COURTS METRAGES POUR L'ETE
LES FILLES SONT COMME CA
Il m’a effleuré la main. C’est fou. Ca me fait un effet, pourquoi ça
me fait cet effet-là ?
Je me demande s’il l’a fait exprès. Et pourquoi il aurait effleuré ma main ?
Et pourquoi pas ?
Il a l’air complètement indifférent. Est-ce qu’il est conscient que nos mains se sont effleurées ? On dirait que non. Et pourtant, je sais pas, il aurait pu empêcher ça, il a laissé sa main toucher la mienne.
Ce qui est fou, c’est l’effet que ça me fait. C’est parce qu’il y a longtemps que j’attend que quelque chose se passe, c’est ça.
Il me plait trop. Il fait comme s’il ne s’en apercevait pas, ça me rend folle.
Mais il le sait, il sait parfaitement qu’il me plait. Il fait celui qui ne s’en aperçoit pas. Pourquoi ? Parce qu’il s’en fout ? Parce qu’il veut retarder le moment ? Parce que moi, je ne lui plais pas ?
Alors pourquoi il a effleuré ma main ?
C’était pas un geste anodin, involontaire, non. On sent ces choses-là.
Il marche devant, là, il ne voit même pas que j’ai ralenti, moi, parce que j’ai pris un coup au coeur. Il parle fort, trop fort même, je trouve, pour quelqu’un qui est eb dehors du coup…
S’il se retourne, je saurai qu’il a compris qu’il s’est passé quelque chose, et qu’il veut voir comment je réagis.
Il ne se re tourne pas.
Il est très fort. Il va le faire durer longtemps, ce petit jeu ?
Mais pour lui il n’y a pas de petit jeu, voilà. Il est innocent, tranquille, je suis juste une copine comme les autres, il ne me voit pas, il…
- Alors, Julie, tu traînes ou quoi ?
Les autres, ils ont bien vu que j’étais derrière. Et lui… ah tiens, le voilà qui vient vers moi, l’abruti. Qu’est-ce qu’il veut maintenant ?
- Ca va, Julie ? Tu en as marre ?
S’il savait comme j’en ai marre.
- Non, non, je vous suis.
- Viens.
Il prend ma main et il m’entraîne, il ne lâche pas ma main. Ca y est, nous marchons main dans la main, maintenant. Et ça veut dire quoi ?
Rien, ça veut rien dire, juste deux copains qui marchent ensemble. Je crois que je me suis fait du cinéma.