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LE TALENT : EN AVOIR OU PAS

Publié le par Miss Comédie

LEAVE HER ALONE !
Tout compte fait, la pièce de Bruno BAYEN « LAISSEZ MOI SEULE » n’a pas fait l’unanimité lors de sa création au Théâtre de la Colline.  Il la reprend pourtant, du 6 au 26 juin au même théâtre de la Colline avec Eric BERGERE, Lily BLOO, Clotilde HESME, Dominique VALADIE…
Visiblement, Bruno BAYEN est fasciné par son personnage. Dans son argumentaire on voit qu’il  a épluché sa bio jusqu’au trognon.  Il retrouve sa trace dans le film MULHOLLAND DRIVE.  Il connaît tous les détails de sa vie intime avec Charles, la trajectoire de la Mercédes sous le tunnel de l’Alma, et le processus  de ses obsèques. Ca a un côté voyeur assez malsain.  On se demande si sa pièce arrive à dépasser ce niveau primaire  ?  Et sa comédienne ?  Comment l’a-t-il choisie ? Pas un mot. C’est quand même important, non ? Incarner Lady Di ça ne se réduit pas à une voix et quelques gestes ! Elle doit entrer dans la peau de Diana mais rester discrète.  L’important, c’est le texte qui parle de Diana et si Diana pouvait revenir jouer son propre rôle, ce serait l’idéal. Mais a-t-il le talent pour la faire revenir  ?  Je n’en sais rien, je ne connais pas son travail.
Par ailleurs, il fait une double faute de vocabulaire en traduisant « Laissez-moi seule ». Il traduit « Let me alone »… Faux !  On dit « Leave me alone », ça veut dire « laissez-moi tranquille » et ce sont les derniers mots de la princesse avant de mourir.
Bref, je ne fais pas grand cas de cette reprise.


QUI CHANTE HOUELLEBECQ  ?
C’est IGGY POP !  Il sort un nouvel album qui fait jaser la pesse parce qu’il est radicalement diffférent des autres.  Et surtout, parce qu’il est chapeauté par Michel HOUELLEBECQ
La presse adore associer deux people qui n’ont rien à voir ensemble.  Or là, Il y a collision spectaculaire.
Iggy POP s’est pris d’attirance pour la culture française sans en faire une pendule, et discrètement il lisait Camus et  s’intéressait à la littérature de nos compatriotes.  Quand on lui a demandé de composer une musique pour un documentaire sur HOULLEBECQ, il a foncé droit devant.
Ca a donné « PRELIMINAIRES », dans lequel il nous susurre LES FEUILLES MORTES en français, que ça vous fait relire trois fois la pochette pour vous assurer que c’est bien Iggy POP qui chante !  Son talent protéiforme lui permet d’échapper au ridicule.


ECRIRE, CA NE SUFFIT PAS ?
Ils disent qu’on ne peut pas tout dire dans un livre. Alors ils s’emparent d’une caméra et ils font des films.  Mais le succès n’est pas assuré, loin de là.
HOUELLEBECQ, par exemple.  Il a adapté son roman « LA POSSIBILITE D’UNE ILE » mais il a raté son coup.
Yann MOIX, lui, a fait un tabac d’emblée : « PODIUM » a réjoui tout le monde .  Il récidive avec un deuxième, « CINEMAN », qui sort en octobre. Lui, c’est déjà un hybride, il fait du roman-film sans problème.
Philippe CLAUDEL aussi, a réussi son coup d’essai : « IL Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME ».  La critique a aimé et le public est venu.
Pour Eric-Emmanuel SCHMITT, recalé une première fois avec « ODETTE TOULEMONDE », il récidive avec une adaptation de « OSCAR ET LA DAME EN ROSE » avec Michèle LAROQUE, qui est en montage et sort à la rentrée.
 La littérature et le cinéma sont-ils complémentaires ?  Oui et non. Il y a de la littérature dans le cinéma mais pas l’inverse, et puis surtout, les techniques sont tellement différentes ! On fait un livre dans la solitude, on réalise un film en équipe.  Et on ne s’improvise pas réalisateur, responsable d’un budget, d’un planning, de la technique et de l’interprétation.
Marguerite DURAS faisait ses films dans l’intimité d’une équipe complice, en prenant son temps, et pour une minorité d’intellectuels.

Un best-seller ne fait pas forcément un film-culte. Le talent d’un écrivain ne se retrouve pas forcément dans son film.
Le talent n’est même pas forcément à la base d’un succès.
Le talent c’est un don, le succès c’est un hasard.

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