux à présent, tout près.
C’est le moment. La fille fonce sur celui qui porte son sac, elle s’accroche à son dos, pèse de tout son poids et crie, elle ne sait pourquoi cette phrase stupide :
“Qu’est-ce que tu as sous ton blouson ?”
Le voleur a été vachement surpris mais il était encore sur ses gardes. Elle sent les muscles durs comme l’acier qui se tendent. Il se dégage d’un coup d’épaule, la repousse violemment, le sac tombe à leurs pieds. Les deux voyous lui font face à présent. Elle voit l’éclair de la lame dans la main de l’autre. Elle plonge ses yeux dans les siens.
La minute est interminable.
Quand le voleur détale, c’est le signal. En une seconde, ils ont disparu. La fille se baisse, ramasse son sac et regarde autour d’elle. Personne n’a semblé s’apercevoir de la scène. Tout s’est passé à la vitesse de l’éclair.